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Citations de Emmanuel Pierrat (134)


-Aimer partager ses lectures-

Offrir un livre n'est jamais un acte totalement banal. Quelqu'un qui vous offre une bouteille de champagne vous offre une bouteille de champagne-avec, à la rigueur, la suggestion implicite de la boire ensemble. Quelqu'un qui vous offre un livre vous offre une part de lui-même. C'est un geste particulier pour faire partager un bonheur vécu-et parfois récompensé au centuple quand le destinataire vous confie avoir fait de votre cadeau son livre de chevet. Combien d'histoires d'amour naissantes ont-elles été renforcées par un présent livresque ? (p.100)
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La plus spectaculaire des formes de justice consiste en l'ordalie. Il s'agit d'une épreuve au cours de laquelle le suspect est, par exemple, amené à ingurgiter un breuvage redoutable. Il n'est innocenté que s'il survit à la sbstance toxique ingurgité.
C'est notamment le cas chez certaines ethnies de Sierra Leone : l'accusé de vol ou de sorcellerie peut demander à se disculper en buvant" l'eau rouge"'.
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Je veux, ô femme,
entrer tout entier dans ton être :
Il hurlera d'amour,
ton ventre bondissant.

Edmond Haraucourt (poète, 1856-1941)
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Au premier rang de ses opposants, le frère Clemenceau a fustigé les propos de Jules Ferry devant la Chambre des députés, en 1885 : « Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. […] il y a pour les races supérieures un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures… »
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-Antonin Artaud-

Pour lui, la révolution est avant tout spirituelle. " Je n'aime pas les poèmes de la nourriture, écrit-il, mais les poèmes de la faim, ceux des malades, des parias, des empoisonnés, des suppliciés du langage qui sont en perte de leurs écrits. (p.139)
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Le passage par la case juridique est désormais obligatoire pour nombre de livres, de films, d'expositions. Il y a l'auteur, il y a son éditeur ou producteur, il y a la fabrication, la commercialisation et, désormais, il y a l'examen juridique.
Le dogme d'aujourd'hui permettrait sans doute de réprimer bon nombre de textes littéraires, publiés impunément il y a encore trente ans. Il n'est pas sûr que, de nos jours, un roman comme Lolita serait accueilli sans réaction judiciaire.

Cachez ces personnages immoraux, p. 43
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L’« affaire Céline » témoigne encore de ces nouveaux tourments. Et disons-le d’emblée : les trois pamphlets antisémites sont répugnants. Le décret-loi Marchandeau du 21 avril 1939, qui modifie la loi du 29 juillet 1881 dite « sur la liberté de la presse » et y inscrit des sanctions « lorsque la diffamation ou l’injure, commise envers un groupe de personnes appartenant, par leur origine, à une race ou à une religion déterminée, aura eu pour but d’exciter à la haine entre les citoyens ou les habitants » aurait éradiqué Bagatelles pour un massacre, publié en 1937, et L’Ecole des cadavres, qui date de 1938 (Les Beaux Draps a été édité en 1941).

Céline, qui après s’être enfui à Sigmaringen avait été détenu au Danemark, avait d’ailleurs pleinement conscience de l’impossibilité de laisser à la Libération ces livres dans le commerce. Les lois sur la propriété intellectuelle accordent à l’auteur, en France, une prérogative morale véritablement extraordinaire du droit commun. Il s’agit du « droit de retrait ou de repentir », grâce auquel un écrivain, en dépit de tout engagement contractuel, peut choisir de reprendre son manuscrit et, si l’œuvre est déjà publiée, d’en arrêter la commercialisation.
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Robert Smith a dix-sept ans quand il s'entiche de ce livre [L'Etranger de Camus]. Meursault devient son héros, celui qui accepte de se mettre à nu et de mourir pour la vérité, celui qui ne pleure pas à l'enterrement de sa mère et ne regrette pas d'avoir tué un homme. En écrivant 'Killing an Arab' à la première personne, le chanteur narrateur cherche à rendre hommage au roman de Camus. Mais avec un titre aussi laconique et brutal, Polydor se méfie de l'accueil que lui réservera le public anglais. Alors la maison de disques décide de joindre le roman de Camus au 45 tours.
La sortie de 'Killing an Arab', en 45 tours puis sur l'album 'Boys don't cry', est un événement médiatique. D'un côté, la presse britannique s'enflamme pour le meilleur single de l'année ; de l'autre, the National Front, l'extrême droite anglaise, tente de récupérer le morceau et de le détourner pour en faire son hymne raciste. Robert Smith en est anéanti. (p. 114)
> https://www.youtube.com/watch?v=SdbLqOXmJ04
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En matière de censure les membres de NTM font figure de petites filles modèles à côté de Brassens: aucun chanteur n'a été plus censuré que lui. (...) La liste des chansons de Brassens interdites d'antenne est impressionnante: Putain de toi, Le gorille, Le nombril, Marquise, Trompettes de la renommée, La Marine, Auprès de mon arbre, Je me suis fait tout petit, Marinette, Les copains d'abord, La Tondue, Le pornographe, Le temps ne fait rien à l'affaire, La femme d'Hector, Vénus callipyge, La complainte des filles de joie, Hécatombe, etc...
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Les livres sincères ont parfois des amertumes qui sauvent. Je ne redoute, pour ma part, que les littératures doucereuses que l'on absorbe sans répugnance et qui empoisonnent sans scandale.

- Gustave Flaubert
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L'art des étreintes contient un tel pouvoir
de suggestion que le seul fait
de s'en préoccuper, d'en entendre parler
ou d'en parler soi-même incite à la luxure.

Vatsyayana (sage indien, V° siècle)
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Il n'y a rien de juste
ou d'injuste de soi-même,
rien de bon ou de mauvais
dans les mœurs, l'usage
seul qualifie toutes choses.


(Nicolas Chorier, 1612-1692)
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En novembre 1954, Mendès France, alors président du Conseil, s'apprête à envoyer près de 100 000 hommes en Algérie alors que de la boue indochinoise reste encore collée à leurs godillots. C'est dans ces circonstances que Vian décide, puisque Mouloudji est bâillonné, de faire entendre sa chanson partout en France. Mais les patriotes se sentent insultés par ce 'Déserteur' et Vian est conspué : "Traître ! ", "Retourne en Russie, coco !". A Dinard, un commando d'élus locaux ira même jusqu'à l'attendre à l'entrée des artistes pour lui régler son compte. A la radio, seul Europe n°1 ose diffuser le 'Déserteur' dans la version Mouloudji. Quant à la RTF, le comité de censure l'a déjà mise à l'index. Et en 1958, à l'instigation de Paul Faber, conseiller municipal de la Seine, la chanson est définitivement interdite de toute diffusion.

- version chantée par Mouloudji :

Messieurs qu'on nomme Grands
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Messieurs qu'on nomme Grands
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C'est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Les guerres sont des bétises
Le monde en a assez
Depuis que je suis né
J'ai vu mourir des pères
J'ai vu partir des frères
Et pleurer des enfants
Des mères ont tant souffert
Et d'autres se gobergent
Et vivent à leur aise
Malgré la boue de sang
Il y a des prisonniers
On a vole leur âme
On a vole leur femme
Et tout leur cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J'irai par les chemins
Je vagabonderai
Sur la terre et sur l'onde
Du Vieux au Nouveau Monde
Et je dirai aux gens:
Profitez de la vie
Eloignez la misère
Vous êtes tous des frères
Pauvres de tous les pays
S'il faut verser le sang
Allez verser le vôtre
Messieurs les bon apôtres
Messieurs qu'on nomme Grands
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n'aurai pas d'armes
Et qu'ils pourront tirer
Et qu'ils pourront tirer...

La version initiale était:

Monsieur le président; (au lieu de messieurs....)
et à la fin : "que je tiendrai une arme ,
et que je sais tirer ..."
corrigée pour conserver le côté pacifiste de la chanson
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p.133.
C'est peut-être cela, la nouvelle sexualité : une sexualité de l'image et du cérébral et que summum du vice devienne tout simplement de faire l'amour.
(Franck Spengler)
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Sans le baiser il n'est pas de manière de faire l'amour qui procure de véritable plaisir, et, pour ce qui est des positions dans lesquelles il n'est pas possible de se baiser pendant l'action, on ne peut y trouver de plaisir complet.

Mohammed El Nefzaoui (écrivain arabe, XVI° siècle)
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C'est étrange, la vie d'une chanson ! Selon les mouvements de la société, elle peut nous raconter tout autre chose. Pour Béart, on est bien lorsqu'on est hétérosexuel. Il évoque néanmoins l'idée qu'on puisse aimer une personne du même sexe : « Certains jouent quand même / Les atouts de même couleur / Libres à eux moi j'aime / Les valets sur les dames les trèfles sur les cœurs. » Et pourtant, on a pu entendre des manifestants "anti-mariage pour tous" reprendre en coeur 'Qu'on est bien' les soirs de veillée à la chandelle devant l'Assemblée nationale pour protester contre le projet de loi sur le mariage et l'adoption par des couples homosexuels.
Honni par les conservateurs d'hier, le refrain a été récupéré par les traditionalistes d'aujourd'hui, des associations catholiques, et aussi par l'ex vice-président du FN, Bruno Gollnish, qui avait distribué pour l'occasion une collection de t-shirts rose et bleu avec inscrit dessus "Qu'on est bien dans les bras d'une personne du sexe opposé"
-> https://www.youtube.com/watch?v=Cm0Vgatzpnw
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1979. L'État giscardien finissant est nerveux. Le ralentissement de l'activité économique, la hausse du prix de l'énergie concomitante à celle du chômage, les déboires du président de la République avec sa majorité, dont une grosse frange a mal encaissé sa rupture avec l'ancien Premier Ministre Jacques Chirac, l'approche de la fin du septennat et d'une campagne présidentielle aux résultats incertains... Autant de faits qui n'incitent pas le gouvernement à se montrer particulièrement détendu.
Aussi, quand Jean-Patrick Capdevielle chante « Tous les rapaces du pouvoir menés par un gros clown sinistre / Foncent vers moi sur la musique d'un piètre accordéoniste / J'crois pas qu'ils viennent me parler des joies d'la vie d'artiste », le pouvoir se cabre. Trop de références au ventripotent Raymond Barre, successeur de Jacques Chirac au poste de Premier ministre, et au résident du palais de l'Elysée, joueur d'accordéon à bretelles dans son fief auvergnat de Chamalières.
"Quand t'es dans le désert" est proscrit des ondes sous contrôle jusqu'à l'élection de François Mitterrand en 1981 et l'ouverture de la bande FM.
► https://www.youtube.com/watch?v=Mkzw7Wop9pU
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Les préfaces sont rarement censurées, c'est dommage, cela les ferait lire. Les censeurs du sexe, du sabre et du goupillon restent les plus efficaces des agents de publicité. (p. 5)
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1938 ⌈…] Cette année avait pourtant bien commencé, avec le vote en février de la loi instituant la fin de l’incapacité des femmes mariées. Elles n’étaient plus considérées par les textes comme incapables civiles. La lutte fut rude ; je m’y étais investie corps et âme. Après plus d’un siècle de subordination au mari, les femmes gagnaient enfin quelques libertés. Elles peuvent désormais, sans l’autorisation du mari, posséder une carte d’identité et un passeport, ouvrir un compte en banque, s’inscrire en faculté, passer un contrat pour leurs biens propres, accepter une donation, séjourner dans un hôpital ou une clinique sans être accusée d’abandon de domicile. Et surtout, elles ne doivent plus obéissance à leur époux. Mais il reste encore du chemin à parcourir, car le mari reste le chef de famille qui peut fixer le lieu de résidence, exerce l’autorité paternelle et peut s’opposer à ce que l’épouse exerce une profession.
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Ce qui n'est pas légèrement difforme a l'air insensible; d'où il suit que l'irrégularité, c'est à dire l'inattendu, la surprise, l'étonnement sont une partie essentielle et la caractéristique de la beauté.

- Charles Baudelaire
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