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Critiques de Emmanuel Venet (110)
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Marcher droit, tourner en rond

Monologue du personnage principal lors de l'enterrement de sa grand-mère.

Atteint du syndrome d'Asperger, il ne supporte pas le mensonge et ne peut entendre toutes les qualités dont on revêt son aïeule! Il raconte donc cette femme, sa famille sous le prisme de la transparence absolue. Et cela entraîne donc des portraits truculents... au détour desquels il évoque ses passions pour le Scrabble, les catastrophes aériennes et une ancienne élève de lycée.



J'ai lu ce livre après avoir découvert "contrefeu" il y a quelques semaines et j'ai pu y retrouver le côté caustique de l'auteur dans ses portraits et le travail de la langue française tout au long de son récit.

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Contrefeu

Un court commentaire pour dire tout le bien de ce court roman drôle, cynique, dans l'air du temps ! on y rencontre beaucoup des affres de notre société, du petit monde que peut constitué cette ville de Pontorgueil. Pas grand chose à ajouter à mes amis lecteurs et critiques. Emmanuel Venet nous surprend toujours autant, c'est un régal !
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Contrefeu

Alors que l'évêque de Pontorgueil brûle des feux de l'amour avec une de ses paroissiennes, la cathédrale incendiée s'effondre. Crime, attentat, incident malheureux ? L'auteur donne la parole à tous les protagonistes locaux : défilent alors toutes les malversations et petitesses dont les hommes sont capables pour assouvir leurs besoins d'argent, de sexe, de pouvoir. Qu'importe si les laissés-pour-compte - un migrant, un clochard, le fils d'une prostituée- en subissent directement les conséquences.

Une satire du capitalisme et de la société à la Desproges, avec humour et ironie .
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Contrefeu

À Pontorgueil, avril 2010, une cathédrale brule et s'effondre. La petite bourgade s'agite tout autour de cet évènement et Emmanuel Venet décrit d'un chapitre à l'autre des personnages qui vont graviter d'une manière ou d'une autre autour de cet incendie. "Contrefeu" est plein d'humour, Emmanuel Venet se régale à décrire les petits compromis du quotidien de ses personnages. Derrière la plume drôle et cynique de l'auteur, on perçoit une certaine vision de la France. Une vie provinciale avec tous les coups bas qui vont bien. "Contrefeu" se lit tout seul et derrière la description d'une petite société qui règle ses comptes, l'auteur aborde aussi les thèmes qui lui sont chers, de la psychiatrie au rapport à la norme. Comme souvent les niveaux de lecture sont nombreux dans les livres d'Emmanuel Venet et une nouvelle fois c'est un régal de bout en bout. Malin.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Contrefeu

Une étincelle dans la nuit et la cathédrale de Pontorgueil brûle. L'écrivain et psychiatre Emmanuel Venet se livre à un exercice de style qui vire rapidement au portrait de mœurs acéré.
Lien : https://www.lalibre.be/cultu..
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Contrefeu

Quelle plaisir de lire Emmanuel Venet ! Dans un roman court, efficace, il se permet de dézinguer à tout va, en dénonçant la bêtise humaine, ainsi que sa cupidité. C'est tour à tour un homme d'église, un maire, un clandestin, un fils vengeur, un maire stupide, un praticien du même acabit, un entrepreneur véreux, et j'en passe, qui vont défiler sous nos yeux, confronté à l'incendie de la cathédrale de Pontorgueil. Une farce humaine absolument délicieuse, tout juste distraite d'une description incroyable de la cathédrale. Emmanuel Venet fait preuve d'un style sans pareil, direct, corrosif et donc jouissif ! On en redemande !



Livre lu dans le cadre d'un mass critique - Grand merci à Babélio et aux éditions Verdier pour le plaisir !
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Marcher droit, tourner en rond

Tentative d’épuisement d’une famille, ou comment raser gratis avec humour, Scrabble, et une acuité Asperger offrant toute la distance nécessaire pour appuyer là où ça fait mal : l’ironie de la chose est que chacun en prend pour son grade… y compris vous, nous, moi, cette société dans laquelle on vit.

Le pire ? On en rit !

Et en cela, je suis persuadé que le but est atteint.

Jubilatoire, comme on peut lire sur certaines 4e de couvertures.
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Contrefeu

À Pontorgueil, les habitants sont tous bien singuliers, enfin ceux que l’auteur nous décrit.

Il en a va du médecin aux pratiques douteuses, à l’homme qui se voit grand patron d’une boîte quitte à payer le prix de l’insécurité et de la fourberie, en passant par un père qui lorgne sur la mère d’un baptisé.



Un incendie a eu lieu, la cathédrale Saint-Fruscain en est la victime. S’agit-il d’un acte criminel ou d’un accident banal ? L’enquête tentera de le démontrer en passant par une satire sociale exacerbée. Certains sont pointés du doigts car ils en ont le faciès ou le mobile. D’autres sont exclus par leur sainteté d’apparence.



Une chose est sûr c’est que dans ce village il y est beaucoup question d’incendie dans les sous vêtements ! Chaque personnage a des tendances extrêmes, à se jouer parfois de la femme de manière dérangeante.



Même si l’écriture est soignée, que la drôlerie est présente, l’appétence sexuelle des protagonistes à chaque page m’a plutôt déplut.
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Contrefeu

Il suffira d’une étincelle



L’incendie d’une cathédrale va provoquer un jeu de massacre au sein d’une petite ville de Bourgogne. Emmanuel Venet nous livre une savoureuse satire sociale où l’évêque est priapique, l’immigré bouc-émissaire et les édiles corrompus. On se régale!



Monseigneur Philippe Ligné a bien de la chance, car deux femmes s'intéressent de près à ses pulsions sexuelles. Il y a d'abord Sibylle Stoltz, sa gouvernante alsacienne qui considère qu'il faut bien que la nature exulte et s'offre à la levrette comme elle dit à l'homme d'Église. Mais il y a surtout Marie-Ange Mourron, une paroissienne dont la plastique provoque en lui des sensations inavouables. La jeune femme va jouer un jeu de séduction de plus en plus osé dans le confessionnal avant de tomber dans les bras de l'ecclésiastique. Sous couvert de formation, il va instaurer des rendez-vous clandestins pour assouvir cette passion brûlante qui va pousser Marie-Ange au divorce.

C'est d'ailleurs lors de l'un de ces rendez-vous qu'ils vont apprendre via une chaîne d'info que la cathédrale de Pontorgueil est en proie à un violent incendie.

Cet événement va ébranler bien des certitudes et remettre en cause la gestion de la sécurité de cet édifice patrimonial d'importance. Les historiens se penchent sur l'édification du bâtiment et ses modifications successives, sur l'architecture et sa stabilité. Les enquêteurs vont chercher à savoir si la société privée en charge de la sécurité et des alarmes incendie a tenu ses engagements, mais aussi si la municipalité n'a pas manqué à son devoir de vigilance en signant un peu vite ce contrat. Tous les édiles sont désormais aux abois.

Cependant, «au terme d'une inspection soigneuse des décombres de la cathédrale Saint-Fruscain menée entre le 19 avril et le 11 juin 2010 et d'entretiens avec les protagonistes de l’incendie à la même période, Valère Graunion, expert près la cour d'appel, conclut que, s’il était assez facile de reconstituer la chronologie du sinistre, il était impossible d'en déterminer avec certitude l'origine.» Des conclusions qui n'empêcheront nullement la population de désigner un coupable en la personne d’un immigré qui avait trouvé refuge dans le lieu de culte. À moins que ce ne soit un toxico. Après tout, il suffit de piocher dans les marges pour assurer sa bonne conscience.

La technique qui consiste à circonscrire un incendie en allumant un contrefeu peut s’avérer efficace. Ici, elle serait plutôt susceptible d’attiser les rancœurs, raviver les préjugés, ramener au jour des affaires soigneusement étouffées.

On l’aura compris, Emmanuel Venet se régale et nous régale avec cette satire sociale explosive. Avec ironie et un humour noir mordant, l’auteur fait voler en éclat les conventions sociales. Sur ce bûcher des vanités, chacun va en prendre pour son grade, entre petits arrangements et grandes négligences, entre soif du pouvoir et envie de faire rapidement fortune. De l’homme d’Église au politique, de l’architecte au journaliste, de l’entrepreneur à l’avocat, tous en prennent pour le grade. Ils s’imaginaient avoir un tempérament de feu mais constatent combien il leur est difficile d’entretenir une petite flamme, toute petite.

Saluons aussi la parution de Marcher droit, tourner en rond dans la nouvelle collection de poche des éditions Verdier. Ce roman retrace la confession d’un homme atteint du syndrome d’Asperger qui rêve de retrouver sa camarade de lycée.

NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.




Lien : https://collectiondelivres.w..
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Manifeste pour une psychiatrie artisanale

Ce livre, je l’ai commandé après la lecture d’un ouvrage du même auteur, « Schizogrammes», recueil de tranches de vie de patients fréquentant le service psychiatrique de l’auteur, psychiatre avant d’être écrivain (et dont les ouvrages sortant de son domaine d’expertise sont nettement moins intéressants, askip).



Ici, on s’éloigne des exemples cliniques et très concrets puisqu’il s’agit, comme son titre l’indique, d’un Manifeste pour une psychiatrie artisanale. Une psychiatrie artisanale, mais keskessè? C’est une approche

- qui respecte la triple dimension Bio - Psycho - Sociale sans se limiter aux seuls aspects neuro biologiques (grosse tendance actuelle).

- qui reconnait une expertise au clinicien, au-delà d’un relevé systématique de critères et symptômes.

- qui laisse au clinicien le choix du traitement le plus adapté parmi un choix de thérapies possibles (et pas systématiquement le traitement X pour le symptôme Y).



J’ai aimé que son écrit se positionne de manière critique face aux EBP/M (pratique/médecine basée sur les preuves) et autres recommandations de bonnes pratiques dont les fondements s’appliquent sur des études de cohortes et des résultats normés, des moyennes, qui ne tiennent pas compte de l’infinie diversité des profils et des besoins. L’EBP et la protocolisation des soins sont difficiles à mener quand « le diagnostic ne repose sur aucun critère véritablement objectif et se heurte à des différences inter-juges considérables ».



Venet, s'il reconnait les limites et dérives de la psychanalyse (et surtout de certains de ses adeptes pratiquants) ; se positionne en défenseur de cette croyance dont il souligne trois fondements essentiels : la prise en compte d’une partie inconsciente dans le fonctionnement psychique ; l’existence de phénomènes de transferts dans la relation thérapeutique et -super crucial!- l'extrême complexité du fonctionnement psychique, irréductible à un simple lien symptôme-traitement. Et ça, je surkiffe.



Et j’ai aimé une citation de Roland Gori qui illustrait l’aura actuellement intouchable des défenseurs des croyances à la mode (neuro-bio) : « /…/ pratiques au service du néolibéralisme qui fabriquent des incompétents estampillés et donc … des dissidents discrédités ».
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Contrefeu

Si vous n’avez pas encore lu Marcher droit tourner en rond, d’Emmanuel Venet, alors vous êtes chanceux : lire Venet, c’est goûter un style élégant et plein d’intelligence, agrémenté d’un humour tout desprogien. Et il se trouve que ce nouveau roman - Contrefeu - s’inscrit dans la parfaite veine de cette fresque (de bras cassés) miniature qu’était Marcher droit… , succès modeste à sa sortie, mais dont chaque lecteur devint un fidèle. Et de fidèles, il en est aussi question dans cette chronique perfide du charme discret de la bourgeoisie de province — si l’on peut dire. Avec son évêque habité par le feu de la passion, sa fervente consumée par l’ardeur du désir, son migrant africain brûlé d'un destin dramatique (mais qui fait un coupable idéal), ses quelques affairistes bouillonnants d’idées pour faire de bons placements, ou encore son jeune alterno’ qui refuse d’ « entrer dans les schémas de la consommation de masse » tout en reprochant à sa mère de pas installer la climatisation, Venet multiplie les points de vue, brouille les pistes et révèle les failles de chaque protagoniste avec autant de minutie que de désinvolture. C’est fin, c’est drôle, on serait même tenté de dire que c’est malheureusement si vrai que cela en devient cruel. Et le pire : c’est qu’on aime ça (on en redemande d'ailleurs).
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Contrefeu

Emmanuel Venet aligne une galerie de splendides portraits, comme autant de criminels ayant apporté leur fagot de bois sec à l’incendie. C’est la Comédie humaine condensée, balayant une centaine d’années de petitesses, et d’insignifiance.
Lien : https://actualitte.com/artic..
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Contrefeu

Derrière un bandeau présentant une toile de James Ensor, sur laquelle les figures colorées et burlesques d’un carnaval encadrent un squelette au visage grimaçant, Emmanuel Venet propose une comédie de mœurs provinciales, joyeusement grinçante, un roman comme une sotie dénonçant les turpitudes et les hypocrisies des habitants de cette France étriquée des petites villes. Dans ce texte comme dans ses précédents récits, il laisse la plus allègre liberté à son imagination, passant d’une page à l’autre de la farce d’un vaudeville à l’histoire tragique du voyage d’un migrant africain, ajoutant toujours à cet art du conte sa gourmandise pour les mots, comme lorsqu’il décrit au long de plusieurs paragraphes l’architecture d’une cathédrale, usant avec délectation de la palette complète d’un vocabulaire technique, précieux et pittoresque. Et puis, si la dimension oulipienne de son écriture est là moins évidente que dans d’autres de ses œuvres, son goût des images et des symboles, sa manière légère et élégante de filer ici la métaphore du feu, d’un incendie bien réel à la chaleur érotique des corps et aux braises de la passion, emporte définitivement l’adhésion du lecteur… On se laisse volontiers brûler aux étincelles de cette écriture !

À Pontorgueil, une ville moyenne située non loin de Verrières (cette autre cité d’une Bourgogne à moitié imaginaire, qui apparaissait déjà dans Virgile s’en fout), la cathédrale, un beau soir, s’embrase, jusqu’à être bientôt réduite en cendres. Catastrophe pour l’évêque, que l’annonce de l’événement surprend en pleins ébats amoureux avec l’une de ses ouailles, obligé de rentrer dare-dare constater les dégâts ! Dès le lendemain, une enquête commence, révélant cette aventure cachée mais aussi de multiples autres secrets, les mesquineries et les ridicules de différentes figures de la vie locale, gérants incompétents, escrocs à la petite semaine, responsables véreux ou marginaux miséreux. Le fait-divers n’est pas sans rappeler l’incendie réel de la Cathédrale de Nantes, le 18 juillet 2020, d’autant plus que dans la réalité comme dans la fiction, un migrant, employé au nettoyage et à la fermeture vespérale de l’édifice, est rapidement mis en cause (mais si sa culpabilité est avérée à Nantes, le Blaise Muki de l’histoire d’Emmanuel Venet sortira blanchi de l’affaire). D’autres pistes aussi sont évoquées, comme celle de la vengeance d’un fils de la bourgeoisie locale contre un évêque qui lui a volé sa mère ou celle de l’incompétence d’un jeune paumé, employé ce soir-là à la surveillance de la cathédrale… Rien n’y fait pourtant, on ne connaîtra pas la cause de l’incendie. Et qu’importe, d’ailleurs, puisque cette destruction est peut-être, finalement, pour les notables du coin, une aubaine ? Et qu’importe aussi pour le lecteur, puisque ce récit, dans lequel Emmanuel Venet aura rebattu les cartes de quelques destins avec cette souriante perfidie qu’on lui connaît et qu’on adore, révèle une fois encore toute la subtilité d’analyse de son auteur, la finesse de son regard sur les êtres et les choses, la réjouissante puissance de son talent de satiriste ? Allons, ne boudez pas votre plaisir, vous reprendrez bien un peu de Venet, non ?
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Marcher droit, tourner en rond

Emmanuel Venet est psychiatre et romancier et sans que cela insère de la lourdeur dans ses écrits, on sent bien que les deux volets de son être collaborent constamment. Le narrateur de Marcher droit, tourner en rond présenterait des symptômes de la stéréotypie idéocomportementale fréquemment en lien avec le syndrome d'Asperger, mais surtout il présente un rapport à la vérité qui n'est que d'un bloc et sans compromis. Autant dire qu'il a du mal avec la société en général et que l'exaspération est souvent présente, notamment dans cette cérémonie de funérailles pour sa grand-mère Marguerite. Les réflexions du narrateur au moment de cette cérémonie constituent l'amorce du texte ainsi que l'essentiel. Sa révolte s'exprime devant l'incohérence du monde, devant les choix discordants, devant les contradictions les plus évidentes des êtres qu'il côtoie, les membres de sa famille. Un texte fort, plein de décalages, de dénonciations, d'humour et d'ironie.








Lien : http://rivesderives.blogspot..
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Manifeste pour une psychiatrie artisanale

Lors d’un échange où j’exposais le cas d’un jeune de ma connaissance souffrant d’un TDAH, à propos duquel on ne savait s’il est vraiment atteint ou s’il joue intelligemment le trouble, une amie me prête ce livre me disant que j’y trouverais des réponses à cette question.



J’ai donc pu vérifier une nouvelle fois que les États-Unis, toujours précurseurs dans leur impérialisme économique sont arrivés à marchandiser même l’état mental des Humains : ils nous rendent fadas et après ils nous fourguent spécialistes et médocs. « On fabrique du virus et on vous vend de l’antivirus » (Mr Sylvestre – les guignols de l’info).

Même méthode, même efficacité !

Me confirmant ainsi que même dans le monde de la psychiatrie, théories néolibérale et humaniste s’affrontent.



Au rythme où nous allons, le rouleau compresseur néolibéral risque de l’emporter. La proposition d’un artisanat au cas par cas, bien qu’humainement réaliste, me semble bien petite face à l’incessante rapacité pour faire du profit à tout crin.



Je retiens donc de cet ouvrage, cette proposition de soins artisanale bâtie en trois dimensions : importance de l’investigation clinique pour essayer de cerner le fonctionnement psychique de chaque patient, en faisant ainsi un cas d’espèce qui doit être traité comme tel ; d’où un parcours de soins le plus adapté au diagnostic établi en tenant compte du mode de vie de chaque patient.



En France, cela a donc pris la tournure d’une chronique d’une mort annoncée : la psychiatrie est en tête de la démolition du service public de santé par l’État



Bien que je n’ai pas pris le temps de me servir du dico à chacun de mes arrêts sur un mot incompréhensible, je m’endormirai moins sot ce soir ; cependant, ce manifeste auquel je souscris ne m’a pas apporté d’autres réponses que celle de devoir faire très attention au choix de son psychiatre (Sécu) ou de son psychologue (pas Sécu) pour suivre et soigner un Troublé de l’Attention.



Comment faire le tri entre le bon grain et l’ivraie ? Surtout quand la région ne propose pas pléthore de spécialistes dont la consultation soit remboursée …. pour les gens de peu de moyens !





Ancelle, le 31 juillet 2023
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Marcher droit, tourner en rond

Avec un narrateur atteint du syndrome d'Asperger, l'humour est assuré. S'il fallait s'en persuader, il est juste besoin de faire référence au fameux Rain man où Dustin Hoffman incarnait, Raymond Babbitt, un autiste. Contrairement à ce qu'on a pu croire, c'était du syndrome du savant qu'il souffrait, et non de celui d'Asperger. Mais le mécanisme est le même. Le comique est produit par le décalage entre les perceptions et l'univers du personnage et la réalité.



En l'occurrence, Marcher droit, tourner en rond est une sorte de monologue ou de flux de pensée ininterrompu du narrateur autiste. Le texte se lit d'une traite. Il ne fait l'objet d'aucun découpage. La lecture s'en trouve quelque peu fastidieuse.



Enfermé dans ses propres raisonnements et sa logique d'interprétation, le narrateur s'emploie à une relecture - ou déconstruction - de l'histoire familiale. Le point de départ en est les funérailles de la grand-mère Marguerite.



En contrepoint des malheureuses expériences de mariage dans la famille, le narrateur évoque sa propre histoire d'amour, totalement fantasmée, avec Sophie Sylvestre.



Marcher droit, tourner en rond est un texte où l'auteur semble régler des comptes avec une société hypocrite, un monde immoral que seules sauvent les apparences. Son narrateur, en raison de sa pathologie, se démarque de sa famille. S'il est pathétique dans sa non-histoire d'amour avec Sophie Sylvestre, sa lucidité sur son syndrome et sur les autres est saisissante. Son discours est une sorte de révélateur des dysfonctionnements qui sont le lot de la société humaine ordinaire.

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Précis de médecine imaginaire

Un style ciselé comme une œuvre de Benvenito Cellini, un humour fin délicat aérien. J'adore cette forme de textes courts, mais discrètement reliés les uns aux autres. Et je déteste l'obligation stupide d'utiliser deux cent cinquante caractères pour avoir le droit de publier une critique.
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Schizogrammes

Les éditions de la Fosse aux ours enchantent régulièrement les amoureux de la langue et les curieux. Avec "Schizogrammes", elles comblent une nouvelle fois le lecteur.

Peut-on, en tant que psychiatre, aborder le thème de la schizophrénie sans faire montre de gravité ? Ici, Emmanuel Venet parle de ses patients avec un mélange détonnant et salutaire de tendresse, de poésie et d’humour. Au fil d’une vingtaine d’historiettes, il raconte son métier et, surtout, ses rencontres. On fait par exemple la connaissance de ce patient qui complète l’ordonnance du praticien sans même chercher à imiter son écriture ; de cet autre qui rédige une demande d’HLM en précisant qu’il lui faut un appartement en rez-de-chaussée « pour le cas où il tomberait par la fenêtre » ; ou encore de cet olibrius qui, en raison d’un impérieux besoin d’aller acheter du sucre, manque l’enterrement de son frère.

Si ces situations, complètement farfelues pour le commun des mortels, peuvent devenir relativement banales aux yeux des soignants, le Dr Venet, après quarante ans en HP, y voit encore matière à s’attendrir. Et nous livre un texte délicieusement sentimental, ironique et érudit.

Il tire aussi à boulets rouges sur Nicolas Sarkozy, qui avait, pendant son mandat présidentiel, exigé un durcissement de l’internement d’office des malades (la lubie du chef de l’État avait débouché sur la loi du 5 juillet 2011 sur l’hospitalisation sous contrainte – modifiée depuis).

Ce petit livre, tour à tour cocasse et poignant, est selon moi une pépite… ❤️
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Ferdière, psychiatre d'Antonin Artaud

Drôle d'idée, a priori, que cette courte biographie d'un psychiatre à peu près inconnu sans tout à fait l'être vraiment.

Pour cette (très) courte performance, Emmanuel Venet a reçu le prix du style, et ce n'est sans doute pas volé tant ce petit bouquin est un véritable exercice de littérature... au point de devenir sibyllin par moments, d'ailleurs, ce qui peut être gênant si l'ambition du lecteur est de faire vraiment connaissance avec la vie du docteur Ferdière.

Si tel est le cas, cet essai ne suffira sans doute pas.

Pourquoi Venet s'est-il attaché à la trajectoire injustement méconnue de ce psychiatre courageux et poète "raté" ? Peut-être s'est-il senti proche de lui, étant psychiatre lui-même, et s'intéressant également à la littérature.

Au final, un ouvrage à l'intérêt sans doute limité, mais qui reste une intéressante expérience de lecture.
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La lumière, l'encre et l'usure du mobilier

Emmanuel Venet, auteur de l’excellent Marcher droit, tourner en rond, ne manque ni d’intelligence ni du verbe pour l’exprimer, mais il a aussi l’extrême délicatesse de dissimuler son autobiographie dans une suite de textes courts dédiés à des thématiques diverses (la religion, la guerre, la médecine) et des figures aussi variées que Glenn Gould, Freud (le titre de ce livre est dévoilé dès les premières pages et c’est une merveille), Kafka, Rimbaud, Cendrars ou encore le "docteur" Franz Anton Mesmer (dont il se moque avec allégresse), fragments d’une totale liberté où Venet se raconte en se tenant en arrière-plan. Comme le disait Gracq : « Il n’y a pas d’autres sens interdits pour le roman que ceux qui finalement ne seront pas empruntés, et quand on légifère dans la littérature, il faut avoir au moins la courtoisie et la prudence de dire aux œuvres "Après vous…" ». C’est brillant, souvent drôle, et on en viendrait à espérer que la littérature de soi – cette autofiction mal nommée - puisse atteindre de temps à autre une aussi grande qualité, d’aussi pertinentes et plaisantes vertus, car le plaisir de lecture ici est grand – immense même. Quelle réussite et quel feu d’artifice pour l’intellect.
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