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Citations de Emmanuelle Bayamack-Tam (292)


« faute de récepteur ad hoc, la testostérone n’a pas pu viriliser les tissus cibles pendant la vie foetale. Mais comme les testicules de votre enfant fabriquent quand même de l’hormone antimüllérienne, l’utérus ne s’est pas développé non plus. Ni les ovaires. »
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« De tous mes amants, Lenny est le seul à n’avoir manifesté ni curiosité ni enthousiasme particuliers à me découvrir trans. Il est le seul que j’aie mis devant le fait accompli – cet effet de surprise n’expliquant en rien la simplicité, ou devrais-je dire l’innocence avec laquelle il a ensuite abordé les choses :
– Comment ça se fait que tu aies, euh, une bite ? »
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La vie telle que que l'entendent la plupart des gens ne ressemblent que de très loin à une destinée humaine pleinement accomplie; les gens vivotent, les gens végètent, les gens meurent en s'attendant à ce que la vie commence d'un moment à l'autre, mais ce moment n'arrive jamais. Pour qu'ils commencent à vivre, il faudrait d'abord qu'ils commencent par se soustraire à tout ce qui les tue à petit feu, mais ils n'en ont même pas l'idée et en auraient ils l'idée qu'ils n'en ont pas la force.
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Abandonnant mon perchoir, je me glisse au milieu des adultes. Je n'ai encore jamais dansé, ni même imaginé qu'on puisse le faire. Dans un premier temps, je me contente de sauter sur place en balançant énergiquement les bras, puis je me lance dans une pantomime inspirée et frénétique, comme s'il s'agissait de récupérer un corps, des sensations, du désir, du plaisir – tout ce dont j'ai été privée depuis ma naissance. Très vite, je suis rouge, échevelée, en nage, la robe retroussée sur mes cuisses grassouillettes. De cette robe aussi, je me souviens très bien : courte, blanche, constellée de paillettes et bordée de franges, elle m'allait aussi mal que possible mais constituait sans doute un effort de Kirsten pour m'embellir.

Galvanisés par les nappes lancinantes, les autres danseurs semblent en suspension. Même ma grand-mère a fini par lâcher cette pauvre Odile pour onduler assez gracieusement. Ma mère est sublime, Arcady assure, mais en vieux briscard de l'Amnesia et du Pacha, Richard est tout bonnement sensationnel, et Salo n'a pas manqué de m'immortaliser bouche bée devant ses jeux de jambes, un fil de salive scintillant sur le menton. À mon tour, je m'essaie à des pas plus audacieux, des glissés inspirés de ceux de Richard, mon visage levé vers le sien, quêtant approbation et encouragements. Je n'ai rien oublié de mon bonheur et de ma surexcitation, cruellement fixés sur la pellicule par notre Stanley Kubrick – car là où d'autres enfants auraient été mignons, attendrissants dans leurs efforts, j'étais pénible à observer, et le regard des adultes sur moi, tel qu'il me parvient dix ans plus tard, ne laisse planer aucun doute là-dessus : pitié, affliction, voire un soupçon de gêne, voici ce qu'on peut lire dans les yeux de mes parents et de ma grand-mère. Même Richard, ayant fini par s'apercevoir de mon existence, s'interrompt avec un clin d'œil compatissant en direction de la caméra.

Le film s'achève par un gros plan sur moi, cheveux collés aux tempes par la transpiration, bonds arythmiques, petits cris de plaisir, grand sourire édenté. Quelle tristesse, cette joie. Quel gaspillage, ce désir fou d'en être et de bien faire, tout cet amour dardé en pure perte sur des adultes qui n'en voulaient pas. Et qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de mon souvenir, maintenant que le film de Salo est venu lui infliger un démenti flagrant, la preuve par l'image que j'avais tort d'être heureuse, ou plutôt que je ne l'étais que par un miracle d'inconscience et d'incompréhension qui est peut-être l'autre nom de l'enfance ? Quelle valeur accorder à ces images, et quel crédit à ma mémoire, qui les a conservées intactes dans leur gangue de fausse exactitude, intactes dans leur flamboiement, irradiantes jusqu'à aujourd'hui et responsable de ma mise à feu ?

Il faisait chaud, la musique battait en moi comme un cœur supplémentaire, Richard bougeait languissamment, beau comme une star de cinéma à mes yeux éperdus, avec sa quarantaine fatiguée, son bronzage d'Ibiza, sa blondeur déclinante, son odeur tropicale que la danse avivait. Il n'était pas le seul à être beau : tout le monde l'était, même Dadah, avec la choucroute ébène de son chignon, ses mains ensorceleuses, agitées à l'orientale, et l'arc rubis de ses lèvres, tendu sur son dentier étincelant ; même Epifanio, hilare, une jumelle rousse sur chaque hanche ; même Jewel, moins abîmée qu'aujourd'hui, et absorbée dans sa choré perso ; même et surtout Arcady, dont le regard tendre suivait nos évolutions. Tout le monde était beau, sentait bon, dansait bien – à part moi. Et si je n'avais pas vu ce film, j'aurais daté de ce jour-là le commencement de l'amour, le début du bonheur et de la liberté.
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Je l𠆚imais. Elle était bête, égoïste et méchante, mais si on n𠆚imait que les gens qui le méritent, la vie serait une distribution de prix très ennuyeuse. 
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On m’a élevé dans l’idée que l’amour était la grande affaire de la vie, mais on ne m’a jamais parlé de la séduction.
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L'âge, c'est dans la tête. Faites le test, agissez comme si vous aviez trente ou vingt ans de moins , et les gens s'ajusteront à l'idée que vous vous faites de vous même : ils célébreront vos matins triomphants, boiront votre vin de vigueur, et se laisseront contaminer par votre jeunesse imaginaire.
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En fait, rien ne s’arrange jamais car ce qui est abîmé l’est une fois pour toutes. La résilience, c’est un conte inventé pour les gogos : çà permet à tout le monde de vivoter tranquillement, les victimes comme les tortionnaires – les uns survivant dans l’espoir inepte d’une amélioration, les autres disposant d’un alibi pour torturer ad libitum.
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Le hasard a voulu que je naisse et grandisse dans un petit pays d'Afrique australe qui s'est trouvé par la suite radicalement rayé de la carte. En une nuit, il a été dépecé: tous les États voisins s'en sont adjugé un morceau. (...) Ce pays n'a plus ni nom ni frontière. Je peux donc en toute légitimité affirmer n'être né nulle part, n'avoir pas de pays natal. Cette donnée relègue toute nostalgie originelle dans le domaine de la science-fiction. Mais bien sûr, cela n'empêche pas la nostalgie.
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Je suis née pour abolir l’ancien testament qui a toujours légué le monde à ceux qui avaient tout, reconduisant éternellement les mêmes dynasties dans leurs privilèges exorbitants. La guerre des trônes n’a pas eu lieu, elle n’a été qu’un simulacre, un jeu de chaises musicales, un échange de bons procédés entre nantis, qui excluait toujours les forçats de la faim, les captifs, les vaincus, et bien d’autres encore.
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Dans le monde extérieur c’est tous contre tous et chacun pour soi - non, même pas : chacun procède d’abord à sa propre tuerie intime, parce qu’il faut être mort avant de partir en guerre.
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-Tiens donc, mais c'est cette vieille Clarisse.
- Tu te rappelles de moi?
-Est-ce qu'on oublie la peste bubonique ou les diarrhées sanglantes?
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Ah bon. On m'a toujours vendu le truc comme un chef d'oeuvre, mais j'ai appris à me méfier des enthousiasmes des enseignants : à les suivre, on se retrouve à ne lire que des histoires de femmes mal mariées et qui meurent, des Présidentes de Tourvel, des Emma, des Gervaise, des Jeanne...Je l'ai fait parce que je suis une élève sérieuse, mais on ne m'y reprendra plus.
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(...) les gens vivotent, les gens vegètent, les gens meurent en s'attendant à ce que la vie commence d'un moment à l'autre, mais ce moment n'arrive jamais. Pour qu'ils commencent à vivre, il faudrait d'abord qu'ils commencent à se soustraire à tout ce qui les tue à petit feu, mais ils n'en ont même pas l'idée et en auraient-ils l'idée qu'ils n'en ont pas la force.
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J'ai envie de pleurer mais je me retiens. Je suis trop chevaline pour les larmes.
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De fait l'amour qu'elle éprouve pour notre petite utopie transfrontalière s'est rapidement traduite par des dons plus que généreux.p149
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-Non seulement les miroirs contribuent à vos souffrances psychiques, mais je ne vois pas ce que vous cherchez à y apprendre ou à y vérifier ! Ne serait-ce que parce qu'ils ont leur propre réalité géométrique ! Essayez un peu de lever la main gauche devant votre miroir, vous verrez si votre reflet ne lève pas la droite! p.43
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Nous avions peur des nouvelles technologies, du réchauffement climatique, de l’électrosmog, des parabènes, des sulfates, du contrôle numérique, de la salade en sachet, de la concentration de mercure dans les océans, du gluten, des sels d’aluminium, de la pollution des nappes phréatiques, du glyphosate, de la déforestation, des produits laitiers, de la grippe aviaire, du diesel, des pesticides, du sucre raffiné, des perturbateurs endocriniens, des arbovirus, des compteurs Linky, et j’en passe.
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Victor n’a pas de mots assez durs pour qualifier sa production, mais cette dureté en dit plus sur lui que sur elle : il est tout simplement incapable de reconnaître un talent qui n’a pas été adoubé ni patiné par le temps ; incapable d’être ravi, comme je le suis, par ses pastels poudreux, ses encres de Chine obsessionnelles, et ses autoportraits saisissants, il s’en tient à ses goûts séculaires, et c’est tant pis pour lui.
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Il avait tort bien sûr, mais depuis quand les torts sont-ils impardonnables ?
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