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Citations de Emmanuelle Richard (164)


Tout ce que les hommes se permettaient sans arrêt et ça me paraissait normal. Toutes les fois où j’ai eu peur ou honte de ce que je croyais susciter, de ce qui advenait, comme si c’était moi, le problème. Comme si le seul fait que certaines choses aient lieu signifiait que je le permettais. Comme si les hommes étaient de pauvres choses infantiles, irresponsables, perdues par essence. Les tentatives de mains au cul, les propositions déplacées, le reste. Les regards sales, avilissants, dégradants ; les allusions en escadron, pénibles et grasses comme de la vieille eau de vaisselle ; les insinuations insistantes, douteuses, graveleuses ; les blagues et commentaires salaces, sexistes ; leur humour lourd.
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Longtemps je n’ai pas compris la condescendance plus ou moins consternée, voire le complexe de supériorité de pas mal de femmes de mon âge à leur égard. Maintenant ils sont amers. C’est devenu toutes générations confondues, ce surplomb, encore pire chez les jeunes.
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En rentrant un soir en métro de mon job de vendeuse. Je regardais dans le vide. Le vide se trouvait être les yeux d’un homme. J’avais fini par m’en apercevoir. Il m’observait avec cet air entendu, cette façon de tout prendre pour des signaux ou des encouragements qu’ils ont toujours. J’avais baissé les miens et sorti un livre, fait subitement mine d’être absorbée. Il m’attendait à la sortie. Il m’avait suivie sur plusieurs centaines de mètres jusqu’à ce que je fasse demi-tour et le fixe droit dans les yeux cette fois. Il était parti. Ils perdent leurs moyens devant l’absence de peur, son apparence.
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Les hommes rentrent leurs jambes pour la laisser passer. Ils les étalent de nouveau. Elle se serre contre la paroi et replie les siennes.
Sentiment troublant que d’être devenue le passé de quelqu’un. Une sorte de. Fragment à dissimuler. Après avoir été si proches et vulnérables ensemble, dans une autre vie, étudiants et précaires, jusqu’à être peau à peau, quand bien même il ne d"s'agissait que de quelques heures.
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Il y a parfois des regards doux. Avant-hier, en descendant à pied la rue d’Amsterdam depuis la place de Clichy, mes yeux ont rencontré ceux d’un jeune homme. Pendant quelques instants, nous avons été aimantés. Il m’a souri et il m’a fait un compliment. Je ne m’y attendais pas du tout. J’ai été déboussolée, je n’ai pas eu le temps de décider s’il était assez sécurisant pour pouvoir lui répondre sans me faire agresser, importuner ou sauter dessus, le remercier. Je n’ai pas eu le temps de trancher qu’il m’adressait déjà une phrase déçue.
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C’est tragique le vertige de ce manque de finesse, cette incontinence délibérée.
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Ce qu’ils nomment beauté est le seul pouvoir que tous les hommes respectent, dans un premier temps au moins. Comme ils se couchent devant. Comme ils se montrent odieux, cruels, brutaux dès qu’ils ne nous considèrent pas comme une possibilité de lit. Quand je suis devenue jeune fille, l’âpreté de ce passage d’une place à son opposé, d’un état conspué à l’autre, a déposé en moi un indélébile lit de mépris.
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Garder la tête haute et le regard droit. Regard tenu, perdu au loin. Mimer l’assurance et la confiance, l’indifférence et la solidité pour contourner le danger. Ne pas baisser les yeux, jamais. Prendre un air impressionnant encore et encore. Une fois dépassés, relâcher. Souffler. Impossibles flânerie et absence à soi-même, cible mouvante. Je me concentre sur mon pas, mon cœur décélère. La faim se rappelle à moi. Je visualise une nouvelle fois la banane, me tâte, dubitative à l’idée de me confronter au cancer de la pensée masculine. Je renonce, préfère attendre d’arriver au bureau.
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Il n’y a que le mascara que j’aime. Une touche de blush sur le haut des pommettes. Depuis quatre ans, les jours où j’ai envie d’être fraîche, j’ajoute un anticernes pour la lumière. Être joli c’est le pouvoir du faible, ça reste du pouvoir quand même, en particulier quand je dois investir mon rôle de cheffe.
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Je trouve que ça me donne l’air femme, racée. Un peu tapée. Comme les longues lignes de mon nez à ma bouche, mon mojo concentré dans ma ride du lion. Ces traces que j’aime.
Je suis dans le temps éphémère où mon cou est devenu aussi fragile, précieux et délicat que du papier de soie. Je me trouve bien.
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J’ignore mon degré de sécurité actuel. Je ne sais pas comment m’organiser pour cette nuit ni après. J’ignore si je dois quitter le château le plus vite possible pour attraper le premier train. Oui mais pour aller où, oui mais en attendant ? À minuit passé des bruits sourds. Aiden tente d’ouvrir la porte, il a constaté sa fermeture inhabituelle et met des coups dedans. Je lui intime de ne pas rentrer, il insiste. Très vite la porte cède et toutes les choses derrière, rempart ridicule devant sa stature. Il tient une petite assiette à la main qu’il me présente et m’offre. Je lui hurle dessus et le repousse en le cognant comme je peux.
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La réaction des autres hommes quand j’entrerais dans son bureau ou cabinet, je n’avais pas compris sa dernière fonction avec certitude, vêtue d’une robe longue fendue toute simple. Celle des femmes. Je porterais peut-être aussi mes lunettes, qu’il aimait.
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Je l’aimais bien mais pour moi c’était du sexe, rien de plus, et ça s’arrêtait là. Il était grand. Il n’y avait pas de connexion profonde entre nous, de vraie connivence ni rencontre. Je pensais que laisser la tonalité amoureuse demeurer lettre morte était parlant en soi.
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Nous n’avions de contacts physiques que confinés dans la tour ou quand nous étions seuls, et ça m’allait très bien. C’était un geste d’étalage ou de propriétaire parce qu’elle était là. Je n’ai pas aimé, je l’ai esquivé.
 
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Nous ne partagions pas du sexe à chaque fois, nous parlions et nous fumions emmitouflés, noyés parmi les volutes de beuh locale qui cristallisaient sur le sucre des cookies premier prix et c’était la paix.
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Je contemplais les hommes, les très jeunes au visage poupin et les plus vieux aux traits cassés. Toutes et tous avec des épaules et des mains de métiers extérieurs ou manuels. Elles et ils avaient le visage exténué des travailleuses et des travailleurs, des employé·e·s sous-payé·e·s.
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Il était si lourd que je n’avais aucun pouvoir physique sur lui, j’aurais été incapable de le faire bouger d’un seul pouce. Il pouvait me porter d’une main, fétu. J’étais si petite par rapport à lui. À sa merci. À la merci d’un homme,enfin.
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Quelque chose palpitait en moi et se dilatait. S’il y avait à lire des petits caractères, à regarder avec attention une photo, je me penchais encore et devenais languide, engourdie et atone ; une poignée de secondes et le phénomène se reproduisait, l’envie se redéployait avec une intensité surprenante ; quelques secondes à peine pour me sentir fondre.
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Face au chaos du monde je me sentais dépassée, impuissante, désarmée et je m’en voulais d’être désarmée. J’avais l’impression que même mon corps se refusait à épouser le mouvement. Être coupée de toute nouvelle et de tout réseau d’entre-validation se révélait un événement heureux, une libération.
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Dans ce pays de moutons et de bois aux côtes échancrées, aux hauts plateaux recouverts de ce velours d’herbe luxuriant, je regagnais une énergie perdue. Je réimaginais un avenir à ma vie.
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