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Citations de Eric Reinhardt (782)


Nous n'avions pas du tout le même caractère, elle a toujours été plus fragile, plus fragile mais aussi plus dévouée, plus généreuse que je ne l'étais. Il fallait voir comment elle défendait les autres, à l'école, quand elle était déléguée de classe, elle se battait comme une furie et jusqu'au bout, mais elle, en revanche, elle était incapable de se défendre elle-même. Si l'on veut être heureux, il faut aussi penser un peu à soi. Ca, Bénédicte, elle ne l'a jamais compris, elle pensait que son bonheur passait par le bonheur des autres.
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On était en septembre 2012, cinq ans exactement après la rémission de Margot. Ainsi pourrait-elle commencer à espérer survivre à son cancer du sein, maintenant qu’elle était au-delà du périmètre des cinq années à l’intérieur duquel les médecins encouragent les patients, de mille manières et souvent brutalement, sans le moindre tact, relayés par les banques et les compagnies d’assurances, à ne surtout pas se projeter dans l’avenir, comme si c’était un péché presque mortel, une insulte à la science, que de croire qu’on va vivre, quelle coupable innocence.
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(...) on peut aussi entendre l'amour comme une alliance, une équipée, une agrégation de désirs et d'ambitions, d'énergie, de puissance, pour faire front ensemble contre tout ce que la vie peut nous opposer de dur et d'escarpé, d'intimidant, mais aussi pour jouir ensemble des douceurs du chemin (car le chemin peut être beau), afin d'être le plus heureux possible.
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Quand on dîne tous les quatre, il ne m'écoute pas, il ne me dit jamais le moindre mot qui pourrait amorcer une conversation, si je lui pose une question il l'élude ostensiblement, il se concentre exclusivement sur les enfants, avec lesquels il est toujours prévenant et onctueux. Il se préoccupe uniquement de leur bien-être, afin que par contraste je me sente vraiment nue, nue de toute affection, tenue pour négligeable. Encore moins qu'un animal, que l'on caresse, encore moins qu'une plante verte, que l'on arrose, encore moins qu'un objet, qu'on époussette, encore moins qu'une prostituée, que l'on rétribue.
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Regardez, l'ai-je entendu me dire, regardez comme la lumière est belle, vous avez eu raison de l'affirmer dans votre livre, c'est à l'automne que la lumière est la plus belle; aujourd'hui elle est miraculeuse, on la sent vibrer dans l'atmosphère comme des milliards de particules. J'ai l'impression que si j'avance la main vers la beauté de cette vision je vais pouvoir la toucher et qu'elle va réagir, comme quand on pose les doigts sur le pelage d'un chat.
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Accepter sa propre bizarrerie pour en faire sa joie, n'est-ce pas ce qu'on devrait tous faire dans nos vies?
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- Le gui, il tue les arbres ?
- Bien sûr !
- ah bon ? Mais je ne savais pas ! Quelle triste nouvelle !
- Pourquoi ça ?
- parce que j'adore les boules de gui. Les arbres quiont des boules de gui [...] , on les croirait ajoutés aux paysages de la main même d'un peintre. Par Léonard de Vinci.
- C'est très joli ce que tu dis.
- C'est ce que je vois.
- Et bien ce sont des parasites.
- Qui l'eût cru ?
- Tout le monde sait ça, Bénédicte !
- Sauf ceux qui préfèrent croire aux illusions. Qui aiment ce que les images leur racontent, même si elles sont piégées. j'ai dû le savoir mais je l'ai êjecté de ma mémoire pour pouvoir continuer à préférer les arbres qui ont des boules de gui, à ceux qui n'en ont pas. Pourtant, je suis une fille de la campagne.
- dis-toi que les arbres qui ont des boules de gui sont en train de mourir.
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On ne ment d'une certaine manière, quand on n'est jamais à la même place. On dit une phrase à une personne et la seconde d'après on se change les idées de l'autre côté de la planète : on n'est plus là, dans les jours qui suivent pour voir le visage, le regard, la déception de la personne à qui l'on a menti. .................
......En bougeant, on peut biaiser, on est dans l'oubli, on efface dans son esprit le mal ou les promesses que l'on peur faire. Si ceux qui dirigent le monde n'étaient pas dans la vitesse; qu'elle soit géographique ou simplement mentale, la vérité de ce qu'ils font leur apparaîtrait d'une manière stridente : elle leur serait insupportable
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Tu joues avec les mots, j'aurais dû m'y attendre. Tu fais comme à chaque fois qu'une question t'embarrasses, tu manies les concepts, tu joues avec les idées, tu fais tout miroiter. Tu fais en sorte que les choses se reflètent les unes dans les autres.
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À la fin, quand le public a été invité à s'exprimer, la salle a été rallumée et les questions ont toutes été adressées aux autres écrivains, sauf une, une seule, qui n'était d'ailleurs pas une question mais plutôt un commentaire, un commentaire courageusement délivré par une jeune femme qui avait réclamé le micro pour pouvoir m'instruire publiquement de ce qu'elle pensait de moi et elle a dit , alors que je me réjouissais qu'enfin une personne de l'assistance s'intéresse à mon cas (désespéré) :
On a entendu Éric Reinhardt nous parler de la façon dont il écrit... toutes ces histoires de montages de textes et de chapitres... ces dizaines et ces dizaines d'étiquettes qu'il dispose sur une table et qu'il essaie de mettre dans le bon ordre... refaisant tout sans cesse... j'ai eu mal pour lui tellement ça a eu l'air pénible et difficile d'écrire ce livre... il faut peut-être arrêter d'écrire si ça vous cause une telle souffrance, non ?
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Il faudrait toujours se comporter, quelles que soient les circonstances, de manière à devenir nostalgiques. C'est-à-dire produire de la beauté. Quelles que soient les circonstances, coûte que coûte, objectif obsessionnel, produire de la beauté. Même avec un cancer. Surtout avec un cancer. La beauté du présent, d'être ensemble, de se battre de s'aimer. L'intensité et la rareté. Le cancer peut être vécu comme quelque chose de positif. Son traitement ouvre une période pendant laquelle on chemine vers une libération.
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Son ventre était comme le tambour d'une machine à laver, aussi chargé, aussi dense, aussi sinistrement cadencé.
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L’esthéticienne enfonçait symétriquement dans l’épaisseur de mon visage ses mains expertes et appliquées, dominatrices, enduites d’huile et glissantes, pleines de sous-entendus, de chuchotements, d’intimités, ouvrant des horizons radieux vers ses désirs de louve lubrique et insatiable, me disais-je naïvement à moi-même, réduit à l’état de larve intellectuelle (comme on vient de le constater à l’instant).
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Accepter sa propre bizarrerie pour en faire sa joie, n'est-ce pas ce qu'on devrait tous faire dans nos vies.
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Bénédicte l'avait humilié, lui Jean-François, depuis leur plus jeune âge, par l'ambition démesurée de ses exigences existentielles, ne le jugeant pas digne, lui Jean-François, de les satisfaire, eh bien voilà, elle était à terre, elle était tombée depuis les hauteurs du ciel et tous ses membres étaient brisés - et c'était lui qui était là, lui Jean-François et personne d'autre, pour la recueillir.
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Claquemurées dans la résignation depuis tellement d'années, ses ambitions pour le bonheur- ses ambitions d'adolescente- avaient beau avoir été violentées par la vie, elle les avait ranimées récemment : elle reclamait dès lors de chaque journée qu'elle lui prodigue une minute irradiante, une heure miraculeuse, une enclave d'émerveillement, un grand soupir extatique oublieux des tristesses de l'existence.Malheureusement , la réalité n'est pas tellement généreuse avec ceux qui réclament d'être enchantés.
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Ce qu’avait accentué en elle, aux yeux de Nicolas, dans les mois qui avait suivi sa rémission, l’épreuve du cancer du sein, c’est sa différence irréductible d’avec d’autres femmes, une forme de « cassabilité » qui lui était particulière, accompagnée d’une grande force. P 104
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Elle disait toujours ce qu'elle avait à dire de désagréable et de la façon la plus simple et directe, sans frémir ni flancher. Personne ne lui faisait peur. Elle ne retenait jamais ses coups quand il fallait frapper. On ne pouvait pas l'intimider.
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Victoria transcendait tous les clivages, c’est tellement rare que quand on tombe sur ce genre de personnes et qu’on se confronte à l’impossibilité de leur attribuer une boîte qui ne soit pas un bout de toutes sans être aucune intégralement, on se fracasse sur un mur : notre étroitesse d’esprit se disloque sur une espèce d’énigme conceptuelle. En fait, sa fluidité me violentait, je comprends aujourd’hui que dans ma relation avec elle j’avais fini par avoir envie de me venger de cette liberté où elle vivait et qui était trop difficile pour moi à assumer.
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Elle sentait qu'elle régressait de jour en jour dans une délicieuse irresponsabilité, enfin elle lâchait prise et pour la première fois de toute son existence elle se laissait sombrer au plus profond d'elle-même avec délectation sans avoir peur d'abandonner la réalité à son triste sort (elle se débrouillerait bien toute seule pendant quelques jours, la réalité, se disait-elle), et il était vraiment voluptueux de ne plus de sentir d'obligations ou de devoirs vus-à-vis d'aucun principe, d'aucune fonction ni de quiconque. Moyennant quoi elle était en train de reconquérir ce qu'elle avait perdu, sans y prendre garde, dans l'ordinaire de la vie sans relief, lors de ces dix dernières années, à commencer par la conscience de qui elle était -
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