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Citations de Ernesto Sabato (251)


C'était dans un café de Retiro où tu t'es approché pour me réclamer quelques pièces de monnaie et je t'ai demandé si tu voulais t'asseoir. Tu étais l'un de ces innombrables innocents qui mendient leur survie comme des anges exclus de quelque ciel pervers et lointain. Bien sûr, tu ne me connaissais pas et cela me fit du bien de partager avec toi cette rencontre. Parce que, malgré ton âge tendre, tu avais le regard vieilli par ces atrocités qui opèrent en accéléré, dans le corps et dans l'âme, les dévastations liées aux années. (...)
Enfermé dans ce vieux studio, assis au bord de mon lit, je regarde encore le dessin dont tu m'as fait cadeau, cette maison, la maison de tes rêves je suppose, avec des fleurs, de petites fenêtres ornées de rideaux, et une grande cheminée au milieu qui laisse échapper une fumée colorée, toute cette magie enchanteresse des enfants que même la misère ne saurait effacer.
J'écris ces lignes que tu ne liras probablement jamais; je voudrais te protéger, mais comment?
Quelle horreur que ce monde!
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[...] il arrive qu'on se croit un surhomme, jusqu'au jour où l'on s'aperçoit que comme les autres, on est mesquin, répugnant et faux.
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Avec l'âge, j'ai pu constater combien de fois il arrive que des gens servant simplement d'intermédiaires conduisent l'un vers l'autre des êtres destinés à se lier d'une façon profonde et définitive, comme ces légers ponts de fortune que les armées construisent et retirent une fois l'abîme franchi.
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Quelle horreur et quelle tristesse, ce regard d'enfant que nous avons perdu!
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J'ai vu des films dans lesquels l'aliénation et la solitude sont telles que les gens cherchent à s'aimer par ordinateur interposé. Et je ne dis rien de ces mascottes artificielles inventées par les Japonais, et dont j'ai oublié le nom, que l'on dorlote comme si elles étaient vivantes, parce qu'elles sont «sensibles» et qu'il faut leur parler. Quel avilissement, et qu'il est tragique de se dire que des milliers de gens en sont réduits à exprimer leur affection de cette manière! Quel jeu sinistre, alors qu'il y a tant d'enfants abandonnés dans le monde entier, et tant d'animaux nobles en voie de disparition.
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L’oiseau se satisfait de quelques graines, de vers de terre, d’un arbre où nicher et de grands espaces pour voler ; sa vie se déroule de sa naissance à sa mort au rythme d’une aventure qui ne sera jamais déchirée par le désespoir métaphysique ni par la folie. L’homme, en se levant sur ses deux pattes de derrière et en transformant de ses mains la première pierre effilée en hache, a jeté les bases de sa grandeur et l’origine de son angoisse. Avec ses mains et les instruments fabriqués par ses mains, il a érigé un édifice puissant et étrange qui a pour nom culture et qui a marqué le début de son grand déchirement. Il a cessé à jamais d’être un simple animal mais ne sera jamais le dieu que son esprit lui suggère. L’homme est un être duel et malheureux, qui se déplace et vit entre la terre des animaux et le ciel de ses dieux, qui a perdu le paradis terrestre de l’innocence, sans avoir pour autant gagné le paradis céleste de la rédemption.
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En réalité, j'ai toujours pensé qu'il n'existe pas de mémoire collective, ce qui pourrait être pour la race humaine une manière de se défendre.
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En tout cas et quoi qu'il en fût, c'était sûrement à la paix qu'il aspirait, c'était de cela qu'il avait besoin, ainsi que tout créateur, que tous ceux qui sont nés avec la malédiction de ne pas se résigner à la réalité qui leur a échu de vivre, et pour qui l'univers est horrible ou tragiquement provisoire et imparfait. Car il n'est pas de bonheur absolu, se disait-il. À peine nous est-il donné en de fugaces et fragiles moments, et l'art est une façon d'éterniser (de chercher à éterniser) de tels instants d'amour ou d'extase. Car toutes nos espérances se transforment tôt ou tard en réalités bancales. Car nous sommes tous déçus d'une façon ou d'une autre ; et si nous réussissions en quelque chose, nous échouons en telle autre ; la déception est la destinée inéluctable de tout être mortel. Car nous sommes tous seuls, ou nous finissons toujours par l'être un jour : amant sans la partenaire aimée, père sans ses enfants ou enfants sans leur père, et le révolutionnaire pur face à la triste matérialisation des idéaux qu'il a jadis défendus au prix de sa souffrance et d'atroces tortures. Car la vie est un continuel rendez-vous manqué ; et si nous rencontrons quelqu'un sur notre chemin, nous ne l'aimons pas quand il nous aime, ou nous l'aimons quand nous ne sommes plus aimé, ou bien quand la personne est morte et que notre amour est devenu vain.
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Mais j'ai aussi mille fois affirmé que l'homme n'est pas explicable ou qu'il faut en tout cas chercher ses secrets non dans ses raisonnements conscients, mais dans ses songes et ses délires.
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Il y a des jours, comme aujourd'hui, où je me lève avec une espérance folle, des moments où je sens que les possibilités d'une vie plus humaine sont à portée de nos mains.
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- Je crois que la vérité est parfaite pour les mathématiques, la chimie, la philosophie, mais pas pour la vie. Dans la vie, l'illusion, l'imagination, le désir, l'espoir compte plus. Et puis, savons-nous seulement ce qu'est la vérité?
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Tous les jours, de quatre à six, on avait nos cours. Les plus instruits enseignaient, les autres apprenaient : la grammaire, l'arithmétique, l'histoire, la géographie, la politique, le quechua. Il y avait même des cours de nuit, mais facultatifs, pour ceux qui voulaient en apprendre davantage et qui avaient le plus de résistance. Le Che donnait son cours de français. Il ne s'agit pas de donner des coups de fusils, disait-il, ce n'est pas tout de faire le coup de feu. Un jour, si nous gagnons cette guérilla, certains d'entre vous devront être des dirigeants. Les cadres ne doivent pas seulement avoir du courage, ils doivent se développer idéologiquement, ils doivent être capables de faire des analyses rapides et de prendre des décisions justes, ils doivent être capables de fidélité et de discipline. Mais il disait qu'il fallait surtout constituer l'exemple de l'homme nouveau auquel nous aspirons dans une société juste.
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C'est qu'un grand écrivain n'est pas un artificier de la parole mais un grand homme qui écrit [...].
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- Ah, vous allez peut-être me démontrer que l'homme d'aujourd'hui vit plus mal qu'un Romain?
- Ça dépend. Je ne crois pas, par exemple, qu'un pauvre diable qui travaille huit heures par jour dans une fonderie, contrôlé électroniquement, soit plus heureux qu'un berger grec. Aux États-Unis, paradis de la mécanisation, les deux tiers de la population sont névrosés.
- J'aimerais savoir si vous préféreriez voyager en chariot plutôt qu'en chemin de fer.
- Certainement. Le voyage en diligence était plus beau et plus paisible. Voyager à cheval était encore mieux, on prenait l'air et jouissait du soleil, on contemplait à son gré le paysage. [...]
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- La vérité n'est pas toujours bonne à dire, elle ne l'est pratiquement jamais.
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" ... il n'y avait qu'un seul tunnel, obscur et solitaire : le mien, le tunnel où j'avais passé mon enfance, ma jeunesse, toute ma vie. Et dans un de ces passages transparents du mur de pierre j'avais vu cette jeune femme et j'avais cru naïvement qu'elle avançait dans un autre tunnel parallèle au mien, alors qu'en réalité elle appartenait au vaste monde, au monde sans limites de ceux qui ne vivent pas dans des tunnels. Et peut-être s'était-elle approchée par curiosité d'une de mes étranges fenêtres et avait-elle entrevu le spectacle de mon irrémédiable solitude, ou peut-être avait-elle été intriguée par le langage muet, l'énigme de mon tableau. Et alors, tandis que je continuais à avancer dans mon étroit couloir, elle vivait au-dehors sa vie normale, la vie agitée que mènent ces gens qui vivent au-dehors, cette vie curieuse et absurde où il y a des bals, et des fêtes, et de l'allégresse, et de la frivolité. Et parfois il arrivait que, lorsque je passais devant une de mes fenêtres, elle fût là à m'attendre, muette et anxieuse ( pourquoi m'attendait-elle ? et pourquoi muette et anxieuse ? ); mais parfois il lui arrivait de ne pas arriver à temps ou d'oublier ce pauvre être emprisonné et alors, le visage écrasé contre le mur de verre, je la voyais au loin, insouciante, sourire ou danser, ou encore, ce qui était pire, je ne la voyais nulle part et l'imaginais en des endroits interdits ou infâmes. "
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- Selon vous, la science est interdite à la femme.
- Non. Ai-je dit ça? D'ailleurs, la chimie s'apparente à la cuisine.
- Et la philosophie? Vous interdiriez certainement que les filles entrent à la faculté de philosophie.
- Non. Pourquoi? Elles n'y font de mal à personne, et puis elles y trouvent des fiancés et se marient.
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Il m'est arrivé parfois de me retourner brusquement avec la sensation qu'on était en train de m'épier, de ne voir personne et de sentir pourtant que la solitude qui m'entourait était un fait tout récent, que quelque chose de fugace avait disparu, comme si un léger frisson continuait à vibrer dans l'atmosphère.
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- Notre civilisation est malade. Il n'y a pas que l'exploitation et la Isère matérielle, Marcelo, il y a la misère spirituelle. Et je suis parfaitement sûr que tu es d'accord avec moi là-dessus. Il ne s'agit pas d'obtenir que tout le monde ait un frigo. Il s'agit de créer un etre qui soit humain pour de bon. En attendant, le devoir de l'écrivain est d'écrire la vérité, de ne pas contribuer à cette dégradation par des mensonges.
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Socrate et Sartre. Tous deux laids, tous les deux détestant leur corps. Éprouvant de la répugnance pour leur chair, aspirant à un monde transparent et éternel. Qui pouvait inventer le platonisme si ce n'est quelqu'un qui se sentait le ventre plein de merde?
On crée ce que l'on n'a pas, ce dont on éprouve l'urgent besoin.
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Peinture : Impressionnisme (4)

Considéré comme précurseur de la peinture moderne cet avant-gardiste admirateur de Velàzquez et Goya fit scandale avec deux tableaux mémorables, l'un exposé au Salon des refusés (1863) l'autre présenté au Salon officiel (1865). Très proche des impressionnistes qu'il soutient dans leur positionnement esthétique ainsi que matériellement mais soucieux de ne pas rompre avec le Salon officiel, il conserve une grande indépendance à leur égard et ne participe à aucune des expositions du groupe quand bien même il devient apparenté à l'une de ses membres en 1874, date de la première exposition impressionniste. Vous avez reconnu :

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