C'est en parcourant le « Monde des religions » que j'ai découvert ce livre et cet auteur. le sujet m'intéresse beaucoup : le retour du chamanisme et de l'animisme dans nos sociétés ultra rationalistes, où l'hyper consommation nous éloigne de la nature, de la Terre que nous sur-exploitons sans vergogne. Quoi de mieux pour s'opposer à la croissance qu'un retour aux origines ?
Le personnage de Sitting Bull est un bon représentant de ces sociétés holistiques où tout se fait dans la perception d'un Tout. Tout est lié, et nous sommes nous-mêmes reliés à L Univers. C'est le message que Ernie Lapointe essaie de nous faire passer. En adaptant le récit oral à l'écrit, il nous fait revivre le parcours de vie de son ancêtre, à travers de courts chapitres chronologiques. Toute une société traditionnelle qui malheureusement ne survivra pas à l'arrivée de la toute puissance occidentale. On assiste à la grandeur et la décadence de Sitting Bull et de son peuple Lakota. Comme les autres peuples amérindiens qui, à la fin du XIXe siècle, seront acculés à la misère et mendieront leur pitance auprès de l'armée américaine et accepteront l'acculturation forcée dans des « réserves ».
Le livre est court, agrémenté de photos. Simple mais efficace. On y suit le parcours de cet homme hors du commun, à la fois chef de guerre et chef spirituel. Cette sagesse nous revient enfin. Grâce à son arrière petit-fils, Tatanka Iyotake (sitting Bull) revient nous éclairer par la force de son mysticisme. Et ce n'est pas un hasard, si ce livre nous arrive maintenant, comme d'autres traitant du même thème. Nous avons besoin d'irrationnel, de nous raccorder à L'Univers. Quelque soit la méthode.
"Quand le dernier arbre aura été abattu, la dernière rivière empoisonnée et le dernier poisson pêché, alors l'homme s'apercevra que l'argent ne se mange pas" (proverbe amérindien).
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Tout d'abord je remercie Claire Barré, qui déjà avec un de ses livres ; « Pourquoi je n'ai pas écrit de film sur Sitting Bull », nous révélait l'existence de Ernie LaPointe, l'arrière-petit-fils du grand chef indien.
L'auteure l'avait rencontré à maintes reprises et s'était liée d'une grande amitié avec cet homme.
Cette fois-ci, Claire Barré a collecté sous forme d'un livre, le récit de vie d'Ernie LaPointe.
Elle permet à ses fidèles lecteurs et ainsi qu'à des personnes curieuses, de donner plus de visibilité à cet arrière-petit-fils du chef Lakota.
Surtout à notre époque, où une tendance à faire table rase du passé, se fait sentir.
Par ce livre, la lumineuse Claire Barré rend honneurs « aux natifs » et leur permet d'entretenir le devoir de mémoire.
Et qu'aussi l'histoire des Lakotas ne se trouve dans aucun livre, puisqu'elle fût toujours transmise en récits oraux.
Ernie LaPointe, insiste bien sur le terme « natifs », pour désigner son peuple et tous les autres tribus autochtones vivant en Amérique du nord.
Le mot « Indien », qui l'agace, venant d'une erreur de Christophe Colomb qui croyait avoir accosté dans les Indes orientales.
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Le livre qui referme le témoignage bouleversant d'Ernie, se présente en deux parties ;
La première parle du destin tragique que tous les « natifs ». Une histoire qui n'est pas celle que l'on trouve dans les manuels d'Histoire des Etasuniens. Cette version écrite par les vainqueurs et en conséquence qui fut manipulée, tronquée, modifiée, par les livres de littérature et en autre exemple, par les films du Far West Hollywoodien et du gentil cowboy.
Ce fût véritable « un ethnocide » de plusieurs millions de morts, parmi les Sioux, les Apaches, les Cheyennes entre autres, qui fut perpétuer au cours des siècles. Où une foule d'envahisseurs acharnés, de conquistadors, de prospecteurs d'or, de négociants, de spéculateurs, de colons et d'indépendantistes, assassinèrent sans état d'âme, des hommes, des femmes, des enfants et des vieillards.
Ces assassins pratiquèrent plusieurs méthodes pour mener à bien leur génocide, par d'ignobles massacres bien sûr, mais aussi en leur apportant des épidémies nouvelles et en chassant le bison, leur première nourriture.
Mais que pouvaient donc faire tous ces peuples des grandes plaines, vaillants et fiers, armés seulement d'arcs et de flèches contre une armée de fusils et de leurs balles meurtrières ?
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« Un bon Indien est un Indien mort » disait la formule apocryphe en cette fin du 19e siècle. Elle reflète à elle-seule le racisme, le mépris et l'état d'esprit dominant chez les Étasuniens.
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Les « natifs » qui échappèrent à cette terrible extermination, furent parqués, enfermés comme des bêtes ou des monstres dans des camps appelés ; « Réserves ». Des lieux implantés, ô suprême supplice, sur leurs terres-mêmes, celles qui leur furent confisquées, volées, spoliées.
Renonçant à assimiler ces peuples désormais leurs « captifs », les nouveaux Etats-Unis commencèrent à appliquer une rigoureuse « déculturation. »
Les aïeux d'Ernie LaPointe n'échappèrent pas à ce cruel destin tracé par les Wasichus (hommes blancs). Ils furent les témoins de leur propre chute et les spectateurs de leur décadence.
Ernie raconte ce que fut son enfance faite souvent de moqueries, de brimades, d'interdits.
Il raconte que tout jeune, le gouvernement les forçait à aller à l'église, les obligeant à faire parfois plusieurs kilomètres pour se rendre à la messe.
Le but étant de les convertir.
A l'école, il était interdit de parler le « Lakota » sous peine d'une punition. Et ce n'est que deux exemples parmi tant d'autres.
Cela se passait dans les années cinquante, ce n'est pas si vieux que cela, lorsqu'on y pense. Et ce sera une véritable tragédie qui frappera tout un peuple.
Beaucoup de « natifs » se retrouvèrent sans travail, d'autres se réfugièrent dans la drogue dure et l'alcool.
Tout ceci fit des ravages de plus ! Et ce sera des générations d'hommes et de femmes qui perdront leur culture lakota et ses quatre piliers fondamentaux, qui perdront leurs traditions, leur langage et pour beaucoup leur identité.
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La deuxième partie, concerne la vie de Ernie LaPointe, dont le Wasichu a coupé insidieusement et soigneusement toutes les racines. L'homme déjà bien perturbé va alors s'engager dans l'armée et partira faire la guerre au Vietnam. Il en reviendra avec un sérieux choc post-traumatique qui le rendra instable une partie de sa vie.
Suivra pour lui alors de longues années d'errance où ce « Natif » changera souvent de travail, de région et se mettra à boire, comme beaucoup des siens.
Mais au-delà de tous ses malheurs, ses déceptions et de sa souffrance, Ernie fera de très belles rencontres qui changeront petit à petit sa vie. Il y rencontrera Sonja sa femme actuelle, qui fut déterminante pour la reconstruction de son mari.
La rencontre la plus magique d'Ernie LaPointe sera avec les « hommes de lumière », des grands, des vrais. Pas comme tous ces faux messagers qui prétendent communiquer avec les esprits ou tous ces richissimes prédicateurs évangélistes qui se gaussent devant un micro, d'être en relation avec Dieu.
De merveilleuses rencontres avec des hommes qui avaient gardé précieusement et secrètement leur foi, leur croyances ancestrales et qui inviteront Ernie à faire des voyages intérieurs. Des voyages qui le ramèneront doucement à ses racines, qui le reconnecteront à son passé, au passé de son peuple, pour retrouver l'essence, l'âme et le souffle de ses ancêtres disparus.
Ernie LaPointe sera un homme nouveau, un homme regénéré, l'homme qu'il est aujourd'hui, qui philosophe sur la nature et qui se questionne sur le devenir de l'humanité.
Un homme qui parle des grandes Prairies malheureusement parfois trop polluées, qui parle des étoiles trop effacées, que les nuages toxiques des usines.
Un homme qui regarde passer d'autres hommes, ceux qui courent hagards et égarés, ceux qui se débattent emportés par la haute lame du consumérisme, de l'individualisme et du mondialisme.
Des hommes, ceux qui ne prennent plus le temps de s'arrêter, de regarder. Des hommes qui simplement ne prennent plus le temps de vivre.
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Mitayuke Oyasin*
« Il est temps, je pense, que ce soit nous, les Natifs, qui évoquions les récits qui nous concernent. C'est par nous que doivent être dites notre culture et notre histoire. Nous les avons vécues et continuons à les vivre, et il me semble que les anthropologues et les écrivains blancs se sont trop longtemps rués sans discernement sur notre culture et l'héritage légué par nos ancêtres ».
Il n’y a pas grand-chose de plus à dire sur le livre d’Ernie Lapointe, arrière-petit-fils de Sitting Bull.
Ce livre est le livre que vous devez vous procurer si vous vous intéressez aux Indiens d’Amérique du Nord.
C’est un indispensable, un témoignage qui éclaire sur la vie de ce grand homme, sur la philosophie de son peuple et sur l’histoire de l’Amérique.
Sitting Bull incarne plus que tout autre la résistance amérindienne contre la conquête et l’accaparement des terres par les Américains.
Mon admiration pour ce personnage n’a fait que se renforcer en lisant cet ouvrage.
Puisse la sagesse et le courage de Tatanka Iyotaka se répandre sur notre monde.
Merci aux éditions Flammarion d’avoir enfin traduit cet essentiel (qui date de 2009) et à l’obstination de Claire Barré pour convaincre une maison d’édition.
Traduit par Alice Boucher.
* Salutation des Sioux Lakota, signifiant « au nom de toute ma parenté » mais qui sous-entend que tout est relié et que tout ce qui est dans la nature et nous-mêmes sommes interdépendants.
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J'ai reçu ce livre dans le cadre de la dernière masse critique de Babelio que je remercie de même que les éditions Flammarion pour l'envoi de ce très beau livre par l'apparence tant que par le contenu. La culture amérindienne m'a toujours attirée depuis toute petite et m'intéresse beaucoup dans sa vision globale du monde car elle ne met pas l'humain au centre mais l'intègre à un tout dont il n'est qu'une infime partie et dont l'harmonie doit être préservée. Si je suis mitigée quant au choix d'augmenter ce récit par la genèse de ce projet de publication (pourquoi faut-il absolument un regard blanc en préambule si bienveillant soit-il?), j'ai surtout été touchée par l'oeuvre originale d'Ernie LaPointe qui est d'une richesse historique et humaine précieuse et qui offre la vision d'un amérindien sur sa propre ascendance, sa propre Histoire et son propre peuple. On y comprend le clivage intérieur entre le devoir d'humilité propre aux siens, la nécessité de rétablir sa vérité sur un ancêtre bafoué et l'urgence de partager et transmettre à une heure où l'humanité court à sa perte. Ce livre est un bijou d'enseignement pour qui s'intéresse à l'héritage culturel des lakotas et aux parcours et valeurs de Tatanka Iyotake(Sitting Bull).
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Sitting Bull est un grand chef Lakota ou Sioux très connu. Chacun a dû à un moment ou à un autre entendre parler de lui au moins une fois. Ce que je savais de lui était bien trop succinct et j'avais envie d'en apprendre davantage.
L'histoire de Sitting Bull nous est racontée par son arrière-petit fils reconnu, Ernie Lapointe. Cette histoire étant racontée de génération en génération, de façon orale pour continuer de mettre en lumière la vérité sur la vie de leur ancêtre qui le mérite amplement. Ernie ne connaît pas tout, il nous raconte seulement ce que sa propre mère lui a appris avec ses propres mots. Il ne comble pas les blancs et a eu des difficultés pour traduite le lakota en langue américaine écrite. Ce qu'il raconte dans ce livre est la stricte vérité!
Ce récit apporte de la réflexion sur le monde, sur la nature, sur l'Homme, sur la spiritualité. J'ai appris tellement de choses, notamment qu'il s'appelait en réalité Tatanka Iyotake (Buffalo Bull Who Sits Down - Bison Mâle Qui S’assoit), que Sitting Bull n'est qu'un détournement et n'a pas le même sens (une histoire assez compliquée à expliquer); qu'il a fait de grandes choses, qu'il fut un modèle pour les autres et ce, très jeune; qu'il a eu une vie de famille très chaotique. Cela m'a aussi permis de redécouvrir la célèbre Bataille de Little Big Horn, d'avoir la confirmation qu'il est bien apparu dans le Wild West Show de Buffalo Bill. C'est d'ailleurs vraiment terrible de se dire qu'il a été trahi par les siens et tout particulièrement par les membres de sa propre famille, qu'il y ait eu aussi peu de respect pour un homme tel que lui et ce, encore maintenant. Franchement, j'en suis profondément choquée et révoltée!
Ce n'était pas du tout évident de se repérer avec tous les noms indiens et anglophones, de retenir qui était qui, qui était qui pour qui. J'ai vraiment eu du mal avec ça mais sinon, c'était très intéressant, très enrichissant et je comprends mieux qui était Tatanka Iyotake, plus communément appelé Sitting Bull: un chef de tribu, un chef de l'alliance indienne, un chef spirituel, un guerrier, un ami, un mari, un père, un frère. Un homme qui s'est battu jusqu'au bout pour la paix, pour son peuple, pour sa terre, pour ses croyances et ses convictions.
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J’avoue un peu de déception en refermant ce livre. Le récit de la vie et de la mort de Tatanka Iyotake, connu des blancs sous le nom de Sitting Bull, ne bouleverse pas, contrairement à ce qu’annonce la quatrième de couverture, « tout ce que nous pensions savoir sur ce personnage mythique ».
Les faits rapportés étaient déjà connus, il n’y a pas de révélation exceptionnelle. L’intérêt du récit d’Ernie Lapointe est de présenter la biographie de son illustre ancêtre avec le point de vue d’un Sioux Lakota, et ainsi de nous faire bien comprendre la culture que Tatanka Iyotake a passé sa vie à défendre contre l’entreprise d’anéantissement menée par les Wasicus, les blancs américains.
Il montre aussi que Tatanka Iyotake n’a pas été essentiellement un chef de guerre, mais aussi et surtout un homme à la vie spirituelle intense. Il est même présenté sous un aspect quasi messianique, lorsqu’il exécute la Danse du Soleil, une épreuve terrible chargée d’une intense souffrance physique, pour le salut de son peuple.
Par contre, la dernière partie du livre, développant les querelles d’Ernie Lapointe avec d’autres membres du clan auquel appartenait Tatanka Iyotake, au sujet de l’héritage de celui-ci, notamment d’une mèche de cheveux lui ayant appartenu, aurait pu être beaucoup plus restreinte. Ce passage, ainsi que la très longue introduction de Claire Barré et de Ernie Lapointe lui-même, ne semblent être là que pour apporter un peu plus de pages à ce livre, qui sinon serait assez mince. Sur un livre de 188 pages, je dirais qu’il n’y en a que 115 qui soient vraiment dans le sujet. Mais je suis sans doute un peu sévère…
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Je crois que je ne vais pas faire une longue critique de ce livre. Je ne saurais pas quoi dire mise à par qu'il faut lire ce livre. C'est un témoignage d'un des descendants direct de Sitting Bull. Témoignage initialement oral qui a été transposé à l'écrit par Ernie LaPointe. Ce récit s'est donc transmis de génération en génération et nous offre la véritable histoire de Sitting Bull; de son enfance jusqu'à sa mort. C'est aussi un récit qui nous montre l'histoire mouvementé des Lakotas lors de la venu des hommes blancs. Et la bassesse, la malhonnêteté des hommes blancs, qui ont voulus et qui ont soumis d'autres peuples tels que les Indiens d'Amérique. Par ce récit et la mort de Sitting Bull nous pouvons voir la tragédie et les dissensions qu'on propagés les hommes blancs à ce peuple...
Un livre très fort !
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Ce livre est fort dans le sens où il casse les mythes/idées reçues sur ce grand-chef amérindien. Le récit est dynamique et passionnant du début jusqu'à la fin. Un bel ouvrage à découvrir !
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Le genre de livre qu'on achète puis qu'on oublie un moment, car le sujet est ardu. Mais Ernie Lapointe est un formidable conteur, et nous présente toutes les facettes d'un homme hors du commun, tout en nous apprenant énormément de la culture Lakota.
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Un écrit de réhabilitation, et surprise, non pas envers les envahisseurs blancs, mais envers une partie du peuple Lakota déjà sous l'influence américaine.
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J'ai rapidement compris qu'il fallait se laisser porter par l'énergie de ce livre. Comme une rencontre avec l'âme de son peuple. L'introduction est essentielle pour comprendre ce qui a "poussé" cette traduction . Livre a lire avec le cœur ouvert.. Certains passages comme une forme de communion intense.
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