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Critiques de Erwan Larher (218)
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Le livre que je ne voulais pas écrire

Erwan Larher, écrivain majeur, était au Bataclan le soir de la tuerie, astre musical fauché en plein rythme libertaire. « le livre que je ne voulais pas écrire » est puissant, tragique. L'écriture aérienne est sublime. Manichéenne construction verbale où la beauté des lignes foudroie l'horreur en plein vol. Les narrateurs, en polyphonique récit sont de force et vérité. Pas de pathos, de plaintes, juste la plus réelle des horreurs en majuscules dans chaque ligne de ce récit qui se lit comme si un haut-parleur hurlait de fermer le livre avant que le lecteur ne meurt aussi. En filigrane, les cris des blessés ensanglantent ces morceaux d'architecture, pourtant d'une rare et délicate beauté. Erwan Larher, majestueux écrivain, s'éloigne subrepticement afin d'écrire ce que le recul et le lâcher prise ont propulsé de mots sur la page du plus jamais. le basculement du tu au je est une gloire, une conquête, une rédemption. le tu, en face à face avec l'emblème du terroriste est extraordinaire. Il touche la vérité et l'éclatante précision est un honneur pour toute cette jeunesse fauchée en plein ciel et en pleine musique. Cette partie retourne le jeu de cartes et le vivre-ensemble éclate à la face de ces terroristes. « Tu n'as pas de conscience politique, pas de racines dans le passé. Tu es un geste, un doigt sur la gâchette dans le présent de la post modernité. Tu es le néant l'Apocalypse. Tu n'as jamais lu le Coran. »Ce livre est bouleversant. Sa tragique réussite langagière est une preuve de don. Donner à entendre, comprendre, résister et dire. Cette osmose entre l'offrande d'écriture d'Erwan Larher, la conception d'une littérature de haute voltige, les faits horribles, renforcent ce récit d'une aura de maître. On lit les évènements en direct, en pleine conscience. de l'intériorité du lecteur vibre les mots de l'auteur pliés à jamais dans le mouchoir des temps qui pleurent.

Je sais, moi, que dès à présent je ne regarderai plus une paire de santiags de la même façon qu'au préalable de cette grande lecture. Même si elles ressurgissent pavloviennes et fusionnelles avec Erwan Larher, leurs chants ne seront plus jamais les mêmes.

En lice pour le Grand Prix 2017 Hors concours, dans les cinq finalistes, ce livre est une bouée de sauvetage, un livre mémoriel, une page de notre plus malheureuse Histoire de France.

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Le livre que je ne voulais pas écrire

J'ai repéré ce livre lors de mes recherches minutieuses des pépites de la rentrée littéraires 2017. Sans forcément en apprendre sur le contexte, j'ai seulement été interpellée par les éloges des chroniqueurs sur ce roman, avec ses santiags en guise de couverture !



Erwan Lahrer est un passionné de rock, de concert et des Eagles of death metal depuis le primaire. Erwan Lahrer assiste à leur concert au Bataclan. le vendredi 13 novembre 2015. Erwan Lahrer se prend une balle (dans les fesses). Erwan Lahrer est aussi écrivain. Il ne voulait effectivement pas s'étendre sur cet événement dans un livre mais l'auteur qui est en lui ne peut s'empêcher de vouloir en faire un objet littéraire, à défaut de vouloir en faire un témoignage de plus.



Ce récit est incroyable – dans plein de sens du terme. L'auteur parle de lui à la deuxième personne du singulier – il s'auto-parle, c'est assez dynamique et animé, comme une longue conversation avec lui-même tout en nous incluant dedans, le « tu» désignant autant lui que le lecteur. On en apprend aussi bien sur lui que sur ces événements tragiques (vécus de son point de vue).



On ne peut que s'attacher à sa personnalité douce, gentille, drôle, et piquante quand il le faut. On s'identifie à lui, on se dit que ce mec allongé dans son sang sur le sol de cette salle de spectacle, ça aurait pu tout aussi bien être nous. Ce qu'il a vécu forcément nous remue, mais toute la subtilité d'Erwan Larher résiste dans son humour (à toute épreuve !), sa philosophie de vie (il n'en veut à personne, et de ce fait, n'incrimine personne, sans pourtant se brimer dans ses pensées politiques expliquées en trois lignes en tout et pour tout), la construction narrative. En effet, il a inclut des textes de ses proches (amis, parents) qui racontent comment eux ont vécu cette soirée, en sachant Erwan au Bataclan (et sans portable - champion !). Et tout ça, et bien c'est fort non pas en chocolat (en plus, il lui reste les bras) mais en émotion !



C'est un livre important pour notre mémoire nationale. Et en plus c'est incroyable, c'est fort, c'est drôle, c'est bouleversant, ça fait peur, c'est captivant, c'est efficace. Franchement....qu'attendez-vous ?
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Marguerite n'aime pas ses fesses

La nouvelle héroïne d'Erwan Larher est un brin nunuche, mais pas banale ! Non seulement elle n'aime pas ses propres fesses (le reste ça va), mais elle ne veut surtout pas entendre parler d'histoires de fesses, ne sait pas se vendre, n'a pas d'opinions politiques, a des allergies. Pourtant, dans son genre et à sa mesure, elle assume, elle assure, Marguerite : une héroïne en demi-teintes, une bonne poire qui ne perd pas son sang-froid (au début) et ses petites convictions (elle en a quelques unes), même quand elle est plongée dans une étonnante histoire d'assassinats politiques en série où les livres jouent un certain rôle (mais chut...).



Peut-être un chouia moins ambitieux que la série 'Nimalienne' ("Autogénèse", "Entre toutes les femmes"), moins profond (quoique) et complexe mais tout aussi émoustillant, "Marguerite" est un roman politico-policier, un roman noir et rose vif, qui mêle humour vachard et tendresse, réflexions acides sur le pouvoir politique — sur tous les pouvoirs, en fait —, impertinences et pertinences sur l'actualité récente et les "affaires" plus anciennes de notre Vème République. le tout généreusement assaisonné de... sexe, sexe, sexe !



Je m'étais peu à peu détournée au fil des ans (de l'âge ?) de la lecture de romans dits noirs que j'affectionnais dans les années... 80-90, avec une prédilection pour les "Poulpe" écrits par mes auteurs préférés. J'ai retrouvé ce plaisir avec "Marguerite". Plaisir décuplé par celui de retrouver une écriture joueuse et cependant accomplie, une construction sans faille, et la référence habile et parfaitement intégrée à un précédent roman ("L'abandon du mâle en milieu hostile" — qu'il n'est pas du tout nécessaire d'avoir lu pour apprécier MNPSF, mais...).



Il faut aller à la page des remerciements pour connaître les circonstances particulières de la sortie de ce cinquième roman d'Erwan Lahrer. Mais je suis certaine que même sans savoir, le lecteur sera frappé par la vitalité de l'écriture et l'élan de la construction, traces de l'énergie et du courage que l'auteur a déployés pour, dit-il, "avoir la tête à autre chose".
Lien : http://tillybayardrichard.ty..
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Qu'avez-vous fait de moi ?

De l’énergie, action, modernité, originalité, voici les mots qui me viennent pour résumer ce livre de ouf ! J’ai adoré ce roman pétillant et décalé, l’histoire qui s’imbrique dans une fausse réalité, je suis narrateur ou pas ah ah suspense, ni polar, ni autre chose, un genre à part, mais quelle part ! quelque part dans la sphère romancière des auteurs dans la marge, un pied bien ancré dans les mots, et l’autre dans un imaginaire débordant mais bien mené à toute vitesse. Le récit débute en douceur, une certaine langueur semble s’installer, reflet de sa déprime, reflet de notre société, mais cette dernière ruissèle d’eaux boueuses, nauséabondes, ces eaux limpides aux premiers abords, attirent par ses éclats, en miroitant des paradis évanescents, Narcisse s’y mire et tombe dedans, naïf, plein de bonne volonté, le bougre comment pouvait-il imager une seule seconde, la capharnaüm qui se joue derrière le rideau rouge. La scène s’offre à lui, mille rôles, mille spectateurs, applaudissements, Mesdames, Messieurs … je suis le roi des loosers, mais j’ai décroché un rôle enfin un job, le job le plus rutilant de ma carrière, ça vaut bien un peu de peine à étaler sur une tranche de bonheur non ? Et bien non, le bonheur ne se tartine pas sur une tranche de pain visqueux et moisi, le bonheur a besoin de pureté, de sincérité, d’authenticité… Le bonheur ne se limite pas à un gros salaire et des avantages en nature, ni en voiture et appartements luxueux, ni fringues griffées …



J’ai adoré ce scénario déjanté, qui va crescendo, tout en infiltrant une enquête qui se faufile entre les personnages. Un premier roman étonnant pour ne pas dire détonnant, où l’ennui n’est pas au rendez-vous… Accrochez vos ceintures, catapulte en vue, Léopold Fleury, vous emmène dans une spirale pleine de surprises étonnantes… de l’humour teinté de dérision, des points sur les “i” tout naturellement, des petits coups de pied par ci par là jetés par cet héros qui se croit super mec tombeur à tomber toutes les nanas pourvu qu’elles soient dotées de tout ce qu’il faut là où il faut avec l’intelligence en prime, ce côté là m’a quelque peu lassé à la longue mais ça fait partie du “film”, ce mec qui se croit invincible à l’abri de tout avec sa belle “gueule” et sa ribambelle de diplômes, pas plus invincible que le pauvre bougre du coin sans diplôme…il va vite déchanter …pris au piège , saura-t-il s'en sortir et à quel prix ?



Un bon roman énergique à prendre au degré que vous voulez, premier, second ou troisième… qu’importe vous passerez un agréable moment de lecture… vivement le second roman…




Lien : http://lesmotsdepascale.cana..
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L'abandon du mâle en milieu hostile

Au milieu des années soixante-dix, un jeune homme de bonne famille aux allures un peu gauches tombe amoureux d'une fille étrange qui arrive en milieu d'année dans la même terminale que lui. Elle est intrigante, cette fille, et mystérieuse. Notre narrateur l'observe, fasciné, avant de devenir son ami, son colocataire puis son mari. De la part d'étrangeté de cette jeune femme, il continue de tout accepter alors que tout se dérègle. Quand elle n'est pas avec lui, que fait cette femme qui a publié quelques romans mais semble bien faire bien autre chose que des études et de la littérature ? Tout va devenir si lisible soudain que le choc sera violent. Cette mystérieuse jeune femme était une terroriste...

J'ai trouvé très brillante la première partie du roman, celle où le narrateur est fasciné par cette fille dérangeante. La seconde partie m'a moins plu car plus attendue, peut être. Il n'en demeure pas moins que ce roman est écrit avec une grande élégance, dans une langue magnifique et que l'écrivain à un vrai pouvoir d'évocation. Les année soixante dix sont rendues avec justesse ainsi que la naissance et le développement de cette extraordinaire passion.

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Le livre que je ne voulais pas écrire

Le sujet fait que c'est impossible de ne pas être sensible à ce qu'il a traversé. Son style, en utilisant le tu pour parler de lui, met de la distance et à la fois nous immerge dans le "personnage". Il a également demandé à des personnes de son entourage de témoigner sur leur vécu de l'événement. Bref, on se laisse facilement emporter malgré la dureté du récit.
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Indésirable

Je ne comprends pas l' unanimité des critiques de ce livre qui, selon moi, passe complètement à côté de son prétendu sujet. Quelle déception de voir autant de descriptions ultra-détaillées de l'architecture du village et aussi peu de développement de l'architecture de la pensée humaine et de cette implacable besoin de classer les humains selon 2 genres.
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Indésirable

Saint-Airy, petit village champêtre.

On y boit des coups au Crystal entre vieux amis, on cancane les uns sur les autres, on se réjouit de la célébrité que va bientôt apporter l'émission L'amour est dans le pré. Et on rêve au jour où on aura enfin un McDo !

Alors, quand Sam, au genre pas bien défini, débarque dans leur village, et décide de rénover une maison et de participer à la vie de la commune, autant dire que ça en fait grincer des dentiers !



Dès la description de Sam, je me læ suis imaginæ sous les traits de Job dans Banshee, pour ceux qui ont vu cette excellente série B. La suite de ma lecture m'a souvent amenée à y repenser d'ailleurs.

Les personnages ne sont pas toujours ceux qu'ils paraissent être, le village est en réalité animé par des moteurs aussi différents que l'envie, la trahison, la soif de pouvoir, la quête d'argent, ou encore le besoin d'authenticité, l'altruisme, le désir, le besoin affectif.



Cela-dit, Indésirable ne se limite pas à quelques luttes de pouvoir plus ou moins musclées au sein d'un village rural.

Il aborde aussi et surtout le sujet de la différence, de l'acceptation et de la peur de ce qu'on ne connaît pas. L'obsession à Saint-Airy devient vite de savoir ce que Sam "a entre les jambes" tandis qu'iel refuse de se définir par un genre ou un sexe.

L'étroitesse d'esprit est présente dans les petits villages comme ailleurs et l'auteur la dépeint avec beaucoup de véracité.



Avec Indésirable, je découvrais l'écriture d'Erwan Larher, à défaut de son nom, et j'ai été séduite. J'ai aimé sa manière de manier les mots, en jongleur habile. J'ai aimé plonger dans plusieurs univers lors d'une seule lecture, sans que la cohérence du récit en soit affectée.

L'écriture du genre neutre ne m'a pas dérangée, au contraire, j'en ai découvert les subtilités tout au long du roman et j'ai trouvé cet aspect fascinant, et sa lecture plutôt fluide.



Erwan Larher est un excellent conteur et je n'ai pas boudé mon plaisir durant ces plus de 300 pages que j'ai englouties en quelques heures !
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Pourquoi les hommes fuient ?

Avec un tel titre, ce 7e ouvrage de l'auteur vient nous interroger sur notre nature masculine, ici, pas au mieux de sa réputation... vous en conviendrez...



Et quand on commence la lecture, dès le premier chapitre, on s'aperçoit que le mâle va, tôt, être mis à mal par causerie avec romancier star, interposée …



Et qui va nous le présenter sous un jour si peu glorieux ? Hein ! Qui ?... Jane (non pas Jeanne mais Jane)... une fille qui n'a pas froid aux yeux ni ailleurs, une nana bien dans l'air du temps, belle, à la fois guerrière et fragile. Alors dites-vous qu'avec une telle héroïne, Erwan Larher va vous entraîner dans une quête à l'issue improbable, truffée de rencontres surprenantes, de mystères, de révélations contradictoires, de revirements, de toquades, de vague à l'âme, mais aussi de sourires et de rires au dépend de ces hommes gauches, veules, bourrés d'ambitions ou bien ayant perdu toutes illusions. L'auteur surf sur les méandres de ces états d'âme qui, de la pétillante ironie à la colère, passe parfois à la partie fine mais aussi au désespoir de retrouver un père qui a fui au moment où l'on en avait certainement le plus besoin.







Erwan Larher a un style bien à lui, son écriture est incisive non dénuée d'humour avec moult clins d’œil corrosifs sur la société de notre temps et l'actualité très récente. Y supplée ici un argot contemporain, un vocable percutant, une reformulation concise de ce qui fait notre présent dans sa vérité nue et ça, c'est top !… D'ailleurs, l'auteur ne redoute pas de vous ballotter entre trépidations de l'action et réflexions personnelles, sociétales ou philosophiques, pas plus qu'il vous ménage en passant d'un chapitre à un autre où le contexte est très différent, dans l'espace et dans le temps...



Le père disparu depuis des lustres quelque part dans la nature, est en filigrane tout au long de la lecture à la fois tout proche et si loin… insaisissable... et ça nous emmène au fil des pages dans une tourmente qui titille notre curiosité et nous fait follement espérer la rencontre de Jane avec celui des deux gars "Jo" de l'ex groupe rock « Charlotte Corday » en vogue 30 ans plus tôt, qui pourrait être son père... reste à savoir lequel des deux...



Jane se raconte, se laisse aller à tous ses changements d'humeurs et envies, elle a la réplique vive et acerbe ; parfois, elle peut faire le coup de poing aussi bien qu'elle encaisse les coups, mais, au final, ne lâche rien et, contre son gré, elle ira jusqu'au bout… au bout ?



Au bout... elle trouve Faustine dans un café de bourgade pittoresque ; elle nous fait une description de l'endroit, de ses indécrottables attablés et de ce qui s'y passe qui ne manque ni de sel ni d'exposition de poitrine... on en prend plein les mirettes et c'est fort bien... ceci, juste avant la chute de cette histoire que je vous recommande de lire impérativement si vous voulez vraiment savoir pourquoi les hommes fuient... et, en prime, passer un bon moment de lecture...







Ah oui « Chauvigny le Sec »... mais où donc l'auteur nous a-t-il dégoté ce charmant village ??? Un nom pareil ça ne s'invente pas … si !.. Ah tiens !...
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Le livre que je ne voulais pas écrire

https://www.youtube.com/watch?v=gQAUswb3moY



Ecoute cette chanson, écoute-la, en entier,

Ecoute bien ses mots, ses phrases.

Ecoute cette chanson,

Pleure-la,

Vis-la.

Aime-la, chéris-la.

(Et déteste-la aussi. un peu. peut-être).



Et puis ensuite, une fois que tes larmes pointent, que ton coeur se serre, que tu te sens faillir, lis ce livre. Lis le Livre que je ne voulais pas écrire d'Erwan Larher. Ne t'attarde pas trop sur tout ce que tu peux entendre à son sujet, ne cherche pas à être convaincu, tu n'en as pas besoin.



Tu n'as pas besoin de savoir que ce livre est « l'un des livres les plus puissants de la rentrée » (L'Humanité). Tu n'as pas besoin que l'on te dise que c'est « du grand art, une impressionnante leçon d'écriture » (Hugues Robert), ni même que « le livre que je ne voulais pas écrire est le livre qu'il faut lire » (Le Point). Tu n'en as pas besoin parce que tu vas t'en rendre compte tout seul, comme un grand. Parce que tu ne seras sans doute plus tout à fait le même en le refermant. Ou même au bout de trois pages d'ailleurs. Et parce que…Dieu que c'est bien écrit ! C'est libre, attachant, envoutant, prenant, bouleversant. C'est tout ce que tu recherches et plus encore. C'est terrifiant aussi, glaçant souvent.



Peut-être que ce titre va te faire reculer. Tu y verras alors un énième bouquin de développement personnel, de ceux qui te font gerber de par le simple fait d'exister. Mais crois-moi, il n'en est rien. Tu as devant toi un beau roman, un superbe objet littéraire écrit avec une force indéniable. Ne t'arrête pas non plus au sujet. Un roman de plus sur le Bataclan ! On n'en veut pas, on n'en veut plus, on en a peur aussi ! Et puis tu te dis que, de la même façon que l'auteur a dû changer d'avis - puisque tu as le livre que je ne voulais pas écrire entre les mains -, tu peux bien faire un petit effort aussi. Après tout, tu n'as rien à perdre. Et tu n'y perdras rien, crois moi.



Alors tu te lances. Chapitre 1.



« Tu écoutes du rock. du rock barbelé de guitares et de colère. Depuis la préadolescence. Môme, il te fallait une autorisation paternelle avant de te servir de la chaîne stéréo. Inépuisable enchantement : le petit levier à pousser pour faire décoller le bras, qui porte en son extrémité la tête de lecture, tête que tu places, en fermant un oeil pour plus de précision, au-dessus du bord du vinyle – le plateau s'est mis à tourner -, puis fais descendre, toujours à l'aide du petit levier, il s'agit de ne pas rater son coup, jusqu'à ce que le saphir se pose en craquotant sur le 33 tours. Quelques secondes et le son vibre d'une énergie magique, qui t'enlace comme si la musique t'étais immanente et que les grandes enceintes fabriquées par ton père se contentaient de la révéler ».



Et puis tu ne peux plus t'arrêter. Parce que l'horreur et la douceur se trouvent conjuguées avec une force nouvelle. Celle du romancier qui ne sait pas bien quoi faire de cette histoire et qui décide d'en faire un « objet littéraire ». Quelque chose de non-identifié. Quelque chose qui fait alterner les points de vue, les lectures, les personnes et les vécus. Quelque chose qui te soulève le coeur, te réduit aux larmes et te donne envie d'exister. Plus fort. Plus vite.



Tu ne liras dans le livre que je ne voulais pas écrire aucun compte-rendu heure par heure de ce qui s'est passé au Bataclan, ce soir du 13 novembre. Erwan Larher ne te donnera pas d'avis. Il n'est pas sociologue, ni penseur, ni philosophe. Il ne se voit même pas comme une victime, juste un rescapé. Un homme touchant, empli de vie et d'humanité, un écrivain hors paire. Il se contente d'investir le support, de subvertir le médium, de faire émerger une fiction sans récit, bref, de faire un très bel objet littéraire, rien que ça…



N'aie pas peur du poids qu'il pourrait te faire porter ; car ce livre est d'une légèreté insoupçonnable. Difficile à comprendre d'ailleurs, mais c'est un fait. Tu passes du caillou à la biscotte, de la biscotte au chocolat chaud, des pâtisseries au caillou. Toujours lui. Toujours lui. Scène du caillou ? Inracontable, je te promets, mais terrifiante. Mais sublime.



Et tu assistes en direct à une reconstruction, physique et morale. Sans chichi, sans sensibleries. Quelque chose de puissant.



Avoir pris une balle ne donne pas plus de légitimité pour l'ouvrir, ni plus de clairvoyance. Mais il a quelques mots qui méritent d'être lus. Dans les dernières pages, sur notre société. Celle qui se trouve désarmée face au nihilisme ultime de celui qui est prêt à mourir, celle qui a peur, qui ne cesse de regarder derrière son épaule, celle qui commémore tout en votant pour le maintien d'un système qui fait son malheur. Elles sont douces à l'oreille ces fulgurances politiques et engagées ! Elles font frémir et donnent un peu de joie.



Alors crois-moi, il est grand temps de t'y plonger dans le livre que je ne voulais pas écrire ! Il est en poche et se dévore en une nuit. Celle-là même que tu choisiras par désir d'être un brin changé le lendemain. Tu ne sais pas trop comment, tu ne sais pas trop pourquoi. Mais je crois ne pas être la seule à qui Erwan Larher a fait cet effet là. En quatrième de couverture, on lit qu'il écrit à la main, ce qui lui laisse peu de temps pour faire autre chose de sa vie. Alors on a envie de lui dire de continuer à ne faire que cela: écrire, construire, émouvoir et heurter. Faire pleurer un peu aussi, parce que c'est vraiment bon parfois.



« La littérature n'arrête pas les balles. Par contre, elle peut empêcher un doigt de se poser sur une gâchette. Peut-être. Il faut tenter de pari. »
Lien : http://www.mespetiteschroniq..
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Le livre que je ne voulais pas écrire

J’avais entendu parler du livre d’Erwan Larher sur les réseaux sociaux. Il m‘intriguait et je m’étais dit, je vais le lire c’est sûr.

Mais je ne voulais pas découvrir l’auteur avec ça. Alors j’ai lu, Marguerite n’aime pas ses fesse d’abord (quelle ironie quand on y pense) et puis l’abandon du mâle en milieu hostile (rapatrié de Bretagne grâce au marquepage).

Je vous ai dit tout le bien que je pensais de ces deux romans alors j’étais prête pour le 24/08.

Le livre que je ne voulais pas écrire… Personne ne devrait pouvoir le lire, il ne devrait pas exister

Pas besoin de pitch, Erwan Larher était au Bataclan le 13 novembre 2015, pour le reste il faudra lire.

Antoine Leiris a écrit « vous n’aurez pas ma haine » et bien ils n’ont pas eu non plus l’humour, l’humanité et la tendresse d’Erwan Larher.

Erwan, c’est sûr le « projet B » est bel et bien un très bel « objet ».
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Le livre que je ne voulais pas écrire

"La littérature n'arrête pas les balles. Par contre, elle peut empêcher un doigt de se poser sur une gâchette. Peut-être. Il faut tenter le pari."



13 novembre 2015, Erwan Lahrer enfile ses santiags et s'apprête à assister au concert des Eagles of Death Metal. Quelques morceaux plus tard, il se retrouve au sol du Bataclan et se prend une balle de kalachnikov dans les fesses.



Le récit de ce 13 novembre, beaucoup l'on fait et Erwan Lahrer ne voulait pas l'écrire. Mais les mots s'imposent finalement et la question se pose : peut-on faire un objet littéraire à partir d'un tel événement ?



Mêlant les témoignages de proches et son histoire adressée à la deuxième personne du singulier, Erwan Larhrer nous livre un roman hors catégorie, un récit qui dépasse la question du réel et de la fiction.



Car ce qui est extrêmement fort, c'est que ce livre n'est pas l'histoire du Bataclan le 13 novembre 2015. C'est l'histoire d'un type sympathique qui aime le rock, d'un type qui se prend une balle dans les fesses, d'un type qui se reconstruit mais a peur de ne plus jamais bander, et surtout l'histoire d'un type immensément aimé. Et c'est aussi le portrait d'une société qui ne laisse pas à la place à chacun, de véritables héros du quotidien que sont les infirmiers et les pompiers, mal reconnus et en sous effectif.



J'ai été surprise et heureuse de retrouver sous la révolte cet optimisme un peu naïf, ce romantisme désuet qui m'avait tant plu dans L'abandon du mâle en milieu hostile.



"Longtemps j'essaierai de contraindre le réel à s'adapter à mes idéaux. Le réel gagne toujours. Jusqu’à ce que l'on comprenne que l'idéal doit y être incorporé avec délicatesse, comme des œufs en neige quand on prépare une mousse au chocolat."



Avec ce livre qu'il ne voulait pas écrire, Erwan Lahrer prouve une fois de plus qu'il fait partie des auteurs français contemporains à suivre ou découvrir.



Céline
Lien : http://enlivrezvous.typepad...
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Le livre que je ne voulais pas écrire

Il ne faut jamais dire jamais ! L'écrivain Erwan Larher s'était juré de ne pas se laisser prendre à l'autofiction.

Et pourtant, après avoir vécu l'horreur au Bataclan, le besoin de parler est devenu plus fort que les convictions. Mais l'auteur se refuse au simple témoignage et nous propose ici un "objet littéraire" bien particulier.

Les deux atouts de ce récit viennent de la sincérité désarmante et de l'éloquence de l'auteur. Celui-ci parvient à prendre de la distance sur son personnage de victime du terrorisme et évite, avec force pirouettes, l’apitoiement sur lui-même.

Avec beaucoup d'humour il se présente au lecteur sans fard, dans la posture d'un anti-héros qui nous ressemble tous. Ne s’épargnant rien des vicissitudes rencontrées pendant et après le drame, Erwan Larher réussit son tour de force. Dépasser le simple fait personnel et donner à son texte une dimension universelle, en apportant un regard d’écrivain et d'humaniste sur notre monde contemporain.

L'ouvrage se présente comme un récit à plusieurs voix. L'auteur a demandé aux personnes de son entourage de rédiger un texte sur leur propre expérience de ce vendredi noir. Les heures d'attentes, les appels sans réponse, les conversations sur les réseaux sociaux sont évoqués, ainsi que l'angoisse de savoir un proche dans cette situation.

Le tout donne un livre détonnant et salvateur à dévorer comme un polar.
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Le livre que je ne voulais pas écrire

Voici la critique que je ne voulais pas écrire ! Pas facile de donner un avis sur un texte lié à un événement aussi violent et encore récent que les attentats du 13 novembre 2015.

Mais tout de même, il faut tirer son chapeau à Erwan Larher qui a très bien mené ce projet B., cet objet littéraire qui se révèle à la hauteur du défi : ne pas paraître exhibitionniste ou opportuniste.

Riche, notamment grâce aux textes "Vu du dehors" rédigés par ses proches, dont l'auteur jalonne son roman, " Le livre que je ne voulais pas écrire" parvient bel et bien à toucher quelque chose de collectif et de profondément humain.
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Le livre que je ne voulais pas écrire

Amateur de rock depuis toujours, Erwan Larher avait décidé d'assister au concert des Eagles of Death Metal. Confortablement installé dans la salle, il avait commencé à savourer le moment, jusqu'aux premiers tirs. C'était le 13 novembre 2015, au Bataclan. Blessé, il a finalement réussi à s'en sortir. le livre qu'il ne voulait pas écrire est né de cette épreuve.

Erwan Larher était-il légitime à tirer un livre de ce drame intime ? En aucun cas a-t-il longtemps pensé. Une « mésaventure » personnelle qui n'aurait rien d'intéressant pour le grand public. Pourtant, les mots sont venus un jour, précédant même la décision d'écrire. Et c'est en sa qualité d'écrivain que l'auteur aux santiags s'est finalement décidé à publier ce livre qu'il ne voulait pas écrire, signant là un ouvrage puissant et utile.

Ce livre qu'il ne voulait pas écrire, j'ai souhaité le lire, vite, comme une évidence. La rencontre a comme je me l'imaginais, été au rendez-vous. Ce livre et son auteur font désormais parti de ceux qui comptent pour moi. En voici les raisons.

Pressé par des amis écrivains d'user de sa plume après l'attentat – Alice Zéniter et Manuel Candré en particulier –, Erwan tergiverse. « Tu n'es ni sociologue, ni philosophe, ni penseur ; victime ne te confère aucune légitimité à donner ton avis branlant et ajouré à la télévision ou dans un hebdomadaire. Toutes les paroles ne se valent pas. »

Le véritable sujet n'est pas, me semble-t-il, la légitimité, celle-ci ne faisant bien évidemment aucun doute à mes yeux, mais plutôt celui de l'utilité. À quoi bon témoigner, aux côtés de tous ceux qui le font ? Pourquoi répondre positivement aux sollicitations des médias qui, même les plus sérieux d'entre eux, s'accrochent à chaud à la moindre information sans aucun recul, parfois indécents voire obscènes ?

Alors, Erwan a pris son temps, un recul nécessaire, une distanciation indispensable pour évoquer cette tragédie, non en guise de thérapie comme beaucoup d'autres, sans haine rétrospective non plus, mais avec le désir de partager, de livrer à ses lecteurs des éléments nécessaires à la compréhension d'une situation extrêmement complexe. En somme, et avec pertinence, il a réussi à mettre son talent d'écrivain à profit. L'écriture a, en effet, cette vertu de permettre de dépasser largement l'intérêt individuel pour servir le collectif. Utiliser son talent pour rendre compte d'une situation tout en invitant le lecteur à réfléchir. « La littérature n'arrête pas les balles. Par contre, elle peut empêcher un doigt de se poser sur une gâchette. Peut-être, il faut tenter le pari ».

Une fois la légitimité du projet acquise et son utilité certaine, une fois les mots jaillis, comment les ordonner ? Vrai challenge auquel l'auteur s'est trouvé confronté ! Et qu'il a relevé avec brio ! Ce livre qu'il ne voulait pas écrire n'est au final ni un roman, ni un récit, ni une biographie, mais bien l'objet littéraire poursuivi, à la frontière des autres styles, très original. Erwan Larher a utilisé plusieurs astuces pour ce faire, à commencer par l'emploi de la deuxième personne du singulier, le « je » autofictionnel ne lui convenant pas. Il a aussi inventé les personnages des assaillants, s'adressant à eux en choisissant des noms fictifs, pour essayer d'approcher au plus près leur psychologie. Autant de moyens permettant d'impliquer le lecteur dans ses propos, le conduisant à entrer dans le livre sans rester à côté. Dernière originalité, et pas des moindres, l'insertion des « Vu de l'extérieur ». Erwan a sollicité un certain nombre de personnes, plus ou moins proches de lui, leur demandant d'exprimer la manière dont elles avaient vécu la soirée du 13 novembre, avant de savoir qu'il était encore en vie. Ces témoignages viennent ponctuer le récit, lui imprimant un rythme particulier, un certain relief aussi et une richesse indéniable. Certains m'ont davantage touchée que d'autres. Je pense notamment au « Vu de l'extérieur V » qui dès les premiers mots, m'a saisie et extrêmement émue : « ça creuse une proximité, de penser si fort à quelqu'un, de lui parler à distance, de prier sans foi, de croire comme une môme à s'en fendre les paupières... ». Extrait rédigé par une auteur sans aucun doute mais qui ? La pudeur des mots choisis par Erwan Larher transparaît aussi ici puisque les auteurs de ces vues de l'extérieur ne sont pas identifiés au coup par coup mais cités au début de l'ouvrage.

Autant d'éléments qui autorisent l'auteur à se tenir parfois à distance du récit, évitant, de fait , tout pathos. Pour autant, ne pensez surtout pas, en ouvrant ce livre, avoir affaire à une prose simplement originale. Préparez-vous à être secoué, gravement ! Certains passages se lisent en apnée. La scène de l'attaque est ... époustouflante, rendant parfaitement compte de l'état de guerre dans lequel se sont retrouvées toutes les victimes. Un style saccadé, au rythme des rafales, des mots répétés, scandés, des HURLEMENTS quasi audibles, et une mise en page venant alors habilement mettre en valeur les mots choisis.

Si Erwan Larher est parvenu à user de sa qualité d'écrivain pour partager sa douloureuse expérience, son humanité et sa sensibilité affleurent à chaque page du livre. Lui qui reconnaît avoir vécu cet événement comme une victime parmi les autres, regrettant parfois de n'avoir su se montrer davantage héroïque, délivre l'un des messages les plus forts que puisse receler un livre : celui du bonheur d'être vivant, porté par l'amour des siens : « j'ai découvert tout cet amour. Il a fait dévier la trajectoire de la balle, n'essayez pas de me prouver le contraire ». Allant à l'encontre des idées reçues qui voudraient qu'au moment critique, l'on voit sa vie défiler, on pense à ses proches… l'auteur confesse n'avoir ressenti que de la douleur, immensément, et la volonté que ça aille vite et que ça ne fasse pas trop mal, obsédé alors de faire le mort. Un fatalisme et une résignation véritablement surprenants. Et qui nous interrogent aussi : qu'aurais-je fait dans cette situation ?

Cher Erwan, sachez qu'avec ce livre que vous ne vouliez pas écrire, vous êtes vraiment à des années lumière de la super Lavette dont vous vous affublez à tort. Parce que partager, aussi douloureux que cela a dû être, c'est faire avancer la réflexion, en tenant à distance l'horreur vécue. Vous nous avez offert les mots indispensables pour nous permettre d'y voir un peu plus clair et nous rappeler combien le bonheur est fragile et ne tient souvent qu'à un fil.

Ce livre représente pour une moi une rencontre avec une magnifique plume qu'il me tarde déjà de lire à nouveau, en commençant par Marguerite et... ses fesses, des retrouvailles avec des auteurs, d'autres que je souhaite maintenant découvrir, une co-jurée du grand prix des Lectrices Elle et même une personne avec laquelle j'ai travaillé un temps et que je suis persuadée d'avoir identifiée dans les « Vu de l'extérieur » !

Je terminerai en citant à nouveau un extrait de ce livre, tellement juste et fort. L'auteur évoque les visites à l'hôpital de ses proches durant ses dures semaines d'hospitalisation : « Comme c'est bon, putain ! Pourquoi pas tous les jours ? Pourquoi pas à chaque instant de nos vies ? Pourquoi attendre les drames ? Voilà quelques années que tu as décidé de dire que tu les aimes à ceux que tu aimes, de dire quand c'est bien, quand c'est beau, quand c'est touchant. D'exprimer tes sentiments. D'essayer d'être gentil et bienveillant contre le cynisme ambiant et ton fond fier et égoïste. Ca change tout. L'amour autour, en donner, en recevoir, ca change tout. Tant pis pour les pisse-froid ».


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Le livre que je ne voulais pas écrire

Erwan Larher était au bataclan le 13 novembre 2015 pour le concert d'Eagles of death metal.

Il nous raconte ce qu'il a vécu ce soir là et aussi sa convalescence sans pathos , juste avec beaucoup de sincérité .

Forcément , c'est émouvant , bouleversant .....
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Le livre que je ne voulais pas écrire

Erwan Larher, c’est le chouchou de pas mal de blogueuses, il paraît qu’il est, en plus, beau et gentil et d’ailleurs, un jour, je lirai Marguerite n’aime pas ses fesses (je suis allée voir sur Google : effectivement, il est craquant – et sa nouvelle compagne est une vraie beauté aussi !!)



Erwan Larher était au Bataclan, ce vendredi 13 novembre, il y a presque pile 2 ans et même s’il ne voulait pas l’écrire, son témoignage, il a fini par le faire, en écrivain. Et c’est vraiment réussi, écrit sur le fil du rasoir, il trouve le ton juste sans jamais tomber dans le pathos. C’est émouvant, drôle, authentique. Il évoque ce qu’il a vécu : son lien au rock, son arrivée au Bataclan, sa blessure d’une balle dans les fesses, son calvaire de plusieurs heures, au sol dans le sang avant qu’on le rapatrie à l’hôpital, le long séjour là-bas, le vrai héroïsme des soignants et la solidarité de ses proches. Pour ce récit, il utilise le « tu » (et il s’en explique à la fin de son livre : « tu patauges donc à la première personne du singulier dans ton médiocre objet pas du tout littéraire quand tu décides d’essayer de le passer à la deuxième, comme on ripoline un vieux mur salpêtré. »). Ceux qui disent « je » sont 15 personnes (amis, parents, proches – écrivains ou non ; Sigolène Vinson en est une) qui racontent, « vu du dehors », le 13 novembre de leur point de vue, et ce contraste est tout à fait efficace.



J’ai apprécié l’authenticité du propos, le souci de se montrer dans toute son humanité, sans omettre les aspects honteux (se soucier de ses santiags perdues, par exemple, à l’hôpital, plus que tout autre chose !) ou ridicules. On sourit, on rit parfois et par moments, on a le coeur plus que serré : comme dans la vie quoi !




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Le livre que je ne voulais pas écrire

Août 2017, le livre est entre mes mains, enfin. Une fois commencé, je n’ai pas pu le lâcher. La lecture a pourtant été âpre, en apnée et je suis ressortie complètement groggy. C’est un récit sensible, touchant, qui donne mal au bide quand il décrit l’attaque, qui surprend aussi quand il tente de se mettre à la place des terroristes. La narration volontairement au « tu » permet une mise à distance entre lui et le récit. Peut-être parce que c’est plus facile à écrire qu’avec le « je ». Peut-être parce que ce récit pourrait aussi être fait par une autre victime, un autre rescapé du Bataclan. Peut-être aussi pour m’inclure en tant que lectrice, en tant que citoyenne ayant vécu à ma façon le Bataclan. Car, si Erwan Larher a voulu « écrire autour » du Bataclan, s’il a voulu en faire un « objet littéraire », c’est aussi parce qu’il a pris conscience qu’au-delà de son drame personnel – que nul ne peut se représenter – il y a toute une dimension collective de cette nuit-là. Je me souviens très bien de cette soirée, hypnotisée par BFM TV. Je me souviens d’avoir envoyé des SMS à mes proches pour m’assurer qu’ils allaient bien. Je me souviens aussi d’avoir été prise de tremblements terribles. Mes dents claquaient et je me suis blottie dans une couverture polaire alors que c’était une belle soirée douce où on pouvait presque sortir sans veste. J’ai ressenti de la peur, pourtant à l’abri chez moi, et cette peur me donnait froid.



Pour autant, le « je » absent en tant que pronom ne l’est pas en tant qu’individu. Erwan n’occulte rien de son vécu lors de cette tragédie : les HURLEMENTS, l’odeur du sang et de la poudre, cette personne qui lui tenait le mollet pendant qu’il « faisait le mort ». Après être sorti de la salle, à l’hôpital, nous découvrons toutes ses peurs, ses attentes, sa culpabilité de n’avoir pas su penser à ses proches pendant l’attaque, ses larmes, ses douleurs.



Si je devais résumer ce récit par un premier mot, ce serait le mot VIE. La vie plus forte que tout, celle à laquelle il se raccroche en se déconnectant pendant l’attaque : « Je suis Sigolène, je suis un caillou ». La vie sauvée grâce à ceux qui consacrent justement leurs vies à sauver des vies : les secouristes, le personnel médical et paramédical. La vie qui fait qu’Erwan finit par avoir plus peur de ne plus bander que de faire des cauchemars. Sa peur de ne pas pouvoir rebander est évoquée plusieurs fois et cela m’a fait sourire parce que c’est une preuve qu’il est tourné à ce moment-là vers son avenir et plus sur ce qu’il a vécu. Et puis... si la vie avait volontairement mis cette épreuve sur son chemin pour en donner un nouveau sens ? Diabolique Lachésis qui a joué la vie d'Erwan sur un fil mais lui a permis de rebondir avec un optimisme ravageur !



Si je devais aussi résumer ce récit par un second mot, ce serait le mot AMOUR. Ce mot clôture d’ailleurs le livre grâce au récit de Loulou Robert, « l’amoureuse ». L’amour transpire par tous les pores de l’ouvrage à travers le récit d’Erwan mais aussi celui de ses proches dans ces témoignages « Vu du dehors ». Que ce soit des membres de sa famille ou ses amis, chacun raconte son vécu de cette nuit du 13 novembre et l’attente de ses nouvelles. Erwan a une chance folle d’être entouré de gens qui l’aiment profondément et qui lui ont aussi sûrement donné la force de se rétablir physiquement et moralement. Cette bulle d’amour distillée dans le livre permet de rendre la lecture moins rude et surtout montre que l’horreur, même la plus absolue, ne pourra jamais enlever cet essentiel.
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Le livre que je ne voulais pas écrire

Le livre que j’aurai voulu ne pas aimer lire



Erwan Larher, à son corps doublement défendant – parce qu’il ne l’a pas souhaité et parce qu’il en a souffert dans ses chairs –, se trouve être le seul écrivain à avoir vécu les événements du Bataclan de l’intérieur. Il a toujours refusé d’en parler publiquement, entre autre, pour n’être taxé d’aucune récupération de cet événement vis-à-vis de sa carrière d’écrivain et ne pas être lui-même récupéré par qui que ce soit. Mais sa position singulière devait bien finir par le pousser, aidée par ses amis, à écrire un livre à ce sujet.



Toute la question était, de l’aveu même de l’auteur, de ne pas faire juste un livre sur le Bataclan mais un objet littéraire. D’écueils en pièges, d’embûches en chausse-trappes, de montagne à gravir en marécages à enjamber, Erwan Larher a finalement réussi à les surmonter et, et cela se sent dès les premières pages, à écrire non pas un objet littéraire SUR mais un objet littéraire AUTOUR du Bataclan.



Mais comment a-t-il donc réussi ce tour de force ? Tout simplement (ceci est sans aucun doute une litote) en mêlant intime et collectif, en s’effaçant, en acceptant de ne plus totalement s’appartenir. Tout d’abord en utilisant le « je », le « tu » et le « il » qui renvoient à des « nous », des « vous » et des « ils ». Erwan Larher s’interpelle, se harangue, s’agresse sans concession : il s’extraie de lui-même pour s’observer et se transformer en un autre personnage, un autre de lui-même.



Ensuite, Erwan Larher a inséré des chapitres intitulés « vu du dehors » écrits par son entourage : famille, amis, amours… Ces « vu du dehors » répondent à cet autre Erwann Larher qui sort en quelque sorte de son propre corps, ou du corps de son hôte-auteur, pour se regarder du dehors. Autant de chapitres que de voix différentes, plus ou moins égales mais jamais discordantes, qui contrebalancent les récits d’Erwan Larher. Cet équilibre permet au livre de respirer, au rythme d’Erwan Larher, au rythme de l’auteur qui l’habite, au rythme de ses hôtes.



On pourrait caricaturer/réduire le récit d’Erwann Larher pour le réduire au triple questionnement suivant : « où c’est que j’ai mis mes santiags ? », « est-ce que je vais rebander ? » et « suis-je un caillou ? suis-je Sigolène ? » (cette dernière interrogation renvoyant à certains des plus somptueux passages du livre et au livre de Sigolène Vinson « Le caillou » écrit et publié après les événements de Charlie Hebdo). De ce nombrilisme, Erwan Larher en fait un leitmotiv salutaire pour lui et un credo universel pour nous, lecteurs, qui renvoie aux questions que l’on s’est tous posées : vais-je me relever de ces attentats ? qu’a-t-on perdu d’humain dans ces attentats ?



Malgré les artifices littéraires employés par Erwan Larher, on suit quand même une chronologie des faits, une succession d’événements, de situations qui impliquent l’auteur. On se replonge alors dans sa propre chronologie de faits et d’événements. Où était-on ? Que faisait-on ? Mais à cause des artifices littéraires employés par Erwan Larher, on fait bien plus que cela. On replonge aussi dans les pensées qui nous assaillaient ce soir-là et qui pour certaines nous assaillent toujours.



Et on se prend à répondre avec la voix d’Erwan Larher que l’amour est effectivement plus fort que tout. L’amour de ses proches, bien entendu, mais aussi et surtout l’amour universel qui rapproche les être humains. Si on perd cet amour, cette fraternité, on perd toute humanité. La seule réponse à la barbarie humaine c’est l’amour humain, sous toutes ses formes.



Erwan Larher, au moment de se mettre dans la peau des terroristes (quel morceau de bravoure !) ou de parler de les évoquer, ne tient jamais un discours de haine mais toujours de compassion. Le récit y puise une force insoupçonnable de prime abord. Ne ratez pas cet Objet Littéraire tout à fait identifié.





Vu du dehors



Tout fut d’abord très précis. C’est après que c’est devenu diffus.

Tout commence comme une soirée banale, de fin de semaine : des enfants épuisés qui vont se coucher tôt, un des deux qui négocie avec sa mère de dormir dans le grand lit parental et un mari qui se retrouve relégué au salon pour assouvir sa soif de lecture. Et puis le démon du jeu le reprend : il se souvient que ce soir c’est France-Allemagne au Stade de France et que si on peut mettre la pâtée une bonne fois pour toute à Schumarer et lui faire ravaler ses propres dents, « c’est toujours ça que les boches n’auront pas », comme on disait par chez moi !

Alors tu allumes l’Ipad, tu lances l’appli de télévision, tu regardes la second mi-temps du match. Tu es bien, le radiateur diffuse la petite odeur de chauffage qui fait te dire que la nuit ne sera pas glacée loin de ton lit. Et puis tu entends la voie du commentateur qui parle de bruit d’epxlosion. Mais tu ne comprends pas. Et puis tu entends des sirènes. Mais comme tu habites le long du canal Saint-Martin, tu ne comprends toujours pas.

Et puis les sirènes se font, non pas plus insistantes, mais plus fréquentes. Plus fréquentes que d’habitude, plus fréquentes que toujours. Tu ne comprends toujours pas ce qu’il se passe mais tu comprends qu’il se passe quelque chose. « Il s’est passé quelque chose » chante Juliette. Tu l’as souvent en tête cette ritournelle depuis bientôt deux ans, elle a pris un sens nouveau.

Alors tu poses l’Ipad mais tu ne l’éteins pas, la France est en train de gagner. Et tu prends ton téléphone pour chercher des informations. Alors tu reposes ton téléphone et tu reprends l’Ipad. Mais ce n’est plus du foot que tu vas continuer à suivre. Tu vas suivre une folle soirée entre infos, SMS, Facebook à rassurer, à prendre des nouvelles, à écouter les sirènes qui continuent leurs folles poursuites, à garder tes yeux ouverts malgré la fatigue de la semaine qui semble comme en suspension, à te demander si tu dois aller réveiller la maisonnée pour leur dire que… Mais pour leur dire quoi ? Alors tu restes seul dans ton salon à regarder les écrans, à observer les reflets des gyrophares des voitures qui déboulent sur le canal qui arrivent d’on ne sait où et qui vont là où on sait, maintenant.

Tu ne sais pas encore qu’une soirée un peu comme celle-là, tu en passeras une autre, en juillet 2016, sans les gyrophares, sans les sirènes parce que si tu es dans le sud, tu n’es pas directement à Nice mais dans l’arrière-pays. Un petit havre de paix et de calme à moins d’une heure des nouveaux attentats, chamboulé aussi par une nuit à rassurer, à prendre des nouvelles et à garder tes yeux ouverts malgré la semaine la fatigue de la semaine qui semble comme en suspension et malgré les douze heures de routes de la veille pour rejoindre ton lieu de vacances.

Bien sûr, ces attentats ont détruit avant tout des vies et les certitudes que je/tu/nous pouvait avoir sur ma/ta/notre existences. Mais ils ont aussi emporté avec eux les barrières de l’individualisme. Pas pour tout le monde. Pas partout. Mais je/tu/nous espère suffisamment pour ne pas faire de la fraternité un vain mot, un futur concept, un prochain oubli.

Alors, cher Erwan (je/tu/il se sent assez proche pour laisser tomber le nom de famille et passer au tutoiement), je/tu/il ne sait pas si tu rebandes à nouveau (et je/tu/il s’en fiche de le savoir, même si je/tu/il te le souhaite - et puis tu sais, la bandaison de papa, hein !), et d'ailleurs je/tu/il ne sait pas moi/toi/lui-même si je/tu/il a réellement survécu dans mon/ton/son intégrité à ces différents événements, mais je/tu/il espère que tu as pu pleurer dans ta bière…
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Le livre que je ne voulais pas écrire

Voilà un livre que je ne voulais pas lire....

La première fois que j'en ai entendu parler, c'était à travers un article de Baptiste Ligier cet été sur Facebook. J'avais laissé un commentaire comme quoi je n'avais pas envie de lire ce livre. Puis plusieurs personnes ont réussi à me convaincre. Certaines personnes savent pourquoi je ne voulais pas le lire et je ne m'étendrais pas trop sur le sujet.



Ce livre parle de ce qu'a vécu Erwan lors du 13 Novembre 2015 au Bataclan. Il faisait partie des victimes de ce triste soir qui a endeuillé la France entière.

Longtemps il n'a pas voulu en parler car il ne voyait pas pourquoi il le ferait. Il ne voyait pas la légitimité qu'il pouvait avoir même si il était, parmi les victimes, le seul écrivain. Mais à force d'en parler, le processus d'écriture s'est mis en route.



Ce livre est son témoignage sur ce qu'il a vécu et sur ce qu'il ressent par rapport à cet événement.



Mais il y a aussi d'autres choses dans ce livre.

A un moment, il se met à la place des terroristes.

C'est un passage qui est assez difficile à lire et qui l'a été à écrire je pense. Mais il réussi à faire quelque chose d'incroyable. J'ai eu l'impression qu'il cherchait à entrer dans leur tête pour les comprendre sans les excuser à un seul moment mais aussi pour leur dire le fond de sa pensée. Ces passages, en plus d'être bien écrit, sont très bien documentés. Il s'adresse même à eux comme pour essayer de faire réagir. Un passage est très intéressant, c'est celui quand un des terroristes dit qu'il faut dire à Hollande que c'est de sa faute (l'attentat) et que c'est pour venger leurs "frères" morts en Syrie. Erwan analyse cette phrase et montrent à quel point se venger sur eux (civils en France) est vain.



Dans ce livre, il laisse aussi la place à ses proches. Il a laissé la parole à certains d'entre eux pour qu'ils racontent comment ils ont vécu cette soirée et parfois les jours qui ont suivi. Ces chapitres permettent de prendre du recul et de voir l'impact de cet événement et de ce qui est arrivé à Erwan sur ses proches. L'écriture de ces chapitres est sincère et très touchante.



Erwan nous raconte aussi ce qu'il a vécu juste avant cette soirée et ce qu'il s'est passé les jours et les mois suivants. Il partage à peu près tout avec nous y compris ses réflexions. Il parle de lui, pendant un bon moment, à la deuxième personne. Cela lui permet je pense de prendre du recul. Il fait ceci aussi pour nous parler de son passé mais aussi de ce qu'il a vécu au moment des faits et après.

Une des inquiétudes d'Erwan m'a fait sourire pas parce que c'est drôle mais parce qu'au milieu de tout ça, ça montre l'importance de la moindre petite chose. Elle peut paraître étrange au début mais en faite on comprend que pour lui c'est vital. Je n'en dirais volontairement pas plus.



Au début, j'ai eu du mal à lire ce livre comme je m'y attendais. Il m'a fallut plus de temps que d'habitude pour le lire que pour d'autres livres. Certains passages, surtout au début, sont assez difficiles à lire. Mais à aucun moment on ne tombe dans le côté larmoyant. Il n'y a aucun voyeurisme dans ce livre, uniquement de la sincérité.

Ce livre est très fort et admirablement bien écrit. Je ne connaissais pas la plume d'Erwan ni Erwan lui même. J'ai eu l'impression de le connaître un peu avec ce livre.

On est parfois surpris par certains passages face à ce qu'il s'est passé mais cela nous montre que la vie continue et qu'il faut continuer à vivre malgré les événements difficiles.



Ce livre est devenu au fur et à mesure de la lecture un coup de cœur.

Vous ne pouvez pas passer à côté d'un tel témoignage.



Ce livre a, selon moi, valeur de document historique pour comprendre l'impact de cette horrible soirée.
Lien : https://leslecturesdamandine..
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