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Citations de Estelle Tharreau (353)


Au fond, c’est logique, Braqui. On a une armée conforme à ce dont les gens rêvent : se défendre sans armes et sans violence.
– O.K., mais comment peuvent-ils gober une connerie pareille ? On se tape sur la gueule depuis la nuit des temps.
– Je sais, mais on ne leur vend pas ça et les gens sont tellement dans la merde que ce qui se passe à l’autre bout du monde ça ne les intéresse que lorsque la concurrence étrangère leur pique leurs emplois ou quand des flots de migrants arrivent près de chez eux.
– Et les attentats. C’est bien pour ça qu’on nous a envoyés là-bas.
– Ouais, mais on n’a rien pu stopper.
– On n’avait pas de moyens et aucune armée africaine pour prendre le relais.
– Mais, ça, les gens s’en foutent !
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Dès cet instant, Sébastien ne parviendrait plus à s’intéresser à une discussion sur ce qui touchait à ce monde de paix, car tout lui paraîtrait futile par rapport à ce dont il avait été témoin. Il ne pourrait plus tenir son enfant de peur de le salir, de lui porter malheur, de ui faire du mal si une autre vision venait à le submerger. Il ne se ferait plus confiance et seule la guerre aurait une place dans son esprit et dans sa vie.
Une guerre qu’il revivrait toutes les nuits à grands coups de réminiscences cauchemardesques. La seule explication de ce qu’il avait vécu au Shonga et de ce qui avait fait de lui ce qu’il serait désormais, il ne pourrait que le hurler à sa famille dans le supplice de leurs nuits familiales.
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En quelques heures, Sébastien était passé des terres damnées du Shonga au monde de paix de son sol natal. En si peu de temps, le soldat devait redevenir le fils, le mari, le père que ses proches et ses concitoyens avaient connus quatre mois auparavant. (...)
Sous les yeux de Sébastien se déroulaient des scènes de vie étranges : des supermarchés d’où sortaient des chariots pleins d’abondance, des rues où des gens ne fuyaient pas, des enfants armés de cartables. Il se sentait étranger à ce monde qu’il avait pourtant connu toute sa vie.
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Sébastien avait dépassé l’amertume pour s’élancer vers l’aigreur et la rancœur. Comment ne pas sombrer lorsqu’on vous félicite pour avoir sauvé des vies alors que chaque téléspectateur savait que vous aviez fermé les yeux sur des dizaines d’autres qui auraient pu être épargnées si votre main avait appuyé sur la détente de votre fusil ? Comment ne pas entrevoir les oscillations des flammes d’un charnier fumant dans celles de ce drapeau bleu flottant au-dessus de cette cérémonie d’opérette montée à la hâte avant d’embarquer dans des camions et de décamper de cet enfer ? Comment ne pas avoir envie d’arracher l’épingle de cette médaille lorsqu’elle vous transperce le cœur en même temps que la veste sur votre poitrine ? Comment réussir à continuer sa vie comme si de rien n’était alors que vous porterez à jamais cette marque d’opprobre déguisée en reconnaissance glorieuse ?
Le sac sur l’épaule, prêt à partir, je m’étais retourné une dernière fois. J’ai vu la honte dans les yeux de ces hommes mis à l’honneur. La honte de n’avoir rien pu empêcher alors qu’ils y étaient préparés.
Un sentiment de n’avoir pas été un soldat, mais le complice attentiste des buveurs de sang.
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Profitant d’une période de cessez-le-feu, certains esprits toujours aussi loin de l’enfer du Shonga avaient cru bon d’organiser une cérémonie de remise de médailles. Idée tout aussi inutile que dévastatrice face à l’ampleur du désastre. Elle ne ferait jamais oublier que l’action des soldats de la paix avait été paralysée. Elle n’avait pas contribué à sauver des vies et encore moins à rétablir la paix comme l’avenir allait le prouver si violemment.
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– Il cherchait quoi ? fis-je avec la peur qu’elle me confirme ce que je redoutais.
– Un gosse qu’il a connu au Shonga. »
Je fermai les yeux.
« Et les gamins à qui ils donnent des biscuits ?
– Il leur demande d’interroger les gens. C’est beau quand même. »
Je ne répondis pas à sa remarque d’une naïveté affligeante. Tout comme elle avait été incapable d’accepter la réalité de ce camp désastreux, elle ne voyait pas la folie qui se dissimulait dans l’obsession de Sébastien, dans sa lutte contre l’impossibilité de retrouver un gosse et de racheter son impuissance à guérir un pays qui n’était pas le sien.
 
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« Je croyais que les humanitaires avaient quitté cette zone, fit Braqui à l’adjudant Thomas.
– Oui, les organisations pros l’ont fait. Ils ne sont pas débiles. Ils préservent leur personnel. Ils ont compris qu’un humanitaire mort, ça n’aide plus personne. Ils se sont installés dans des zones moins craignos où ils peuvent faire leur boulot. Mais là, c’est un ramassis d’amateurs qui n’ont aucune logistique et aucun sens des réalités. Ils n’ont que leurs idéaux pour sauver le monde. Ils vont juste réussir à se faire trucider ou à faire trucider ceux qui vont essayer de les sortir de cette merde !
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La mort d’un homme au terme d’une vie est une peine, celle d’un enfant massacré est un traumatisme pour l’esprit, une parcelle d’humanité qui se sépare de l’âme. Toutes les morts ne pèsent pas de la même manière sur une conscience.
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La peur de ne pas être à la hauteur lorsqu’il aurait à piloter les lourds mastodontes servant à convoyer les munitions, les vivres, les médicaments et les pièces de rechange sur les pistes détrempées et défoncées du Shonga en pleine saison des pluies et des guerres.
Non, pas de « guerre », mais de « crise », car Sébastien Braqui était de cette génération où les conflits ne menaçaient plus directement les frontières et l’intégrité territoriale de son pays, mais ses intérêts géostratégiques, géopolitiques, et géoéconomiques. Tant d’intérêts vitaux que ses concitoyens ne savaient plus vraiment distinguer ce qui était légitime, raisonnable et nécessaire dans les discours politiques. Une foule qu’il ne fallait pas effrayer en employant le mot « guerre », mais en parlant d’accords de défense pour aider un pays ami en proie à une crise, bien qu’au final, des armes et des techniques de guerre jetaient des hommes les uns contre les autres pour remporter la victoire.
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Le privilège des vaincus : chassés par les vainqueurs et honnis par leurs propres compatriotes.
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Vous pourrez faire ce que vous voulez : vous montrer gentil avec nos fils, venir vous recueillir sur leur tombe, pleurer toutes les larmes de votre corps, vous resterez toujours celui qui nous les a enlevés en les tuant. Je voulais seulement vous faire savoir que je resterai à Huntsville jusqu’à ce que je parvienne à réhabiliter la mémoire de mon fils et à faire payer ceux qui l’ont assassiné sans lui laisser la moindre chance.  
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Il était une fois un homme bon devenu une plaie à vif.
Il était une fois un homme et une femme ; un premier de cordée qui entraîne le second dans sa chute.
Il était une fois un soldat ayant dépassé le seuil d’horreur qu’il pouvait endurer et que la vie a transformé en une bombe à retardement que les Hommes ont lentement amorcée jusqu’à l’explosion.
Il faudrait peut-être commencer ce récit tout simplement par “il était une fois la guerre”
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Évitez de mentionner que votre conjoint est militaire, évitez de porter toute marque pouvant le suggérer, appelez la police si vous êtes victime d’une agression, un numéro vert est à votre disposition.
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– Alexia, annule la pratique d’exercice.
– Selon l’analyse faciale réalisée par votre miroir connecté, les données de masse corporelle de votre balance connectée et votre dernier bilan sanguin, la pratique d’exercice est vivement conseillée pour :
« Faire baisser votre taux de cholestérol ;
« Renforcer votre ceinture abdominale et vos muscles fessiers ;
« Lutter activement contre les signes de dépression légère.
– Merde ! » hurla Cécile qui, dans ces moments-là, donnait amplement
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Elle se doucha et prit le parti de se plonger dans un bon bouquin jusqu’à l’heure du repas. De ne rien faire pour une fois. De se laisser emporter hors de ces murs dans une histoire pleine de personnages qui ne feraient jamais partie de sa liste de contacts, pleine d’aventures et de suspense que sa vie minutée par Alexia ne lui offrirait jamais.
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Danny pensa qu’il rêvait ou que son esprit lui jouait des tours, jusqu’à ce que l’apparition parle. Seule la bouche s’animait, comme si chaque élément de ce visage agissait indépendamment de l’ensemble, comme ceux de ces robots humains glaçants de perfection et d’impassibilité.
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Il bougea légèrement les bras et les jambes, qui répondirent faiblement, mais qui répondirent néanmoins. Vivant. Il était vivant et ne serait pas handicapé : il pourrait marcher, utiliser ses mains, voir, entendre, parler. Miraculé. Ce docteur avait raison : il était un miraculé.
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L’infirmière approcha les fins ciseaux médicaux du visage de Danny et trancha la gaze qui émit un bruit poudré et crissant de neige qu’on piétine. Avec concentration et précision, elle coupa et préleva des morceaux de bande qu’elle déposa dans un haricot en inox posé sur le chariot. Au gré de ces prélèvements, Danny sentait une fraîcheur vivifiante caresser sa peau. Il retrouvait sa mobilité faciale comme si on ôtait un masque d’argile qui aurait séché sur sa peau.
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Abattu, le juge se tourna vers le juré qui, droit dans ses bottes, savourait crânement son petit coup d’éclat.
On fait quoi ?
– On demande au ministère de reprendre le protocole et le cahier des charges pour vérifier.
– Mais ils font plus de sept mille pages chacun, s’alarma l’informaticien.
– On ne vous demande pas de les lire, mais de faire la demande.
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Le juge appuya sur « retour » pour revenir à la fenêtre précédente.
« Quoi ? s’énerva-t-il. Quelle mention ?
– Dans le sous-critère “Enquête”, il est noté “Étranglement employé alors que couteaux disponibles”. Quel est le rapport avec la préméditation ?
– Si vous chipotez à tout bout de champ, on ne va pas y arriver !
– Je ne chipote pas. Je voudrais comprendre avant d’envoyer un homme à perpétuité en prison."
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