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Citations de Estelle Tharreau (345)


« Est-ce qu’on peut compter sur toi, Peter ? On est dans le même camp. »
L’Innu leva son visage brun, buriné et austère vers celui, vif et autoritaire de Lebel.
« On n’est pas dans le même camp. On ne tue pas pour les mêmes raisons. Mon père m’a appris les pistes et à honorer l’animal tué qui a accepté de se donner au chasseur. Toi, tu tues pour ramener des trophées.
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À présent, Naomi gisait au milieu du vaste lac gelé. Les os rompus, elle n'avait plus la force de se traîner. Son corps avait creuser un long sillon qu'allait bientôt combler la neige qui s'abattait en rafales.
Elle entendit un piétinement et un grognement qui se rapprochaient. La moindre respiration lui brûlait la poitrine et faisait couler son sang au coin de ses lèvres. Sur sa joue, elle sentit le velours des cors et le souffle chaud du jeune mâle caribou. L'animal vénéré par son peuple venait à elle comme dans un rêve, comme dans les récits qui avaient forgé les croyances de ces ancêtres.
Mais, rapidement, il s'éloigna, bien avant qu'elle n'entendit le claquement métallique d'un fusil qu'on arme. Elle vit des semelles de bottes. Ses ongles s'y plantèrent, s'y accrochèrent pour implorer pitié.
Le caribou avait reculé, mais n'était pas parti. Il faisait face à l'humain dressé au milieu de cette vaste étendue blanche sous un ciel d'encre.
Tandis que la neige commençait à recouvrir le corps supplicié de Naomi, le visage de l'homme se grava dans les yeux noirs et fixes de l'animal.
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... Logan était convaincu qu'à cet âge, quels que soient son origine, son milieu social ou son passé, on ne devrait jamais finir à pourrir sous un tas de branches échouées au bord d'un lac."
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Comme Dominique, elle était victime.
Comme Dominique, elle vivait sous le coup d’une menace permanente.
Comme Dominique, elle vivait coupée du monde.
Comme Dominique, elle attendait qu’on la pousse vers la mort pour en finir avec cette survie impossible.
Dominique, son alter ego.
Dominique et Jo, innocents, mais moralement coupables pour la rumeur.
Dominique et Jo, les pestiférés de la foule. 
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S’il avait suivi son intuition, s’il avait su ce qui l’attendait là-bas, il aurait trouvé le moyen de ne pas partir. Il aurait préservé ce qu’il était, avant de s’accoutumer à l’horreur au risque de devenir ce qu’il est aujourd’hui : une bombe à retardement.
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Moins de huit semaines plus tard, les anciens étaient convoqués par les gestionnaires de leur régiment respectif. On leur signifiait leur mise en retraite anticipée avec un plan de reconversion. Ils n’avaient pas le choix : les temps et les règles du jeu avaient changé. En quelques mots, on leur arrachait leur travail, leur communauté, leurs valeurs… leur vie. 
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Le privilège des vaincus: chassés par les vainqueurs et honnis par leurs propres compatriotes.
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Ils étaient partis du Shonga comme des voleurs dans des camions bâchés. Ils avaient voyagé comme des clandestins, leurs sacs coincés entre leurs jambes. Ils arrivent dans leur propre pays comme des coupables devant presser le pas et embarquer dans des bus pour fuir.
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Il sortit de la pièce, le sourire aux lèvres. Ses pensées dérivaient vers un monde où les hommes ne pensaient pas comme des machines, où le mot "philosophie" avait encore un sens, où les hommes pouvaient ouvrir leur coeur et leur esprit dans toutes ses fluctuations et nuances possibles.
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Jo en tira deux enseignements douloureux : lorsque les gens ne connaissent pas la vérité, ils préfèrent en inventer une en parfait accord avec leurs pulsions malsaines, et que ses congénères ont besoin de prendre part et parti.
Ainsi tout le monde se lamentait sur le meurtre de la pauvre Coline, tandis que celui de son propre enfant devenait insidieusement la juste conséquence de la vie scabreuse menée par une mère et une fille répugnantes et infréquentables.
Cette conclusion, Jo l'entendait quotidiennement à la station-service 8 que les touristes prenaient d'assaut avec les beaux jours. Il suffisait que les photos de Coline et Suzy apparaissent pour que fusent les commentaires.
— trois cafés et un chocolat ! Pauvre gamine quand tu penses qu'elle s'est peut-être fait tuer comme l'autre alors qu'elle avait rien demandé...
Et Jo devait leur demander douze euros quarante.
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– Ne dépassez pas certaines limites », fit Thompson, menaçant.
« Sinon quoi ? Vous n’avez pas le droit d’être ici. Vous devriez être dehors à tenter de calmer tout ce bordel. Si, malgré tout, vous restez planté là, c’est que vous savez qu’un système aussi pourri finira par s’écrouler sur lui-même tôt ou tard et que, comme vos amis français l’ont fait par le passé, un de ces jours, des gens en colère risquent de balader votre tête au bout d’une pique dans les rues d’Austin ou de Washington. La tête de tous ceux qui ont assez de fric ou de bagout pour se servir des autres, leur marcher dessus et sauver leur peau quoi qu’ils fassent.
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Elle venait demander à son mari comment continuer leur guerre. Il lui a dit de ne plus se battre. Qu'ils n'avaient aucune chance pas des gens comme eux.
-on peut toujours se battre si on le veut. Aide-toi et le ciel t'aidera.
-Qui a dit une connerie pareille??
-Un auteur français.
-Ça ne m'étonne pas!mais ce genre de conseil c'est valable pour des gens comme vous et comme Sutton.
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Le juge avait décidé que le numéro d’écrou 0451 ne verrait pas le jour et l’agitation de la vie. Le directeur de Polunsky avait accepté le surcoût des heures de nuit des gardiens. Trop de passions contraires s’étaient déchaînées, se déchaînaient et se déchaîneraient encore autour de cet homme et de ses crimes.
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Coupable d'avoir laissé sa fille seule la nuit.
Coupable de ne pas avoir compris qu'elle devenait femme.
Coupable de s'être réfugiée dans une confiance aveugle.
Coupable d'avoir laissé faire pour ne pas déplaire.
Coupable d'avoir eu peur d'être abandonnée.
Coupable d'un égoïsme meurtrier.
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A vous entendre, personne n'a sa place ici.
- J'ai vu passer des hommes qui ont commis la plus grosse erreur de leur vie. Ils l'ont payée au prix fort. Mais j'ai également vu de vrais monstres. Croyez-moi, je sais faire la différence. Tous ne méritaient pas leur sort et d'autres auraient mérité moins d'égards. Ce qui est juste et la justice sont deux choses très différentes.
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Elle alluma. Comme elle, tout était propre, inerte et usé. La propreté était la pierre angulaire de sa dignité. Ce qu’elle devait préserver pour faire oublier le reste. Joséfa ne vivait pas dans la pauvreté. Elle se tenait juste au bord de ce précipice, dans cet équilibre incertain qu’on appelle pudiquement la précarité. Tout comme elle, sa maison en était remplie… Un être et des choses du passé, incrustés dans le présent et au futur impossible.
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Tel un chien attendant son maître, elle guetta l’arrivée de Suzy jusqu’au moment où le poids de la fatigue et des années fermèrent ses paupières.
Le temps défilait, comme pour essayer de préserver Joséfa de la vague d’inquiétude qui s’apprêtait à déferler sur elle. Qui allait grossir d’heure en heure avant de l’engloutir.
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– Alexia, annule la pratique d’exercice.
– Selon l’analyse faciale réalisée par votre miroir connecté, les données de masse corporelle de votre balance connectée et votre dernier bilan sanguin, la pratique d’exercice est vivement conseillée pour :
« Faire baisser votre taux de cholestérol ;
« Renforcer votre ceinture abdominale et vos muscles fessiers ;
« Lutter activement contre les signes de dépression légère.
– Merde ! » hurla Cécile qui, dans ces moments-là, donnait amplement raison à sa fille, qui ne parlait jamais d’ADV* ou d’Alexia, mais de Führer.

(page 12 - ADV = Auxiliaire de Vie)
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À son tour, elle pénétra dans la salle de bains d’un pas traînant. Ce matin, comme tant d’autres, elle avait la sensation d’être sur pilote automatique. Elle n’avait envie de rien et rien ne lui faisait vraiment envie dans un délai proche ou lointain. Elle ne manquait de rien. Sa petite vie se déroulait sans anicroche.

(page 11)
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Danny pensa qu’il rêvait ou que son esprit lui jouait des tours, jusqu’à ce que l’apparition parle. Seule la bouche s’animait, comme si chaque élément de ce visage agissait indépendamment de l’ensemble, comme ceux de ces robots humains glaçants de perfection et d’impassibilité.
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