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Citations de Estelle Tharreau (345)


Sans le savoir, sous les bourrasques glaciales du vent de novembre, seule dans la nuit face aux eaux noires, Suzy attendait la mort. 
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Ce qu’il n’avait pas mentionné, pas plus à son chef qu’à sa femme, était, qu’au plus profond de lui, il avait peur. Pas pour sa vie, mais pour son âme.
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Évitez de mentionner que votre conjoint est militaire, évitez de porter toute marque pouvant le suggérer, appelez la police si vous êtes victime d’une agression, un numéro vert est à votre disposition.
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Des gosses en guenilles jouaient dans les constructions de parpaings bruts crépis de poussière.
Ils dépassèrent de nombreuses charrettes tirées par des mulets squelettiques qui portaient les stigmates du mors et du fouet tandis que certains attendaient en plein soleil, attachés à des poteaux par un mètre de corde.
Sébastien se demandait si les défenseurs du bien-être animal auraient supporté le spectacle de ce taxi jaune et noir lancé à toute allure sur la route défoncée avec deux chèvres entravées sur la galerie ou celui de cet homme qui, malgré le ventilateur rouillé branché à une batterie délabrée posée à côté de lui pour tenter de rafraîchir sa monture famélique, lui faisait tirer une carriole dix fois plus lourde que lui.
Le décalage de lieu, de temps et de valeur était tel que tout lui semblait éblouissant.
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Ils dépassèrent de nombreuses charrettes tirées par des mulets squelettiques qui portaient les stigmates du mors et du fouet tandis que certains attendaient en plein soleil, attachés à des poteaux par un mètre de corde.
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Puis le convoi sortit des faubourgs et emprunta une route en retrait de l’agitation. L’allure s’accéléra et le pays urbain se clarifia pour faire place à une série d’immeubles inachevés coiffés de fers à béton rouillés entre lesquels les femmes tendaient des fils où flottaient au vent des étoffes bigarrées. Des gosses en guenilles jouaient dans les constructions de parpaings bruts crépis de poussière.
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Au fond, c’est logique, Braqui. On a une armée conforme à ce dont les gens rêvent : se défendre sans armes et sans violence.
– O.K., mais comment peuvent-ils gober une connerie pareille ? On se tape sur la gueule depuis la nuit des temps.
– Je sais, mais on ne leur vend pas ça et les gens sont tellement dans la merde que ce qui se passe à l’autre bout du monde ça ne les intéresse que lorsque la concurrence étrangère leur pique leurs emplois ou quand des flots de migrants arrivent près de chez eux.
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Il ne crie pas, mais se réveille en sursaut, couvert de sueur, le cœur battant. Même au boulot, il repense aux corps déchiquetés. La moindre odeur de fumée le ramène devant ce charnier brûlant. Et parfois, au détour d’une rue, il lui semble voir Momar ou Sandreau, son mentor qui… lors de sa troisième mission… lors de l’attaque… 
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La nuit a été mauvaise. Les somnifères ne sont plus assez puissants. Il parvient encore à résister à la tentation d’augmenter sa consommation d’alcool, mais les cauchemars reviennent, toujours plus forts et atroces chaque nuit.
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Il était une fois un soldat ayant dépassé le seuil d’horreur qu’il pouvait endurer et que la vie a transformé en une bombe à retardement que les Hommes ont lentement amorcée jusqu’à l’explosion.
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Il se sentait étranger à ce monde qu’il avait pourtant connu toute sa vie. Accaparé par ce sentiment de décalage, il ne pensait plus directement au Shonga jusqu’à ce que cette lisière de bois apparaisse.
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Nous pouvions sauver ce pays et nous n’avons fait qu’amener cette guerre sur notre propre sol et participer à l’effondrement du Shonga.
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À travers la défaite de notre armée, c’est l’échec de toute la politique du président qu’il faut voir.
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Puis le 02 septembre 1939, le pire arriva lorsque l’ordre de mobilisation générale fut placardé sur le mur de la mairie. Le lendemain la France déclarait la guerre à l’Allemagne. Comme une grande partie des hommes du village, Jules rejoignit la gare de Vesontin pour participer à une guerre qui promettait d’être courte. Jules n’était pas de cet avis.
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Adéma était entouré d’enfants qui s’agglutinaient autour de lui. Personne ne pourrait comprendre qu’un seul de ces gosses soit tué, même pour en sauver tant d’autres. Adéma le savait. Adéma avait choisi entre efficacité et sentiments. Il enrôlait des gosses pour lui servir de bouclier, pour poser ses bombes, pour être soldats. Il savait que nous ne les abattrions pas.
Le général fit un signe. C’était fini. Comment combattre à armes égales quand le droit de la guerre n’était respecté que par un seul camp ? Les politiques n’avaient pas donné aux soldats la solution de cette équation insoluble.
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Au fond, c’est logique, Braqui. On a une armée conforme à ce dont les gens rêvent : se défendre sans armes et sans violence.
– O.K., mais comment peuvent-ils gober une connerie pareille ? On se tape sur la gueule depuis la nuit des temps.
– Je sais, mais on ne leur vend pas ça et les gens sont tellement dans la merde que ce qui se passe à l’autre bout du monde ça ne les intéresse que lorsque la concurrence étrangère leur pique leurs emplois ou quand des flots de migrants arrivent près de chez eux.
– Et les attentats. C’est bien pour ça qu’on nous a envoyés là-bas.
– Ouais, mais on n’a rien pu stopper.
– On n’avait pas de moyens et aucune armée africaine pour prendre le relais.
– Mais, ça, les gens s’en foutent !
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Dès cet instant, Sébastien ne parviendrait plus à s’intéresser à une discussion sur ce qui touchait à ce monde de paix, car tout lui paraîtrait futile par rapport à ce dont il avait été témoin. Il ne pourrait plus tenir son enfant de peur de le salir, de lui porter malheur, de ui faire du mal si une autre vision venait à le submerger. Il ne se ferait plus confiance et seule la guerre aurait une place dans son esprit et dans sa vie.
Une guerre qu’il revivrait toutes les nuits à grands coups de réminiscences cauchemardesques. La seule explication de ce qu’il avait vécu au Shonga et de ce qui avait fait de lui ce qu’il serait désormais, il ne pourrait que le hurler à sa famille dans le supplice de leurs nuits familiales.
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En quelques heures, Sébastien était passé des terres damnées du Shonga au monde de paix de son sol natal. En si peu de temps, le soldat devait redevenir le fils, le mari, le père que ses proches et ses concitoyens avaient connus quatre mois auparavant. (...)
Sous les yeux de Sébastien se déroulaient des scènes de vie étranges : des supermarchés d’où sortaient des chariots pleins d’abondance, des rues où des gens ne fuyaient pas, des enfants armés de cartables. Il se sentait étranger à ce monde qu’il avait pourtant connu toute sa vie.
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Sébastien avait dépassé l’amertume pour s’élancer vers l’aigreur et la rancœur. Comment ne pas sombrer lorsqu’on vous félicite pour avoir sauvé des vies alors que chaque téléspectateur savait que vous aviez fermé les yeux sur des dizaines d’autres qui auraient pu être épargnées si votre main avait appuyé sur la détente de votre fusil ? Comment ne pas entrevoir les oscillations des flammes d’un charnier fumant dans celles de ce drapeau bleu flottant au-dessus de cette cérémonie d’opérette montée à la hâte avant d’embarquer dans des camions et de décamper de cet enfer ? Comment ne pas avoir envie d’arracher l’épingle de cette médaille lorsqu’elle vous transperce le cœur en même temps que la veste sur votre poitrine ? Comment réussir à continuer sa vie comme si de rien n’était alors que vous porterez à jamais cette marque d’opprobre déguisée en reconnaissance glorieuse ?
Le sac sur l’épaule, prêt à partir, je m’étais retourné une dernière fois. J’ai vu la honte dans les yeux de ces hommes mis à l’honneur. La honte de n’avoir rien pu empêcher alors qu’ils y étaient préparés.
Un sentiment de n’avoir pas été un soldat, mais le complice attentiste des buveurs de sang.
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Profitant d’une période de cessez-le-feu, certains esprits toujours aussi loin de l’enfer du Shonga avaient cru bon d’organiser une cérémonie de remise de médailles. Idée tout aussi inutile que dévastatrice face à l’ampleur du désastre. Elle ne ferait jamais oublier que l’action des soldats de la paix avait été paralysée. Elle n’avait pas contribué à sauver des vies et encore moins à rétablir la paix comme l’avenir allait le prouver si violemment.
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