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Citations de Eugenio Corti (54)


J'enlevai et fis enlever couvertures et manteaux aux morts, pour les distribuer aux vivants qui attendaient de mourir.
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Depuis sa publication discrète en 1983, Le Cheval rouge est devenu en Italie un véritable phénomène littéraire et social. Car dès sa parution, et au fil des rééditions qui se sont succédé sans discontinuer, Le cheval rouge, bien qu'ignoré en raison de son anticonformisme idéologique par la critique, a captivé un très large public. Dans une enquête publiée en 1986 sur le plus beau roman italien des dix dernières , Eugenio Corti et "Le Cheval rouge distançait Sciascia, Morselli, Moravia...
Comme peu de livres de notre temps, Le Cheval rouge a su créer, entre son auteur et ses lecteurs, un profond courant de sympathie. Cela tient d'abord au caractère de témoignage que revêt ce roman : non seulement les personnages historiques qui le traversent, mais aussi tous les événements historiques relatés, de la campagne de Russie à la barbarie nazie, de la découverte du goulag communiste eux épisodes de la résistance en Italie du Nord, à la vie politique des années cinquante et soixante, sont rigoureusement vrais. Ce monde fourmillant de personnages, de drames et d'histoires d'amour, de grandioses scènes collectives, baigne dans l'éclatante lumière de la vérité.
Cette force de la vérité est la charpente qui soutient "Le Cheval rouge". Mais Eugenio Corti a écrit aussi un très grand roman. Son souffle épique, la puissance des passions emportent le lecteur dès les premières pages. Le Cheval rouge est fait pour résister à l'usure du temps. L'ampleur et la profondeur des sujets abordés, la saisissante vérité des personnages et des situations font de ce roman un point de repère fondamental dans la littérature mondiale du XXe siècle.


« Un autre cheval sortit : il était rouge feu. Son cavalier reçut le pouvoir de bannir la paix de la terre pour que les hommes s'entretuent, et une grande épée lui fut donnée13. »

Le deuxième cavalier représenterait la guerre14, et la couleur de sa monture, le rouge (πυρρός, de πῦρ, feu), le sang versé sur le champ de bataille. Il porte également une épée qui représente l'affrontement et le combat. Toutefois, Jean utilise ici, pour la seule et unique fois, le mot macaira, au lieu de romphaia (épée) ; il a peut-être en vue un couteau ou un poignard15 de grande taille (megalé), ce qui s'accorderait avec l'égorgement général (sphaxousin) ; certains auteurs ont pu y voir une guerre civile, idéologique ou religieuse. Dans la récapitulation, c'est le mot romphaia qui est utilisé.
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Ce que je vous ai dit, reprit le professeur, il faut absolument que vous autres prisonniers, le racontiez en Italie: il faut que tout le monde le sache... Les communistes sont en train de gagner la guerre, et personne ne pourra plus nous aider. Pourquoi, demanda-t-il tout à coup, pourquoi avez-vous été si aveugles?... Vous n’avez donc pas vu que depuis le début les nôtres ne combattaient pratiquement pas, que les gens des villages vous accueillent comme des libérateurs ? Pourquoi avez-vous fait tant d’horreurs?
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Et rappelez-vous : je reviendrai. D'après ce que je vous ai dit jusqu'ici, il est clair que je dois revenir : je le sens. Je pourrais à la rigueur être blessé ou porté disparu, mais il y a une chose que je veux que vous vous rappeliez absolument : je reviendrai.
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En Italie est apparu un phénomène plus modeste, mais tout aussi significatif à sa manière : celui du barbouillage des murs des villes, jusqu'à hauteur d'homme (macroscopique à Milan) en général par des mineurs. Lesquels, de toute évidence vides de tout, et en particulier de retenues, essayent d'imposer au milieu environnant l'abrutissement qu'ils sentent croître en eux.
Ce ne sont pour l'instant que des indices, dignes cependant d'attention.
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Mais quelque chose de plus proprement barbare est en train de poindre : il nous semble en effet assister à une sorte de bestialisation nouvelle de plus en plus répandue dans les jeunes générations dépourvues d'idéaux chrétiens, et désormais de tout idéal. (on ne peut pas qualifier d'idéaux ceux de la société de consommation : c'est-à-dire pour les jeunes le sexe, l'habillement plus ou moins excentrique, la motocyclette et le sport)
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Instinct grégaire, chantage, arrivisme… Si l'homme de culture traditionnelle a coordonné et soutenu l'édification de notre culture, l'intellectuel nous apparaît - tout à fait malgré lui - voué à en coordonner l'autodestruction.
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Tandis qu'il parlait, je pensais que personne n'entendrait plus Francescoli chanter la chanson triste de la robe emplie de vent. Et qui bientôt, se souviendrait de son amie au front blanc, tuée à Turin ? Dans un certain nombre d'années, personne sur terre ne se souviendrait plus de ces deux-là… Que toute leur réalité dût aboutir au néant, cela ne pouvait être, et ce ne serait pas. Mais que leur aventure terrestre dût se conclure de cette façon, c'était désormais certain, et néanmoins insupportable…
Pendant ce temps sa mère, qui n'avait que lui, continuait probablement à garder prêt son lit et ses autres affaires… Peut-être en serait-il ainsi également de la mienne.
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Il plut durant la nuit. La pluie frappait avec insistance le toit de toile de la tente, et je l'écoutais, rempli de détresse.
Il n'en était pas ainsi quelques années plus tôt. La vie m'apparaissait comme un grand jeu, en ce temps-là, et le bruit de la pluie sur une tente, comme un chant.
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Ce qui accrut mon émotion, c'est que je me rendis soudain compte qu'ils portaient sur leurs bérets de tankistes anglais l'insigne de la cavalerie polonaise.
- La cavalerie ! dis-je tout excité à Canèr, assis à côté de moi dans la cabine, et à Sabatini. Vous voyez ces insignes ? Ce sont des soldats de la cavalerie…
Et comme ni l'un ni l'autre ne semblait comprendre à quoi je faisais allusion :
- Vous ne vous rappelez pas les charges de la cavalerie polonaise, à la lance contre les chars d'assaut allemands, en 39 ?
Sabatini se rappela :
- Ah, oui, dit-il, c'est vrai.
Et après un temps :
- Quelle folie, tout de même ! Pourquoi ont-ils fait ça ? La Pologne était déjà vaincue…
Pour cela, justement pour cela. cela avait été un geste de grande fierté, pour le temps de l'esclavage : un geste à transmettre aux enfants en même temps que le souvenir des jours de liberté.
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Ainsi dans la ville assiégée, le mal et le bien, la misère et la générosité se mêlaient sans cesse.
Le bien et la générosité étaient d'ailleurs bien peu de chose en regard de la misère. Nous essayions de trouver une parole de réconfort pour ceux qui souffraient le plus ; c'étaient des gouttes d'eau versées sur une immense étendue de sable : les grains de sable s'en apercevaient à peine.
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Eugenio Corti combat jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, apportant son concours à la libération de l'Italie de l'occupation nazie et fasciste, navré d'être l'allié indirect des bolcheviks, comme il avait été navré, auparavant, d'être l'allié de l'Allemagne nazie.
Préface, François Livi
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"La plupart ne reviendront pas" est un témoignage et un mémorial. Eugenio Corti veut arracher à l'oubli ces pans d'histoires individuelles et collectives ; à défaut de leur donner une sépulture, il veut perpétuer le souvenir de ses camarades disparus - il est dans ce livre des silhouettes inoubliables, telle celle de Zoilo Zorzi, le jeune officier vénitien qui prend congé avec élégances de ses camarades et de la vie ; il veut les sauver de cette autre forme de mort qu'est l'indifférence. Ne serait-ce qu'à ce titre, "La plupart ne reviendront pas" est un livre exceptionnel.
Préface, François Livi
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Le mystère de la souffrance individuelle et collective laisse entrevoir, au-delà du silence apparent de Dieu dans un monde que la justice a déserté, une solidarité secrète, une sorte de réparation pour d'autres crimes que l'homme a commis. Il laisse pressentir un chemin de purification et d'espérance. Dans cette nuit de l'homme et de l'esprit brillent des lumières d'espoir : le dévouement silencieux de tant d'hommes ; l'attitude des vieux paysans et paysannes russes : accablés de souffrances par le pouvoir communiste d'abord, puis par les Allemands, ils ont encore suffisamment de foi en Dieu et en l'homme pour prodiguer généreusement des soins aux soldats "ennemis" atteints d'engelures.
Préface, François Livi
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En d'autres occasions semblables, ce genre de statues m'avait fait réfléchir: parallèlement à la perte de Dieu, le triomphe du communisme sur le peuple russe avait entraîné la perte, qu'on eût dite complète, de sa sensibilité artistique, jadis si remarquable.
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En voyant tant d'apathie chez les soldats, la lourde insensibilité des Allemands qui, indifférents, nous regardaient travailler, en décelant une sorte d'impénétrable visage de sphinx dans tout ce qui nous entourait, mon esprit fut tout à coup envahi par les lentes volutes d'un doute horrible : et si ma vision de la réalité, en fonction de laquelle j'agissais et je m'agitais, n' était qu'un pur produit de l'imagination, dépourvu de sens?
Et ce monde lointain, l'Italie, tel que je me le rappelais, existait-il réellement?
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Autour et un peu partout, les trous creusés par les obus de mortier. Ça et là, la pourriture. Des cadavres qui n'avaient plus forme humaine. Des soldats en haillons, gelés, qui se traînaient. Et juste un peu plus loin, les fossés de l'infirmerie d'où débordaient les monceaux de morts. Voilà ce qu'est la guerre!
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– Mais qu’est‑ce qu’il se passe ? Alors nous sommes vraiment sur le point d’entrer en guerre ?
– Ça, on n’en sait rien, répondit Ambrogio. Moi, j’espère bien que non.
Il marqua un temps de pause, attitude qui, à l’évidence, lui était naturelle.
– C’est vrai que si la guerre éclate, observa‑t‑il, la chance d’aujourd’hui nous la paierons cher… Ils marchèrent un moment en silence.
– En tout cas, objecta Stefano, répétant ce qu’il avait dit précédemment à son père, pour l’instant nous ne sommes pas en guerre. Et tant que nous n’y sommes pas, il y a toujours de l’espoir.
– C’est sûr, il est inutile de crier avant qu’on ne nous écorche, d’autant plus que toi et moi n’y pouvons absolument rien.
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Vous devez toujours être prêtes, comme si chaque jour de votre vie était le dernier.
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"Mais c'est un fait", recommença-t-il à penser, "que si l'on excluait du tableau la faille que les hommes ont en eux - faille qui se fait sentir en tout-, leur histoire serait inexplicable."
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