AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Eva Silvio (36)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Elle court, elle court, l'infirmière

Elle court, elle court l'infirmière - Eva Silvio - Éditions La boîte à Pandore - lu en février 2020 -



Hello Eva,

J'ai lu ton livre, un fameux boulot que tu as accompli durant de longues années dans plusieurs EHPAD, c'est même plus qu'un travail, c'est un sacerdoce.

Chez nous en Belgique on dit Maison de repos ou Home ou Séniorie, Séniorie, ça fait plus chic.

Il faut sacrément aimer son prochain pour s'investir comme tu l'as fait, et puis, tu racontes si bien ton quotidien, tes doutes, tes joies, ta fatigue tes collègues et... les patients. Certains drôles, d'autres agressifs, d'autres encore perdus dans un ailleurs qui leur appartient, mais tous ces aînés ont tellement besoin d'écoute et de patience, et malgré votre envie, à vous les soignants, de leur apporter un peu de réconfort, le temps vous manquait pour vous arrêter plus de quelques minutes auprès d'eux. Entre la paperasserie, les soins, les médicaments, c'était la course et à l'heure d'aujourd'hui, cela n'a pas changé, et même empiré je crois.

Entre tes enfants, ton mari, tes horaires infernaux, tes gardes, difficile de te réserver du temps pour toi.

Et après avoir donné tant de ta personne, après avoir pesé le pour et le contre, après avoir réfléchi, tu as décidé de mettre fin à ta carrière et de te mettre à l'écriture et tu t'es lancée. Elle court, elle court l'infirmière est le constat que les choses doivent changer, qu'il faut plus de personnel, du matériel adéquat, afin que ces personnes âgées bénéficient de plus de douceurs dans leur fin de vie, elles y ont droit, elles aussi ont travaillé, eu des enfants, ont souffert, ont été utiles.

Et malgré le sujet plutôt grave et triste, tout au long de ma lecture, j'ai remarqué que l'humour était toujours de la partie. Les pensionnaires dont tu t'es occupée ont eu de la chance de croiser ta route.

Alors je termine par une ovation pour les infirmier-es, les aide-soignants-tes, les cuisinier-es, le personnel de surface, tous ceux et celles qui de près ou de loin contribuent à essayer de rendre un peu plus jolie la dernière route de nos aînés.

Bonne chance et beaucoup de satisfactions dans ta nouvelle vie Eva (jmlyr),

c'est ce que je te souhaite.



Commenter  J’apprécie          13935
Elle court, elle court, l'infirmière

Éva Silvio c'est le pseudonyme de…, d'une très chère amie babéliote. Pas une raison pour faire du copinage mais bien sûr que j'ai voulu lire son premier livre, je me suis même jetée dessus !



C'est un témoignage édifiant, un morceau de vie d'une femme pleine de bonne volonté et désireuse de se mettre au service des autres. De l'empathie et de l'énergie à revendre, elle décide de devenir infirmière. Sur le papier, c'est un beau métier, l'un des plus beau peut-être. Mais dans la pratique, c'est devenu une toute autre histoire, un vrai sacerdoce, il faut y croire pour le pratiquer.



C'est un constat, jamais amer et bourré d'autodérision, sur ce métier et sur ceux qui le pratiquent. Le constat d'une profession soumise aux règles du marché, où les patients deviennent des numéros, où les horaires s'étendent bien plus que le salaire, où l'on doit produire du soin à la chaîne et savoir être multitâche pour pallier au manque de personnel et aux absences. L'absence qui survient quand les soignants à bout de forces, à force de lutter, cassent la corde sur laquelle ils tirent depuis trop longtemps.



Éva Silvio nous dit tout, nous montre tout avec une grande sincérité et beaucoup d'anecdotes rigolotes qui aident à faire passer la pilule que doit avaler chaque jour le personnel de santé. Il en faut du courage pour résister à ce rythme, quand on aime ses patients et qu'on n'a pas de temps à leur consacrer, quand on aime son métier mais qu'on a pas les moyens de l'exercer correctement, quand les contraintes deviennent tellement grandes que la seule issue pour ne pas se perdre soi-même est de raccrocher la blouse.



Je comprends mieux à présent pourquoi cette amie me paraît toujours être branchée sur secteur, pourquoi elle cavale encore et toujours comme le petit lapin aux piles Varta – cherchez pas les jeunes, il n'existe plus ;-). Elle court, elle court l'infirmière, elle court tellement vite pour moi, que j'avoue m'être un peu perdue parfois entre les noms des collègues, celui des patients, les spécialités exercées, les tensions, les transmissions, les démissions et les rémissions. Mais je ne suis pas infirmière moi, jamais je n'ai eu à exercer un métier aussi exigeant, qui demande d'être toujours à cent pour cent, toujours à cent à l'heure. Déformation professionnelle oblige comme le dit Éva, quand on est infirmière, quoiqu'il arrive, on le reste pour toujours.



Bon et ben donc, même si c'est ma copine qui l'a écrit, j'ai beaucoup apprécié ce livre et c'est avec plaisir que j'ai lu ce témoignage bourré de tendresse et d'humour ; j'en admire d'autant plus son auteure. Ceux qui la connaissent retrouveront son style inimitable, jamais à cours de bonne humeur et de jeux de mots, elle qui après avoir soigné tant de maux retrouve enfin sa sérénité dans l'amour des mots. J'espère que beaucoup d'autres la découvriront et sauront l'apprécier. En tout cas après cette lecture, plus question d'oublier de dire merci à tous les soignants avant de quitter sa chambre d'hôpital.



Merci Jmlyr, merci "la fermière", merci l'infirmière !
Commenter  J’apprécie          9134
Elle court, elle court, l'infirmière

Après avoir appris qu'une amie babeliote avait écrit ce livre , après avoir pris connaissance du résumé du contenu , après m'être souvenu que j'avais 70 ans ( à quelques mois près ) , que notre petite - fille de 15 ans caressait le projet de devenir infirmière pour " aider les autres " ...je n'ai pas résisté et je me suis procuré le volume en question . La lecture n'est pas difficile , même si , contrairement à ce que dit l'autrice, il ne s'agit pas d'une " écriture si naïve " que ça. Mon point de vue est que lorsqu'une personne est capable , par son talent , de dissimuler la difficulté du sujet par le biais de l'humour , alors on est forcément séduit et ...embarqué. Via les situations , les anecdotes , la sincérité du propos nous fait tourner les pages à toute vapeur .Ce roman n'est pas une fiction , c'est le témoignage d'une personne enthousiaste qui voit peu à peu se " craqueler" l'amour du métier, cédant peu à peu sous les coups de boutoir de l'inhumaine pression budgétaire , de l'égoïste pression d'une hiérarchie avide de " profits et promotions " , du poids moral de la " marchandisation de la vieillesse " , de l'exigence de plus en plus marquée de patients devenus " consommateurs " et , à ce titre , plus exigeants et véhéments à l'égard du personnel de " la ligne de front " .

La pression est telle que les échines se courbent , ploient , s'adaptent ou ...craquent .

Vous me direz, ce n'est pas un " scoop " . Oui , d'accord , mais pourquoi rien ne change ? Le scandale des EHPAD récemment dénoncé prouve bien que l'omerta a encore de beaux jours devant elle .

Alors , des livres comme ça , pour moi , c'est de " l'or en barre ", des témoignages irréfutables portés à notre connaissance , non pas pour salir une profession mais lui rendre toutes ses lettres de noblesse et le respect qui lui est dû. Ne nous trompons pas , il y a beaucoup d'amertume , certes , mais jamais de haine .Eva Silvio ne peut pas " exercer " d'autre profession que celle d'infirmière. Non par incompétence mais par amour et vocation . Elle est bien présente mais la " plus belle fleur " s'étiole , lutte mais finit par dépérir puisque personne ou presque ne songe à l'arroser ....

Eva Silvio ne parle jamais de salaire , rarement de sa famille mais , par des phrases bien assenées , nous exprime toute cette douleur de tout donner au monde ingrat du " plus , plus , plus " au détriment du micocosme familial qui finit par " l'exclure " peu à peu ....

Il y a de l'humain , rien que de l'humain en elle .Hélas, autour d'elle ne gravitent que des satellites terriblement agressifs , sorte de cancers sournois mais impitoyables et ravageurs .

La partie consacrée à son expérience face aux malades atteints de cancers du sein est un hymne à l'amour du métier, un métier de soins , bien entendu , mais qu'il serait bien injuste de concentrer sur cette seule activité .Un beau métier avec , aussi , des interrogations permanentes ...

Il faudra se souvenir de toutes ces alertes , ces cris d'amour si nous voulons conserver l'excellence de nos services de soin portés à bout de bras par la vocation de personnels excédés parce qu'épuisés.

La réussite passera par eux mais , aussi et surtout par nous tous .Aidons les à nous aider .

J'ai vraiment été touché par ce livre " sincère, plaisant , drôle comme un " clown triste " . Je remercie vraiment Eva Silvio , et je passe , je prête, je fais circuler ce livre .

Pour toutes les raisons évoquées, je lui attribue 5 étoiles .
Commenter  J’apprécie          8214
Elle court, elle court, l'infirmière

Je ne me permettrais pas de faire la critique de mon livre, mais je rapporte un billet trouvé sur le site de Rakuten ( Priceminister) ainsi que les étoiles !



La réalité d'une vocation

par avenio1 (Voir ses avis) le 26/01/2020

Avec talent, sincérité et humour, Eva Silvio revient sur ces années d'exercice en tant qu'infirmière, elle nous expose simplement ce qu'est le quotidien harassant d'une personne qui exerce ce métier avec une certaine conscience. Mener de front métier et vie de famille, faire preuve de psychologie et d'un certain esprit d'organisation, c'est beaucoup ! Autant le métier est difficile et exigeant, autant il peut aussi être vecteur de rencontres intéressantes. le manque de moyen, la motivation qu'il faut sans cesse régénérer, quel mérite faut-il avoir ! Et ce mérite n'est pas forcément toujours reconnu à sa juste valeur. Il y a beaucoup d'humanité dans ce livre, car derrière la dureté du métier, il y a la relation et l'abnégation, la compréhension dont il faut faire preuve parfois, sans être forcément compétent(e) pour agir au mieux, mais le coeur agit. Un témoignage très fort que je recommande vivement !
Commenter  J’apprécie          7630
Elle court, elle court, l'infirmière

Nous recevons chaque jour un tel flot d'informations. L'une n'est pas sitôt transmise que déjà on nous en assène une autre, et toutes vont se perdre dans les méandres de notre mémoire.

Quoi de mieux que le silence de sa chambre, et un aparté de quelques heures avec un auteur, pour entendre la souffrance ; l'entendre, et surtout disposer du temps nécessaire pour "entrer en empathie".

Dans ce roman, "Elle court, elle court l'infirmière", Eva Silvio, Jmlyr sur babelio, évoque les souffrances qu'elle a ressenties en tant qu'infirmière en EHPAD. La souffrance physique, mais pire encore, la souffrance morale. Elle évoque cet état d'épuisement qui ne peut que s'installer lorsqu'un métier devient un chemin de croix. Lorsque chaque tâche, toilette, prise de tension, médication, transmission et j'en passe, doit être exécutée au pas de charge...Et que dire de la souffrance morale, celle qui insidieusement la ronge, et à juste titre, car comment composer avec un sentiment d'inutilité, lorsque l'on est déjà allé bien au-delà de ses forces... douze minutes et pas une de plus lui sont imparties pour la toilette d'une personne âgée. Douze minutes pour un corps déjà meurtri par les années. On voudrait ne pas y croire. Et puis, pas le temps de parler, de réconforter, de briser un instant le mur de solitude, la faute au personnel en sous effectif, Il faut faire au plus vite, ainsi en a décidé l'ARS. Alors Eva l'infirmière, pétrie de conscience et d'humanité, a mal à l'âme, et le lecteur aussi... Mais Eva l'écrivaine n'ignore pas qu'elle soumet à son lecteur une lecture difficile. Alors elle l'allège, évoque les souvenirs du passé, et d'une plume infiniment tendre, nous parle de son grand-père, de ses deux grand-mères, "ces deux petites grand-mères au bidou gélatineux", et aussi de son amie Dorothéa, "cette autre moi d'un autre pays". Comme c'est joliment dit...

Mais les choses doivent être dites. Alors l'auteure revient sur toutes ces personnes âgées qui ne sont plus que des numéros, elle revient sur le manque d'égard dont elles font l'objet, sur leur fin de vie si triste et tellement déshumanisée... Et comme nul ne peut ni ne doit supporter l'insupportable, l'infirmière s'en ira. Non, elle ne changera pas les conditions de vie de nos ainés. Elle a compris que le combat est perdu. Elle a compris qu'elle s'escrimait à lutter contre des moulins à vent. Alors, que faire. Leur dire adieu, bien malgré elle :



"Au revoir, les résidents, ou plutôt adieu ! Demain vous aurez sûrement oublié qui je suis, et c'est tant mieux. Bonne année à tous, et gardez la santé, gardez-la bien serrée dans vos petits bras fatigués, et tant pis si vos pensées ont foutu le camp. Moi aussi, je fous le camp, même si, comme votre mémoire, j'aurais bien aimé rester"



Mon Dieu quelle impuissance ! Quelle impuissance face à l'indifférence et à l'inertie de nos dirigeants ! N'aies aucun regret. Eva. Tu as fais tout ce qui était en ton pouvoir...

Commenter  J’apprécie          7335
Elle court, elle court, l'infirmière

Quand j’ai appris la sortie du livre Eva Silvio, j’ai couru à Cultura me le procurer, enfin le commander…



Deux jours plus tard, un petit SMS, et je me précipite à nouveau pour prendre mon paquet. Je l’ouvre au volant de ma voiture à l’arrêt, volumineux pour un ouvrage de taille normale….



Une heure seulement de pause, alors j’ai décidé de manger ses mots.



C’est hier que j’ai refermé ce livre, un pur bonheur, un agréable moment de lecture. Pourtant le sujet…n’est pas de toute gaieté. Pour travailler en EHPAD, il faut être remplie de convictions…car le public n’est pas facile et les moyens restreints.



Eva nous raconte donc son quotidien en forme de marathon. Elle a de l’énergie à revendre, de la dissuasion, elle est authentique, magnanime et essaie de donner de son humanité aux personnes qui ont croisé sa route, avec l’aide de son équipe.



Elle est une force de proposition auprès de la direction pour faire évoluer quelques pratiques tout en collaborant avec les familles.



Le sujet, résident est une personne et non un numéro de chambre, c’est cela qui fait toute la différence. Eva est réaliste, bienveillante malgré toute l’énergie qu’elle déploie, elle se rend à l’évidence, elle ne tiendra pas longtemps.



Elle nous raconte son parcours fait de rencontres toutes inédites et uniques, de situations professionnelles cocasses, de moments douloureux aussi.



Et puis il y a cette trajectoire qui va s’imposer à elle.

Je ne vous en dirai pas plus….



J’ai aimé son évocation à Elisabeth Klubber Ross, auteur pionnière dans sa façon d’appréhender le sujet.



La plume d’Eva est sincère, dynamique, pleine d’humour ce qui fait passer plus aisément les sujets délicatement abordés : la fin de la vie, la prise en charge de la dépendance, la solitude, la démence, parfois avec des éclairs de lucidité… l’annonce d’un diagnostic, la maladie, le soin, et des victoires heureusement…

Commenter  J’apprécie          6615
Elle court, elle court, l'infirmière

«  Elle court, elle court, l’infirmière .Elle tue le temps, et même quand elle en a , elle court encore .Son métier l’a trop habituée .Elle ne pourra plus jamais s’arrêter .... »



«  Je ne veux plus entendre crier toute la journée les mêmes mots, les mêmes paroles, qui me rappellent que demain je serai peut - être ainsi . »

Deux extraits de ce récit que chacun devrait lire ....



Lu d’une traite avec attention, ce « récit - témoignage »vivant, complet , vibrant, pétri d’humanité , ne cache rien des hésitations , de la force de volonté , de la longue expérience enrichissante, en de multiples domaines : (chirurgie orthopédique , pneumologie , cancérologie , EHPAD .)...et j’en oublie, de la lucidité , de la fatigue, de l’usure, du découragement , du désir de lisse, de l’épuisement , du mal de dos, de C ....Pseudo Eva, mon amie littéraire qui a eu la grande gentillesse de me l’envoyer.



Personne n’imagine le quotidien aberrant de ces infirmières patientes , souriantes, à toute épreuve , taillables et corvéables à merci , ces aides- soignantes accueillantes , sérieuses et consciencieuses, ces coordinatrices que l’auteure n’oublie surtout pas de valoriser .....



Elles courent , elles courent , ces soignantes exemplaires en EHPAD affrontant jour après jour: insultes au quotidien , coups de pieds , pression insupportable, infinie , fin de vie , agressivité , éclairs lumineux de lucidité ...parfois,...

On fait connaissance avec monsieur Boulon, madame Oh, la la , Oh, la la , madame F..... et bien d’autres...

On apprend beaucoup au fil des pages : procédures de formation, recrutement, partage d’expériences professionnelles difficiles , Incompréhensions d’une administration tatillonne , méfiance , engagements de ne rien divulguer, comparaison entre services, manque d’effectif récurrent , solitude du week- end , conditions d’exercice limites,

détails des soins parfois barbares , toilettes du matin et pansements ,riches et enrichissantes allusions à Elisabeth Kübler- Ross , psychiatre renommée qui accompagna des centaines de mourants et pensait qu’il existait une vie après la mort ...



L’écriture n’est pas enfantine , non, pas du tout, spontanée, réaliste , touchante et agréable .



Dans sa sincérité absolue, Eva ne nous cache rien même ses promenades aux côtés de son grand - père ( décédé trop tôt) dans les hauteurs du Mont - Ventoux , il n’était que « douceur et bonhommie enveloppé de cent - vingt kilos de gentillesse » .



Les anecdotes amusantes et le surf , la couse à pied , les tartes du grand - père allègent la partie médicale même si le passage à propos des cancers du sein ( pour des raisons personnelles et familiales) m’ont à la fois sincèrement interpellée , émue , ( Terrible) , par la merveilleuse empathie et compréhension dégagée par Eva .



Ah, «  ce n’est pas un métier très sucré » nous dit elle , mais on reste infirmière à vie... N’est ce - pas!

Le lecteur curieux , ébahi, enchanté , emporté par tant de sincérité , de courage, de dynamisme de bel humour se laisse entraîner par cette énergie créatrice , cet allant toujours généreux, ce besoin de faire bouger un peu les choses , si vivifiant comme l’air et les vagues de l’océan , Eva .



Bravo, bravo, Un pur moment de bonheur , je souhaite que chacun puisse lire ce livre émouvant, riche d’humanité et d’enseignements .....

Ah !«  La salle des plaisirs du palais » et «  Le monte- escalier . »



L’ œuvre aboutie d’une « Belle »personne qui a vécu moult péripéties....En vivra encore énormément grâce à son nouveau métier ouvert aux autres ,...

peut- être de plus légères ....

Encore merci pour l’envoi et ta confiance , Eva !
Commenter  J’apprécie          6315
Elle court, elle court, l'infirmière

Elle court, elle court l'infirmière. Doux euphémisme... pour rendre compte d' une course contre la montre, inexorable, éreintante qui permet pourtant de répondre uniquement à l'urgence. Car il faudrait s'appeler Shiva ou Parvati pour parvenir à concilier tout ce qui incombe à une infirmière chaque jour dans un EHPAD et son désir d'humaniser davantage les soins . Quelques paires de bras supplémentaires que l'on grefferait à ces "soldats"du secteur médical ne serait pas un luxe, à défaut de pouvoir les cloner. Embaucher davantage ? Soyons sérieux, et le budget alors? Vous savez ce que ça coûte d'embaucher une infirmière "in situ" le soir dans un EHPAD ?

Comme dans tous les secteurs de services (que ce récit lucide fait écho à ma propre expérience !), la règle d'or est E-CO-NO-MIE. le service ne produit rien qui ait une valeur marchande, il produit "juste" du bien-être, de la santé, de l'éducation, de la sécurité. Alors on rogne ici , jusqu'à l'os, un système de santé où les acteurs médicaux courent toujours après le temps, après leur désir fébrile de faire autrement. Une douche dans un EHPAD ? 12 minutes, montre en main. Dans ces conditions, quid de "l'humanitude", cette si belle philosophie, développée il y a un peu plus de trente ans, qui a à coeur d'améliorer les soins prodigués aux personnes âgées? Comment la faire entrer dans l'équation? Car pour individualiser les soins, prendre le temps de vrais regards, ceux qui humanisent et vous rappellent que vous êtes encore un être en vie, pour prendre le temps de la parole, des échanges qui nourrissent et pansent les effets de la solitude, de la dégradation physique ou mentale, il faut arrêter de courir. A défaut de pouvoir le faire, on perd le sens de son activité et l'on se prend à cauchemarder que l'on est devenu soi-même une simple machine à distribuer les médicaments, donner la becquée, changer les pansements, les couches, poser des perfs... comme un automate dans une affreuse dystopie.

Cruel et amer constat. Car les infirmières donnent, sans compter. Elles n'économisent pas leur fatigue, leur empathie, leur savoir-faire, leur humanité et tirent sur la corde tous les jours, jusqu'à ce que les fils cèdent...

Un récit autobiographique écrit avec beaucoup de fluidité, de générosité, d'acuité et d'humour. Un humour très présent, salvateur, qui agit comme une soupape de sécurité.



A titre personnel, j'ai été très touchée par l'évocation des patientes atteintes d'un cancer du sein lorsqu'Eva change de service. Un magnifique et troublant passage du roman, qui interroge, émeut, renvoie à soi-même et rend un hommage vibrant à la sororité.

Commenter  J’apprécie          6018
Elle court, elle court, l'infirmière

Éva Silvio nous raconte son métier d'infirmière comme si on y était. On imagine très bien les scènes avec les patients ou les résidents de l'EPHAD. On la voit courir à travers les couloirs, se perdre dans les labyrinthes, réprimander les impatients avec délicatesse.



Ce qui m'a le plus touchée dans ce récit de vie, ce sont les résidents de l'EPHAD.

Ils ont tout leur temps alors que temps manque au personnel soignant. Ils sont dépendants, devenus enfants, indociles, déraisonnables. Les infirmières et aides-soignantes débordées.

Elles débordent cependant d'inventivité et de volonté. Il ne manque que davantage de personnel, de matériel, pour rendre la fin de vie décente. Pourtant ces personnes âgées paient assez cher leur séjour en résidence...



Éva lève le voile sur la réalité du métier d'infirmière. Les horaires, la surcharge de travail, la violence aussi. Mais elle le fait avec une pointe d'humour. Et surtout elle partage avec le lecteur des moments de complicité attachants avec les malades, les résidents et les collègues de travail.



Éva a lâché la blouse blanche pour ne plus courir que dans la nature, épargner son dos, et sa peine devant tant de souffrance et de décadence. Pour souffler et profiter de sa vie de famille.



À découvrir. C'est friand d'anecdotes et de leçons de vie.



Commenter  J’apprécie          595
Elle court, elle court, l'infirmière

Eva Silvio, pseudo choisit par une lectrice active sur Babelio qui conserve l'anonymat pour obéir à son devoir de réserve puisque tout ce qui est écrit dans ce livre est vrai.



D'emblée j'ai repéré des petites étoiles entre les lignes tant elle aime son métier Eva. Infirmière dans un EHPAD. Infirmière dans un lieu où il vaut mieux savoir gérer son stress , s'adapter à un rythme soutenu, ne pas avoir peur de prendre des risques. Un véritable engagement.



Elle le résume très bien : « Je sais qu'il n'y a rien à comprendre, ni à juger, juste essayer d'accompagner, d'amener chaque jour du bien être dans le respect de la dignité. Ceux qui arrivent à la fin de leur histoire il faut juste essayer de les apaiser, d'être parfois enveloppante dans les paroles et même dans le geste. »



Accompagner certes mais surveiller les médicaments, soulager, anticiper, accompagner les familles, les comprendre, gérer les absences de personnel, prendre des responsabilités .

Je lis Eva et je suis en immersion totale dans cette maison. le mot inconfort prend toute sa dimension : inconfort des personnes très âgées, inconfort du personnel face aux dérapages, face aux insultes de certains résidents, à leur violence, à leurs reproches, face aux heures de concentration, de rigueur, d'organisation, à l'épuisement parfois. « A mon petit dos qui a du souci, qui n'aime pas trop tout ce que je fais ici » .

Et puis lire Eva c'est aussi et avant tout être témoin de scènes touchantes, d'affection, d'attentions et de compréhension de part et d'autre.

Etre une bonne infirmière c'est être une infirmière qui sait donner. Alors je n'ai pas été étonnée quand Eva a signalé qu'elle « avait la batterie à plat et la jauge dans le rouge » . Qu'elle était « plus crevée que le pneu de la Renault 5 pourrie de ses 25 ans ».



Ce récit de vies m'a rappelé aussi s'il en était besoin qu'une personne âgée a été avant tout une personne active, jeune, au profil parfois redoutable. Tel « ce pépé bien habillé, qui toutes les nuits se levait pour tripoter sous la chemise de nuit de sa petite……….il l'a brisée » ou cette dame « toute frêle et frippée comme une coquille de noix qui battait tellement ses enfants que le petit dernier a fini aux urgences ».



C'est cela un EHPAD. La vraie vie transportée quelques années plus tard. La vraie vie avec ses drames, ses bourreaux, ses victimes. La vraie vie avec des résidents courtois ou non, soucieux des autres ou pas, respectueux ou pas.

Eva le décrit avec parfois beaucoup d'humour, de la poésie quand le coeur lui en dit, mais toujours avec une plume alerte, aussi alerte que les tâches successives qu'elle a réalisé avec passion, aussi vive que les décisions qu'elle devait prendre.



Je conseille fortement cette lecture à tous ceux qui ont des proches dans un EHPAD et je sais qu'ils sont nombreux. Elle permet de mieux comprendre ce que vivent les résidents, ce qu'ils projettent, leurs états d'âme en dehors de leur famille. Certaines explications m'ont éclairée sur telle ou telle organisation. (Par exemple le choix des places à table. )



Eva a quitté ce métier. Dommage pour ma conclusion. J'avais envie d'écrire : Allez Eva on y va ? Donner, communiquer, comprendre, écouter, consoler, panser, valoriser, aimer, gérer, comprendre, écouter, soigner, communiquer..... Allez Eva on reprend : Soigner, regarder, consoler, gérer, communiquer, comprendre, anticiper, assumer, soulager….. Allez on ne faiblit pas Eva : Gérer, attendre, comprendre, soigner, recevoir, donner, s'organiser, sourire, pleurer, soigner……..



Au revoir Eva et merci d'avoir tant donné et de l'avoir tellement bien écrit.

Commenter  J’apprécie          5612
Elle court, elle court, l'infirmière

Dès son enfance, Eva avait déjà trouvé sa voie « Comme beaucoup de petites filles, j'ai fait l'école à mes poupées ; mais très vite, j'ai commencé à les opérer. J'avais vu à la télé, du haut de mes 6 ans, un reportage sur les transplantations cardiaques. C'était décidé, je serais chirurgienne à coeur ouvert. J'étais fascinée ».



Confrontée très vite à la dure réalité de devoir suivre des études de médecine interminables, elle revoit ses prétentions à la baisse. Mais après presque trente années d'attachement pour son métier, menant à l'aboutissement d'une carrière réussie et méritante, elle a eu raison de poursuivre en quelque sorte ses ambitions premières.



Sous forme d'une biographie de vie professionnelle, Eva écrit pour raconter, pour témoigner ses expériences multiples et complexes d'encadrement, avec un accompagnement d'une équipe de soignants dans le milieu médical. Au fil de la narration, c'est la puissante substance de sa profession d'infirmière qui s'exprime.



Parmi ses fonctions aux multiples facettes, elle nous livre tout un pan important de son parcours en maison de retraite. En EHPAD, sa mission principale est de tourner ses soins vers le bien-être et la bientraitance des résidents. Dans ce récit, à travers des anecdotes et une galerie de personnages bien réels, l'auteure nous retrace avec beaucoup d'humanité, de douceur et d'humour, le quotidien de son travail, ses rencontres avec les patients, leurs histoires, leurs doutes, mais aussi leurs joies. Chaque jour travaillé, elle a enduré des hauts et des bas, du fil à retordre, mais aussi la satisfaction des liens qui se tissent avec les résidents, et parfois avec leur famille, qu'elle côtoie durant plusieurs mois voire années.

Pour nous démontrer les conditions de travail d'un métier difficile, Eva dénonce, sans rien nous cacher, une charge de travail de plus en plus importante par manque d'effectif, les difficultés matérielles et les rapports de force auprès de la hiérarchie.



Nouveau tournant dans son chemin de vie ! Quinze années s'écoulent avant de faire ses premiers pas en cancérologie. Le cancer et ses traitements font peur, mais en dépit des tâches physiques, Eva s'acquitte de la mission la plus utile de toutes pour accompagner les malades : elle les écoute parfois plaisante avec eux, les rassure et informe le patient et ses proches sur les soins et leur déroulement. Un lien de confiance qui a également des vertus thérapeutiques.



Un style fluide et spontané qui séduit par l'humour et surprend par les émotions qui s'en dégagent…



A bout de souffle d'avoir trop couru, la couverture de son premier roman illustre très bien son envol vers une nouvelle destinée : s'épanouir dans l'écriture.

Commenter  J’apprécie          5531
Elle court, elle court, l'infirmière

Voilà plus d'un an que je me promettais de lire ce livre dont je lisais tant de belles critiques et dont en plus l'auteure est une amie babeliote. Merci infiniment à elle de me l'avoir envoyé, un beau cadeau de mariage !

Je l'ai lu parallèlement à un autre témoignage qui me faisait horreur (mais que j'ai du lire jusqu'au bout, Masse Critique oblige...) et à chaque fois j'avais l'impression de prendre une bouffée d'oxygène, tant les mots si sincères, et teintés d'humour malgré le sujet pas vraiment gai, me mettaient du baume au coeur.

Et pourtant ce n'est pas un quotidien léger et facile, celui qu'Eva Silvio nous décrit dans ce texte ! C'est celui d'une infirmière en Ehpad (et dans plein d'autres services également), faisant sans cesse la course avec le temps, s'acquittant de tâches multiples et parfois pas de son ressort, mais quand on est peu nombreux, on s'épaule... C'est celui des résidents, dont au gré des toilettes, des repas, des soins nous faisons connaissance brièvement, parce qu'on ne peut pas s'attarder, les suivants attendent. C'est cette frustration de ne pas pouvoir leur consacrer plus de temps, même en y sacrifiant de précieuses minutes volées sur la vie privée ou la pause. C'est parfois aussi la difficulté à s'intégrer dans une équipe, à garder du temps de qualité pour la famille et aussi pour soi. Ce sont toutes ces techniques à intégrer, différentes dans chaque service, ce matériel parfois vétuste, les améliorations qu'elle voudrait tant "faire passer". Et comme tous ces thèmes peuvent parfois être un peu pesants aux yeux du lecteur, ou sans doute aussi à transcrire, Eva Silvio a choisi de nous livrer un récit non linéaire, entrecoupé de souvenirs familiaux, d'anecdotes concernant sa formation, ou d'évasions sous forme de petites sessions de surf (c'est devenu une passionnée d'ailleurs, j'ai découvert par le biais de commentaires...). Et du coup, les aspects plus difficiles "passent crème" comme disent mes collégiens.

Eva Silvio a finalement choisi de se reconvertir après de longues années passées à se dévouer aux malades et aux personnes âgées. Elle a oeuvré dans de nombreux services, son passage en oncologie m'a particulièrement touché, plus que la partie du témoignage se déroulant en Ehpad. Les patient(e)s qui ont eu affaire à elle ont eu la chance dans leur malheur de croiser une soignante empathique (mais à la juste mesure) et soucieuse de préserver au maximum le bien-être de chacun quel que soit son état. J'ai souri à l'évocation de sa vie de famille, parce qu'elle l'évoque avec beaucoup d'humour et que je me suis parfois retrouvée en elle. Et j'ai senti les larmes monter auprès de certains patients, qui m'ont rappelé des êtres chers disparus.

Je me suis parfois un peu sentie perdue dans les personnages assez nombreux, comme Eva quand elle craint de ne pas reconnaître ses résidents. Et j'ai aussi un peu "buggé" dans la chronologie, mais tout ceci n'est que vétilles, ce qui compte c'est que tu aies osé te lancer dans cette nouvelle carrière, qui j'espère te réservera beaucoup de satisfactions. Je souhaite que de nombreux lecteurs découvrent ton témoignage, et parmi eux, certains auront peut-être envie que tu les aides à écrire leur histoire ?
Commenter  J’apprécie          5210
Elle court, elle court, l'infirmière

En cette période compliquée et angoissante, tout le monde s'accorde à reconnaître au personnel soignant un courage et un dévouement sans limite.

Le témoignage de notre amie Eva Silvio, même s'il concerne une époque moins dramatique, contribue à une meilleure connaissance de ce métier difficile et fatiguant.

Avec beaucoup d'humour et de tendresse, elle nous parle des différents postes qu'elle a occupés pendant sa carrière d'infirmière.



Un travail physique en maison de retraite qui nécessite beaucoup de patience et de tact avec des personnes âgées déboussolées, malades ou en fin de vie.

Une course contre la montre pour parvenir à effectuer les soins dans les délais impartis et qui se fait au détriment de la relation humaine qu'elle aurait tant voulu privilégier.



Ensuite, Un boulot émotionnellement bouleversant en oncologie à s'occuper de personnes abîmées par le cancer, de corps dévastés, rafistolés, d'âmes blessées.

Des contacts humains très forts dans lesquels le sourire s'invite parfois comme une éclaircie dans la douleur.



Elle a toutefois eu la sagesse de ne jamais s'obstiner dans une voie qui l'épuisait, essayant de trouver un équilibre entre vie de famille, santé et passion.

La médecine est sans aucun doute un sacerdoce dans lequel on entre le coeur sur la main et la rage au ventre.

Infirmière un jour, infirmière toujours nous dit Eva.

Prenons soin de ce personnel dévoué qui se démène et se bat comme un lion contre le fléau sanitaire dont nous sommes victimes.

J'entendais hier une infirmière italienne épuisée, et découragée de constater qu'aucun patient de son service de soins intensifs n'en était encore sorti vivant.

Cette impression affreuse que le travail ne paye pas, que toute l'énergie dépensée ne sert à rien..



Merci Eva/Cathy pour ce très beau témoignage que tu as su mettre en pages avec un réel talent !

On ne s'ennuie pas une seconde et on se surprend même à courir, à rire, à pleurer avec toi.
Commenter  J’apprécie          4822
Elle court, elle court, l'infirmière

Eva Silvio à l'instar d'une Elena Ferrante avance masquée. On lui souhaite le même parcours...

Dès le début du livre, par le biais d'un échange avec ses enfants, on se familiarise avec le ton de l'auteur, caustique, incisif et rempli de tendresse. Les échanges avec les enfants reviendront régulièrement à des moments charnières et viendront souligner l'importance du cocon familiale.

On suit les pérégrinations de cette infirmière, d'Ephad en Ephad, puis en service de cancérologie, comme si la tâche de s'occuper de personnes en fin de vie n'étaient déjà pas assez difficile.

Eva est une infirmière pour qui ce métier est une vocation et qui ne peut l'exercer qu'avec passion. Elle rivalise d'empathie et d'implication afin de s'occuper au mieux des personnes qui vivent dans ces établissements. En faisant fi d'un éventuel diagnostique accablant pour certain des pensionnaires.

Grâce à la plume d'Eva, on s'attache à ses personnage, l'humour et la distance ne sont jamais loin, ce qui donne au livre une agréable légèreté que l'on aurait pas imaginé au vu du thème traité.

Eva a tourné la page, pour se consacré à l'écriture, comme elle le dit. Alors, après ce premier opus réussit, se tournera-t-elle vers le roman ou nous parlera-t-elle d'un autre sujet qui la concerne...affaire à suivre...si on arrive à la suivre...cette infirmière qui court, qui court8
Commenter  J’apprécie          462
Elle court, elle court, l'infirmière

- Hi, Barbie.

- Hi, Ken !



« I'm a Barbie girl, in the Barbie Wooo-o-ooorld.

Life in Health Care, it's a nightmare.

You can work so hard, to the graveyaaa-a-aaard.

Even with passion, life goes to depression.

Come on, Barbie, let's go crazy !

Hou hou hou houuu » (*)



Que tous ceux qui n'ont pas rêvé un jour, petits, de devenir Ken spationaute ou Ken chirurgien quand ils seraient grands ; que toutes celles qui n'ont pas rêver un jour, petites, de devenir Barbie maîtresse d'école ou Barbie infirmière quand elles seraient grandes, me jettent la première pierre !



Eva, elle, ne s'est pas contentée de le rêver, ce job…



Infirmière, elle l'est devenue. Avec volonté. Avec enthousiasme. Avec passion. Avec surtout la furieuse envie d'aider son prochain… Ou plutôt d'aider nos anciens…



Si elle a pu découvrir, tout au long de sa carrière, de nombreuses facettes de ce métier d'infirmière, de la chirurgie aux consultations, des salles de réveil aux stages de « haute couture », en passant par l'oncologie, c'est en effet vers les EHPAD (Etablissement d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) – ou maisons de repos et de soins (pour nous, petits belges) – qu'Eva pensera trouver sa voie.



EHPAD… Un acronyme qui sonne bien… Cinq petites lettres qui cachent pourtant de grandes et nombreuses imperfections dans ce système de soins de santé dépassé, où le personnel soignant s'épuise à grands feux et n'a que ses larmes de désolation pour tenter de les éteindre, au risque de s'y brûler à grands coups d'impuissance. Un système où l'argent reste le nerf de la guerre et où la pénurie d'effectif et de matériel, les horaires impossibles, le manque d'humanité, de respect et de communication sont les débris qui subsistent au passage de la tempête Money Money Money qui abat et dévaste tout sur son passage.



Un job difficile, épuisant, ingrat… Un job qu'Eva aime pourtant par-dessus tout mais qui aura raison de ses rêves de Barbie infirmière qu'elle faisait petite… Un job qu'elle finira par quitter, non sans en avoir conservé de beaux et touchants souvenirs, une riche expérience et une force de caractère intacte.



Et c'est avec un humour décapant qu'elle décide de livrer son parcours, celui d'une infirmière – fermière qui court, qui court… et qui, après son envol, décidera de se reconvertir en écrivain public.



C'est qu'elle en a vu défiler, des petits vieux, durant sa carrière… Barbie « Rocky Balboa », qui adore donner des gnons sans prévenir… Barbie « Salope – Connasse », la spécialiste en ornithologie des doux noms d'oiseaux… Ken « bricoleur », qui n'hésite pas à démonter le matériel médical et à tripoter les pare-chocs et les airbags de ses copines Barbies ! Et puis Barbie « Oh là là Oh là là », une petite boule de douceur si attachante…



J'étais parti pour attribuer quatre étoiles à ce livre autobiographique de mon amie Babeliote Eva Silvio - Jmlyr, pour toute cette sensibilité, cette passion et cet humour qui se dégagent de ses écrits mais en ces jours difficiles pour toutes les Barbies maîtresses d'école et Barbies infirmières de la Terre, dont le futur de leurs professions s'annonce aussi sombre qu'une coloscopie pratiquée un jour de grève d'EDF, je lui décerne la cinquième étoile, comme une petite lueur d'espoir en l'avenir !



Merci pour cette lecture, Eva !







(*)

« Je suis une poupée Barbie. Dans un monde de Barbies.

La vie dans les soins de santé, c'est un cauchemar.

Tu peux travailler si dur, jusqu'au cimetière.

Même avec passion, cette vie mène à la dépression.

Allez Barbie, faisons les fous ! »

Commenter  J’apprécie          4419
Elle court, elle court, l'infirmière

J’ai découvert ce livre grâce à Babelio et j’en suis très heureuse. Etant infirmière en gériatrie je me suis retrouvée par moment dans ce livre. Il est très bien écrit. L’écriture est fluide. Le parcours d’Eva est dense mais à travers ces lignes, on voit bien l’amour de ce métier qui est ultra difficile et complexe.

Eva se pose beaucoup de question sur son devenir professionnel mais je pense qu’elle a trouvé une belle voie avec l’écriture de roman. J’espère pouvoir en lire d’autre de cette auteure.

Je recommande ce livre.

Commenter  J’apprécie          435
Elle court, elle court, l'infirmière

Nous avons tous déjà été dans la position du patient face au corps médical, face à des professionnels dont nous exigeons qu'ils soient sérieux, mais dont nous nous demandons ce qu'ils pensent face à nous, qui leur donnons accès à nos secrets. Quelle aubaine, alors, de pouvoir accéder au quotidien d'une infirmière et aux coulisses de son métier !⠀⠀

⠀⠀

C'est ce que nous permet Eva Silvio, alias notre amie jmlyr sur Babelio, qui a travaillé en Ehpad et en consultations de cancérologie. Pas drôle ? Pourtant, nous pouvons tous être concernés un jour – les soignants eux-mêmes peuvent passer de l'autre côté de la barrière. Alors j'ai d'autant plus apprécié qu'elle réussisse à nous embarquer et à nous faire vibrer, pleurer, et même sourire, dédramatisant nombre de situations qu'elle décrit... le livre fait découvrir une pratique et une réflexion où les patients ne sont pas des numéros, mais des personnes qui ont une histoire. Soin du corps, mais pas sans soin de l'esprit...⠀⠀

⠀⠀

Une histoire m'a marquée parmi beaucoup d'autres : une résidente d'Ehpad semble en fin de vie, mais son corps tient bon et sa fille a du mal à supporter cette situation qui joue avec ses nerfs. Eva Silvio fait l'hypothèse que la résidente attend de revoir une autre de ses filles, qui ne peut venir avant plusieurs jours... Ses collègues ne trouvent pas tous que c'est évident ? Et pourtant, la prédiction se réalise et surtout, me semble-t-il, cela redonne du sens à la vie et la présence de cette femme, et rend important le fait de prendre soin d'elle pour réaliser son ultime souhait.⠀⠀

⠀⠀

Eva Silvio a choisi de se reconvertir. C'est à la fois une bonne nouvelle (puisqu'elle s'est reconvertie dans l'écriture) et une mauvaise (puisqu'elle a démissionné faute de moyens pour bien exercer son métier). J'espère alors que pour lire d'autres témoignages sur une pratique humaine de la médecine, il ne va pas falloir que toutes les infirmières qui aiment exercer ainsi leur métier soient poussées à la démission par le manque de moyens...⠀
Commenter  J’apprécie          425
Elle court, elle court, l'infirmière

Tout d'abord, il me faut remercier l'auteure qui a eu la gentillesse de dédicacer 2 exemplaires de son livre.

Oui 2, car je tiens à faire connaître son livre à une amie aide-soignante, qui reconnaîtra sûrement plein d'anecdotes de son quotidien professionnel. Et je tenais bien sûr à lire moi-même le livre, c'est chose faite. Alors merci pour les dédicaces, qui rendent nos exemplaires encore plus précieux à nos yeux de grandes lectrices



"Elle court toute la journée", Goldman chantait ça à propos d'une fille qui a "fait un bébé toute seule", mais là, rien à voir, on ne parle pas de bébé.

Eva nous fait entrer dans son quotidien, et les infirmières et aides-soignantes aussi ... courent toute la journée ... la nuit parfois, aussi ... Sprint, marathon, il faut du souffle pour tout ça ! le rush permanent !



Il en faut du souffle, et la vocation aussi, l'énergie, l'empathie, la compassion ... Eva nous dépeint son quotidien, et rend un très bel hommage à une profession toujours aussi utile, toujours sollicitée, fatiguée souvent mais motivée ...



Il faut y arriver, à gérer ces longues journées, entre les patients diabétiques, les hypertendus, les autres patients avec maladies chroniques, ceux qui ont plein plein de cachets, les dépendants, ceux dont la mémoire devient de plus en plus capricieuse ... ceux qui déambulent, ou cherchent sur un chariot de soins ... des outils comme s'ils étaient encore mécanos ...

Les farceurs, les amateurs de musique ... Eva nous montre aussi que le patient est avant tout une personne, et que ça déshumanise, le système actuel, où tout s'est accéléré, où on manque de temps (sauf le patient, qui est parfois très patient, d'ailleurs)



Ce bel hommage, ce beau témoignage, nous montre aussi les nombreuses émotions qu'on peut ressentir, en étant soignant dans plein de contextes différents, comme l'a été Eva : chirurgie, hôpital, EHPAD, oncologie ...

Chapeau bas, les univers sont bien évoqués, décrits (sans excès de jargon médical non plus), avec aussi de l'humour et une grande tendresse.

Ce livre est à recommander à tous. Soignants, patients, aidants, ou simples curieux, tout le monde peut apprendre des choses et ressentir de nombreuses émotions en lisant ce livre complet et touchant.



A lire !
Commenter  J’apprécie          4111
Elle court, elle court, l'infirmière

Petite fille, elle rêvait d’être chirurgienne. Après avoir exercé comme infirmière dans un hôpital, Éva, la narratrice décide de travailler avec des personnes âgées, pour s’occuper des gens qui ont des problèmes de mémoire.

Il va falloir s’habituer à de nouveaux locaux, connaître le personnel, apprendre de nouvelles méthodes de travail. Un seul diplôme, mais cent métiers différents. L’heure tourne, et il faut faire au plus vite, les soins, mais aussi les toilettes des plus fragiles, ceux qui sont en fin de vie, aider au repas, le téléphone qui n’arrête pas de sonner, gérer les requêtes des familles et l’agressivité des résidents. Prendre son repas en vitesse. Ce manque de temps qui donne l’impression d’être complice de maltraitance. Se battre contre les administratifs, pour faire bouger les choses et obtenir un demi-poste d’infirmier supplémentaire. Les week-ends seule aux commandes, sans directeur, sans accueil, sans technicien de maintenance, une énorme responsabilité, un stress permanent.



Dans une seconde partie émouvante, Éva nous parle de son expérience dans un service de cancérologie et notamment des femmes prises en charge pour un cancer du sein, l’annonce terrible, les traitements, les cheveux qui tombent par poignées, la chirurgie lourde, le temps de la reconstruction. Tout est dit avec pudeur, avec amour.



Eh oui, elle court l’infirmière, toute la journée, faute de temps, faute de moyens. Dans ce livre, toutes les situations sont réelles et c’est ce qui en fait sa force, une plongée dans le quotidien d’une infirmière dans un EHPAD confrontée à la réalité du grand âge et qui en voit de toutes les couleurs et sent toutes les odeurs. Un récit plein d’humour, de sensibilité, de douceur, de tendresse et de respect.

Ce témoignage a l’immense mérite de nous décrire ce qu’est vraiment ce métier que la crise de la Covid a mis en avant. Eva Silvio laisse parler son cœur pour exprimer le manque de reconnaissance, « Dans le métier, le cumul des emplois ne gêne pas, mais à l’inverse des politiques, les salaires ne sont pas cumulés. », les coups de cafard, les doutes, la peur de faire une erreur, de commettre une faute professionnelle. Le difficile équilibre entre son métier et sa famille, mais comment oublier le stress accumulé dans la journée, alors on s’énerve contre les enfants pour le moindre écart de conduite, alors on n’est plus disponible pour son conjoint, alors on ne prépare que du surgelé.



Et puis cette phrase qui résume bien ce sacerdoce :

« Infirmières, encore infirmières, toujours infirmières. Nous sommes infirmières à vie, que l’on exerce ou non. »



Commenter  J’apprécie          353
Elle court, elle court, l'infirmière

Alors que d'autres font du tourisme en EHPAD, sous couvert de leurs diplômes universitaires, et pour nous en livrer une vision idyllique, Éva Sylvio commence par nous en montrer la réalité de l'intérieur. Elle nous informe par exemple que seulement un EHPAD sur cinq s'autorise à embaucher une infirmière de nuit, ce qui a de multiples conséquences tant pour la nuit que le jour pour les résidents en EHPAD.



Eva Silvio réponde informe sur les raisons qui globalement ont conduit ces personnes âgées à intégrer un tel établissement. Elles ne peuvent plus rester chez elles parce que c'est devenu très dangereux de vivre dans les conditions qui sont devenues les leurs. Certaines d'entre eux ont mis le feu en se faisant à manger, d'autres ont oublié de manger, ont peur dans la nuit rester toute seule, ils se perdent dans la rue ou ne savent plus téléphoner…



Elle commence le matin par aller voir les personnes diabétiques, préparer leur glycémie, vérifier leur tension, faire leurs toilettes, changer les pansements, etc… Certains résidents sont devenus très agressifs pour maintes raisons. Par exemple elle nous raconte une histoire d'un homme qui avait été mécanicien ; à chaque fois qu'il voyait les infermières avec leur chariot, il regardait dans tous les tiroirs pour retrouver ses outils et comme il ne les trouvait évidemment pas, il pouvait cracher sur leur visage.



L'auteure évoque également le snoezelen, d'abord connu pour ses effets positifs sur les personnes vivants avec des handicaps mentaux sévères, puis utilisé en gériatrie, toutefois avec les petits moyens du bord. « Ambiance feutrée, tamisée et sécurisée, musique douce et lumières adaptées, cousins moelleux ou bains thérapeutiques, parcours de santé, éveil des sens » (page 67).



Tous les soirs quand Eva rentrait à la maison à cause de la fatigue elle n'avait plus envie de rien faire, même pas envie de prendre la douche. Elle était tellement fatiguée qu'elle avait une seule envie à savoir celle de se coucher le plus tôt possible et de fermer les yeux.



Son travail est très prenant et il pèse sur l'harmonie de sa vie de famille. Alors que nombre d'infirmière commencent en EHPAD, Éva Silvio est arrivé là après un riche parcours dans sa profession ; elle nous évoque en particulier un autre service où le destin de certains est poignant, celui de la cancérologie. Si pour plaisanter elle s'est faite appelée "fermière" en reprenant une prononciation enfantine de son métier, sait-elle qu'en matière de création/déformation, les jeunes parlent de "speakologues" pour psychologues.



Elle explique également, de façon concise, le contenu des études qu'elle a suivies sur les trois ans. En première année, elle étudie notamment un peu psychologie et puis réalise un stage où elle voit comment laver les gens et vider les bassins, prendre des tensions, questionner le patient... Pour la deuxième année des études, le programme touchait la santé publique, l'économie de la santé, les soins éducatifs, préventifs et d'urgence. Enfin en troisième année des études, sont évoqués en particulier les soins palliatifs et les questions relationnelles…

Commenter  J’apprécie          343




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Eva Silvio (49)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz sur le petit prince

Quel age avais t'il quand il vue une magnifique image?

4ans
8ans
6ans

15 questions
449 lecteurs ont répondu
Thème : Le Petit Prince de Antoine de Saint-ExupéryCréer un quiz sur cet auteur

{* *}