Citations de Fabienne Juhel (133)
Avec un bois flotté on peut construire une pirogue... (p. 300)
Donc, c'était ça, la mer : une ventrue calamiteuse qui clabaudait jusqu'à plus soif. (p. 202)
Mais les vieux plaisent à l'homme. Il aime leur visage cerclé de sillons arides, leurs cheveux qui sont des soies blanches et vaporeuses de petites filles, leurs lèvres mangées de néant qui mâchent des souvenirs, leurs mains comme des feuilles d'automne posées au grand vent. Ses préférés sont ceux qui tricotent des petits pas sur la place de l'Hôtel de Ville.
Je me suis perdue. Ca devait arriver. Je me perdais souvent, avant.
Une histoire commencée très tôt avant de devenir une habitude. Une humeur aussi. Un petit héritage de famille en somme. Pas grand-chose. Un legs que personne ne vous jalouse. Et qu’on empoche. Pas la peine, pour le coupe, de le formuler dans les clauses testamentaires.
Juste un petit mort pour rire
Tristan [Corbière] a toujours fait à son idée. Il suffit de voir comment il conduit sa barque contre vents et marées. Comment il s'habille en porte-à-faux des modes, comment il porte le chapeau, la blouse de peintre, le caban du matelot, ensemble et indistinctement; comment il monte à cheval, fait du canot, de la musique, peint, rime, chante; comment il fait plus de cas d'une araignée et d'un crapaud, des bestioles pour lesquelles il a de l'estime, quand d'autres se piquant de lettres se prennent pour des loups, des cygnes ou des albatros.
Tout à l'envers, et toujours là où on ne l'attend pas, où on ne l'espère plus. Et dans la plus sublime dissonance. [...]
Une espèce de Diogène breton se plaisant dans son hamac comme l'autre dans son tonneau. Et qui a dû prendre au pied de la lettre la devise de la ville de Morlaix pour mordre les chevilles des bourgeois contents d'eux, enflés d'orgueil, posant en famille entourés de leurs garnitures de mioches.
Voilà, l'Indien !
J’ai regardé autour de moi. Mon regard s’est heurté aux vitres bleues qui m’interdisaient le ciel. La nuit avait glissé dans les rails des baies ses panneaux pleins. La véranda prenait son air sinistre de boite en bois. Un catafalque dressé au milieu de la nuit ardente.
Alors c’est venu, là, pour la première fois, le goût de la terre impossible dans la bouche.
Mirador.
Pour regarder dehors.
Regarder l'or du temps se coucher dans les draps ourlés d'écume.
Dès qu'il a vu la maison, l'homme en a compris la nature, il en a su l'usage. Des murs pare-feu contre la barbarie des hommes, contre leur incurie, leur puissance destructrice. Des murs écrans, blindés. Une armure pour faire barrage à leur démesure.
Je pourrais l'écraser sous mes quatre roues motrices. Ratatinée comme elle est, ça ferait pas plus de trace qu'une vilaine couleuvre aplatie sur la route. Et le soleil qui cuit le goudron ferait fondre ce bout de vieille carne. Dissoute sous la croûte de bitume. Poussière retournant à la poussière.
La poudre d'escampette ne s'enseigne pas à l'école.
L'Indien donnait de grands coups de hache contre un hêtre mort. Je l'avais reconnu: les arbres morts attendent l'hiver pour passer inaperçus. Pas lui.
Celui-là, repérable entre tous, était le fief d'une colonie de corbeaux qui s'y logeait à la tombée de la nuit. A l'aube, ils rameutaient leurs petits mal réveillés et tout ébouriffés, entre deux cris et un lissage de plumes. Puis, la troupe s'élançait dans un bruit de bois sec pour sa besogne sanitaire, prospectant sur les chemins à découverts, à la recherche des petits animaux que la lumière des phares avait surpris et épinglés en plein course, avant que le bloc optique ne les projette sr les bas-côtés dans un bruit mat d'os frais.
Les branches basses étaient maculées de fientes blanches qui coulaient tout le long du tronc en s'y enroulant, jour après jour, alimentées par les déjections plus récentes, alourdies encore par les naissances annuelles de dizaines de petits corbeaux. Le hêtre s'était ainsi paré de signes belliqueux, avec sa coiffure de plumes noires et mobiles sur le chef et ses marques blanches sur tout le corps. Un Indien sur le pied de guerre.
....les adultes avaient des raisons que le cœur des enfants ignorait. Voila.
"Et qu'est-ce qu'une histoire ? me demanderez-vous à la suite. La narration d'un miracle."
"Tout homme qui conserve de son enfance le goût du lait sur ses lèvres, tout homme qui sent reposer en son sein l'enfant d'autrefois, est un poète. "
Les mots ont leur fréquence. Ils ne peuvent être entièrement saisis que s'ils sont le fruit d'une lecture à haute voix. Donner du son aux mots, c'est leur donner du sens...
son rêve d'arche à la fin des temps, qui était la promesse d'une nouvelle ère. Mais Brian et Abhra voudraient d'abord aller voir les Indiens.
Yvonne et la vieille feront disparaître ma dépouille. Les rangers n'en sauront rien.Ni le chef Albert qui doit être bien vieux maintenant. Ni Albina qui m'a oublié.
Elles chercheront apres un nouveau Fisi.Vigoureux,docile,nourri au lait des fétiches.
MEKTOUB!
Je n'existais déjà plus beaucoup.Et j'étais mort avant que tu me tues.
Les fétiches m'ont fait l'enfant des orages.
Enfant-sorcier,j'ai touché à la cendre de mes morts.
J'ai mené ma barque par les vents et les courants contraires.
A cause d'une étoile toute pourrie de l'intérieur.....( Page 204).
Il n'y avait pas de devenir pour elle, mais un avenir défini à l'avance.
Août est la saison des embrasements, celle des explosions de lumière ; la saison des incendiaires.