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Citations de Fabrice Hadjadj (160)


On a de peur que pour ce qu’on aime. Celui qui n’a peur de rien montre qu’il n’aime rien. La peur de la mort est donc un signe de santé : preuve qu’on aime la vie ou que la vie est aimable. L’absence de cette peur est symptôme de maladie grave : preuve que la vie nous est insupportable ou indifférente.
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La recherche du bonheur est recherche de la bonne mort. Toute la connaissance morale se rapporte à la question : « Que dois-je faire pour être heureux ? ». Toute la connaissance morale renvoie donc à cette question contenue dans la précédente : « Que dois-je faire pour bien mourir ? Quelle mort dois-je vouloir de préférence, et quelle existence dois-je en conséquence mener ? »
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la violence du paradis est essentiellement chorale.
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J'ai d'abord habité dans le ventre d'une Juive, grande, blonde, belle, qui était maoïste et avait un diplôme d'anglais. Mon recueillement y était monastique; ma position, celle d'une adoration pirouettante et parfaite. J'étais emporté çà et là,, parmi les rues de Tunis et les restaurants de Paris, mais je ne quittais pas mon vivant ermitage, ne rencontrant les gens qu'à travers le tamis d'une muqueuse qui me les rendait tous chaleureux. C'est ainsi que j'ai débuté dans la vie. Dans un tabernacle de chair.
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Il est intéressant de voir combien les jeunes Occidentaux peuvent sauter facilement de la maîtrise d’un algorithme à une explosion d’affectivité immature. La haute technologie favorise la bestialité. Là où le maniement des outils exige une certaine patience et discipline du corps, l’habitude d’obtenir des résultats spectaculaires en appuyant sur des boutons exalte notre côté impulsif.
(page 44)
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Qu'est-ce qui pourrait encore le retenir ici? La neige va recouvrir la tombe de sa mère. Le monde devient une page blanche.
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Le mariage est une prison, pour sûr : liberté surveillée, permissions de sortie brèves...
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Même les frères siamois peuvent se faire la guerre, remarque Pacôme, alors pourquoi pas un père et son fils ? La seule différence, c’est que quand un siamois tue l’autre, il meurt aussi. Ça le pousse à faire un peu plus attention, à avoir un minimum de prévenances.
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Croyez-vous que toutes les joies saignent ?
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-Voilà que je dois encore t'apprendre les bonnes manières. Tu ne dois pas dire "jeune fille" mais "sorcière". Tu ne dois pas dire "pucelle d'Orléans" mais "putain des Armagnacs"!

- Ch'uis bourreau moi, ch'uis pas juge. Je fais que faire ce qu'on m'dit.
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78. Le propre de notre époque est de n’être plus une époque, mais un délai. L’horloge cumulative du progressisme cède au compte à rebours d’un catastrophisme généralisé. C’est là ce qui spécifie la crise d’aujourd’hui par rapport aux crises antérieures : une conscience plus ou moins avouée de la finitude de l’espèce humaine en tant qu’espèce. Autrefois, nous savions que chacun de nous était individuellement voué à la mort ; aujourd’hui, à l’horizon de ce monde, nous nous savons inéluctablement voués à une mort totale, sans descendance ni kaddish. Même la vermine, pauvrette, ne profitera plus. Même la mort finira par mourir, non grâce au triomphe de la vie, mais à cause de son extinction complète.

De même que, pour les Juifs, la Shoah tend à devenir l’événement paradigmatique, pour les hommes en général (d’après Koestler et Anders), Hiroshima devient la date la plus importante, car elle signe leur arrêt de mort collective. L’humanisme a fait long feu. Les lendemains ne chanteront pas. Ils sont voués au silence intersidéral.

Il est probable que le succès d’un certain darwinisme tient moins à ses lettres de noblesse scientifique qu’à sa résonance avec cette possibilité très concrète d’une disparition totale. Après tout, nous ne sommes qu’un bricolage de l’évolution, une construction hasardeuse et négligeable à l’échelle de l’univers. Notre ego plaintif vient du jeu de Lego de l’ADN, jeu sans joueur, sélection sans élection. On se console comme on peut.
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66. Cette primauté du messager sur le message ne tient pas qu’au mystère du Verbe incarné, mais remonte jusqu’au mystère trinitaire. Le mystère de la Trinité nous révèle un Dieu qui n’est pas océan de lumière anonyme et impersonnelle, mais communion de Personnes. Ces Personnes ne sont pas l’une par rapport à l’autre aliud, c’est-à-dire autre chose, parce qu’elles sont ensemble l’unique essence divine ; et, en même temps, elles sont l’une par rapport à l’autre radicalement alius, c’est-à-dire quelqu’un d’autre. On a beaucoup insisté jusqu’ici sur l’unité de nature dans la Trinité. Mais, en notre époque de pluralisme irrécusable, il convient d’insister sur la distinction absolue des Personnes divines. Le Fils, par sa Nature, est une même chose que le Père, à savoir Dieu. Mais, en tant que Personne, il est infiniment différent du Père, puisqu’il est le Fils. Et c’est cette infinie différence dans une unité infinie qui fait l’événement permanent de leur communion, sa respiration et sa fécondité, puisqu’elle est procession d’une autre Personne irréductible, le Saint-Esprit.

Affirmer l’unité divine à la manière d’un bloc irrespirable, c’est porter un message écrasant ou dissolvant. Peu importe le visage du messager et celui de son interlocuteur : tous deux sont incapables de refléter la nature divine à moins de se résorber l’un comme l’autre dans cette nature divine indifférenciée. Il y a peut-être plus qu’une relation d’homophonie entre les ariens et les Aryens : le totalitarisme a certainement son origine lointaine dans un monothéisme où tout est réduit à une unité sans différence ni amour : Ein Reich, ein Volk, ein Fürher… Comment sortir de la violence de cette unité écrasante et uniformisante (qu’elle se fonde sur le culte de la Race, de la Nation, de l’Humanité, de la Planète ou de n’importe quel autre homologue du divin dissolvant) ? On a pu croire que la réponse se trouvait dans l’auto-célébration de l’individu. Mais l’individualisme substitue à la violence verticale une violence horizontale : l’un s’oppose à l’autre et n’entre en relation que par crainte, pour établir un traité de non-agression et préserver sa bulle. Il convient plutôt de reconnaître l’unité créatrice et diversifiante. Dès lors que l’unité divine est connue comme trinitaire, nous découvrons la différenciation éternelle du Fils comme garantie de la différenciation éternelle de chacun en Dieu, et la finalité n’est plus tant de délivrer un message dominateur que de chercher à vivre une rencontre. Et tant mieux si l’interlocuteur résiste ! Tant mieux même, pour commencer, s’il refuse ! La communion visée n’est pas une fusion dépersonnalisante, mais la trouvaille de personnes absolument diverses : comme avec les sexes, c’est l’union de leurs différences, voire de leurs différends, qui fait jaillir du nouveau.
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Toute vie est ouverture et communion. Toute joie est rencontre. Le plaisir recherché, fabriqué, produit à la force du poignet, pour ainsi dire, est toujours laborieux et laisse un goût amer. La vraie joie vient toujours nous surprendre. Notre œuvre n’est pas de la produire, mais de nous y disposer.
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La vie de l’homme juste et vertueux est meilleure que celle de l’homme rempli de vices. C’est donc pour l’homme juste qu’il est plus douloureux de la perdre. L’arrachement de son âme à son corps fait le bruit le plus déchirant, parce que son corps avait pleinement épousé son âme dans ce qu’elle a de plus spirituel, et son âme avait pleinement épousé son corps dans ce qu’il a de plus serviable.
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Le foyer est comme ce lieu du feu dont il tire le nom, toujours le même et toujours neuf.
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Mais il fallut me l'avouer : je ne venais que pour l'arbre et l'oiseau, je ne venais que pour cette poésie usée jusqu'à la corde, l'arbre et l'oiseau, le bouleau blanc et le merle noir, comme s'il pouvait y avoir de l'inédit dans la réalité, comme s'il pouvait y avoir du neuf dans le vu et revu et revu encore : les couchers du soleil, le radotage de la mer, le pléonasme du ciel bleu...
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Nous sommes donc bien à la source à la fois symbolique et réelle, celle de l'art et celle de la vie. Et le peintre nous y invite à y boire. Ne voyez-vous pas au bas cette raie obscure qui nous appelle ? L'axe de la divinité se termine en une petite canalisation. Elle veut se réserver sur l'autel, hors du tableau. Elle veut descendre jusqu'au spectateur. Si bien qu'il lui faut devenir acteur, à ce spectateur, et qu'il écoute pour finir ces mots ultimes de l'Apocalypse :
L'Esprit et l'Épouse disent "Viens !" Que celui qui entend dise : "Viens !" Et que l'homme assoiffé s'approche, que l'homme de désir reçoive l'eau de la vie, gratuitement ( Ap 22,17).
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Les enfants qui doivent répondre au désir des leurs géniteurs ne sont peut-être pas battus, mais mille petits horions psychologiques sauront leur bleuir l'âme. Le plan quinquennal avait le Goulag. Il faut bien que le "projet parental" ait son noir cagibi. Quand on a avorté d'un petit mongolien, l'enfant qui vient après n'a pas intérêt à faire l'imbécile.
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Et quand la nuit était tout à fait noire, ce n'était pas de repos, mais de noirceur, de sang d'encre et d'yeux crevés : il fallait, dans un bruit de grignotement et de pattes galopantes, défendre ses morts contre les rats...
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C'est incroyable ce qu'on peut dormir dans la Bible, et aux moments les plus décisifs. Une torpeur s'abat sur Adam au moment de la création d'Ève (Gn 2, 21), puis sur Abraham au moment de son alliance avec l'Imprononçable (Gn 15, 12). Sans doute s'agit-il de nous rappeler que Dieu et la femme se rattachent à un inconscient qui excède nos lucidités.
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