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Critiques de Federigo Tozzi (22)
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Les choses, les gens

Si vous n'avez pas le temps de lire cet avis, contentez vous de l'expression de mon énorme gratitude envers l'éditeur La Baconnière (de Genève) pour la publication de cette première traduction française*, et abordez par vous-même au plus vite Federigo Tozzi. Merci à l'éditeur et à masse critique de m'avoir permis cette découverte :

comme vous probablement, j'ignorais jusqu'au nom de cet auteur Italien mort très jeune en 1920, connu d'abord surtout comme poète et journaliste, puis redécouvert et admiré à partir des années 1960. Ce recueil posthume se compose de deux parties (Les Choses, Les Gens), qui font suite à un premier volume de courts poèmes en prose paru en 1917 : Les Bêtes.



Commenter la poésie m'a toujours paru risqué et difficile, mon avis est peu stable et souvent peu clair. Permettez-moi de commencer par la fin : Les Gens est d'un abord plutôt facile. Il s'agit le plus souvent de portraits ou de courts récits à propos de personnes souvent campagnardes, simples, pauvres ou presque. Les premiers textes, d'une page ou deux, prennent le temps d'une description physique ou psychologique des Gens ; que le narrateur dise « je » ou qu'il se tienne à distance, il nous transmet son empathie pour ces personnages qu'il nous rend immédiatement présents et vivants. Les derniers textes, plus courts, ressemblent plus à ceux de la première partie : impressions fugitives, haïkus, et esquissent peut-être, par leur suite sans cohérence immédiatement apparente, le portrait torturé de l'auteur.



Torturé ? Je dirais au moins que le narrateur propose parfois des visions surréalistes, qui ont pu me rappeler L'homme est un grand faisan sur terre de Herta Müller. Au dos du livre éclate cette citation de Giorgio Manganelli « L'œuvre de Federigo Tozzi est à mi-chemin de la ville de Sienne et de la névrose. » Me fiant à mes impressions sur ce volume seulement, j'aurais dit : à mi-chemin de Rome et de la psychose.



La première partie comporte des textes de quelques lignes à une page environ. Beaucoup de visions de la campagne (Siennoise, peut-être), mais aussi d'horizons romains. Il y a de purs moments de poésie, des impressions qui m'évoquent des haïkus, des réflexions de poète exilé loin de la ville comme dans Platero et moi de Juan Ramón Jiménez, des images simples mais aussi des analyses de sentiments d'une délicatesse proustienne. C'est dans la notice italienne de Tozzi sur Wikipedia que j'ai trouvé ce qui est mon sentiment dominant : « Tozzi utilise les formes traditionnelles du réalisme uniquement pour exprimer sa vision particulière de la réalité qui tourne autour de l'inaptitude comme une incapacité de l'individu à résister aux nouvelles exigences de la vie. » Inaptitude, désenchantement, mais aussi volonté de se fondre dans la nature, dans les choses peut-être. Certains textes sont d'une grande complexité en quelques lignes, j'ai souvent dû y revenir, parfois dubitatif, presque toujours admiratif.



La belle postface de Philippe di Meo donne beaucoup de pistes savantes, il parle de l'unité stylistique de l’œuvre, qui ne m'est apparue qu'a posteriori. Lisez-là, mais auparavant laissez-vous emporter : c'est, après Le Spleen de Paris, un des livres de poésie en prose qui m'ont le plus ému.



*C'est encore José Corti qui a fait découvrir Tozzi au public français en publiant Les Bêtes en 2011, déjà dans une traduction de Philippe di Meo.
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Trois croix

Texte offert par une amie le 6 septembre 1984....Lu le 3 janvier 2023 !!



Plongée dans des tris et rangements de mes rayonnages et réserves d'écureuil...où je tente chaque fois de "redonner vie" aux orphelins et abandonnés, souvent injustement, et involontairement!...



C'est le cas de ce texte.Roman d' un écrivain italien important, malheureusement mort très prématurément de la grippe espagnole....



Ce roman a été inspiré par un drame villageois étant survenu en 1918.... trois frères issus d'une famille aisée, un père leur ayant laissé une situation financière satisfaisante....vivent au-dessus de leurs moyens surtout deux, qui fuient les responsabilités et ne pensent qu'à se

" goinfrer" et à faire des dépenses inconsidérées en " bonne chère"...diverse !



Seul Giulio, libraire, travaille sérieusement et prend tout sur son dos, dont la signature de faux-papiers bancaires, pour échapper momentanément aux dettes....une fuite en avant désespérée ....dont les deux autres frères se moquent, laissant leur frère réparer leurs inconséquences incessantes....



"( Giulio) C'était le plus intelligent et le seul à avoir envie de travailler.Il restait à la librairie du matin au soir.Niccoló par contre était aussi antiquaire et se trouvait presque toujours hors de Sienne, cherchant dans les vieilles fermes et les villages quelque chose à acheter.

Enrico exerçait le métier de relieur dans une petite boutique près de la librairie."



Le récit est abondamment accompagné de descriptions de la ville de Sienne...



J'avoue que ce récit m'a laissée fort perplexe....

Trois frères, dont deux , tristement insipides, sans caractère, inconsistants au dernier degré,laissant Guilio se débattre tout seul pour cacher leurs escroqueries...



On ne peut s'empêcher de ressentir de la sympathie et de la compassion pour Guilio....qui est très, trop lucide de la situation tragique empirant inextricablement et pour lequel il se sacrifiera finalement....pour ses idiots de frangins....



Le récit est en grande partie narré par Guilio, avec les interventions régulières , extérieures, neutres de l'auteur



"Autrement, ça veut dire qu'en quarante ans je n'ai jamais réussi à bâtir dans ma sphère quelque chose qui puisse me faire vraiment plaisir et qui réponde à mes sentiments.Pourquoi les autres me croient-ils pareils à eux? Parce que je le leur ai fait croire. Et aussi parce que si je leur disais ce que j'en pense, il est certain qu'ils en éprouveraient du chagrin et qu'ils n'accepteraient pas,

non ?

Ça veut dire que je les ai tellement habitués à moi-même et à être ainsi que j'ai perdu tout droit à revenir sur ces choses."



Il me reste à lire un autre roman de cet écrivain, édité par cette même excellente maison d'édition : L'Éther vague: " Les Yeux fermés ", livre toujours en attente dans mes réserves....



Celui- ci que j'ai achevé il y a déjà plusieurs semaines,je l'ai déposé dans un kiosque de " Livres- voyageurs" qui me tient à coeur, pour réparer ma trop longue négligence ...et lui offrir une nouvelle vie auprès d'un , de nouveaux lecteurs, plus empressés...!



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Le domaine



J’ai choisi ce livre dans le cadre de la dernière Masse Critique, pour la découverte, ne connaissant pas l’auteur et puis pour son titre « Le Domaine », un mot qui d’emblée frappe l’imagination.

Quelle déception !



D’abord, les innombrables erreurs de texte qui m’ont fait penser que j’avais en main un exemplaire non corrigé. Mais non. Assurément, ce livre n’a pas été corrigé ou n’a pas bénéficié d’une relecture. Pour vous en donner un aperçu, vous trouverez plus loin quelques exemples extraits du récit (et non des dialogues, je précise). Toute ma lecture en a été gênée. Ce n’est pas un problème de traduction car, Philippe Di Meo, traducteur de toutes les œuvres de Federigo Tozzi, reprend en fin d’ouvrage un glossaire de mots usités propres à la région de Sienne dans laquelle l’intrigue se situe, mais aussi à la vie paysanne. S’en suit une analyse de l’écriture de l’auteur (allant parfois jusqu’à la psychanalyse) démontrant le pourquoi du comment la plume est sans fioriture aucune, allant droit au but pour atteindre le coeur ou l’esprit du lecteur ; notamment dans les descriptions de la nature environnant le Domaine ou des personnages. Sans fioriture, oui. Mais pour ce qui est des émotions ressenties, et là c’est tout à fait subjectif, aucune, hormis un agacement, un ennui et l’envie d’en finir au plus vite.



Parce qu’il n’y a pas que le problème des erreurs, mais l’histoire en elle-même. Après la mort de son père, Remigio hérite du domaine agricole. Bien qu’il n’y connaisse rien, il tentera désespérément de le maintenir à flot. Son inexpérience, sa timidité et sa faiblesse de caractère entraîneront l’animosité du plus vil de ses ouvriers agricoles mais aussi de son entourage immédiat. Jalousé comme c’est pas permis, chacun fera preuve de malversations, vols, destructions ou procès, et tout ira de mal en pis. On pressent le drame. Tous veulent leur part du gâteau et il n’est question que d’héritage, d’argent, de fric, de flouze, de pèse. Trop, c’est trop et ça m’a lassée.



Quelques petites lueurs sont apparues lorsque l’auteur décrit le domaine, les champs, les animaux, quelques scènes comme la foire aux bestiaux. Mais je n’ai ressenti aucune émotion ni aucun attachement aux personnages. Pour moi, ce fut un flop total.



Je remercie néanmoins Babelio et les éditions la Baconnière pour cette nouvelle expérience.



Et chose promise, chose due, voici quelques citations où il y a, comme qui dirait, un truc qui cloche :



* … lui avait fait d’entrée fait bonne impression.



* Et sentant comme se dilater son coeur, il ajouta…



* Remigio demanda à Picciolo et à Lorenzo si c’était la bien vérité,…



* ...il était si mécontent qu’on pouvait lui lire ses sentiments sur son visage.



* Puis, ne l’entendant plus, il remirent à parler à voix basse.



* ...on le trouvait toujours, les coudes sur les genoux, à se tenir la tête à deux les mains,…



* ...elle invita à sa tante à se retirer.



Mieux vaut en rire :)

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Les yeux fermés

Nous sommes au sortir de la première guerre mondiale, dans la campagne de Toscane. C'est l'histoire de Pietro Rosi, jeune homme introverti et rêveur, fils d'un aubergiste et propriétaire terrien prospère doté d'un caractère dur et d'une mère aimante mais fragile psychologiquement.

Pietro éprouve ses premiers émois amoureux pour Ghìsola, petite-fille d'ouvriers agricoles travaillant sur le domaine de son père. Mais ses propres sentiments sont troubles, il ne sait pas trop lui-même ce qu'il éprouve, la haine et la jalousie ne sont jamais loin de l'amour, surtout que Ghìsola est insolente et semble le manoeuvrer à sa guise…Elle profite de la timidité et de la maladresse de son prétendant, leurs rencontres sont souvent placés sous les auspices de la provocation, du défi et de la chamaillerie. Lui ressent bien ses propres faiblesses et tourments intérieurs, dont elle abuse pour le berner. Elle ne se prive d'ailleurs pas de faire des petits déplacements à la ville pour aguicher d'autres jeunes hommes...Puis les mois, les années passent, et un jour Ghisola dans la gêne se trouve un protecteur plus âgé...elle tombe enceinte...Mais Pietro qui l'ignore et n'arrive pas à l'oublier va la retrouver...Le jeu peut-il reprendre, une belle histoire d'amour apaisée va-t-elle naître entre ces deux vrais-faux amis d'enfance ?



Le lecteur perçoit les difficultés de Pietro, qui se sent inadapté, en position d'infériorité avec les autres. Il vit comme dans une brume psychologique permanente. Sa maladresse et son caractère solitaire ne lui permettent pas d'interagir positivement avec autrui et en société, d'autant qu'il apparaît à la fois candide et vaniteux.



Toute la force de l'oeuvre est dans cette ambiguïté psychologique du personnage principal, qui se laisse malmener par les événements, et ne réagit jamais avec à-propos dans les situations interpersonnelles. Il est pourtant intelligent, car il s'en rend compte, toujours juste après coup, entraînant en lui une cogitation permanente qui aggrave son problème, lui fait rater ses études, et l'empêche de gérer ses sentiments pour Ghisolà dont une part de lui-même sent bien qu'elle le trompe, ce qui plombe son humeur, mettant toujours plus en évidence ses incapacités humaines et son impuissance...



Pietro reste finalement une énigme pour le lecteur, un personnage malsain sous certains rapports, finalement peu attachant voire pas sympathique alors qu'il serait plutôt à plaindre. On en veut pour preuve par exemple son absence de véritable sentiment d'amour et de réaction de détresse à la mort brutale de sa mère, comme s'il n'avait pas de coeur. En fait, il n'est pas là, pas présent aux situations, comme s'il était toujours dans le flou et étranger à ce qui devrait le toucher.



Un livre qui gagne à être connu pour ce thème de l'incommunicabilité, à travers un traitement psychologique assez original de celui qu'il conviendrait d'appeler le « héros », même si la volonté de l'auteur de rendre compte de l'état psychologique de ses personnages au fur et à mesure de l'action et des dialogues rend la lecture parfois difficile.



Même s'il n'en a pas toutes les qualités, j'ai cru sentir dans ce roman nimbé d'une sorte de sfumato l'influence des oeuvres de Maupassant et Flaubert.



Il vaut aussi pour l'évocation remarquable des lieux et de l'époque où se déroule cette histoire, cette Toscane aux paysages et produits gastronomiques admirables.



Enfin, je me permets de le signaler, quelques coquilles se sont glissées dans cette traduction française. Ceci dit, il n'y a pas de quoi crier au scandale comme j'ai pu le lire par ailleurs de la part d'un lecteur trop sévère.



Je remercie donc chaleureusement l'équipe de babelio, et les éditions La Baconnière pour cet envoi. Bien que n'étant pas mon choix le plus vivement espéré parmi ma sélection du masse critique, il a le mérite de l'originalité et me permet modestement de mettre en lumière un roman et un auteur de qualité dont l'audience est il faut bien le dire confidentielle, du moins en France.

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Les égoïstes

Comme l'écrit le traducteur Alessandro Benucci dans sa postface "Lire Tozzi n'est pas une aventure facile". Il faut dire que cette réédition du court roman "Les égoïstes" m'a permis de découvrir l'auteur italien Federigo Tozzi dont la narration m'a semblée lacunaire mais c'est peut-être pour obliger le lecteur à accepter la béance pour mieux faire appel à son imagination.



Dario Gavinai est un trentenaire miséreux entretenu par sa tante. Il monte à Rome (comme on dit monter à Paris) pour réussir dans la musique. Il n'est pas pauvre en amitié et surtout en amour, même s'il est tourmenté.

Il ne se passe pas d'événements particuliers en dehors du fait que les amis taciturnes du jeune homme lui conseillent de ne pas aimer Albertina. Il est donc souvent indécis et neurasthénique alors que la pureté d'Albertina l'inspire. Elle-même souffre de cet amour et pense qu'elle doit s'éloigner de Dario.

Il hésite sans arrêt sur la façon de profiter de la vie. Pour autant, Federigo Tozzi nous permet d'accompagner le jeune couple dans de belles promenades à la campagne et dans les rues de Rome au début du 20ème siècle.



Publié à titre posthume en 1923, ce court roman psychologique parle d'un amour tourmenté mais aussi de l'aliénation et du malaise d'un homme de cette époque. On le découvre instable en amour comme en amitié, comme je l'ai été durant cette lecture. D'ailleurs, j'ai souvent dû relire les phrases deux fois, comme si les mots m'échappaient à l'image de Dario.

Le plus agréable reste la plaisante visite de Rome avec les belles illustrations de Fredde Rotbart, notamment avec un montage dessin et photo du couple aux beaux prénoms d'Albertina et Dario en couverture.



Je remercie les éditions des presses universitaires de Paris Nanterre et Babelio pour ce roman qui m'a été offert dans le cadre d'une opération Masse Critique.





Challenge Riquiqui 2024

Challenge Cœur d'artichaut 2024

Challenge Multi-défis 2024

Challenge XXème siècle 2024

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Les égoïstes

J’ai reçu ce livre dans le cadre de l’opération « masse critique ». Merci donc à l’éditeur de me l’avoir envoyé.



Tout d’abord sur la forme, le livre est très joli (belle couverture, beau papier, petit marque page assorti à la couverture).



Sur le fond, l’histoire se déroule à Rome au début du 20ème siècle. Le héros, plutôt un anti héros, est un musicien raté et fauché qui vit chez sa tante. Peu occupé par son travail (peu inspiré surtout), il passe beaucoup de temps à déambuler dans Rome qui ne lui est pas familière.

Dans cette ville, il a rencontré une belle jeune femme nommée Albertina qui s’est vite enflammée pour lui. Lui-même est tombé amoureux de celle-ci, douce et sincère dans ses sentiments. Aussi tout devrait se dérouler comme dans un rêve. Deux amoureux dans une ville magique…



Seulement voilà, tout est au contraire très compliqué du fait de la personnalité du Héros Dario, indécis, hyper sensible sombrant même dans la neurasthénie quand sa belle doit quitter Rome et qu’elle ne lui donne aucune nouvelle.



Les deux amoureux jouent une nouvelle version de « je t’aime moi non plus ». Lui la maltraite verbalement de façon purement gratuite sans savoir pourquoi et le regrette ensuite. Constamment dans une introspection douloureuse, le héros ne parvient pas à profiter de l’instant présent ; un rien le fait souffrir.

Quant à la pauvre Albertina, elle ne sait pas comment s’y prendre avec cet amoureux énigmatique qui lui donne si peu de gages de son amour. Sa maladresse est touchante. Elle sombre à son tour dans la mélancolie quand elle rejoint sa famille loin de lui.



En conclusion, c’est un petit roman étrange, très désuet. Les relations si délicates et parfois illisibles entre les deux amoureux paraissent appartenir à une autre époque. En lisant ce livre, on a souvent l’impression d’être dans un rêve. Les plus beaux passages concernent la ville de Rome monumentale et ses alentours très bucoliques.



Pour ceux qui seraient tentés par cette lecture, je précise que l’intrigue amoureuse, contre toute attente, se termine bien !

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Les choses, les gens

C’est un moment fragile cristallisant l’instant, la prose fige l’incommensurable du monde qui nous pénètre de sa grandeur, la finesse d’une Nature en mouvement caresse l’être fragile que Federigo Tozzi emprisonne dans ces petits fragments. Nous entrons en résonance avec ce style prosaïque éphémère, de ce jeune italien livrant ses émotions, ses humeurs dans ce triptyque débutant avec Les bêtes, s’ensuit pour ce petit cycle Les choses et Les gens pour parfaire ce petit univers selon Federigo Tozzi. Ce microcosme traduit et postfacé par Philippe Di Meo se retrouve dans cette masse critique pour rencontrer mes humeurs vagabondes et percer mon être de cette sensibilité trouble.

Federigo Tozzi est un auteur Italien du début du siècle, d’une vie brève, emporté par la grippe espagnole à l’âge de 37 ans. Né à Sienne en 1883, d’une famille bourgeoise, tourmenté par la mort prématurée de sa mère et torturé de son conflit avec un père autoritaire. Il publie Les yeux fermés en 1919, une œuvre d’inspiration autobiographique, très réaliste, oublié, cet auteur proche de Svevo, Pirandello et D'Annunzio, est désormais considéré comme l’un des narrateurs les plus importants de ce XXe siècle. Ces deux livres seront édités à titre posthume dans les années 80, réédité dernièrement, pour le plaisir de révéler la puissance extatique, la passion poétique de cet Italien perdu dans les atermoiements du temps.

Ce double livre est composé pour Les choses de 167 poussières du temps, constellant les étoiles de l’univers qui se façonne devant l’âme de notre auteur, et pour Les gens de 70 tableaux respirant une prose plus scénarisée, des petites scènes animées, le petit théâtre de ce monde qu’il capture d’une unicité éphémère, une fragilité du temps qu’il emprisonne dans des moments fugaces, des mosaïques minimalistes exultant la brièveté des émotions, catalysant la source même des humeurs face à ce monde en mouvement.

Le style de ce livre est vraiment surprenant par ces images déstructurées d’un puzzle, ne faisant pas écho l’une à l’autre, chaque fragment est un état d’âme, une humeur diverse, une émotion, un sentiment, une carte postale, un instant de vie de Federigo Tozzi. C’est comme un journal intime où notre Toscan noircit de son empreinte son âme dans le vestiaire que son regard aimante, il y a une nature omniprésente, ce monde respire sa chair, ondule son esprit, vibre ses émotions, distille ses humeurs, embrase ses sens, comprime ses doutes et ses peurs, délivre une écriture personnelle très intime, une lumière de son être venant éclairer le champ de sa réalité. L’interstice de ce royaume est le cœur de ses sentiments, ce mysticisme spirituel d’un panthéisme spinozisme est le miroir de ces émulsions intimes. Se perdre dans les profondeurs de ce livre c’est regarder le soleil se refléter dans le miroir d’un étang dévoilant le secret de la vie. Federigo Tozzi par ce morcèlement de ces écrits aspire le lecteur vers un vertige des sens, picorant au gré de ses humeurs ce lecteur savoure ses fragments comme une bulle d’air, aspiré par la vie de notre auteur, plus de 230 moments vies sous sa plume émotionnelle envoutante.

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Les choses, les gens

L'écriture de Tozzi est assez unique. Intrigué par la présentation de l'éditeur, qui justement mettait l'accent sur ce renouvellement formel tenté par Tozzi dans sa trop courte carrière littéraire, j'ai postulé à Masse Critique pour découvrir ce livre et cet auteur par la même occasion !

Oh ! Plaisir ! Je le reçois quelques jours plus tard dans ma boite aux lettres !

Et me voilà donc devant vous, à vous dire ce que j'y ai trouvé:

De la beauté, des impressions, de la mélancolie, des descriptions sentimentales, intérieures de paysages, de gens, de situations: Tozzi tente de décrire les ressorts de certaines situations, de narrer par le dedans, par la perception des personnages ou des moments.

Ce qui fait la singularité de ses écrits, ce n'est pas tant cela que l'apparente hétérogénéité de tous ces extraits, disparates au possible, sans but ou sens précis mais qui en prennent un au fur et à mesure de la lecture.

Ces deux livres sont la suite inachevée des "Bêtes" publié du vivant de Federigo Tozzi, déjà sous la forme de fragments, il est donc normal qu'on y retrouve cette forme. Reste à savoir à quel point ceux-ci étaient achevés, bichonnés.

Néanmoins, on y trouve sans conteste une plume d'auteur affirmée, novatrice, intéressante.
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Les Bêtes

Ce petit livre de récits est plus profond qu'il n'y parait. ce poème en prose explore les tréfonds de la psyché d'un homme blessé au travers de différents tableaux que lui offrent la campagne italienne.

Un récit émouvant fait de ressentis, d'images, de bruits et d'odeurs
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Des jeunes

J'ai mis longtemps à lire ce livre....



Pourtant, des nouvelles, vingt-quatre en tout, de quelques pages chacune, ça doit se lire assez vite....

Mais cette fois ce fut douloureux, une véritable torture, chaque historiette plus indigeste l'une que l'autre, plus déprimante, plus sombre, plus décevante ....



La première nouvelle, intitulée" les locataires", ne m'a pas vraiment déplue, elle avait encore le bénéfice de la nouveauté; j'entrai doucement dans l'univers de Federigo Tozzi, je l'ai cependant trouvée quelque peu triste, avec des personnages de femmes rustres, peu avenantes.

La seconde nouvelle "un bistrot", débutait plutôt de façon guillerette, les deux amis en vélo qui s'arrêtent dans une gargote pour manger, car la pluie les menace. Et là, tout déraille.... l'institutrice du village arrive, et l'ambiance du bistrot devient horrible, les bonnes gens présents se transforment en juges à charge de méchanceté, de bêtise, de mysoginie, et d'autres choses encore, indicibles, et surtout incompréhensibles...



Je commence à me sentir anxieuse....



J'attaque la troisième "des peintres", peut-être celle que j'ai préféré, et pourtant si j'avais rencontré les protagonistes dans la vraie vie, ils n'auraient pas été mes amis, car trop torturés sans doute...

Il y eut ensuite" la maison vendue", avec des personnages plus mauvais encore, plus méprisants....



J'ai du mal à respirer...

Cet univers glauque, peuplé de gens plus morbides les uns que les autres , m'opresse.



Et pourtant, j'y retournerai, plusieurs fois, tentant une nouvelle nouvelle chaque soir, déçue chaque fois, et triste d'être déçue aussi!



Ce jeune homme, l'auteur Siennois Federigo Tozzi, a eu vraisemblablement une vie difficile, et courte.

Dans ces nouvelles, j'ai senti un tel malaise, comme s'il disait que la vie était compliquée, que les gens l'entourant manquaient de bienveillance ,'cela transpirait tant qu'il m'a contaminée de sa déprime le temps de ma lecture.



Attention, je n'irai pas jusqu'à dire que ces nouvelles sont mauvaises, non non, elles sont probablement très bien écrites et littérairement excellentes.

Seulement, voilà, j'y ai décelé des ondes mauvaises pour moi, et je le regrette bien!

Je n'ai pas su apprécier le caractère des personnages, ils m'ont presque tous été antipathiques, et pour certains plus que ça.



Point positif: la très belle couverture du livre.



Je remercie les éditions La Baconnière pour l'envoi de ce livre, ainsi que la Masse Critique de Babelio.
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Des jeunes

Des sortes d’étrangeté, des effondrements, de soudaines révélations du malaise entre les hommes, de la cruauté aussi dans ses personnages comme en confuse fuite d’eux-mêmes. Vingt-quatre nouvelles où transite l’inquiétude, où l’auteur approche au plus près l’indétermination, l’incertain refus de la prétendue normalité de la vie adulte, les oscillations et reniements amoureux — la vie à côté de laquelle si facilement on passe. Des jeunes déploie, avec une discrétion très grande, son constant décalage, cette distanciation mélancolique de ceux, humbles ou légèrement égarés, qui mal trouve leur place dans cette Italie du début du siècle si finement décrite. Federigo Tozzi captive par la douce âpreté de ses récits, leur flottement, cette conscience et douloureuse mise à l’écart qui ne saurait valoir résignation.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Les yeux fermés

Les Yeux Fermés de Federigo Tozzi, un roman et un auteur découverts grâce à Masse Critique.

Qu'en retenir ?

Une histoire amère et une langue singulière, qui détonne.

Tozzi s'attache aux errements amoureux de Pietro, fils d'un restaurateur fortuné, qui s'entiche jusqu'à la passion de Ghisola, la petite fille d'ouvriers agricoles de son géniteur. Ici point de bluette ou de comédie douce-amère. Tozzi ne cèle rien des intentions inavouables de ses personnages, de leurs failles, ni de leur cruauté. L'amour, s'il existe, n'est qu'un malentendu qui comme tel ne saurait s'éterniser. La mièvrerie éprouvante de Pietro, la duplicité et le mépris de Ghisola sont l'expression du gouffre qui sépare deux castes ainsi que de la violence souterraine de leurs rapports. La crudité de cet antagonisme, mais aussi la confusion, l'ambivalence des sentiments des protagonistes de cet aigre récit se trouvent admirablement restituées par un style tissé d'embardées qui s'emploie à produire un maelström d'impressions fragmentaires, symbolique du désordre des esprits et des cœurs.

Pour tout cela, un texte et un auteur à découvrir, mais une forme qui peut en dérouter certains.
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Les égoïstes

Il s'agit du dernier roman de l'auteur italien Frederigo Tozzi, resté inachevé, publié à titre posthume en 1923. Dario Gavinai, le héros, a quitté sa province pour essayer de faire carrière dans la musique à Rome. Mais il ne va pas réussir à atteindre son objectif. Il va également vivre une histoire d'amour tourmentée avec Albertina.

Je trouve l'écriture originale. Cela aurait pu être un très beau texte. Mais il manque quelque chose de consistant pour que cette œuvre soit vraiment réussi. L'ensemble est trop vague et trop brouillon. Par exemple, on ne sait pas la cause de la dispute entre Dario et Albertina. Peut-être est-ce lié au fait que le roman soit inachevé. En tout cas, je remercie les éditions Presses universitaires de Paris Nanterre de cette découverte qui ne manque pas d'intérêt, lors d'une opération Masse critique.
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Des jeunes

Une plume agréable, et des histoires courtes d'une teneur différente à chaque fois, mais avec des similitudes (c'est précisément là qu'on descelle la signature de l'auteur, je trouve) . J'aime beaucoup ce format, on n'a pas assez de recueil de nouvelles dans la sphère littéraire, je trouve. En tout cas, un livre qui se lit vite et facilement que j'avais hâte de découvrir (et que j'ai pu découvrir grâce à Mass critique de Babelio, merci !)
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Le domaine

Merci aux éditions La Baconnière et à Babelio pour ce livre.



Tout d'abord, résumé de l'histoire : Remigio revient chez lui, à la "Casuccia" au chevet de son père mourant et reprend le domaine après sa mort. Sa nature trop bonne et trop confiante vont en faire la cible de toutes sortes de mauvaises personnes.



Le livre décrit assez bien toute la méchanceté de l'homme. Les braves gens peuvent se faire rouler à tellement d'occasions qu'il est facile pour eux de finir à la rue (ou pire encore).

La haine viscérale de Berto pour son maître, les magouilles de Maître Pollastri, les mauvaises actions de Chiocciolino juste parce que Remigio n'est pas d'accord avec lui, le manque de confiance de sa belle-mère. Tant de petites choses qui vont pourrir la vie de notre personnage principal et vont le mettre au plus bas.



Le choix de mettre l'explication des mots à la fin est un peu dommage selon moi, j'avoue avoir eu plusieurs fois la flemme d'aller regarder.



Personnellement je n'ai pas aimé ce livre. Les 200 pages ne sont que description sur description de choses inutiles qui ne font pas avancer l'histoire.

Philippe Di Meo dit dans son texte à la fin du livre "Débarassé des disgressions, et des commentaires sociologisants [...], le rythme alerte du récit nous entraîne. Aucune lourdeur stéréotypée ne nous est infligée".

Je ne suis absolument pas d'accord avec lui : nous avons Berto le paysan un peu simple et méchant ou encore les avocats crapuleux qui ne nous éloignent pas vraiment des stéréotypes.

Quant à l'absence de lourdeur, comme dit plus haut, je trouve que ces descriptifs incéssants en fond un livre un peu indigeste.

Dommage, car le fond de l'histoire est intéressant, on se demande comment Remigio va redresser la barre du domaine mais l'histoire avance avec tellement de lenteur et s'arrête à chaque fois sur des détails insignifiants (par exemple au moins 3 pages pour décrire la foire juste pour acheter un veau, la description de personnages totalement inutiles à l'histoire...).

Le pompon revient à la fin de l'histoire qui conclue tout en une page (voilà le seul moment qui aurait mérité des détails). Très décevant, au final rien n'est résolu, on ne sait pas ce que devient cette fameuse Casuccia décrite de long en large pendant 200 pages. Ce qui nous a tenu en haleine si je puis dire tout le long de notre lecture.

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Le domaine

Mon choix c’est porté sur ce roman car il y avait une histoire de famille et de transmission, avec l’idée de microcosme.



Un petit mot sur la couverture. En fin de volume on nous montre qu’il s’agit de détails d’une œuvre. La déstructurer et la réassembler ainsi m’a fait penser à des parcelles de terres.



Lorsqu’on commence le roman, on a vite l’impression que le personnage court à sa perte, quoi qu’il tente ça se retourne contre lui. J’ai eu la même impression qu’en lissant « des souris et des hommes » de John Steinbeck, « l’étranger de » d’Albert Camus ou encore « Mangez-le » de Jean Teulé. C’est comme si l’animalité, la cupidité des hommes et autres frustrations n’attendaient que ce moment-là pour se mettre en branle. Le personnage n’est pas de la trempe de ceux qui se battent et il va se laisser dévorer par tous. Il n’est pas idiot, c’est juste un gentil. On a l’image du sacrifier.

Je le demande dans quelle mesure le fait que cette histoire racontée après la première guerre mondiale ne reflète pas certains sentiments.

A la fin du volume il y a « À propos de la langue de Federigo Tozzi » et « autour du Domaine » de Philippe Di Meo. Ces articles sont très intéressants car ils sont écrits par le traducteur qui a dû faire un travail préliminaire avant la traduction. Il a su analyser certaines scènes, voir les références aux autres romans de Tozzi. En tant que traducteur il a fait un travail très minutieux autour de la langue et de l’univers de cet auteur.

En tant que simple lectrice, j’ai pris grand plaisir à lire cette langue traduite qui n’est pas surannée mais qui a un certain rythme. Le traducteur laisse quelques mots en italien, ce qui donne une touche « exotique ». Federigo Tozzi utilise des régionalismes.

J’ai aimé les descriptions de scènes où se déroule la discussion. Elles ne sont pas longues mais pourtant précises pour bien se mettre dans l’ambiance.

La part de dialogue est importante. Les apartés des personnages rendent très visuel les mauvaises intentions des protagonistes.

L’argent tient une place importante et le pauvre Remigio honnête et sincère va se faire plumer, humilier… J’ai noté que le porte feuille (objet) joue un rôle. On lui prête des intentions, on le met dans la catégorie « petit bourgeois » alors que maltraité par son père et écarté du domaine il n’a aucune connaissance ni revendication si ce n’est régler cette succession.

Les femmes : la mère est décédée donc absente, il n’a pas de fiancée ni d’épouse. Alors qu’il est confronté à la deuxième épouse de son père et sa maîtresse. Il y a d’autres femmes, mais aucune ne le respecte car il a trop d’un homme-enfant. Il n’a pas de soutien.

Les hommes à commencer par son père (même sur son lit de mort) ne le respecte pas. Le fils n’a pas hérité de sa roublardise et de sa violence.

Les chapitres sont assez courts. C’est un texte qui a été publié dans un premier temps dans une revue romaine du 1er avril 1920 au 1er mars 1921. Ce texte à donc cent ans. Est-ce que la structure de la narration n’est conditionnée par le fait qu’elle a été livrée par petit bouts ?
Lien : https://latelierderamettes.w..
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Le domaine

Tozzi (1883-1920) est souvent rapproché de Pirandello en tant qu'écrivain italien ayant ouvert la littérature italienne sur l'Europe.



L'écrivain nous plonge dans une atmosphère pesante, une impression de lent glissement vers une fin inéluctable, la chronique d'un désastre imparable dans un cadre pourtant quasi mythique : celui de Sienne et de la campagne toscane à l'aube du XXe siècle.



En deux mots : un fils étudiant des beaux-arts hérite soudainement du domaine de son père alors qu'il n'y est pas du tout préparé. Les proches de son père (sa seconde femme, sa maîtresse, ses employés) comprennent rapidement que le nouveau maître est incapable de gérer ; ils contestent à la fois son héritage et son autorité. Il en résulte que tout le domaine part à vau-l'eau, entraînant dans son délabrement récoltes, bêtes et jusqu'au jeune propriétaire lui-même.



Tout cela pourrait être sinistre et pénible à lire. Sans être jubilatoire, cette lecture est cependant fort intéressante par le tableau qu'elle nous offre d'une méchanceté et d'une cruauté absurdes et tenaces, par les portraits des personnages (employés agricoles, avocats, ...) et par le grand contraste entre la noirceur des comportements des hommes et la magnificence de la nature.



Le héros du roman pourrait être rapproché d'Oblomov de Goncharov : "toute sa vie semblait enclose dans un sac dont il n'y avait pas moyen de sortir la tête".



PS- L'éditeur a malencontreusement laissé passer plusieurs fautes de frappe ; ce qui, heureusement, est devenu rare dans l'édition contemporaine. Dommage.
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Le domaine

Comment nous échappe ce dont on ne saurait hériter ? Avec une précision lapidaire, une fluide science du détail, un art de l'ellipse pour suggérer panique et désastre moral, Federigo Tozzi décrit les luttes intestines, manipulations minables, légales, où s'écrivent nos fatalités. Roman sans commentaire, tendu mais sans solution, Le domaine reste constamment inquiétant. Une jolie découverte.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Les Bêtes

« Les Bêtes » de Federigo Tozzi, traduit par Philippe Di Meo (2012, Corti, Biophilia 2, 111 p.). C’est le quatrième volume de cette colection de José Corti, destinée à relancer la maison d’édition, avec une spécialisation sur la nature. Un premier volume « Biophile » de Edward O. Wilson, pour donner le ton (2012, José Corti Biophilia 1, 224 p.). Biophilie comme la tendance innée à se concentrer sur la vie et les processus biologiques.

Un deuxième volume « Les Bêtes » de Federigo Tozzi. Plein de poésie. 69 petits textes qui, à chaque fois font apparaître une bestiole différente ver, araignée, mouche, crapaud, lézard, papillon). A ceci près que le livre commence et finit avec l’alouette. Oiseau qui s’élève de plus en plus pour chanter dans le ciel, et qui est prise au jeu des lumières par les miroirs que l’on dispose au sol. Animal qui s’élève pour échapper à l’homme, amis qui revient au sein de l’âme pour se regénérer.

« Quel pourrait être le point où l’azur s’est arrêté ? Ces alouettes, qui d’abord s’y ébattent pour venir ensuite se jeter près de moi comme des folles, le savent-elles ? Fuyant, l’une d’entre elles a même rasé mes yeux, comme si elle avait pris du plaisir à se faire peur de cette façon ».

Le tout est écrit à la première personne, ce pourrait être Federigo Tozzi lui-même dans sa campagne. Vipère qui venge le narrateur an piquant son ennemi. On y trouve aussi la biographie d’un pommier, « le plus bel arbre de mon champ », envahi jusqu’au harcèlement par des chenilles. « Qui se souvient de la façon dont un papillon blessé se traîne, touchant le sol de ses ailes tremblantes ! ».



Retour à cette collection Biophilia avec le volume 10 « Le Temps Sacré des Cavernes » de Gwenn Rigal. Pour qui s’intéresse à l’art pariétal ou plus simplement qui a visité Lascaux ou la Grotte du Pont d’Arc, c’est un livre à lire, qui fait le point peut être de manière semi-partisane, puisqu’il privilégie le chammanisme. Ce qui est le plus surprenant dans ces peintures, au demeurant superbes, c’est l’échelle de temps, 17 000 ans à Lascaux, 35 000 à Pont d’Arc, 70 000 ans à Blombos, RSA où on a pu retrouver les coquilles dans lesquelles étaient préparées les couleurs des peintures. 17 000 ans cela fait quasiment 600 générations, cela en fait des testaments, héritages et reprises de l’entreprise de peinture familiale. Et puis ces grottes, fréquentées pendant un bon millier d’années, avec les ours et autres, en admettant plusieurs centaines de gravures, mettons, 300, cela en fait une tous les trois ans. Que faisaient ils entre temps ? Sécher les pinceaux ?

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Barques renversées

« Barques renversées » est un petit livre (2021, La Barque, 96 p.), traduit par Philippe Di Meo.

Recueil d’aphorismes, quoique ce terme n’est pas forcément le bon. Je dirais plutôt de textes courts, de 3 lignes à une page. Une maison d’édition « La Barque » basée à Rennes, qui a ressorti des textes poétiques de Conrad Aiken dont son quatrième roman « Le Grand Cercle » traduit par Joëlle Naïm (2017, La Barque, 320 p.). Histoire en quatre chapitres de Andrew Cather, Le Borgne qui apprend que sa femme Bertha le trompe avec son meilleur ami Tom. Ce sont des situations qui arrivent. Mais dont le quatrième et dernier chapitre est une longue digression sur la langue, les tons et la littérature avec appels aux grands classiques (Shakespeare, Dante, Poe, Melville, Milton, Michel-Ange) mais aussi Krazy Kat. On découvre Duxbury, village qui termine chacun des 4 chapitres. C’est là que tout se passe et que tout arrive. Cela servira de base à Malcolm Lowry pour « En Dessous du Volcan » ainsi qu’à Joseph Conrad dans « Au Cœur des Ténèbres ». Merci à « La Barque » pour ressortir ces textes.

« Barques renversées » ou plutôt Federigo Tozzi est quasi inconnu en France, ce qi est fort dommage. Pourtant ces textes ont été écrits vers 1910, publiés dans la revue « L’Eroica » pour « La flamme et autres aphorismes », puis « Impulsions et autres aphorismes ». La présente édition ajoute une « Continuation des Barques renversées ». Il faut reconnaître que l’édition compète en Italie ne date que de 1981, une soixantaine d’années après la mort de l’écrivain, des suites de la grippe espagnole. On pense, en lisant ces textes à ceux d’Antonio Porchia, l’argentin typographe, et son unique ouvrage « Voices » traduit par Roger Caillois en « Voix et autres voix » (1992, Fata Morgana, 72 p.), avec des très belles illustrations de Javier Vilato. « Ce que je t'ai donné, je le sais. Ce que tu as reçu, je ne le sais pas » ou « Tu peux ne rien devoir à personne si tu rends sa lumière au soleil ».

A travers de ses titres, on peut penser Federigo Tozzi heureux de vivre. « la bonté », « la joie », « contentement de soi » « la volonté ». Mais il y a aussi « les visages de l’amitié », « l’ombre de l’âme », « les ombres tragiques ». On retrouve la raison du titre « Barques renversées », bateux échoués, tirés à la plage et renversés, pour montrer leur coque calfeutrée au goudron. Imperméable à presque tout. C’est un peu la philosophie de l’auteur. Non pas le goudron et les plumes, mais le goudron contre l’eau de mer, pour empêcher de sombrer.



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