«
Barques renversées » est un petit livre (2021, La Barque, 96 p.), traduit par
Philippe di Meo.
Recueil d'aphorismes, quoique ce terme n'est pas forcément le bon. Je dirais plutôt de textes courts, de 3 lignes à une page. Une maison d'édition « La Barque » basée à Rennes, qui a ressorti des textes poétiques de
Conrad Aiken dont son quatrième roman «
le Grand Cercle » traduit par
Joëlle Naïm (2017, La Barque, 320 p.). Histoire en quatre chapitres de Andrew Cather, le Borgne qui apprend que sa femme Bertha le trompe avec son meilleur ami Tom. Ce sont des situations qui arrivent. Mais dont le quatrième et dernier chapitre est une longue digression sur la langue, les tons et la littérature avec appels aux grands classiques (
Shakespeare,
Dante,
Poe, Melville, Milton,
Michel-Ange) mais aussi Krazy Kat. On découvre Duxbury, village qui termine chacun des 4 chapitres. C'est là que tout se passe et que tout arrive. Cela servira de base à
Malcolm Lowry pour « En Dessous du Volcan » ainsi qu'à
Joseph Conrad dans «
Au Coeur des Ténèbres ». Merci à « La Barque » pour ressortir ces textes.
«
Barques renversées » ou plutôt
Federigo Tozzi est quasi inconnu en France, ce qi est fort dommage. Pourtant ces textes ont été écrits vers 1910, publiés dans la revue « L'Eroica » pour « La flamme et autres aphorismes », puis « Impulsions et autres aphorismes ». La présente édition ajoute une « Continuation des
Barques renversées ». Il faut reconnaître que l'édition compète en Italie ne date que de 1981, une soixantaine d'années après la mort de l'écrivain, des suites de la grippe espagnole. On pense, en lisant ces textes à ceux d'
Antonio Porchia, l'argentin typographe, et son unique ouvrage « Voices » traduit par
Roger Caillois en «
Voix et autres
voix » (1992,
Fata Morgana, 72 p.), avec des très belles illustrations de
Javier Vilato. « Ce que je t'ai donné, je le sais. Ce que tu as reçu, je ne le sais pas » ou « Tu peux ne rien devoir à personne si tu rends sa lumière au soleil ».
A travers de ses titres, on peut penser
Federigo Tozzi heureux de vivre. « la bonté », « la joie », « contentement de soi » « la volonté ». Mais il y a aussi « les visages de l'amitié », « l'
ombre de l'âme », « les
ombres tragiques ». On retrouve la raison du titre «
Barques renversées », bateux échoués, tirés à la plage et renversés, pour montrer leur coque calfeutrée au goudron. Imperméable à presque tout. C'est un peu la philosophie de l'auteur. Non pas le goudron et les plumes, mais le goudron contre l'eau de mer, pour empêcher de s
ombrer.