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Critiques de Fernando Aramburu (120)
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Patria

Tout a commencé quand le Txato, après avoir payé l'impôt révolutionnaire, a cherché à négocier avec les membres de l'ETA — les sommes devenant trop élevées. Une tentative qui lui vaut d'être assassiné entre sa maison et son garage, laissant inconsolable Bittori, sa femme, qui n'a plus que ses yeux pour pleurer. Mais ne s'en tient pas là. Car les années passant même si le meurtrier de son mari croupit en prison et que l'ETA a déposé les armes, cette femme déterminée n'aura de cesse d'affronter la famille de l'activiste pour connaître la vérité.



L'Euskadi Ta Askatasuna, l'ETA (Pays basque et liberté ), une organisation d'inspiration marxiste fondée en 1959, a évolué d'un groupe résistant au régime franquiste vers une organisation terroriste. A partir de 1968, elle fait de nombreuses victimes, revendiquant l'indépendance du Pays basque ou Euskal Herria. Considérée comme une organisation criminelle par les autorités espagnoles, en 2011, l'ETA annonce « la fin définitive de son action armée », et en 2018, sa dissolution. L'ETA a été soutenue par L'Union populaire (Herri Batasuna) un parti politique créé en 1978, après la fin de la dictature franquiste, et dissous en 2000, qui a toujours refusé de condamner les attentats.



Avec un talent fou, Fernando Aramburu nous immerge dans la réalité des Basques espagnols aux temps maudits de l'ETA. Une histoire de haine mais aussi d'amour et d'amitié de gens qui, bien qu'ayant toujours vécu ensemble, presque que malgré eux sous l'effet de l'ETA sont devenus les pires ennemis. Au plus près des hommes et de leur souffrance, Fernando Aramburu signe ici une oeuvre majeure qui montre qu'au pays basque, les dérives extrémistes ne peuvent être oubliées ou pardonnées par les victimes. Ou peut-être seulement avec le temps...

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Patria

La toile des souvenirs.



E.T.A. Euskadi Ta Askatasuna ("Pays basque et liberté"). Trois lettres qui inspirent autant la terreur pour certains que l'espérance pour d'autres. Présente sur le front politique et militaire, son engagement dans la lutte armée se mesure en centaines de victimes tuées ou mutilées après sa dissolution en 2018.

L'action du livre commence quelques années plus tôt. 2012, l'organisation vient d'annoncer à grande posture d'hommes cagoulés qu'elle déposait les armes. Bittori, épouse d'une victime assassinée au milieu des années 90, pense alors qu'il est temps pour elle de retourner dans son village qu'elle a dû quitter après la mort de son époux, subissant la double peine de la perte de son mari et de l'opprobre des siens. Mais sa mise à l'index avait commencé déjà depuis plusieurs années.



C'est le point de départ pour se souvenir, se remémorer des événements passés dans ce village, son village, et notamment son amitié brisée avec Miren. L'une est femme d'un chef d'entreprise qui réussit et refuse de payer l'impôt révolutionnaire exorbitant qu'on lui demande, quand l'autre est mère d'un activiste de l'ETA qui s'engagera éperdument dans la lutte armée. Elles étaient plus qu'amies, des sœurs qui ne peuvent plus se parler depuis des décennies.



À l'aide d'une technique narrative efficace alternant discours direct et indirect, et en faisant ressurgir la mémoire par bribes de souvenirs à partir d'une odeur, un son, une sensation, Fernando Aramburu compose un tableau, une toile de réminiscences dans laquelle la mémoire attrappe les événements distillés par groupes de deux-trois chapitres dans le désordre chronologique le plus complet pour mieux reconstruire sa toile et nous appâter dedans telle une araignée de la mémoire.



Ce n'est pas nouveau mais c'est admirablement fait. Et ça marche ! Peu à peu on s'accroche, on se laisse prendre, on veut savoir : pourquoi, comment on peut en arriver là... et on ne peut plus s'arrêter.

C'est l'histoire d'une organisation antifranquiste de la premiere heure qui s'est transformée de mouvement de libération, en mafia terroriste. L'adhésion qui peut paraître aveugle de ses soutiens, la reconstruction de toutes ses vies brisées, ses morts ou ses milliers de victimes collatérales, cette brûlure perpétuelle qui incendie ces âmes à la moindre braise, tout y est abordé avec lucidité, sobriété et surtout beaucoup d'humanité. C'est l'histoire du Pays basque, espagnol et français réunis.



Un roman admirable, écrit à hauteur d'homme, qui redonne ses lettres de noblesse à la fresque romanesque. Les pages mentales d'une conscience humaine bafouée sur l'autel de la violence, et dont le seul espoir réside dans le pardon des uns et la repentance des autres.

Un roman mélancolique comme peuvent l'être les souvenirs et comme le symbolise la pluie omniprésente rythmant les événements selon son intensité, dans une région réputée pour ses grandes chaleurs.

Un roman plein de contrastes et d'émotions, telle une déflagration, qui éloigne pourtant toute tristesse en se refusant au pathos et en se contentant (c'est déjà tellement) d'être profondément humain. Le genre de livres qui vous fait dire que oui, la littérature est utile à quelque chose.
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Patria

Deux familles basques d'un même village.

À leur tête, deux maîtresses de maison, au cuir épais.

Mère d'un fils combattant d'ETA et veuve d'un homme assassiné par ETA.

Le cessez-le-feu officiel est déclaré et respecté.

Soit.

Mais que deviennent alors les relations entre ces gens qui étaient jusque-là ennemis. La paix nécessite de vivre sans tenir compte de ce qu'ont fait nos voisins en temps de guerre.

« Bordeldedieu ».

Est-ce vraiment réalisable ?



Le style surprenant et accrocheur de Fernando Aramburu illustre à merveille la complexité de ce processus.

Dans le même paragraphe on passe du « je » au « il » pour parler de la même personne. On passe de la narration au dialogue. On passe du quotidien routinier à la violence de la lutte armée. On passe d'hier à aujourd'hui pour revenir ensuite à avant-hier.

C'est aussi des phrases en sous-entendus, sans fin, mais tellement limpides. Des synonymes/antonymes accolés. Des aberrations soulignées finement (comme des curés complices d'une idéologie marxiste-léniniste : cherchez l'erreur).

Sans le filtre du nationalisme, Fernando Aramburu nous permet de contempler/comprendre la douleur qui perdure des deux côtés.



J'ai beaucoup apprécié la réflexion sur le pardon et la rédemption.

J'ai adoré découvrir le talent de Fernando Aramburu.



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En aparté, je rappelle que l'ETA a officiellement annoncé sa dissolution le 3 mai 2018. Dissolution actée par la « déclaration Arnaga » lors d'une conférence internationale à Cambo-les-Bains le lendemain.

Un mois auparavant, une oeuvre d'art était inaugurée à Bayonne pour commémorer les un an du désarmement d'ETA. Oeuvre d'art qui fit polémique ; si vous voulez aller vous faire votre propre idée…



Enfin, en bémol, je voudrais dire au rédacteur du bandeau rouge de chez Actes Sud qu'un roman est un regard possible sous un certain angle. L'intitulé choisi est réducteur. Fernando Aramburu n'est pas le seul libre de s'exprimer, de critiquer, de dénoncer sans risquer de recevoir l'impôt révolutionnaire.

D'autres romans, d'autres regards, viendront certainement.

C'est donc UN grand roman.

Tout court.
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Patria

Quand j'étais enfant dans les années 80-90, nous allions chaque année en vacances en Galice (nord-ouest de l'Espagne), dans la famille de ma mère. Deux jours de trajet en voiture depuis la Belgique, avec une étape à mi-chemin, de préférence pas au Pays Basque, qui n'était pas exactement l'endroit le plus paisible de la péninsule ibérique à ce moment.

Je me souviens d'une portion de trajet (près de San Sebastián je crois), où il fallait quitter l'autoroute pendant quelques kilomètres, et où on tombait sur des barrages de la Guardia Civil tenus par des soldats armés jusqu'aux dents. Pendant ces étés, il ne se passait pas 15 jours sans que l'ETA lance une alerte à la bombe par-ci ou par-là, dans des endroits plus ou moins touristiques à travers toute l'Espagne. Il n'y avait pas nécessairement de victimes, mais les messages de l'organisation séparatiste étaient clairs : attirer l'attention sur son « combat », montrer sa force de frappe hors du Pays Basque, faire peur aux touristes, nuire à l'Espagne et au gouvernement de Madrid.

Je me souviens qu'un de mes cousins plus âgé, militaire à Saragosse puis à Madrid, racontait que sa hiérarchie interdisait aux soldats et officiers de porter leur uniforme notamment dans les transports publics, histoire de ne pas servir de cible potentielle.

Je me souviens de l'exécution de Miguel Angel Blanco en juillet 1997, après une séquestration et un ultimatum de 48 heures*...

Je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça, ni moi ni personne de mon entourage n'avons été confrontés de manière directe à la violence de l'ETA. Mais il faut croire que le contexte anxiogène de cette époque m'a marquée d'une façon ou d'une autre puisque, presque trente ans après, la colère de F. Aramburu et celle qu'il instille dans ses personnages me parle et réveille ces échos dans mes souvenirs. Et si moi (qui, après tout, n'ai vécu tout cela que depuis un extérieur lointain et protégé), je suis marquée par ce conflit, alors je n'ose imaginer ce qu'ont ressenti et ressentent encore les protagonistes directs de cette tragédie.



Même s'il est question de pardon et de repentance dans « Patria », ce sont surtout les sentiments de colère et de haine qui dominent.

La colère (ô combien justifiée) contre une violence aveugle; contre une idéologie fanatique peut-être légitime à l'origine mais poussée jusqu'à un extrémisme absurde, qui transforme des amitiés d'une vie en combat fratricide et mortel; contre la terreur éprouvée par tout qui est en désaccord avec l'ETA; contre la bêtise (et son exploitation) de certains humains bas du front qui feraient n'importe quoi pour exister.

La haine invraisemblable, quasi délirante, de ces mêmes bas du front et des partisans du mouvement, qui prétendent appartenir à un peuple opprimé par l'Etat central (qui, soyons clair, est loin d'être innocent dans cette histoire), mais qui ne se sont jamais préoccupés de tenir compte de l'avis du peuple précité (à supposer qu'ils pensent à le lui demander). Démocratie, liberté d'expression, mais qu'est-ce donc ?

A travers l'histoire de deux femmes, meilleures amies jusqu'à ce que le mari de l'une d'elle tombe en disgrâce (avant d'être assassiné) pour avoir refusé de payer l'impôt révolutionnaire (lire : le racket mafieux des chefs d'entreprises basques par l'ETA), et devenues ensuite ennemies jurées, F. Aramburu plonge dans le conflit basque pour nous le raconter à hauteur d'homme, et surtout de femme. Une plongée dans le quotidien des deux camps, allant et venant dans le temps et les générations, des années les plus violentes jusqu'à 2011-2012, après que l'ETA ait annoncé son abandon de la lutte armée.

Bien qu'à travers ses personnages, il se place aussi dans la peau des pro-ETA, on sent bien que l'auteur garde une dent dure contre l'organisation terroriste, et on comprend que la déchirure, la fracture entre les deux camps est profonde et durable : c'est bien beau de parler de réconciliation, de pardon et de page à tourner, mais n'est-ce pas infliger une double peine aux victimes ?



Grâce au mélange de styles direct et indirect et à sa construction non linéaire, ce roman est addictif, puissant et surtout, comme ses personnages, bouleversant et profondément humain.



*Âgé de 29 ans, ce conseiller municipal (Parti Popular) de la localité d'Ermua a été enlevé par l'ETA, qui exigeait, en échange de sa libération, que tous les prisonniers etarras (dispersés à travers toutes les prisons d'Espagne) soient rapatriés dans les prisons basques, et ce dans le délai surréaliste de 48h. L'enlèvement avait été ultra-médiatisé en Espagne et avait soulevé une vague d'indignation énorme, y compris au Pays Basque. En vain.
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Patria

Une inguérissable fracture dans un village basque espagnol.



Deux familles amies, brisées par un attentat terroriste de l'ETA: l'une pleurant un père, victime désigné pour ne pas avoir apporté son soutien à l'organisation, l'autre orpheline d'un fils, emprisonné pour en avoir été le bras armé.



Le livre commence après la fin de la lutte armée de l'Euskadi ta Askatasuna.

Et le récit va déplier les années de lutte, mêlant les époques et les personnages, opposant un sentiment de danger immédiat à la sérénité douloureuse et les rancoeurs du récent « cessez le feu ».



On est au plus près des familles, on suit l'embrigadement des jeunes, on subit le racket de l'ETA, l'ostracisme des non engagés, les prises de position qui fracturent les amitiés et les relations de voisinage. On vit dans la peur, la délation empirique d'être désigné comme mouchard, oppresseur ou traître à la cause.



Tout en mettant en scène le terrorisme vécu comme une guerre civile dans la population basque, le livre participe intelligemment à une étude psychologique de l'impact sur les individus, qu'ils soient victimes ou nationalistes.



Les figures des mères de famille (et en général des femmes) sont particulièrement bien construites, volontaires, têtues, implacables. Toutes les vies personnelles sont impactées, avenir et bonheur précaires, tranquillité détruite, loyauté familiale écartelée.



Radioscopie d'une époque meurtrière, d'une société sous terreur où le fondamentalisme politique a surtout fait des victimes au sein de la « nation » basque. Comment vivre après avoir perdu un proche dans un attentat terroriste venant de son propre camp ?

Et l'avenir? Des victimes qui dérangent, un oubli collectif à venir?



Un roman indispensable.

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Oiseaux de passage

Désenchanté et lucide face à ses échecs,un prof de philo madrilène décide de quitter le monde.Il consigne durant une année les étapes et souvenirs de son parcours et fixe la date de sa mort volontaire. Dit comme ça,cela incite peu à ouvrir ce pavé de 600 pages.Mais, dès les premières lignes,l'écriture de Fernando Aramburu s'impose avec maestria.Le personnage principal,pas attachant,est quelquefois agaçant dans ses convictions.On déroule pourtant avec lui la pelote de sa vie : son petit monde dans le grand monde,son regard lucide et désabusé sur ses contemporains et son projet funeste.Mince, il en faut du talent pour en parler si justement !

Faussement triste ou désespérément gai,ce livre est un miroir déformant,une boule à facettes,les reflets changeants de la condition humaine qu'il décrit avec un humour noir réjouissant.
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Patria

L'ETA (Euskadi Ta Askatasuna, pays basque et liberté) a annoncé la fin définitive de la lutte armée en Octobre 2011. Après avoir été crée par cinq étudiants basques en 1958 , les "etarras" ont tué plus de 800 personnes . des assassinats politiques mais aussi beaucoup d'innocents , comme en 87 au supermarché de Barcelone, plus de 20 morts.

L'ETA a terrorisé l'Espagne mais a aussi divisé "Euskal Herria". C'est cette division qui nous est narrée ici dans ce dense et épais roman dont on ne sort pas indemne.

Le roman commence sur cette annonce du dépôt des armes. Miren espère que son fils , emprisonné depuis de longues années, va être libéré. Son mari n'est plus qu'une loque , sa fille est paralysée et son autre fils qui a choiside s'éloigner ne donne que peu de nouvelles.

De plus Bitorri, son ancienne grande amie, est revenu au village . Elle veut découvrir la vérité sur l'assassinat de son Txato et partir le rejoindre soulagée dans sa tombe.



Pendant 600 pages, l'auteur va naviguer entre les deux familles, entre les époques. il va de façon remarquable montrer la déchirure du Pays basque, son Pays basque qu'il a quitté, l'insupportable pesanteur au sein d'un village où tout le monde soupçonne tout le monde, où la lutte armée et la reconnaissance des etarras est une quasi obligation.

Il va montrer comment l'ETA a pourri indirectement la vie de tout un peuple, entrainé dans les méandres de l'horreur par quelques fanatiques.

Bien entendu, l'impôt révolutionnaire est évoqué.L'ETA se finançait en taxant les entreprises locales qui se devaient de payer l'impôt mais aussi certaines personnalités . C'était un secret de polichinelle en Euskadi. Le grand public français l'a découvert avec Bixente Lizararu, footballeur à Bilbao, menacé par l'ETA dès son arrivée à l'Atletic (club de foot dont la singulartté est de ne jouer qu'avec des joueurs d'origine basques , ce qui est le cas de Bixente).

Tout ça est merveilleusement relaté ici, l'auteur réussissant brillamment à nous rapprocher de chacun des protagonistes , à partager leur haine, leur dégoût, leurs amours. Le personnage de Joxian , mari de Miren, est attendrissant : Soumis à une mégère qui n'a d'yeux que pour son fils impliqué dans la lutte armée, il va petit à petit tout perdre sauf son potager.



Enfin , Patria est aussi un livre sur l'Euskadi, son goût pour le vélo, ses parties de mus, le béret vissé sur la tête, les repas à la cidrerie... Il met en valeur la beauté du paysage , cette montagne qui plonge dans l'Atlantique, sans occulter la lancinante pluie qui le rend si vert.



J'ai grandi proche de la frontière espagnole et l'ETA était un sujet courant à la maison.Il a suscité la peur au sud des Landes. J'imagine la terreur du peuple basque, oscillant entre fierté et peur.

Un livre indispensable.
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Patria

« Patria » apporte la preuve qu’un grand roman possède plus de force que n’importe quel pamphlet et que la chair d’un récit surpasse et défrise souvent la chronologie d’un travail d’historien.

Je suis heureux que l’écho de ce livre, phénomène de société en Espagne à sa parution en 2016, ait pu traverser les Pyrénées, magnifiquement traduit de l’espagnol par Claude Breton.

Les destin entrecroisés de deux familles déchirées d’une petite bourgade voisine de Saint-Sébastien, incarnent toute la tragédie de ces 30 années de conflit fratricide, où les assassins et les victimes se croisaient dans la rue, s’appréciaient avant de se détester, s’aimaient avant de se tuer.

L’ histoire : Un entrepreneur refuse de payer l’impôt révolutionnaire. Banni par les habitants de sa localité, plus par peur que par conviction politique, il est exécuté et sa famille doit quitter les lieux. Bien des années plus tard, Bittori, sa veuve, au soir de sa vie, décide de revenir dans sa maison pour connaître la vérité. Elle fait face à Miren, son ancienne amie, mère d’un activiste de l’ETA emprisonné pour son implication dans plusieurs assassinats. Elle s’est laissée fanatiser par la cause et l’amour de son fils. Ces deux caractères très forts dominent les autres personnages du roman et notamment les maris, faibles et dépassés.

L’auteur décrit également les événements qui jalonnent l’existence des enfants des deux familles dont les vies portent le tatouage indélébile de l’assassinat d’un père pour les uns, de l’emprisonnement d’un frère pour les autres. A aucun moment, la description des personnages ne tombe dans la caricature, chacun possède sa vérité, entretient ses mensonges, certains essayant d’être acteurs de leur vie, d’autres conscients qu’ils n’y font que de la figuration.

L’auteur a construit son roman comme un album de photos désordonné, avec des chapitres courts qui décrivent des instantanés de vie. Aussi, j’ai rapidement décidé de prendre mon temps pour venir à bout de ces 600 pages, afin de ne pas bâcler la lecture et de garder le souvenir de chaque scène.

L’auteur n’organise pas une « marche blanche » littéraire, il est sans complaisance face à la dérive mafieuse et criminelle des séparatistes qu’il dénonce. Son personnage principal ne peut envisager le pardon ou la réconciliation sans excuses, la justice de l’âme. Il décrit aussi de façon clinique la dérive de certains jeunes, immatures, poussés peu à peu vers la clandestinité et la criminalité.

Des personnages riches, un contexte historique fort, un style épuré au service du récit, autant d’alibis qui justifient la lecture de ce roman important.

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Patria

Au cours d'une conférence, au chapitre 109 de ce roman, un écrivain basque s'étonne de ne pas avoir adhéré à l'ETA: "En fin de compte, moi aussi j'ai été un adolescent basque, et j'ai été exposé comme tant d'autres jeunes de mon époque à la propagande en faveur du terrorisme et de la doctrine sur laquelle il est fondé. Mais j'ai beaucoup réfléchi sur le sujet et je crois avoir trouvé la réponse."

Un des personnages principaux, distrait, cherche un visage dans l'assistance. Quand la narration se focalise à nouveau sur l'écrivain, le lecteur comprend que cette réponse a peut-être été donnée, mais que lui ne la lira pas. Dans l'assemblée composée de victimes du terrorisme, on trouvera deux personnages qui avaient juré de ne jamais participer à un événement de ce genre, un écrivain qui parle sans être vraiment écouté et une ellipse. C'est que la réponse se cache moins dans une conférence que dans le livre tout entier, remarquablement construit autour de 9 personnages qui sont tous au centre du même nombre approximatif de chapitres. Le livre zigzague entre eux neuf, à la recherche d'une chronologie impossible, zigzaguant comme on avance après avoir pris un coup, en se demandant comment on a pu en arriver là. Comment un peuple s'est érigé en victime cardinale, comment au nom d'une nécessaire libération il a créé des assassins et des salauds (l'assassiné étant forcément un individu ignoble justement désigné par la Justice du Peuple), voilà bien la question que nous nous posons, nous lecteurs français, dans notre fausse candeur et auto-aveuglement.

Alors que Aramburu, par la voix de son écrivain peu écouté et vaguement pontifiant, nous rappelle que la vraie question est plutôt: pourquoi certains ne cèdent-ils pas? Pourquoi restent-ils sourds aux injonctions de leur famille et de leur culture et comment parviennent-ils à sauver leur intégrité, sans hurler avec les loups?

Dans ce beau roman désespérant, où l'ETA empêche de vivre, quand le terroriste comprend qu'il n'aura jamais vécu et s'est refusé le droit au bonheur, quand le fils de la victime se débarrasse des marrons parfumés qu'il vient d'acheter pour ne pas éprouver de plaisir, c'est là la seule lueur d'espoir: on peut échapper à la haine. Pas au chagrin, pas au malheur, mais au moins à la haine.

Et quand la mère de l'assassin refuse de s'apitoyer sur la famille de la victime, parce que "tout le monde a ses problèmes", il faut savoir gré à Aramburu de reconnaître l'humanité de chacun et de signer la victoire d'une fragile espérance en envoyant une mère sanglée dans son conformisme s'attendrir enfin au mariage de son fils pédé.

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Patria

Je ne suis pas basque, je n’ai pas de connaissances approfondies sur les combats menés par l’ETA, sur ce qu’a vécu le peuple basque et sur l’histoire politique de l’Espagne en général.



Mais peu importe car, ce que Fernando Aramburu nous propose ici, ce n’est pas un livre politique, c’est d’abord une œuvre littéraire, une fresque romanesque à hauteur d’homme, de père, de fils, de mère et de sœur.



Qui a tort ? Qui a raison ? Ce n’est pas le sujet.

Fernando Aramburu essaie simplement de nous dire : dans une telle voie, il n’y a pas de gagnant mais des familles en souffrance, qu’elles soient du côté des militants de l’ETA ou du côté de leurs victimes. Il y a seulement des individus, comme vous, comme moi, face à leurs dilemmes moraux, soumis au regard impitoyable d’un microcosme villageois, obligés de choisir leur camp et d’en assumer les conséquences toute leur vie.



Toute cette ambiance, ces sentiments, ces non-dits, ces déchirements, l’auteur arrive à nous les faire ressentir à travers une belle écriture et une construction de chapitres en chronologie bouleversée.



J’en retiendrai ceci : cette histoire pourrait prendre place dans n’importe quel pays tant les groupes terroristes, leurs combats et leurs méthodes se ressemblent d’un pays à l’autre. Et le grand gagnant est toujours l’ignorance, ce terreau si fertile pour les fanatismes en tous genres.



Alors, lisez, cultivez-vous, élargissez vos horizons et surtout abreuvez-vous à la source de ce message universel.



Un énorme coup de cœur pour cette fresque touchante, délicate et intelligente.
















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Patria

Ils sont tous basques et ils étaient amis, deux familles du même village . Tout éclate quand le Txato qui a créé son entreprise de transport , refuse de payer l’impôt révolutionnaire et est assassiné entre chez lui et son garage . Dans le commando chargé de l'éliminer se trouve Joxe Juan, le fils de l'autre famille .



Le roman débute quelques années plus tard, lorsque l'ETA décide la fin de la lutte armée en 2011.



Bittori, veuve inconsolable du Txato, décide alors de retourner pour quelques heures certains jours dans son village qu'elle avait du quitter après la mort de son mari . Même si, au début, elle arrive en catimini, ses allers-venues ne passent pas inaperçues et sont diversement appréciés, en particulier Miren, son ancienne amie et la mère de Joxe , emprisonné depuis plusieurs années , prend ce retour comme un affront .



Au fil des pages de ce dense roman, Fernando Arumburu fait pénétrer le lecteur par l'intermédiaire de la vie des quatre parents et des cinq enfants de ces deux familles au cœur du peuple basque et de l'histoire de la lutte armée pour l'Euskal herria , l'indépendance des pays basques : l'embrigadement des jeunes, les attentats, les assassinats et le déchirement des familles .



Chaque membre de ces familles après la mort du Txaco est resté meurtri , la vie s'est construite pour les plus jeunes autour de cet événement et les deux mères sont devenues des forteresses , murées dans leurs convictions et leur chagrin . Mais parfois, les murailles s'effritent là où on ne s'y attendait pas ...



Le pardon est-il possible ?



Un livre puissant qui s'appuie sur des faits historiques et des réflexions qu'au premier abord on peut trouver étonnantes et discutables : tous sont des victimes ...

Il faut sans doute faire partie de ce peuple basque pour pouvoir juger mais on voit actuellement à quel degré de violence et d'escalade , les revendications de l'appartenance à un pays ou un peuple peuvent mener .
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Patria

Comment ne pas avoir un véritable coup de cœur littéraire pour “Patria” ? Certes, ce gros volume de quelques 614 pages pourrait décontenancer à première vue un lecteur qui, comme je l'ai été au tout début de la lecture, ignorant des réalités de la société et de la “pensée” basque, plus exactement celle de l'ETA.



Et pourtant, dernière page du livre refermée, je dois reconnaître que je n'ai pas boudé mon plaisir avec une pareille pépite ! « Patria » est un long roman, plus exactement une fresque qui retrace toute l'histoire du pays basque au travers d'un récit (jamais politique ) mêlant deux familles très liées que le fanatisme terroriste de l'ETA va briser à jamais.



« Patria » dresse ainsi une double saga familiale, celle des partisans de l'ETA et des indépendantistes et celle de ses victimes, en alternant passé et présent (ce qui parfois nous fait perdre le fil) et pose la question du pardon.



« Patria » se lit, ou plus exactement se dévore. J'ai été captivé par le récit de ces 2 familles basques amies déchirées par le conflit. L'auteur nous livre une belle leçon d'histoire, parfois méconnue de la société espagnole de l'après franquisme, mais également une leçon d'humanité, le tout dans un style agréable par de courts chapitres.



Les caractères assez trempés des principaux protagonistes (Miren Bittori ou encore Joxte Marri pour les plus significatifs) rendent presque ces durs-à-cuire attachants ... Mais tout compte fait, si la même chose dont le Txato est victime dans le roman devait nous arriver, par l'attitude de proches et amis, de quelle façon serions nous amenés à réagir ? Serions nous prêts à pardonner sans haine ?
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Patria

Octobre 2011, l'ETA annonce son renoncement à la lutte armée. Clap de fin sur des décennies de sang et de douleurs, de violences ...

Mais pour Bittori, cette annonce ne change rien. Bittori, la veuve d'El Txato, veut savoir, elle veut un pardon, un repentir. Elle retourne au village, là où El Txato a été assassiné, là où son corps ne peut reposer ...

Patria, c'est une fresque qui met en scène deux familles, aux prises avec les affres de l'histoire. Lutter pour l'indépendance, choisir de s'engager. Mais jusqu'à quel point ? Rester à l'écart, se contenter de mener sa vie, comme on peut ? Deux familles que la lutte va séparer et jusqu'à opposer.

Le Txato, chef d'entreprise mis sous pression pour payer l'impôt révolutionnaire, peu à peu mis au ban de son village parce que pointé du doigt par l'ETA. Sa femme, Bittori, Xabier et Nerea, les enfants.

Miren et Joxian, leurs meilleurs amis, jusqu'à ... et les enfants. Gorka, le plus jeune, Arantxa, Joxe Maria, le militant de la cause.

Pas de jugement chez Fernando Aramburu. Mais comme pour Bittori, la volonté de chercher des réponses. La volonté de comprendre. L'engagement, le pardon, la fidélité, la haine, l'amour filial, la trahison, les silences, ...

Patria, c'est la fresque de vies fragmentées, éparpillées, d'un puzzle dont on cherche à remettre les pièces dans l'ordre. Et comme dans un puzzle, toutes les pièces sont mélangées, avec une structure très inhabituelle pour un roman. De la jeunesse de Bittori à ses visites sur la tombe de son mari, de l'enfance d'Aranxta à sa déchéance physique, de l'insouciance de Joxe Maria à sa prison ... Aller-retours permanents entre passé et présent et doucement, un puzzle qui prend forme, des pièces qui s'emboîtent.

Un grand roman.
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Oiseaux de passage

Dès la lecture du premier des 12 chapitres que compte le nouveau roman de Fernando Aramburu ( connu pour "Patria" en 2018), l'impression de lire le grand livre d'un grand écrivain est immédiate et cette impression ne nous quitte jamais durant plus de 600 pages ( oui, c'est gros, c'est lourd car un grand format de chez Actes-Sud, c'est dense mais, c'est tellement prenant que l'on oublie tout de suite ce qui peut apparaître comme un frein à lecture).

Là où l'on reconnaît le talent d'un grand écrivain, c'est comment avec un sujet peu vendeur ( les derniers mois d'un cinquantenaire madrilène, divorcé et vivant seul avec son chien), en quelques lignes, il attrape son lecteur pour ne jamais le lâcher. Toni, le personnage principal et narrateur, a beau être misogyne, pas réellement sympathique, râleur, un peu vieux con, sexuellement insatisfait, perdu dans un monde moderne qui le dépasse, jamais on n'a envie de l'abandonner, ni même de lui tordre le cou. La plume d'Aramburu sait le rendre profondément humain et lui donner un vrai regard, une intensité réelle, un savant mélange d'humour grinçant, de cynisme, de désarroi. Nous sommes, pour situer l'esprit du roman, avec une sorte de personnage à la Houellebecq ( mais de ses débuts, du temps où il était encore fréquentable) qui va nous faire observer avec encore beaucoup plus d'aisance et d'intelligence décapante que l'auteur français, une réalité contemporaine à la multiplicité désarçonnante. Sans beaucoup de péripéties, mais avec un sens du détail, de la construction dramatique formidable et l'ajout de quelques personnages secondaires particulièrement bien vus ( une ex-femme détestée, un ami tout aussi perdu que lui, un fils pas tout à fait fini, une ancienne fiancée collante et une poupée en silicone), "Oiseaux de passage" passionne, divertit, surprend comme peu de romans actuels arrivent à le faire et surtout jamais vouloir être moralisateur ou donneur de leçon. Comme tous les très bons livres, on en ressort heureux parce que l'on a été bousculé, dérangé, ému, étonné, amusé mais aussi et surtout, on a une vision du monde un poil enrichie. Un grand roman vous dis-je !
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Patria

L'auteur nous raconte l'histoire de deux familles basques séparées par un attentat. L'ombre de l'E.T.A. (de ce qu'est devenu cette organisation) plane sur le livre entier. Nous suivons la vie des parents et des enfants après la mort violente d'un des deux patriarches.

Les deux "mères courage", personnages forts du récit, m'ont été passablement antipathique, aussi bien l'une que l'autre. Et les commérages de ce petit village sont insupportables, ainsi que l'attention accordée par ces femmes au "qu'en dira-t-on". La religion aussi est omniprésente dans leur vie.

Les jeunes femmes sont attachantes, l'un des protagonistes est présenté comme une brute, ce qui fait que j'ai trouvé ce livre un peu manichéen, avec les bons d'un côté et les méchants (ou plutôt la méchante) de l'autre. Mais avec le temps... (tout s'arrange).

L'intérêt réside en partie dans la description de l'évolution politique des nationalistes basques, pour certains vers la lutte armée et la mafia, pour d'autres vers le pacifisme.

Vue de France, je n'imaginais pas non plus une telle violence.

Ce livre est aussi intéressant car il montre comment s'organise le pardon et la réconciliation, ce qui a été le cas lors d'autres situations dramatiques.

Une série tirée de ce livre est diffusée en ce moment à la télévision, mais, n'étant pas abonnée à Canal + je ne la vois pas.

Il manque au glossaire en fin de livre la prononciation des mots en basque.



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Patria

Phénomène littéraire 2017 en Espagne, le livre est le best-seller de l'année, les critiques sont souvent dithyrambiques. Je précise d'ailleurs que l'ai lu en espagnol (ma langue maternelle avec le français), je ne juge donc pas une éventuelle version traduite.

Le récit est assez long mais très prenant et nous raconte un passage de l'histoire espagnole souvent ignoré par la littérature et le cinéma: la violence de l'ETA en Euzkadi (Pays Basque); ce roman de fiction (bien qu'inscrit dans un contexte très réel) parait quelques années après la signature du démantelement de l'ETA. Dans l'ouvrage on s'intéresse plus particulièrement au sort de deux familles, l'une avec un père de famille assassiné par l'ETA, l'autre avec un fils, ancien terroriste emprisonné dans le sud de l'Espagne. La force du bouquin est sans aucun doute de nous transmettre la douleur de la famille de la victime, une violence qui les a bouleversés à vie, et de voir comment ils tentent de se reconstruire après l'assassinat. Mieux encore, le contexte de radicalisation étouffante dans un petit village basque est bien transmis (connaissant un peu la réalité politique du Pays Basque, beaucoup d'éléments sont vrais): Txato, le propriétaire d'une PME, homme aimé dans le village, est avant son assassinat, mis au ban progressivement du village car menacé par l'ETA.

La langue d'Aramburu est quant à elle assez simple, mais la construction est une réussite, on saute facilement entre les très courts chapitres de personnage en personnage et de décennie meme à certains passages que l'on raconte un peu trop d'histoires personnelles (relations amoureuses, problèmes conjugaux) j'ai parfois eu l'impression que cela tournait aux potins.



Enfin deux grandes critiques à cet ouvrage, que j'ai retrouvé parmi les rares critiques journalistiques négatives: ce livre se prétend un grand récit mais est très partiel historiquement:

- Tout d'abord les membres de l'ETA et ses sympatisants, sont présentés comme des idiots finis (José Mari et autres terroristes, Miren sa mère), des ratés qui se sont engagés par ignorance et a qui on a bourré le crane de haine. Certainement l'ETA a recruté de jeunes ignares mais nombreux d'entre eux étaient très politisés, instruits. Il aurait été intéressant de parfois faire parler dans le roman des terroristes plus nuancés (afin de comprendre mieux les raisons de leur radicalisation; car bien sur comprendre ne veux pas dire justifier).

- Deuxièmement, dans le roman l'ensemble de la société basque semble apathique à la montée de la radicalisation, voir complice. Il est vrai que dans de nombreux villages une partie de la population se taisait face aux menaces et aux extorsions (soit par sympathie avec l'ETA, soit par peur), mais il aurait été juste de parler des nombreux mouvements de la société civile qui courageusement on rejeté la violence et ont permis que l'image de l'ETA se ternisse.





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Oiseaux de passage

Haine de soi et du monde, les 12 mois d’un misanthrope qui a décidé d’en finir avec la vie à la fin de l’année.



Un livre que j’ai trouvé trop négatif, mais peut-être n’étais-je simplement pas d’humeur à apprécier car je n’y ai pas trouvé la comédie annoncée.

J’ai abandonné lorsque le héros, qui se plaint de son ex-femme, vante les mérites d’aller aux putes, puis ceux de la poupée gonflable pour remplacer les femmes dans sa vie.



Peut-être les chapitres suivants auraient-ils amené une réhabilitation, mais je ne me suis pas rendue jusque là. Désolée !

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Oiseaux de passage

Peut-être les 365 jours les plus importants de sa vie d’homme.



N’ayant jamais lu cet auteur, j’avais pris ce livre car c’était une nouveauté disponible dans ma médiathèque et que la 4ème de couv. m’a interpelée. J’avais un peu peur que le personnage principal Toni, professeur de philosophie dépressif et cynique, n’induise un roman aux contours pessimistes. Mais il n’en a rien été, bien au contraire, la lecture de ces 600 pages a été une merveilleuse découverte littéraire.

Au début du livre on nous présente effectivement Toni comme un vrai grincheux de la vie, totalement désabusé par tous les humains ou presque. Mais Fernando Aramburu a su le travailler, page après page, afin que de ce personnage grinçant émerge drôlerie et humour noir. Cette histoire pourrait d’ailleurs être superposable à nos propres histoires de vie.

Le quinquagénaire décide de quitter cette vie tant qu’il se sent encore digne de le faire. Il se laisse 1 an pour mettre par écrit les moments et les rencontres qui l’ont marqués. Aramburu présente de manière originale les choses puisqu’il ne décrit toujours que le même mois des 12 années marquantes de la vie du personnage : toujours le même mois d’été - de mi-juillet à mi-août. Présentation qui m’a fait penser que l’auteur cherchait à dire que dans l’histoire de nos vies, un grand nombre de plages de vie sont inertes et que très peu d’entre elles ont réellement un sens, un impact, une résonance. Mais je peux me tromper d’interprétation.

Autre atout dans cette écriture, celui des personnages secondaires gravitant autour de Toni : sa chienne adorée Pepa, sa poupée gonflable Tina, son meilleur ami Pattarsouille, son fils inconsistant, son ex femme traitée de vipère et cette absolument méchante mère.

Son précédent livre, Patria, est sur ma liste à lire tant j’ai eu l’impression de lire un écrivain abouti
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Patria



Dans un petit village du pays basque espagnol où les gens vivent en bonne intelligence , deux familles se trouvent séparées lorsque le fils de l'une devenu militant de l'ETA est mêlé à l'assassinat du père de l'autre . Dés lors l'ancienne amitié , les services rendus dans le passé sont oubliés et remplacés par une haine qui les empêchent de se parler . L'ETA qui naquit en réaction au franquisme perdure bien longtemps après la mort de Franco et la police se trouve toujours du même coté , au service de nouveaux maîtres ( néo franquistes ) qui laissent empirer la situation et ferment les yeux sur les exactions policières et les agissements du GAL .



Les événements de cette histoire nous sont montrés à travers les vicissitudes et ressentis des

habitants du village tous aussi humains les uns que les autres mais assujettis à l'opinion des autres villageois . Des vies brisées par des revendications politiques qui les écrasent et finiront au fil des ans par s'oublier .
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Oiseaux de passage

ET BAM!



La grande surprise de ce début d'année !



D'une écriture fluide, généreuse et percutante, Fernando Aramburu signe avec Oiseaux de passage un roman intime et universel. Avec un humour décapant, l'auteur jette un regard sans filtre sur les désillusions de Toni, un quinquagénaire qui semble avoir un bien funeste projet pour l'année à venir. A moins que...



A moins qu'il ne trouve dans les yeux pétillants de sa chienne Pépa, dans les bons mots cinglants de son ami Pattarsouille, ou encore dans le retour des martinets dans le ciel madrilène, d'innombrables raisons de réenchanter sa vie.



Une authentique réussite, un très grand roman.



Bravo Monsieur Aramburu.
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