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Citations de Fernando Pessoa (1993)


Quand j’ai eu des certitudes, je me suis souvenu que les fous en ont eu de bien plus grandes encore.
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Je n’ai jamais rien fait que rêver. Cela, et cela seulement, a toujours été le sens de ma vie. Je n’ai jamais eu d’autre souci véritable que celui de ma vie intérieure. Les plus grands chagrins de mon existence se sont estompés dès lors que j’ai pu, ouvrant la fenêtre qui donne sur moi-même, m’oublier en contemplant son perpétuel mouvement.

Je n’ai jamais voulu être rien d’autre qu’un rêveur. Si l’on me parlait de vivre, j’écoutais à peine. J’ai toujours appartenu à ce qui n’est pas là où je me trouve, et à ce que je n’ai jamais pu être. Tout ce qui n’est pas moi – si vil que cela puisse être – a toujours eu de la poésie à mes yeux. Je n’ai jamais aimé que rien. Je n’ai jamais souhaité que ce que je ne pouvais pas même imaginer. Je n’ai jamais demandé à la vie que de m’effleurer, sans que je la sente passer. Je n’ai jamais rien demandé à l’amour que de rester un rêve lointain
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Il n'y a pas de normes. Tous les hommes sont des exceptions à une règle qui n'existe pas.
Fernando Pessoa .
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Je suis l’absolu négatif, l’incarnation du néant. Celui que l’on désire sans jamais pouvoir l’obtenir, celui dont on rêve parce qu’il ne peut exister […]Ce qui aurait pu être, ce qui aurait dû exister, ce que la loi ou le Destin n’ont pas donné, je l’ai jeté dans l’âme de l’Homme et elle s’est troublée de sentir la vie vivante de ce qui n’existe pas.
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Et finalement, par dessus l'obscurité des toits luisants, la lumière froide d'un matin tiède point comme un supplice apocalyptique. C'est de nouveau l'horreur habituelle - le jour, la vie, l'utilité fictive, l'activité sans échappatoire possible. C'est de nouveau ma personnalité physique, visible et sociale, transmissible par des mots qui ne veulent rien dire, utilisable à merci par les gestes des autres, par la conscience des autres. C'est de nouveau moi, tel que je ne suis pas.
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Fernando Pessoa
Et dire qu'il y a des gens pour ne pas aimer les paysages qui n'existent pas.
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Je n’ai ni ambitions ni désirs.
Être poète n’est pas une ambition que j’aie,
C’est ma manière à moi d’être seul.
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Si je pouvais croquer la terre entière…


Si je pouvais croquer la terre entière
et lui trouver un goût,
j’en serais plus heureux un instant…
Mais ce n’est pas toujours que je veux être heureux.
Il faut être malheureux de temps à autre
afin de pouvoir être naturel…

D’ailleurs il ne fait pas tous les jours soleil,
et la pluie, si elle vient à manquer très fort, on l’appelle.
c’est pourquoi je prends le malheur avec le bonheur,
naturellement, en homme qui ne s’étonne pas
qu’il y ait des montagnes et des plaines
avec de l’herbe et des rochers.

Ce qu’il faut, c’est qu’on soit naturel et calme
dans le bonheur comme dans le malheur,
c’est sentir comme on regarde
penser comme l’on marche,
et, à l’article de la mort, se souvenir que le jour meurt,
que le couchant est beau, et belle la nuit qui demeure…
Puisqu’il en est ainsi, ainsi soit-il…

*

Se eu pudesse trincar a terra toda
E sentir-lhe um paladar,
E se a terra fosse uma coisa para trincar
Seria mais feliz um momento…
Mas eu nem sempre quero ser feliz.
É preciso ser de vez em quando infeliz
Para se poder ser natural…

Nem tudo é dias de sol,
E a chuva, quando falta muito, pede-se.
Por isso tomo a infelicidade com a felicidade
Naturalmente, como quem não estranha
Que haja montanhas e planícies
E que haja rochedos e erva…

O que é preciso é ser-se natural e calmo
Na felicidade ou na infelicidade,
Sentir como quem olha,
Pensar como quem anda,
E quando se vai morrer, lembrar-se de que o dia morre,
E que o poente é belo e é bela a noite que fica…
Assim é e assim seja…

*
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Lorsque viendra le printemps, si je suis déjà mort, les fleurs fleuriront de la même manière et les arbres ne seront pas moins verts qu'au printemps passé. La réalité n'a pas besoin de moi. J'éprouve une joie énorme à la pensée que ma mort n'a aucune importance.
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J'ai toujours évité, avec horreur, d'être compris. Etre compris c'est se prostituer. J'aime mieux être pris sérieusement pour ce que je ne suis pas, et être ignoré humainement, avec décence, avec naturel.
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Je lis, et me voici libre.
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Le jour, je suis nul; la nuit, je suis moi.
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Poèmes désassemblés II / I
  
  
  
  
Que sont pour moi les maladies que j’ai et le mal qui m’advient,
d’autre que l’hiver de ma personne et de ma vie ?
L’hiver irrégulier, du rythme duquel les lois me sont inconnues,
mais qui existe pour moi en vertu de la même sublime fatalité,
de la même inévitable extériorité par rapport à ma personne,
que la chaleur de la terre au plus fort de l’été
et que le froid de la terre au coeur de l’hiver.

J’accepte par personnalité.
Je suis né sujet comme les autres à l’erreur et aux défauts,
mais jamais à l’erreur de vouloir trop comprendre,
jamais à l’erreur de vouloir comprendre avec la seule intelligence,
jamais au défaut d’exiger du Monde
qu’il soit quelque chose qui ne soit pas le Monde.


/ Traduit du portugais par Armand Guibert
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PASSAGE DES HEURES
Chariot qui grince limpidement, vapeur qui siffle,
grue sèche qui commence à tourner, sensible à mon oreille,
toux sèche, écho des intimités de la maison,
léger frisson matinal dans la joie de vivre,
éclat de rire soudain voilé par la brume extérieure je ne sais comme,
midinette vouée à un plus grand malheur que le matin qu'elle sent,
ouvrier tuberculeux touché de l'illusion du bonheur
à cette heure inévitablement vitale
où le relief des choses est doux, net et sympathique,
où les murs sont frais au contact de la main, et où les maisons
ouvrent çà et là des yeux aux rideaux blancs.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Tout le matin est une colline qui oscille,
... et tout s'achemine
vers l'heure pleine de lumière où les magasins baissent les paupières
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De la plante je dis "c'est une plante",
De moi je dis "c'est moi"
Et je ne dis rien de plus
Qu'y a-t-il à dire de plus ?
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Chacun de nous a son propre alcool. Je trouve assez d’alcool dans le fait d’exister. Ivre de me sentir, j’erre et marche bien droit. Si c’est l’heure, je reviens à mon bureau, comme tout le monde. Si ce n’est pas l’heure encore, je vais jusqu’au fleuve pour regarder le fleuve, comme tout le monde. Et derrière tour cela, il y a mon ciel, où je me constelle en cachette et où je possède mon infini.
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J'ai jeté le masque et j'ai couché au vestiaire
Comme un chien toléré par la direction
Parce qu'il est inoffensif
Et je vais écrire cette histoire pour prouver que je suis sublime.
(p.26)
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Le Destin est une sorte de personne ; il cesse de nous tourmenter si nous lui montrons que nous ne nous laissons pas atteindre par ce qu'il nous fait.
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Un jour la lumière vint à manquer, au bureau. Freitas ne s'y trouvait pas, et Osorio, le garçon de courses était sorti. Fernando alla chercher une lampe à pétrole, l'alluma et la posa sur mon bureau.
Un peu avant l'heure de la fermeture, un petit bout de papier posé sur le bureau attira mon attention; il disait : "Je vous demande de rester." Je restai, dans l'expectative. A ce moment-là, je m'étais déjà rendu compte de l'intérêt de Fernando pour moi, et pour ma part, j'avoue que je le trouvais assez séduisant.
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Je suis les faubourgs d’une ville qui n’existe pas, le commentaire prolixe d’un livre que nul n’a jamais écrit ; Je ne suis personne, personne. Je ne sais ni sentir, ni penser, ni vouloir. Je suis le personnage d’un roman qui reste à écrire, et je flotte, aérien, dispersé sans avoir été, parmi les rêves d’un être qui n’a pas su m’achever.
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