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Critiques de France Richemond (117)
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Le trône d'argile - Intégrale, tome 1

Voilà une série qui m'a longtemps résisté depuis le temps que je voulais la lire. Je dois bien avouer que ce fut un plaisir à la lecture car il y a là un riche travail historique avec des dessins magnifiques avec ce trait réaliste et fluide.



L'aventure évite la narration pesante et ennuyeuse. La guerre de 100 ans devient en quelque sorte passionnante à lire. C'est une période que je ne connaissais pas bien. Je ne savais pas à quel point le royaume de France était divisé entre les armagnacs et les bourguignons alors que le danger d'une menace extérieure atteignait son paroxysme.



En effet, dans ce contexte de guerres civiles, l'Angleterre rêve de reprendre les destinées du royaume et il faudra le courage de certains hommes pour s'y opposer. Pourtant, le roi est fou et son premier connetable a fait assassiner ses deux héritiers pour mettre sur le dos des ennemis au parti.



Attention, le trône d'argile n'est pas un livre d'histoire mais une oeuvre de fiction avec son scénario propre. En ce qui concerne le fameux mystère Jeanne d'Arc, les scénaristes vont faire appel à l'alchimie comme pour rationaliser cette thèse parmi d'autres. Pour autant, je trouve que c'est la plus crédible.



En conclusion, une excellente série qui évite les pièges du genre didactique. Une lisibilité parfaite associé au charisme des personnages feront le reste. Magistralement dessiné et mise en scène, le trône d'argile ne pourra que vous séduire.



Rares sont désormais les séries que j'achète. J'ai atteint un point de saturation et il me faut surtout compléter toutes les séries existantes. Et pourtant, j'ai fais une réelle exception pour le trône d'argile que j'ai découvert bien tardivement. Une récente relecture n'a fait que confirmer tout le bien que je pense de cette série historique. C'est l'une des meilleures d'un genre que j'affectionne.



Note Dessin:4/5 - Note Scénario: 4.5/5 - Note Globale: 4.25/5
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Clément V : Le sacrifice des Templiers

BD HISTOIRE / MOYEN-ÂGE.

On rejoue dans cette bande dessinée la querelle du temporel et du spirituel, et malgré ses échecs Clément V pape jugé faible fait bonne figure face à Philippe le Bel jugé fort, surtout au vu des moyens à sa disposition et de sa santé fragile. Dans ce tome Bertrand Lecomte s'efface devant le texte de France Richemond toujours très forte en bons mots, et les beaux dessins de Germano Giorgiani joliment colorisés par Florence Fantini. L'alchimie m'a semblé très réussie donc j'ai passé un très bon moment. A vous désormais de vous faire une idée !
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Jeanne, la Mâle Reine, tome 1

Vous vous souvenez des Rois maudits, de Maurice Druon?

Regardez bien, derrière Philippe le Bel, Mahaut l'empoisonneuse et Robert d'Artois, on voyait les 3 brus du roi...





Les deux premières accusées d'adultère, et la dernière Jeanne de Bourgogne, accusée de complicité.

Jeanne la boiteuse...





Jeanne, déchirée entre la lumière (elle descend de Saint Louis) et l'ombre...

Un pied bot, la marque du Diable!

Jeanne demande de l'aide à un sorcier, revêtu d'une peau de loup... Le "Bau Dru"!

- Est-ce un honneur d'être marquée par Satan?

- Si tu refuses ton devoir, et que Belzébuth échoue à cause de toi, y s'ra furieux!

Le monde est trop doux, les gens s'éloignent de Dieu. Il a chargé le Maître des Ténèbres de rétablir un temps plus propice à la Foi, et toi tu t'mets de travers!





Que d'efforts et de larmes refoulées...

- Jeanne la boiteuse, la boiteuse, la boiteuse !

Scandaient les enfants!

Un mariage qui se fait attendre, Jeanne va finir vieille fille.





Le sorcier lui annonce qu'elle sera reine? Mais alors, que va-t-il advenir de sa soeur Marguerite ?

Voici la petite histoire dans la grande Histoire.

L'auteure a convoqué le Roi, les templiers et Jacques de Molay, sur son bûcher...





Jeanne a-t-elle signé un pacte avec...le Diable ou avec son Destin, car elle croit en sa destinée?

Est-ce un rêve ou une malédiction ? Car Jeanne la boiteuse deviendra reine, c'est écrit...





Après la mort de Philippe le Bel, c'est l'hiver glacial. La pluie tombe sans cesse et pourrit les récoltes, amenant la Famine et son cortège de morts et de maladies...

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Jeanne, la Mâle Reine, tome 3

BD HISTOIRE / MOYEN-ÂGE.

En bref on instille aux derniers épisodes de la saga de Maurice Druon les trucs et astuces des telenovas, ficelles déjà usitée par d’autre séries de la collection. Étonnamment j’ai trouvé la narration de France Richemond plus fluide et les graphismes de Michel Suro plus dynamiques, donc ce tome 3 est clairement le plus réussi. Je regretterais presque le fait que la série s’arrête alors qu’il y avait matière à réaliser un tome 4 avec une reine régente et un roi combattant durant les premières années de la Guerre de Cent Ans...
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Jeanne, la Mâle Reine, tome 2

"Pape Clément, Chevalier Guillaume, Roi Philippe! Avant un an, je vous cite à comparaître au tribunal de Dieu! Maudits, Maudits, Maudits! "

Hurlait Jacques Molay, le Grand Maitre du Temple, sur son bûcher...( dans Les Rois Maudits de Maurice Druon)





Est-ce lui qui fit mourir le Roi Philippe le Bel, ou Jeanne la boiteuse ?





Dans le chapitre précédent, Jeanne voulait venger sa soeur Marguerite ( morte à Château Gaillard). Le Roi aurait laisser étrangler Marguerite, sa bru, accusée d'adultère !





Le Roi est mort, à cause d'un cerf blanc, avec une croix d'argent entre ses bois, selon la légende ...

Jeanne désirait sa mort, comme elle désire devenir Reine de France, avec acharnement et passion!





Tous ceux qui se dresseront entre elle et le trône, vont subir son courroux. Si vous aviez de la compassion pour Jeanne enfant, en proie aux insultes:

La boiteuse, la boiteuse !

Vous allez trembler devant Jeanne, qui écarte durement, tous ceux qui veulent accéder au trône de France...

Dont Isabelle, "la Louve des France" et reine d'Angleterre!





Jeanne la boiteuse ne revit jamais le "Bau Dru", le sorcier qui lui avait proposé un pacte avec Satan, car c'était la volonté de... Dieu!

Mais, au bout du chemin, Jeanne provoquera le guerre de Cent ans, entre l'Angleterre et le royaume de France.

"Jeanne, la Reine de sang!"



Une autre Jeanne se lèvera, un jour à Domrémy, pour bouter les anglais, hors de France!

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Jeanne, la Mâle Reine, tome 2

Avec ce tome 2 on est plus que jamais à une nouvelle version des "Rois Maudits" de Maurice Druon, cette fois-ci vu et réalisé par les femmes ! On met en scène une manipulatrice en chef qui dit agir pour venger sa soeur aînée Marguerite et faire avancer la cause féminine / féministes, mais qui ne ménage pas ses femmes pour faire accepter la loi salique qui exclut les femmes du pouvoir… Car elle compte bien éliminer ses rivales, pour que son époux Philippe de Valois qu'elle mène par le beau du nez et le beau de la queue ! C'est ainsi qu'entre mariages arrangés et mariages forcé et qu'une « accidents » et « empoisonnements », nous assistons aux heurs et malheurs de Louis X, Philippe V le Long, Charles IV le Bel et Isabelle de France la Reine d'Angleterre, et que les ennemis jurés Mahaut et Robert d'Artois se font volontairement ou involontairement ses agents dans la conquête du trône… le pouvoir certes, mais pour faire quoi ? Tous ces efforts, tous ces complots, toutes ces intrigues et toutes ces morts pour satisfaire son ego, placer ses pions pour grimper dans la hiérarchie et faire baisser ses ennemis à savoir tous les autres dans cette même hiérarchie ??? Marre de ces games of thrones aristocratiques de mes couilles qu'on retouve partout où un homme peut avoir une parcelle de pouvoir donc de l'autorité sur ses semblables… Si dans le tome 1 on laissait le suspens quant à savoir si Jeanne la Boîteuse était marquée par Dieu ou par Diable, ici il n'y plus aucun place au doute : nous retrouvons la garce archétypal des anti-héroïnes de telenovelas, donc aucune sympathique pour une connasse qui n'hésite pas à assassiner des enfants pour faire avancer ses plans. Sinon, hasard ou volonté clairement assumée c'est quand même étrange que les Pastoureaux aient de faux airs de Gilets Jaunes...



Après les dessins sont agréables mais je n'en suis pas fan, et il y a des passages un peu trop théâtraux et des passages un peu trop « chroniques de France »… Ce n'est pas la série la plus réussie de la collection, mais l'ensemble reste de bonne facture ! (sinon c'est moi où les circonstances de la mort de Louis X le Hutin ressemblent vachement à celles de la mort du fils aîné de François Ier ?)
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Léon le Grand : Défier Attila

Après avoir lancé avec Fayard la collection "Ils ont fait l'Histoire", les éditions Glénat s'associent à cerf pour lancer la collection "Un pape dans l'Histoire" : les auteurs sont bons, mais le plotmaster qui s'occupe des appendices est Bertrand Lecomte entre autres choses ancien rédac-chef du journal La Croix donc la biographie devient hagiographie et le côté historique disparaît devant le côté prosélyte… Soupir...

Le pape Léon prévient et menace, et la Divine Providence se charge de châtier ceux qui ne l'ont pas écouté : comme il est facile de réécrire l'Histoire à posteriori ! Nous sommes évidemment et malheureusement dans l'hagiographie où l'homme s'efface pour laisser au mythe toute sa place : le pape est courageux et généreux, intègre et travailleur, intelligent et cultivé mais aussi humble et modeste… Mais bien sûr ! Et c'est d'autant plus voyant qu'en face de lui on met en scène les derniers épisodes du game of thrones romain, avec ces aristocrates et élitistes et suprématistes (ah ça entre racisme et xénophobie on cultive bien l'intolérance dans le petit monde de l'entre-soi ploutocratique) qui alors que l'empire est au bord du gouffre continuent leurs petites combines pour monter en grade, être supérieur aux autres et qui sait peut-être remporter le jackpot en devant calife à la place du calife, euh pardon empereur à la place de l'empereur. Les joutes verbales remplies de punchlines sont de véritables mines à citation : cela ferait une excellente série télé, d'ailleurs Alexandre Astier y avait pensé à la fin de son "Kaamelott" ! Tout est dans prétexte à nous monter les malheurs du temps : l'Empire coupé en deux doit faire face à la concurrence de l'Empire d'Attila, les autorités civiles qui ont fort à faire avec les sécessions sont peu à peu remplacées par les autorités religieuses qui ont fort à faire avec la multiplication des hérésies, et après l'invasion des Huns vient l'invasion des Vandales, le tout sur fond de trahisons et d'assassinats et les meilleurs partent toujours les premiers pour que les homines crevarices puissent se loler sur leurs tombes… Et au final c'est le conseiller d'Attila qui remporte le Trône de Fer, mais comme les mêmes causes produisent les mêmes effets il est emporté à son tour par les intrigues et les complots des « premiers de cordées » qui n'ont jamais su quoi faire de leur temps et de leur argent si longuement et si savamment extorqué aux peuples du monde entier. France Richemond a désormais l'expérience nécessaire pour très bien nous raconter cela en 48 pages, et pour ne rien gâcher j'ai beaucoup aimé les dessins de Stefano Carloni mis en couleurs par Luca Merli !
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Jeanne, la Mâle Reine, tome 1

Ce nouvel opus des "Reines de Sang" est consacré au Game of Thrones originel : que n'a-t-on pas déjà dit et déjà écrit sur la geste des Rois Maudits ? ^^

France Richemond qui a travaillé avec Nicolas Jarry sur la série "Le Trône d'argile" oeuvre ici en solo pour la série "Les Reines de Sang", et elle a décidé de nous raconter la fin des Capétiens et le début de la Guerre de Cent à travers les yeux de Jeanne de Bourgogne. Cui bono ? À qui profite l'enchaînement des tragédies ? La jeune fille boiteuse dont personne ne voulait et dont tout le monde se moquait finit par devenir au fil des événements reine et régente de France, une mâle reine puissante et périlleuse... A-t-elle été marquée par Dieu ou par le Diable ?



Tout commence sous le règne du roi de fer Philippe IV le Bel : le Duc de Bourgogne Robert a deux fils et le Comte de Bourgogne Othon a deux filles, mais il est hors de question pour le Royaume de France que les deux Bourgognes s'unissent... Jeanny et Blanche épousent ses fils, et pour ne pas se fâcher avec le Duc Robert Marguerite épouse le Dauphin et est donc programmée pour devenir reine, et pour pas se fâcher avec la Comtesse Mahaut celle-ci récupère l'Artois, et pour ne pas se fâcher avec le Comte d'Artois Robert son petit-fils illégalement dépossédé est richement rétribué... Tout ce qu'il avait craint finira bel et bien par se réaliser : on ne triche pas avec le Destin !

Entre les interludes troubadouresques le ton est celui de la chronique et on passe des cours de Bourgogne et celle de France, on s'attardant sur les relations avec la papauté et sur l'affaire des Templiers. Avec Marguerite princesse puis reine, on nous refait le coup de la jeune fille enjouée étouffée par une cour royale pleine d'austérité (remember Aliénor d'Aquitaine, Marie-Antoinette et tutti quanti ^^) : c'est pénible les gens qui veulent le beurre et l'argent du beurre, la gloire et le pouvoir mais pas les responsabilités qui vont avec...

Jeanne la soeur de Marguerite est née boiteuse, et pour beaucoup c'est le signe qu'elle est maudite, pire qu'elle a été choisie par le Diable... Les prétendants ne se bousculent donc pas au portillon, mais Jeanne croit en son étoile et continue de rêver au prince charmant qui pourrait être Philippe de Valois qui sait si bien la faire danser... Elle consulte un sorcier luciférien qui lui accorde de réaliser son souhait le plus cher à condition qu'elle accepte d'enfin accomplir la destinée pour laquelle elle est née : le lendemain, le beau Philippe arrive en trombe pour lui demander sa main... Puis éclate le scandale de la Tour de Nesle : les frères d'Aulnay sont torturés et tués, les princesses emprisonnées, et le roi de fer finit par décéder ! le nouveau roi Louis X, dit le Hutin, laisse crever son épouse Marguerite à Château-Gaillard et Jeanne jure de la venger... Deviendra-t-elle Dieu ou Diable : To Be Continued !!!



Même si la narration reste très classique et si la caractérisation est un peu girly voire un peu naïve, cela reste passionnant à suivre : l'Histoire de France est remplie de Dallas aristocratiques tous plus intéressants les uns que les autres ! Et pour ne rien gâcher les graphismes du dessinateur Michel Suro et du coloriste Dimitri Fogolin sont assez agréables à regarder... Si vous aimez L Histoire et la BD vous pouvez y aller ! ^^
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Le Trône d'Argile, tome 1 : Le chevalier à la ha..

L’historienne France Richemond, le scénariste Nicolas Jarry, le dessinateur Theo Caneschi et le coloriste Lorenzo Pieri nous proposent de replonger dans les sombres heures de la Guerre de Cent Ans…



Au début j’ai eu un peu peur : un roi faible, un prince tourmenté, une cour lieu de toutes les intrigues, un héros entre Ivanhoé et Thierry la Fronde, un complot aussitôt mis en place aussitôt éventé, des Armagnacs patriotes, des Bourguignons traîtres à la patrie, des Anglais plus ambitieux et plus manipulateurs que les deux camps réunis… Clichés ? L’Histoire bégaye tellement, les gens de pouvoirs fonctionne tellement sur les mêmes schémas qu’au lieu de rager il faut plutôt se lamenter sur la sempiternelle bêtise humaine…

Rapidement la série trouve ses marques entre narration à l’ancienne et narration plus moderne : malgré des partis pris assez classiques à la Alain Decaux (mais pas à la "Chevalier de Pardaillec", il ne faut pas exagérer non plus ^^), on évite les écueils des Images d’Epinal pour retrouver des sensations similaires à celle du "Trône de Fer", Henri V par exemple ayant une bonne gueule de Tywin Lannister. On pourrait presque parler d’impression de déjà vu et cela serait tout à fait normal, puisque GRR Martin a plus que largement pioché dans les heurs et malheurs des dynasties françaises et anglaises pour nourrir son "Game of Thrones"… blink



Par contre niveau narration, et on nous balance en 1418 sans préface, sans introduction, sans flashback ni ou explications avec la folie du roi Charles VI, la régence de la reine Isabeau de Bavière, la guerre civile entre Armagnac et Bourguignons, les vendettas entre princes du sang inauguré par l’assassinat du duc Louis d'Orléans le 23 novembre 1407, les divisions anglaises noyées par l’aventure française d’Henry V, et le désastre de la Bataille d’Azincourt… A ce niveau, c’est carrément une faute professionnelle !



Niveaux graphismes, le travail de Theo Caneschi assisté aux couleurs de Lorenzo Pieri est soigné et ma foi bien agréable à l’œil, mais cela m’a vraiment gêné aux entournures que l’alchimie entre dessins, encrage et couleurs change à chaque tome… Je sais bien que les artistes évoluent aussi durant les années qui séparant la sortie de chaque album (la série a commencé en 2008 et nous sommes en 2016), mais les couleurs chaudes du tome 1 laisse place à des tons sépias puis grisâtres et dans le tome 4 c’est d’une planche à l’autre que le charadesign change de manière sensible… C’est dommage ce défaut d’homogénéité !





Ce tome 1 est essentiellement parisien… Après l’assassinat de Louis d’Orléans et les émeutes cabochiennes, les Bourguignons tiennent la capitale à leur merci, mais la roue tourne et les Armagnac finissent par leur rendre la monnaie de leur pièce. Sauf que nous sommes le 30 mai 1418, et le jeune Perrinet Leclerc, fils d’un capitaine de la milice bourgeoise détenant les clefs de la porte Buci, fait entre les troupes bourguignonnes du capitaine L’Isle-Adam… Tandis que les traîtres bourguignons menés par le bourreau Capeluche s’en donnent à cœur joie en massacrant à tours de bras la vermine armagnac, la résistance s’organise à la Bastille autour du vaillant Prévôt de Paris Tanneguy du Châtel… Lui, le Maréchal de Rieux et le Chevalier de Barbazan joignent leurs efforts pour délivrer le roi, alors qu’Ambroise de Loré poursuivi par les agents ennemis emmène au péril de sa vie le Dauphin Charles se réfugier sans sa bonne ville de Meaux…

Le Destin est en marche, car commence la période la plus sombre de la Guerre de Cent Ans ! mar quar doué !!! (J’en reparlerai pour les autres tomes, je trouve que le triumvirat Henri V, Jean sans Peur et Charles VII assez semblable à celui formé par Marc-Antoine, Lépide et Octave : c’est l’adolescent que tout le monde donne perdant qui va tous les enterrer tous…)
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Le trône d'argile - Intégrale, tome 1

L’historienne France Richemond, le scénariste Nicolas Jarry, le dessinateur Theo Caneschi et le coloriste Lorenzo Pieri nous proposent de replonger dans les sombres heures de la Guerre de Cent Ans…



Au début j’ai eu un peu peur : un roi faible, un prince tourmenté, une cour lieu de toutes les intrigues, un héros entre Ivanhoé et Thierry la Fronde, un complot aussitôt mis en place aussitôt éventé, des Armagnacs patriotes, des Bourguignons traîtres à la patrie, des Anglais plus ambitieux et plus manipulateurs que les deux camps réunis… Clichés ? L’Histoire bégaye tellement, les gens de pouvoirs fonctionne tellement sur les mêmes schémas qu’au lieu de rager il faut plutôt se lamenter sur la sempiternelle bêtise humaine…

Rapidement la série trouve ses marques entre narration à l’ancienne et narration plus moderne : malgré des partis pris assez classiques à la Alain Decaux (mais pas à la "Chevalier de Pardaillec", il ne faut pas exagérer non plus ^^), on évite les écueils des Images d’Epinal pour retrouver des sensations similaires à celle du "Trône de Fer", Henri V par exemple ayant une bonne gueule de Tywin Lannister. On pourrait presque parler d’impression de déjà vu et cela serait tout à fait normal, puisque GRR Martin a plus que largement pioché dans les heurs et malheurs des dynasties françaises et anglaises pour nourrir son "Game of Thrones"… blink



Par contre niveau narration, et on nous balance en 1418 sans préface, sans introduction, sans flashback ni ou explications avec la folie du roi Charles VI, la régence de la reine Isabeau de Bavière, la guerre civile entre Armagnac et Bourguignons, les vendettas entre princes du sang inauguré par l’assassinat du duc Louis d'Orléans le 23 novembre 1407, les divisions anglaises noyées par l’aventure française d’Henry V, et le désastre de la Bataille d’Azincourt… A ce niveau, c’est carrément une faute professionnelle !



Niveaux graphismes, le travail de Theo Caneschi assisté aux couleurs de Lorenzo Pieri est soigné et ma foi bien agréable à l’œil, mais cela m’a vraiment gêné aux entournures que l’alchimie entre dessins, encrage et couleurs change à chaque tome… Je sais bien que les artistes évoluent aussi durant les années qui séparant la sortie de chaque album (la série a commencé en 2008 et nous sommes en 2016), mais les couleurs chaudes du tome 1 laisse place à des tons sépias puis grisâtres et dans le tome 4 c’est d’une planche à l’autre que le charadesign change de manière sensible… C’est dommage ce défaut d’homogénéité !





ma critique du tome 1 :

http://www.babelio.com/livres/Richemond-Le-Trone-dArgile-tome-1--Le-chevalier-a-la-hache/67953/critiques/951133



ma critique du tome 2 :

http://www.babelio.com/livres/Richemond-Le-Trone-dArgile-tome-2--Le-Pont-de-Montereau/67954/critiques/951641



ma critique du tome 3 :

http://www.babelio.com/livres/Richemond-Le-Trone-dArgile-tome-3--Henri-roi-de-France-et-/81089/critiques/952379



ma critique du tome 4 :

http://www.babelio.com/livres/Richemond-Le-Trone-dArgile-tome-4--La-Mort-des-Rois/170993/critiques/953261
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Le Trône d'Argile, tome 4 : La Mort des Rois

Encore un tome magnifique.



Le titre « La mort des rois » annonce la couleur. On assiste à la victoire de fait d’Henry V d’Angleterre, à la résistance armée efficace du dauphin Charles, et à l’enfance de la petite Jeanne de Lorraine qui dévoile déjà un sacré tempérament guerrier.



L’histoire est bien équilibrée entre des batailles dantesques et des complots terribles. Les complots, justement, fleurissent autour de la personne du dauphin. Du Châtel s’arrange pour que la promise Marie d’Anjou séduise Charles jusqu’ici plutôt occupé à s’amuser– une scène géniale – et provoquer le fameux mariage qui donnera, on l’espère, un héritier mâle. Yolande d’Anjou, la mère de Marie et l’un des génies politique de l’époque, passe outre l’interdiction du dauphin et téléguide les tentatives d’assassinat d’Henry. Yolande encore envisage l’idée de transformer une légende en réalité en faisant chercher une vierge qui pourrait symboliser la reconquête de France. Car comme le dit la chanson « Pauvre royaume de France perdu par une femme, une vierge la sauvera ».



Les auteurs confirment leur objectif : les Anglais passent pour les méchants de la guerre, c’est net. Le roi Henry se comporte avec les Français, à présent ses sujets, comme avec des prisonniers vaincus. Il est dur, il châtie, il écume. Au lieu d’assimiler, il punit. On est loin d’Alexandre le Grand. J’ai quelques doutes quant à la pertinence de cette approche. On dirait que Jarry et Richemond veulent faire renaître le Roman National, comme dans les écoles de la fin du 19ème siècle.



De même les auteurs formulent des hypothèses que j’ai trouvées audacieuses sur certains évènements : la mort d’Henry provoquée par empoisonnement et pilotée par le camp français, et l’effondrement du plancher de la salle de La Rochelle où un conseil est réuni devant le dauphin – ce dernier en réchappant par miracle – organisé par les Anglais. J’ai cherché dans mes bouquins d’Histoire et je n’ai pas trouvé mention de ces hypothèses. Je me demande quelles sont leurs sources.



Théo fait encore une fois des miracles au crayon. J’apprécie particulièrement les expressions qui se dégagent de ses visages. Un coup de chapeau particulier à la splendeur de la couverture de ce tome.



A présent le décor est planté pour l’arrivée de Jeanne à la Cour du Dauphin. Vivement la suite.

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Le Trône d'Argile, tome 5 : La pucelle

Toujours aussi fortiche, cette série.



La mort d'Henry V laissait espérer que le camp de Charles VII allait pouvoir respirer un peu. Que Nenni ! le régent Jean de Lancastre s'avère un sacré loulou, doué pour la bagarre et bien secondé. Côté Charles VII c'est la cacophonie : des généraux qui ne s'entendent pas, des conseillers qui malconseillent, c'est défaite sur défaite. le jeune roi perd gentiment pied.

Mais Yolande est là, Yolande d'Anjou, une vraie Churchill en jupon qui ne fume pas mais ourdit des complots d'une audace incroyable. Elle a repéré la petite lorraine Jeanne et monte tout un plan type « Mission Impossible » pour la persuader qu'elle est appelée par Dieu pour aider le bon roi Charles à bouter l'angloys hors de France. C'est le début de l'aventure de Jeanne d'Arc.



L'histoire sonne toujours aussi juste. Les personnages aussi. On sent le désarroi et la désespérance de Charles, l'indifférence méprisante de son conseiller Pierre de Giac, la solidité de Yolande et, de plus en plus, la conviction de Jeanne la Pucelle qui ira jusqu'au bout. France Richemond a donc opté pour une version de Jeanne d'Arc humaine, dépourvue de mysticisme : Jeanne a été manipulée pour apporter l'espoir au roi de Bourges. Yolande d'Anjou est la tête pensante, et peu lui importe les dégâts subis par les uns ou les autres pour replacer Charles sur le trône. S'il faut pratiquer la politique de la terre brûlée, soit. C'est un mal nécessaire. Les paysans subissent dans leur chair le combat des nobles. Auraient-ils été moins heureux sous le règne des anglais ?



Le dessin de Théo est toujours aussi génial : des batailles spectaculaires, des prises de vue cinématographiques (Londres vue d'avion rendrait jaloux Yann Arthus Bertrand), des scènes comiques comme le futur Louis XI – que l'on connaît si sordide – en gamin malicieux chevauchant un chien. Et encore une superbe couverture.



Plus qu'un tome paru de cette série de haut niveau. Après, va falloir attendre la suite comme tout le monde.

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Le Trône d'Argile, tome 6 : La geste d'Orléans

Avec ce sixième tome, la fresque "Le Trône d'Argile" s'impose de façon certaine comme une bande dessinée authentique et digne d'intérêt pour les passionnés de la Guerre de Cent Ans.

Avec brio et réalisme, on y retrouve tous les protagonistes de ce long conflit et surtout le personnage de Jeanne la Pucelle autour duquel s'articule le scénario de ce sixième tome.

J'ai trouvé énormément de plaisir à suivre l'évolution et l'influence grandissante de Jeanne. Elle apparaît telle qu'on se l'imagine : courageuse, fonceuse mais aussi fidèle et fervente chrétienne, respectueuse des dogmes catholiques.

On peut également savoir gré à France Richemond la scénariste de ne pas faire de Jeanne d'Arc une icône sublimée. Dans cette guerre, elle n'est pas seule. Bien d'autres personnages militaires et politiques ont un rôle à jouer, et qu'il soit favorable ou non au dessein de la Pucelle, ce rôle apparaît très clairement dans le scénario.



En ce qui concerne le graphisme, les planches sont toujours aussi réussies. Il y a là une réelle volonté de reproduire les paysages et architectures du Moyen-Âge. Les scènes de batailles-qui ont la part belle dans ce tome- sont étonnantes de réalisme et notamment la prise d'Orléans.

Une carte des lieux fort judicieusement intégrée dans le scénario permet d'ailleurs au lecteur de bien visualiser les positions anglaises autour d'Orléans et la progression entreprise par les combattants français.





Bref, une bande dessinée à la fois instructive et plaisante présentant toute une panoplie de personnages héroïques (...ou pas !) qui ne manqueront pas de piquer la curiosité des lecteurs passionnés par cette période riche en rebondissements.
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Le Trône d'Argile, tome 2 : Le Pont de Montere..

L’évocation de la Guerre de Cent Ans par Richemond, Caneschi et Jarry me plaît de plus en plus.



Fuyant Paris, le dauphin Charles se réfugie à Bourges. Il est plutôt démotivé, battu avant la bataille. Mais Tanneguy du Chatel et le puissant esprit politique Yolande d’Aragon – celle-là il faut absolument que j’en lise une biographie – se charge de le regonfler. S’essuyant les pieds sur les propositions du Duc de Bourgogne Jean sans Peur, il est proclamé régent et reprend la lutte en commençant par mettre la forteresse d’Azay au pas… dans le sang.

Jean commence à flipper, se rend auprès de son allié le roi d’Angleterre Henri V qui lui demande sans détour de le reconnaître roi de France s’il souhaite son aide. Refus de Jean qui convoite lui-même la couronne (on voit que G.R.R. Martin a de quoi s’inspirer).



Du coup, Jean sans Peur est prêt à discuter à nouveau avec le régent Charles, mais au moment d’atteindre un accord, il perd pied devant l’idée de devoir obéir à ce petit fat. Cela sonnera sa perte : il est assassiné à Montereau.

C’est Henri le grand gagnant. Il a parfaitement manipulé son « allié » Jean, jouant avec son ambition et son arrogance, et agrandi la plaie purulente qui divise le royaume de France.



Les personnages historiques sont magnifiquement ciselés, poussant – peut-être jusqu’à la caricature – leur caractéristiques essentielles : le fol Charles VI, la nympho Isabeau de Bavière, l’intelligence politique de Yolande d’Aragon et d’Henri V, le tempérament explosif de Jean sans Peur. Encore une fois le camp du dauphin Charles est clairement défini comme « les gentils ». Charles lui-même n’est qu’un ado bousculé par les évènements qui commence à prendre du plomb dans la tête. On ne sent pas encore le côté noir, retors et déloyal de sa personnalité tel qu’il était décrit par Jean-Christophe Rufin dans Le Grand Cœur.



Les dessins sont à nouveau époustouflants. Les scènes de batailles bien sûr, mais surtout les décors comme l’intérieur de la cathédrale de Bourges ou les intérieurs des châteaux. L’horreur de la guerre éclabousse carrément dans les scènes de Rouen assiégée par Henri V, qui expulse ses bouches inutiles obligées de survivre en hiver dans le no man’s land entre la cité et les assiégeants. Le pauvre hère décharné qui dépouille les cadavres, habillé seulement d’une peau de bête, est aussi bouleversant.



J’avais mis 4 étoiles mais, en écrivant ceci, je me suis demandé ce que je reprochais à cet album. Je n’ai rien trouvé.

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Le Trône d'Argile, tome 6 : La geste d'Orléans

FOR-MI-DABLE !



Jamais on ne m’avait raconté l’histoire de Jeanne d’Arc avec autant de brio. Enfin, pas toute l’histoire, la première partie seulement, ce qui me fait penser qu’il y aura une suite à cette splendide série, qui n’est pas d’argile contrairement au trône.



La geste d’Orléans nous est contée avec une puissance d’évocation émotionnelle incroyable. L’espoir qui renaît dans le camp de Charles VII, la foi pure en la Pucelle qui emporte soldats et chevaliers sont presque palpables. Palpable également le fait que la créature « Pucelle » échappe peu à peu à sa créatrice Yolande d’Anjou, donnant naissance à la légende devant nos yeux.

Ce tome décrit beaucoup d’événements guerriers en peu de pages ; souvent il n’a pas le temps de s’attarder sur les émotions et les manœuvres politiques des uns et des autres. Mais il aide le lecteur à comprendre ce qui se passe grâce à des schémas très éclairants.

De plus, je crois que le lecteur ne peut pas échapper facilement à une certaine jouissance chauviniste. C’est le moment où la roue tourne, où Dieu revient du côté français, où les Anglais commencent à céder. Presque sans en avoir conscience, j’ai ressenti des émotions proches de celles de la victoire de la France lors de la coupe du monde de football en 1998.



Le dessin est peut-être encore plus impressionnant que d’habitude. Certains tableaux mériteraient une exposition au musée. Je pense en particulier à la scène où Jeanne s’agenouille devant Charles caché au milieu de la foule des courtisans ébahis (allez voir ici http://www.7heo.com/tronedargile/category/anatomie-dune-page/)



Je ne vais pas en rajouter. Cette série entre définitivement dans mon top cinq des meilleures BD que j’aie lues. Vivement la suite.

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Clément V : Le sacrifice des Templiers

La torture ne sert pas la vérité.

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Ce tome contient une biographie partielle du pape Clément V qui se suffit à elle-même et ne nécessite pas de connaissances préalables. Il a été écrit par France Richemond, médiévaliste, dessiné et encré par Germano Giorgini, et mis en couleurs par Florence Fantini. Il comprend quarante-six pages de bande dessinée, et la première édition date de 2021. La scénariste a également écrit un autre tome de cette collection consacrée aux papes : Léon le Grand : Défier Attila (2019), dessiné par Stefano Carloni. le tome se termine avec un dossier documentaire de huit pages, réalisé par Bernard Lecomte, composé des parties suivantes : Clément V premier pape d'Avignon, Un Bordelais nommé Bertrand de Got, Les 17 papes français, Philippe IV le Bel plus puissant que le pape ?, Qui étaient les templiers ?, Les routes des trois grandes croisades, Les moines soldats iront-ils en enfer ?, La croix rouge, La fin des templiers, Un procès scandaleux, Jacques de Morlaix trahi par le pape, le pape Formose, le vin des papes, Les rois maudits, un lexique.



Lyon, basilique Saint-Just. le 14 novembre de l'an de grâce 1305. Couronnement de Bertrand de Got. Qui devient le pape Clément V. Il reçoit la tiare à la double couronne. Couronne du royaume terrestre. Couronne du royaume spirituel. Il devient ainsi le père de tous, princes et roi, le recteur de la Terre, le vicaire du seigneur Jésus-Christ. Alors que la procession du nouveau pape monté sur sa mule pontificale avance dans les rues de la ville, un mur sur lequel étaient montés des spectateurs s'écroule. Plusieurs jours ont passé. le duc de Bretagne est mort. Gaillard de Got agonise. Onze décès jettent un voile de ténèbres sur le couronnement du pape. le roi Philippe le Bel vient le trouver : il a besoin de lui. Les rapports restent tendus avec l'Angleterre malgré les traités. le roi veut donner sa fille Isabelle, au prince héritier et il lui faut une dispense. le pape la lui accorde bien volontiers.



Le roi Philippe le Bel continue : La perte du royaume chrétien d'Orient est terrible. Son grand-père Saint Louis s'est sacrifié pour le créer. Aujourd'hui son oeuvre est anéantie ! Cette nouvelle croisade doit les implanter définitivement. Quelques croisés désordonnés ne suffisent pas. Il faut une armée de métier. Or les templiers ont failli. Leur stupide rivalité avec les hospitaliers a tout gâché. Ils ont oublié quel est l'ennemi. le pape répond que certes, mais ils ont défendu leur dernier bastion Saint-Jean-d'Acre jusqu'à la mort. le roi insiste : Élire l'orgueilleux Jacques de Morlay à la tête du Temple fut une erreur. Il se perd dans un jeu de puissance. le pape reconnaît que ce choix fut maladroit car Molay est si rigide. Il refuse la fusion avec les Hospitaliers. Il faut pourtant bien réformer le Temple puisqu'il n'y a plus de pèlerins à protéger. Ils ne peuvent être juste des banquiers. le roi intime au pape de faire cesser ce scandale qui souille l'Église. Il doit imposer la fusion ou les supprimer et créer un nouvel ordre.



Ce tome permet à la scénariste de revenir sur la disparition de l'ordre des Templiers, événement auquel elle faisait déjà référence dans Jeanne, la Mâle Reine, tome 1 (2018) avec Michel Suro. le titre annonce que l'ouvrage s'attache principalement à la vie du pape Clément V, et également à la fin de l'ordre des Templiers. le choix de la scénariste est de se focaliser sur la vie de Bertrand de Got (1264-1314) uniquement pendant la période où il fut pape. le récit commence donc avec son sacre en 1305 et il se termine avec son décès. La première séquence s'accompagne d'un moment spectaculaire, propice à capter l'attention du lecteur : le mur qui s'écroule et les badauds pris en dessous. Puis vient la biographie en elle-même qui parvient à mêler les tracas personnels de Bertrand de Got, en particulier ses problèmes de santé, ses difficiles décisions politiques pour essayer de résister à Philippe le Bel, et à maintenir l'autorité du pape sur l'Église, l'itinérance de sa curie, les événements historiques majeurs en France et en Italie, les attaques de Philippe le Bel contre les Templiers pour asservir leur ordre. France Richemond impressionne le lecteur par la dextérité avec laquelle elle parvient à gérer le volume d'informations nécessaires pour établir les enjeux et rendre compte des défis à l'échelle de l'Église, par le biais de dialogues plausibles, ce qui lui permet de limiter la taille des cartouches de texte, évitant ainsi l'effet exposé massif et indigeste.



La fluidité de l'exposé des informations revêt un tel naturel que le lecteur peut ne pas se rendre compte de la densité de la reconstitution. Si cet aspect l'intéresse, il consulte le lexique en fin d'ouvrage et se rappelle qu'effectivement les personnages représentés dans la bande dessinée ont évoqué Albert Ier de Hasbourg, Arnaud de Pellegrue, Boniface VIII, Célestin V, Charles d'Anjou, Charles II d'Anjou, Charles de Valois, Guillaume de Beaujeu, Guillaume de Nogaret, Henri VII de Luxembourg, Hugues de Payns, Jacques de Molay, Robert d'Anjou, Geoffroy de Charnay, etc. le lexique continue avec la liste des lieux traversés ou évoqués, au nombre d'une dizaine, avec par exemple Anagni (ville d'Italie où le pape Boniface VIII s'est fait arrêter en 1303 par l'envoyé de Philippe le Bel) ou Ferrare (puissante seigneurie italienne dans le delta du Pô). Vient ensuite une vingtaine de termes relatifs à la religion, dont concile cadavérique, gibelins, relaps. Ces trois registres de vocabulaires transcrivent bien les différentes dimensions du récit : politique et historique, française et italienne, histoire de l'Église et de son dogme. La scénariste sait transcrire toutes ces dimensions, sans faire de prosélytisme ou du dénigrement systématique, sans occulter le religieux.



Par la force des choses, un récit historique de cette nature impose une narration visuelle descriptive pour une reconstitution historique rigoureuse et documenté. le dessinateur impressionne également par sa capacité à remplir cet objectif : représenter les tenues d'époque et les costumes liés aux fonctions au sein de l'Église, montrer les cathédrales avec fidélité, ainsi que les rue des villes, les environnements particuliers comme des cellules ou la muraille d'un fort. Il représente les arrière-plans dans plus de 80% des cases, même celles avec des gros plans sur les personnages : le lecteur peut donc se projeter dans chaque et il ne ressent pas de solution de continuité qui serait provoquée par l'absence de décors plusieurs cases d'affilée. La séquence d'ouverture lui permet de mettre à profit la dimension spectaculaire de la cérémonie, puis du mur qui s'écroule. le lecteur constate que la scénariste a fait l'effort de penser en termes visuels chaque fois que la séquence s'y prête : un affrontement entre Templiers et infidèles à Saint-Jean-D'acre, le déplacement de la curie itinérante du pape, l'entrée en ville du roi et de ses soldats, l'arrivée à Avignon, celle au petit prieuré de Groseau, l'attaque des remparts de Ferrare par l'armée d'Arnaud de Pellegrue, les Templiers mis au bûcher à l'orée du bois de Vincennes, le banquet de clôture du concile, l'exécution de Jacques de Morlay. de la même manière, il est visible que le dessinateur a conçu des plans de prise de vue spécifique pour chaque discussion, évitant l'alternance mécanique de champ / contrechamp, montrant ce que font les personnages pendant les échanges, où il se trouvent. L'investissement de l'artiste sur la mise en scène participe de manière significative à la fluidité globale de la narration, à se tenir à l'écart de tout impression de texte copieux limitant les cases à de simples illustrations.



Le lecteur se retrouve vite transporté auprès du pape Clément V. Il sait bien qu'il ne s'agit pas d'un reportage pris sur le vif, qu'il n'existe pas d'archives visuelles ou audio permettant d'avoir la certitude que les événements se sont bien déroulés de cette manière, que les personnages ont prononcé ces paroles ou ont pris ces positions. Les auteurs savent rendre plausibles ce qu'ils racontent, le lecteur étant d'autant plus convaincu par la solidité des références, par la densité d'informations. Il éprouve la sensation que cette reconstitution lui montre pour partie la vérité. Il voit bien que les auteurs se tiennent à l'écart d'une représentation manichéenne ou simpliste : le pape n'est pas un héros ayant permis d'éviter le pire face à un roi omnipotent, ni un lâche ayant abdiqué toute responsabilité et se pliant aux diktats de Philippe le Bel. La réalité décrite s'avère complexe. Les personnages agissent conformément à la structure sociale de l'époque, à l'existence d'une religion d'état, aux jeux des alliances politiques et des guerres. La narration n'essaye pas d'intégrer tous les événements, de gaver le lecteur de passages encyclopédiques : elle s'appuie plutôt sur des événements montrés, et d'autres évoqués, laissant le lecteur libre d'aller se renseigner plus longuement s'il le souhaite. le dossier documentaire en fin d'ouvrage apporte des informations complémentaires, ou présente certaines sous une autre facette que la bande dessinée, s'avérant très intéressant.



La reconstitution historique est un genre à part entière, particulièrement exigeant en termes de recherches, de compréhension du contexte de l'époque, et assez difficiles à restituer de manière agréable sous forme de bande dessinée. le lecteur fait le constat par lui-même de la rigueur et de l'investissement des auteurs dans leur ouvrage, ainsi que de leur coordination et de leur complémentarité pour réaliser une narration agréable à la lecture, sans rien sacrifier à l'ambition de cette reconstitution. L'ouvrage donne envie de découvrir cette époque, les actions de ce pape, et une fois terminé, le lecteur en ressort avec l'envie d'en apprendre plus. Une belle réussite.
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Le Trône d'Argile, tome 1 : Le chevalier à la ha..

J’ai découvert cette série par hasard en fouillant dans une librairie. Six tomes sortis, valeur sûre donc. Sujet : guerre de cent ans, génial ! Je me lance.



Je regarde le titre : « le Trône d’Argile ». Les auteurs ont-ils voulu surfer sur le succès d’une autre série à succès qui emploie un métal pour son trône ? Fort possible. Mais pourquoi « argile » ? Pas très solide ça. Justement parce que fragile ? Peut-être… Qui a des infos et peut nous éclairer est convié à s’exprimer.



J’ouvre, et je vois que l’opus démarre plutôt sur la deuxième partie de la guerre de cent ans, vers 1418, en pleine opposition entre Armagnacs et Bourguignons, alors que ces derniers envisagent de s’emparer de Paris et que Henry V d’Angleterre ravage la Normandie (Azincourt est déjà passé). Je me demande pourquoi avoir choisi de commencer par-là ? Le début de la guerre est au moins aussi riche en histoires : le Prince Noir, Charles V, Du Guesclin, des défaites et des résistances, il y a de quoi écrire et dessiner. En réfléchissant, j’imagine que les auteurs ne voulaient pas passer 40 tomes à conter toute la guerre de cent ans. Ok, ça passe.



Cela dit, je l’ai lu d’un seul trait, sans pouvoir m’endormir avant la fin. Complots, tactiques, affrontements héroïques, découpage cinématographique, dessins précis - certaines vues aériennes font la nique à Yann Arthus Bertrand – et vivaces. Pas de personnages inventés balayés par les vents de l’Histoire ici, que de vrais hommes et femmes ayant existé (la partie imaginaire de l’histoire étant dans leurs actes et leurs paroles probablement), au plus proche possible du sommet du pouvoir.



Un regret tout de même : le parti pris nationaliste français tel qu’il doit être évoqué à l’école encore aujourd’hui : l’Anglais et le Bourguignon sont les méchants, de vrais infâmes retors qui veulent l’un envahir, l’autre trahir le « pays ». Les Armagnacs, le parti de Charles futur VII, sont les gentils, nobles de geste et d’esprit. Faut pas pousser quand même. Si tu veux faire du vrai Trône de Fer, t’as intérêt à écrire plus gris que ça.



Mais là aussi je vais faire avec, je ferai le tri des psychologies moi-même car cette histoire conte des faits peu connus du grand public qu’il est bon de ramener à la conscience collective.

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Le Trône d'Argile, tome 4 : La Mort des Rois

L’historienne France Richemond, le scénariste Nicolas Jarry, le dessinateur Theo Caneschi et le coloriste Lorenzo Pieri nous proposent de replonger dans les sombres heures de la Guerre de Cent Ans…









Dans ce tome 4, la rapide naissance d’un héritier issu de son mariage avec Catherine de Valois renforce à court terme la position d’Henry V tant en France qu’en Angleterre… (Et oui en épousant la fille du roi fou, Henry V offre à son pays son propre roi fou : la malédiction de la guerre civile va quitter la France pour l’Angleterre qui va s’autodétruire lors de la Guerre de Deux Roses, mais ceci est une autre histoire !)

En recevant l’aide inattendue de 5000 brigades internationales écossaises, la cour de France pense reprendre l’avantage et lance l’offensive, mais en tuant le Duc Clarence sur ordre du Dauphin Charles Gilbert Motier de la Fayette il provoque l’ire de son frère Henry V qui ne ménage pas ses efforts pour se venger !

La guerre est dans l’impasse, aucun général français n’étant assez fin stratège pour vaincre Henry V et Henry V ne possédant pas les moyens humains et financiers pour vaincre les forces loyalistes tout en contrôlant à la fois la France et l’Angleterre…



Le jeune régent du Royaume de France épouse enfin Marie d’Anjou qui a été obligée de prendre les devants et essaie de prendre les choses en mains pour redresser la barre, mais et il ne sait plus à quels saints se vouer entre son brave Tanneguy du Chatêl (quel excellent vassal si seulement son seigneur en était digne ^^) qui lui conseille la prudence et la droiture et ses ministres qui lui conseille l’affrontement et la fourberie.

Yolande d’Aragon intrigue alors sur deux plans en demandant à Pierre de Giac de faire assassiner Henry V, et en demandant à la mère supérieure Colette de lui trouver une jeune vierge issue de la plèbe pour préparer le terrain à une prophétie auto- réalisatrice (son choix se porte sur une jeune lorraine qui sait monter à cheval prénommée Jeanne ^^).



Fatalement les malheurs finissent par arriver comme dans un bon twist à la GRR Martin :

ATTENTION SPOILERS (bon, tout le monde est au courant depuis bientôt 6 siècles, donc est-ce du spoiler ? ^^)

Jeanne de Naillac s’empoisonne avec Henry V qu’elle a toujours aimé, Pierre de Giac jaloux de son amour l’étrangle de ses propres mains, les rois de France et d’Angleterre succombent à leurs maux, et tandis que le froid, la famine et la maladie s’abattent la cour française périt en masse à la Rochelle dans un attentat fomenté par le Duc de Bedford…

FIN SPOILERS

Le roi Charles VI est mort, vive le roi Charles VII !
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Le Trône d'Argile, tome 3 : Henri, roi de Fran..

Henry V d’Angleterre gagne sur toute la ligne.



L’assassinat de Jean sans Peur a encore plus affaibli le dauphin Charles, que ce dernier l’ait souhaité ou non. Henry profite du désintérêt du nouveau duc de Bourgogne pour la France et de la complicité d’Isabeau de Bavière, épouse du roi fou Charles VI, pour se fiancer à la princesse Catherine de France et se faire nommer héritier de la couronne (mon dieu, le regard diabolique d’Henry lors des cérémonies).

Sur le terrain, le reste de l’armée du Dauphin se fait découper, malgré la vive résistance de Tanneguy du Châtel. Le Dauphin lui-même, mal conseillé par un opportuniste, s’est éloigné dans le midi, soi-disant pour renforcer là-bas sa position. Il n’y a pas grand-chose à espérer de ce gamin facilement manipulable.



Seul le bras aveugle du Destin peut désormais empêcher la France de tomber dans l’escarcelle du roi d’Angleterre. Ce bras, il frappera certainement dans le tome suivant.



Et, entre parenthèses, l’on voit grandir une petite fille de Lorraine qui découvre les premiers signes d’un Dieu qui réclamera bientôt sa participation active. Elle s’appelle Jeanne.



Une description des évènements de la guerre de Cent ans toujours aussi fidèle aux évènements historiques, aussi épique et parasitée de machinations politiques. Un dessin toujours aussi remarquable, agrémenté de quelques bijoux comme la scène du banquet ou celle du traité dans la cathédrale de Troyes. Et des personnages à la personnalité affirmée, du plus grand au plus petit.



Noël !!!

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Le Trône d'Argile, tome 3 : Henri, roi de Fran..

L’historienne France Richemond, le scénariste Nicolas Jarry, le dessinateur Theo Caneschi et le coloriste Lorenzo Pieri nous proposent de replonger dans les sombres heures de la Guerre de Cent Ans…









Ce tome 3 est placé sous le signe de la politique politicienne… Tout ce qu’on déteste tous IRL !

- Jeanne de Naillac ne sait plus à quel saint se vouer

- Jeanne de Domrémy sait elle à quel saint se vouer

- Pierre de Giac change de camp en quittant la cour de Bourgogne pour celle de France, et ravit l’attention du Dauphin avant l’emmener faire le tour du Languedoc et de la Provence au grand dam de Tanneguey du Châtel et de Yolande d’Aragon

- entre l’illusoire trône d’argile et la mythique Lotharingie, le nouveau Duc de Bourgogne fait son choix !

- Henry V obtient ce qu’il veut au Traité de Troyes (Paris étant incontrôlable, on s’est replié sur la capitale de Champagne), c’est-à-dire qu’il devient régent du royaume alors même qu’en épousant Catherine de Valois sa descendance est destinée à régner conjointement sur la France et l’Angleterre…

En cette année 1420, le puissant Royaume de France perdit la guerre qui l’opposait roi Henry d’Angleterre. Pourtant certains refusèrent de déposer les armes et poursuivirent la lutte envers te contre tout… C’est ainsi que Tanneguy du Châtel tente désespérément de faire vivre la cause française, et échappe de justesse à un piège tendu par le Duc de Clarence, frère du roi Henry V, grâce à de courageux et vaillants transfuges écossais ! Mort aux Godons !!!
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