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Critiques de France Richemond (117)
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Le Trône d'Argile, tome 2 : Le Pont de Montere..

L’historienne France Richemond, le scénariste Nicolas Jarry, le dessinateur Theo Caneschi et le coloriste Lorenzo Pieri nous proposent de replonger dans les sombres heures de la Guerre de Cent Ans…









Si le tome 1 était centré sur la figure de Tanneguy du Châtel, ce tome 2 est lui carrément choral (encore qu’on fasse la part belle au Dauphin Charles qui plus que jamais m’a fait penser à Octave avant qu’il ne devienne Auguste).

La reine Isabeau de Bavière revenue d’exil récupère la mainmise sur son époux Charles VI, qui s’enfonce dans la folie, tout en désavouant son fils qu’elle accuse de bâtardise (donc en s’accusant elle-même d’adultère : ah ça, on sent la fine courtisane ^^)… Jean sans Peur est maître de Paris, mais ne sait comment se débarrasser de ses encombrants alliés menés par le sinistre Capeluche qui commettent atrocités sur atrocité. Pierre de Giac prostitue sa femme Jeanne auprès de Jean sans Peur, mais cette dernière intrigue pour Henry V dont elle est amoureuse… Le Dauphin Charles en pleine crise existencielle est nommé régent du royaume, tandis que Tanneguy du Châtel et Yolande d’Aragon essayent tant bien que mal de rallier les seigneurs à sa cause… La guerre gagne tout le bassin parisien tandis que l’impitoyable Tywin Lannister, euh pardon Henry V de Lancastre, mène en personne le terrible siège de Rouen...

La manière dont on glisse des intrigues de la cour d’Angleterre aux intrigues de la cour de Bourgogne est assez élégante. Le souverain anglais mise sur l’inexpérience de l’un et l’orgueil de l’autre pour que ces adversaires se tirent la bourre, mais la réalité dépasse ses espérances : à Montereau, le 10 septembre 1419, les pourparlers de paix entre le régent et le Duc de Bourgogne tournent au cauchemar puis au massacre. Tandis que certains conspuent l’assassin et le parjure, d’autres louent celui qui a su venger son oncle Louis d’Orléans… La France s’enfonce dans les ténèbres et seul un miracle pourrait la sauver ! C’est donc tout naturellement que la dernière page introduit une petite paysanne lorraine prénommé Jeanne… ^^
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Léon le Grand : Défier Attila

Vous êtes étranges, vous les chrétiens. Vous adorez des perdants qui ont été mis à mort.

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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il s’agit d’une reconstitution de la vie de Léon Ier le grand de l’an 452 à l’an 455. Sa première édition date de 2019. Il a été réalisé par France Richemond, médiéviste, pour le scénario, Stefano Carloni pour les dessins, et Luca Merli pour la couleur. Il comporte quarante-six planches de bande dessinée. En fin d’ouvrage, se trouve un dossier écrit par Bernard Lecomte, développant le contexte historique dans lequel a vécu le quarante-cinquième pape : Le déclin de l’Empire romain, Un pouvoir impérial en déconfiture, La primauté de Rome, Que sait-on de Léon ?, Léon triomphe à Chalcédoine, La lutte contre les hérésies, Le face-à-face avec Attila, Après Attila, Genséric, Ce qui reste de Léon.



À Milan, des barbares à cheval, poursuivent des citoyens et les exterminent avec leur épée : c’est un massacre ! Quelques temps auparavant, à Ravenne, dans le palais de l’empereur d’Occident, Valentinien III reçoit le vénérable Léon, évêque de Rome. Avant que l’hôte ne soit autorisé à entrer, la discussion s’engage entre l’empereur, son épouse Licinia Eudoxia et Honoria la sœur de Valentinien. Son épouse lui reproche de ne pas s’intéresser à la religion, de ne pas avoir l’envergure de son cher père, l’empereur d’Orient qui a tant lutté pour la Foi, que son manque d’ambition a pour conséquence que l’empire restera éternellement divisé entre l’Orient et l’Occident. Il rétorque qu’il n’a peut-être pas d’envergure, mais qu’il est vivant, alors que son père Théodose vient de se tuer bêtement, d’une chute de cheval. Elle réagit : il aurait pu en profiter pour réclamer l’empire d’Orient puisqu’elle est la seule héritière, au lieu de laisser sa tante Pulchérie se saisir de la pourpre avec Marcien, son époux fantoche. Il décide de faire entrer le pape Léon premier.



Le pape l’informe que c’est un jour heureux : le concile de Chalcédoine que la défunte impératrice Galla Placidia souhaitait tant a rétabli la pureté de la Foi. Licinia en rajoute : la mère de l’empereur savait, elle, que le destin de l’empire est lié à celui de l’Église. Léon premier synthétise les faits : une grave hérésie est venue du moine Eutychès, supérieur d’un puissant monastère de Constantinople. Sa réputation de sainteté et d’ascèse rayonnait dans tout l’Orient, pourtant il s’acharnait dans l’erreur monophysite. Eutychès refusait de croire que le Seigneur Jésus ait une âme humaine. Il la jugeait incompatible avec sa divinité. Honoria rappelle que l’empereur Théodose avait tout fait pour protéger ce moine. Jusqu’à convoquer un concile dans le seul but de faire lever l’excommunication lancée contre lui. Concile où l’on refusa la parole aux légats du vénérable pape Léon, et où Flavien, le patriarche de Constantinople, fut arrêté violemment en pleine séance. Les rappels théologiques continuent ainsi jusqu’à l’irruption d’un soldat qui les informe qu’Attila et ses Huns sont en train de massacrer les romains dans la cité de Milan.



Un défi ambitieux : une reconstitution historique, devant en plus évoquer la Foi catholique puisqu’il s’agit d’un pape. Le lecteur habitué des bandes dessinées à caractère historique s’est déjà forgé son horizon d’attente : des dessins descriptifs, avec beaucoup de dialogues ou d’exposition à rendre vivants, quelques exagérations romanesques dans les prises de vue, une nécessité contraignante pour la scénariste d’exposer de nombreux éléments historiques dans une pagination restreinte, également par le biais de cartouches. La première séquence comporte deux pages consacrées au massacre des habitants de Milan par les Huns. La prise de vue est dynamique, avec des angles et des cadrages accentuant l’impression de mouvement par des plongées et des contreplongées, de la violence. Il n’y a que quatre phylactères très courts pour laisser la place à l’action visuelle. La seconde séquence se déroule sur six pages, des discussions en deux parties, d’abord entre l’empereur, sa sœur et son épouse, puis avec l’interlocuteur supplémentaire qu’est le pape Léon. L’artiste met en œuvre un réel savoir-faire, avec une forte implication pour que la prise de vue ne se limite pas à une simple alternance de champ et contrechamp. Il ne lésine ni sur la représentation des arrière-plans, ni sur les angles de vue travaillés, avec par exemple une vue de dessus de la salle du trône pour établir la configuration de la pièce. La scénariste entremêle les informations avec l’état d’esprit des personnages, faisant ainsi passer leurs émotions. La narration s’avère vivante, retenant l’attention du lecteur.



Au vu du titre et du sujet, cette bande dessinée attire le lecteur qui y vient en toute connaissance de cause : un récit historique sur un moment précis de la vie du quarante-cinquième pape, dans un contexte bien défini. Pour autant, les auteurs doivent s’adresser aussi bien au néophyte qu’à celui qui dispose déjà de quelques notions. Pour être crédible, le dessinateur doit être en mesure de proposer des visuels plausibles, et de nature descriptive, ce qui induit un bon niveau de recherches de références historiques, ainsi qu’un degré de détails suffisant, sans devenir trop pesant. S’il a déjà lu d’autres bandes dessinées historiques, le lecteur se retrouve très favorablement impressionné par l’investissement de Stefano Carloni pour donner à voir cette époque. Le lecteur prend le temps de savourer les différents lieux et leurs aménagements : la salle du trône de Valentinien III avec son dallage, ses colonnes, son plafond, le camp des huns et leurs tentes, celle d’Attila où il reçoit le pape, les meubles, les tapis, les plats et les mets servis, l’extérieur du palais impérial à Rome, sa piscine pour les bains, le port de Rome alors qu’arrivent les navires de la flotte de Genséric, roi des Vandales et des Alains, la grande place de Rome, l’étude dans laquelle Léon dicte ses missives et rédige ses sermons, etc. Le dessinateur ne se contente pas de représenter le décor dans la première case de chaque séquence, puis de laisser les fonds vides au bon soin du coloriste : il les représente dans presque toutes les cases, ce qui permet au lecteur de se projeter dans chaque lieu, d’avoir à l’esprit où se déroule chaque scène, de découvrir d’autres aspects du lieu dans les cases suivantes en fonction des mouvements de caméra.



D’une manière tout aussi solide et documentée, la scénariste dose habilement les informations historiques et leur exposé, avec des moments faisant ressortir la personnalité ou l’émotion des personnages. Le lecteur n’éprouve jamais la sensation de se perdre en route, ou de passer à côté des enjeux. La scène d’ouverture établit visuellement qu’il s’agit d’éviter que Rome et ses habitants ne subissent le même sort que Milan et les milanais. Les personnages historiques bénéficient d’une présentation savamment dosée pour être définis, sans jamais avoir l’impression de lire une fiche dans une encyclopédie. Le lecteur fait ainsi connaissance avec Valentinien, son épouse Licinia Eudoxia, sa sœur Honoria, le pape Léon, Flavius Aetius, Attila, le sénateur Flavius Bassus Hercolanus, Dame Lucina et son époux, etc. Dans le même temps, il prend note de ceux qui sont évoqués lors de conversation : Priscillien (340-385), Marcien (392-457), Pélage (v. 350 - v. 420), etc. Leur mention se fait avec ce qu’il faut d’informations pour qu’il ne s’agisse pas d’une liste désincarnée, sans devenir trop pesant. Lorsque se produit le face-à-face promis par le titre, le lecteur situe aussi bien Attila en tant que chef de la horde des Huns, et les enjeux pour lui, que le pape Léon, d’où il vient et sa foi. L’entretien s’avère passionnant, sans que les auteurs n’aient besoin de recourir à une dramatisation artificielle ou appuyée.



L’évocation d’un moment de la vie d’un pape ne s’arrête pas à une reconstitution historique de nature politique : le lecteur attend également que soit évoqué l’Église et la Foi. La scénariste n’occulte pas cette dimension, sans faire ni œuvre de prosélytisme, ni se montrer moqueuse. Elle établit l’Église comme une force politique indissoluble de l’unité de l’empire. Elle ne se limite pas à ça : elle intègre le fait que le pape est le chef de l’Église et le montre à l’œuvre. Il ne s’agit pas de le montrer accomplissant les rituels catholiques : elle met en scène son apport décisif à l’unité de l’Église en luttant contre les hérésies. À nouveau, pas besoin d’être versé dans l’histoire du dogme catholique pour comprendre les enjeux. La narration comporte les éléments nécessaires à la compréhension d’hérésies comme le monophysisme, le pélagianisme ou le manichéisme. Libre au lecteur de continuer en allant chercher de plus amples informations dans une encyclopédie. Après avoir parcouru le dossier en fin d’ouvrage, il prend mieux la mesure de la qualité d’écriture et de narration de la bande dessinée : ce texte vient étoffer ce qui est exposé dans la bande dessinée, attestant qu’elle contient bien tous les éléments essentiels.



Parfois, un lecteur doute que les auteurs parviennent à tenir leurs promesses, tellement le projet est ambitieux. Ici, il vient pour découvrir qui fut le pape Léon premier, pourquoi il a laissé une trace dans l’Histoire, et dans quelles circonstances il s’est retrouvé face à Attila, sans forcément nourrir un goût prononcé pour la religion. Il reconnait bien les spécificités propres à la majeure partie des bandes dessinées historiques : dessins descriptifs pour donner de la consistance à la reconstitution, et volume d’informations important. Il se rend vite compte que dessinateur et scénariste se montrent très compétents et investis pour réaliser des planches sans dramatisation artificielle ou arrière-plans sporadiques, avec un dosage de l’information remarquable. Les personnages historiques sont animés par des motivations et des émotions réelles, tout en restant cohérents avec la vérité historique. Le rôle de l’Église est au cœur du récit, ainsi que l’importance du pape, sans prosélytisme, tout en établissant les enjeux tant politiques que théologiques de l’institution. Remarquable.
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La couronne de verre, tome 1 : Plus peine q..

Septembre 1380.



Le roi Charles V se meurt… Il laisse deux fils encore enfants. Il a pris ses dispositions pour qu’un trésor royal puisse permettre à son héritier de gouverner la France malgré le fait qu’il ait supprimé les impôts qui accablaient le peuple. Se méfiant de ses frères, un deuxième trésor, bien caché celui-là, devrait permettre à son fils de surmonter un coup dur. Se méfiant de ses frères et de Louis en particulier, Charles V a pris des dispositions légales pour sa succession.

Oui, mais… C’est sans compter sur la tromperie, la veulerie, la trahison de son satané frère Louis, le duc d’Anjou, qui est prêt à tout pour s’enrichir et devenir roi… en Italie !





Critique :



Quelle misère ! … Dire qu’il va falloir attendre un an, voire plus ! pour connaître la suite de « La Couronne de Verre » de la très talentueuse historienne scénariste française, France Richemond ! Oui ! Oui ! Celle-là-même qui est l’auteure du « Trône d’Argile » (avec le scénariste Nicolas Jarry) dont on attend désespérément la suite !



Un scénario mené à la vitesse de l’éclair pour mettre en place le très difficile règne du roi Charles VI monté sur le trône à l’âge de douze ans, dépouillé par son oncle, le lâche et ignoble Louis, duc d’Anjou, et manipulé par ses deux autres tontons, Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, et Jean, duc de Berry.



Mais Charles, et son jeune frère, Louis de Valois, ne sont pas les véritables héros de l’histoire. Cet honneur revient à Guillaume et Tanneguy du Châtel… Enfin, surtout à Tanneguy, qui au début du récit a le même âge que le jeune roi.



A la fin de l’album, France Richemond justifie ses choix en révélant ses sources historiques et les nombreux blancs laissés par l’Histoire et qui lui permettent de laisser son imagination combler les fossés creusés entre les différents témoignages historiques.



Pour rappel, l’histoire se situe en pleine Guerre de Cent ans…



L’Italien Tommaso Bennato illustre à merveille ce récit fourmillant de détails iconographiques. Vivement qu’il se mette à la suite de l’histoire, ce qui n’est peut-être pas très évident puisqu’il œuvre aussi dans le monde du jeu vidéo.



Le Français Hugo Poupelin, établi en Belgique et formé à l’Institut Saint-Luc de Bruxelles, apporte les splendides touches de couleur qui complètent cette merveilleuse BD.



Inutile de préciser que je recommande chaudement cet album !

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La Rose et la Croix, tome 1 : La confrérie

Fin 17ème siècle, Johann Friedrich est très intéressé par l'alchimie, il faut dire que son grand-père Pflug l'a initié et découvert en lui un don certain.

A quatorze ans, son grand-père n'étant plus là, son beau-père décide de l'envoyer en apprentissage à Berlin. Le chemin sera très mouvementé, une confrérie très mystérieuse s'intéresse à Johann et l'enlève.

Premier tome d'une série de cinq, j'ai trouvé l'histoire bien menée, elle nous introduit dans cette époque où alchimie rime souvent avec sorcellerie.

Le dessin est clair et détaillé. Invocation, grimoire tout est là pour nous faire passer un bon moment.

A voir la suite que je vais m'empresser de lire.



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Le Trône d'Argile, tome 1 : Le chevalier à la ha..

Certains se battent pour un trône de Fer, d'autres pour un trône d'Argile...



France. 1418. En pleine guerre de Cent ans. Charles VI, le roi de France, fou à lier, n'est plus que l'ombre de lui-même et n'est plus apte à gouverner. Sous la régence de son épouse Isabeau de Bavière, deux partis s'opposent alors, chacun souhaitant reprendre les rênes de ce trône bien fragile : les Armagnacs et les Bourguignons.

Profitant de cette guerre fratricide, les Anglais se tiennent prêts à repartir à l'assaut des bastions français. Déjà les forteresses normandes tombent une à une.



Fin Mai 1418 :

Paris sous le joug de l'ignoble connétable Bernard d'Armagnac réagit et ouvre ses portes aux Bourguignons. S'ensuit une émeute sanglante. Les Armagnacs sont massacrés et le dauphin Charles VII parvient à s'échapper grâce à un homme : Tanneguy du Châtel, prévôt de Paris et membre du parti armagnac.



Ainsi commence «  Le trône d'Argile ». Cette bande dessinée historique qui compte à ce jour pas moins de 5 tomes (et c'est pas fini !) met en scène les événements de la guerre de cent ans, de l'émeute parisienne de 1418 jusqu'à l'arrivée de Jeanne d'Arc, plaçant au cœur de cette période bien troublée un chevalier-héros : Tanneguy du Châtel.



Dès la première page de couverture, on est baigné dans l'atmosphère de cette fresque historique assez remarquable :

Scène de combat au beau milieu d'une rue étroite de Paris. Un homme sur un fougueux destrier occupe le devant de la scène, la hache à la main, se démenant contre de nombreux soldats l'encerclant de leurs lances ; la rage et la ténacité se lisent sur son visage.

En arrière-plan, des maisons à colombage construites en encorbellement, et une porte en pierre crénelée laissant entrevoir une tour lointaine. Le dessin est magnifique et ce n'est que le début.

Tout au long des cinq tomes, les lieux, les décors, les costumes de l'époque sont peints avec un réalisme époustouflant et une précision impressionnante.

C'est bien cela qui fait la force de cette bande dessinée.

On a plaisir à suivre l'évolution des personnages dans un tel décor. Bravo aux auteurs pour cette reconstitution historique !





Petit bémol : On a un peu de mal à s'y retrouver parmi les nombreux personnages mis en scène, même si un certain nombre d'entre eux sont présentés en page intérieure de la quatrième de couverture.





En ce qui concerne l'histoire et surtout sa conformité avec les faits réels historiques, on peut regretter un certain parti pris. Les Armagnacs apparaissent comme les gentils et les Bourguignons comme les grands méchants. Vision qui peut paraître simpliste de nos jours et qui ne se révèle pas aussi tranchée ! On ne pourrait se contenter de ce point de vue pour appréhender les tenants et les aboutissants de la guerre de cent ans, bien entendu.



On peut également reprocher le trait caricatural un peu trop poussé pour représenter certains personnages : la démence du roi Charles VI poussée à l'extrême, la monstruosité d'Isabeau de Bavière ( qui a bien du mal à se débarrasser de sa détestable réputation), la faiblesse du futur Charles VII ou encore l'intransigeance d'Henri V, roi d'Angleterre.



Somme toute, reste de cette lecture un agréable moment passé et je m'y replongerai avec plaisir si l'occasion se présente.
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Le Trône d'Argile, tome 2 : Le Pont de Montere..

1418, c’est encore le règne de charles V, la Guerre de 100 ans fait rage. Le graphisme est classique et efficace, dans le style de ce qui se fait dans la bande dessinée historique. Dans ce second tome, on s’écarte un peu des personnages pour se concentrer sur la faits politiques, les alliances, mésalliances, tractations et trahisons. Ce récit est assez didactique, l’aventure en elle même reste plus en retrait, la mise en scène est efficace. On y apprend beaucoup de choses, à défaut d’être véritablement passionnant. Je regrette tout de même que le point de vue reste très manichéen de base, il y a un aspect “Roman national” qui manque singulièrement d’audaces. Malgré ce défaut, cela reste une lecture édifiante et agréable.
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Le Trône d'Argile, tome 1 : Le chevalier à la ha..

Je suis agréablement surpris par cette bande dessinée historique qui raconte la fin du règne de Charles VI, durant la guerre de 100 ans. On est en 1418. Le récit s'inspire de faits réels, bien que je ne sois pas un spécialiste, cela semble assez fidèle à la réalité, et bien romancé pour rendre le récit haletant, les personnages touchants et l’action épique. Le graphisme est assez léché, minutieux, et efficace dans un style classique dans le domaine de la bande dessinée historique, je suis moins convaincu par la colorisation qui se contente d'un simple coloriage sans originalité. L'intrigue est bien menée, et c'est une façon très agréable de découvrir cette période trouble de l'Histoire. Le parti pris est très partisan, à l'image de ce qu'on nous apprenait à l'école, les alliés du roi de France et du Dauphin le futur Charles VII sont beaux, courageux, vaillants et ceux du parti des Bourguignons ou des Anglais ont des sales tronches de fourbes. On retombe un peu dans les travers d’une Histoire de France très orientée “3ème République” mais cela ne gâche en rien le plaisir car le récit met surtout l’aventure au premier plan, avec un petit côté hollywoodien.

Une frise chronologique en début de livre pour resituer ce moment dans son contexte historique aurait été un plus appréciable.
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Jeanne, la Mâle Reine, tome 1

La série des Reines de sang va s'intéresser à une nouvelle personnalité, un peu moins connue il est vraie. Il s'agit de Jeanne. Elle est née boiteuse, on lui dit que c'est la marque du diable, personne ne veut d'elle et pourtant... Elle finira reine de France et régente du royaume.



Ce premier tome va nous narrer son enfance. Nous sommes sous le règne de Philippe le Bel, Jeanne est une petite-fille de Saint Louis, de la branche du duché de Bourgogne. Mais la pauvre enfant est née avec un handicap, un pied bot qui lui vaut de nombreux refus de mariage. Alors que sa sœur ainée se marie avec le dauphin Louis X, elle se morfond d'ennui à la cour de Bourgogne. Et elle doute : est-elle vraiment suppôt de Satan pour que tous la repoussent? Mais, enfin, elle trouve le réconfort dans les bras du beau Philippe de Valois alors qu'à la cour de France tout part à vaux l'eau...



Une très sympathique leçon d'histoire sur cette très riche période, assez connue pour le moment car l'on reste pendant le règne de Philippe le bel. Les auteurs essayent de relater tous les événements que ce soit le conflit avec le pape où l'affaire des templiers. J'avoue que des fois j'ai eu du mal à me repérer dans les filiations et différents mariages envisagés, défaits, refaits... Surtout que pour ne rien arranger le choix des prénoms à cette époque était tout sauf original!!

Jeanne, à coté de tous ces événements, parait finalement plus en retrait. Elle est encore une petite fille sage, qui doute, qui souffre de sa boiterie.

Mais c'est un bon tome introductif de son histoire.

Le dessin est bien, avec un style simple et épuré.
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Jeanne, la Mâle Reine, tome 1

Une femme est un jardin qui doit être arrosé pour donner ses fruits.

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Ce tome est le premier d’une trilogie, dans la série des Reines de sang. Il peut se lire indépendamment des autres tomes de cette collection dont les équipes créatrices changent pour chaque reine de sang. Il a été réalisé par France Richemond, médiéviste, pour le scénario, Michel Suro pour les dessins, et Dimitri Fogolin pour les couleurs. La première édition date de 2018. Cette bande dessinée compte cinquante-quatre pages. Elle comprend un arbre généalogique avec les membres de la Couronne de France, du Comté de Valois, du Duché de Bourgogne et du Comté d’Artois, permettant de situer Jeanne par rapport à Saint Louis, Charles de Valois, Robert & Agnès de Bourgogne, Othon de Bourgogne & Mahaut d’Artois, Robert d’Artois.



An 1293, château de Montbard, résidence des ducs de Bourgogne. La très noble princesse Agnès, fille de Saint Louis, met au monde son cinquième enfant. Robert II revient d’une partie de chasse et pénètre dans l’enceinte de son château. Un noble lui annonce la naissance. Il se dit que cela fait quatorze ans que dame Agnès est son épouse, et le seul fils que Dieu lui ait donné, il l’a repris. Une dame de compagnie l’informe que la duchesse va bien, mais que la petite fille, ou plutôt sa jambe… Elle ne peut pas finir sa phrase et le père exige qu’on lui amène. Sa jambe gauche présente une malformation. Robert se demande de quoi ils sont punis. La jeune mère fait son entrée et elle exige également de voir sa fille. Elle estime qu’elle est marquée comme son neveu Louis, le fils de son frère Robert. Elle ordonne qu’on emmaillote fortement sa jambe pour essayer de la redresser. Les nourrices font de leur mieux, mais elles estiment que serrer les linges ne fera pas pousser sa jambe et il en manque un bout. L’une d’elle finit par prononcer ce que les autres pensent : c’est la marque de l’enfer.



Année 1299, devant le château, les enfants jouent à une variante de chat, où il faut attraper un autre enfant qui est désigné comme le boiteux et dont l’une de ses jambes est entravée par un foulard. Dans une salle du château, Jeanne regarde sa mère à la dérobée. Cette dernière lui suggère de la rejoindre sur son banc où elle est en train de lire un manuscrit. Elle lui pointe du doigt la finesse de cette calligraphie, la beauté de l’enluminure. Elle a été comme sa fille, une enfant solitaire car ce n’est pas rien d’être la fille du plus grand roy de la Terre. Elle était sa plus jeune enfant, et il était déjà âgé. Il avait peu de temps pour elle, mais parfois il la prenait près de lui et ils priaient sur un bréviaire ou un livre d’heures. Puis Agnès enjoint à sa fille d’aller jouer dehors. Dans la cour, elle se trouve tout de suite embêtée par les autres qui la jettent à terre en la traitant de boiteuse. Sa grande sœur Marguerite la suit alors qu’elle s’enfuit, et lui promet qu’elle sera toujours là pour elle. Paris est la capitale du royaume le plus puissant. Le peuple le plus riche de tous les royaumes chrétiens. Vingt-deux millions d’habitants, des frontières bien gardées, des routes sûres, un commerce vivant, des féodaux muselés. Royaume envié, respecté à l’alliance recherchée. Et plus que tout : royaume en paix. À sa tête, Philippe IV le Bel, un roi sans états d’âme. Avec une idée grandiose de la France, et prêt à tout pour la réaliser !



Cet album s’inscrit dans une collection appelée les Reines de sang. Il a pour ambition de reconstituer une page de l’Histoire de France, au travers de la vie d’un personnage historique, Jeanne de Bourgogne (1293 1349), surnommée Jeanne la Boiteuse, mariée avec Philippe VI de Valois, mère du roi Jean II le Bon, et reine de France de 1328 à 1349. Ce type de récit répond à des conventions propres à ce genre, la reconstitution historique, assez contraignante, voire pesante pour une narration en bande dessinée. Les auteurs doivent bien évidemment réaliser une reconstitution historique rigoureuse et dense, mais aussi évoquer ou expliciter les événements de portée nationale ou internationale ayant une incidence directe, voire indirecte sur la destinée du personnage principale. Ils doivent aussi faire bonne figure en comparaison du cycle romanesque de référence en la matière : Les Rois maudits, de Maurice Druon (1918-2009). En ce qui concerne le premier point, la scénariste est une historienne, ayant obtenue une maîtrise d’histoire médiévale, un diplôme d'études approfondies d’histoire moderne et réalisé deux cycles d'histoire de l'art à l’École du Louvre. Elle a également été la coscénariste de la série Le Trône d’argile, avec Nicolas Jarry, en six tomes parus entre 2006 et 2015. De fait, la narration s’avère dense évoquant les autres meneurs politiques comme Philippe IV le Bel, son chambellan et ministre Enguerrand de Marigny, son juriste et conseiller Guillaume de Nogaret, Othon et Mahaut d’Artois, les papes Boniface VIII, Benoît XI et Clément V, Jacques de Molay le maître des Templiers, etc.



Les auteurs évoquent également en toile de fonds de nombreux événements tels que la crise entre le roi Philippe IV le Bel et le pape Boniface VIII, le désir de reconquête de Jérusalem du pape Clément V, le mariage de Marguerite de Bourgogne avec le roi Louis X le Hutin, les aveux des Templiers, sous la torture, de crimes comme hérésie, idolâtrie, reniement du Christ, sodomie, simonie, la dissolution de l’ordre du Temple par le concile de Vienne en 1311/1312, etc. En fonction de sa familiarité avec ces faits historiques, le lecteur peut soit replacer ces repères qu’il connaît déjà, soit les découvrir comme des faits marquants, sans pour autant être obligé d’avoir une encyclopédie à portée de main pour s’y retrouver. L’obligation de reconstitution historique pèse également lourdement sur le dessinateur. À l’évidence, il doit se conformer aux tenues vestimentaires de l’époque, les ustensiles et accessoires diverses et variés, ce qui exige un solide travail de recherche. Il doit également représenter avec exactitude des lieux connus comme le château de Montbard, la résidence des ducs de Bourgogne, les rues de Paris et ses berges, la salle du trône du roi de France, la salle d’audience du pape dans la cité d’Anagni, l’intronisation de Clément V à Lyon, un bûcher atroce sur la grand place de Sens, la cour du roi de France, la salle du concile à Vienne, le château du Gué-de-Maulny près du Mans, etc. Il doit se plier à la contrainte de dessiner les scènes attendues, que ce soit les discussions entre les puissants du royaume, ou les armées en marche, les fastes des cérémonies, ou encore un tournoi de chevaliers.



Très vite, le lecteur fait deux constats. Le premier relève de la lecture en elle-même : elle n’est pas pesante, plutôt fluide, sans se transformer en cours magistral clinique. Le second concerne la reconstitution historique : elle n’est pas en carton-pâte. Les auteurs ne peuvent pas échapper à une forme de didactisme, puisque c’est la nature même du genre historique. Pour autant, le lecteur n’éprouve pas la sensation de passer d’une scène de déplacement ou d’affrontement bourrée de cartouches explicatifs, à une scène de discussion avec des personnages ne faisant qu’exposer la situation et les événements. Dans le même temps, il se fait une idée d’une partie des forces à l’œuvre sur le plan politique, à la fois intérieur et extérieur du pays. Le dessinateur reste dans un registre très académique, mais sans abuser des arrière-plans vides, sans systématiser les gros plans ou les très gros plans pendant les discussions. Il est visible qu’il a investi beaucoup de temps pour nourrir ses cases, pour les rendre visuellement intéressantes, à la fois par ce qui est représenté, à la fois par l’angle de vue choisi. De son côté, au cours de ce premier tome qui va de 1293 à 1315, la scénariste préserve des moments d’intimité avec la jeune Jeanne, enfant, puis adolescente, puis adulte, insufflant ainsi plus que le minimum syndical en termes de personnalité et de caractère. Elle parvient également à parler religion, en citant Thomas d’Aquin et Saint Augustin, sans se montrer moqueuse, ni rester dans des généralités prêtes à l’emploi. Elle n’hésite pas non plus à introduire une touche légère de croyance avec le Bau Dru, un personnage disposant peut-être d’un don surnaturel, là aussi tout à fait à propos, sans moquerie ou niaiserie. En revanche, elle utilise un certain nombre de formules cliché marquant la destinée de tel ou tel personnage historique, par exemple : La princesse de Bourgogne part vers son destin. Tenir mon rang, mon rôle de reine sans faiblesse, éternellement… tel est mon destin. - Le rêve de Clément V tombe en déliquescence. - Une princesse a-t-elle le droit de rêver ? - Suis-je vraiment la servante de Satan ?



Lorsqu’il choisit une bande dessinée dans cette collection, le lecteur vient avec un horizon d’attente très concret, comprenant une solide reconstitution historique, et très conscient des contraintes que ce genre fait peser sur les auteurs, à la fois en termes d’informations à exposer, et de reconstitution visuelle rigoureuse. Scénariste et dessinateur se plient à ces contraintes, en toute connaissance de cause, et avec une conscience professionnelle remarquable. Ils réussissent à faire passer toutes les informations attendues, au-delà du minimum syndical, tout en conservant le plaisir de la lecture qui ne s’apparente pas à celle d’un manuel scolaire, ou d’une thèse universitaire. La consistance de l’arrière-plan historique et des représentations permet au lecteur de se projeter à cette époque, aux côtés de cette demoiselle appelée à régner. Le lecteur peut découvrir une autre facette de cette époque, également scénarisé par France Richemond dans Clément V : Le sacrifice des Templiers (2022), dessiné par Germano Giorgiani.
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Le Trône d'Argile, tome 3 : Henri, roi de Fran..

Dans ce troisième tome, on retrouve un peu d’action avec Tanneguy, des batailles, des territoires parcouru, mais la politique, les manigances de pouvoir, les alliances fluctuantes et les magouillent restent au cœur du récit. C’est la guerre de cent ans, la fin du règne de Charles VI, dit “le Fol”.

Bande dessinée intéressante sur l’aspect historique, graphiquement assez classique, mais j’ai un peu de mal à m’accrocher à tout cet imbroglio politique. Le récit a du mal à se situer entre l’aventure et le compte rendu politico-historique et le rythme s’en ressent. Et je n’arrive pas à éprouver d’empathie pour le moindre personnage du récit. Pas déplaisant, mais je ne suis pas certain d’avoir envie d’aller plus loin.
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Le Trône d'Argile, tome 2 : Le Pont de Montere..

Une superbe évocation de la guerre de cent ans et plus precisement de la période ou le dauphin Charles essaye tant bien que mal de reconquérir le royaume de France.

Tache difficile avec un père fou, une mère qui le désavoue, et le puissant duc de bourgogne qui s'érige en prétendant à la couronne. Sans compter l'ambitieux Henry V, roi d'Angleterre qui se voit lui aussi sur le trône de France...

C'est avec quelques fidèles, dont sa future belle-mère, Yolande d'Aragon que Charles va petit à petit cheminer vers son destin.

Un de ses fidèles conseiller est le connétable Du Chatel, personnage haut en couleurs et fort attachant qui se donne comme mission d'épauler le dauphin Charles du mieux possible. Tache difficile car le jeune homme manque de confiance en soi et d'ambition...

Cet épisode se termine avec l'assassinat du duc de Bourgogne, mais à quel prix ?

J'aime beaucoup cette série, vite la suite !!
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Jeanne, la Mâle Reine, tome 2

Nulle femelle ne régnera au pays des lys.

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Ce tome est le deuxième du triptyque commencé avec Jeanne, la Mâle Reine, tome 1 (2018) qu’il faut avoir lu avant. . Il a été réalisé par France Richemond, médiéviste, pour le scénario, Michel Suro pour les dessins, et Dimitri Fogolin pour les couleurs. La première édition date de 2019. Cette bande dessinée compte cinquante-quatre pages. Elle comprend un arbre généalogique avec les membres de la Couronne de France, du Comté de Valois, du Duché de Bourgogne et du Comté d’Artois, permettant de situer Jeanne par rapport à Saint Louis, Louis VIII le lion, Robert I d’Artois, Philippe IV le Bel, Charles comte de Valois, Louis comte d’Évreux, Mahaut et Philippe d’Artois, les personnages historiques de sa génération représentant l’Angleterre, la Couronne de France, le comté de Valois, le comté d’Évreux, le duché de Bourgogne, le comté de Bourgogne, le comté d’Artois, et la génération suivante avec Édouard III roi d’Angleterre, la petite Jeanne fille de Louis X le Hutin, Jeannie fille de Philippe le Long, Philippe de Bourgogne.



Ambassade de Jeanne de Bourgogne, comtesse du Maine, au château d’Hesdin, résidence de Mahaut d’Artois. Cette dernière observe l’entrée des cavaliers et de la roulotte dans la cour de son château, en indiquant à un conseiller qu’elle se demande ce que veut sa sœur de Marguerite. Elle reçoit l’ambassade dans la grande salle, assise sur son trône. Évrard d’Orléans s’agenouille devant elle à distance respectueuse et lui délivre le message : sa maîtresse souhaite gloire et longue vie à la princesse de la maison capétienne d'Artois, comtesse d'Artois et pair de France, comtesse de Bourgogne. Jeanne de Bourgogne l’estime et elle a chargé son émissaire de lui faire présent son œuvre : les heures de Notre-Dame dont il a peint chaque tableau. La comtesse s’approche et s’étonne qu’il n’y ait pas de frontispice, et elle remercie Évrard. Plus tard un conseiller vient le voir dans ses appartements pour lui indiquer de représenter madame d’Artois en prière pour le frontispice. Après quelques jours, un garçon de l’ambassade vient le prévenir que Mahaut reçoit Maubusier, un chef de guerre.



Évrard se rend dans la pièce où se tient le rendez-vous pour espionner. Il se découvre et prend la parole. Il estime que le projet de Mahaut et du chef de guerre est voué à l’échec : attaquer et Château-Gaillard où est détenue sa fille Blanche, et la forteresse de Dourdan où est détenue sa fille Jeanne II. Il est vite maîtrisé par les deux hommes armés. Il commence à exposer une stratégie alternative. La comtesse congédie Maubusier et son homme, et elle l’écoute. Évrard continue : Jeanny, la fille de Mahaut, possède les droits sur la Bourgogne. Or son seul crime est de ne pas avoir dénoncé Blanche et Marguerite, coupables d’infidélité. Il faut la faire réhabiliter. C’est le gendre de Mahaut qu’il faut séduire : le roi ne refusera pas la libération de Jeanny à son frère. Il poursuit son raisonnement : le comte de Poitiers est un homme intelligent. Il a deux bonnes raisons de pardonner : il n’a pas encore de fils et il veut garder le comté. Il est aussi captif de cette lamentable affaire que Jeanny. Il se propose ensuite d’aller parlementer. Puis la discussion évoque l’inflexibilité de Louis X et sa mortalité. Mahaut rappelle qu’elle est une des douze pairs du royaume et que ceux-ci élisent les rois, mais ont aussi le pouvoir de les déposer s’ils faillent. Or Louis ne respecte plus la tradition, ni leurs conseils et Dieu lui-même montre sa colère par des signes terribles.



L’ascension de Jeanne de Bourgogne vers le trône de France continue. Du fait de la nature historique du récit, le lecteur sait déjà ce qu’il va se passer, plus ou moins dans le détail. En effet, cette période qui va de 1316 à 1328 s’avère particulièrement riche, avec le décès de deux rois : Philippe V le Long en 1322, Charles IV le Bel (Charles de la Marche) en 1328. D’autres morts suspectes, avec des soupçons d’empoisonnement. Comme toujours, le destin semble favorable aux projets de Jeanne. Le roi d’Angleterre, Édouard II, refuse de rendre hommage pour le duché de Guyenne. Le premier août 1323, Roger Mortimer, chef de la dissidence, se réfugie en France où le roi l’accueille avec amitié et refuse de le livrer. Charles IV fait saisir la Guyenne, comme le droit seigneurial le permet. Isabelle, l’épouse d’Édouard va négocier avec son frère. En trois planches, le lecteur voit passer la révolte des Pastoureaux de 1320, une insurrection populaire contre les puissants. En découle un nombre de personnages historiques imposants. Jeanne la mâle reine bien, sûr, répertoriée sous le nom de Jeanne I dans les encyclopédies, car il y a Jeanne II de Bourgogne (1291-1330), comtesse de Bourgogne et d'Artois, Jeanne III (1308-1347), princesse française, fille aînée du roi de France Philippe V le Long, et Jeanne II de Navarre, fille de Louis X de France et de Marguerite de Bourgogne. Comme dans le premier tome, la scénariste présente donc énormément d’informations qu’elle réussit à faire passer majoritairement dans les phylactères, rendant la lecture plus vivante. Il n’y a que lorsque Édouard II est acculé à négocier par le pape, que la narration passe en mode de cartouches de texte, illustrés par un dessin entièrement dicté par les informations.



Comme dans le premier tome, l’artiste a fort à faire pour donner à voir chaque personnage, chaque lieu, chaque séquence. Dans un premier temps, le lecteur ne prête pas forcément une grande attention aux différents individus qui sont évidemment habillés avec des tenues d’époque. Arrivé en page quatorze, il prend conscience de la qualité du travail de reconstitution historique réalisé par Michel Suro. Ce dernier se montre très investi pour les coupes de cheveux, les pilosités, les accessoires, les différences entre les armoiries. La scénariste présente les trois clans en lice pour s’arroger la maîtrise de la succession au trône. Charles de Valois, frère de Philippe le Bel, et son fils époux de Jeanne. Le comte de Poitiers qui vient de s’imposer régent, et la tante de Philippe VI la grande Mahaut, sa belle-mère. Le duc de Bourgogne et Agnès, mère de Jeanne, fille de Saint Louis. Il est possible que le lecteur commence à perdre pied devant tant de personnages historiques, surtout s’il n’est pas familier de cette époque. Quelques pages plus loin, il se souvient que chacun de ces six individus portait une coiffe ornée différemment, ainsi qu’une coupe de cheveux différente. S’il est perdu, il revient à cette page, et il se rend compte qu’il dispose de repères visuels permettant de savoir qui est qui, sans risque de se tromper.



À aucun moment, le lecteur n’éprouve la sensation de revenir à une scène identique avec à nouveau des personnages en train de papoter pour comploter. D’un côté, la scénariste prend bien soin d’identifier les individus en présence, de préciser l’endroit où se déroulent les conciliabules ou les négociations. Elle sait aussi inclure des moments de nature différente, y compris quelques scènes d’action. De son côté, l’artiste ne chôme pas non plus. Il s’investit dans chaque scène pour représenter les lieux dans l’écrasante majorité des cases. Le lecteur peut donc prendre le temps de regarder la cour intérieure du château d’Hesdin, sa grande salle de réception, le chemin de ronde sur les fortifications du château de Poitiers, les jeux sur les grande prairie autour du château de Vincennes, puis la forêt alentour, plusieurs pièces de l’hôtel des Valois à Paris, une vue aérienne du palais de la Cité, un grand banquet avec un montreur d’ours, les artères de la ville de Reims, le sacre dans la cathédrale de Reims, l’attaque des pastoureaux dans une zone naturelle à quelques distance de Carcassonne, un tournoi, le navire emmenant Isabelle d’Angleterre en France. Afin d’être en phase avec la densité du récit historique, il réalise des planches comprenant en huit et dix cases, pouvant monter jusqu’à treize cases. Il utilise des cases bien rectangulaires, bien alignées, avec quelques inserts et régulièrement une case de la hauteur de deux bandes. Les dessins peuvent paraître parfois un peu appliqués, pour autant la narration visuelle s’avère riche et rigoureuse.



La scénariste parvient à faire exister ces personnages historiques, en privilégiant les discussions aux cellules de texte, ce qui les met en scène, les fait s’exprimer, leur donne de la place. Elle sait entremêler les intrigues de la cour, les complots dans les différentes familles, sans oublier l’usage des poisons, dont certains exotiques (une recette : pieds de crapaud, têtes de couleuvre, sang d’enfant, urine de vierge, hostie consacrée), l’espionnage, les questions d’hérédité et de légitimité, les cérémonies officielles comme les couronnements, et les relations entre les individus. Elle parvient à intégrer une quantité impressionnante d’informations de manière organique, sans que la lecture ne devienne indigeste. Elle doit toutefois faire des choix pour se conformer à la pagination dont elle dispose, ce qui peut parfois laisser dubitatif le lecteur qui n’est pas familier des grands événements de cette époque, ou qui découvre les différentes branches de la famille des Valois. Elle montre comment le destin de Jeanne de Bourgogne se constitue avec les événements historiques sur lesquels elle n’a aucune prise, et avec des opportunités saisies, des manigances impliquant parfois le meurtre, et souvent la manipulation politique de quelques-uns de ses proches, et de certains des grands de ce monde. Il n’est plus question du sorcier, le Bau Dru, mais la présence de la religion est montrée dans le quotidien, comme dans les cérémonies.



Ce deuxième continue avec les caractéristiques du premier. Le lecteur assiste à la vie de Jeanne de Bourgogne de 1316 à 1328, alors qu’elle met en œuvre des stratégies à long terme, en influençant ses proches et les décideurs pour arriver à ses fins. Scénariste et artiste réalisent une reconstitution historique consistante et dense, sans oublier de laisser de la place aux personnages, faisant tout pour trouver le juste équilibre entre la masse d’informations à exposer et la fluidité de la lecture.
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Jeanne, la Mâle Reine, tome 3

Régner, n’est-ce pas la gloire suprême ?

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Ce tome est le dernier du triptyque commencé avec Jeanne, la Mâle Reine, tome 1 (2018) qu’il faut avoir lu avant. Il a été réalisé par France Richemond, médiéviste, pour le scénario, Michel Suro pour les dessins, et Dimitri Fogolin pour les couleurs. La première édition date de 2021. Cette bande dessinée compte soixante-deux pages. Elle comprend un arbre généalogique avec les membres de la famille royale, de la couronne d’Angleterre et de celle de Flandres, avec à chaque fois leur âge au début du tome. Philipe VI de Valois, Jeanne de Bourgogne, Jean de France, Marie de France, Robert d’Artois, Jeanne de Valois, Jean d’Artois, Jeanne de France reine de Navarre, Jeanne de France fille de Philippe V & Jeanny, Philippe de Bourgogne, Édouard III Plantagenêt, Louis de Nevers, Macé Ferrand, Robert Bertran sire de Bricquebec, Jean de Marigny, Gaucher de Châtillon, Evrard d’Orléans, Guy Baudet, Jeanne de Divion. Inutile de dire qu’avec pas moins de six personnages portant le prénom de Jeanne, cette présentation est la bienvenue. Le tome se termine par un texte d’une page écrit par la scénariste, évoquant la place des femmes à cette époque, la personnalité hors norme de la reine Jeanne, l’impossibilité de savoir si elle boitait réellement, les accusations plus ou moins fondées à son encontre, ses deux conseillers, et l’affaire des faux documents de la Divion.



1328, ça y est : Jeanne est enfin reine, épouse du roi Philippe VI à qui elle a donné un fils, Jean, et une fille, Marie. Jeanne de Valois vient le remercier, lui assurant que, grâce à elle, sa mère la reine Marguerite d’Anjou serait satisfaite. Son conseiller Evrard d’Orléans, imagier et sculpteur, vient l’informer que Robert est en train de manigancer quelque-chose avec le comte de Flandre. Dans la cour du château, le roi Philippe VI est en train de sacrer chevalier Louis de Nevers, et il lui confie Joyeuse, l’épée du très noble Charlemagne. Une fois la cérémonie terminée, il rentre dans ses appartements, accompagné par Robert, d’Artois, l’époux de Jeanne de Valois, la demi-sœur du roi. Jeanne ne mâche pas ses mots : Louis est un benêt, un imbécile qui s’est tant mis à dos ses gens qu’ils l’ont chassé de ses terres. Philippe VI en a bien conscience et il sait qu’il va devoir lui offrir son aide pour reconquérir la Flandre qui est une déchirure dans le royaume.



Il y a vingt-six ans, à la bataille de Courtrai, l'armée du roi Philippe IV de France fut défaite par les milices communales flamandes aidées par des milices venues de Zélande. Le 19 mai 1328, a lieu le sacre du couple royal, Philippe VI de Valois et Jeanne de Bourgogne. Le comte de Flandre apporte l’épée de Charlemagne. Bien que la saison soit déjà fort avancée et que les terres soient spongieuses avec un risque d’embourbement, Philippe VI commence son règne par une campagne militaire. Août 1328, l’ost royal entre en Flandre. Non loin de Cassel, les Flamands se sont installés dans une place forte en hauteur.



Cette bande dessinée fait honneur au titre de la série puisque Jeanne de Bourgogne est devenue une reine, et elle a participé à plusieurs reprises à faire verser le sang. Tout du long de ce tome, elle continue à instiguer ses manigances, avec l’aide de ses deux conseillers Evrard d’Orléans (1290-1357, imagier et sculpteur) et Guy Baudet (clerc) : faire incendier les villages des Flamands, envoyer Robert d’Artois pour faire fléchir Isabelle de France (1295-1358, fille du roi de France Philippe IV le Bel et de Jeanne Ire, reine de Navarre), dérober le sceau royal, incriminer le chevalier au Vert Lion (Robert Bertrand, sire de Bricquebec, 1273-1348) auprès du roi, taire la tentative d’assassinat de Macé Ferrand chambellan du roi dont elle a été le témoin, taire la falsification de documents officiels, réaliser une tentative d’assassinat sur Jean de Marigny (1285-1351) nouveau chambellan du roi, participer à déclencher une guerre. Le lecteur découvre que ce tome couvre la période allant de 1328 à 1338, c’est-à-dire qu’il s’arrête onze ans avant la mort de Jeanne la boiteuse, et qu’il n’est pas prévu de tome quatre. D’un côté, ce choix déconcerte puisque Jeanne a assuré épisodiquement la régence à partir de 1338. D’un autre côté, l’année de fin retenue correspond à l’aboutissement de ce qui est peut-être sa plus grande forfaiture.



À nouveau, les événements historiques s’avèrent nombreux et le lecteur néophyte peut parfois éprouver le besoin d’aller consulter une encyclopédie pour étoffer ses connaissances afin de mieux les appréhender. Qu’est-ce que c’est que cette histoire de chevalier au Vert Lion ? À quels territoires actuels correspondent l’Artois, la Guyenne ? Qui était l‘aventurière Jeanne de Divion (1293-1331) ? Combien cette reine a-t-elle eu d’enfants, et combien ont survécu ? Que s’est-il passé en 1302 à la bataille de Courtrai ? L’affaire de la contrefaçon de documents officiels par Robert d’Artois a-t-elle eu lieu, avec ces différents rebondissements ? Dans sa postface, la scénariste précise les faits historiquement prouvés, et ceux qu’elle a imaginés. C’est là qu’une histoire, tout en respectant le contexte prend la place de l’Histoire. Le lecteur éprouve la sensation que ce dernier tome présente une lecture plus fluide, alors même qu’il contient une quantité d’événements aussi importante que les tomes précédents, voire peut-être plus. Certes, de nombreux éléments ont été exposés dans les deux premiers tomes, et le lecteur les a déjà assimilés. Mais il y en aussi beaucoup de nouveaux qui sont évoqués et exposés de manière organique, avec un naturel épatant. D’un côté, le complot à base de documents contrefaits fonctionne comme un thriller ; de l’autre côté, il nécessite lui aussi une bonne quantité d’informations pour pouvoir être captivant.



Dans la postface, France Richemond indique qu’elle a respecté les faits historiques établis, ce qui lui laissait encore une grande latitude pour attribuer telle ou telle décision à un personnage ou à un autre, pour supputer sur leurs motivations, pour imaginer la personnalité de Jeanne la mâle reine. Est-ce un exercice vain car la vérité est à tout jamais inaccessible, ou est-ce une façon d’insuffler de la vie dans cette Histoire révolue ? Quoi qu’il en soit, les deux auteurs mettent du cœur à l’ouvrage, avec tout leur savoir-faire. La motivation de Jeanne apparaît clairement, ainsi que son adresse stratégique et son habileté politique. Le lecteur ressent une forte empathie pour Jeanne de Valois faisant tout pour récupérer l’Artois dont elle s’estime avoir été spoliée. Robert d’Artois impressionne de bout en bout, à la fois pour son amitié vis-à-vis de Philippe VI, son sens de l’honneur, son courage quand il se retrouve à devoir soutenir envers et contre tout ce qu’il sait être une contrefaçon en étant très conscient des risques qu’il encourt. Jeanne de Divion en impose avec sa fougue et sa ressource. Le lecteur se sent même intimidé par le calme du pape Jean XXII quand il reçoit Robert d’Artois dans sa résidence d’Avignon et qu’il prend ses décisions en les expliquant posément avec douceur.



Comme dans le tome précédent, les dessins assurent une narration visuelle qui semble factuelle, sans grâce, très fonctionnelle. Des cases sagement alignées en bande, sauf de temps en temps une qui fait la hauteur de deux bandes, et sporadiquement quelques cases en insert. Comme dans le tome précédent, le lecteur observe que la mise en couleurs est également dans un registre fonctionnel, naturaliste, sans effet spéciaux notables. Comme dans le tome précédent, il apparaît vite que l’artiste ne s’économise pas. Il est très rare qu’il mette en œuvre un raccourci visuel pour avoir moins à dessiner, telle qu’une discussion avec seulement des têtes en train de parler sans arrière-plan. Au contraire, il met un point d’honneur à représenter le lieu durant l’intégralité de chaque séquence afin que le lecteur conserve sa sensation d’immersion dans un champ de bataille, dans la nef de la cathédrale de Reims, dans le camp de l’ost royal, dans la résidence royale à Paris, dans le jardin du pape Jean XXII, dans la cour du château pendant les jeux chevaleresques, au domaine de Reuilly, sur les côtes du côté de Calais, etc. Il se montre tout aussi impliqué pour la représentation des tenues d’époque, pour les armes et les accessoires. De temps à autre, le lecteur ralentit pour savourer une case qui sort plus de l’ordinaire : une case tout en longueur et de faible hauteur avec les cavaliers de l’armée (planche 5), Jeanne tranchant la gorge d’un espion (planche 8), le vol d’un oiseau devant le mur des douves du château (planche 14), des pigeons picorant les graines jetées par le pape (planche 21), un escalier en colimaçon (planche 23), un petit pont de pierre sous la neige (planche 40), le roi en train de se laver les mains (planche 44), l’arrivée d’une blanche colombe sur la rambarde de pierre d’un balcon (planche 52), etc.



De la même manière, le lecteur observe que la scénariste ne se contente pas de relater les faits en insufflant une personnalité et des motivations aux unes et aux autres. En commençant par lire la double page de présentation des personnages, il constate que leur âge au début du tome est spécifié : ce n’est un groupe d’acteurs tous identiques, mais des individus avec une expérience de la vie de durée variable. De temps à autre, un personnage fait une remarque dont le sens ne se limite pas à apporter une information ou à faire avancer l’intrigue. Ils ne pratiquent pas la même guerre. Régner, n’est-ce pas la gloire suprême ? La chance nous a constamment favorisés, comme si nous n’étions que les instruments d’une force qui nous dépasse. Dans sa postface, la scénariste explicite que les femmes du moyen-âge, fussent-elles reine, sont pratiquement absentes des sources. Se trouvent parfois leur date de naissance, toujours celle de leur mariage, de la naissance de leur fils et de leur mort s’il y a héritage. Jamais rien de personnel… Elles traversent l’Histoire sans laisser des traces. Il faut chercher des informations dans toutes les dérives (scandales, procès, lettres de rémission), dans les comptes lorsqu’on les a, dans les actes (donations, alliance, testament). C’est un temps misogyne. Pour autant, elle n’a pas transformé son interprétation de la vie de Jeanne de Bourgogne en pamphlet féministe : elle montre à la fois comment cette femme souhaite être à la hauteur de ce que la société de l’époque lui impose (donner un héritier mâle au roi), à la fois comment elle exerce un pouvoir à l’égal d’un homme.



Une bande dessinée historique doit observer des contraintes, des exigences de genre aussi fortes que les conventions narratives de n’importe quel autre genre, peut-être plus. Celles-ci pèsent lourdement rigidifiant la façon de raconter, en imposant l’exposé de nombreuses informations historiques. Les auteurs ont donné l’impression d’avoir progressé à chaque tome, aboutissant à un dernier mené de main de maître, pour une fresque d’une grande richesse sans que la pesanteur redoutée se fasse sentir. Une reconstitution historique d’une grande qualité, avec des personnages qui existent vraiment. Une réussite revigorante.
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Jeanne, la Mâle Reine, tome 3

Jeanne de Bourgonne et Philippe de Valous sont désormais à la tête de la France. Apres bien des intrigues, et de nombreuses morts, le roi et la reine ne s'apprêtent pourtant pas à couler des jours heureux.



Revendication de comté, alliances, déconvenues politiques, tensions familiale et jalousie de pouvoir... le pouvoir est un jeu dangereux. Jeanne y est une femme intelligente que son mari de toi écoute. Elle mène sa barque mais ses décisions ne sont-elles pas celle du diable?

Mêlant les faits historiques aux légendes les auteurs nous dressent le portrait d'une femme forte malgré le peu de place qu'on voulait bien laisser à la gent féminine àl'époque. Est-ce pour cela quelle a hérité d'une légende noire, elle qui a vu la naissance de la guerre de cent ans?

Je regrette que le récit sur Jeanne, la male-reine, s'arrête ici sans nous raconter son destin de régente dans la guerre.
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Jeanne, la Mâle Reine, tome 2

Jeanne la boiteuse, désormais mariée à Philippe de Valois, rêve d'être reine de France. les intrigues vont donc commencer pour évincer les prétendants du trône un à un.



Si, dans le tome un, on avait pu trouver de la sympathie pour Jeanne petite fille boiteuse rejetée et studieuse, il n'en est pas de même ici. C'est devenue une femme assurée, intrigante et rusée qui n'hésite pas devant tous les coups bas pour réussir son ascension sociale. On peut ainsi la voir empoissonner un nouveau-né et y prendre plaisir... La malédiction des capétiens serait donc une femme.

A côté d'elle son mari, qui sera couronné roi de France à la fin du tome, fait pale figure. Effacé et trop chevaleresque devant sa femme ambitieuse.

L'histoire a parfois un côté un peu trop studieux quand elle raconte les différents événements qui gravitent autour du trône de France. Moyen pour gagner du temps tout en resituant parfaitement le contexte historique, il permet également de nous donner un repère temporel car on a bien du mal à donner un age aux personnages qui ne semblent pas vieillir.

Accrochez-vous également dans l'arbre généalogique des pairs de France. Ils s'appellent tous cousins ou tantes, et pour cause ils ont tous plus ou moins un degré de parenté. Pas forcement facile de s'y retrouver surtout que le dessin n'aide pas à différencier graphiquement les personnages.
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La Rose et la Croix, tome 1 : La confrérie

Ce tome 1 de la série La Rose et la Croix est prometteur. L'intrigue est intéressante et me donne envie d'en savoir plus.



Il faut dire que ce tome est essentiellement introductif et qu'il ne délivre que peu d'informations. Tout juste sait-on que le jeune héros est un brillant alchimiste en devenir et qu'une société secrète souhaite le kidnapper (pour l'initier ? pour lui voler son savoir ?). J'espère que le tome 2 sera plus dynamique.



Le dessin me plait beaucoup, il est léger et réaliste et les couleurs sont bien choisies.



En bref, cette intro est plaisante et donne envie de lire la suite.
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Le Trône d'Argile, tome 5 : La pucelle

Dans ce cinquième tome, la situation est de plus en plus critique pour le dauphin Charles. Toujours aussi mal entouré, ses choix stratégiques sont désastreux et les anglais contrôlent une partie de plus en plus grande du royaume. Ces derniers décident même de s'attaquer à Orléans (contre toutes les règles de la chevalerie puisque Charles d'Orléans est prisonnier et ne peut défendre son fief).

Charles étant en train de perdre tout espoir, sa belle-mère Yolande d'Aragon décide de mettre à exécution son plan pour lui redonner confiance en son destin, et ce plan passe par Domrémy....

Ce cinquième tome, intitulé la Pucelle, voit donc se mettre en place la mission de Jeanne et les préparatifs de son départ de Vaucouleurs.



Bravo à l'historienne France Richemond pour cette reconstitution audacieuse, et à Théo et Pieri pour leurs illustrations somptueuses.
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Le Trône d'Argile, tome 2 : Le Pont de Montere..

Après un premier tome centré autour de la figure de Tanneguy du Châtel "le chevalier à la hâche", ce deuxième tome met en scène des personnages plus nombreux dont les actions vont conduire à l'épisode du "pont de Montereau".



Le Dauphin Charles prend de la consistance et est de plus en plus attachant, Henry V d'Angleterre est impressionnant et machiavélique, quant à Jean sans Peur, duc de Bourgogne, il s'agite et tempête pour foncer vers un destin tragique, manipulé par sa maîtresse.

Côté féminin, Isabeau de Bavière apparaît et n'est franchement pas à son avantage, alors que Yolande d'Aragon brille par son intelligence et son courage.



L'album s'achève sur l'épisode tragique de l'entrevue de Montereau, qui laisse le dauphin Charles désemparé et hésitant. Mais heureusement à la dernière page, une jeune paysanne lorraine pointe le bout de son nez! On se demande bien quel rôle elle aura dans le tome 3....
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Le Trône d'Argile, tome 1 : Le chevalier à la ha..

1418, le royaume de France est en pleine guerre de cent ans et se trouve affaibli par la guerre civile qui fait rage entre les bourguignons et les armagnacs.

Le trone vacille tout comme la raison du roi Charles VI, et le dauphin Charles est encore bien jeune pour assumer sa charge.

Heureusement, le connétable Tanneguy du Châtel et quelques valeureux chevaliers vont tout faire pour défendre le royaume contre les anglais et les bourguignons et pour soutenir ce trône d'argile.



Cette BD historique est très réussie, tant au niveau du scénario que des dessins et des couleurs.

Les personnages sont bien campés, et les dessins des visages sont très expressifs.

L'intervention d'Henry V d'Angleterre à la fin de l'album est impressionnante et donne envie de lire rapidement le tome 2.

Je pense juste qu'il vaut mieux un solide bagage historique pour l'apprécier à sa juste valeur. En plus du scénario, l'historienne France Richemond aurait pu se fendre d'un petit dossier historique.
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La Rose et la Croix, tome 2 : Maître Dagelius

Dans ce second tome, nous retrouvons Johann faisant son apprentissage d’apothicaire chez Maître Zorn à Berlin. L'action se situe deux ans après la fin du premier tome.



Cet opus est plus dynamique que le précédent et s'axe sur la découverte de l'alchimie. On nage en plein ésotérisme ce qui me plait beaucoup et il y a beaucoup d'éléments historiques ce qui me plait encore plus.



Le jeune Johann me plait énormément mais celui qui titille le plus mon imaginaire est Laskaris (plus mystérieux que lui on meurt !).



Côté dessins, il n'y a rien à redire : ils sont beaux de chez beaux.



Ce second volet est meilleur que le premier : l'intrigue progresse et le graphisme itou. Vite, vite, le tome 3 !
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