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Citations de François Augiéras (109)


François Augiéras
Il me faut accepter ma solitude en évitant de la trop ressentir de crainte de tomber dans un désespoir inutile;car il y a une part d'appel dans les sanglots les plus solitaires : on croit pleurer sur soi; à la vérité on ne verse de larmes qu'avec l'arrière- pensée que d'autres sauront qu'on a pleuré, vous porteront secours ("Domme ou l'Essai d'occupation",Fata Morgana,1982,p.44)
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Des relations magiques entre l'Homme et le Cosmos vont à nouveau s'établir : ce qui se passe, c'est plus que l'avènement d'une religion, c'est la réapparition de l'Homme Vrai, la renaissance de l'Homme Fils de la Terre et des Astres ! De l'Homme aux dimensions de l'Univers ! L'Ere du Christ est finie, un point de rupture est atteint ; les circonstances sont favorables à une réinvention de l'Homme (p. 126).
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Instants délicieux de la fin de la nuit. Pas un souffle de vent. On ne voit rien du Monde.
C’est une absence de tout ; les moments ne sont plus faits que de rien ; tout paraît suspendu.
L’air immobile n’agite pas une branche ; plus un oiseau ne chante.
On ne ressent que le charme intensément répandu de la vie souveraine de la terre et du ciel, si puissamment, qu’il n’y a qu’à y puiser pour en tirer ce qu’on veut.

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Le Sarladais, appelé aussi Périgord noir, à cause de la présence et de l’épaisseur d’une végétation de petits chênes sombres et de noyers, est un pays en partie déserté, planté ça et là de champs de maïs et de blé, et d’étroites plantations de tabac.
Pays sauvage pour qui sait voir, c’est un pays des esprits. Un pays de sorciers.
Templiers, barons, prêtres, paysans, tous ici le furent plus ou moins, et les vertes et noires campagnes sarladaises, résonnantes encore des cris des premiers âges, gardent un peu de l’âme de tous ceux-là qui furent des magiciens.
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Le Monde était là devant mes yeux, celui des astres et des feuilles dans le Grand Temps de la Nuit. La terre tournait lentement dans un ciel pur strié de nuages roses pointus comme des avants de barque. Les rochers et les bois vivaient au clair de lune leur vraie vie, loin des hommes. Et moi aussi je vivais avec eux ma vraie vie; je nourrissais mon âme, je m'abreuvais de bonheur, je buvais la force du Monde; c'était cela le réel, le durable, l'inoubliable.
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L'Univers n'est pas ce que les Hommes croient; l'âme est infinie, et l'espace un gigantesque cristal reflétant, dans tous les temps possibles, la Lumière Primordiale, que l'Occident s'obstine à vouloir appeler Dieu.
Je monte sur une avancée de la pierre pour voir de plus près mes grandes étoffes peintes, dont la présence insolite dans cette caverne oubliée des Hommes me fait pénétrer dans une éternité de rêves. Je pose délicatement la main sur tel personnage, en un geste de reconnaissance et d'amour, mes lèvres sur tel visage, mon front contre un ciel criblé d'astres, puis mes yeux contre l'or.
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On n'allait pas très vite, mais rien ne nous pressait. J'aimais les jeunes femmes, puis retrouver le clan des hommes. Celui-là pur sur les eaux bleues du fleuve: Le grand fleuve des Morts au paradis des arbres et des fleurs.
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Je ferme les yeux, et je rappelle à moi un savoir très ancien : il y a deux pierres à côté de mes doigts, je les touche doucement, comme en aveugle. J'en saisis une, la plus légère, et je commence à les frapper l'une contre l'autre, à petits coups discrets, puis rapides, avec des silences et des reprises obstinées. Très vite, je suis emporté par le rythme, et j'y prends plaisir. Deux pierres cognées l'une contre l'autre donnent un son humble, primaire, d'une indépassable pauvreté qui me saoule et m'atteint profondément : il est à la mesure exacte de ma propre détresse puisque j'en suis réduit, en fait d'instrument de musique, à deux cailloux cognés obstinément. Cette similitude dans la pauvreté me porte à m'identifier au bruit que font mes pierres, des chocs faibles, désespérés, gais, amortis par la proximité de la roche et par celle du sol lourdement sablonneux. Je deviens ce bruit, il me tire hors de moi. Paupières closes, affolé par le bruit que je fais, je ne suis plus qu'une âme qui passe du côté des forces du Monde et peut tout provoquer par écho.

(…) Qu'ai-je voulu, souhaiter, pendant cet appel aux forces du Monde? Du fond de ma petite grotte, à coups de pierres, j'ai crié ma détresse. Cependant, ce bruit de pierres cognées obstinément, pendant des heures, plairait-il aux Hommes, s'ils pouvaient l'entendre du sentier des falaises ?
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Alors, de cette obscure nuit jaillit une lueur.
Je me dis que de vieilles phrases, du temps des rois, traversées de candeurs rustiques, et ma folie habilement tissée, composeraient une étonnante étoffe qui mériterait de survivre.
Un petit livre, bien et mal écrit tout à la fois, semblable à une étoffe rustique et belle.
Une sorte de tapisserie.
Il me vint à l'esprit de la filer de grosse laine mêlée de fine soie.
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Quant à l’enfant, je l’aimais avec cette force-là de l’été. Tout mon être tendait vers lui. Comme la lumière de midi qui oblige à fermer les yeux, l’amour que je lui portais m’aveuglait et me cachait les dangers que je courais à vouloir le revoir. Un charme nous unissait ; il nous séparait des autres hommes et il nous protégeait des fâcheuses conséquences de cet amour. L’enfant le ressentait ; était-ce moi qu’il aimait, ou cette impunité, ce charme, plus que moi ?
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Mes carnets, je les mettrai à la poste; au hasard; vers l'Asie, vers l'Europe et vers l'Océanie; et je danserai dans les vallées de pierre.
Les nuages bleus et noirs. O, l'éternelle victoire des petits livres qui ruinèrent la gloire des Conquérants.
Cet homme qui n'en sait rien ne survivra que dans mes humbles carnets; lui, dont l'orgueil alla jusqu'à se bâtir un mausolée de son vivant, il devra tout à un enfant qui sait à peine ecrire; lutte avec l'ange dont je suis le vainqueur; il ne restera rien de lui, rien de son musée, sauf ce que j'aurai sauvé d'un éternel oubli dans mes carnets de couleur , ocre, bleu et rouge, mis à la poste, secrètement dans ce désert.
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J’en serais arrivé à croire qu’il n’y a d’amour que dans la mesure exacte où la part d’ignorance qu’on a de soi pousse à se trouver dans les autres, à croire qu’il n’y a d’amour que dans l’erreur délicieuse.
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- Malade ? dit-elle.
Jouant à l'infirmière, ce qu'elle est vaguement, elle me tâte le pouls :
- De la fièvre ?
- C'est une trachéite. La gorge et la poitrine me brûlent. Je lui raconte mon histoire d'eau glacée.
- C'est d'une folle imprudence. Nous allons bien vous soigner. Il faut guérir vite. Quand vous serez rétabli, nous irons ensemble en promenade, ajoute-t-elle, avec un sourire si engageant que ma fièvre aussitôt monte pour le moins d'un degré. (...)
Elle se lève :
- Il faut que je parte. Madame votre tante s'inquiéterait de me voir m'attarder trop longtemps dans la chambre d'un grand garçon...
- Déjà ! Vous avez une jolie robe.
Elle rougit de plaisir. C'est une petite robe blanche de rien du tout, agrémentée d'un gros noeud sur la poitrine, qu'elle a plate.
- Je vous apporterai votre dîner dans un instant.
Elle se dirige vers la porte, balançant agréablement ses jolies fesses en poire.
- Pour mon dessert, j'aimerais bien des poires, lui dis-je.
- Quoi donc vous y fait penser ? s'écrie-t-elle en éclatant d'un rire frais. (...)
Elle me tire la langue et s'enfuit.
La vie est parfois d'une incroyable facilité, pensai-je en me retournant dans mon lit.

Ce qui devait arriver n'arriva pas.
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Est-il joie plus délicieuse que de quitter le temps pour vivre au coeur de la pierre, en contact immédiat avec les forces du monde, et de parler avec son âme dans le silence du roc ? (p. 123)
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TRENTE-SIX



extrait 19

Ciel clair et bleu
de rêve
La vie coule son fleuve.
Chacun
largue ses voiles.
Chacun
a son étoile
sa force,
ses faiblesses...
D’autres chansons naissent...

Mais nous chanterons
toujours celle-ci :
« Ils étaient trente-six. »


// Serge Essénine (1895 – 1925)

/ Traduit du russe par Gabriel Arout
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Mon sentier devenait un large couloir, une sorte de tranchée creusée profondément dans la terre sèche et rouge. Une abondante frondaison maintenant le couvrait; il descendait comme un tunnel de verdure en direction de vallons très sauvages.
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Il y a chez lui des intuitions de mourant, pour le moins celles des très vieilles gens qui savent qu'ils vont bientôt mourir, et qui, du fauteuil de leur jardin, regardent le soleil : feuillages, arbres, branches entrecroisées, leurs mauvais yeux mêlent tout cela en une féerie colorée où ils voudraient se perdre. Passer du côté de la lumière, et n'en plus revenir ! Leurs forces usées sont capables encore d'un pas seulement, de ce côté-là du possible.
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Mes amours et le ciel étoilé, je voudrais les peindre. Mais dans quel style ? Cela m'obsède aussi. Quel parti tirer de ce que j'ai vu, quelle transposition picturale adopter, contre qui, dans les marges et au-delà de quel univers déjà peint ? Je pense à de grandes étoffes ; l'Afrique appelle l'étoffe, ou la peinture sur de grossières planches, et des couleurs peu nombreuses, le noir, le blanc intense, des ors, un peu de bleu. Ce qui me hante, c'est l'extraordinaire simplification que voici : des silhouettes sombres, comme des apparitions, sur un fond d'éboulis et de rocs d'une lumineuse clarté. Tout grand art étant un art d'apparition, cela ferait d'extraordinaires étoffes peintes..., des apparitions, comme des négatifs, d'un modernisme ambigu.
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Et ce fut extraordinaire : Joly sur un pré mima l'Eveil de l'Homme, Adam s'éveillant au Paradis... Il se coucha dans l'herbe, jambes et bras repliés sous lui, comme un yogi. Nous formions à quelques pas de là un demi-cercle attentif sur la prairie faiblement inclinée. Des nuages passaient. Joly ouvrit un oeil, un seul, et regarda le monde. Puis l'autre oeil. Il referma le premier, comme un oiseau de nuit que la lumière effraie. Mais le second demeurait bien ouvert, et il s'en servait pour contempler son pied nu. Il fit bouger un orteil et s'en émerveilla. Il parut ensuite s'étonner de le voir tenir à un pied qui, lui-même se prolongeait en jambe. Il découvrit qu'il avait une tête, des bras, et que tout cela se tenait. Lorsqu'il en fut persuadé, il se leva lentement, et il tourna sur lui-même, bras en avant, cherchant à s'orienter.
Il vit sa main, et, doucement, très doucement il l'approcha de son visage...
On n'applaudit pas, parce que nous n'étions pas un public mais seulement des âmes neuves qui en étaient, elles aussi, à découvrir le monde et leur propre existence ; et parce que c'était joué... pour les nuages, devant les nuages.
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Je ne peux pas lui dire: j'entends un appel vers les bois , comme le chien-loup de L'Appel de la forêt de Jack London, je veux aller à Marsac parce que j'ai lu Rimbaud. Il ne me prendrait pas au sérieux; il faut se mettre la place des gens, flatter leurs opinions, mentir à demi, jouer la comédie, et j'y suis fot habile; ce pouvoir-là sur le hommes m'enchante chaque fois que je l'exerce: c'est toujours amusant d'être un autre.
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