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EAN : 9782729113414
364 pages
Editions de La Différence (16/02/2001)
4.8/5   5 notes
Résumé :

Publié pour la première fois en 1968, indisponible en librairie depuis longtemps, Une adolescence au temps du Maréchal est le livre essentiel pour comprendre le parcours d'Augiéras. Il débute avec l'entrée de son auteur en onzième, au Collège Stanislas, à Paris, et s'achève sur son engagement, en 1958, dans une compagnie méhariste dans le sud algérien.

Le Paris qu'Augiéras découvre enfant est une ville sinistre qu'il prend en aversion, et c'e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
"Je est un autre", écrivait Rimbaud dans sa lettre dite " du Voyant". 
François Augieras écrirait bien qu'il est mille autres.

Comme le vagabond de Charleville, l'homme aux semelles de vent, François Augieras est fugueur, provocateur, aime les grands espaces, ciel, champs, forêt, désert , se cherche un maitre , un initiateur, mais pour mieux le quitter ou le défier. 

Comme lui, il se sent le coeur assez brave pour tenter toutes les conquêtes, épuiser tous les vertiges.  Comme lui, il est sans tabou, sexuel, religieux, artistique, social.

Comme lui, il se sent , face au ciel,  l'âme mystique et le corps païen.

Avec la guerre et l'instauration du régime de Vichy, c' est un étrange terrain de jeu qui s'ouvre à ce rebelle aux mille masques , cet orphelin de père, fils de bonne famille, né aux USA, élevé mollement par une mère d'origine polonaise qui ne l'aime guère et ne l'admire pas non plus. Il le lui rend bien.

En 1940, la France des pères est plongée dans la contrition et la repentance, tandis que son vieux Chef tente d'aiguiller la jeunesse désoeuvrée des  fils vers les mouvements de jeunesse qui se créent de tous côtés: la J.F.O.M., la S.P.E.S. , les chantiers de Jeunesse...Le maréchalisme fait flèche de tout bois: ces mouvements  ont pour mission de donner le goût de la terre, du travail manuel...bref d' occuper ces jeunes garçons au redressement de la France paysanne, provinciale et  immémoriale.

Ceux-ci n' ont que l'embarras du choix. Il faut juste mentir un peu, dire aux recruteurs de tout poil ce qu'ils ont envie d'entendre. François excelle à ce jeu-là. 

Il quitte donc sa mère,  ses études, Paris qu'il hait de tout son coeur et découvre , d'abord dans son cher Périgord,   la liberté magnifique de celui qui ne s'attache jamais longtemps à rien ni personne, mais qui sait parler, séduire, obtenir pour mieux se dérober, ruer dans les brancards, inquiéter, fuir...

Tout le tente: la mystique païenne, le pantheisme cosmique, la magie, le chamanisme, le théâtre, la peinture, l'écriture,  la musique: sans connaître les notes, jouer de l'accordéon....ou du chaudron!!!

Il se sent toutes les forces, tous les dons, tous les culots.  Il les a.

François,  le garçon sans père , s'en cherche toujours un:  c'est un aîné , un jeune adulte, comme Croses, comme Parsus, comme Boyé, de  jeunes peintres ou de jeunes poètes, ou alors un vieux maître, comme le vieux peintre Roger  Bissière, quand ce n'est pas le presque mourant André Gide dont il se vante d'avoir été le dernier amour.

C'est aussi , c'est surtout, Marcel Augieras, le Vieillard du Vieillard et l'enfant ,   l'oncle officier, au terrible " lit de fer " dressé face au ciel  sur les terrasses de pisé , au coeur du  désert algérien,  qui le déflore et le plie à un esclavage sexuel qui le marquera pour toujours, et dont il viendra, plusieurs fois, rechercher la morsure et narguer la solitude.

Peu d'amis. Un seul, vraiment, fidèle pendant 40 ans et jusqu'apres la mort: Paul Placet , l'instituteur des Eyzies, qui recueillera lettres, oeuvres, toiles. Et viendra souvent tenir compagnie à François quand il se retirera dans sa grotte de la Vézère,   sauvage, malade et demi-fou, avant de mourir de maladie et d'épuisement à 46 ans.

Une adolescence au temps du Maréchal, un livre culotté,  bravache, étincelant, sincère, toujours projeté en avant,  truqueur, décapant  et incroyablement moderne m'a emportée,  séduite, ravie...

Augiéras, l'homme "cent qualités " , l'homme mille facettes, l'homme mille défauts! Augiéras est un personnage de roman à lui tout seul, et sa vie, une perpétuelle échappée belle.

Je voudrais retrouver la grotte du désert algérien où,  au peril de sa vie, il a "enfermé" pour jamais des fresques peintes dans une espece de frénésie créatrice,  comme un pharaon qui peindrait sa propre sépulture avant d'y descendre pour mourir.

Une sorte de bouteille à la mer,  au désert plutôt - un geste plein de panache, d'innocence, de gratuité,  de beauté.

Tout François Augiéras, en somme.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Je ne peux pas lui dire: j'entends un appel vers les bois , comme le chien-loup de L'Appel de la forêt de Jack London, je veux aller à Marsac parce que j'ai lu Rimbaud. Il ne me prendrait pas au sérieux; il faut se mettre la place des gens, flatter leurs opinions, mentir à demi, jouer la comédie, et j'y suis fot habile; ce pouvoir-là sur le hommes m'enchante chaque fois que je l'exerce: c'est toujours amusant d'être un autre.
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Quelques retouches encore, et je m'assois sur le sable en regardant ce que je viens d'achever. Vingt-cinq personnages , la plupart tournés vers moi, m'observent en silence parmi les rayons d'une lune dont le disque parfait brille en arrière des collines. Il me semble que je les ai peints pour les voir , et pour qu'eux me voient aussi. Je suis bien dans ma tombe: je vois ce que j'ai le plus craint, ce que j'ai le plus appelé dans ma vie ; ils me tiennent compagnie , et nous parlons ensemble le muet langage de la séduction réciproque. Il fait chaud, très chaud dans cette sorte de crypte, mais le sable profond demeure frais et j'y plonge les mains. Un bonheur extrême me ravit à moi-même ; la voûte peinte au-dessus de ma tête a la forme du ciel; je m'étends sur le sable, je ferme les yeux, ma tombe me plaît ; je m'endors de fatigue.
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En ce moment, on est comme jeté sur les routes; c'est un appel à l'errance, que les jeunes ressentent intensément, et auquel ils répondent d'autant plus volontiers que le régime propose partout dans le Sud des camps, des refuges, des auberges. Beaucoup laissent tomber leurs études pour filer dans les bois, sous le prétexte qu'on meurt de faim à Paris. Le régime de Pétain espère que beaucoup de ces jeunes gens se fixeront à la terre; il y a une pression certaine exercée sur les garçons des villes pour les pousser à s'en aller de chez eux.
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Me voici à nouveau sous le ciel étoilé. Tout me ramène là, les situations les plus fausses , et les autres: FACE AU CIEL, à l'écoute des constellations visibles de la terre. Une écoute obstinée; à croire que je me suis engagé, sans convictions, pour veiller, pour ne pas coucher dans un lit.
Dans tous mes livres, je suis dehors sans cesse; quinze ans d'écoute; une sorte de Journal d'écoute.. . Un invincible attrait pour le ciel, d'aventure en aventure, et de masque en masque.
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D'autre part, je suis un écrivain qui parlera, dont la délicatesse n'est pas la qualité première, qui publiera tout, racontera tout ; on ne peut pas compter sur mon silence. Joël, lui, au contraire, est un garçon rassurant, qui ne parle que presse lithographique, que tirages sans dédaigner la plaisanterie gauloise; mais Augieras...., Augieras.. ..devient bien emmerdant.
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Videos de François Augiéras (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Augiéras
François Augiéras (1925-1971) : Une vie, une œuvre [2000 / France Culture]. Par Christian Giudicelli. Réalisation : Marie-Andrée Armynot. Équipe technique : Christian Fontaine et Stéphane Desmond. Émission “Une vie, une œuvre” diffusée sur France Culture le 6 août 2000. François Augiéras est un écrivain français, né à Rochester (État de New York) le 18 juillet 1925 et décédé à Périgueux le 13 décembre 1971. François Augiéras est le fils de Pierre Augiéras, un pianiste français renommé, et d'une mère peintre sur porcelaine d'origine polonaise. Pierre Augiéras, installé aux États-Unis pour raisons professionnelles, meurt d'une appendicite deux mois avant la naissance de son fils. Revenu en France quelques mois après sa naissance, François Augiéras passe son enfance seul avec sa mère. À Paris, qu'il trouve sinistre, il étudie au collège Stanislas. Il vit ensuite à Périgueux, où il s'installe à l'âge de huit ans. À l'âge de treize ans, à la bibliothèque municipale, il découvre André Gide, Nietzsche et Arthur Rimbaud. Attiré par l'art, il quitte l'école à l'âge de treize ans pour suivre des cours de dessin. En 1941, il s'inscrit dans un des mouvements de jeunesse qui prolifèrent sous le régime de Vichy, mais dès 1942 il s'en détache pour devenir acteur dans un théâtre ambulant. Il s'engage, en 1944, au dépôt de la flotte à Toulon, puis passe en Algérie où il se retrouve à Alger. Il ne s'y attarde guère, pressé d'aller vers le Sud qu'il pressent être son véritable pays, et où il rejoint son oncle Marcel Augiéras, militaire colonial en retraite, qui vit à El Goléa, dans le Sahara. Augiéras s'inspire de cet épisode pour écrire en 1949, “Le Vieillard et l'Enfant”, qu'il publie à compte d'auteur sous le pseudonyme d'Abdallah Chaamba. L'ouvrage retient l'attention d’André Gide qui, quelques mois avant son décès, rencontre le jeune écrivain après que ce dernier lui a envoyé deux lettres. Augiéras décrit plus tard un Gide manifestement ému par sa rencontre avec lui, et s'imagine comme le « dernier amour » du grand écrivain. “Le Vieillard et l'Enfant” est publié en 1954 par les Éditions de Minuit et une rumeur prétend alors qu'« Abdallah Chaamba » est un pseudonyme posthume de Gide. Solitaire et révolté, Augiéras multiplie les voyages, parcourant notamment l’Algérie et la Grèce, et faisant retraite au mont Athos. En 1957-1958, il participe à la revue “Structure”, que dirige Pierre Renaud à Paris, puis s'engage dans une compagnie de méharistes du sud algérien. Ses livres s'inspirent de sa vie mouvementée. Lui-même écrit : « J'ai accepté – ou appelé – de dangereuses aventures, toujours avec cette arrière-pensée : ça deviendra des livres ! » D'un tempérament panthéiste, Augiéras évoque ouvertement dans ses écrits l'attirance sexuelle à la fois pour les garçons et les jeunes filles, mais également pour les animaux. En 1964 paraît sans nom d'auteur, aux éditions Julliard, “L'Apprenti sorcier”, un texte peu connu, sauvage, d'une force peu commune, où un adolescent entretient des rapports masochistes avec le prêtre chez qui il est placé, puis vit une histoire d'amour avec un jeune garçon. En 1967, Augiéras achève le premier livre qu'il signe de son véritable nom, “Une adolescence au temps du Maréchal et de multiples aventures”. Les errances, la précarité, l'extrême solitude aggravent son état de santé. Les séjours à l'hôpital de Périgueux se succèdent. À la fin des années 1960, il réside un temps dans les grottes de Domme pour échapper aux conditions de vie dans les hospices, et y écrit sur des cahiers d'écolier. Son livre “Domme ou l'Essai d'occupation”, qu'il ne parvient pas à faire éditer de son vivant, est inspiré de sa vie dans les grottes. Miné par la pauvreté et la malnutrition, prématurément vieilli par ses conditions de vie, il s'installe dans une maison de repos à Fougères, puis dans un hospice pour indigents à Montignac. “Un voyage au Mont Athos” est publié en 1970. Usé du cœur, François Augiéras meurt le 13 décembre 1971 à l'hôpital de Périgueux. Il est inhumé à Domme le 18 décembre 1971. L'un de ses rares amis, l'instituteur Paul Placet, s'emploie ensuite à faire connaître l'œuvre d'Augiéras en organisant des expositions de ses peintures et en diffusant ses manuscrits. Avec la participation de :
Jean Chalon, écrivain et exécuteur testamentaire de l’œuvre de François Augiéras Michel Mardore, romancier, critique de cinéma, réalisateur, photographe, auteur d’un projet de film inabouti, d’après le livre “L’Apprenti sorcier” de François Augiéras Paul Placet, écrivain et ami intime de François Augiéras, auteur d’une biographie intitulée “François Augiéras, un barbare en Occident” (La Différence) Stéphane Sinde, auteur d’un film documentaire sur François Augiéras : “François Augiéras, un essai d’occupation” Textes lus par Fabrice Eberhard Sources : France Culture et Wikipédia
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La jeunesse au vert
Le vieillard et l'enfant
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Quand j'étais vieux
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