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Citations de François Furet (51)


NAPOLÉON BONAPARTE: 1799-1814

De cette rencontre d'un homme et d'un peuple, si brève, mais si éclatante, et si longue à oublier, puiqu'elle va durer presque un siècle, Chateaubriand a écrit le commentaire le plus profond :
" Une expérience journalière fait reconnaître que les Français vont instinctivement au pouvoir : ils n'aiment point la liberté; l'égalité seule est leur idole. Or, l'égalité et le despotisme ont des liaisons secrètes. Sous ces deux rapports, Napoléon avait sa source au cœur des Français, militairement inclinés vers la puissance, démocratiquement amoureux du niveau. Monté au trône, il y fit asseoir le peuple avec lui, roi prolétaire, il humilia les rois et les nobles dans ses antichambres ; il nivela les rangs, non en les abaissant, mais en les élevant : le niveau descendant aurait charmé davantage l'envie plébéienne, le niveau ascendant a plus flatté son orgueil. "
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Alors que tant d'historiens, depuis bientôt deux cents ans, nous racontent la Révolution drapés dans les costumes de l'époque, par un commentaire de l'interprétation qu'elle a donnée d'elle-même, Tocqueville suggère au contraire que les périodes révolutionnaires sont par excellence les périodes obscures de l'histoire, où le voile de l'idéologie cache au maximum le sens profond des événements aux yeux des acteurs du drame. C'est sans doute la contribution fondamentale de "L'Ancien Régime" [livre de Tocqueville] à une théorie de la révolution.
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L'expérience soviétique constitue l'une des grandes réactions antilibérales et antidémocratiques de l'histoire européenne du XXè siècle, l'autre étant bien sûr le fascisme, sous ses différentes formes. (p.13).
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madame ROLAND : elle perd tous ceux qu'elle avait "enchaînés à son rayonnement."
La frustration amoureuse a poussé Madame Roland à venger ses infortunes privées dans l'action publique.
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Ignorer l'histoire de cette histoire, ce serait effacer les paysages intellectuels traversés, méconnaître la sédimentation des problèmes : les grands interprètes de la Révolution française ont abordé l'évènement par les livres, Marx à travers Hegel, Taine à travers Burke et Tocqueville, si bien que l'historiographie de la Révolution française mêle constamment les époques, les interrogations et les enjeux.
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Peu d'hommes publics de ce temps ont, comme Brissot, appelé sur eux-mêmes l'excès de la louange ou de l'opprobre.
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Tous ces individus, ou l'ensemble de ces classes d'individus, engagés dans la production de la richesse sociale ou dans le service public forment une communauté politique, que Sieyès appelle une "nation": mot capital, un des plus forts de la langue révolutionnaire, mais un des plus énigmatiques aussi, parce qu'il récupère le poids charnel de l'ensemble historique constitué par les rois pour en faire le fondement de ce qui est en train de naître, la légitimité unique du vivre ensemble.
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La Révolution est un imaginaire collectif du pouvoir, qui ne casse la continuité, et ne dérive vers la démocratie pure, que pour mieux assumer, à un autre niveau, la tradition absolutiste.
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Dès 1789, la conscience révolutionnaire est celle illusion de vaincre un État qui déjà n'existe plus, au nom d'une coalition de volontés bonnes et de forces qui figurent l'avenir. Dès l'origine, elle est une perpétuelle surenchère de l'idée sur l'histoire réelle, comme si elle avait pour fonction de restructurer par l'imaginaire l'ensemble social en pièces. Le scandale de la répression commence quand cette répression a craqué. La Révolution est l'espace historique qui sépare un pouvoir d'un autre pouvoir, et où une idée de l'action humaine sur l'histoire se substitue à l'institué.
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D'ailleurs, il viendra un jour où les croyances politiques qui alimentent depuis deux siècles les débats de nos sociétés apparaîtront aussi surprenantes aux hommes que l'est pour nous l'inépuisable variété et l'inépuisable violence des conflits religieux de l'Europe, entre le XVe et le XVIIe siècles. Probablement est-ce le champ politique moderne lui-même, tel que l'a constitué la Révolution française, qui apparaîtra comme un système d'explication et comme un investissement psychologique d'un autre âge.
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(Les Girondins, juin 1793). Cent cinquante canons barrent la sortie de l'Assemblée où Hérault de Séchelles, un ami de Danton, préside la funèbre séance. Les députés, à part, une trentaine de Montagnards, robespierristes et maratistes - tentent de sortir : Hanriot exige la livraison des coupables. Scène capitale, où se joue pour la première fois avec une netteté d'épure, le face à face de la représentation nationale et de la démocratie directe, incarnée dans la forme brute du petit peuple et de ses canons.

p. 220
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Les hommes de 1789 avaient cru que la reconstruction de l'Etat sur la volonté du peuple donnait la clé du bonheur social ; le jacobinisme de 1793 avait figuré l'apogée de ce volontarisme politique, puisque la dictature révolutionnaire avait cru être en mesure de transformer par son action toute la société civile et de recréer des citoyens vertueux à partir d'individus mus par l'égoïsme. Or ce surinvestissement politique, caractéristique de toute la vie publique française depuis 1789, fleurit de plus belle en février 1848. (...) Au mythe robespierriste de la dictature de la vertu s'est substituée la croyance à la fraternité républicaine où Marx ne cesse de dénoncer sarcastiquement l'illusion française selon laquelle l'Etat produit la société, alors que c'est l'inverse qui est vrai.

p. 235
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Rien ne montre mieux la résonance des idées dans le peuple urbain du XIX°s, et par conséquent l'extrême sensibilité de la politique française à la littérature, que ce contraste entre les deux révolutions, à dix-huit ans seulement de distance. Juillet 1830 avait été accompagné et suivi de descellements de croix, de bris d'objets sacrés, de pillages et de fermeture forcée de lieux de culte ; mais c'était l'Ancien Régime encore qui était attaqué à travers l'église. Février 1848 met fin au gouvernement d'une oligarchie politique taxée d'esprit voltairien au nom d'une égalité fraternelle dont bien des auteurs "populaires" viennent d'écrire qu'elle est aussi l'esprit des Evangiles.

p. 233
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"Ceux qui veulent renverser la République sont étrangement la dupe des mots. Ils ont vu qu'une Révolution était une chose terrible et funeste et ils en concluent que ce qu'ils appellent une contre-Révolution serait un événement heureux. Ils ne sentent pas que cette contre-Révolution ne serait elle-même qu'une nouvelle révolution." Benjamin Constant, cité p. 303.
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(Souvarine) "travaille d'arrache-pied, il ne cesse de s'informer, il croit aux documents et aux faits. Passion de vérité qui lui interdira très vite la carrière politique ... C'est un mauvais orateur, ... un tempérament peu porté à ce que la politique comporte de manipulation des hommes et de compromis en matière d'idées."

P; 187 et 189
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L’Empire soviétique offre ce caractère exceptionnel d'avoir été une super-puissance sans avoir incarné une civilisation. (p.12).
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François Furet
Prenez par exemple la Constituante (...) Si vous prenez les constituants, en 1791, il y a trois ans qu’ils siègent, ils ont vu beaucoup de choses. C’est d’ailleurs une assemblée par certains côtés très remarquable, dont certains membres sont des personnages très éminents, de type Malouet, Mirabeau, Barnave, Duport. Vous avez presque de grands esprits à la Constituante. En 91, ils sont expérimentés, mais qu’est-ce qui se passe en 91 ? Robespierre fait voter un texte, selon lequel ils ne sont pas rééligibles à l’assemblée suivante. Autrement dit, la Révolution française est une tyrannie du recommencement, de la fraîcheur, qu’il faut expliquer parce qu'encore une fois, la Révolution avait fini au bout de trois ans par faire, après tout, dans l’été 91, une classe politique non seulement convenable mais finalement assez bonne. Alors ce qu’il y a d’intéressant dans la Révolution française En français c’est comment un travail dans cette expérience politique tout à fait inédite l’idée qu’il faut toujours recommencer à zéro. (…) C’est l’idée révolutionnaire par excellence, c’est le fond de l’idée révolutionnaire. C’est qu’il faut, comme disait Mirabeau, "recommencer la société humaine". Alors les Français, qui sont les héritiers d’un État monarchique et d’un État ensuite révolutionnaire, pensent que pour recommencer la société humaine, il faut saisir l’État d’abord, et que à partir de la saisie de l’État, on va changer la société, la vie sociale, les conditions de l’existence collective. Ça c’est ce qui est pour moi le fond de la culture politique française à partir de 89. (Et ce qui reste largement inexpliquée ce sont ses conditions de formation)

François Furet, en 1988, dans "Les lundis de l’histoire" invité avec Mona Ozouf pour leur "Dictionnaire critique de la Révolution française"
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Dès 1789, la Révolution française ne pense les résistances, réelles ou imaginaires, qui lui sont offertes, que sous l'angle d'un gigantesque et permanent complot, qu'elle doit briser sans cesse par un peuple constitué comme un seul corps, au nom de sa souveraineté indivisible.
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Ce qui disparaît en août 1789, et pour toujours, c'est la société des corps définis par des privilèges partagés. Ce qui naît, c'est la société moderne des individus, dans sa conception la plus radicale, puisque tout ce qui peut exister d'intermédiaire entre la sphère publique et chaque acteur de la vie sociale est non seulement supprimé, mais frappé de condamnation.
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Le florilège est d'ailleurs vaste des propos à bâtons rompus par lesquels Hitler exprime son respect ,sinon son admiration,pour le communisme stalinien et son chef.
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