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Citations de François Maspero (45)


François Maspero
"François Maspero était un grand éditeur, très différent de ceux de la place de Paris car il avait d'emblée posé son regard sur ce qui se passait ailleurs, ce qu'on appelait alors le Tiers-Monde. "
Hommage de Tahar Ben Jelloun à l'Express
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François Maspero
Ils ne sont pas si nombreux, ces témoins qui ont reçu la grâce de savoir tout exprimer d’eux-mêmes en faisant s’exprimer avant tout les autres.

Les abeilles et la guêpe
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Plutôt qu'un "étonnant voyageur", je préfère être un voyageur étonné.
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." La plus belle récompense d'un voyage extraordinaire est bien de rencontrer des gens ordinaires, disons, comme vous et moi. Des gens qui ont traversé comme ils l'ont pu, sans faire d'histoires et sans forcément faire l'histoire, des évènements pas ordinaires. Qui nous rappellent que ces évènements-là auraient pu aussi bien arriver à nous, en leur lieu et place. Et, vraiment, avant toute chose, on ferait bien de se demander ce qu'on aurait fait en leur lieu et place. Le sentiment de se retrouver partout au milieu de la grande famille de l'espèce humaine n'a pas de prix - ne serait-ce que parce qu'il confirme que celle-ci existe. Ce n'est pas toujours évident.

C'est peut-être cela, le pari du voyage : au-delà de tous les dépaysements, des émerveillements ou des angoisses de l'inconnu, au-delà de toutes les différences, retrouver soudain, chez certains, le sentiment d'être de la même famille. D'être les uns et les autres des êtres humains. parfois, ça rate. parfois même, ça tourne mal. mais le pari vaut d'être fait, non?..."

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(** vers le début 1941)

À la même date, à cinquante- sept ans, mon père était un monsieur sérieux. Sinologue, professeur au Collège de France, membre de l'institut.À part son épée d'académicien, il n'avait pas d'arme.
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Trop souvent ses photos déplaisaient, irritaient : pourquoi photographier ça? Ça, c'était justement ce monde qu'on a sous les yeux et qu'on ne voir pas : ce monde des frontières, qui, à chacun de nous, fait un peu peur. Ou même très peur. Des fois qu'on s'apercevrait que c'est aussi notre monde à nous. Qu'on pourrait b ien y basculer un jour. Mais non : impossible. Impensable. Et insoutenable. Assez de misérabilisme. Et si ces frontières-là étaient celles de la mort? "Mais bien sûr, disait Anaïk : ce sont bien les frontières de la mort que je cherchais." Et plus ses photos étaient simples, plus elles apparaissaient comme des défis à ceux qui voyaient de l'horreur là où elle avait mis de la tendresse.
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..il avait reçu un appel de Roissy: une amie y était en transit entre deux avions. Elle venait d'un autre continent, et repartait pour un autre continent. Il était allé la retrouver, pour un temps si bref, dans cet espace hors de tout temps et de tout espace réels.
(...)
Et c'était pendant ce retour, grisaille, pluie, abandon, dans le wagon vide des heures creuses, qu'il avait eu soudain, comme une évidence, l'idée de ce voyage, parce qu'il regardait par la fenêtre du RER les formes de la banlieue, yeux malades de solitude sur le paysage mort de l'après-midi d'hiver, parce qu'il regardait cela comme un monde extérieur qu'il aurait traversé derrière le hublot d'un scaphandre. Assez de grands voyages intercontinentaux....
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Il n'empêche, dit Anaïk. Un pays où l'on aime tant les chiens et où l'on déteste tant les étrangers, tu ne m'ôteras pas de l'idée que c'est un pays qui ne tourne pas rond.
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CAUSE
Que signifie ce mot ?
ESPACE
Que signifie ce mot ?
CAUSALITÉ SPATIALE
Est-ce que cet ensemble de mots a une signification ?

Il faut dire que Gilles, qui a vingt-huit ans, a été à l'université de Saint Denis l'élève d'Yves Lacoste, l'auteur de "la Géographie ça sert d'abord à faire la guerre", et que c'est ce dernier qui a dit à François que Gilles était la plus compétente, la plus ferrée sur la banlieue Nord-est : qu'il fallait absolument le rencontrer. Il faut dire encore que Gilles est facteur et non géographe, c'est parce que, lecteur de Kant, il applique cet impératif d'"agir de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre" et que, tenant compte de ce qu'il pense et dit du discours géographique, il est conséquent avec lui-même en refusant de l'alimenter. Ce en quoi on doit l'admirer.
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Pour gagner à pied Le Relais bleu, il faut passer sous l'autoroute, à l'endroit même où les deux branches, venues l'une de la porte d'Italie et l'autre de la porte d'Orléans se rejoignent. C'est un passage fait de rampes, d'escaliers et de tunnels déserts où stagnent des flaques d'urine, ponctué de sculptures abstraites faites de ciment et de pots cassés dans des sortes de jardinets de cailloux: la négation totale de toute humanité, le bout de l'horreur, une horreur mesquine, la plus angoissante solitude qu'ils aient connue depuis le début de leur voyage, la mort grise et nue, la mort sans grandiloquence qui rôde au coin du couloir, tandis qu'au dessus, dans un autre monde, hurle l'habituel vacarme du trafic de quatre pistes et de dix-huit voies.
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- Qui habite là, aujourd’hui ?
- Des Italiens, des Allemands. Ils viennent l’été.
Tristes ironies de l’histoire ; ce territoire tant convoité au cours des guerres balkaniques de 1912 et 1913, ce territoire où avait coulé tant de sang au cours de la Première puis de la Deuxième Guerre mondiale, où s’étaient succédé tant de massacres, d’expulsions, d’assimilations forcées, comme si chaque parcelle du sol méritait son poids de chair et de souffrances humaines, ce territoire-là était aujourd’hui aux normes des campagnes européennes : désertifié …Tout ce mal pour le purifier ethniquement et, en fin de compte, aboutir à en faire un pays mort, un pays de vacances pour des intrus définitivement étrangers, des étrangers venus de loin, ceux-là, pas des voisins haïs, mais des touristes indifférents ; et pourtant bel et bien les mêmes, ou leurs enfants, que les envahisseurs des années 39-44.
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Cheminer avec Anaïk dans Paris, c'était toujours, à un moment donné, se faire arrêter au détour d'un trottoir par M.Marcel ou Mlle Louise. Des gens bizarres, la plupart du temps, de ceux qu'on appelle marginaux, asociaux ou même clochards; (...) Trop souvent, ses photos déplaisaient, irritaient : pourquoi photographier ça ? Ça, c'était justement ce monde qu'on a sous les yeux et qu'on ne voit pas: ce monde des frontières, qui, à chacun de nous, fait un peu peur.
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Le musée est composé comme une ode à la gloire des premiers occupants des Balkans, les Illyriens, dont la culture est la plus ancienne de l'Europe, étant entendu qu'après eux, les Hellènes, Achéens, Doriens, Byzantins, les Romains, les Slaves de tout poil, les Normands, les Angevins, les Vénitiens ou les Turcs - et j'en passe - n'ont été que des intrus. On ne plaisante pas avec les Albanais sur ces choses-là. De même que l'on n'aurait pas idée de plaisanter avec les Grecs quand ils vous disent que leur civilisation est la première du continent et leur patrie la mère de la beauté, avec les Bulgares quand ils vous affirment que leur pays est le creuset de l'écriture cyrillique et donc le ciment de la religion orthodoxe et de toutes les langues slaves (même si les Macédoniens leur dénient ce privilège qu'ils revendiquent pour leur compte - mais comme les Bulgares considèrent que les Macédoniens sont bulgares...), les Roumains quand ils vous soutiennent qu'ils sont les seuls vrais héritiers de l'Empire romain, les Serbes quand ils revendiquent d'avoir été les boucliers de la chrétienté contre les Turcs, etc.
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[...] Tout était devenu lent, calme, comme la douceur du parler roumain. Quelque chose de souriant et de mélancolique sur les visages. Aucune gêne, de la simplicité chez tous les gens rencontrés.
Nous avions maintenu le cap vers les bouches du Danube, persistant à préférer aux châteaux de Dracula le bas pays des longues navigations et des vents maritimes qui ont, des siècles durant, accumulé les migrations.
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- Mon frère, dit le Chat, il parlait beaucoup de la liberté. Et de la révolution. Ça lui fait une belle jambe, maintenant.
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— Je ne suis pas idiote. Peut-être que ma France n'a jamais existé que dans mes rêves de jeune fille. Ou peut-être qu'elle n'existe plus. Mais, tu vois, il y a eu tant de gens dans le monde qui ont rêvé cette France-là, nous avons été si nombreux, qu'envers et contre tout, malgré les Français eux-mêmes, nous lui avons donné une existence. Un rêve comme celui-là, c'est plus fort que tout, plus fort que la réalité. (page 79)
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Il faut savoir tourner le dos à l'histoire : ici, chaque peuple se croit forcé de faire quelque chose de grand. La seule chose de grand que nous avons à faire, c'est de vivre ensemble.
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En gare de Rusé au sud de Bucarest :

Le premier train semblait devoir se diriger vers le sud et le deuxième vers le nord, à l’opposé donc de ce qui était écrit. Pour une fois mon sens de l’orientation ne me trompait pas : il s’avéra que le train marqué Kiev allait à Sofia et que celui marqué Belgrade allait à Bucarest. Les boulons étaient trop grippés pour que l’on puisse chaque fois changer les pancartes .
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Les effets chocs s'annulent, le regard du lecteur , à chaque instant sollicité, est saturé. Et si tout s'annule, c'est donc que tout se vaut. Il ne s'agit plus dès lors de convaincre le lecteur , passé du statut de sujet pensant à celui de consommateur , de la justesse d'une cause , de l'inciter à "détester ou à aimer quelqu'un", à "prendre position". Il s'agit de triompher dans une concurrence féroce, celle de la course au toujours plus spectaculaire. La loi de la jungle.
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Côté grec l’autoroute filait parmi une profusion de panneaux publicitaires géants qui masquaient une plaine nue, sans arbres, un terre écorchée dont on voyait les os, trouée de carrières et jonchée de décharges. .. des rivières à sec débordant de sacs plastique : toute la déchéance du paradis capitaliste. Côté bulgare … la nature (re)disparaissait, tuée par des kilomètres d’installations industrielles dégradées. Les bennes en panne d’un transbordeur aux fils rompus oscillaient dangereusement dans le ciel, des wagons pourrissaient dans une gare de triage, des tronçons de routes inachevées s’arrêtaient au bord de la rivière planté de moignons de ponts. Toute la déglingue du paradis communiste…
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