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Citations de François d` Epenoux (138)


Mon chéri, je me sens un peu fatigué...alors, si un soir je rate un de nos rendez-vous sur skyppe, ne t'inquiète pas. Là-haut, je trouverai bien quelqu'un pour me créer une connexion entre le ciel et la terre. Nous pourrions l'appeler Sky, qu'en dis tu....?
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D’un coup, la scène prend sous mes yeux une de ces teintes mélancoliques que seul le cinéma, dans ses moments de grâce, parvient à nous offrir. J’ai devant moi une héroïne, l’héroïne d’un film magnifiquement banal dont je partage l’affiche, et cette sensation, plus charnelle qu’autre chose, me bouleverse au point de me tirer les larmes.
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Leïla est entière et, de fait, je ne l’aime pas qu’à moitié. Sans doute parce qu’elle est belle et qu’elle me secoue à sa façon, comme on agite un tambourin, pour donner du rythme à la vie et se bercer de rêves d’avenir.
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En même temps que moi, vingt paires d'yeux le fixaient, lui, l'homme libre et détendu, resté seul sur le quai. Un lourd silence s'est fait - de ceux qui précèdent les tempêtes et les départs. C'est alors que, oui, il l'a fait. Juste avant que la sonnerie ne rententisse, juste avant que les portes ne se referment, le Vieux nous à tous regardé avant de nous lancer bien fort : "Je te laisse avec tous ces cons ! ".
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- C'est tout ce que vous avez ?
Sandrine se lance la première, son coach en management à dû lio conseiller d'affirmer son autorité.
- Tu sais pour le moment ce sont des pistes et...
- Des pistes, des pistes... On n'est pas dans une station de ski on est dans une agence de pub.
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– Quand je vais dans les magasins, il y a des télévisions partout ! Des écrans dans tous les coins ! Impossible d’y échapper ! Pas plus qu’à la musique, d’ailleurs… Enfin, musique… Entendons-nous ! Des rythmes d’hommes de Cro-Magnon ponctués d’éructations haineuses. J’essaie d’éviter, mais quand mon regard croise ces images, excuse-moi, je suis bien obligé d’y voir ce que j’y vois : des chimpanzés en rut, le froc sous les fesses, le caleçon apparent, entouré de filles de joie qui remuent le cul.

Je prends le parti d’en rire.

– Pas mal quand même les filles de joie, non ?

– Franchement ? Même pas. Elles n’arrivent pas à la cheville…

– De Sophia et de Gina, je sais. N’empêche que tu regardes.

– On me force à regarder, nuance. On me force à écouter ou, du moins à supporter. Là encore, est-ce que j’ai le choix ? Non. Alors j’essaie d’en voir le moins possible. Je fais comme la Lionne quand on traverse une zone commerciale pleine de panneaux publicitaires et de fast-foods : je poursuis mon chemin.

– Mets lui des oeillères autour des phares, comme aux chevaux de trait, dis-je en rigolant.
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Gaby sent se porter sur lui tous les regards présents - des regards de crocodiles au ras de l'eau du marigot. Aussi vite qu'il peut, il traverse le grand hall d'entrée, ignorant tout des solitudes juxtaposées qui tiennent à l'œil ; tout des fausses grappes accrochées à des treilles pour rendre plus avenant le réfectoire couleur saumon ; tout de ce décor conçu pour être nettoyé aussi bien des bactéries que des grabataires. En fait, il a la rage autant que la nausée. C'est dire si la Martiniquaise postée à l'accueil lui parait soudain comme la plus belle des femmes du monde: jeune parmi ces vieillesses édenté, plantureuse parmi ces maigreurs, souriante parmi ces édentés, elle respire ces îles où il y a des plages, du rhum et du soleil. A ce moment précis, Gaby donnerait tout pour se jeter à ses genoux, [ ... ] et de le laisser sortir de cette prison dont elle est la gardien complaisante.
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Il y règne comme partout, une odeur d'éther, d'urine et de cantine. Il sait qu'au rez-de-chaussée les larges parois vont s'escamoter pour laisser le champ libre à une vision de cauchemar. Celle d'un troupeau de fœtus centenaires attendant de sortir du ventre de la vie.
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... Quand à la planète, après la grande fête des trente glorieuse et la fin du XXe siècle, elle n'a plus grand-chose à promettre, sinon de devenir un buffet dévasté, couvert d'assiettes mal vidées, de bouquets clairsemés et d'oiseaux empaillés, trempé de verres renversés et de glaçons fondus, avec, d'un côté, des peuples bien décidés à finir les restes à coups de coteau et, de l'autre, réfugiés sur les hauteurs de leurs cavernes de Megève pour ce protéger de la montée des eaux, des australopithèques milliardaires, nus sous leur fourrures, frottant leurs pierres précieuses pour faire jaillir un dernier feu avant de s'entre-dévorer.
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" -Je t'ai apporté des Figolu.
- Tu as bien fait.
- Je les trouves plus tendre que les autres biscuits.
- Ne t'inqiète pas pour moi... Contrairement à certaines, j'ai encore la dent dure...
- Je vois ça... Tu penses à qui ?
- A ma voisine de réfectoire, Gisèle Richard. Figure-toi qu'elle nous a perdu deux incisives en plein macaron avant-hier...
- Ils était peut-être trop cuit...
- Penses-tu, c'est elle qui est cuite ! Enfin, comme je dis souvent, les molaires des uns...
- ... Font le bonheur des autres... Elle te plaît, celle-là, pas comme Gisèle Richard..."
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Retour une heure auparavant. Nous sommes le 20 septembre 2002, un dimanche. Comme il le fait une fois l'an, Gaby a gagné Versailles pour se rendre au chevet de la vieille femme, maintenant septuagé¬naire. Le voilà garé devant les grilles du parc. Du haut de leur majesté, les cèdres ancestraux semblent narguer la condition humaine des visiteurs, dont l'existence ne se mesure qu'en piètres décennies. L'endroit est assez luxueux, une sorte de résidence des flots bleus avec vue imprenable sur la mort.
Au rendez-vous fixé, Gaby frappe à la porte, entre dans le studio et se dit voilà : j'ai devant moi le balu¬chon du dernier voyage, toute une vie dans une pièce, quatre pans de mur noués autour d'une canne de vagabonde sédentaire. Autour de lui, quelques lointains portraits de proches, deux ou trois meubles de famille, des bonbons et des cachets, un téléphone à grosses touches semblable à ceux que l'on offre aux enfants en phase d'éveil. Au milieu trône un lit.
«Gaby, c'est toi ?» demande une voix venue de l'extérieur.
Gaby trouve que ça pue, sans doute l'odeur rance des brioches qu'elle n'a pas touchées, le jus acide des fruits maintenant pourris dans lesquels elle n'a pas osé mordre. Toute cette vie déjà périmée. C'est trop tard, à présent, voilà ce qu'il pense. Va falloir qu'elle laisse derrière elle tous ces jolis souvenirs. Va falloir qu'elle parte, en somme. En prenant soin d'avaler ses médicaments, d'être à l'heure pour le dîner - ce soir c'est fête, il y a du flan aux cerises - et de faire un petit pipi avant d'aller se coucher pour une poi¬gnée d'heures, ou de siècles, ce sera selon.
«Gaby ?»
Gaby lui en veut de lui jeter à la gueule l'image de ce qu'il va devenir un jour. Pour le reste, il est content de lui avoir trouvé une place dans cet éta¬blissement de bonne tenue. Ce n'est certes pas somptueux, mais c'est suffisant. Le personnel se montre aux petits soins pour ces gamins aux cheveux blancs. Les escaliers aux larges marches se prêtent indulgemment à leurs ultimes escapades - un bridge dans le salon, un bingo dans la salle de télévision. Chaque studio possède sa terrasse «privative» (dixit le catalogue). C'est justement là que sa mère est installée.
«J'arrive, maman. Une seconde.»
Allongée sur son pliant, elle tient tête à un soleil dont elle sait que, bientôt, il va briller sans elle. L'ombre la gagne, ça lui fait du bien, mais c'est l'ombre quand même. Et si Gaby ne peut s'empêcher d'y voir comme une préfiguration, ce n'est pas tant cela qui l'affecte que certains détails accablants : les jambes de sa maman, blanches, prises dans des chaussettes de contention de couleur chair; la marque de l'élastique sous les genoux; ce pauvre décolleté décharné; ses dents tachées de rouge à lèvres, clownerie impardonnable chez celle qui fut une aristocrate coquette; les veines de sa main, enfin, saillantes, dont l'aspect funestement sombre lui donne au moins l'illusion qu'il y coule vraiment du sang bleu.
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C'est dans sa voiture, en écoutant la radio, que Gaby Bobobska prend connaissance des dernières statistiques de I'Insee : soixante-dix-huit ans d'espérance de vie pour les hommes en France. En temps normal, la nouvelle ne lui ferait ni chaud ni froid -pas davantage, du moins, que n'importe quelle information humaine ou terrestre. L'ennui, c'est qu'en l'occurrence il revient juste de l'hospice. Il y a rendu visite à sa mère, parmi des vieillards qui, eux, n'espèrent plus rien de la vie depuis longtemps, sinon, précisément, une longévité dont ils semblent avoir fait l'enjeu d'un concours morbide.
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Jour après jour, je ne me lasse pas de voir évoluer ce garçon. Si l'avenir du monde est à son image, s'il incarne une parcelle de ce que sera l'humanité demain et s'il y a une toute petite chance pour qu'aux quatre coins du monde les Malo soient nombreux, alors il y a lieu d'espérer.
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Je sais que ça fait con et vieux et nostalgique et complètement naïf, mais du fond de mon cœur je suis triste, vraiment triste, car je ne comprends pas, je ne comprendrai jamais, jusqu'à mon dernier souffle, pourquoi après l'acmé, le sommet d'un possible bonheur de tous, l'homme a basculé sur un versant de mort, destructeur, pathétique. C'est à celui qui sera le premier à salir, le premier à tuer, à tout dégueulasser, à barbouiller la toile, à rendre cacophonique ce qui était harmonieux, et tout cela au nom de quoi, du progrès - mon cul -, de la rapidité qui tourne à l'hystérie, de la communication qui laisse les gens seuls, de la consommation qui les rend obèses, du moins ceux qui le peuvent. Car pour le reste, rien n'a changé, ça crève de faim, de soif et de maladie! Rien n'a changé, sinon qu'entre l'âge d'or et l'âge de l'argent roi où nous sommes, on n'aura réussi qu'à dévaster le buffet, à vider les bouteilles et, sur les victuailles de l'ancien jardin, à ne laisser que les traces de nos dents avides, que nos excréments, que nos salissures, que la dévastation de notre fuite en avant, celle qui conduit à l'anéantissement.
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Ces gens qui montrent leur tronche et font la promotion de leur petite existence à longueur de pages, ça donne la nausée. Facebook, sous couvert de simplicité, c'est le canal mondial de la vantardise auto-centrée. Regardez comme je m’amuse à cette fête ! Regardez comme je suis beau, comme je suis belle ! Regardez comme la plage où je me trouve est ensoleillée, surtout pendant que vous bossez comme des cons ! Regardez le cassoulet que je vais manger ! Regardez l'assiette de cassoulet que je viens de manger ! Regardez comme elle est chouette ma vie ! Comme je suis chic, drôle, cool, bien entouré ! Vous avez vu ma nouvelle cuisine ? Oui, mais on s'en fout ! Vous avez lu mon affligeante pensée du jour ! Oui, mais on s'en fout ! Parce que c'est ça, en fait, qu'on a envie de hurler à tous ces gens : On s'en fout de ton menu, de tes guibolles sur le sable et ton séjour aux Bahamas ! Tu comprends, ça ? On s'en fout de ton impudeur, de ton égocentrisme et de ta petite vie qui ne passionne que toi ! Moi je, moi je ! Bientôt, ils filmeront leurs crottes... ça me rend hystérique.
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On ne cherche rien et on se trouve. On ne sait pas qu'on est prêt, et c'est sans doute à cela, par la suite, que l'on mesure combien on l'était. Et dès lors que l'on est emporté, plutôt que de résister, on lâche prise – là encore, sans même s'en rendre compte, car se rendre compte de ce que l'on fait, c'est déjà s'en éloigner.
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Vous êtes magiques, vous, les enfants! Et paradoxaux! Vous renvoyez à l'imagerie de la famille traditionnelle, voire un tantinet bourgeoise, alors qu'en vérité vous avez un vrai don pour mettre le foutoir partout où vous passez, un foutoir salutaire, car tout sauf plan-plan! Même si vous nous épuisez, soyez-en remerciés.
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Je sais trop qu'il en va de la nuit comme de la vie: on ferme les yeux une seconde et on est emporté dans un tourbillon qui nous dépasse. Le temps de comprendre et de se réveiller, il est trop tard: les heures, les mois et les années sont déjà derrière nous.
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C'est alors que, oui, il l'a fait. Juste avant que la sonnerie ne retentisse, juste avant que les portes ne se referment, le Vieux nous a tous regardés avant de me lancer, bien fort: "Je te laisse avec tous ces cons!".
Sur ces mots, le couperet a claqué au ras de mon nez, la rame s'est ébranlée et sa trogne s'est éloignée dans un sourire narquois.
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J'ai senti la pression de sa main sur mon épaule et, d'un bond, j'ai foncé dans le mur humain pour m'y encastrer, non sans provoquer un sourd concert de râles, de soupirs et d'injures d'autant plus outrés qu'ils étaient protégés par l'anonymat. Puis, une fois mon corps thermoformé dans la masse compacte des autres corps, j'ai pivoté pour saluer le Vieux.
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