Citations de Françoise Mallet-Joris (143)
- Vous n'êtes pas fidèle ?
Il se mit à rire, rasséréné.
- Pas du tout. Par goût et par principe.
- Pourquoi par principe ?
- Mais ... parce que les hommes fidèles ne sont pas aimés d'abord. Il faut occuper un peu l'esprit des gens qui vous aiment. Et puis, cela coupe court à toutes les illusions ; aucune femme ne s'imagine être unique pour moi, donc elle ne devient pas insupportable et envahissante. Par contre,je tolère fort bien aussi qu'on me soit infidèle.
Ça va,annonça Alex..ils sont extra,ce soir. Les fans sont à ta droite, mais les petits du Père Paul, je les ai mis un peu partout où il restait des places...Ça va rouler tout seul..
Ç est quand même un peu truqué..dit Dickie avec une sorte d'angoisse..
Qu' est ce qui n'est pas truqué en ce bas monde? dit Alex.
Ça va,annonça Alex..ils sont extra,ce soir. Les fans sont à ta droite, mais les petits du Père Paul, je les ai mis un peu partout où il restait des places...Ça va rouler tout seul..
Ç est quand même un peu truqué..dit Dickie avec une sorte d'angoisse..
Qu' est ce qui n'esp truqué en ce bas monde? dit Alex.
Le sacrifice est un vertige pour la plupart des femmes de cette génération. L'image de la femme qui s'immole, l'image de l'homme qui surmonte par idéal une indigne faiblesse, ont encore cours.
Lui qui a eu tant de mal à apprendre à lire, à lire vraiment, il sait qu'on doit aider, guider, ceux qui voudraient, mais qui ne peuvent pas accéder à la culture.
Elle ne vit pas dans la vie réelle, elle rêvasse tout le temps. Rêver est une chose terrible.
De l'autre côté du couloir, il y avait un miroir. C'était dans ce miroir que Mlle Paule se voyait, accueillant les malheureux avec sa sèche bienveillance, distribuant les aumônes comme des punitions, questionnant, agissant, et dominant son monde, malgré sa petite taille. C'était sa vie qui défilait dans ce miroir, sa vie de femme supérieure toujours correcte, se penchant, malgré sa culture et son éducation, sur les ignorants et les pauvres. Comment n'eût-elle pas détesté cet été qui vidait le miroir, et la laissait là, inactive, les yeux ronds sous ses grosses lunettes, sortie tout à coup de son rêve, en face d'une réalité que rien ne masquait plus : son corps débile et laid ?
- Alors, Ada, et les affaires ?
- Excellentes, monsieur, excellentes, j'ose vous le dire, vous n'êtes pas le percepteur, n'est-ce pas ? Oui, j'ai pu faire quelques économies...
La famille d'autrefois, avec ses liens beaucoup plus étendus, les cousins, les parents par alliance , les vieux qui restaient au foyer au lieu de se "retirer" comme des pestiférés , et qui était plus proche de la tribu, avait à mon avis plus de chances de durée et de survie que la famille d'aujourd' hui, fermée sur elle même et limitée à deux générations.
Aux autres de le définir...Moi, les définitions....
Je trouvais en moi-même assez de ressources pour lutter contre cette détestable saveur. Mais qui m'apprendrait à lutter, qui me donnerait les armes contre Jean ! Il était trop tard pour fuir, et d'ailleurs, j'aurais eu trop honte à reculer : une fois flairée l'odeur du sang, on ne l'oublie plus, ce sang fût-il le vôtre. De toute mes pensées, celle que je berçais le plus volontiers était une pensée de revanche.
La profondeur devient le seul but de l’homme qui creuse.
Des scrupules, si raffinés soient-ils, ne sont qu'un cadeau qu'on se fait à soi-même.
L'argent n'est pas que l'argent.
Réinstallée chez mon père, je travaillais avec ardeur, malgré la mélancolie de l'absence, quand Charles Sanson me fit demander un rendez-vous secret pour me rendre la réplique des Larmes que, sur sa demande j'avais exécutée. Il n'en avait plus, me disait-il, l'usage. Je supposai là quelque chose comme un dépit amoureux.
Elle pleure. Elle se laisse embrasser, cajoler, consoler par lui de lui-même. Elle a peut-être tort? Elle a peut-être, à un moment donné, dit quelque chose, fait quelque chose… L'immense culpabilité féminine, informe s'abat sur elle. D'ailleurs ne s'est-elle pas mise en colère, n'a-t-elle pas crié, pleuré, en somme "fait une scène"? L'angoisse l'envahit comme une vague tiède, un peu écœurante de savoir qu'elle va, tout de suite, être apaisée.
Je me suis fait, très tôt, un arbre généalogique. Mieux : une Légende dorée des écrivains que j'aime. (...) une page, un vers, un tout petit personnage qui passe, suffisent souvent à me créer avec son auteur ce lien de parenté qui fait qu'on le défendra, quoi qu'il fasse. (p. 13)
Je prends Marceline, rien que Marceline, un poète, une mère, une amante,
un gagne-petit du théâtre et du livre, une bohème secourable à tous,
bonapartiste fervente-vous saviez ? Enfin Marceline dans sa totalité
, et j'essaie de reconstituer ce que peut être le don d'écrire, la nécessité
d'écrire, son rapport avec la vie, s'il faut tenir compte de ceci ou de
cela, si on peut se permettre d'être amoureux à fond, ce qui est "bon" pour
l'oeuvre et ce qui est nuisible, ce que c'est que la spontanéité dans l'art,
ou la sincérité. (p. 28)
Si je vous garantis qu'il est "sain d'esprit" ? Qui de nous peut s'en vanter, ma mère ? On peut se prendre au jeu, on se laisse aller parfois à l'extravagance qui est en nous, on ne refoule pas certains instincts... Tout est dans le but, ma mère. Tout est dans le but ! L'Eglise elle-même... Et qui de nous n'est jamais contraint, pour le bénéfice de l'autorité, de dissimuler, de jouer un rôle un peu sévère, de cacher une spontanéité, une joie innocente qui nuirait à la discipline ? C'est le contraire, et c'est la même chose, le but !
Vincent ( onze ans)
- tu sais,maman, pour que le monde soit parfait....
- oui?
- il faudrait supprimer les moustiques.