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Citations de Fred Pellerin (132)


Une porte s’ouvre.
— Votre nom ?
— Édouard Brodeur.
— Occupation ?
— Je vends des pipes de plâtre, j’élève des vaches… j’ai trois fils…
— C’est bien. Entrez.
— Entrer ? Mais vous êtes qui, vous ?
— Je suis… l’Éternité.
— L’Éternité ? Ben excusez-moi de vous achaler avec ça, mais j’aimerais savoir c’était quoi, ça ? Qu’est-ce qui vient de se passer ?
Un temps.
— C’était votre vie, monsieur.
— Ma vie ? J’ai cinquante-quatre ans ! Ma vie n’est pas finie. J’ai des choses à faire encore.
— …
— On peut-tu recommencer ?
— Non. La vie, c’est un seul tour de manège. Entrez.
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Ma grand mère disait que ça se passait dans le temps où les gens de bonne violonté pouvaient chanter sans se chromatiser.
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Ma grand mère disait que l'histoire s'est passée dans le temps où que les gens s'entendaient entre eux.
"Aujourd'hui, avec les instruments de communication, tout le monde parle. Ah ! Pour ça, il y a rien de changer : tout le monde parle ! Le problème c'est qu'on trouve plus personne pour écouter ! Beau vacarme : une bande de durs de la feuille qui se crient par la tête ! C'est rendu que les curés portent des appareils auditifs, eux qui criaient haut et fort que la masturbation rend sourd. Il y a de quoi se fermer le tympan !"
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C’était dans le temps des piasses en papier. C’était à une époque où les cennes noires existaient encore. À ce temps, le village vivait en retrait au bout d’une route. Aucune communication avec l’extérieur, aucun fil ou sans-fil : le microcosme existait dans une bulle isolée, sur une terre à tout inventer. Son système était hermétique et son monde y évoluait comme dans un cruchon.

Le seul rapport qui était maintenu avec l’ailleurs résidait en la personne du commis-voyageur. Ti-Will à Willy, qu’il s’appelait. De l’espèce de ces vendeurs itinérants dont la profession est aujourd’hui presque exterminée, c’est à eux qu’incombait le rôle d’importer. D’où l’importance.

Ti-Will venait à récurrences régulières sur des laps de six mois. Il avait le cycle mesuré. Il tait de conception cycliste. On le voyait débarquer sur son vélo avec un chapeau de cowboy sur la tête. Cet élément de costume emprunté aux écuries, ça lui venait de son ancienne vie, de cette jeunesse où il avait couru les rodéos et chiqué de la selle.
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Le père Gélinas revenait de la bûche. Comme à l'annuel. Il fut accueilli par des centaines de petits bras tendus.
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Extrait de la préface :

Un esprit qui marche de lueur en lueur [...], et qui s'arrête éperdu - au bord de l'infini.
Victor Hugo

Il est de ces alentours qui valent la peine, sans peine, que l'on s'y attarde. Des lieux bâtis de grandes mémoires de petits hommes. Des quotidiens si quotidiens qu'ils n'ont jamais pris place dans aucun agenda... Aucun livre d'Histoire. Un jour, un oiseau moqueur laisse tomber sa plume entre les doigts agiles d'un conteux, et des héros naissent dans un village «qui n'a toujours pas de point sur la carte du pays». Et ces héros, de nature et de stature surdimensionnées, s'aventurent dans l'inénarrable univers de Fred Pellerin...

Comme une odeur de muscles
Un autre livre-disque pour Fred Pellerin, en fait le troisième du genre, inspiré directement de son dernier spectacle mais à la différence près que, loin de relater de manière exacte l'intégralité de l'oeuvre scénique, Pellerin nous y révèle un autre de ses talents : celui d'écrivain. Comme si ses personnages, à force de forcer de l'âme et du coeur, lui livraient l'essence même de leur humanité.
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Cette année-là, il fit froid. Plus que froid, il fit FRET. Moins soixante degrés tous les jours! Treize, quatorze pieds de neige à l'heure. FRET? Si t'allumais une allumette, elle ne s'éteignait pas, mais la flamme gelait au bout du petit bâton! La flamme gelait! Même les ceux-là qui prétendaient ne pas avoir fret aux yeux devaient porter des lunettes.
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Le bébé boum

... ils se marièrent, vécurent heureux et eurent de nombreux enfants. Et ça se passait à côté. Dans le village. En ce temps où les rêves de colonisation se transposaient en taux de natalité explosifs. La mitraillette utérine. Les familles débordaient de futur jusqu'à se bâtir le pays. Les bébés apparaissaient entre les jambes de leur mère à la queue leu leu. Pas le temps d'une sieste entre les contractions de l'un que le suivant donnait déjà des coups de pied. Un éternuement subit, et ça vous roulait en-dessous de la table. C'était en ce temps où les curés veillaient aux grains de chapelet. Et ça revolait comme des pop-corn sur le feu.

Cette famille qui nous concerne, elle exemplait par le nombre. Pas loin de cinq cents rejetons. Quatre cent soixante-treize, pour être exact. Des promesses gigoteuses accumulées dont ils prenaient soin comme à autant de prunelles s'ils avaient eu assez de yeux pour fournir. Ils les aimèrent, bercèrent, lavèrent, consolèrent, élevèrent et nourrissèrent. Jusqu'à s'en démancher les passés simples. Une ribambelle d'avenirs. Comme une démographie à domicile.

Des parents à plaindre ? On dit qu'au-delà les trente douzaines, il devient plus difficile de les baptiser que de les accoucher. À cause des prénoms. Usuels usés à la corde. Suspendus au mince fil de l'alphabet Parce que les initiales ont des limites connues. Les papes qui ont compris ont fini par se donner des chiffres.
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Cette année-là, il fit froid. Plus que froid, il fit FRET. Moins soixante degrés tous les jours! Treize, quatorze pieds de neige à l'heure. FRET? Si t'allumais une allumette, elle ne s'éteignait pas, mais la flamme gelait au bout du petit bâton! La flamme gelait! Même les ceux-là qui prétendaient ne pas avoir fret aux yeux devaient porter des lunettes.
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Saint-Élie-de-Caxton, c’est une terre de légendes. Un patrimoine bâti sur cette ressource surnaturelle qui nourrit l’industrie du jasage et les moulins à paroles. Un chemin de compostage où les passés font l’engrais des histoires à venir. Et comme les légendes y font nombre, la mort y flâne aussi. Parce que dans un processus normal de légendification, il faut mourir au préalable. C’est une règle. Posthume. Comme un poste de douane à l’entrée du narratif. Suivant le raisonnement, pendant longtemps, les gens n’avaient donc pas le choix de mourir. C’était la ligne à suivre.
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Quelqu’un criait la nouvelle. Sur les toits tranquilles d’un soir de semaine. On annonçait un mariage pour le samedi. Personne en particulier, mais au cas où. De toute façon. Une occasion de se détendre. En plus qu’il se produit si peu de choses au village, qu’il vaut mieux s’inventer des événements par soi-même. Et puis les noces, c’est bon pour le moral. Le samedi, donc.
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On se trouvait au plus profond de ces années si rudes que plusieurs n’avaient plus rien à se mettre aux vidanges. À ce point du dépourvu que les poubelles gisaient vides. Et à perdre des nuits entières pour se surveiller les déchets respectifs. Chez les chanceux. Parce que les moins nantis risquaient de vous voler vos ordures ménagères dans le seul but de se rehausser l’image publique. Pour feindre d’avoir les moyens de jeter aussi. À imiter l’opulence pour camoufler son stade précaire. En généralisé. Parce qu’au moment où les déchets deviennent la mesure de la richesse, la qualité de vie mérite qu’on la remette en doute.
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D'après elle, quand bien même on ne comptait pas jusqu'à cent, rien que d'une frappe, ça n'empêchait pas d'être content. La bouche trop menue pour mâcher des mots de génie, elle portait un coeur assez grand pour manger des beurrées de ciel sur son pain à chaque matin. Ça lui suffisait. Voilà!
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Un dépouillement souhaité et palpable, parce que si on avait tout, aucun rêve ne tiendrait. Comme les écrans chargés ne laissent place à aucune imagination. Mais la nôtre gît blanche et s’offre à chaque idée, sans égard à la couleur.
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Moi, bien évidemment, je n’ai pas connu ça. Mais reste que oui, ce fut. Puis pour moi, même si je n’ai pas connu, le fait de savoir que ce fut, c’est bien en masse. Les témoignages l’assurent, leur assurance en témoigne. C’est donc dire, si vous voyez ce que je veux… Babine contribua à sa façon.
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La dextérité des ciseaux à Méo était menaçante à tout poil. Et on le payait. Bien. En plus que la coupe propre demeure une valeur sûre dans le renouvellement de la demande. Une assurance du retour de la clientèle à la moindre couette. Méo n'avait rien à se plaindre. Sauf durant les premiers temps de la grande crise. L'économique. Pendant ces longs mois où la coiffure perdit sa priorité sur la liste des nécessités quotidiennes. Plus d'argent pour s'offrir les couteaux de Méo. Et les cheveux qui poussaient sans fléchir. Des chignons paroissiaux complètement déconnectés. Une ignorance capillaire détachée de tous ces cours et ces longs de la bourse planétaire. Les cuirs chevelus débordaient sur tous les fronts. À ne plus reconnaître personne sous le foisonnement velu. Et ça durait. Ça poussait. Jusqu'à ce qu'on n'ait d'autre choix que de trouver une solution miracle. À tout le moins une piste. À savoir que comme Méo ne refusait jamais une petite ponce de gin, on le paierait dorénavant en liquide. Une once d'alcool par pouce taillé. Simple. Et c'est tout ce que ça prit pour que la coiffe reprenne son poil de la tête. Méo, pour sa part, se mit à boire à chaque crâne. De la coupe aux lèvres. Le seul imprévu étant qu'au fil des culs-secs, plus la journée avançait, plus les ciseaux louchaient. À la messe, le dimanche, tout le monde pouvait facilement déduire le moment de la journée pour chacun des rendez-vous. Selon le degré du dégradé. Matin, après-midi, soir.
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Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se mange !
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Et quand ça part trop vite, on se console en se disant qu’au moins ils n’auront pas souffert.
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Il la serra fort, comme si c’était la première fois qu’il l’étreignait. La première fois. Ou la dernière. Peu importe. De toute façon, dans l’enlacement, les extrémités finissent toujours par se rejoindre. À se confondre dans les départs et les retours, les retrouvailles et les partances.
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Qu’une femme puisse enfanter par ses seuls moyens, ça confirme la pouvoirie. Et le fruit de ses entrailles avait hérité du poste de fou du village. Et ça ne faisait que confirmer l’hypothèse de sa fabrication singulière. Parce qu’il lui en manquait sans doute un bout à ce fils fait seul.
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