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Citations de Fred Pellerin (132)


Ah ! N'importe qui vous l'aurait confirmé : le forgeron avait le pouce vert pour la chamaille. Il était de ce genre d'homme à vous faire pousser une plante de chicane avec un pépin de rien !
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Le meilleur ami de Lurette, c'était Dièse (Surnommé ainsi parce qu'il parlait toujours un demi-ton plus haut que tout le monde). Jeune chiqueux de tabac, rempli au bord des mêmes rêves et passions que la belle, Dièse fleuretait Lurette depuis l'enfance, sur les carreaux de la marelle. Il trouvait la fille en or tellement de son goût qu'il avait les yeux gercés d'avoir trop regardé ses lèvres.
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De deux choses lune
L'autre c'est le soleil
(Jacques Prévert)

Ma grand-mère disait que l'histoire s'est passée dans le temps où c'est qu'il y avait encore des étoiles.
"Aujourd'hui, avec les lumières électriques trop nombreuses, avec la fumée d'usines trop ombreuses, on est aveuglé. C'est rendu que le ciel est observé à la lumière de la raison puis du progrès. Lumière qui fait pas briller grand-chose !"
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À la messe du dimanche, dans sa robe à manches longues, monsieur le curé lança son venin.
- Il y a un coupable parmi nous, chers paroissiens !
Hein ? Un coupable...
Lentement, pour faire durer le suspense (comme s'il savait que ça allait devenir une histoire, qu'il fallait que ce moment-là s'étire pour faire saliver ceux qui écoutaient), il s'allongea le bras. Au bout de son geste, il s'ouvrit la main, se referma quatre doigts, puis garda son index pointé vers la salle.
(Un doigt béni qui pointe, ça fait tourner les têtes !)
- Babine ?
Des gros yeux enlignèrent Babine. Le fou pâlissait.
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Le jour de la pendaison, une petite corde de balles de foin se balancignait au bout de la poutre. Sur la tête à Babine, faute de cagoule, on avait enfilé une paire de caleçons. (Ça ajoutait à l'effet tragique !)
Tout le village était attroupé dans la cour de l'église pour assister au spectacle ! On s'attendait à un bon show. Tout un événement ! (En plus, il faut savoir que, dans le temps, c'est à peu près tout ce qui se faisait en frais de prestation culturelle dans le milieu rural.)
La foule était nombrable.
Le public criait puis tapait des mains.
Tout le monde était heureux, sauf Lurette. Avant de le pendre, Lurette pensait qu'il vaudrait mieux d'aller jeter un coup d'œil, creuser pour voir. On ne sait jamais !
- Vas-y toute seule ! Nous autres, on veut pas manquer le dénouement.
Pendant que les dernières minutes s'écoulaient, que des hommes faisaient un nœud solide dans la corde, que Babine suait à grosses gouttes avec ses bobettes sur la tête, le curé faisait le sermon des pendus. Le fou se laissait mener, docile. Il espérait en vain, comme un serrurier, une clé des champs, une clé de l'énigme, ou seulement une clé mence.
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Le progrès n'échappant pas à la règle divine des paires d'inversés, les premières photos couleurs se développaient en même temps que l'asphalte noir dans nos paysages villageois. A cette époque, Saint-£lie-de-Caxton comptait déjà plusieurs années de vie colorée, mais, s'appuyant sur toutes ces images de cartes postales sépia qui venaient d'ailleurs, on avait fini par croire qu'on était les seuls à jouir d'un quotidien pigmenté. Par empathie pour le reste du monde, et malgré les avancements techniques, Brodain avait tenu à ce que sa photo de mariage soit prise en noir et blanc.
- De toute manière, la couleur, c'est dans les yeux de celui qui regarde.
Sur le portrait, on peut voir les mariés entourés d'une foule nombreuse sur le parvis de l'église. Tout le monde sourit, sauf le curé...
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Ma grand-mère était tellement analphabète, elle était capable de lire le livre fermé dans la sacoche en marchant.
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S’il existe mille façons de mourir, il faut surtout trouver une façon de vivre.
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Babine fut reconduit à une autre condamnation. Cette fois-là, la date fut fixée aux Rois. Condamnation? Ne sachant plus comment procéder pour l'éteindre, il fallut trouver un problème pour la solution.
D'abord, Babine avait goûté une si vaste panoplie de supplices que les choix restants se raréfiaient. Pendaison, écartèlement, noyade, empoisonnement. Chaque fois, il se relevait en souriant. Et c'était peut être ça le plus choquant. Sa béatitude. Ce sourire éternel qui ne s'effaçait devant rien. Chatouillement, exécution à bout portant, crucifixion, avortement. Et il était toujours debout. A le voir, on était convaincu : oui, le bonheur existe. Un bonheur qu'aucun malheur n'affectait. Quoi faire, donc? Procéder à un ultime pour en finir pour de bon! Le comité ne savait plus comment l'achever. Tout y était passé.
L'idée germa dans la tête de plusieurs, puis on opta finalement pour l'organisation d'un procès. Cette fois-ci, plutôt que de livrer verdict sans plaidoyer, on allait organiser le spectacle de la cour. Ce fut mis en place dans le temps de le dire. La salle paroissiale fut réservée, puis on construisit un décor à partir des matériaux utilisés pour la crèche de Noël. Des affiches furent placardées tout autour, dans les villages environnants. Un événement si original, une première dans le coin, ça se devait de ne pas passer inaperçu. Un procès! Inutile de dire qu'on y voyait aussi une bonne manière de gonfler les coffres de la Fabrique.
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L’éternité, c’est maintenant. Le passé n’existe pas, c’est un ancien présent. Le futur n’existera jamais, on en fera du présent à mesure qu’il passera dans les roues de l’existence. Le présent est le seul temps véritable, Toussaint. L’éternité, c’est le présent.

(Sarrazine Éd., p.115)
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« LES PATENTEUX
C’est un des traits particuliers de la culture québécoise. Une distinction sur laquelle on devrait miser pour les avenirs et touristes internationaux. Le Québec en est rempli. Si on gratte bien. Chaque rang de campagne, chaque retranchement de terre battue, chaque village dispose de son patenteux. Comme un représentant de ces artisans modérés issus de la grande lignée des bizouneux de cossins d’inventions de patentes à gosses. Ces créateurs d’objets fascinants qu’on nous présente toujours comme des solutions.  »
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Ma grand-mère est morte, il y a quelques années. Sur les derniers jours de sa vie, elle m’a confié qu’elle n’avait pas peur de la mort.
- Quand on sait que le souvenir reste, la fin est belle. La mémoire est le seul lieu où on demeure pour l’éternité.
Ma grand-mère défuntisa. D’un coup, passant de simple « ma’me Pellerin» à «feue ma’me Pellerin», sans flamme, ni étincelle. Elle expira d’un soufre.
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« LA SÉCHERESSE
Quelqu’un criait la nouvelle. Sur les toits tranquilles d’un soir de semaine. On annonçait un mariage pour le samedi. Personne en particulier, mais au cas où. De toute façon. Une occasion de se détendre. En plus qu’il se produit si peu de choses au village, qu’il vaut mieux s’inventer des événements par soi-même. Et puis les noces, c’est bon pour le moral. Le samedi, donc.
Dans la fin de journée du vendredi, en geste serviable, Ésimésac suspendit son chapelet sur la corde à linge. Pour s’assurer du beau temps du lendemain. Il pinça l’épingle, barra le double tour et, dans les minutes qui suivirent, perdit la clé. Comme prévu dans la météorologie superstitieuse, le samedi fut impeccable. Une température de ciel, tout en soleil et chaleur. Un temps idéal. Presque à convaincre quelqu’un de se marier véritablement. Avec la promesse des années de bonheur.
Le dimanche, il fit beau aussi. Et aussi beau. Du plafond bleu et des rayons doux. Sur mesure pour un jour du Seigneur. Le lundi, par extension, parfait. Et le mardi, caniculaire. Et le mercredi d’autant. Et le jeudi de suite. Et le vendredi de même. Le chapelet coincé depuis une semaine. « Ésimésac avait gaspillé ses insomnies à tenter d’ouvrir l’épingle à serrure. Incapable. Il rentrait au matin, ébouriffé, prétextant des nuits sur la corde à linge. »
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Éclat de sanglots ! Pour la première et seule fois de ma vie, je vis ma grand-mère pleurer. Ce n’était pas un petit pleurage pour la forme, sur la pointe des cils ! Non ! Plutôt un braillage de barrage qui s’effondre. (Ça me fait encore drôle d’en parler.)
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Sur la terre, les ruisseaux font la rivière.

Puis la rivière rejoint le fleuve et l’eau va comme ça…

Jusqu’à l’océan.

De la même manière, dans mon village,
les anecdotes abreuvent les histoires.

Plus tard, les histoires rejoignent les contes et la parole va comme ça…
Jusqu’à la grande mer des légendes.
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Il était une fois
Une bande de courageux
Qui avaient reçu un appel de l’horizon
Et qui avaient décidé de partir,
Portés par un mélange de rêve
Et d’insouciance,
Un mélange d’instinct
Et de volonté.
Partir,
Pour aller repousser plus loin
Les limites du paysage.
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Les participants à cette finale du championnat international francophone furent présentés.
-Dans le coin des pitons noirs, l'homme portant la ceinture large avec boucle western en or. Un joueur de dames comme une tornade. Une poigne de surhomme dont le métier de déplieur de barres de fer le place une coche au-dessus de tous ceux qui se vantent d'en plier. Peu de planification dans le jeu, mais d'une rapidité dans le geste. Il avance en ligne droite et laboure les cases. Un tracteur sur une terre carreautée. Il avale l'adversaire par enjambées rapides. Tellement vite que certains n'ont même pas le temps de placer leurs pions que c'en est déjà fini de se les faire bouffer. Mesdames et messieurs nul autre que pas moins que lui-même : Ésiméac Gélinas.
On l'applaudissait.
- Dans le coin des pions roues, un pas moins. Lui-même de la batche des grandes capacités. Disproportionné dans l'ensemble. Un artisan dont le marteau quotidien a eu pour effet de lui étirer les bras tellement longs qu'il est capable de se gratter les genoux sans se plier. Robuste. Mais surtout fin stratège dans les domaines du parchési, des dames et autres jeux de table. On le sait moins agressif que son adversaire, mais plus mijoté. D'une concentration pure. Qui pense ses coups trois ou quatre jours à l'avance. Si vif de sa mentalité qu'il réussit à changer les postes de la t.v. à distance. Assis dans son fauteuil, sans la zappette. Juste comme ça. En fixant le bouton de l'appareil. En canalisant son énergie. Mesdames et messieurs, nul autre que le père de la belle Lurette : le forgeron Riopel.
On l'applaudissait aussi.
Les paris ouverts. Puis refermés. Coup de fusil. Et le combat s'enclenche.
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Ma grand-mère disait que l’histoire s’est passée dans l’antan où c’est que l’amour durait.
« Il faut jamais dire « j’aimais » qu’ils pensaient. On préférait conjuguer l’amour au présent de l’infini. « Je t’aime ! » Ce n’étaient pas des paroles à s’envoyer en l’air. Aujourd’hui, avec l’avancement, l’amour prend du recul. C’est devenu un sentiment intouchable, un sentiment qu’on approche juste avec des gants de plastique. C’est devenu l’amour avec armure. Une illusion qui va comme elle vient. On est en train de capoter ! »
Ma grand-mère disait que l’histoire s’est passée dans l’antan où c’est que l’amour durait. Toujours. Puis même après.
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Le bébé boum

... ils se marièrent, vécurent heureux et eurent de nombreux enfants. Et ça se passait à côté. Dans le village. En ce temps où les rêves de colonisation se transposaient en taux de natalité explosifs. La mitraillette utérine. Les familles débordaient de futur jusqu'à se bâtir le pays. Les bébés apparaissaient entre les jambes de leur mère à la queue leu leu. Pas le temps d'une sieste entre les contractions de l'un que le suivant donnait déjà des coups de pied. Un éternuement subit, et ça vous roulait en-dessous de la table. C'était en ce temps où les curés veillaient aux grains de chapelet. Et ça revolait comme des pop-corn sur le feu.
Cette famille qui nous concerne, elle exemplait par le nombre. Pas loin de cinq cents rejetons. Quatre cent soixante-treize, pour être exact. Des promesses gigoteuses accumulées dont ils prenaient soin comme à autant de prunelles s'ils avaient eu assez de yeux pour fournir. Ils les aimèrent, bercèrent, lavèrent, consolèrent, élevèrent et nourrissèrent. Jusqu'à s'en démancher les passés simples. Une ribambelle d'avenirs. Comme une démographie à domicile.

Des parents à plaindre ? On dit qu'au-delà les trente douzaines, il devient plus difficile de les baptiser que de les accoucher. À cause des prénoms. Usuels usés à la corde. Suspendus au mince fil de l'alphabet Parce que les initiales ont des limites connues. Les papes qui ont compris ont fini par se donner des chiffres.
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« (Ma grand-mère, elle était de la race des ceux qui disent qu’il ne faut jamais cogner. Elle allait jusqu’à prétendre qu’il faut éviter tous les coups. Autant pour celui qui frappe que pour celui qui se fait frapper. Dans sa bouche, ça se prononçait comme un proverbe. Que le trou souffre autant que le clou. C’était sa manière de pratiquer. Les arts marteaux.) »
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Ma grand-mère disait que l'histoire s'est passée dans l'antan où c'est que la patience était une qualité.
"Aujourd'hui, on achète tout de suite puis on paye plus tard. Même en amour. On sait plus attendre à qui vient à point. On ose même plus s'attendre à rien pour éviter d'être déçu. Faire la file, c'est devenu intolérable. Dans le temps, pourtant, on en faisait du fil. il se trouvait même des bonnes femmes spécialisées dans le filage. Le pire, dans ça, c,est qu'elle filait bien malgré les nœuds."
Ma grand-mère disait que la patience pouvait durer longtemps quand on avait le droit d'espérer.
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