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Critiques de Frédéric Aribit (44)
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Et vous m'avez parlé de Garry Davis

Bouclé le roman de Frédéric Aribit intitulé "Et vous m'avez parlé de Garry Davis".

Davantage roman au sens traditionnel d’ailleurs que "Trois langues dans ma bouche" dans son classicisme soigné, son écriture léchée, ses épanchements poétiques. Avec une double structure présent/passé, une double narration en décalé qui donne au texte une originalité indéniable.

Et puis dans son contenu le jeu du chat et de la souris du mondialisme et du localisme, qui semble la marque de fabrique de l'écriture d'Aribit, pour ce que j'ai à en connaître en l'état. La citoyenneté du monde, la mondialisation selon Saint laïc Davis, l’aviateur artiste, le doux utopiste un peu allumé, le pacifiste rongé par le remords des pertes civiles qu’il a provoquées dans un conflit qui a dépassé et compromis l’Humain, cette mondialisation-là, bienveillante et empathique, a piteusement échoué.

Celle du capitalisme néolibéral triomphant avec le soutien objectif du communisme chinois, par contre, a bel et bien terrassé toute éventuelle alternative.

Cela laisse augurer que, peut-être, la sécurité de la consommation de masse pourra se passer de la démocratie. Faire de cette dernière une vieille lune romantique sur fond de menaces climatiques, peut-être nous approchons-nous dangereusement de l’abîme orwellien ?

Restent évidemment cette histoire d’amour naissante, délicatement écrite, entre Julia et le narrateur, et puis ces deux pages consacrées à l’épisode jubilatoire d’Eglantine mais je ne vous en dis pas plus, en tout cas pan sur le bec, rageusement la Porsche s’éloignera !

Une Porsche, ça reste quand même beau à regarder et à écouter, non ?

Qu’en dis-tu ô cher lecteur ?
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Trois langues dans ma bouche

"À 7h50, été comme hiver, c'était le lait." 

Pour moi, c'était une goutte d'Aribit dans le café d'ordinaire noir, et de claquer de la langue en se resservant. 





Trois langues dans ma bouche est écrit avec une prose lyrique à souhait. Les mots se mêlent en un suave ballet savamment orchestré sur parfum d'enfance. Fluidité de l'écriture, fil conducteur qui se déroule tel un ruban de satin, humanité, sensibilité, sont, à mon sens, les maîtres mots de ces pages. 





C'est l'histoire d'un homme, d'une famille, de choix, de vie, de mort. C'est l'histoire d'une région, d'un terroir, de valeurs, d'indépendance, de patrimoine culturel, d'hommes et de femmes. C'est l'histoire des langues qui sont notre essence, nos origines et pour lesquelles on se bat ; celles que nous apprenons et celles que nous oublions ; celles qui nous guident et celles qui nous portent. 

Recherche d'un soi ou d'origines ; ouverture à l'autre ou relations conflictuelles ; autant de maux sur les mots que de mots sur les maux. Une exquise dualité présentée dans ce livre.





Fiction ? Autobiographie ? Autofiction ? Qu'importe de le savoir. Une œuvre ne devrait pas être "classable", "étiquetable". Elle se suffit à elle-même, elle doit être lue, ressentie, appréciée et comprise pour ce qu'elle véhicule et nous inspire, en fonction de notre être propre, non faire l'objet d'une appropriation par de pseudo-intellectuels qui s'enorgueillissent d'avoir dénoué le mystère et compris les secrets de l'auteur. 





La tentation de la lecture analytique est grande pour ceux qui apprécient les lettres, mais comment avoir l'outrecuidance de poser l'intention de l'écrivain, la signification que l'on imagine cachée derrière telle figure de style, et de cette virgule manquante tellement judicieuse… 





Amoureux de la langue trouveront simplement, dans cet ouvrage, de quoi ravir leurs papilles. 





J'ai souri, j'ai ri, j'ai versé une larme, je me suis interrogée. Cocktail détonant pour une lecture pleine de saveurs. 





Un immense merci à Frédéric Aribit. 



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Et vous m'avez parlé de Garry Davis

Il lui marche sur le pied et bientôt s’installe avec elle pour discuter. Il est complètement sous le charme de cette femme, Julia, et l’écoute avec passion tout en imaginant à quoi pourrait ressembler leur nuit. Elle, elle a d’autres préoccupations. Cet homme qu’elle rencontre lui fait penser à celui sur lequel elle écrit, Garry Davis. Dernier grand utopiste du 20e siècle, décédé en 2013, apatride, dont le mantra était d’instaurer la paix dans le monde.

Le narrateur se prend au jeu d’écouter cette vie tout en la comparant à la sienne.

Passé les premières pages qui m’ont déstabilisées, j’ai été complètement fascinée par ce destin hors-pair. Raconter ici la vie de Garry Davis serait impossible tant elle est bouillonnante et surprenante. Et puis tout l’intérêt vient du fait que cette existence soit mise en mots par Frédéric Aribit qui ne s’est pas contenté de nous livrer une biographie classique mais qui par un jeu de narration intéressant permet de faire le parallèle entre la vie de Garry Davis, la vie du narrateur et de Julia et puis le monde tel qu’il est devenu.



Ce récit riche et raconté d’une manière originale est une invitation réussie à rencontrer ce grand homme, dont je n’avais jamais entendu parler, et à se poser des questions sur notre monde et ce que veut signifier être citoyen du monde. C’est une porte ouverte à la réflexion sur les identités, les nationalités, les dirigeants de nos pays qui enferment parfois plus qu’ils n’accueillent. Par le prisme de Garry Davis, c’est une formidable ode à la liberté qui nous est contée.
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Et vous m'avez parlé de Garry Davis

Coup de coeur. ❤️



« Qui est Garry Davis ? Pourquoi ce nom dans votre bouche, ce soir, comme un leitmotiv d’objections à mes désenchantements ? Pourquoi un livre sur lui ? Vous ne savez pas vous-mêmes, dites-vous, mais vous voudriez pourtant me le présenter. C’est un bon début, je trouve. On ne devrait jamais présenter que ceux que l’on ne connaît pas. Du reste, c’est sans doute ce que nous faisons toujours, à notre insu. Buvez encore une gorgée, je vous en prie, et racontez-moi son histoire tandis que le soleil descend et que je réalise non sans un léger trouble que sous la table, tout en parlant, vous avez ôté vos chaussures. »

L’histoire aurait pu être celle d’une rencontre d’un soir, entre le narrateur désabusé et la belle Julia, dans un bar sur la plage de Guéthary, ou seulement celle de Garry Davis qui, en remettant son passeport américain aux autorités, devint le premier citoyen du monde.

Ce sera l’une et l’autre, dans un emboîtement, et un nourrissement mutuel.

Frédéric Aribit s’accommode fort mal des carcans littéraires : il n’aime pas les frontières, celles qui séparent les Hommes et les formes. Que ce soit dans « Trois langues dans ma bouche » ou « Le Mal des ardents », et maintenant dans ce nouveau roman, l’auteur a montré – et il le reconnaît volontiers – qu’on peut écrire un roman, le dérouler dans une langue éminemment poétique, et aller se frotter par moment à des formes plus académiques que sont l’essai ou le documentaire.

C’est un virtuose de la forme, son roman est habilement architecturé, mais son vrai talent, est de donner du sens à la structure originale qu’il a choisie (on pense immédiatement au « Cul de Judas », de Lobo Antunès, qu’il salue d’ailleurs à l’aube de son récit).

Ainsi, cette mise en abîme vertigineuse, avec laquelle il ouvre son roman, cette réflexion sur la destinée. « Le rêve d’une vie n’a pas d’origine », phrase sublime qui, à elle seule, place l’histoire qui va nous être racontée dans une autre histoire qui la dépasse : la vôtre, la nôtre, notre histoire à tous, celle du monde. Frédéric Aribit parvient à créer de la porosité entre la destinée de Garry Davis, celle du narrateur et celle de chacun. Il pose aussi la question du choix, de la conviction. A travers les actions jusqu’au-boutistes de cet « énergumène » aux cheveux roux, en nous racontant l’engouement suscité par ses théories et ses ambitions hors-normes auprès d’intellectuels et de simples citoyens qui le soutiendront dans sa révolte pacifiste, l’auteur nous encourage à questionner notre identité et notre engagement. A quoi serions-nous prêts à renoncer pour qu’un monde plus juste puisse advenir ?

Et de nous livrer, dans ces temps si particuliers, où les corps s’évitent dans l’espace public, où des frontières de peurs séparent chaque individu de l'autre, ces mots sublimes :

"La frontière relie autant qu'elle sépare, au contraire des murs. C'est la peau des peuples, Julia, comme la vôtre, comme la mienne, avec la douane de nos orifices où nous échangeons déjà. Ce par quoi chacun existe, par contraste et par frottement. Elle est aphrodisiaque, la frontière, invitation au voyage, au dépaysement, à la reconnaissance que je n'existe que parce que l'autre existe, parce que vous existez."



Au-delà donc du récit de la vie incroyable et admirable de cet apatride volontaire, par-delà les valeurs mondialistes et pacifistes qui résonnent si fort dans nos questionnements et nos inquiétudes contemporaines sociétales, il y a, en filigrane, les interrogations plus intimes que nous posons sur notre destinée, si humble soit-elle. La grande histoire qui nous est contée n’est jamais désincarnée, elle vient constamment réinterroger le présent.

A ce jeu-là, Frédéric Aribit est très habile : il parvient sans peine à nous interpeller, à nous intéresser aux actions de Garry Davis, en les plaçant, chacune, dans une constellation d’événements et de figures mondiales essentielles, il nous entraîne avec lui dans l’histoire folle d’un homme qui rêvait, comme certains d’entre nous encore, d’un monde meilleur et plus juste. Et quand notre empathie pour ce fou lucide est à son comble, c’est à ce moment-là que l’auteur, nous rattrape au vol pour nous ramener sur cette plage du pays basque, face à cette jeune femme qui n’en finit pas de le séduire.

Il nous offre alors, dans une langue éblouissante, des moments gorgés de sensualité : le récit se fait chair, l’histoire se fond dans l’intensité du moment, et le romancier sait alors convoquer les lumières, les odeurs, faire focus sur la bouche de sa compagne d’un soir. Le goût des couteaux à la plancha et du Chardonnay palpitent dans nos bouches, tandis que la bande son et la guitare de Gilmour permettent aux deux protagonistes de suspendre leurs mots, de boire une gorgée de vin, et d’ôter lentement, comme une danseuse en plein effeuillage, le voile de leur intimité.

Le procédé est éminemment cinématographique : raconter une histoire du passé, en ricochant sur un moment du présent qui suit sa propre ellipse temporelle, beaucoup plus courte celle-là, qui prendra fin en même temps que la grande épopée qui nous est narrée. Ainsi l’auteur joue-t-il avec les fils de sa narration, tenant son lecteur en éveil, le rendant attentif aux événements.

Zoom arrière, zoom avant, procédé captivant qui, encore une fois, ouvre l’histoire. Les histoires.

Mais si l’auteur nous ramène régulièrement dans le présent, comme on taperait ses pieds sur le sol pour être certain d’être bien ancré, c’est pour y faire passer, à travers un miroir révélateur, la fiction qu’il déroule, lui donnant ainsi des échos imminemment actuels. L’histoire de Garry Davis prend sens à travers la sienne qui se déroule en creux, en éclats de souvenirs.

Parallèlement, les certitudes du narrateur s’ébranlent : dans les mots de Julia, que nous n’entendrons pas, on perçoit la beauté de la vie, la croyance en de possibles horizons, la force qui émane de son « petit corps d’oiseau ». Le destin de Garry Davis qu’elle expose avec pugnacité, vient contrer obstinément la mélancolie résignée de cet inconnu à qui elle va offrir, du bout de ses lèvres rouges, quelques bribes de sa vie.

« Garry Davis est un fiction ». Et pourtant, malgré cette affirmation qui reviendra, telle un leitmotiv, l’histoire du pacifiste mondialiste s’incarne, prend chair à travers la présence de Julia, qui la met au monde, en accouche littéralement, le temps d’une soirée, sur cette terrasse « au bord du monde ». L’histoire s’engouffre et jaillit à la fois de la bouche de Julia, passeuse hypnotique de la vie de Garry Davis.

Il y a aussi, dans ce roman, la beauté de la rencontre, son hasard merveilleux, les fragilités qu’elle révèle, ces morceaux de soi qu’on a envie d’offrir mais qu’on retient en espérant qu’ils se déverseront à la faveur d’un moment d’ivresse.

Séduire, aimer, se séparer, espérer, abandonner : l’histoire d’un amour déchiré et celle d’une rupture annoncée serpentent et s’enroulent autour de Julia et du narrateur.

L’amour, et le moment de l’amour qui aspire le monde et les corps, remplit intensément le présent. Le désir, liqueur délicieuse, qui vient surprendre et capturer les sens du narrateur. L’espoir désespéré de garder en lui l’évanescence de l’intensité du moment : « Mais cela au moins, nous l’aurons vécu, n’est-ce pas ? Cela au moins aura été, entre nous tous, entre nous deux, avant que tout se dissipe encore dans le chaos d’absence ordinaire qui nous tient lieu de présent. »

Amour sublime, enfin, noyade éperdue dans cet emmêlement infiniment tendre, sur cette plage de Guéthary, où l’auteur nous livre le fantasme d’une nuit d’amour, la plus douce qui soit, la pénétration d’un sexe dans l’autre d’une tendresse infinie, qui mène de la vulve au cœur. Au-delà de la jouissance, de la frénésie du frottement, l’épanouissement de la chair intime, le creux et le plein noués comme une évidence.

« Garry Davis est une fiction », mais le réel ne l’est-il pas aussi ?

Dans les mots flamboyants de Frédéric Aribit, dans les ondes sensuelles de ses phrasés poétiques, il y a aussi ce goût intense pour la beauté. C’est aussi ça que j’emporte avec moi.
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Le mal des ardents

C'est un tourbillon sensoriel que Frédéric Aribit nous offre avec Le mal des ardents. Une fiction éminemment sensuelle, érotique, qui résonne au plus profond des âmes romanesques et passionnées. La volupté émane de chaque geste, chaque mot de Lou.

Le dernier tiers du roman est un vibrato émotionnel, où l'on ne souhaite reprendre haleine, de crainte de briser la fougue qui s'en dégage.

La musique transporte, Tchaïkovski rythme le ballet incessant des exaltations du cœur. C'est le film d'une passion maladive qui se déroule sous nos yeux, un torrent de couleurs, d'espoir et de désespoir.

Ce sont des cœurs, des corps, des esprits, affamés, assoiffés de vie et d'amour - délectation de tous les sens - qui confine à la folie.

Lou est si femme, elle exulte, elle bouillonne, elle est explosive. C'est un torrent qui s'écoule dans ses veines.



Une scansion très intéressante dans la narration : même en l'absence de schéma métrique, toutes les phrases chantent, marquent le ton.

C'est une authentique émotion qui s'en dégage.



J'apprécie particulièrement la frénésie qui ressort de cette fiction. Cet ensemble fou, irraisonnée, déraisonnable, qui ne fait qu'asseoir le prosaïsme naturel du volet scientifique du roman.



J'ai eu le souffle coupé, j'ai vibré et vécu ce roman avec chaque atome de mon être. Je me suis laissé emporter dans cet élan d'ardeur, dans ce feu qui consume.



MERCI à Frédéric Aribit,

Merci de poser tant de force et de délicatesse sur des pages vierges,

Merci de nous permettre une évasion délicieuse et troublante,

Merci de nous faire vibrer autant.



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Et vous m'avez parlé de Garry Davis

Entre réalisme et utopie, impressionnisme et expressionnisme ; parfois proustien, dans une rythmique très personnelle ; musicalité d'une écriture fine et élégante ; entre passion et résignation...Un tableau passionnant d'un Idéaliste trop oublié, brossé par un virtuose de la plume.
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Et vous m'avez parlé de Garry Davis

Entre réalisme et utopie, impressionnisme et expressionnisme ; parfois proustien, dans une rythmique très personnelle ; musicalité d'une écriture fine et élégante ; entre passion et résignation...Un tableau passionnant d'un Idéaliste trop oublié, brossé par un virtuose de la plume.
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Leurs contes de Perrault

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Et vous m'avez parlé de Garry Davis

J'ai trouve le sujet de l'histoire de cet "inventeur" de Gary Davis très intéressant et original et j'apprécie de découvrir les éléments de sa biographie. J'ai moins accroché sur l'histoire introductive du couple, et donc j'ai du attendre un peu pour me laisser attraper par ce roman.



Je remercie Babelio et les éditions Anne carrière pour ce livre reçu et découvert grâce à l'opération Masse critique.
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Et vous m'avez parlé de Garry Davis

« Le rêve d'une vie n'a pas d'origine. »

« Nous ne sommes jamais qu'à la croisée exacte de tous les chemins possibles. Vous, moi, nous ne sommes jamais que carrefours. »



Je viens de terminer ce livre.



C'est tellement beau. C'est d'une telle douceur tout en étant si émouvant... poignant par moment.



En lisant, j'y étais. C'est tellement bien raconté que je me suis retrouvée complètement transportée. Cette brise légère, ces embruns qui montent de la surface de l'eau... cette chaude nuit d'été... cette odeur de calamars frits... les petits piments vinaigrés qui explosent en bouche... puis tout ce noir au fond... l'obscurité cosmique piquée d'étoiles. Et ces peaux qui se frôlent. Le sel des lèvres.

J'ai tout vu. J'ai tout senti.



J'ai aimé la mélancolie.

J'ai aimé la sensibilité et la justesse des mots.

J'ai senti ces blessures de la vie... ces déceptions. Ces contes de fée auxquels on nous fait croire dès notre plus jeune âge alors qu'on ne sait rien de la vie.

J'ai aimé me trouver dans certains passages.

J'ai aimé que ça parle de carrefours... de chemins qui nous échappent.

J'ai aimé que ça parle de rêves et de désillusions... mais tout en restant toujours beau.

J'ai aimé que ça parle de ces instants de bonheur - ces miettes de bonheur - que nous offre la vie... et qui sont d'autant plus beaux que l'on sait qu'ils auront une fin. Ces instants avec Julia, il voudrait les garder comme une raison de vie.

J'ai aimé sentir ce désir qui submerge, cette tension charnelle tellement palpable dans l'atmosphère.

J'ai aimé ces allers retours sur la vie de Garry Davis et puis sur cet homme, sur elle, Julia. Ils rythment tellement bien l'écriture.



« Tu écriras un roman sur moi. Tout s'affaiblit, tout disparaît. de nous, il faut que quelque chose reste.» Nadja, à André Breton... ou cet homme, pour Julia.

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Et vous m'avez parlé de Garry Davis

J’aime parcourir les listes de livres proposés lors des opérations Masse Critique de Babelio, car je découvre des romans à côté desquels j’étais passée et qui me paraissent pourtant intéressants. Ça a été le cas pour celui-ci, car j’ai été très intriguée par le personnage de Garry Davis, dont je n’avais jamais entendu parler. Il est à l’origine du mouvement des Citoyens du Monde, et s’est battu toute sa vie pour abolir les frontières, persuadé que c’était la voix vers la paix. Comment ne pas être intéressé ?

Quand j’ai commencé ma lecture, j’ai été un peu perdue par le style de Frédéric Aribit, et surtout la narration choisie. En effet, toute l’histoire est rapportée par une seule voix, celle de l’homme, qui reprend les paroles de Julia, la jeune femme qu’il vient de rencontrer, et qui lui raconte Garry Davis, sur lequel elle écrit un roman. Par moments, emporté par ce récit, on en oublierait presque ce qui se joue entre l’homme et la femme, tellement l’histoire se centre sur Garry Davis.

Car il n’y a pas que lui au cœur de ce roman. Il y a aussi ces deux êtres un peu perdus, à des moments charnières de leur vie, et qui entrent dans un jeu complexe de séduction. Petit à petit, on s’éloigne de l’envie brute éprouvée par l’homme vis à vis de Julia, et on va vers une volonté mutuelle de découverte. C’est cette volonté qui va nous permettre de rencontrer Garry Davis, entre deux anecdotes de leur vie quotidienne, ou deux souvenirs.

Garry Davis est vraiment un homme hors du commun. Marqué par la guerre où il a perdu son frère, qui était aussi sa référence masculine, il consacrera sa vie à essayer de créer une paix durable pour notre planète et ses habitants, les Citoyens du Monde. Il a été au bout de ses idées, se retrouvant parfois dans des situations ubuesques voire mettant en péril sa santé. Cet homme a eu une vie incroyable, et il s’est battu pour ses idées sans jamais renoncer, et a tout fait pour convaincre le plus grand nombre. Il a au bout du compte établi plusieurs millions de passeports de Citoyen du Monde.

Par le biais d’une rencontre impromptue entre un homme et une femme, Frédéric Aribit nous fait découvrir un personnage hors normes. Tout au long du roman, on suit la pensée de l’homme, comme si on était dans son cerveau, avec ses digressions, et on découvre cette soirée qu’il veut graver dans sa mémoire, cette pure envie sexuelle qui se transforme en intérêt global, voire en amour ? Toute la tension, l’électricité qui passe entre ces deux êtres rythme la découverte de Garry Davis, dont la femme est passionnée au point de lui consacrer un roman. L’histoire de cet homme est prétexte à échanger des anecdotes personnelles, à faire plus ample connaissance.

Si j’ai dans un premier temps été déstabilisée par la narration originale de Et vous m’avez parlé de Garry Davis, je me suis rapidement passionnée pour la vie de Garry Davis, mais aussi pour la rencontre a laquelle on assiste en filigrane, rencontre passionnée dont on a envie de voir comment elle peut évoluer. La tension entre ces deux êtres est palpable à travers les lignes. Que se passera-t-il au bout de cette nuit passée à parler de Garry Davis ???

J’ai reçu la version papier de ce livre de la part des éditions Anne Carrière via une Masse Critique Babelio. Merci à eux pour l’opportunité.
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Et vous m'avez parlé de Garry Davis

J'ai adoré découvrir qui était Garry Davis, le 1er citoyen du monde... mais je me suis ennuyée avec le narrateur... c'était un peu confus entre qui parle ? La narrateur? l'homme? la femme qu'il tente de séduire? Je pense que je suis complètement passée à coté de ce livre ou que ce n'était pas le bon moment pour le lire. Mais il m'a énormément donné envie d'aller faire des recherches sur Garry Davis !
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Et vous m'avez parlé de Garry Davis

L’histoire d’un citoyen du monde



Changement complet de registre pour Frédéric Aribit, qui passe du Bal des Ardents à une biographie romancée de Garry Davis, le dernier idéaliste du XXe siècle sur lequel il porte un regard tendre et nostalgique, comme sur la belle Julia.



Avez-vous déjà entendu parler de Garry Davis? J’avouer qu’avant de découvrir le nouveau roman de Frédéric Aribit, le nom de ce citoyen du monde, mort à 91 ans en 2013, m’était totalement inconnu. Et pourtant, comme le rappellait Pierre Haski dans L’Obs au moment de son décès, plus de deux millions et demi de personnes disposaient d’un passeport de «citoyen du monde» émis par cet utopiste, qui avait notamment rallié trois Albert célèbres à sa cause: Einstein, Camus et Schweitzer.

Et s’il faut en croire l’habile scénario du roman, c’est aussi le hasard qui a mis le narrateur sur la piste de cet homme remarquable. Nous sommes sur la Côte basque lorsqu’il marche malencontreusement sur le pied de Julia. Elle accepte de prendre un verre avant de regagner son lieu de villégiature. Son mari et son fils Marius sont restés du côté de Lille.

Lui a beau être désabusé et ne plus attendre grand chose de l’existence, il n’est pas insensible au charme de cette femme. En fait, «nous nous apprêtons à vivre la parenthèse d’une soirée estivale qui s’est ouverte sur un pied malencontreusement écrasé devant le comptoir et qui se refermera bientôt, quand vous rejoindrez vos amis et que votre jupe, votre débardeur blanc avec la bouche rouge des Stones s’évanouiront, tel le mirage soudain dissipé d’une fontaine où boire en plein désert, ..»

Une parenthèse qui s’ouvre sur cette question plutôt incongrue: Avez-vous déjà entendu parler de Garry Davis?

Le personnage que dépeint alors Julia est effectivement «plus insaisissable que ceux qu’on trouve dans les romans». Engagé dans la Bataille de France durant la Seconde Guerre mondiale, il en ressort traumatisé et décide de prendre à la lettre les belles paroles des conférences d’après-guerre, de créer les vraies Nations Unies. Il rend alors son passeport américain et parvient à rejoindre Paris où, avec l’aide de Camus, il fait irruption au Palais de Chaillot où se tient une Assemblée générale des nations Unies, pour y lancer sa profession de foi. Ce ne sera là que l’un de ses titres de gloire, car pendant les décennies qui suivent, il ne va rien lâcher de son combat, de son idée fixe. Et comme dit, il va rallier des millions de personnes – des anonymes et des célébrités – à sa cause, auxquels il enverra un passeport de citoyen du monde. Julia semble connaître dans le moindre détail la biographie de cet homme et parvient à subjuguer son interlocuteur.

On l’aura compris, c’est par le truchement de la belle Julia que Frédéric Aribit parvient au même résultat avec le lecteur qui n’oubliera pas de sitôt le combat aussi passionné que vain de cet homme. Comme dans Le bal des ardents, il s’interroge sur la passion qui est un formidable moteur, avec ce brin de nostalgie au moment de constater que pour son narrateur la flamme ne brûle plus avec la même intensité. Quand ne reste que le souvenir de ce qui aurait pu être une belle histoire d’amour. Comme Georges Perec écrivant «Je me souviens du citoyen du monde Garry Davis. Il tapait à la machine sur la place du Trocadéro.», il pourra dire «Je me souviens de Julia. Elle pouvait parler des heures d’un autre homme et vous fasciner tout autant.»




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Le mal des ardents

L'amour, la passion, le narrateur ne les a jamais connus jusqu'à ce jour pluvieux dans le métro, où il croise Lou par hasard...



Mais le hasard existe-il vraiment ?

Lou lui retire ses écouteurs, les pose sur ses propres oreilles, l'embrasse, fait une pirouette et sort à la station suivante...

Il est subjugué par cette apparition et tombe passionnément amoureux.

Elle est violoncelliste. Il est prof de lettres. Elle peint et fait de la photo, il lit. Elle aime la vie à la folie, il est désenchanté. Elle invente sa vie à chaque instant, ne connaît aucune limite, il vit au rythme de ses horaires de cours et de la garde de sa fille.

Lou est une femme libre, provocante, exaltée et terriblement sensuelle et mystérieuse. Elle est artiste et excessive. Elle embrasse et embrase tout ce qu'elle touche.

Lui qui menait jusque-là une vie tranquille de divorcé, entre les visites de sa fille, et celles de sa copine, ne sait plus où il en est, le voilà chamboulé, charmé, fou de désir. Il ne réalise pas que tout cela est "trop", qu'il y a quelque chose de "pas normal" chez Lou et de dangereux dans ses excès, y compris et surtout pour elle-même.

Ce n'est pas une histoire banale car tout se complique le jour où Lou, qui ne dort plus, est prise de crises de démangeaisons épuisantes, puis de convulsions.

Elle est hospitalisée et tombe dans un incompréhensible coma. Le diagnostic révèle qu'elle est atteinte du "mal des ardents" (ou feu de Saint-Antoine), une maladie presque oubliée aujourd'hui et dont l'histoire nous fera remonter dans le passé jusqu'au Moyen âge et au temps des sorcières...



Le narrateur cherche à comprendre la symbolique de ce mal étrange qui dévore Lou de l'intérieur comme un feu impossible à éteindre. Nous découvrirons les liens étroits existants entre l'art, la création artistique et cette terrible maladie qui a encore fait parler d'elle dans les années 50 en Ardèche.

L'auteur que je découvre avec ce roman, nous livre ici un texte envoûtant et poétique, parfois drôle malgré la gravité du sujet et toujours bien écrit, son style donnant un rythme particulier à l'histoire de Lou.



C'est un bel hommage au monde de l'art, à la passion et à la vie ! Et l'auteur dans ce roman nous conseille, d'en profiter intensément...

Encore un livre que j'ai eu du plaisir à découvrir !
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Le mal des ardents

Quand perdons nous notre regard d’enfant émerveillé sur les choses qui nous entourent ?

A quel moment dressons nous les barrières sensées nous protéger de nos sentiments face à l’art ? Qui nous apprend à masquer nos émotions ?

Lou, elle, se laisse déborder bien au contraire. La musique, la peinture, la photographie tout la transperce.

Elle va ouvrir les yeux de son amoureux.

Malheureusement cette hyper sensibilité n’est pas sans risque.

Un roman lumineux, extrêmement poétique et qui mène à une réflexion sur notre rapport au monde.
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Le mal des ardents

Le mal des ardents fait partie de ces livres que vous voyez en librairie, et vous êtes sur que vous allez adorer. Et ça a été le cas. Qu'est ce que j'ai aimé la plume de Frédéric Aribit... C'est beau, c'est poétique, c'est intéressant... On s'attache aux différents personnages et on en apprend plus sur la musique, la littérature, et bien entendu, sur le mal des ardents qui nous fait réfléchir sur la vie, et au fait qu'une seule petite chose peut tout faire basculer. Un vrai coup de coeur pour ce roman !
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Le mal des ardents

Le coup de la rencontre sublime, fortuite, dans le métro, du baiser à un inconnu, m’a d’abord fait hausser un sourcil et j’ai craint pour la suite. Pas précisément fan des histoires d’amour au surréalisme cliché, je me demandais où l’auteur allait nous embarquer avec cette Lou qui voue son existence à l’art, qui veut vivre à cent à l’heure et qui promet à son amant une passion jamais égalée. Mais très vite, on sent que quelque chose ne va pas. Lou est… trop. Et à la suite d’un épisode violent de convulsions, on lui diagnostique une maladie qu’on croyait disparue depuis des siècles.



Là, le roman prend un tout autre chemin et en même temps que notre narrateur, on plonge dans une quête historique passionnante, aux origines d’un mal tout à fait avéré. Plus fascinant encore, il semble frôler la contagion à mesure qu’il s’enfonce dans cette quête de savoir frénétique. Et nous avec.



Ce livre, il est un peu écrit comme une partition. Dans le texte d’abord, où l’auteur mêle poésie, mots jetés « comme ça », faits pour sonner et prose plus classique. Dans le rythme surtout. A partir du moment où Lou fera une entrée fracassante dans la vie de notre prof de français, la cadence s’accélère, et nos deux personnages semblent être poursuivis en permanence par un orchestre qui s’emballe furieusement, quitte à nous laisser un peu haletants. C’est un texte qui mériterait d’être lu à voix haute, pour en apprécier la musicalité d’une, et pour prolonger le bel hommage que Frédéric Aribit semble avoir voulu rendre aux âmes ardentes.
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Leurs contes de Perrault

11 auteurs ont revisité ces contes de notre enfance. Le plaisir que j'ai pris à cette lecture fut fort variable: il y en a pour tous les goûts! La plupart sont trop éloignés de l'original: il faut parfois se creuser la tête pour trouver le lien.

Et mon vainqueur fut... celui qui a le mieux respecté Perrault: "Cendrillon ou le petit gant de soie": de Nathalie Azoulai: drôle et moderne.

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Trois langues dans ma bouche

Ce livre m'a parlé.

Parce que Frédéric Aribit aurait pu être mon voisin. Mêmes codes, mêmes questionnements.

Basque ou Français, il fallait parfois choisir.



Ce roman semble être largement autobiographique. J'ai même l'impression que l'auteur aurait pu l'écrire pour panser une blessure provoquée, peut-être, par un sentiment de manquement à sa terre d'origine.

Du moins c'est ce que j'ai ressenti à sa lecture.



Et alors, je ne sais pas s'il l'a fait exprès, mais l'auteur a une écriture à l'image des Basques : froide en apparence. Les faits sont énoncés, avec de jolies phrases, certes, mais sans effusion, sans passion. Bon, moi, j'ai repéré tant de détails similaires à la vie de gens ayant le cul coincé entre deux chaises, que j'y ai vu le respect des siens, la pudeur, et son courage d(')énoncer tout ça.



Seulement, je me pose des questions : les lecteurs qui n'ont pas grandi au Pays Basque peuvent-ils y trouver leur compte ? Par la forme peut-être ? (là, je ne me prononce pas, le fond l'ayant bouffée, il faudra que je lise un autre roman de l'auteur) Peuvent-ils trouver de l'intérêt à ce sujet qui doit paraître dérisoire pour beaucoup ? Ne sont-ils pas gênés par ces petites pointes de mots en basque ?

Je suis perplexe.



Finalement, quand un livre te parle trop, tu n'es pas très objectif...
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Le mal des ardents

L’embrasement par tous les feux, voilà ce qu’est le roman de Frédéric Aribit. La passion, le désir, la sensualité comme j'aime la lire. Mais aussi le mal, les mots, la poésie, l’Histoire, la religion. Tout y est mais rien n’est de trop. La justesse, le dosage parfait pour envoûter. Et la plume de l’auteur, il faut que je vous en parle aussi. Précise, en perpétuel mouvement. Tantôt saccadée, tantôt posée. Tantôt grave, tantôt poétique, charnelle et drôle. Montagnes russes. Maîtrise et beauté.



De ce fait, on pourrait avoir envie de dévorer ce roman d’une traite tant il emporte dès la première mesure. Avoir envie de le consommer tel un amour fou, imprévisible comme celui qui lie le narrateur à Lou. Mais à bien y réfléchir, je vous dirai de le goûter par petites bouchées. De le consommer avec passion et non frénésie. En drogue douce. Le consommer délicatement plutôt que le voir se consumer ou s’embraser. Personnellement, j'ai essayé de le maintenir, là, auprès de moi, le plus longtemps possible. De prendre mon temps comme lorsque je lis de la poésie. Car Le mal des ardents est un long poème. A Lou. A la passion. A l’art. A la culture. A la vie qui nous entoure. Et je n'ai pas boudé mon plaisir de relire certains passages, une fois, deux fois puis trois pour en décupler la force et en saisir toute la virtuosité.




Lien : http://www.livresselitterair..
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