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Critiques de Frédéric Couderc (126)
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Le jour se lève et ce n'est pas le tien

2009, New York. Léonard Parker a été élevé par Dora, mère célibataire qui a travaillé toute sa vie pour qu'il ait la meilleure éducation possible et réussisse dans les quartiers huppés de New York. Il profite de son métier, mais trop peu de sa famille, ses deux garçons et sa femme avec qui la relation est quelque peu chaotique. Léo aime donner la vie, c'est un obstétricien de renom, son travail le satisfait pleinement, et il passe une partie de son temps livre à aider les femmes dans un centre du planning familial fortement controversé par les manifestants « pro life ». Depuis la mort de sa mère, le mutisme de Dora sur son passé le perturbe. le silence sur l'identité de son père en particulier, alors qu'il n'a jamais osé questionner sa mère sur ses origines, puis son incompréhension face au choix de Dora d'être enterrée dans le cimetière cubain du Bronx, réveillent des interrogations enfouies tout au fond de lui.

Victime d'une agression à la sortie du planning familial, Léo se rétabli, mais soucieux d'éclaircir ses questionnements, il décide d'enquêter pour comprendre d'où il vient réellement. Il part pour Cuba, se confronter à son passé, à son histoire, et avancer vers un avenir qu'il espère plus serein. Là il démêlera le fil qui lui fera comprendre que son histoire familiale est liée à celle de la révolution et à l'un de ses principaux héros, Camillo Cienfuegos.



Les chapitres à New York alternent dès le début du roman avec le « livre de Dolores », ce journal qui décrit la vie d'une jeune fille de bonne famille dans le Cuba de 1959. Jeune et jolie, elle se consacre à la danse dont elle rêve de faire son métier. Héritière d'une famille aisée, la fortune de son père pourrait être liée aux sombres affaires et aux malversations approuvées par Batista, le dictateur en place, aux Etats Unis et à la mafia, principal pourvoyeur de cash de l'ile. La rencontre de Dolores avec Camillo, qu'elle a connu plus jeune et qui est devenu l'un des héroïques camarades de Fidel Castro et de son frère Raoul, au plus fort de la révolution qui est en marche dans le pays, va changer sa vie.



"Le jour se lève et ce n'est pas le tien" nous dévoile un pan de l'histoire et des relations entre les USA et Cuba. A la fois roman historique, polar, et roman d'amour, c'est un mélange savamment dosé qui transporte le lecteur dans une folle aventure qui se poursuit sur plusieurs décennies.



J'ai particulièrement aimé sentir l'âme de la revoluciòn, celle qui portait les plus sincères de ses combattants. Mais également découvrir les conflits intérieurs qui pouvaient agiter les individus et les familles qui croyaient en une révolution qui sauverait leur pays de la corruption et de la mainmise des mafieux sur leurs richesses. Ces cubains ont parfois aidé des révolutionnaires qui se sont à leur tour laissés envahir par l'est, pour établir une dictature qui a laissé le pays à la traine et exsangue. Bien écrit, rythmé, particulièrement d'actualité et tout à fait crédible, j'ai dévoré ce roman absolument passionnant avec un énorme plaisir.
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Hors d'atteinte

Très beau roman historique entre réalité et fiction.

Horst Schumann a réellement existe, réellement vécu tranquillement après avoir fui l'Allemagne, réellement été un de ces bourreaux incompréhensiblement horribles...

Paul Breitner, lui, n'a pas existé mais il est romancier et déroule le fil de la vie de son grand-père, Viktor, ancien voisin d'Horst Schumann.

Et les destins se croisent, se mêlent, s'embrouillent entre deux période : l'après guerre et l'époque contemporaine.

La fuite des nazis en Afrique m'était inconnue. J'ai beaucoup aimé découvrir ce pan de l'Histoire, tout comme j'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteur, fluide et très agréable à lire.

En bref, une très belle decouverte que je vous recommande.
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Le jour se lève et ce n'est pas le tien

Fréderic Couderc. Le jour se lève et ce n’est pas le tien.



Leonard Parker, médecin obstétricien, vit et exerce à New-York. Nous sommes en 2009. Sa mère Dora décède et dans ses dernières volontés, elle a exprimé le désir d’être inhumée dans le cimetière Union City, situé dans le Bronx Alice, l’épouse de Leonard est surprise par le choix de sa belle-mère. Elle va donc mener son enquête et nous découvrirons que le voisin de la sépulture de la défunte est un célèbre cubain, un héros de la guerre hispano-américaine. En même temps nous découvrirons le géniteur de Leonard. Sa mère ne lui a jamais fait de confidence sur ce dernier…Dora est originaire de La Havane, issue d’une très riche famille. Nous plongerons dans sa jeunesse et sa vie amoureuse. Avec elle, nous émigrerons aux États-Unis et nous nous y établirons….



Une belle page de l’histoire de Cuba nous est contée par Frédéric Couderc. De nombreux souvenirs de la lutte intestine entre les frères Castro , Che Guevara et Camilo Cienfuegos. Ce dernier est un des héros de ce roman. Ce livre est un véritable roman historique, doublé d’un roman policier. Leonard recherche son père, et cette quête lui sera fatale….



Alternance des chapitres entre la vie à La Havane dans les années 1959, et la vie d’aujourd’hui, aux Etats-Unis. Le joli titre est tiré d’un poème de Pablo Néruda. Lire ce roman afin d’apprendre les épisodes douloureux qui se sont déroulés lors de la prise du pouvoir à Cuba par Fidel Castro et ses troupes.
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Je n'ai pas trahi

Ce roman est l'histoire de Luna, jeune fille qui va découvrir un lourd secret de famille, et de Salomon, jeune résistant, en Corse pendant la seconde guerre mondiale.

Le titre est directement inspiré des derniers mots du résistant Fred Scamaroni "Je n'ai pas parlé. Vive de Gaulle, vive la France ! " écrits avec son sang sur le mur de sa cellule à Ajaccio.

C 'est agréable à lire, avec un déroulé et des péripéties intéressants. Fondé sur des faits réels , il est extrêmement bien documenté. On voit que Frédéric Couderc connaît bien la Corse - comme il l'avait indiqué lors de l'entretien chez Babelio - et qu'il a fait des recherches historiques poussées.

Ce livre est édité chez Pocket Jeunesse mais s'adresse aussi aux adultes.

Un bon livre pour revivre et mieux comprendre cette période trouble et ne pas oublier.

Je le recommande, même si j'ai trouvé qu'il y a quelques longueurs.

Merci Babelio et PKJ pour cette belle découverte !
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Je n'ai pas trahi

Quel plaisir de découvrir ce superbe roman jeunesse de Frédéric Couderc, un auteur que par ailleurs j'aime énormément.

"Je n'ai pas trahi," entraîne ses lecteurs en Corse de nos jours et au moment de la seconde guerre mondiale.

D'un côté Luna et Matteo, embarqués sans le vouloir dans une affaire de règlement de compte.

De l'autre Salomon, engagé dans la résistance.

Un superbe roman sur le courage et l'engagement qui nous parle de la jeunesse d'hier et d'aujourd'hui.

Deux univers et deux époques qui se rejoignent. Une belle écriture pour un roman édité chez Pocket Jeunesse
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Aucune pierre ne brise la nuit

Très beau récit, de Frédéric Couderc, ancien reporter, relatant un terrible pan de l’histoire, sous la dictature militaire en Argentine. Des militants d’extrême droite, des nazis, ont commis des atrocités dans ce pays, et nombreux sont les pays qui ont fermé les yeux et les ferment encore aujourd’hui... Des milliers de bébé ont ainsi été volés à leur naissance, leurs mères tuées. Ces bébés ont été vendus sans que les parents adoptifs ne connaissent leur origine. C’est le cas de Clara, la fille d’Ariane. Elle a 20 ans lorsque Ariane découvre qu’elle fait partie de ces bébés volés.

Gabriel, un réfugié argentin, a fui le drame, la mort de sa femme. Tandis que Clara part à la recherche des origines de sa fille, Gabriel va chercher son enfant. Par un curieux hasard, ils se rencontrent dans un musée et leur idylle commence.

Leur histoire d’amour les porte et apporte à l’histoire un souffle romanesque et tempère les horreurs racontées.

Un récit dur, mais nécessaire!

On y sent l’expérience et les connaissances inhérentes au journaliste.

Les « abuelas » , ces grand mères à la recherche des bébés volés ont fait un travail de recherche absolument remarquable pour que les familles puissent enfin se réunir et rétablir leur filiation.



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Yonah

Le 27 août 2008 disparaissait dans la misère absolue, dans l’indifférence générale, un militant des droits de l’homme qui œuvra une grande partie de sa vie en faveur du pacifisme et sera l’un qui facilitera les accords d’Oslo en 1991 entre israéliens et palestiniens. Il avait créé la station de radio « Voice of peace » et son histoire restera tout de même dans les annales du militantisme grâce à une chanson de John Lennon « Give peace a chance ». Cet homme s’appelait Abie Nathan. Son ombre est toujours présente pour celles et ceux qui croient en une réconciliation encore possible dans cette partie du monde, petite par son étendue, immense par son histoire.



Et justement, c’est une petite histoire dans la grande histoire de l’humanité que nous raconte Frédéric Couderc dans son nouveau roman au titre déjà si évocateur « Yonah ou le chant de la mer » : ou comment une colombe peut envoyer un espoir depuis les flots de la tolérance, non un chant des sirènes mais un hymne à l’entente entre les peuples.



Hélène et Zeev Stein forme un couple loué par leur entourage : amoureux, militant, intrépide, leur énergie parait sans limite et c’est forcément auprès de cet avocat des causes perdue qu’un célèbre réalisateur prend conseil pour tourner un biopic sur Abie Nathan avec une star hollywoodienne. Le couple a deux enfants, Yonah et Raphaël, inclassables eux aussi mais avec des parcours beaucoup plus erratiques que ceux de leurs géniteurs. Pourtant, quand le célèbre acteur américain disparait à Gaza tout se dévoile peu à peu et des blessures s’ouvrent à nouveau. La vie du couple n’est peut-être pas aussi rêvée qu’elle le parait et à travers eux se reflètent les faces cachés et intimes de l’existence.



A travers l’histoire d’une famille, l’écrivain décortique habilement tout ce qui peut entraver la paix, qu’elle soit intime ou commune. Avec sa maestria habituelle, il envoie des fléchettes sur l’extrémisme religieux – et fatalement politique – sur l’aveuglement des trafics en tout genre et sur la réelle volonté de rassembler les peuples. Parfois deux nations côte à côte ressemblent à un couple désirant s’aimer mais confronté à des velléités incontrôlables.



Une lecture portant sur un chant d’espérance malgré les vagues trop violentes des conflits ; puisse ce roman être un appel de la mer, une bouteille livresque à partager pour un apaisement de l’humanité.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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Je n'ai pas trahi

C’est une belle découverte que ce roman jeunesse, pas seulement divertissant, mais aussi enrichissant sur le plan culturel car écrit sur fond historique.



Luna a 16 ans et, inscrite au concours national de la résistance et de la déportation, elle se penche sur la question de l’attitude de la Corse envers les Juifs lors de la seconde guerre mondiale. « Corse, île des Justes ? Ce serait le thème de son exposé. Elle avait bien réfléchi au point d’interrogation. La légende voulait qu’aucun Juif n’ait été déporté de l’île pendant la guerre. La solidarité et la protection l’avaient emporté sur les dénonciations et les bassesses en Corse. Mais Luna ne voulait pas seulement recopier Internet et les sites qui vantaient l’attitude héroïque des uns et des autres. » En parallèle de l’enquête de Luna, on suit l’histoire de Salomon pendant la seconde guerre mondiale, un jeune juif de Corse.



Ce thème choisi et développé par l’auteur m’a interpellée. Je ne m’étais jamais posé la question du sort des Juifs en Corse, pensant que le traitement avait été le même que sur le Continent. Le récit mêle éléments fictionnels et réalité, il est très bien documenté et j’ai beaucoup apprécié d’apprendre des faits que je ne connaissais pas du tout sur le sujet. La démarcation entre ce qui relève de la fiction et ce qui appartient à la réalité est assez évidente, d’autant que l’auteur rajoute en fin de roman une note détaillée à ce sujet.

Pour son titre « Je n’ai pas trahi », l’auteur l’a emprunté aux derniers mots écrits par le résistant corse Fred Scamaroni : « Je n’ai pas parlé ». Un beau clin d'oeil et un bel hommage à ce martyr qui, arrêté par la milice italienne en 1943, s'est suicidé dans sa cellule pour ne pas trahir les siens.



Plusieurs personnages apparaissent dans le récit. En plus de Luna et Salomon, nous faisons la connaissance de Mattéo, un camarade de classe de Luna, fan de graffiti, qui s’engagera lui aussi dans le Concours de la résistance. Garance et Mina, la mère et la grand-mère de Luna, auront aussi un rôle à jouer.



L’idée d’alterner entre deux époques, celle de la seconde guerre mondiale et celle d’aujourd’hui, ajoute du relief au récit. Un parallèle est d’ailleurs fait entre l’antisémitisme existant dans les années 40 via le personnage de Salomon et le racisme malheureusement actuel à l’encontre des Arabes sur l’île via le personnage de Mattéo. Car Mattéo s’appelle en réalité Majid. Cependant, victime de préjugés racistes, sa maman l’a fortement incité à « adapter » son prénom en fonction des interlocuteurs… N’est-ce pas dérangeant qu’un enfant soit obligé de changer son prénom et donc quelque part de renier ses origines pour avoir la paix ?? L’auteur interpelle ainsi ado et adultes sur une grande cause de divisions et de guerres qui se répète encore et toujours, la haine à l’égard d’un peuple, d’une race, d’une nationalité.

L’enquête de Luna se joue avec en trame de fond les éternelles omertas et vendettas présentes sur l’île et que l’auteur dénonce.

Je souligne aussi que l’auteur rend hommage au courage des femmes, que ce soit lors de la seconde guerre mondiale ou aujourd’hui.

Des liens intergénérationnels se créent entre les personnages.



L’écriture est simple, fluide, et permet une entrée facile dans l’histoire. La présence de suspense, d’action, d’aventure, et d’un peu d’amour également devrait plaire aux ados.



Des romans et des documentaires ayant pour thème la seconde guerre mondiale, il en existe à foison. Celui-ci, parce qu’il nous fait voir cette époque dans un contexte et sous un angle différents, j’en ferai la promotion auprès des professeurs d’histoire de mon établissement. C’est un livre qui gagne vraiment à être lu, et de par les thèmes abordés (racisme, courage, quête identitaire), je le mettrai en avant pour les jeunes dans mon CDI.
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Je n'ai pas trahi

Pour le premier de ses romans destiné à un public adolescent,Frédéric Couderc qui centre toujours ses intrigues sur une ville, a choisi Ajaccio la plus grande ville de cette île qu'il connait bien et dans laquelle il séjourne régulièrement.

Plaçant ses personnages dans des lieux familiers aux insulaires choisis au fil de ses déambulations pédestres, il ancre son livre dans une réalité géographique qui parlera aux familiers de la Corse.

L'intrigue historique fait la part belle à la spécificité corse faite de respect de la parole donnée, de sens de l'honneur, de rébellion face aux institutions ce qui a conduit les Corses pendant la seconde guerre mondiale, non seulement à protéger les juifs satisfaisant ainsi à leur traditionnel sens de l'hospitalité, mais aussi à refuser, sur les directives courageuses données par le Préfet, le port de l'étoile jaune sur l'île.

Cette page d'histoire peu connue des continentaux méritait bien d'être mise à l'honneur, rappelant aussi l'accueil en 1917 d'un bateau de réfugiés dont personne ne voulait en errance au large de la Corse.

C'est ce contexte historique qui est rappelé aux lycéens d'aujourd'hui, notamment aux deux jeunes héros Luna et Matteo qui doivent plancher sur un exposé mettant en lumière la période de guerre en Corse avec l'occupation italienne et les faits de résistance.

Alors que les deux lycéens assistent médusés à un règlement de comptes sanglant en pleine ville, ce qui contribue à leur rapprochement, ils vont devoir s'interroger sur le passé et se mettre en danger pour que la climat de violence qui règne dans l'île cède enfin la place à l'ordre républicain.

Pour cela ils recevront l'aide d'un vieil homme, Salomon, qui sait bien des choses et jouera un rôle crucial dans cette histoire où chaque personnage en quête d'identité devra se reconstruire sur des bases nouvelles, loin de la loi du silence et de la vendetta.

Le style est bref et concis, correspondant (sans doute ?) à ce qu'en attend un public adolescent qui se voit épargner les scènes de violence ainsi que les scènes explicitement sexuelles.

Le contrat tendant à susciter l'intérêt du lecteur jusqu'à la fin de l'histoire est bien rempli avec des rebondissements, des poursuites, de surprenantes découvertes finales.

Bien sûr en tant qu'adulte passionnée d'histoire, j'ai trouvé que le récit était vraiment trop léger et que certaines parties auraient mérité d'être approfondies. Les rapports humains entre les protagonistes restent superficiels. Le rapprochement entre les communautés dans l'île parait décrit de façon bien idyllique car il est difficile d'oublier les slogans taggés du style "Arabi Fora" soit "les Arabes dehors" qui fleurissent régulièrement sur les murs insulaires. Notre jeune Matteo qui en vérité s'appelle Majid trouvera t'il un monde solidaire et uni dans la corsitude ? Rien de moins sûr.

Mais, stop au pessimisme ! Le récit s'adresse à une jeune génération de laquelle on peut attendre le meilleur.

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Aucune pierre ne brise la nuit

la dictature argentine, j’ignorais tout, ou presque. Bien sûr, comme beaucoup d’entre nous, j’avais eu connaissance, de loin, de cette abomination, du Proceso, de la « Plaza de Mayo ». Bien sûr, je me souviens des images de ces mères, de ces grands-mères à la recherche des cinq cents bébés volés et distribués, tels des marchandises, dans les familles des militaires proches du pouvoir, des trente mille disparus dont elles brandissaient désespérément les photos, demandant Justice.



Le roman de Frédéric Couderc, « Aucune pierre ne brise la nuit », paru aux Editions Héloïse d’Ormesson, est une plongée apnéique dans les bas-fonds les plus sordides de cette période-là.



Tout commence autour d’un tableau exposé au Musée du Havre, oeuvre d’un peintre français vivant en Argentine, Ferdinand Constant, devant lequel Gabriel et Ariane se retrouvent. Un tableau, une rencontre, deux personnages qu’à priori rien ne lie. Lui est un argentin exilé, il porte les cicatrices d’un passé douloureux. Elle est française, mariée à un diplomate, mère d’une jeune fille Clara. Leur trait d’union sera l’Argentine, pays dans lequel Ariane et son époux ont vécu au plus sombre des années noires, de l’autre côté de la barrière, celui des privilégiés.



Il y a eux. Et il y a l’ombre de Véro, fiancée à Gabriel vingt ans plus tôt, et victime innocente (comme tant d’autres) d’une arrestation arbitraire, d’une détention inhumaine à l’ESMA, et d’une exécution atroce. Véro torturée, assassinée. Véro qui était enceinte. Qui portait l’enfant de Gabriel. Cet enfant qui lui a été arraché, comme tant d’autres .



« Il n’y a plus ni loi, ni espérance. Au fond de son abîme, elle cherche un nom à ces monstres, ces nazis. Ils sont cruels, sanguinaires, inhumains, mais elle ne trouve pas comment les qualifier, il n’y a pas de mot » .



Alors qu’Ariane apprend, par un concours de circonstances que sa fille est un bébé volé, Gabriel part à la recherche de son enfant. Tous deux, unis par un amour puissant, par une évidence que seul le cœur reconnaît, se lancent dans une quête de leurs vérités. Celles-là mêmes qui vous laissent pantois, tant elles vous surprennent, tant le fil conducteur de l’intrigue est savamment mené.



Le roman s’ouvre sur un tableau (on apprendra plus sur son auteur, au fil des pages). Moi, lectrice, j’apparente l’écriture de Frédéric Couderc à une œuvre picturale. Une œuvre au couteau. Pour donner ce relief indispensable à la puissance née d’une ignoble réalité. Un tableau, oui, dont les personnages, tout en nuances, oscillent entre scrupules, peur, colère, envie de vengeance, pardon.



Un tableau avec , à l’arrière-plan, l’horreur. Comme elle est indicible, alors il la suggère. A la perfection. Avec cette retenue qui en fait toute la grandeur. Avec émotion. Avec cette question lancinante sur l’identité qu’il faut construire quand on n’est pas qui on croyait être. Il peint ces femmes qui se battent au nom de la Vérité. Envers et contre tout.



« La vérité n’est pas toujours un soulagement, elle peut te mener à une impasse redoutable »



Aucune pierre ne brise la nuit est une lecture aussi marquante que nécessaire. J’ai beaucoup beaucoup appris. Des horreurs dont je ne soupçonnais pas l’existence. Des ignominies enterrées. Ce lien vomitoire entre l’OAS et le Proceso. L'Algérie comme terre d'apprentissage.



C’est le cœur retourné que j’ai refermé ce splendide plaidoyer pour la Liberté, cette belle histoire d’Amour , que je vous recommande plus que vivement, par ces temps ambiants.



« Certaines rencontres ont l’air programmées, comme si la roue du destin nous téléguidait, mais c’est une illusion Oui, des cascades de coïncidences peuvent profondément changer une vie, peut-être même qu’elles obéissent à leur propre logique, mais inutile de les interpréter. On doit juste se débrouiller avec ça, à l’instinct. »
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Aucune pierre ne brise la nuit

Il y a des romans qui vous touchent plus personnellement, plus intensément. Ce fut le cas pour moi avec le dernier opus de Frédéric COUDERC qui nous offre un récit terriblement romanesque et documenté sur les enfants volés d’ARGENTINE sous la dictature militaire et le combat des Grands-mères de mai.



Une histoire bouleversante et un contexte historique terrifiant qui m’ont captivée.



Ariane et Gabriel contemplent tous les deux la toile d’un grand peintre de BUENOS AIRES lors d’une exposition au HAVRE. Entre le réfugié argentin et la belle quadragénaire, la discussion s’engage et très vite l’attirance naît. Outre leur intérêt pour la peinture, ils partagent leur expérience de la capitale argentine, puisque Ariane, femme de diplomate, a vécu quelques années en tant qu’expatriée dans la mégapole. Gabriel, hanté par la disparition de sa fiancée 20 ans plus tôt sous la dictature de VIDELA, a été bouleversé par cette rencontre furtive mais intense et il provoque à nouveau un rendez-vous inopiné. Ariane sous le charme de ce beau brun, traverse une période difficile, envahie de doutes, elle se confie à lui. Suite à la découverte de documents compromettants concernant l’adoption en ARGENTINE de sa fille, Clara, Ariane soupçonne son mari d’avoir orchestré cette procédure illégale. Très vite, Gabriel et Ariane arrivent à la conclusion que Clara est peut-être une enfant volée d’ARGENTINE et c’est en couple, plus forts que jamais, qu’ils décident de tout révéler à la jeune fille et de partir à BUENOS AIRES pour découvrir ses origines aussi terribles soient elles… Cette quête de vérité fera ressurgir les fantômes et les atrocités du passé pour Gabriel et Ariane.



Frédéric COUDERC réussit le tour de force de nous conter une très belle histoire d’amour sur fond de tragédie humaine qui nous captive et nous bouleverse. Dans les années 70 en ARGENTINE, il nous explique les enjeux du régime militaire, dénonce ses acteurs et n’hésite pas à pointer du doigt la France qui a intrigué sous VIDELA. Impossible de rester insensible au récit macabre des vols de la mort, ces vols pendant lesquels les opposants au régime militaire étaient « balancés » des avions pour voir leur corps se disloquer à leur arrivée au contact de l’océan, impossible de ne pas imaginer les horreurs de la torture que les victimes ont dû endurer avant leur assassinat et enfin impossible de ne pas partager les angoisses d’Ariane à la recherche des origines obscures de sa fille Clara. Surtout lorsque, comme moi, vous êtes mère adoptive d’une princesse venue d’ailleurs.



Mais le roman de Frédéric COUDERC, c’est aussi une rencontre magnifique entre deux solitudes, entre deux âmes en quête, entre Ariane et Gabriel qui se reconnaissent au premier regard et ne pourront vivre l’un sans l’autre jusqu’à la découverte de la vérité pour l’un et pour l’autre, qui deviendront au fil des pages amants et confidents. J’ai aimé leur intimité, leur enquête pour savoir, pour enfin découvrir comment Véro, le premier amour de Gabriel est morte et comment Clara a pu être confiée à l’adoption et dans quelles conditions.



AUCUNE PIERRE NE BRISE LA NUIT a été pour moi une magnifique lecture que je vous invite à partager, un roman sur le deuil, les origines et les barbaries humaines perpétrées par la junte argentine …mais aussi une formidable histoire d’amour !







MYMY


Lien : http://cousineslectures.cana..
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Hors d'atteinte

Horst Shumann. L’un des pires criminels nazi, un médecin tortionnaire jamais inquiété, jamais condamné, qui finira paisiblement ses jours à Hambourg, dans l’impunité la plus totale. Un nom inconnu de Paul Breitner, auteur à succès en quête du sujet de son prochain livre, avant qu’il ne réalise qu’il était pendant des années le voisin de son grand-père. Orphelin, il est très proche du vieil homme et quand ce dernier, après une disparition inquiétante est retrouvé dans un état de sidération, serrant dans ses mains une lettre, il se dit que ce voisinage n’est peut-être pas fortuit. Le début d’une recherche dans son histoire familiale qui le mènera du château de Sonnenstein, à Auschwitz, puis au Ghana,  dans une  enquête glaçante mêlant l’intime et l’Histoire.

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La quête des criminels nazis a souvent fait l’objet de romans. Mais c’est plutôt en popqmOAmérique du Sud que l’on imagine leurs refuges et non en Afrique Occidentale, comme c’est le cas ici. Un épisode méconnu et néanmoins réel, autour duquel s’articule ce récit foisonnant. Sur une base romanesque très réussie, Frédéric Couderc réussit à croiser des faits historiques avérés mettant en lumière les pires atrocités de ce régime et les années troubles de l’après-guerre. Il nous offre ici une plongée dans l’enfer nazi, dont les crimes commencèrent à l’intérieur même de l’Allemagne, en éliminant les déficients mentaux, et il mène une réflexion sur l’impunité, voire les complicités dont ont bénéficié nombre de tortionnaires. C’est effrayant et à la fois déroutant de voir combien la RDA a tourné la page dans les années 60, et combien il était difficile de rouvrir des plaies et de faire resurgir l’horreur quand tout le monde n’aspirait qu’à l’apaisement. Dans ce roman il mêle habilement les temporalités et il interroge sur le rôle de l’écrivain, sur ses marges de manœuvre sur le terreau de la réalité, sur la difficile distance à trouver quand le sujet touche à sa propre histoire.

Pour être tout à fait complète, je dois concéder quelques longueurs, notamment dans la mise en place mais ce roman reste néanmoins captivant et parfaitement maitrisé jusqu’à la toute fin.

A noter, le passage savoureux sur les salons littéraires, ses cabotinages, ses manies. @frederic.couderc, ça sent le vécu 😉
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Je n'ai pas trahi

J'ai trouvé ce roman très différent des autres titres généralement publié chez PKJ. Ici, hormis quelques passages, on croirait lire un roman pour adultes. Cela est sans doute lié à l'aspect historique de l'intrigue, très prononcé. Malgré son intérêt, je ne suis pas parvenue à me plonger dans le roman. J'ai eu du mal à trouver le fil conducteur et à m'attacher aux personnages.
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Le jour se lève et ce n'est pas le tien

2009, Léonard enterre sa mère au cimetière Union City à Long Island selon ses dernières volontés. Malgré un métier prenant, Léonard va au fil de l'histoire ( et grâce à sa femme) chercher à connaître ses origines ainsi que celle de sa mère.

1959, Cuba : Dolorès , dont le père a fait fortune grâce au dictateur Batista, et Camilo, révolutionnaire et protégé de Fidel Castro, vont tomber follement amoureux...



J'ai croisé Frédéric Couderc au salon du livre de Limoges. Le courant passe bien et en peu de temps, il me donne envie de lire tous ses romans. Il m'a fallu choisir. Je lui en ai donc pris 2 dont Le jour se lève et ce n'est pas le tien.



Ce roman a , à priori , tout me plaire : une belle couverture, une double temporalité, un côté historique et une bonne partie de l'action se passe à Cuba, île que je n'ai pourtant jamais visité . Mais j'adore les romans se passant en ce lieu.



Et alors , résultat ? C'est un 10/10, une réussite. J'ai tout aimé dans ce roman : la plume de l'auteur, les personnages, l'histoire .



L'histoire se déroule donc à deux périodes différentes et sur les 3/4 du roman en 2 lieux différents : les États-Unis et Cuba. J'y ai appris certaines choses sur l'histoire de cette île et j'ai découvert Camilo Cienfuegos.



Côté personnage , ils ont chacun leur personnalité et leur caractère. Je me suis beaucoup attaché à Dolorès et Camilo. J'ai adoré leur histoire d'amour et je les ai trouvé émouvants et passionnés. Léonard m'a également ému et j'ai été touché par son professionnalisme.



L'écriture de Frédéric Couderc est fluide et percutante . Le récit m'a embarqué à l'autre bout du monde dès les premières pages.



Vous l'aurez compris. Ce roman m'a passionné et je ne saurai que vous en recommander la lecture
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Hors d'atteinte

La mise en abîme de la construction romanesque de ce beau roman est originale et particulièrement bien adaptée, nous menant dans une enquête à rebondissements, à deux moments de l'histoire post seconde guerre mondiale...

Paul, écrivain de renom, découvre au moment où son oncle âgé Viktor disparaît de son domicile, qu'il ne sait pas grand chose de sa vie et de son passé... C'est ainsi qu'on ouvre le second roman, celui de la quête de Viktor pour retrouver sa jeune soeur pianiste et épileptique, dans l'Allemagne de l'immédiate après guerre...

De fil en aiguille on découvre l'horreur de la "mort miséricordieuse", du programme Aktion T4 mis en oeuvre par les nazis et les médecins de la mort comme Mengele, mais aussi Horst Shumann, moins connu mais tout aussi abominable, dont les actes d'une incommensurable abjection n'ont pas été punis par les tribunaux d'après guerre!

Viktor est une énigme que Paul va essayer de décrypter malgré le mutisme post traumatique de ce dernier. Dès lors, le lecteur est embarqué dans une enquête complexe qui le mène de Hambourg dévastée au Ghana où le médecin nazi tortionnaire s'est réfugié.

Extrêmement bien documenté, l'auteur mêle habilement la réalité et la fiction pour faire vivre de l'intérieur la tragédie des programmes de purification de la race menée par les nazis avant guerre sur les malades et les handicapés, les expérimentations médicales atroces dans les camps de Birkenau et Ravensbruck, et l'impunité organisée de ces criminels...

Frédéric Couderc manipule avec dextérité l'enquête historique, étayée et documentée, le rôle trouble des Américains et de la Russie, la fiction qu'il agrémente d'éléments romanesques crédibles , et les éléments de compréhension de faits historiques restés méconnus ou volontairement passés sous silence. C'est très bien fait et ça donne un roman riche, copieux, foisonnant, passionnant, instructif, jamais ennuyeux même si on peut regretter des longueurs dans la dernière partie, comme si l'auteur semblait avoir du mal à quitter ses personnages et regrettait devoir conclure...Ce qu'on lui pardonne aisément tant ce travail d'enquête a dû être complexe et immersif.

Très beau roman qu'on peut qualifier d'historique, pleins d'informations souvent méconnues sur la géopolitique post seconde guerre mondiale, à ne pas rater.





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Un été blanc et noir

Ce beau roman, bien écrit, plonge le lecteur au cœur de l'apartheid et de la culture afrikaner de l'Afrique du Sud à travers le destin d'une jeune parisienne nommée comme professeure de français à l'université du Cap.

Le roman mêle adroitement l'histoire complexe de ce pays, le contexte ségrégationniste de cette société inégalitaire que l'auteur décrit avec talent et nuances et la romance que va vivre l'héroïne. On se laisse embarquer dans cette histoire au scénario improbable et on est tenu en haleine jusqu'au bout malgré la happy end qui ma foi, est bienvenue.

J'ai beaucoup aimé.
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Le jour se lève et ce n'est pas le tien

Coup de cœur pour ce roman de Frédéric Couderc



A travers une trame policière et romanesque parfaitement maîtrisée, l’auteur nous propose une analyse politique et sociale de Cuba, et plus particulièrement des arcanes du régime castriste en 1959 mais aussi de la situation cubaine en 2009.



Littéralement scotchée par l’histoire, je n’ai refermé le livre qu’à la dernière page. Pour immédiatement, rechercher sur internet les infos me permettant de satisfaire ma curiosité aiguisée par ce personnage central de Camilo Cienfuegos, que je découvrais. Numéro deux de la « Revolucion » à l’égal du Ché.



Que demander de plus à un livre ? Le plaisir d’aller au bout d’une histoire pleine de rebondissements, et la compréhension d’un état dont mes connaissances étaient plutôt primaire. Je suis admirative de cette belle réussite : un vrai talent d’écrivain et une réelle expertise d’un état complexe et torturé.



Quelques mots pour situer le récit où deux périodes vont se croiser.

New-York 2009 – Léonard, enterre sa mère Dora Parker dans le cimetière cubain du Bronx. Pourquoi Dora a-t-elle choisi ce lieu ? Qui est son père ?

Sa mère célibataire a toujours été terriblement secrète sur son passé.



La Havane 1959 – Le journal de Dora ( Dolorès) reprend les évènements de sa vie au jour le jour. Ses parents proches du dictateur Batista, sa passion partagée avec Camilo Cienfuegos. Un héros de légende, idéaliste, généreux et courageux. Ils s’aiment passionnément dans les tumultes et les difficultés de La Revolucion



On apprend aussi à mieux connaître Léonard. Un obstétricien engagé envers ses patientes. Il consacre une partie de sa vie au planning familial, contesté violemment par les activistes de Pro-life. Agressé par ces derniers, il plonge dans le coma.

Sa convalescence va être la source de multiples interrogations. Enfouir le passé, comme le suggère sa femme ou chercher ses sources et les comprendre ?

« Qu’est ce qui nous empêche d’aller voir et de régler son compte au passé si tout est là, à portée de connexions entre neurones ? A nous protéger ? Le cerveau enfouirait-il des scènes douloureuses dans les tréfonds de la mémoire pour nous permettre d’avancer cahin-caha sur le chemin de l’existence ? »



Léonard se sépare de sa femme, de ses enfants et part pour la Havane à la recherche de son histoire, de la vérité et de son père. A priori, il s’agit de Camilo Cienfuegos. Cette quête ne sera pas sans risques.



Les thèmes traités sont riches :

- La quête d’identité, vitale pour comprendre et poursuivre sa vie.

- La figure de Camilo

« Camilo n’aurait jamais accepté une révolution communiste, l’alliance avec l’URSS qui se profilait. On l’a appelé « le Christ des humbles », rappelez-vous. (…) Vu son tempérament, jamais Camilo n’aurait laissé la révolution trahir son idéal démocratique ».

- Et surtout les luttes intestines et cruelles entre les dirigeants de la Revolucion, et ce qu’il en a résulté. Un constat d’échec de la Revolucion, parfaitement exprimée par un cubain en contact avec léonard :

« La vérité ? Mais tu es tombé dans le mauvais pays, companero. Ceux de ma génération ont été trompés depuis le berceau. (…) on a vécu dans les restrictions et les frustrations, payés en malheureux pesos officiels. Mais le pire, tu vois, ce sont les mensonges. J’ai grandi sans la moindre idée des massacres de Staline, sans même imaginer les trahisons de l’internationalisme prolétarien, les persécutions partout dans les régimes communistes... Nous sommes des ignorants et toi, tu veux la vérité ?

J’ai beaucoup aimé aussi l’utilisation de l’espagnol dans le récit qui l’ancre encore plus dans la réalité.



Une écriture précise et juste, des personnages bien campés, une meilleure compréhension de Cuba, avec le plaisir d’une intrigue et d’un amour passionnel.

Une vraie réussite !




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Hors d'atteinte

Comment réagir lorsque l’on se rend compte que son grand-père est mêlé aux exactions des nazis durant la dernière guerre mondiale ?



C’est ce qui arrive à Paul Breitner, écrivain allemand à succès, en constatant que son aïeul a subitement quitté sa maison après avoir reçu une lettre en provenance des Etats Unis. Alors que lui-même éprouve une certaine difficulté pour présenter son dernier manuscrit à son éditrice, il saisit l’opportunité de ce fil d’Ariane pour d’une part, comprendre pourquoi son « Opa » à disparu et d’autre part, fouiller le passé de son grand-père, ce dernier étant toujours resté très silencieux sur ce sujet. Il choisit donc de raconter la jeunesse et la vie de son papy, Viktor, non pas durant la guerre mais dans cette après-guerre qui a vu tant de bouleversements en Allemagne mais aussi dans toute l’Europe.



C’est ainsi que va apparaître Hors Schumann, médecin et commandant SS, désigné comme criminel de guerre en 1946, mais jamais condamné. Il a participé activement à l’extermination d’un grand nombre de handicapés, le programme Aktion T4, au nom d’une pseudo-théorie darwiniste, et par la suite, s’est illustré dans les camps de concentration en procédant à des expériences de stérilisation sur les hommes et les femmes internés.



C’est un roman. Même si Horst Schumann a bien existé et si la majorité des faits et gestes de ce SS sont vrais, Frédéric Couderc précise dans son avant-propos que « les choses ont pu se dérouler ainsi, ou (un peu) autrement. »



C’est un roman mais aussi trois livres différents et un fil rouge.

Il y a le travail de l’écrivain, sa recherche de la vérité historique, ses doutes sur la sincérité de ses écrits. On suit à ses côtés, sa progression et son travail de recherche dans les différentes archives accessibles aux historiens.



Avec beaucoup d’humour, Frédéric Couderc nous entraîne dans les méandres de la création. Sans oublier d’être critique sur le travail d’écriture et l’image de l’écrivain - page 86 : « j’ai très vite identifié le premier des mérites que l’on accorde aux gens de plume : délimiter une seigneurie tournée sur son nombril. (…) Autrement dit, je suis très fort pour me comporter comme un bel égoïste. ». Mais un romancier n’est pas un historien et Paul se rendra compte que son imagination a supplanté la vérité historique.



Il y a l’après-guerre en Allemagne. La presque impossibilité de punir tous les responsables nazis, pour des raisons économiques, pour permettre une reconstruction plus rapide du pays, pour gommer de la mémoire collective, le plus vite possible, cette période génocidaire.

Il y a l’existence de Viktor, chamboulée après les horreurs de la guerre, et qui la passera à vouloir assouvir une vengeance qui l’empêchera de vivre pleinement sa vie.

Il y a enfin, une histoire d’amour, bien sûr contrariée…



Frédéric Couderc a fait un énorme travail de recherche historique pour écrire son roman. Nous apprenons toujours quelque chose au fil des pages. Les ventes aux enchères des objets spoliés en Allemagne et dans toute l’Europe occupée, la dureté de la vie dans une ville comme Hambourg, rayée de la carte à la fin de la guerre, la manière dont certains nazis sont passés entre les mailles du filet, pour se réfugier en Amérique Latine ou en Afrique.

Mais le plus étonnant, c’est cette « omerta » mise en place officiellement après le procès de Nuremberg, comme si, une fois le procès terminé, il fallait passer à autre chose. Mais, n’accablons pas l’Allemagne, et souvenons-nous qu’en France, toutes les autorités judiciaires et policières ont continué de fonctionner avec les mêmes personnes, avant, pendant et après le régime de Vichy.



C’est un excellent roman historique, qui mériterait d’être plus mis en valeur. Il a le mérite de parler de cette période grise de l’après-guerre, et rappelle les ouvrages de Philip Kerr sur la même époque.

Grâce à une écriture fluide et intelligente et malgré ses cinq cent pages, le lecteur ne lâche pas l’histoire. Il navigue entre l’Allemagne et le Ghana, entre les années quarante, les années soixante et la période contemporaine avec facilité.



Loin d’être hors d’atteinte, ce livre vous emmène au cœur de sa cible !



Chronique établie par Gérard G

Lu dans le cadre du prix Orange 2023.


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Hors d'atteinte

2018, Paul Breitner, écrivain reconnu, rend visite à son grand-père toutes les semaines. Leur petit rituel du dimanche tourne court lorsqu'il se rend compte que son grand-père a disparu. Où est Viktor? Et quel lien entretient-il avec cet ancien voisin,Horst Schumann, ancien nazi ayant exterminé des milliers de personnes pendant la guerre, et surveillé jadis par la police? Parti à la recherche de son grand-père et de ce qu'il lui cache, Paul décide que ce sera le sujet de son prochain roman.



En 1947, alors qu'il erre dans sa ville en ruines après la guerre, Viktor rencontre Nina, dont il tombe amoureux. Leurs parents ont été tués lors du bombardement de la ville et ils partagent tous les deux la même peine. Avant cela Viktor a perdu sa sœur Vera, pianiste virtuose malgré son très jeune âge, en 1942. Victime de crises d'épilepsie, les médecins l'ont envoyée à Sonnenstein, un établissement qui traitait les malades mentaux et les handicapés. Elle n'y survivra pas et succombera du typhus, laissant une peine immense dans le cœur de Viktor.Mais un jour, alors qu'il fait des échanges avec un trafiquant de cigarettes et de papiers que Nina lui a présenté, il tombe sur une partition ayant appartenu à sa sœur. Le cœur et l'esprit en ébullition, Viktor décide de partir à la recherche du piano qui accompagnait ses partitions. Il ne sait pas à ce moment-là qu'il va mettre le doigt sur quelque chose qui dépasse tout ce qu'il aurait pu imaginer.

Nous plongeons ainsi dans une enquête haletante et trépidante, dans une double temporalité, nous emmenant de Hambourg au Ghana, des années 40 aux années 2020.Nous suivons tour à tour Paul à travers son enquête historique et l'écriture de son roman, puis Viktor tout au long de sa vie, être brisé mais combattant ayant dans le cœur à jamais les visages de Vera, sa sœur et Nina, la jeune fille qu'il a aimée.Malgré plus de 400 pages, j'ai lu ce roman très vite tellement j'ai été happée par cette histoire, bien écrite, très documentée et digne des plus grands romans d'espionnage.J'ai été stupéfaite devant l'histoire de ce personnage ignoble qu'est Horst Schumann. Ce roman historique et policier m'a tenue en haleine du début à la fin et je ne peux que vous le conseiller si vous souhaitez passer un moment hors du temps, dans les méandres  de la seconde guerre mondiale et des monstres qui ont créé la "mort miséricordieuse".

J'ai également beaucoup aimé les réflexions sur le travail d'écriture et le rôle de l'auteur, les questionnements sur où s'arrête le vraisemblable et le possible, sur comment transformer un personnage réel en personnage de fiction et quelle liberté peut prendre un auteur avec le mensonge et l'invention.
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Je n'ai pas trahi

Un roman qui m a beaucoup intetesse au debut mais l histoire traine un peu

Le roman est constitue de chapitres qui alternent un chapitre sur ce qui s est passe en 1944 un autre de nos jours

Ce roman nous raconte la persecution juive en 1944 et la vendetta corse actuelle qui dans ce roman est une vengeance

Ce roman est un peu policier il y a une enquete mais pas beaucoup de suspens.
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