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Critiques de Gaëtan Brizzi (107)
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Don Quichotte de la Manche

Le Don Quichotte des Brizzi : Deux As et La Manche



Après « L’Enfer » (Al Dante !), « La cavale du Docteur Destouches » ou « Les Contes drolatiques », les frères Brizzi nous offrent un nouveau chef-d’œuvre (non ? Si !) avec cette illustration du plus célèbre roman espagnol : "Don Quichotte de la Manche", de Cervantes.



Une des difficultés de ce type d’adaptation est que tout le monde a une vague idée du personnage et de ses faits d’armes, mais que peu d’entre nous ont réellement lu cette œuvre riche et complexe, composée de plusieurs parties et mêlant aventures et réflexions politique et philosophique, le tout dans un style novateur pour l’époque (17ème siècle).



Les Brizzi franchissent ce premier écueil les doigts dans le nez, en proposant au prix obligatoire de coupes, un récit assez linéaire et vivant, agrémenté de traductions graphiques des visions fantasmées du héros emporté par son imagination livresque.



Un résumé parfait.



Les aventures de Don Quichotte sont racontées par des villageois dont un curé, qui l'ont connu. Le récit est tendre et compatissant envers la folie du fantasque hidalgo.

Sancho Panza occupe lui aussi une place appréciable. Il n'est jamais réellement tourné en ridicule, apparaissant davantage comme un brave homme qui accepte par gentillesse et humanité (et aussi un peu pour fuir sa femme !), de partager le délire innofensif de son maître.



A ce stade, on pourrait déjà s’estimer content.



Mais ce bel objet (24,5 cm x 34, 200 pages pour 1,4 kg) est également une manifestation époustouflante du talent de dessinateurs des jumeaux. Dans la préface, ils expliquent que pour cet album, leur trait s’était libéré un peu, laissant place à davantage de spontanéité, pour verser davantage dans le pittoresque et la caricature seyant à cette histoire.



Et en effet, le dessin pousse un peu plus loin le « relâchement » déjà perceptible dans « Les Contes drolatiques », qui les conduisait du côté de Dubout. A tel point qu’on a parfois le sentiment d’avoir affaire à des esquisses (mais tellement abouties !), d’autant plus qu’il ne s’agit pas d’une bande dessinée classique avec le gaufrier immuable, mais d’un assemblage de vignettes sans cadres, sans bulles tout en restant très ordonné.

Le récit offre parfois des envolées pleine-page, voire en double-page, en N&B la plupart du temps, exceptées les « visions », traduites en couleurs.



Une démonstration ébouriffante de ce qu'il est possible de faire aux crayons et au fusain.



Bref, il s’agit d’un album hors-normes qui enorgueillira toute bédéthèque qui se respecte. A ce niveau, c’est une œuvre d’art et on ne sera donc pas étonné qu’elle soit publiée chez Daniel Maghen.



Une seule réserve personnelle : j'aurais apprécié que le visage de Don Quichotte soit moins ingrat.
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L'Enfer de Dante

Si la qualité graphique est bien au rendez-vous, j'avoue être déçue par le scénario proposé... Celui-ci ne rend pas toute la richesse de l'oeuvre de Dante, même si je suis bien consciente que c'est impossible de le faire parfaitement, mais cela manque à mon sens de "rencontres" comme avec le Comte Ugolin. La rencontre avec Paolo et Francesca par exemple, l'un des plus beaux passages de l'Enfer, n'est pas reprise dans cette adaptation. On se perd aussi pas mal d'un cercle à l'autre... Dommage...
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Don Quichotte de la Manche

Club N°56 : BD sélectionnée ❤️

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Découvert avec leur adaptation de l'Enfer de Dante, les Brizzi adaptent un autre classique de la littérature avec l’œuvre folle et dense de Cervantès.



Un condensé donc pour cette BD où le trait des deux frères impressionnent toujours autant dans son noir et blanc mais cette-fois ci également dans la couleur avec ces tons soleil et bleu.



C'est encore une très belle réussite.



Alonso Quichano trouve ici un superbe écrin...



Greg

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Coup de coeur pour cette adaptation de Don Quichotte.



Après Dante une nouvelle réussite des frères Brizzi avec des dessins encore une fois à couper le souffle.



Sam

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Magnifiques dessins.



Les expressions et les gestes parlent autant que le texte.



JF

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Don Quichotte remis dans un contexte plus social, en vieillard dérangé mais attachant dans ses délires.



Le dessin est somptueux.



Très belle BD.

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Magnifique adaptation de ce classique.



Les crayonnés en noir et blanc des frères Brizzi, sublimes, participent à cette totale réussite.



Wild57

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Drôle et enlevé, j'ai beaucoup aimé le parti pris du noir et blanc et de la couleur...



Très réussi, même un cran au-dessus du Dante...



Vincent

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Revu et dessiné par les Brizzi, très belle version du texte picaresque !



Benoit

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Don Quichotte revu et corrigé par les frères Brizzi : du grand art et beaucoup d'humour !



Xel

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Lien : https://mediatheque.lannion...
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Don Quichotte de la Manche

Rendre le monde meilleur.

Gentilhomme désargenté d’une région aride et ventée d’Espagne, Alonso Quichano prend le nom de Don Quichotte de la Manche, endosse une armure rapiécée, enfourche Rossinante, son canasson fourbu, enrôle le laboureur replet Sancho Panza comme écuyer monté sur son âne Grison et s’élance dans le vide du haut plateau castillan à la recherche de faits d’armes, de renommée, de torts à redresser, dans la plus pure tradition chevaleresque médiévale dont sa cabeza est farcie. Amour, justice et liberté sont les idéaux infrangibles du généreux hidalgo. Maquillant sans cesse la réalité triviale de visions fantasmagoriques, Don Quichotte n’abdique jamais. Il magnifie le misérable quotidien et fait d’une auberge de campagne un château merveilleux, d’une grange une splendide chapelle où il sera adoubé chevalier par le tenancier goguenard. Il transfigure une gardienne d’oie en madone et transforme des moulins à vent en géants à combattre. Les épisodes se succèdent et les exploits dérisoires s’enchaînent, souvent au détriment du bonhomme avec force bastonnade et humiliation à la clé qu’il ne semble ni ressentir ni voir.

Ce roman exceptionnel, d’une folle modernité, d’une truculence effrénée, drôle et pathétique comme la vie, tragi-comique comme au théâtre mais sans heureux dénouement à la fin, est ici adapté avec un brio époustouflant par les frères Brizzi. Les crayonnés, à la fois échevelés et précis, apportent une vivacité et une vitalité exceptionnelles à une bande dessinée hors case bien que les images délivrées du cadre déroulent une histoire cohérente et lisible. Les visions du Quichotte sont colorées et s’intercalent dans la réalité grisée en noir et blanc. Le combat contre les moulins à vent est un moment de bravoure pour l’impétueux hidalgo ainsi que pour les auteurs. Le lecteur ne peut que frémir de peur, éprouvant une empathie sans limite pour un homme ainsi ballotté par l’existence, emporté dans l’immense rotation des ailes entoilées lorsque c’est Pancho qui regarde ou luttant à la lance contre de gigantesques golems d’argile quand c’est Don Quichotte qui voit. La chute finale a lieu dans un trou où s’engouffre Pancho à son corps défendant. Don Quichotte descend secourir son écuyer et ami. Ce qu’il découvre au fond du trou l’expédie dans un précipice sans fond. La fin de l’histoire est poignante et la force expressive du visage de Pancho quand Don Quichotte l’appelle dans un dernier souffle est inoubliable. L’œuvre de Cervantes jugée inadaptable trouve ici une nouvelle vigueur sous les crayons et les fusains enchantés des frères Brizzi.
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Les contes drolatiques

Vous ne connaissez peut-être pas les contes drolatiques de Balzac, une trentaine d'historiettes satiriques écrites à partir de 1832. Vous avez donc l'opportunité d'en découvrir 4 dans cette bande dessinée.

"La belle imperia" qui raconte la passion d'un Morillon pour une belle fille de petite vertu .

"Le péché veniel" où la jolie Blanche souhaite ardemment un enfant que ne peut lui donner son mari.

"L'héritier du diable" qui raconte comment deux fils reluque l'héritage d'un homme qui résiste à l'âge.

" la connétable " où les déboires d'une femme mariée et de son amant.

Satyre de la la bourgeoisie du moyen-âge de la Touraine, ces petits contes à la morale un peu douteuse sont décalés par rapport aux récits plus sérieux de Balzac. L'adaptation BD est réussie.



Le dessin est un très beau crayonné sépia. Il est expressif et traduit bien le ton un peu lestes de ces contes.
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La cavale du Dr Destouches

Cet album au format imposant propose de suivre les pas de l’écrivain Céline en 1944 lorsqu’il décide de quitter Paris bombardé, avec sa femme Lucette et son fameux chat Bébert. L’équipage se dirige vers le Danemark, en traversant l’Allemagne, Berlin puis direction Sigmaringen où toute une communauté française de collabos s’est rassemblée, avec notamment Robert le Vigan, qui a déserté le tournage des enfants du Paradis…



Féru de littérature célinienne, le comédien Christophe Malavoy a signé le scénario et est l’initiateur de ce projet. Les frères Paul et Gaëtan Brizzi ont dessiné les planches de cette BD haute en couleurs, et ce malgré des dessins très expressifs en noir et blanc, qui semblent tout droit sortis d’un film d’animation, la spécialité des Brizzi.



On ne se lasse pas de contempler les visages des personnages, souvent déformés par moult émotions, la peur, la surprise, la gaîté, la folie... Les frères Brizzi ont opté pour des traits proches de la caricature et vu le contexte historique, c’est un très bon choix, car cela renvoie à toute la propagande de l’époque. Pour traduire l'univers si particulier de Céline, le burlesque des personnages de cette cavale dégouline à toutes les pages. Le docteur Destouches rencontre en effet sur sa route pas mal de mines patibulaires, toutes plus ridicules les unes que les autres. D’ailleurs, une des scènes les plus burlesques est l’arrivée du docteur Destouches chez le comte Von Leiden. A moins que ce ne soit la découverte de la colonie de Sigmaringen, dans le sud de l’Allemagne, véritable repaire de collabos…



Le scénario est un régal, un festival de bons mots, où la truculence des dialogues le dispute à la folie ambiante. Christophe Malavoy semble s’être régalé, les fins connaisseurs de l’œuvre de Céline devraient apprécier (Eric je pense que tu vas aimer !). Céline a écrit une trilogie sur cet épisode personnel : D’un château l’autre, Nord et Rigodon. Christophe Malavoy reprend des passages de ces œuvres, mais aussi de Mort à crédit ainsi que des passages de sa correspondance.



En jetant un coup d’œil sur les planches de ce curieux album, entre biographie dessinée et adaptation littéraire, j’ai l’impression que certains dessins vont s’animer tant le découpage des actions est rondement mené, d’ailleurs en lisant une interview des frères Brizzi on comprend que la BD est quasiment un story-board car au départ ce devait être un film d’animation.



Du très beau travail, qui donne sacrément envie de lire Céline, d’approcher cette prose noire et en même temps si forte, drôle de mélange dont nous avons un aperçu ici. Ce peut être aussi l’occasion de réviser notre jugement sur cet écrivain décrié -à raison- pour ses positions extrémistes. La BD redore un peu son blason, en le montrant certes misanthrope mais aussi humaniste, notamment lorsqu’il soigne sans rechigner ses prochains.


Lien : http://blogs.lexpress.fr/les..
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Don Quichotte de la Manche

Paul et Gaetan Brizzi ont réussi brillamment leur adaptation de l'histoire légendaire de Don Quichotte de Cervantès en offrant un regard nouveau et rafraîchissant sur ce célèbre chevalier à travers le point de vue du curé de la paroisse. Le choix de raconter l'histoire depuis cette perspective donne une dimension différente à cette épopée classique.

L'idée de présenter Don Quichotte à travers des personnages essayant de le ramener à la réalité tout en conservant l'humour et la farce inhérente à l'histoire est une approche intéressante. Cette vision plus tendre et compréhensive du fou en quête de gloire que représente Don Quichotte ajoute une profondeur émotionnelle au récit.

La qualité artistique de la bande dessinée semble être à la hauteur de l'histoire. Les choix graphiques, avec des personnages caricaturaux et un dessin au crayon vivant et précis, apportent une dimension visuelle captivante à l'œuvre. La façon dont la couleur est utilisée ajoute une autre couche d'expression artistique à l'ensemble.

Il est rafraîchissant de voir que les auteurs se sont amusés à travailler sur ce projet, et que cette joie se ressent à travers leur travail.

Cette bande dessinée offre une nouvelle perspective sur une histoire classique tout en mettant en valeur le talent artistique des Frères Brizzi. Cela montre leur virtuosité et leur capacité à captiver les lecteurs avec une adaptation à la fois fidèle et innovante. Une vraie réussite !

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La cavale du Dr Destouches

Le comédien Christophe Malavoy a écrit le scénario de cette BD sur Céline et la fin de la guerre.

Inspirée de la "trilogie allemande" (D'un château l'autre, Nord et Rigodon), elle offre un portrait nuancé de Céline qui, rappelle Malavoy, était antisémite mais soignait avec humanité tous ses patients.

Etait collabo mais nourrissait une haine féroce envers les Allemands.



Cela donne une oeuvre noire, presque violente (les dessins au noir et blanc très contrasté y sont pour beaucoup), parfois caricaturale, qui laisse une impression mitigée.

On y ressent bien la folie de la fin de la guerre, avec la fuite des collabos vers l'Allemagne (Céline, sa femme, leur chat, l'acteur Robert le Vigan), et l'ambiance de fin du monde qui s'en dégage.

On ne peut pas oublier l'étonnant "Voyage au bout de la nuit".

Mais on ne peut pas non plus oublier la violence des propos de Céline justement dans cette trilogie (dont, je l'avoue, je n'ai lu que les extraits les plus connus).

Et justement Malavoy ne rapporte pas les propos les plus haineux, il donne une dimension plus humaniste à Céline.



Voilà donc une BD entre biographie et adaptation littéraire, qui peut faire polémique, en tout cas qui ouvre à la discussion, mais qui, grâce à ses dessins étonnants, est à mon avis très intéressante.

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Double assassinat dans la rue Morgue

Il faut un certain temps, à la lecture, aux écrits de ces nouvelles particulièrement abondantes de détails et de pensées.



La première enquête est joliment entamée par l’ascension d’un escalier d’un immeuble Parisien et ses divers voisins ou locataires en faire la description. Des cris, des voix, une dispute ? On défonce la porte, une pagaille, des meubles renversés, on cherche en vain des personnes et en regardant bien, on découvre dans l’âtre et le conduit de la cheminée, le corps d’une jeune fille coincée. Morte … de la fenêtre, on peut voir le corps démembré de la mère.

Une enquête s’impose, des indices, très peu. Un carnage fait à la lame de rasoir. Auguste Dupin, jeune détective mène l’enquête. Il sera accompagné de son acolyte bedonnant. La réflexion, les indices et les coupures de presse le mène à une conclusion délirante de ce double assassinat dans la rue Morgue.



La seconde nouvelle, c’est le moment ou un patient est sur le point de mourir, il sera aidé par un médecin qui le met sous hypnose un peu trop longtemps… le cas de M. Valdemar.



La dernière, un homme s’est installé dans une des chambres d’une tour du château. Les murs sont remplis de tableaux de portraits. Il est allongé et lit pendant de longues heures à la lumière des bougies. Il fut attiré un court instant par un portrait ovale d’une ravissante jeune fille.



Ces histoires sont illustrées par les dessins précis et somptueux des frères Brizzi. Des pleines pages ou des détails. C’est un plaisir de parcourir ce livre accompagné de leurs références visuelles.



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L'Enfer de Dante

L'enfer est pavé de bonnes intentions,... Maintenant il est tapissé de belles illustrations...



Il n'est pas simple de marcher dans les traces laissées par Sandro Botticelli le premier à avoir illustré la Divine Comédie, qui a d'ailleurs inscrit dans notre inconscient collectif cette carte de l'enfer en forme de cône inversé ou d'entonnoir ;

Il est loin d'être aisé de suivre les pas de Gustave Doré qui réalisa en son temps 136 sublimes illustrations de la Divine Comédie, dont certaines sont également passées à la postérité ;

Il peut être compliqué de se frotter aux illustrations qu'à pu faire William Blake à la fin de sa vie et qui disait "l'imagination n'est pas un état : c'est l'existence toute entière" ;

Il faut savoir faire fi des 100 aquarelles réalisées par Salvador Dali en 1950, pour une commande qui sera finalement annulée ;

Il faut pouvoir s'affranchir des sublimes illustrations plus récentes de ce poème par Lorenzo Matteotti, et de celles peut-être moins réussies (c'est subjectif) du plasticien Miquel Barcelo....



Bref illustrer la Divine Comédie est une gageure, pour ne pas dire entrer dans une forêt obscure et pour citer les premiers vers du Chant III "« Par moi on va dans la cité dolente, par moi on va dans l’éternelle douleur, par moi on va parmi la gent perdue. Justice a mû mon sublime artisan, puissance divine m’a faite,et la haute sagesse et le premier amour. Avant moi rien n’a jamais été créé qui ne soit éternel, et moi je dure éternellement. Vous qui entrez laissez toute espérance. » Ces paroles de couleur sombre, je les vis écrites au-dessus d’une porte" (traduction Jacqueline Risset).



Comme un pied de nez cet ouvrage commence par une dédicace de l'éditeur aux auteurs : "Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait." Mark Twain

Et quelle RÉUSSITE, voilà mon premier gros coup de cœur de l'année, mon premier 6 étoiles..

Et comme ce magnifique ouvrage débute par un "avertissement", une fois n'est pas coutume, je vais donner à cette critique une forme épistolaire :



Messieurs Paul et Gaetan Brizzi,



Je me permets en toute modestie de m'adresser à vous.

Peut-être me lirez-vous, insidieusement je l'espère....

Peut-être cette "lettre" restera lettre-morte, inconsciemment je ne le souhaite pas.....

Peut-être, et sûrement, cette lettre sera-t-elle lue par de futurs lecteurs, et je l'espère tant votre travail mérite d'être récompensé, tant votre ouvrage ouvre la voie de ce poème au plus grand nombre.



Alors certes, on pourra me renvoyer un certain manque d'objectivité, tant pour moi la Divine Comédie est le chef d'œuvre absolu, mon livre de chevet, dont je dispose en de nombreuses éditions toutes différentes tant ce poème écrit au XIVe siècle est d'une telle richesse, d'une telle subtilité.

Alors j'en convient ce n'est pas un texte qui se apprivoiser si facilement. Il nécessite un réel effort de contextualisation. Il nécessite d'avoir certaines connaissances historiques, mythologiques, théologiques, philosophiques, je m'arrête là avec les mots en iques (je me permettrai une autre litanie d'adjectifs concernant votre travail).

Mais ce poème tant par sa densité, sa profondeur, son atmosphère, sa lumière toute en nuance de sombre pour l'Enfer, son émotion ne peut s'affranchir de représentation qu'elles soient mentales ou physiques.



Je me permets de vous citer : "Nous avons alors préféré ne pas nous décider avant, d'une part, de nous être familiarisés, bien évidemment, avec l'œuvre elle-même, et, d'autre part, avant d'avoir réfléchi à la forme que notre travail pouvait prendre. De toute évidence, il nous fallait envisager une approche de vulgarisation. Faire un livre pour un vaste public au risque de s'aliéner le milieu intellectuel. Bref, rester humbles, mais veiller, aussi et surtout, à ne pas trahir l'esprit du génie italien."

Et bien on ressent cette appropriation, et cette retranscription dans ce que vous appelez travail de vulgarisation. C'est extrêmement bien réussi. Le récit n'a rien perdu de son côté onirique et vous avez réussi à y insuffler un je ne sais quoi qui le rend accessible tout en conservant son côté érudit.

Et c'est bien tout ce qui fait le charme et la qualité de votre ouvrage, on est en permanence sur un fil invisible entre BD et illustration. Et quelles illustrations !!!

La couverture à elle seule est juste magnifique ;

L'arrivée devant les portes de la cité de Ditè la ville dolente est imposante ;

La source du Phlégéthon tonitruante ;

Toutes les enceintes sont majestueuses ;

La tour à degrés vertigineuse ;

La porte de l'Enfer inquiétante ;



Et mention spéciale pour le visage de Dante qui retranscrit à merveille les sentiments qu'il traverse au long de son périple, vous avez sublimement "animé" ce visage que généralement on connaît très austère sur les représentations que nous avons de lui.



Vous avez réussi cette symbiose parfaite entre illustration et BD, on est constamment sur ce jeu d'équilibriste entre ces deux disciplines un peu comme Dante est Virgile en equilibre sur cette corniche....

Chaque "vignette ou case" pouvant être extraite de votre ouvrage et devenir une image à elle seule, une petite œuvre d'art que l'on sent travaillée, voire ciselée.



Soyez rassurés vous avez relevé ce "défi" avec brio, vous avez réussi l'impossible et soyez-en remerciés pour la qualité de vos dessins, la fluidité de la lecture, l'enchaînement des pages avec et sans dialogues, etc...

Vous n'avez rien à envier à vos illustres prédécesseurs....



Alors chers auteurs, si Olivier Souillé, directeur de la galerie Daniel Maghen vous propose de faire de même avec le Purgatoire et le Paradis, n'hésitez pas. Et si cela ne se fait pas, je refranchirai sans aucune crainte les portes votre Enfer.

Et je termine, ce message en vous assurant de toute mon indulgence (celle que vous demandez en fin d'avertissement), tant votre travail est merveilleux et sublime.

Soyez assurés de mon plus grand respect quant à votre travail, et de mes plus vifs remerciements pour un sublime moment de lecture.



Signé : Aquilon



Purgatoire - Chant IV : "Le poète comprit que j’étais stupéfait de voir le char de la lumière passer entre nous et l’Aquilon."

Purgatoire - Chant XXXII : "Les sept nymphes, autour, faisaient un cloître en cercle, avec ces lumières à la main qui ne redoutent ni l’Autan ni l’Aquilon."



PS : Votre BD de l'Enfer nous emmène au Paradis de l'illustration, sans passer par le Purgatoire contredisant Châteaubriant qui disait : "Le purgatoire surpasse en poésie le ciel et l'enfer, en ce qu'il présente un avenir qui manque aux deux premiers.".

Votre Enfer est un Paradis pour les yeux.
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La cavale du Dr Destouches

Dérangeant et déconcertant !



Un merveilleux roman graphique réalisé par les frères Brizzi. Noir, saturé, hachuré pour mieux retrouver la noirceur de cette époque de seconde guerre. Mes 3 étoiles pour la bd. J’ai apprécié l’insertion du tournage des enfants du paradis.



Quand à l’histoire, cela m’a paru très décousu, trop résumé et en même temps malsain… trop de collabo, ce couple traîne avec lassitude des personnages haut en couleur, des décalages, des bordels en ruine et cela manque cruellement de liant. Je pense qu’il faut lire le roman avant de s’attaquer à la bd mais cela reste mon avis.

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L'Enfer de Dante

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DANTESQUE OU PAS DANTESQUE ?



Le dessin est Dantesque. Le mot est juste pour ça. Tout est à la pointe du crayon Caran d’Ache 2B. Le trait est d’un classicisme absolu. Tout en dégradé estompé. Pas une couleur. Les décors inspirés de la Renaissance italienne sont magistraux. Ne serait ce que pour eux vous devez ouvrir l’album.



Le texte, j’ai beaucoup moins été happé. Parfaitement écrit et en beaux caractères, genre police latine, il n’a pas suivi la somptuosité ambiante. Est ce le texte ou sa traduction originale qui est ainsi ? Est ce une adaptation plutot raccourcie ? J’ai trouvé que c’est moyen et peu intéressant. Pas d’élan poétique, pas de recherche dans le style. .



Devant tant de renommée, cet ouvrage l’ayant plusieurs fois ouvert mais vite abandonné quelque soit la traduction téléchargée, je m’étais fait une joie de pouvoir le lire dans une version à ma portée.



Que nenni. Quelle déception ! Je crois que les deux auteurs ont respecté l’original avec tout leur talent. Et bien ce doit être l’original qui est décevant. C’est comme pour Cervantes et son Don Quichotte. Un immense ennui. Quel intéret, sinon archeologique à lire ces créations hors de leur siècle.



Ma conclusion. L’album doit être lu pour ce que les deux auteurs ont créé, l’Illustration. Pas pour le Dantesque. Le mot ne veut plus rien dire pour moi.









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La cavale du Dr Destouches

Christophe Malavoy, a bien compris la complexité du cas Céline. A travers ce récit de la cavale de Céline en 1944, composé d'après des extraits de plusieurs romans de l'auteur de "Voyage au bout de la nuit". On (re)découvre le contexte de la fin de la guerre, et de la fuite de "l'élite collaboratrice", en pleine déconfiture, et méprisée par les nazis . Le texte est très bien servi par le dessin des frères Brizzi, qui a de la "gueule" et correspond bien à l'ambiance du récit, en outre le choix du noir & blanc est judicieux. En résumé, un album indispensable aux amateurs de L. F Céline, et une lecture instructive pour les autres.
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Don Quichotte de la Manche

C'est vrai que le récit de base est déjà marquant autant par son sujet que son traitement original

On connaît tous son parcours chaotique au cinéma et c'est impression de "malédiction" qui fascine.



Ici, rien de maudit ! Juste une oeuvre d'une puissance littéraire et graphique rare.

Paul et Gaëtant Brizzi se sont emparés de leur sujet avec un respect mais aussi une rigueur absolument démente.

Les dessin, tout au crayonné, sont d'une finesse et d'un détail rare rendant honneur à l'ambiance général du récit .



Une véritable pépite
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La cavale du Dr Destouches

La fuite de Céline à la libération vers l’Allemagne puis le Nord, relatée bien sûr dans D'un château l'autre, Nord et Rigodon. Christophe Malavoy, comédien grand lecteur de l'écriture célinienne et auteur d’excellents livre sur Céline a adapté la trilogie allemande version roman graphique avec le talent des frères Brizzi, les grands du film d'animation français. Pour les amateurs de LFC only!!
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Don Quichotte de la Manche

Que dire de plus que les critiques dithyrambiques écrites avant celle-ci ?



Rien, si ce n'est qu'il ne faut pas hésiter et lire cette merveilleuse adaptation !



Je n'ai pas lu L'enfer de Dante des frères Brizzi sorti en début d'année (autant vous dire que j'ai très hâte de le lire) et je n'ai pas non plus lu le roman d'origine adapté ici... C'est dire à quel point j'aurais pu passer à côté de ce roman graphique.



Et olala, quel régal ! Quel bijou !

Déjà, c'est très accessible même sans avoir lu Don Quichotte, j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre l'intrigue malgré tout.

Et alors visuellement, mais quelle claque ! Quel plaisir ! Et que dire des planches totalement en couleurs ?? C'est magnifique, c'est superbe.



Bref, lisez cette BD !
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L'Enfer de Dante

J’étais très jeune lorsque j’ai lu « La Divine comédie » et, tout en l’ayant beaucoup aimée, je sais que je n’ai pas pu prendre la mesure du chef d’œuvre que je tenais entre mes mains. Si j’espère toujours faire l’acquisition d’une version illustrée par Gustave Doré (1832-1883), en redécouvrir l’Enfer grâce à la création des frères Brizzi était réjouissant ! Bref rappel de l’histoire : écrasé par le poids de ses péchés, Dante s’engage dans une traversée de l’Enfer, du Purgatoire et du Paradis guidé par le poète Virgile puis par la femme qu’il aimait, Béatrice, pour retrouver le chemin de la vertu.



Le gris du dessin permet de beaux jeux de lumière et de textures dans un style plutôt épuré mais qui ne perd pas en théâtralité. Dans les plans larges, les silhouettes sont indéfinies et fantomatiques, mais dès que les visages occupent le centre de l’illustration, leur expressivité et la diversité de leurs émotions nous débordent. Entre bande dessinée et roman graphique, ce livre m’a fait penser aux gravures d’Eugène Delacroix (1798-1863) avec un gigantisme qui évoque aussi l’architecture de nombreuses œuvres modernes de Science Fiction.



C’est avec beaucoup de bonheur que j’ai retrouvé du Füssli (1741-1825) dans le Caron de la page 20, du Goya (1746-1828) dans les limbes de la page 31, "La Ronde du sabbat" (1828) de Louis Boulanger dans le deuxième cercle de l’enfer de la page 42, la "Méduse" (1896) de Lucien Lévy-Dhurmer dans celles de la page 69, "La Vague" (1907) de Carlos Schwabe dans l’ange de la page 76, ou encore Carl Friedrich Lessing (1808-1880) et Caspar David Friedrich (1774-1840) dans les paysages. J’y projette peut-être mes goûts artistiques mais j’étais très heureuse d’y voir toutes ces influences !
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L'Enfer de Dante

C'est un magnifique roman graphique de 160 pages que nous livrent Paul et Gaetan Brizzi.



Des paysages grandioses et abyssaux sont représentés dessinés au graphite (2B ?) au cours des pérégrinations de Dante et son guide Virgile, mandaté pour lui faire franchir les 9 cercles des enfers, afin de ramener à la vie Beatrice, l'Amour du poete. Damnés et bourreaux sont représentés... tres dynamiques !... contrairement aux expressions de peur, colère ou compassion des 2 héros .



Un anachronisme reste à signaler :Dans les premieres pages, le ponte Vecchio est représenté en pierre. Or Il a été reconstruit _ en pierre_ vers 1340 _ Anterieurement, il était en bois

_ et Dante est mort en 1321.



Satan est bien monstrueux, il n'a pas 3 têtes , dévorant sans fin les traitres à l'Eglise ou regicides, mais c'est une digne représentation "gothique flamboyante", facon gravures de Gustave Doré ou Sculpture de Styge de Viollet le Duc.



Donc, pour cette magistrale, impressionnante et relativement fidèle traduction graphique : 4,5/5.

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Les contes drolatiques

Ces contes d’Honoré de Balzac demeurent une satyre de l’époque, trahison, désir, religion bafouée, vice et corruption.

4 histoires bien dévêtues, qui selon moi la première et la quatrième sont des plus drolatiques !

Comme d’habitude les frères Brizzi au dessin se dépassent, rendent cet univers écris en 1832 pleins de légèreté et au contraire laissent de la noirceur de ce siècle de 1414.

Désir, péché, diablerie et jalousie sont au menu de ce grand format ..
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L'automne à Pékin (BD)

J'ai choisi ce livre à la médiathèque pour plusieurs raisons : la qualité du graphisme de la couverture; le fait que ce soit une adaptation d'un roman de Boris Vian et pour le titre (participant a challenge BD 2024, je cherchais une BD se déroulant en Chine). Bien entendu, je ne connaissais pas le roman de Boris Vian.



Pour le challenge, c'est raté car l'histoire ne se déroule absolument pas en Chine (mais en Exopotamie), encore moins en automne. Par contre la couverture résume bien cette histoire un peu loufoque car on y retrouve les différents protagonistes : les deux ingénieurs, leur secrétaire, le curé, le docteur fan d'aéromodélisme, les représentants de la Wacco qui construisent un chemin de fer, l'hôtel partiellement détruit et naturellement le fameux désert d'Exopotamie.



C'est une histoire totalement loufoque. La société Wacco veut construire une ligne de chemin de fer en plein milieu du désert. Pour cela,elle est prête à tout et ne fait pas de sentiment. Le tracé va passer au beau milieu du seul hôtel construit dans le désert. Impossible, impensable de changer le tracé, l'hôtel n'avait qu'à se trouver ailleurs. Il sera donc partiellement détruit.



Idem pour un site archéologique fabuleux. Rien en pourra le préserver de la folie expansionniste de la Wacco. Un site plein de vestiges du passé n'a aucun poids face à la formidable évolution que constitue la ligne de chemin de fer.



C'est du Vian, c'est déjanté, cela vite et les morts violentes se succèdent entraînant une accumulation de cadavres. Certaines morts sont particulièrement violentes.



Certains personnages sont particulièrement truculents. La secrétaire au look sophistiqué n’apparaît même pas comme décalée dans ce contexte désertique. On a même le droit à un prêtre un peu coquin mais qui s'habitue à essayer de prêcher auprès des habitants du désert ou des des travailleurs de la Wacco. Et que dire du docteur passionné d'aéromodélisme ?Sa passion sera fatale à certains.



Le point le plus positif est le graphisme proposé assez original, le dessinateur jouant un peu à Léonard de Vinci avec des essais de sfumato. C'est certes très bien adapté avec les nuages de poussière du désert.



Finalement, c'est une lecture sans prétention qui donne envie de lire le roman de Boris VIan, roman qui fut une de ses premières productions.

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