AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Gaëtan Brizzi (107)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'écume des jours (BD)

♫L'amour est noir ou bleu, il est indécis

Il décide en un jour de toute une vie

Est-ce que tu sais quand il est là, tu sais quelle chance tu as

Tu vivras des heures, à sourire, à pleurer, à te faire des souvenirs

Mais au moment de mourir

Tu n'auras rien à regretter

Les chaleurs de l'été et les neiges de l'hiver peuvent toujours, toujours venir

Je n'aurais jamais trouvé

Un autre conseil à donner

Aime-la

Et garde-la tout auprès de toi

Aime-la

Et garde-la au creux de tes bras♫

LOANE-Reprise du titre de Michel Berger pour le générique de fin du film L'Écume des Jours réalisé par Michel Gondry- 2013 -



DESOLE, MAIS JE VAIS ETRE OBLIGE D'ENCRIER FORT, J'ECOUTE DEUX DISQUES A DONF DE DUKE ELLINGTON EN MEME TEMPS POUR FAIRE JAILLIR DES SONS NOUVEAUX DU CHOC DE DEUX MELODIES ANCIENNES...

oUF, j'ai trouvé le bouton volume et plus je le tourne plus les murs de mon bureau se rapprochent, je lève la tête, la lampe a baissé de 20W ! normal y 'a un musicos qui vient de faire un Canard ET le Donald vient de se choper le Covid. Sûr, demain j'arrête la pilule, et je recommence une expérience existentielle, je vais essayer l'opoponax et le pouvoir des fleurs, recharger mon arrache-coeur avec des bouquets de fleurs...Je suis fatigué, je voudrais me retirer dans un coing, pour finir cette histoire pleins de degoûtations, des bouchers qui écorchent des bébés, je vous en passe et des meilleures

la souris verte qui courait dans l'herbe rouge

ça aurait pu faire aussi un beau titre

pour se jeter dans la gueule d'un chat pitre

Faut que j'attrape le nuage rose de 11 heures un quart

s'il est encore temps j'effeuille son nénuphar,

et je pique un far ( breton ça va de soit .)

pour compenser tout retard.



♫Et si la belle

Se montre encore rebelle

On la fiche dehors

Pour confier son sort

Au frigidaire

À l'efface-poussière

À la cuisinière

Au lit qu'est toujours fait

Au chauffe-savates

Au canon à patates

À l'éventre-tomates

À l'écorche-poulet♫

Complainte du progrès-Boris Vian - 1955 -





Commenter  J’apprécie          11014
La cavale du Dr Destouches

♫Mais non, Céline, ta vie n'est pas perdue

Nous sommes les enfants que tu n'as jamais eus

Il y a longtemps que je le savais

Et je ne l'oublierai jamais♫

Hugues Aufray - 1966 -

---♪----♫-----✍-----🏰-----✍-----♫----♪---





"Parfois ça me remonte à la gorge...

Je ne suis pas si carne qu'on croit...

J'ai honte de ne pas être plus riche en coeur et en tout ...

Un muffle impuissant que je suis...

Ça fait une boule de tendresse, pas facile à passer...

Je juge peut-être les hommes plus vaches, plus bas, qu'ils ne sont vraiment, mais ils sont si méchants !...

On ne peut pas leur faire confiance, ils vous bouffent tout cru !...

...J'ai été con toute ma vie ! J'ai cru ceci, j'ai cru cela...

Ah ! oui ! ....Tous tordus qu'ils sont et ils vous crachent à la gueule quand vous vous approchez trop ! Vicelards avec ça !...Maintenant je m'en fous !...

Ils ne m'ont pas écouté, ils m'ont vomi, volé, spolié, fait le plus de mal possible...

La mort qui est au bout, seule compte...

Pour moi, quand elle viendra, je lui dirai que je suis bien content...Salut la compagnie ! J'ai eu moi aussi des raisons de vivre...vous comprendrez...Je suis lyrique...La petite musique....L'émotion....Les fariboles du coeur...la vie ! vous comprenez ?... La vie ! ...Ah ! J'ai été bien servi, merci ! ...Ça oui ! Vraiment du bon et puis beaucoup de mauvais ! ...Ça aussi, ça me remonte à la gorge...La condition humaine, c'est la souffrance, n'est-ce pas ?...

...Je n'aime pas la souffrance, ni pour moi ni pour les autres...

...Vous comprenez ?..."

Sic P93



Une semaine pour disséquer cette sublime BD

Des heures sur YouTuBe, Wikipédia

La maladie du monde c'est l'insensibilité ...

Tout le reste du Bla-Bla-Bla

De la chiure de sansonnet

L'histoire de celui qui n'a pas réussi à porter un masque,

Un comble pour l'épidémiologiste en cavale qui se casse

Pensée communisante, anarchiste même !

Quelqu'un qui a voulu s'approcher de la vérité humaine

Auf wiedersehen, Lily Marlène

De quel côté du mur

La frontière nous rassure !?

Comme pour la peinture

Peindre les choses cachées derrière les choses

C'est tout un art...

Merci à Mrs Malavoix et Brizzi, de nous avoir illustré

Ce personnage singulier haut en sombres pensées

un illustre Voyage qui ne nuit que celui qui se refuse à croire...



Commenter  J’apprécie          1092
Les contes drolatiques

"La femme des uns sous le corps des autres,

A des soupirs de voluptés,

On s'en fout quand c'est pas la nôtre,

Mais celles des autres..." Serge Gainsbourg.





La ville de Tours et les " Contes drolatiques et( grivois ) d'Honoré de Balzac.

Ma femme infidèle? Cela est impossible!





Dans "La connétable", Armagnac était un peu ... beaucoup con.. connétable et plus habitué à pourfendre ses ennemis que ...sa femme! "La belle comtesse s'énamoura du jeune Savoisy, fils du chambellan Du Roy."

D'un coup, le sang de l'homme ne fit qu'un...tour! Ah, ces...Illusions perdues!





"On se dit que si, c'était la nôtre, là qui se vautre,

On lui ferait passer le goût de recommencer,

Et pour changer d'air, on l'enverrait faire,

Un tour la haut, la haut, tout la haut la haut..."





L'Armagnac à des vapeurs, des soupçons. Il fait garder les entrées et les sorties des poternes du château, afin d'attraper son rival. Que faire?

Tascherelle la lavandière montre tous ses...atours et s'offre au méchant capitaine de garde, afin de sortir prévenir Savoisy.

"Elle se résolut à prendre le soudard par son...euh endroit le plus faible." Pas sa dague, vous le faites exprès ou quoi? Mais une fois sa...lance rabaissée, il refusa le passage à la fille! Il faudrait lui passer sur le corps encore?





Aucune aide aux alentours, après des tours et des détours, la Comtesse con-tourna la difficulté!

Elle va faire croire que "le mélancolique et ténébreux chevalier Julien de Boys Bourredon" est son amant... Elle va faire euh, faire tourner en bourrique son mari.

Fi, que les femmes sont donc sournoises?

Et donc, ...étourdi par la beauté de la Connétable, le chevalier fit sa ritournelle..





Trois autres contes dans la BD: La belle Impéria, le péché véniel et L'héritier du diable", plus le sire Honoré de Balzac, ( ventru et coquin: des seins, des cuisses nues, des...quel cul, mais quel cul... Et les jolis sourires des héroïnes). très Rabelaisien...





"Non, ce n'est pas le père Goriot, ni Eugénie Grandet! Je me fais plaisir en bon Tourangeau" Honoré de Balzac.
Commenter  J’apprécie          886
L'Enfer de Dante

Les auteurs Paul et Gaétan Brizzi se sont attaqués à une œuvre assez difficile à retranscrire sur le format de la bande dessinée. Ils réclament notre indulgence dans la préface pour cette vulgarisation car il manquera sans doute des parties importantes de l’œuvre pour les fins connaisseurs.



Je ne suis pas l'un de ces néophytes de ce poète florentin du XIII ème siècle. J'en avais entendu juste parler dans le film « Da Vinci Code » dans un tout autre registre de culture. C'est dire ! Pourtant, l'enfer est son œuvre la plus connue à travers le monde. On chante ses louanges à travers des tableaux de la Renaissance.



J'avoue que je ne savais pas qu'il y avait neuf cercles en enfer correspondant à un pêché différent, ni même d'ailleurs que l'enfer avait une existence légitime. J'ai toujours supposé qu'il existait déjà sur terre en des territoires non avantagés par la dictature, la guerre ou la famine.



Le dessin est réellement magnifique bien que l'enfer ressemble plus à des territoires désolés de planètes vides. Je pensais y trouver un côté assez terrifiant et horrifique mais ce n'est que de la morne désolation.



On retrouve certaines figures mythiques de l'histoire et de la mythologie. Il n'y a pas de véritables rencontres (mise à part celle avec Virgile qui joue l’entraîneur), ni même de suspens intolérable. J'ai été un peu déçu par ce déroulé très contemplatif. Même la narration m'a paru diffuse. Non, je n'ai pas été transcendé par cette lecture où l'on peut se perdre dans les cercles. Je conçois cependant que l'on peut l'être.



Je pense que les auteurs auraient gagné à moderniser l’œuvre en nous offrant une autre version un peu plus inédite. Il reste néanmoins à contempler de magnifiques fresques graphiques. Quelle divine comédie, quand même !
Commenter  J’apprécie          650
L'Enfer de Dante

Au fond d'une « forêt obscure », Dante rencontre Virgile qui va le guider au travers du Purgatoire et des neuf cercles de l'Enfer pour retrouver Béatrice, sa bien-aimée, au Paradis. ● La première chose à dire à propos de cet album est que les dessins sont absolument somptueux. C'est un ravissement pour l'oeil de voir la finesse du trait, l'utilisation optimale du crayon noir, la simplicité des moyens associée à un rendu réellement formidable. Les monstres, et peut-être plus encore les décors, sont exceptionnels. ● Ce que le récit de Dante peut avoir de répétitif est complètement gommé par l'enchantement qui saisit le lecteur dans la contemplation de ces dessins. A chaque décor, on a l'impression que les auteurs ne pourront pas faire mieux, et pourtant le décor d'après est encore plus réussi. ● le seul bémol est que pour la compréhension du récit, celui-ci aurait gagné à être divisé en chapitres en fonction des cercles traversés. Parfois on ne sait plus très bien où on en est. ● Mais c'est un détail, et l'album est d'une qualité exceptionnelle. La Divine Comédie m'est toujours tombée des mains ; Paul et Gaëtan Brizzi m'ont réconcilié avec ce long poème et m'ont finalement permis de le lire !
Commenter  J’apprécie          648
Les contes drolatiques

Il s'agit de l'adaptation en bandes dessinées de quatre des trente contes drolatiques De Balzac. Ces contes, qui ne sont pas l'oeuvre la plus connue De Balzac, se passent au XVe siècle en Touraine et l'on y sent nettement l'influence de Rabelais et des fabliaux du Moyen Âge. Ils sont écrit en « moyen français », c'est-à-dire la langue de l'époque, entre l'ancien français médiéval et la langue d'aujourd'hui, mais les auteurs de la bande dessinée la modernisent en français contemporain. Au début, à la fin et entre chaque récit, Balzac lui-même intervient pour nous présenter ces contes. ● Dans « La Belle Imperia », un jeune moine est séduit malgré lui par la beauté de la belle Imperia ; il a pour rival l'évêque de Coire. « le Péché véniel » tente de donner un exemple de différence entre péchés véniel et mortel avec l'histoire de la belle et rusée Blanche d'Azay-le-Ridel. Dans « L'Héritier du diable », deux hommes reprochent à leur père de vivre trop longtemps et ainsi de les priver de leur héritage. Enfin, « le Connétable » raconte l'histoire de la femme du connétable qui tente d'échapper à la jalousie de son mari, malgré le piège que celui-ci tend à son amant. ● Je ne suis pas un grand admirateur de ces contes drolatiques, mais après avoir été fasciné par l'Enfer de Dante mis en bande dessinée par les frères Brizzi, j'ai voulu voir ce que cela donnait avec l'oeuvre De Balzac. ● J'ai trouvé certains dessins absolument magnifiques, dans la lignée de ceux de l'Enfer, mais d'autres un peu plus brouillon, moins travaillés. Peut-être est-ce volontaire de la part des auteurs, l'oeuvre adaptée ici étant tellement différente de celle de Dante, peut-être est-ce une façon de représenter la truculence, d'approcher le « gros trait » rabelaisien. ● Toujours est-il que cet album m'a moins plu que l'adaptation de Dante, que j'ai adorée. ● « A les entendre, pour vivre plus longtemps il faudrait ne plus vivre vraiment », dit Balzac qui reproche à son médecin son conseil de modérer sa consommation de café.
Commenter  J’apprécie          533
La cavale du Dr Destouches

En adaptant cette trilogie, en fait les derniers récits de Céline, Christophe Malavoy au scénario, les frères Brizzi aux dessins nous offrent une œuvre assez déconcertante. Malavoy dont la passion pour l'écrivain Céline est évidente, s'appuie sur la trilogie (du coup les derniers récits Céliniens). Une fuite en avant d'immondes collabos, lâchés par les nazis et qui sentent l'heure de rendre des comptes approcher. Au rang des salopards outre Céline, se joint l'acteur Robert de Vigan, on croise aussi des membres du gouvernement Laval minables déserteurs une fois de plus. Pourtant, Malavoy décrit cette fuite sur un ton qui se ferait presque burlesque, et l'album le serait si malheureusement tout cela ne s'appuyait pas sur des évènements réels. Céline est un homme cynique, aigri, désagréable pour ne pas dire autre chose, et bien sur très malheureux, pantin pathétique d'une pitoyable lâcheté. Les dessins absolument remarquables en noir et blanc renforcent ce côté presque clownesque de l'ensemble.

C'est peut être cela qui fait que cette BD m'a laissé un peu sur ma faim. Mais peut-être que vous en aurez une autre lecture. A noter que Les frères Brizzi et Christophe Malavoy envisagent une adaptation ciné.

Commenter  J’apprécie          500
L'Enfer de Dante

Club N°51 : BD sélectionnée ❤️

------------------------------------



Depuis le temps que je voulais lire ce livre... et bien voilà, c'est fait ! ;)



Graphiquement c'est magistral, on dirait des gravures à chaque planche.



Aaricia

------------------------------------



L'adaptation de l'Enfer, premier volume de la Divine Comédie de Dante Alighieri, en un format hybride entre la BD et la gravure.



L'entreprise de Paul et Gaetan Brizzi est dantesque !



On suit donc Dante et Virgile à travers les 9 cercles de l'Enfer, dans une version résumée de l'oeuvre originale où l'on retrouve quelques-uns des tableaux classiques des différents cercles.



C'est très beau, rappelant par moment l’œuvre de Gustave Doré.



Ça va un peu vite, sans doute trop, tant on aurait aimé continuer à s'émerveiller devant les différentes illustrations des auteurs.



Malheureusement pas de Purgatoire ni de Paradis de prévu, ce qu'on regrettera un peu en fermant ce tome unique, tant les illustrations valent de s'y plonger très longuement, surtout la magistrale luxure qui se retrouve en couverture de l'ouvrage.



Un grand plaisir visuel !



Greg

------------------------------------



Magnifique BD adaptant cette œuvre magistrale qu'est l'Enfer, première partie de la Divine Comédie.



Les dessins sont un plaisir à regarder, certaines planches rappelles les gravures de Gustave Doré.



Une adaptation plus longue et plus détaillée de l'Enfer ainsi que celles du Purgatoire et du Paradis auraient été parfaites tant le chef-d’œuvre de Dante Alighieri est indispensable.



Mörx

------------------------------------



L'enfer de Dante est ici superbement illustré.



On se surprend à chaque page a admiré tous les détails des illustrations des frères Brizzi.



Un vrai coup de coeur.



Samuel

------------------------------------



J'ai adoré les détails du dessin, le noir et blanc.



Je ne connais pas l’œuvre originale mais je peux imaginer la grandeur et la complexité de l’œuvre au vu de la densité de la BD.



Morgane N.

------------------------------------


Lien : https://mediatheque.lannion...
Commenter  J’apprécie          440
Don Quichotte de la Manche

Ah Don Quichotte! mon héros littéraire préféré!

Je ne voulais pas passer à coté de l'adaptation des frères Brizzi qui auparavant avaient dessiné l'univers de Dante.

Cette bd a le mérite d'évoquer les différentes aventures du chevalier à la figure triste et d'élaguer les digressions de Cervantès dans le roman intégral.

L'essentiel est là mais je suis très étonnée de ne pas voir le passage des moutons. J'ai cherché une allusion dans le texte mais en vain.

Le talent conjugué de ces frères jumeaux n'est plus à prouver sollicités par les studios Disney et ayant monté leur propre studio d'animations.

Les aventures de Don Quichotte sont narrées par le frère Matéo, curé qui perçoit la dangerosité dans la quête de gloire de Don Quichotte. Le récit du curé est si fluide qu'on ne peut qu'apprécier la lecture.



Les frères Brizzi ont crayonné énergiquement en noir et blanc les personnages et les actions pour donner vie à ce chef-d'œuvre littéraire.

Lu fort longtemps dans son intégralité, en lisant cette bd j'ai fait un parallèle avec le film" un dîner de con" surtout durant le séjour chez le duc et la duchesse.

Si vous avez peur de vous plonger dans le roman intégral de 800 pages, je vous recommande fortement de lire cette bd concise où se dégage beaucoup d'humour.

Pour ma part ce fut un enchantement.
Commenter  J’apprécie          422
Don Quichotte de la Manche

Comme pour l’adaptation de L’Enfer de Dante, Paul et Gaëtan Brizzi proposent une adaptation fidèle et respectueuse de l’œuvre emblématique, proposant des grandes et belles illustrations minutieuses, au crayonné doux, sensible et tactile. Le style est ici plus burlesque, c’est une comédie alors que l’Enfer était une tragédie, mais il reste tout aussi grandiloquent et baroque, les grandes illustrations en pleine page sont majestueuses et lyriques, des moments pour poser le regard sur leur travail.



Le but des deux frères n’est pas de faire connaître ou d’interpréter l’œuvre de Cervantès mais plutôt de lui rendre hommage, ainsi qu’à tous les artistes qui l’ont déjà illustré, en particulier ceux du XIXe siècle, Honoré Daumier, Gustave Doré.



C’est une adaptation pour la beauté du geste, comme un rituel obligé pour l’amour de l’illustration. Don Quichotte, c’est une découverte pour personne, alors ils nous le proposent en beau livre, l’histoire n’en est pas moins emblématique, cocasse et truculente.
Commenter  J’apprécie          390
Don Quichotte de la Manche

Il faut d'abord que je l'avoue,je n'ai jamais lu Cervantes, et pourtant je me suis procuré dans une belle édition, il y a quelques années, son Don Quichotte. Le père Noël ne m'en a pas tenu rigueur puisqu'il m'a déposé ce splendide album au pied du sapin!

Paul et Gaetan Brizzi ont su extraire la substantifique moelle de l'œuvre originale et, par leur morceaux choisis, rendre honneur à ce personnage aussi fou qu'attachant. Ne dit- on pas que folie aux des hommes est sagesse aux yeux de dieu ?

Notre homme,nourrit de littérature appelle corps et âme à un monde meilleur où justice serait rendue. Alors,n'écoutant que sa bravoure,il part sur le dos de son fidèle Rossinante,embarquant Sancho sur son âne, pour redresser au mieux ce monde tordu!

Comme le veut la tradition des chevaliers,il se persuade de son amour sans borne pour une noble dame pour laquelle son cœur devra battre et rester fort tout au long de ses combats: Dulcinée del Toboso.

Ce Don Quichotte pourrait être décrit comme un viel imbécile, têtu et ridicule au point d'attirer colère et mépris, mais ce n'est pas cet aspect de notre homme que les frères Brizzi ont choisi de mettre en exergue. Pour nous faire partager le monde tel que le voit Don Quichotte, dans toute sa bravoure et sa beauté, ils ont utilisé la couleur. Celle-ci étant uniquement réservée aux visions de notre héros. Et quelles apparitions ! Les peintures sont magnifiques, de véritables tableaux. Le reste de l'aventure est dessiné en noir et blanc par des traits vifs et détaillés ,débordants d'énergie pour mieux rendre grâce à l'action et aux émotions.

Je n'avais pas eu un tel coup de cœur pour un album illustré depuis " Des souris et des hommes " de Rebecca Dautremer. Merci père Noël !
Commenter  J’apprécie          340
Les contes drolatiques

Savez-vous que Balzac a écrit 30 contes entre 1832 à 1837 en parallèle avec ses livres les plus célèbres de La Comédie humaine – il avait l’objectif d’en écrire 100 –. Jamais Balzac n’est allé aussi loin dans la liberté de ton, que ce soit vis-à-vis de l’Eglise, des puissants, en mettant en scène les mœurs libertines des classes dominantes. A défaut du succès, le scandale a été au rendez-vous dès la parution... Un vrai brûlot qui sera vite marginalisé dans son œuvre. J’ai lu Les Contes drolatiques de Balzac et j’ai adoré. J’admets que ce n’est pas chose facile et qu’il faut faire preuve de patience afin de goûter la poésie de cette langue créée spécialement pour ces contes. Oublier l’orthographe, se laisser gagner par la musique de l’oralité de temps oubliés... où bien lire cette BD formidable de Paul & Gaëtan Brizzi : dessins superbes, textes traduits en français moderne, présentation de chacun des quatre contes sélectionnés ici par Balzac lui-même... Il fallait du talent et un sacré culot pour prendre la suite des Gustave Doré, Dubout et Robida ayant précédemment illustré l’œuvre !



Le forçat de l’écriture avait-il besoin de s’échapper quelque peu de son œuvre principale ? Voulait-il tester sa capacité à créer une langue neuve, comme le démiurge du chef-d’œuvre inconnu, Frenhofer, peintre plein de mystère et ayant assimilé les leçons de ses maîtres, tout comme Balzac réinventant à partir de Rabelais et du Décaméron de Boccace des parlers du Moyen Âge avec de multiples reprises et détournements de dialectes, des calembours et pleins d’inventions. Balzac s’est visiblement bien amusé. Paul & Gaëtan Brizzi réenchantent ces écrits trop peu lus, trop peu commentés.



Ce sont « Des histoires lestes et drôles, truculentes et satyriques, dont l’action se passe généralement en Touraine au XVe siècle. »



La belle Imperia. Probablement le conte le plus ancien. Il est intéressant de lire le texte de Balzac et de le comparer à l’adaptation de cette excellente BD. Un jeune moine Philippe de Mala tente de résister à la beauté ensorcelante de la belle Imperia. L'évêque de Coire, personnage bien réel, ayant été secrétaire de l'archevêque de Bordeaux, est pris lui-même dans les filets de la séduction.



Exemple dans le conte de Balzac : « Confesser les dames à ceste heure de nuict est un droit réservé aux évesques... Or, tire tes grègues, va pasturer avec simples moynes, et ne retorune ici, sous peine d’excommunication. »

Ce qui devient plus simplement dans la BD : « Oh Oh ! Mais confesser les dames à cette heure avancée est un droit réservé aux évêques ! Allez-vous-en donc rejoindre votre paroisse et ne revenez pas sous peine d’excommunication ! »



Le péché véniel. La très jolie Blanche d’Azay-Le-Ridel (Azay-le-Rideau) expérimente dans sa vie amoureuse la différence entre péché mortel et péché véniel. Elle est mal mariée au seigneur Bruyn – dans Balzac « Messire Bruyn, celluy-là qui paracheva le chastel de la Roche-Corbon-lez-Vouvray sur la Loire... ». L’adaptation est tout à fait réussie et fidèle au texte initial. Une histoire savoureuse où la femme a le premier rôle, parvenant à ses fins par la ruse. Ce n’est pas pour rien que Balzac a écrit quelques années auparavant « Physiologie du mariage » développant au sujet des femmes une conception des plus modernes en opposition à la société de son temps.



L’Héritier du Diable. Deux fils veulent s’accaparer l’argent de leur père mais ils vont trouver le diable lui-même sur leur route. Dans le conte d’origine, ce sont trois cousins qui vont être sur les rangs pour l’héritage trop attendu. Le thème de la succession convoitée et des manœuvres pour se l’attribuer revient à maintes reprises dans La Comédie Humaine. Les tons sépia et les dessins précis illustrent à merveille ce conte jouant avec le fantastique.



Le connétable. Une comtesse tente par différents stratagèmes d’échapper à la jalousie de son mari, le connétable d’Armignac. Celui-ci tend un piège à l’amant, le jeune Savoisy, fils du chambellan du roy. Violence et jalousie parfaitement lis en images et Balzac conclu lui-même : « Ce que ce conte nous apprend c’est que dans des situations extrêmes, jamais les femmes ne doivent perdre la tête car le tout-puissant jamais ne les abandonne... surtout quand elles sont jeunes, belles et de bonne maison. »



Dans l’œuvre originale : « Comme ce livre doibt, suivant les maximes des grans autheurs anticques, ioindre aulcunes chouses utiles aux bons rires que vous y frerez et contenir des préceptes de hault goust, ie vous diray la quintessence de cettuy Conte estre cecy : Que iamais les femmes n’ont besoing de perdre la teste dans les cas graves, pour ce que le dieu d’amour iamais ne les abandonne, surtout quand elles sont belles ieunes et de bonne maison... »



Les quatre contes présentés ici de si belle manière sont tous issus du premier dixain, selon le terme employé par Balzac – il y en aura trois en tout – et du tome 1 de la superbe édition illustrée Classiques Garnier. Les deux tomes de cette édition et cette BD sont parfaits pour aborder ce volet plutôt méconnus de l’œuvre d’Honoré de Balzac. Ne pas se priver de l’un et l’autre pour un rire bienfaisant et culturel, puisant dans Rabelais et son fervent admirateur Balzac.



Paul & Gaëtan Brizzi sont frères jumeaux, ils sont nés en 1951. Ils sont réalisateurs de dessins animés, artistes peintres et illustrateurs, César du meilleur court métrage d’animation pour Fracture en 1977... Après La Cavale du Docteur Destouches, d’après l’œuvre de Louis-Ferdinand Céline, ils adaptent L’automne à Pékin, le roman de Boris Vian en 2017. En 2020, ils font paraître une version illustrée de L’écume des jours de Boris Vian.

J’aimerais tellement que Paul & Gaëtan Brizzi donnent une suite à ce premier volume des plus réussi !

******

Visitez la pages de cette chronique sur mon blog Bibliofeel, ou cliquez sur le lien ci-dessous, afin d'accéder à des exemples de planches de la BD. Vous verrez que la qualité des dessins des frères Brizzi est au niveau de l'illustre Gustave Doré... Un enchantement !
Lien : https://clesbibliofeel.blog
Commenter  J’apprécie          332
Don Quichotte de la Manche

Un must du dessin. Une adaptation des plus farfelue, cohérente avec les délires d’Hidalgo Don Quichotte de la Manche.

Ce personnage est épuisant, éreintant, en proie à des batailles en simultané, arguant son épée devant de dangereux fantômes ! Il est d’une maigreur cadavérique, l’opposé de son écuyer Sancho Panza qui lui rayonne d’une anatomie de barrique de bière.

Le bol du barbier deviendra le chapeau du conquérant !

La bonté et l’incrédulité de chacun des personnages sont mis en images comme de jolis délires simplistes, mais la moquerie restera celle de leur rencontre. Un passage juteux, celle avec les forçats. On libère un fauve chez les forains. On ajoute un scribe au trio, il fera l’intermédiaire par des écrits en échange épistolaires. La rencontre de la reine pendant une chasse à courre où ils prennent un malin plaisir d’imaginer une scène où la fameuse promise de Don Quichotte est entre les mains « du mal ».



Des images colorées (les pensées de Don Quichotte) prennent vie parmi le noir et blanc «  Une auberge devenant un château en Espagne », « des moulins à vent prennent formes humaines », « un cheval de bois façon cheval d’arçons côtoyant des tempêtes proche de la lune », pour terminer par « un sacrement » somptueux de détail.



Bravo les frères Brizzi, encore un magnifique travail graphique.
Commenter  J’apprécie          280
La cavale du Dr Destouches

Le Don quichotte des frères Brizzi m'a tellement plu que j'ai voulu renouveler mon plaisir par un autre de leurs ouvrages...cependant Don Quichotte n'est pas Céline ! Ce n'est pas une découverte mais je n'ai pas réussi à faire fi de mon dégoût face à l'immonde mise en scène de la collaboration de Céline avec les pires acteurs du nazisme. Le scénario regroupe trois œuvres de l'écrivain : " d'un château à l'autre", "nord" et "rigodon", il témoigne de la complexité de cet homme et ,il est vrai de certaines prises de paroles dangereuses qui déstabilisent quant à une idée arrêtée sur ce qu'il était, au delà de son talent littéraire. Les dessins en noir et blanc sont excellents mais c'est un sentiment de mal être qui l'emporte en tournant la dernière page.
Commenter  J’apprécie          271
Don Quichotte de la Manche

Après "L'Enfer de Dante", les frères Brizzi nous proposent une nouvelle adaptation magistrale, celle de Don Quichotte. Une très belle façon de découvrir, ou redécouvrir, un classique de la littérature espagnole sous format bande dessinée.



La narration est parfaitement maîtrisée et nous entraîne dans une aventure rythmée de près de 200 pages. Quand au dessin, les jumeaux nous proposent des crayonnés sublimes. Ils optent pour le noir et blanc à l'exception des hallucinations de notre anti-héros, où la couleur donnera vie aux illusions. L’œuvre est parodique, pleine d'humour et nous présente un personnage pathétique mais attachant, tout en mettant en lumière le pouvoir de l'imagination. Une œuvre rocambolesque où la folie pousse à vivre ses rêves.
Commenter  J’apprécie          260
L'Enfer de Dante

Je l'avoue humblement, je n'ai jamais trouvé l'énergie nécessaire à la lecture de La Divine comédie. Ce voyage en enfer dont se sont inspiré de nombreux peintres dont Jérôme Bosch avec son Jardin des délices dont la splendeur me fascine à chaque fois que mes yeux ont la chance de l'admirer,m'a pourtant toujours intrigué. Son écriture en vers en 1300 en est la raison majeure! Aussi,c'est avec curiosité et avidité que je me suis emparée de cet album des frères Brizzi qui ont choisi de nous résumer la partie la plus inquiétante de ce voyage: l'enfer ! Je me suis glissée dans la peau de Dante pour suivre Virgile dans ce monde destiné aux damnés afin de retrouver Béatrice, son grand amour à l'issue de ce périple. J'ai côtoyer la souffrance,l'horreur,les visions les plus cauchemardesques qui puissent être. J'y ai croisé des personnages de la mythologie,de la bible et même Diogene. J'ai reconnu toutes les racines de notre culture. J'ai compris la signification des cercles qui constituent l'enfer et j'ai été bien heureuse de n'y être que de passage! Pourtant,si j'en crois Dante,j'y aurais eu toute ma place puisque s'y retrouvent " les misérables...punis pour avoir été incrédules, matérialistes et hérétiques." !

Le graphisme est splendide, en noir et blanc car nous sommes bien dans les ténèbres. Le rouge aurait pu s'inviter dans certaines scènes mais cela aurait peut-être donné trop de vie à cet univers de désolation et de lamentations. La barbarie est omniprésente mais finalement justifiée par Dante puisque les suppliciés ne récoltent que le fruit de leurs vices et turpitudes durant leur passage sur terre!

Ignorante de la version originale,je ne sais pas si l'attitude de Dante durant ce voyage est conforme à ce qu'il en a écrit maisj'ai été surprise de son manque de réaction de terreur face à cette immersion dans ce qui existe de plus abjecte. Très peu d'émotion dans cette aventure.

La volonté dePaul et Gaetan Brizzi de vulgariser l'œuvre de Dante et " faire un livre pour un vaste public au risque de s'aliener le milieu intellectuel" me semble parfaitement atteint.
Commenter  J’apprécie          260
L'Enfer de Dante

L’œuvre de Dante Alighieri est reprise dans une mise en image respectueuse du texte original par Paul et Gaëtan Brizzi artistes issus du monde de l’animation.

Deux personnages, Dante et Virgile, se fraient un chemin dans les enfers pour retrouver Béatrice. Les auteurs n’ont pas cherché à réécrire ou se réapproprier l’œuvre, cela reste assez linéaire, un bon résumé, mais sans parti pris ou réactualisation, rien à voir avec L’accident de Chasse de David L. Carlson et Landis Blair, ce ne semble d’ailleurs pas l’objectif des frères Brizzi. L’intérêt de l’histoire de Dante est d’ailleurs tout à fait relatif, très ancré dans les mentalités et les problèmes de religions de l’époque. Sans décalage ou actualisation, c’est juste une quête de fantasy médiévale exotique. Si confrontation il y a, c’est plutôt avec ce qui est déjà une mise en image de l’œuvre originale, c’est-à-dire avec l’édition illustrée par Gustave Doré (Le fantasy est une émanation du mouvement romantique auquel ont peur aussi rapprocher l’œuvre de Gustave Doré qui lui est contemporain).



La mise en page est constituée de grandes illustrations, beaucoup en pleine page, le dessin est au crayon, un trait précis, délicat, assez proche de la gravure, représentant des espaces majestueux, des falaises, des roches, des monstres, des zones plus floues, nuageuses, l’espace se déploie autour de nous, l’œil du lecteur est envoûté par les lieux où il se perd. L’enfer de Dante par les frères Brizzi est une déambulation lyrique et tragique, et j’ajouterais romantique, magnifiée par les gris des illustrations, les matières et les visions vertigineuses.



On sent dans cette bande dessinée, un souci de se faire plaisir, et le plaisir des auteurs est partagé en ce qui me concerne. Ce livre est autant un hommage à Dante Alighieri qu’à Gustave Doré, mais c’est surtout un très beau livre.
Commenter  J’apprécie          260
L'automne à Pékin (BD)

D’après le roman de Boris Vian que je n’ai pas lu. Des personnes bien différentes vont se retrouver dans le désert en Exopotamie. On y trouve des constructeurs de chemin de fer, archéologues, restaurateur et beaucoup trop de personnages. Une histoire sur l’absurdité du hasard et des décideurs qui m’a laissée en lisière. Peu de texte, joli graphisme.
Commenter  J’apprécie          260
La cavale du Dr Destouches

Après Tardi, les frères Brizzi et Chistophe Malavoy ont entrepris de mettre Céline en images ou plutôt, en ce qui concerne Tardi, de mettre quelques images sur le délire verbal de Louis-Ferdinand et l'équipée hallucinée de Bardamu.



Le travail de Tardi donnait du texte une iconographie distanciée, ouvrant çà et là de sombres fenêtres sur la nuit célinienne: le texte restait la référence essentielle- respecté, intégral, sanctuarisé par les grandes pages des éditions Gallimard.Plus de 300 larges pages qui permettaient au lecteur assidu ou occasionnel du Voyage d'en faire un, lui aussi, de voyage, moins violemment cantonné à sa seule imagination, mais qui le guidaient quand même, avec noirceur et beauté, dans cette descente aux enfers céliniens...



Rien de tout cela avec cette B.D. de Brizzi et Malavoy: c'est une vraie mise en images, un découpage scénarisé et presque un story-board des trois livres de Céline appelés "la trilogie allemande" ( ou nordique)- empruntant sa trame à la folle cavale de Céline à l'heure de la défaite allemande , racontée dans D'un château l'autre, Nord et Rigodon. Le texte de Céline y est présent, bien sûr, mais dans des phylactères, dans la bouche de protagonistes incarnés, grimaçants, grotesques, pathétiques. Dans les commentaires à la première personne du Narrateur.



Soit quatre personnages principaux: Louis, dit Ferdine,le Docteur Destouches dans le civil, le narrateur maudit, Lucette Almanzor dite Lili, son épouse, la danseuse gracieuse, Bébert le chat, imperdable et diaboliquement débrouillard dans ce chaos apocalyptique, et enfin, last but not least, Le Vigan, dit la Vigue, l'acteur inoubliable des Disparus de Saint-Agil, fraîchement échappé du tournage des Enfants du Paradis et des engeulades sévères avec une autre collabo' de choc et de charme: Arletty ( dont on n'oubliera jamais la réplique, au moment de l'Epuration: "Mon cœur est français, mais mon cul est international!"). Raide fou, la Vigue.



Notre joyeuse bande de pieds nickelés traverse donc la Suisse, l'Allemagne, le Danemark, à la recherche d'un abri -et de l'or que Céline-- la -Pince avait caché chez une amie au Danemark: le vent a tourné, il ne fait pas bon , pour nos deux compères masculins, avoir écrit Bagatelles pour un massacre ou avoir proféré mille injures antisémites sur les plateaux de tournage, ni même être la femme ou encore le chat d'un collaborateur ayant ses entrées dans les ambassades du Reich..



Donc c'est la débandade- mais avec passeport patenté y compris pour le chat, argent cousu au petit point dans la doublure de l'éternel gilet, bagages et même une arme, délicate attention du fonctionnaire de service allemand...



Occasion pour nous de croiser les doux visages de quelques ordures patentées elles aussi: Pierre Laval, Philippe Pétain, qui ne sont plus à présenter, Fernand de Brinon, homme à tout faire de Laval et officiellement, président de la commission gouvernementale, le gouvernement en exil de la collaboration: Jean Luchaire, à l'Education, Joseph Darnand, chef de la Milice, Marcel Déat, ministre du Travail...Et j'en passe....Belle brochette de salopards...



On goûte au vol quelques perles céliniennes: "Je ne suis pas très germanisant, c'est vrai, surtout avec l'autre ballot, là, qui est en place... fripouille cent pour cent...gâteux fini... surbranlé...vaut tout juste un contrôleur de métro!..." perle lancée, celle-ci, après réception du passeport, au fonctionnaire allemand de la préfecture, qui n'a rien dû comprendre , car elle est proférée en s'en allant, dos au portrait d'Hitler sur le mur ...Courageux mais pas téméraire, le Ferdine...



D'ailleurs c'est ce que je retire de ce Voyage au bout de la honte : Céline s'y montre un homme aigri, vociférant, radin, prêt à toutes les compromissions pour échapper au sort qui le menace, y compris coucher -car il était encore beau gosse, le médecin des pauvres- avec les Allemandes les plus grasses et les plus nympho' de ce ramassis de "blattes de chiottes" -c'est pas de moi, vous pensez, je ne me permettrais pas!!!



Alors? résultat des courses? Que pensé-je de ce livre?



Un bon moment- scénario efficace et dessin magistral, mais le texte m'a manqué..Cette lecture m'a surtout donné, une fois de plus, la honte de ne jamais être arrivée à lire cette foutue trilogie allemande -ou nordique- malgré mes multiples tentatives..Sans doute parce que je redoutais d'y trouver un Céline atroce, compromis, haineux, avare, lâche, injurieux ...bien loin du pathétique Bardamu de Mort à crédit et du Voyage,encore très fréquentable et si humain dans la débine...



Confirmation après lecture de la B.D.: le Docteur Destouches est bien conforme à mes pires appréhensions..



Une seule échappe au massacre: Lucette, aérienne, douce, incapable de haine , mais pleine de convictions qu'elle défend parfois vigoureusement à coup de sac à main, contre les deux affreux, La Vigue et La Ferdine, Lucette, la mère au chat, dont j'ai suivi péniblement pendant un an, dans le petit pavillon de la route des Gardes, les contorsions orientales dans son salon plein de miroirs,où , toute vieille mais encore souple, elle donnait des cours de danse...



Par curiosité pure: je suis souple comme un manche à balai . Mais voir l'antre de l'ogre faisait passer bien des courbatures...Je l'ai retrouvée dans la B.D. plus jeune, mais toujours aussi éthérée, comme un petit elfe malicieux égaré sur cette terre de brutes.



Malavoy lui dédie son livre: il a bien raison, elle en est toute la grâce..
Commenter  J’apprécie          262
La cavale du Dr Destouches

Le meilleur patron que j’ai eu dans ce qu’on peut appeler ma carrière professionnelle (LOL) était un révéré admirateur de Louis-Ferdinand Céline. Au-dessus des poubelles pour les cartons, en plein soleil à l’époque, c’était le mois de juillet 2013, nous fîmes ainsi connaissance, parlant de nos affinités littéraires. Ce gars-là aimait Céline, il aimait Dieudonné aussi, il aimait bien d’autres, enfin il n’aimait pas l’instrumentalisation de l’histoire lorsqu’elle sert à induire des émotions chez la populace qu’on prend pour une conne. On la fait bander avec tout et n’importe quoi, ensuite on la traîne par la queue.





Ce qui se dit ici c’est qu’il faut rétablir la vérité à propos de Céline. C’est ce qui essaie de se faire en tout cas. Témoignages de Lucette la danseuse paraît-il. Bébert, vivant de 1932 à 1952, on n’y compte pas en revanche.





« J’ai toujours foutu la pétoche à tout le monde. Je m’y suis vraiment pris comme un manche, quel con j’ai fait ! »





Comme disait Théodule Ribot, cité aussi dans le texte : « L’homme ne voit que ce qu’il regarde et il ne regarde que ce qu’il a déjà dans l’esprit ». Ainsi, la cavale du Dr Destouches ne sera vue que par ceux qui veulent la regarder… qui savent déjà comment la regarder. Tant mieux pour eux.

Commenter  J’apprécie          220




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Gaëtan Brizzi (426)Voir plus

Quiz Voir plus

Nos Étoiles Contraires

Comment s'appelle la narratrice de l'histoire ?

Anna
Lidewij
Anne
Hazel

10 questions
2829 lecteurs ont répondu
Thème : Nos étoiles contraires de John GreenCréer un quiz sur cet auteur

{* *}