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Critiques de Gene Wolfe (90)
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Soldat des Brumes - Intégrale, tome 1

Désolé par avance à tous les fans de l’auteur américain… Lire d’une traite, lire par morceaux, lire attentivement, lire en diagonale, essayer de comprendre, ne pas chercher à comprendre, se laisser porter et profiter du voyage… Rien n’y a fait et je me suis royalement ennuyé tout au long des 800 pages de ce recueil, ou tout du moins peu s’en faut. Je serais presque obligé de lui réserver une place de choix dans mon top purges.





Pour le tome 1, "Soldat des brumes", c'est par ici :

http://www.babelio.com/livres/Wolfe-Soldat-des-brumes-Tome-1--Soldat-des-brumes/135642/critiques/486621



Pour le tome 2, "Soldat d'Aretê", c'est par ici :

http://www.babelio.com/livres/Wolfe-Soldat-des-brumes-Tome-2--Soldat-darete-1/161724/critiques/486612

http://www.babelio.com/livres/Wolfe-Soldat-des-brumes-Tome-3--Soldat-darete-2/161725/critiques/486613





Gene Wolfe serait un homme intelligent qui donne à ses lecteurs le sentiment d’être intelligent. Moi, en le lisant, j’ai eu l’impression d’être un débile ne comprenant absolument rien du tout.



Avec le recul, cette succession de saynètes fait furieusement penser au "Satyricon" de Federico Fellini (1969), sauf que le réalisateur était tributaire du morcellement de l’œuvre telle qu’elle nous a été léguée par les Anciens. (Ce qu’il mettait joliment en scène dans les dernières images du film avec ce chouette zoom arrière sur une fresque incomplète, partiellement effacée par le poids des années.) Là l’auteur a volontairement choisi d’effacer un 1 chapitre sur 2, et encore je reste gentil !



Il puis il y a le plaisir de compliquer avec la prose proustienne, les lieux renommés à sa sauce, les dieux renommés à sa sauce (quand il ne prend pas des libertés avec la mythologie gréco-romaine), les jeux de mots qui nécessitent la maîtrise du latin et du grec ancien pour être drôles… Et je ne parle même pas du scénario qui ne va nulle part au-delà de sa faible compréhensibilité (de ses incohérences ?), ou des personnages qui suscitent bien trop peu d’émotion.



Dernier point négatif : quel était l’intérêt de reprendre tels quels plusieurs passages appartenant aux classiques antiques si c’était pour ne rien en faire du tout à part montrer qu’on connaît bien lesdits classiques ? Je connais bien des auteurs qui peuvent faire la même chose en une seule phrase, de manière plus plaisante donc plus intelligente…





Easy readers fuyez pauvres fous, hardcore readers tentez votre chance car vous pourrez peut-être y trouver votre bonheur vu que c’est sans doute l’un des auteurs les plus littéraires de la planète SFFF. Les goûts et les couleurs, les attentes et les exigences comme on dit, mais pour moi ce cycle a été aux antipodes de la lecture loisir.
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Beyond the Woods. Fairy Tales retold

Ah, les contes... J'aimerais dire les merveilleux contes de mon enfance, mais je n'ai pas souvenir qu'on m'en ait raconté. J'ai découvert que ça existait bien longtemps après et forcément, quand on est grand, ça doit perdre de son charme. Sauf que ce recueil de contes de fées n'est pas du tout destiné aux enfants. Encore que je parie qu'ils m'auraient plu.

Toujours est-il que rien n'était censé m'attirer vers ce livre, si ce n'est de voir Peter Straub écrit en lettres de feu au beau milieu de tous ces auteurs (comment ça j'en fais trop ?).

Paula Guran a réussir à réunir une magnifique brochette de plumes qui m'ont toutes ravie. Par contre, je vois qu'il est marqué édition audio... faut pas rêver, j'ai une version papier, et il existe aussi en ebook.

Hormis un ou deux des récits qui m'ont un peu moins plu, nous avons affaire à une réinterprétation de contes et de fables plutôt exceptionnelle. La plupart sont très sombres, denses et intenses, mélanges de réel et d'imaginaire. L'humour y a sa place également, ce que j'apprécie en général, surtout l'humour noir et grinçant, et je ne regrette nullement de m'être jetée sur ce bouquin.

Je vous mets la liste des récits ci-dessous :



Introduction: Throwing In – Paula Guran

Tanith Lee – “Red as Blood”

Gene Wolfe – “In the House of Gingerbread”

Angela Slatter – “The Bone Mother”

Elizabeth Bear – “Follow Me Light”

Yoon Ha Lee – “Coin of Hearts Desire”

Nalo Hopkinson – “The Glass Bottle Trick”

Catherynne M. Valente – “The Maiden Tree”

Holly Black – “Coat of Stars”

Caitlín R. Kiernan – “Road of Needles”

Kelly Link – “Travels with the Snow Queen”

Karen Joy Fowler – “Halfway People”

Margo Lanagan – “Catastrophic Disruption of the Head”

Shveta Thakrar – “Lavanya and Deepika”

Theodora Goss – “Princess Lucinda and the Hound of the Moon”

Gardner Dozois – “Fairy Tale”

Peter S. Beagle – “The Queen Who Could Not Walk”

Priya Sharma – “Lebkuchen”

Neil Gaiman – “Diamonds and Pearls: A Fairy Tale”

Richard Bowes – “The Queen and the Cambion”

Octavia Cade – “The Mussel Eater”

Jane Yolen – “Memoirs of a Bottle Djinn”

Steve Duffy – “Bears: A Fairy Tale of 1958”

Charles de Lint –“The Moon Is Drowning While I Sleep”

Veronica Schanoes – “Rats”

Rachel Swirsky – “Beyond the Naked Eye”

Ken Liu – “Good Hunting”

Kirstyn McDermott – “The Moon’s Good Grace”

Peter Straub – “The Juniper Tree”

Jeff VanderMeer – “Greensleeves”

Tanith Lee – “Beauty”
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La Cinquième Tête de Cerbère

Bon. J'y arrive pas. Et pourtant dieu sait que je me suis accrochée (page 195 sur 300, j'ai fait des efforts). Mais j'y arrive pas.

ça ne m'intéresse pas, rien à faire. J'ai bien aimé la première partie, mais quand on est arrivé à la seconde, le "récit par John V. Marsh", olala, j'ai gravement galéré. Et là, la troisième partie n'arrive pas à réveiller mon intérêt.



Il me manque une histoire continue, un fil conducteur, quelque chose qui me maintienne en éveil, là franchement il n'y a rien de tout ça, de mon point de vue, qui ne reste que cela. Je trouve que tout va trop vite, dans la seconde partie je n'ai quasiment rien compris, je sais pas, c'est trop "ésotérique" pour moi (et en lisant les autres avis, sans doute trop intello aussi), cette histoire, gonflaga...



Je me suis pas mal tâtée, mais en fait, comme hier soir j'ai préféré lire mon manga que ça, bah je laisse tomber, tant pis. Et ça ne me donne pas du tout envie de lire les autres que j'ai de cet auteur, franchement, j'en suis à me demander si je vais pas les virer de ma PAL, ça ferait toujours ça de moins... *gros soupir*



Lecture pour le défi ABC.
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La Cinquième Tête de Cerbère

En 1970, alors âgé de 39 ans, l’américain Gene Wolfe publie son premier roman, Opération Arès (toujours non traduit en France) mais ce n’est véritablement que deux ans plus, avec son œuvre suivante intitulée La Cinquième tête de Cerbère qu’il va connaitre son premier succès critique. Nominé aux prix Hugo, Locus et Nebula dans la foulée, La Cinquième tête de Cerbère est traduit en français pour la première fois en 1976 par Guy Abadia dans la prestigieuse collection Ailleurs et Demain de Robert Laffont. Régulièrement réédité depuis, c’est aujourd’hui Mnémos qui se charge d’une nouvelle édition reliée avec une couverture signée Yuri Shwedoff. Une occasion parfaite pour se replonger dans ce roman aussi retors que fascinant.



En réalité, La Cinquième tête de Cerbère n’est pas tant un roman que le collage de trois histoires successives.

La première, qui donne son titre au livre, s’intéresse à la vie d’un jeune homme dont le seul nom sera celui de Numéro Cinq et que l’on devine dans le début de l’adolescence. Numéro Cinq vit dans une immense demeure, La Maison du Chien ou encore la Cave Canem, en compagnie de son frère, David. Tous les deux passent le plus clair de leur temps dans leur chambre et dans la bibliothèque de leur père, le redoutable tenancier de ce qui est, en réalité, un bordel. Les deux garçons épient les « filles » employées par leur paternel sous l’œil attentif de leur précepteur, l’androïde Mr Million.

Petit à petit, on comprend que l’endroit regorge de secrets et que Numéro Cinq n’est pas vraiment le fils biologique de son père, du moins pas à la façon où on l’entend habituellement.

Dans cette première partie d’environ 90 pages, nous découvrons bien davantage que le microcosme presque surréaliste dans lequel évolue Numéro Cinq. Comme souvent avec Gene Wolfe, rien n’est aussi évident qu’il semble l’être. La nature des relations entre Numéro Cinq et son père, pour le moins étrange (et c’est peu de le dire) ne seront que tardivement révélées au lecteur, tout comme cette tante mystérieuse qui impressionne notre narrateur autant qu’elle le fascine. On pense d’ailleurs au départ suivre l’existence cloîtrée de Numéro Cinq avant de se rendre compte qu’en arrière-plan, d’autres choses se trament…



En effet, dans la seconde histoire, la plus courte mais aussi la plus difficile et cryptique, Gene Wolfe change complètement son fusil d’épaule et déroule un récit à la poésie omniprésente mais faisant surtout la part belle à une aventure qui semble presque fantasy. Pour véritablement comprendre cette deuxième partie, il faut savoir qu’elle est le récit par le Dr Marsch de faits « préhistoriques ». En effet, au-delà de la maison de Numéro Cinq et David dans le premier récit, on apprend que l’action se situe en réalité sur une lointaine planète, Sainte-Croix, qui orbite non loin de sa jumelle, Sainte-Anne. Ces deux astres ont jadis été colonisés par les français et des sociétés radicalement différentes s’y sont développées.

En filigrane, le récit de Numéro Cinq faisait mention de la population aborigène qui vivait sur Sainte-Anne avant l’arrivée des humains et des rumeurs qui circulent encore à leur sujet.

Roublard, Gene Wolfe n’a pas tant l’envie de discuter par le menu de la vie et des secrets qui entourent les origines de Numéro Cinq que de nous inventer une science-fiction mâtinée d’anthropologie où l’énigme centrale s’avère être ces fameux aborigènes (en réalité plusieurs peuples regroupés sous ce terme par les colons humains).

Ainsi, pour en revenir au sujet de cette seconde partie, nous y suivons l’histoire de Coureur des Sables qui cherche un prêtre capable d’interpréter ses rêves. Gene Wolfe nous emmène aux côtés de ces fameux aborigènes, le Peuple Libre, celui des Pieds mouillés ou encore celui des Enfants de l’Ombre. Certainement la partie la plus originale du roman mais aussi la plus étrange et difficile, qui demande parfois une véritable volonté de la part du lecteur pour détricoter tout ce qu’il s’y passe.

Heureusement, elle reste relativement courte, 70 pages environ, et nous emmène vers un ultime chapitre captivant et, de loin, le plus réussi de tous qui fait office de trait d’union entre toutes les pièces de puzzle amassées en chemin.



Prenant toujours à rebrousse-poil son lecteur, Gene Wolfe entrecroise un récit fragmenté dans lequel un mystérieux « Maître » lit le dossier d’un prisonnier politique enfermé dans les geôles de Sainte-Croix.

Un prisonnier qui se révélera rapidement être le fameux docteur Marsch, le même qui vient de nous livrer son histoire aborigène et le même qui avait visité la tante de Numéro Cinq dans le premier récit. Cette fois, le lecteur alterne entre le récit d’expédition de Marsch sur Sainte-Anne, les interrogatoires qu’il subit en prison et ses confessions alors qu’il est enfermé. Le tout produit un récit à mi-chemin entre du Volodine et du Kafka où l’on ne sait plus bien si notre narrateur divague ou même si ce qu’il dit est vrai ou non. Le récit devient angoissant, oppressant et, toujours, étonnant. Gene Wolfe sème des indices qu’il laisse au lecteur le soin de recoller bout par bout, patiemment, pour comprendre où sont passés les fameux aborigènes de Sainte-Anne.

Ce qui impressionne dans La Cinquième tête de Cerbère, outre la maîtrise absolue du style et de l’agencement de l’intrigue, c’est la capacité de Wolfe à nous parler de colonialisme, d’esclavage, d’expérimentations génétiques, d’identité, le tout sur un fond de dictature froide et calculatrice à des années-lumière d’une Terre que l’on effleure à peine.

Pour tout dire, et il faut bien l’avouer, La Cinquième tête de Cerbère n’est en rien un récit simple de science-fiction, c’est tout le contraire. C’est une histoire exigeante, entremêlée et volontiers cryptique à ses heures.

Gene Wolfe n’est pas là pour vous prendre par la main mais l’ensemble reste, encore et encore, complètement fascinant. Le seul véritable reproche à faire au roman tient d’ailleurs dans cet aspect puisque l’auteur semble avoir imaginé tant d’éléments pour son univers qu’il est frustrant d’être arrêter aussi vite.



Récit de science-fiction redoutable et érudit, La Cinquième tête de Cerbère n’est certainement pas une simple histoire d’adolescent qui découvre sa vraie nature et encore moins celle des origines d’un peuple indigène mystérieux.

Gene Wolfe imagine une aventure complexe où l’enquête repose sur l’intelligence du lecteur qui saisira l’ensemble ou restera sur le chemin à ne pas comprendre ce dont il s’agit au fond.

Quoiqu’il en soit, vous voici prévenus.
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Le Livre du long soleil - Intégrale

Après « Soldat des brumes », réédité en 2012 sous la forme de deux intégrales par Denoël, c'est au tour d'une autre œuvre majeure de Gene Wolfe de faire l'objet d'une réédition chez Mnémos qui réunit ainsi pour la première fois les quatre romans composant le cycle du « Livre du long soleil » (Côté nuit ; Côté lac ; Caldé, côté cité ; L'exode). Un ouvrage impressionnant aussi bien par sa forme (une belle et lourde intégrale de plus de huit cent pages) que par son contenu. La réputation de Gene Wolfe est en effet celle d'un auteur exigeant dont les œuvres empreintes de symbolisme relatent des histoires qui ne sont jamais ce qu'elles paraissent. Et c'est d'autant plus flagrant ici, même si j'avoue pour ma part avoir été davantage intriguée qu'enthousiasmée. Le récit prend place dans le Méandre, un monde dont les habitants ont presque tout oublié de l'usage de la technologie, tout en continuant à vivre parmi les reliques laissées par une civilisation manifestement plus avancée. Un univers qui peut paraître assez exotique au début mais que l'on aura finalement peu l'occasion d'arpenter, l'essentiel de l'action se situant dans une seule et même cité, en proie à de sévères troubles liés à des bouleversements d'ordre politique et religieux.



On se laisse malgré tout facilement embarquer par le récit, notamment grâce au protagoniste, Organsin, que le lecteur sera amené à suivre pendant la quasi totalité de l'ouvrage. Prêtre chargé de l'entretien et des sacrifices de l'humble mantélion de la rue du Soleil, le personnage séduit à la fois par sa candeur et par sa volonté de tout faire, y compris ce qui serait contraire à sa religion, pour sauver son lieu de culte. Je serais un peu plus réservée concernant le rythme de certains des quatre romans, à commencer par les deux premiers qui ne se déroulent finalement que sur quarante-huit heures de la vie du personnage. Cela implique évidemment des longueurs qui sont hélas susceptibles de faire lâcher prise au lecteur, de même que certains éléments de l'intrigue qui m'ont parus à de multiples reprises très tirés par les cheveux. Au fur et à mesure de l'avancée du récit, on réalise cependant que le monde élaboré par Gene Wolfe est en réalité bien plus complexe qu'il n'y paraît et que tout, à commencer par les dialogues, possède en réalité un double-sens que l'auteur charge à ses lecteurs de lui-même expliciter. Et j'avoue avoir souvent perdu le fil...



Une réédition bienvenue qui permet de découvrir (ou redécouvrir) l'un des plus grands cycles de Gene Wolfe qui aura énormément titillé ma curiosité tout au long de ma lecture mais dont je ne saurais au final dire s'il m'a véritablement plu. Une expérience un peu déstabilisante, qui plaira cela dit sans doute davantage aux amateurs de SF que de fantasy.
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Soldat des Brumes - Intégrale, tome 2

Seconde intégrale de l’œuvre de G. Wolfe, « Soldat des Brumes », parue chez Lunes d'encre, « Soldat de Sidon » constitue la troisième et dernière partie du récit de Latro, mercenaire condamné par une déesse grecque à oublier chaque jour tous ses souvenirs et à voir les divinités arpentant le monde et invisibles aux autres mortels. Le récit se situe dans la continuité du précédent, on retrouve notre héros suivant la piste de son passé qui l’entraîne cette fois hors du territoire grec que l'on avait eu l'occasion de découvrir dans les deux premiers livres. C'est sur la côte nord-africaine que se déroule l'essentiel de l'action et plus spécifiquement dans une Égypte du Ve siècle avant JC revisitée avec toujours autant de talent par G. Wolfe. Ce troisième livre offre ainsi au lecteur un dépaysement bienvenu et des paysages beaucoup plus variés, des majestueux temples égyptiens au désert de Nubie en passant par les rives du Nil et ses villes cosmopolites...



On suit avec un égal plaisir les aventures de ce héros pour lequel il est difficile de ne pas se prendre d'affection. La galerie de nouveaux personnages qui font ici leur apparition est également à la hauteur, qu'il s'agisse de la danseuse Myt-ser'ou, de l'inquiétant magicien Sahuset, de la femme de cire Sabra...Comme précédemment notre héros est aussi amené à croiser la route des diverses divinités peuplant cette Égypte ancienne (Hator, Isis, Set...) et là encore il s'agit à mon sens des scènes les plus réussies du roman. Un seul regret peut-être, celui de ne pas véritablement voir la quête de Latro aboutir, laissant ainsi le protagoniste comme le lecteur avec toutes ses interrogations. « Soldat des Brumes » se révèle au final une œuvre remarquable démontrant une fois de plus tout l'étendu du talent de G. Wolfe dont l'érudition et l'imagination ont de quoi forcer l'admiration.
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La Cinquième Tête de Cerbère

Ce livre est réellement très particulier.

Il est monté comme un puzzle. Chaque pièces s'imbriquent les unes dans les autres mais encore faut t'il leur trouver la bonne place.

Un livre de SF qui traite de bioéthique avec le clonage mais aussi de la colonisation (entre autre mais tout dévoiler dans ma critique ne rendrait pas service aux futurs lecteurs).



L'auteur met bien en évidence le manque de tolérance des colonisateurs face aux abos. Les maltraitances faites par la domination des "envahisseurs".

En fait ce livre m'a beaucoup fait penser à la domination US vis à vis des peaux rouges.

Mais restont dans la SF, si jamais d'autres êtres vivants dans l'univers existaient et venaient coloniser la terre, serait il légitime qu'ils traitent les humains comme des animaux.



Un livre , qui, pour moi, fait réfléchir.....
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La Cinquième Tête de Cerbère

Nous sommes sur la planète Sainte Croix, soeur ennemie de la planète Sainte Anne, où le Dr Marsch, anthropologue terrien et américain, narrateur de cette histoire, nous parle depuis sa prison. Accusé d'assassinat d'un espion de Sainte Croix et d'être à la solde de Sainte Anne, il était venu enquêter sur Sainte Anne pour retrouver la trace et les légendes des aborigènes exterminés par les colons terriens.

A travers son récit, il va nous faire part de ses doutes et convictions quant à ce passé, dans un contexte difficile de dictature militaire et d'esclavage, de témoins qui brouillent les pistes.

L'espion assassiné s'avère être le propriétaire de la "Maison du Chien", ni plus ni moins qu'une maison close très rentable. Cet homme mystérieux vit avec ses deux enfants "n°5" et David, leur précepteur Mr Million et sa propre soeur le Dr Veil.

On comprend vite que cette maison est en fait surtout celle des manipulations génétiques et des androïdes, les expériences dans cette curieuse et inquiétante "famille" font la vie quotidienne, et depuis longtemps :

- le père vend des esclaves génétiquement manipulés et fabrique des clônes.

- N°5 est une réplique de son père, qui le drogue et fait des expériences sur lui, et de sa tante.

- M. Million est un "simulateur non relié", alias un androïde, à qui on a implanté la mémoire d'ancêtre des deux enfants.

Et N°5 est bien éduqué dans la lignée, faisant également des expériences sur des animaux et à qui on bourre le crâne de théories sur les aborigènes.

Le Dr Marsch va interroger le Dr Veil, qui lui révèle que les habitants actuels de Sainte Anne seraient les descendants des aborigènes, ceux-ci ayant eux-mêmes exterminé les colons terriens et pris leur apparence jusqu'à en oublier leurs origines.

Mais pendant la visite de l'anthropologue, N°5, qui hait son père va le tuer, et le Dr Marsch fait un suspect idéal. Mais finalement, l'enfermement du Dr Marsch n'est-il pas lié à son obstination à écrire que les aborigènes existent toujours ?

Dans cette succession de trois textes étranges, Gene Wolfe démontre des qualités d'écriture exceptionnelles. Ce fin lettré nous entraîne dans une enquête à l'atmosphère inquiétante où les faux-semblants individuels s'insèrent dans une ambiance de secret d'Etat.

Premier grand livre de cet auteur, qu'il faut absolument connaître pour son originalité dans le paysage littéraire de la SF, car même dans ses fameux cycles plus fantasy, il ne cède rien sur l'élégance de style, que bien des écrivains "généralistes" doivent lui envier !

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Soldat des Brumes - Intégrale, tome 1

Après "L'ombre du bourreau" voici l'intégrale d'une autre œuvre de G. Wolfe, "Soldat des brumes", parue chez Lunes d'Encre en deux volumes. L'auteur nous propose ici un voyage au cœur même de la Grèce antique du Ve siècle avant JC, alors que la deuxième Guerre Médique bat son plein et que les tensions entre Athènes et Sparte ne cessent de croître. C'est dans ce contexte que nous suivons les traces d'un certain Latro qui se retrouve à la suite d'une bataille affligé d'une bien étrange malédiction qui le fait oublier chaque jour tout ce qu'il sait mais qui lui permet de voir les différentes divinités arpentant le monde de l'époque. Le pari est osé, d'ailleurs j'ai en ce qui me concerne eu beaucoup de mal à rentrer dans le roman, mais G. Wolfe remporte le défi haut la main.



L'auteur dispose d'une culture impressionnante et nous fait partager son savoir avec beaucoup d'intelligence et de subtilité. Les références historiques et mythologiques abondent et il n'est pas toujours évident pour le lecteur de toutes les relever ou les comprendre car elles relèvent pour la plupart de connaissances étymologiques très poussées. Quoi qu'il en soit, rarement un roman m'aura tant donné l'impression de véritablement saisir ce qu'a pu être cette civilisation grecque de l'Antiquité. Pourtant, si le cadre parlera certes aux amateurs d'Histoire, le fait de changer le nom d'Athènes en "Pensée", de Sparte en "Corde" ou encore de Perséphone en "La Demoiselle" finit par faire peu à peu disparaître ce sentiment de familiarité pour laisser place à un univers plus méconnu, presque onirique, et empli de mystères.



Latro, pour sa part, est un personnage qui se révèle rapidement attachant, tant par sa gentillesse naturelle et sa bravoure que par l'empathie que le lecteur peut éprouver à l'égard de sa malédiction. Cette identification au protagoniste est de plus renforcée par le choix du mode de narration, l'auteur ayant adopté la forme d'un journal intime écrit par Latro désireux de garder une trace de tout ce qu'il a pu oublier. Les autres personnages sont également très réussis, que ce soit la petite esclave Io, l'homme noir... Les plus belles scènes restent à mon sens celles des rencontres successives de notre héros avec différents êtres divins, tous plus terribles et complexes les uns que les autres, qu'il s'agisse de déesses ou de divinités inférieures comme les nymphes, les néréides... Un ouvrage complexe, donc, mais infiniment poétique et très captivant.
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La Cinquième Tête de Cerbère

Trois longues nouvelles de 1972 se déroulant sur deux planètes jumelles plusieurs fois colonisées et abandonnées par les humains.La nouvelle éponyme est le récit autobiographique d'un enfant élevé au sein d'une étrange maison mi bordel de luxe,mi laboratoire où l'on pratique manipulations génétiques et clonage.La famille composée d'humains se ressemblant étrangement,de cyborgs et de robots est non moins surprenante. '"Récit par John V.Marsh" conte sur le mode légendaire l'arrivée des Terriens vue par les peuples autochtones(mais le sont-ils ?).Dans "VRT"un enquêteur (du type STASI) tenté de reconstituer le dossier d'un mystérieux prisonnier politique à travers les fragments de ses écrits, ceux-ci venant ,par ailleurs établir des liens avec les autres nouvelles.

Ce n'est pas classique ,ni facile comme SF.Wolfe est un remarquable créateur d'images et d'ambiances troublantes.Il excelle à entraîner son lecteur dans des histoires labyrinthiques et lacunaires,dont peu à peu se dégage une partie du sens.C'est très intelligent,de la SF haut de gamme,j'adore.
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Le livre du nouveau soleil, tome 1 : L'ombr..

Excellent premier roman d'une pentalogie dont le style narratif demande un temps d'adaptation (mais cela arrive rapidement). Un petit reproche, l'auteur à tendance à digresser parfois. Amateur de Fantasy à la Gemmell ou Eddings, passez votre chemin, ce 1er tome est lent et sans batailles. De plus et c'est ce qui fait une partie de son charme, on a du mal à situer l'environnent, Fantasy, Uchronie, Post Apocalyptique.... L'avenir nous le dira

8/10.
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L'Ombre du Bourreau - Intégrale, Tome 1

SUBLIME.



Gene Wolfe fait partie de ces très belles plumes dont a accouchée la littérature de science-fiction (et la littérature en général), au même titre que Theodore Sturgeon ou Ursula Le Guin...



A mi-chemin entre la fantasy et la SF, l'ombre du bourreau est une oeuvre exceptionnelle. Fantasy par l'ambiance qui règne tout au long de ce roman, une atmosphère sombre, oppressante ; SF de par la description de ce monde, des ses peuples... on découvre d'ailleurs plus ce monde à travers ses multitudes de mythes qu'à travers les observations qui en sont faites (là encore c'est très proche d'Ursula le Guin dans l'approche quasi anthropologique (ou ethnologique, au choix) qui en est faite...)



De ce monde, on ne sait pour tout dire absolument rien, de même que Séverian qui va le découvrir peu à peu... On ne connaît que très peu de choses de Séverian également, l'auteur prenant plaisir à nous distiller les informations au compte goutte...



"T'ai-je dit tout ce que j'avais promis de te dire? Je me rends bien compte qu'à tel ou tel endroit du récit, je me suis excusé en disant que ce point s'éclaircirait un peu plus loin. Je n'en ai oublié aucun, j'en suis sûr, mais il y a tellement d'autres choses dont je me souviens...Avant d'affirmer que je t'ai trompé, lis de nouveau, comme je vais de nouveau écrire." Séverian



On apprend très vite que Séverian souffre / profite de ce que l'on appelle une mémoire éidétique, faculté que possèdent certaines personnes à se souvenir d'absolument tous les détails de leur vie passée, même les plus insignifiants. L'auteur se joue alors du lecteur, le noyant sous un amoncellement de souvenirs, chacun ayant plus ou moins d'importance ; mais à ces souvenirs se mêlent également hallucinations et souvenirs d'autres personnes (impossible d'en révéler plus sans dévoiler une partie de l'histoire...) qu'il faut alors organiser, trier, afin de se frayer un chemin et démêler le vrai du faux.



D'ailleurs Wolfe, en Grand Littéraire, aime à prendre son temps ; ici, pas de courses poursuites endiablées à travers les étoiles, pas de combats opposant d'immenses armées... ça se rapprocherait plus d'un jeu style Baldur's gate dans lequel vous progressez pas à pas sans réellement savoir où vous allez, rassemblant des éléments au fil des pages vers vous ne savez trop quel but (on peut pousser plus loin l'analogie avec la description précise de tous les systèmes de Guildes, leurs rites, qui régissent ce monde).



Vous l'aurez compris, le rythme est extrêmement lent, l'action souvent absente, la lecture parfois ardue... mais Gene Wolfe en profite pour nous éblouir de descriptions splendides, nous faisant presque regretter de ne pouvoir découvrir ce monde par nous-même.



"...Avant d'arriver à Saltus, nous avions dû traverser, Jonas et moi, des collines entières de débris provenant des mines, composées avant tout de pierres et de briques brisées [...] on voyait surtout des statues obscènes, renversées ou réduites en miettes, et des ossements humains auxquels étaient encore attachés des lambeaux de chair desséchées et des touffes de cheveux. Et puis il y avait une bonne dizaine de milliers d'hommes et de femmes, ceux qui, dans l'espoir d'une résurrection en quelque sorte privée, avaient fait traiter leur cadavres afin qu'il devienne pour toujours imputrescible; ils étaient disséminés un peu partout, tombés comme des ivrognes après une nuit de débauche, leur sarcophage de crystal détruit, les membres ayant pris des positions grotesques, leurs vêtements en train de finir de pourrir et leurs yeux aveugles regardant fixement le ciel."



Bref, à conseiller aux amateurs de littérature avec un grand L, aux amateurs de fantasy et/ou de SF (enfin un livre qui réconcilera les 2), à ceux qui aiment prendre leur temps, s'immerger entièrement dans un monde inconnu...



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La Cinquième Tête de Cerbère

La cinquième tête de Cerbère est un roman du genre science-fiction qui regroupe trois récits distincts avec un fil conducteur qui se révèle bien souvent au détour d’une phrase. Toutefois ces trois récits pourraient presque être lus indépendamment mais il y manquerait sûrement le lien ténu et essentiel que Wolfe a su y laisser dans la trame.

La planète Sainte-Croix a été colonisée initialement par les français et conquise depuis par une nation anglo-saxonne. Sur cette planète vit une société en apparence assez proche de la nôtre mais avec des préoccupations propres à une colonie implantée depuis peu sur un territoire pas complètement exploré. La planète Sainte-Croix a dans son orbite la planète Sainte-Anne. Cette dernière planète aurait connu avant sa colonisation une population autochtone, appelée « abos », qui aurait disparue selon certains. Toutefois d’autres récits parlent des étranges pouvoirs protéiformes de ces abos qui auraient remplacé les colonisateurs en prenant leur apparence et en oubliant leur origine.

La première partie du récit se situe sur la planète Sainte-Croix et relate les souvenirs de prime enfance à la vie d’adulte d’un homme. Cette première partie permet d’installer un univers à part où le lien familial, l’identité prennent une part essentielle. La seconde partie relate les pérégrinations d’un abo en proie à des expériences terribles et mystiques sur la planète Sainte-Anne. Enfin la dernière partie traite de la lecture parcellaire du journal intime d’un ethnologue emprisonné sur Sainte-Croix en vue d’une éventuelle libération.

Récit tenant plus de l’uchronie, ce roman ouvre la porte à différents champs de réflexion aussi bien scientifiques, ethnologiques, sociaux que moraux. Même si sa lecture peut s’avérer déconcertante, j’ai pris grand plaisir à la lecture de ce roman parcellaire où le souvenir et la mémoire tissent une toile frêle mais aux ramifications multiples.

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Soldat des brumes, Tome 3 : Soldat d'aretê 2

Fort déçu par "Soldat des Brumes", je me suis lancé dans "Soldat d’Aretê" avec une approche différente de ma lecture.

Je me suis mis dans l’état d’esprit de Latro, en ne lisant 1 ou 2 chapitres par jour, en ne cherchant pas à comprendre ses aventures, en me laissant porter par les événements. Et bien c’était encore pire : ce fut pendant un pendant bien longtemps une sacrée purge.

Dans le tome 1 il y avait des passages fantastiques / oniriques / poétiques qui faisaient passer la pilule. Et bien dans le tome 2, j’ai eu beaucoup de mal à les trouver…

Mais dans le dernier quart on revient à Athènes et Sparte, on retrouve des personnages familiers, cela devient moins fastidieux à lire donc cela devenait plaisant… Mais que ce fut long et laborieux avant d’en arriver là !



Gene Wolfe a écrit un livre de 800 pages, il a enlevé 1 chapitre sur 2 et on se retrouve avec une quarantaine d’ellipses. Et entre les livres on a droit à des super ellipses, sans parler de trucs bizarres difficilement explicable (d’où il sort l’oncle de Polos dans la 4e partie ? untel meurt, mais untel revient quand même, mais en fait ce n’est pas untel… Au secours, c’est déjà assez difficile à suivre avec toutes ces ellipses, tous ces noms propres remplacés par des épithètes, tous ces oracles fumeux, toutes ces explications qui ne font pas avancer le schmilblick d’un iota…)



On avait laissé Latro en Asie Mineure, on le retrouve en Thrace : que c’est s’est-il passé entre le 2 ? On ne le saura jamais.

Difficile d’ailleurs de s’attacher à ce personnage dont on ne sait pas grand-chose, qui ne se livre pas et qui n’évolue pas. De plus la zen attitude avec laquelle il subit sa malédiction et le flegme avec lequel il obéit aux événements interrogent. Quand on se réveille tous les matins en terrain inconnu, entouré d’inconnus, sans savoir qui vous êtes on devait être un minimum anxieux : Latro non, il est plutôt cool raoul et accepte sans broncher quasiment tout ce qu’on lui dit.



Des personnages apparaissent, disparaissent et parfois réapparaissent sans faire avancer d’un iota la quête de Latro. Qui sont-ils ? Ce n’est pas toujours clair. Que veulent-ils ? On n’en sait rien. A quoi servent-ils ? On se le demande.

L’essentiel du roman se concentre sur le sauvetage du mède Eobazus à l’aide d’un mantis boiteux d’Elis. Qui est est-il ? On n’en sait fichtre rien.

Pourquoi faut-il le sauver ? On n’en sait fichtre rien.

A quoi sert-il une fois libéré ? On n’en sait fichtre rien.

Bref un marigot littéraire auquel je n’ai absolument rien compris.

Bien que l’amnésie rétrograde de Latro nous laisse orphelin de la moitié de ce qui lui arrive, l’auteur se paye le luxe d’un paquet de répétitions dans les formules explicatives apportées de chapitres en chapitres, ou de livres en livres…

Et les aperçus des conséquences des Guerres Médiques ou des prémices de la Guerre du Péloponnèse font plutôt illusion dans la mesure où ils n’apportent finalement pas grand-chose au background, aux personnages ou à l’intrigue. Oui, car Gene Wolfe reprend tels quels des morceaux d’Hérodote, Thucydide et autres auteurs de la Grèce Classique.



Le plus littéraire des auteurs de SFFF ? Peut-être.

Oui, c’est bien écrit, oui c’est bien construit. Oui un concept fascinant bien exécuté. Mais ce 2e tome a été pour moi assez purgesque...

L’épilogue est un véritable nectar littéraire : ceux qui adorent les bons jongleurs de mots vont véritablement se régaler. Mais il constitue aussi une belle fumisterie : en 4 pages une course de char, une émeute, un assassinat, une opération de piraterie et une déclaration de guerre mais je n’ai strictement rien compris car l’auteur préfère se regarder écrire.

On est dans le postmodernisme : sans doute un livre écrit pour un public restreint auquel je n’appartiens pas. Donc je me garderais bien de le qualifier de mauvais malgré tout le déplaisir que j'ai eu à le lire.
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Soldat des brumes, Tome 2 : Soldat d'aretê 1

Fort déçu par "Soldat des Brumes", je me suis lancé dans "Soldat d’Aretê" avec une approche différente de ma lecture.

Je me suis mis dans l’état d’esprit de Latro, en ne lisant 1 ou 2 chapitres par jour, en ne cherchant pas à comprendre ses aventures, en me laissant porter par les événements. Et bien c’était encore pire : ce fut pendant bien longtemps une sacrée purge.

Dans le tome 1 il y avait des passages fantastiques / oniriques / poétiques qui faisaient passer la pilule. Et bien dans le tome 2, j’ai eu beaucoup de mal à les trouver… Mais dans le dernier quart on revient à Athènes et Sparte, on retrouve des personnages familiers, cela devient moins fastidieux à lire donc cela devenait plaisant… Mais que ce fut long et laborieux avant d’en arriver là !



Gene Wolfe a écrit un livre de 800 pages, il a enlevé 1 chapitre sur 2 et on se retrouve avec une quarantaine d’ellipses. Et entre les livres on a droit à des super ellipses, sans parler de trucs bizarres difficilement explicable (d’où il sort l’oncle de Polos dans la 4e partie ? untel meurt, mais untel revient quand même, mais en fait ce n’est pas untel… Au secours, c’est déjà assez difficile à suivre avec toutes ces ellipses, tous ces noms propres remplacés par des épithètes, tous ces oracles fumeux, toutes ces explications qui ne font pas avancer le schmilblick d’un iota…)



On avait laissé Latro en Asie Mineure, on le retrouve en Thrace : que c’est s’est-il passé entre le 2 ? On ne le saura jamais.

Difficile d’ailleurs de s’attacher à ce personnage dont on ne sait pas grand-chose, qui ne se livre pas et qui n’évolue pas. De plus la zen attitude avec laquelle il subit sa malédiction et le flegme avec lequel il obéit aux événements interrogent. Quand on se réveille tous les matins en terrain inconnu, entouré d’inconnus, sans savoir qui vous êtes on devait être un minimum anxieux : Latro non, il est plutôt cool raoul et accepte sans broncher quasiment tout ce qu’on lui dit.



Des personnages apparaissent, disparaissent et parfois réapparaissent sans faire avancer d’un iota la quête de Latro. Qui sont-ils ? Ce n’est pas toujours clair. Que veulent-ils ? On n’en sait rien. A quoi servent-ils ? On se le demande.

L’essentiel du roman se concentre sur le sauvetage du mède Eobazus à l’aide d’un mantis boiteux d’Elis. Qui est est-il ? On n’en sait fichtre rien.

Pourquoi faut-il le sauver ? On n’en sait fichtre rien.

A quoi sert-il une fois libéré ? On n’en sait fichtre rien.

Bref un marigot littéraire auquel je n’ai absolument rien compris.

Bien que l’amnésie rétrograde de Latro nous laisse orphelin de la moitié de ce qui lui arrive, l’auteur se paye le luxe d’un paquet de répétitions dans les formules explicatives apportées de chapitres en chapitres, ou de livres en livres…

Et les aperçus des conséquences des Guerres Médiques ou des prémices de la Guerre du Péloponnèse font plutôt illusion dans la mesure où ils n’apportent finalement pas grand-chose au background, aux personnages ou à l’intrigue. Oui, car Gene Wolfe reprend tels quels des morceaux d’Hérodote, Thucydide et autres auteurs de la Grèce Classique.



Le plus littéraire des auteurs de SFFF ? Peut-être.

Oui, c’est bien écrit, oui c’est bien construit. Oui un concept fascinant bien exécuté. Mais ce 2e tome a été pour moi assez purgesque...

L’épilogue est un véritable nectar littéraire : ceux qui adorent les bons jongleurs de mots vont véritablement se régaler. Mais il constitue aussi une belle fumisterie : en 4 pages une course de char, une émeute, un assassinat, une opération de piraterie et une déclaration de guerre mais je n’ai strictement rien compris car l’auteur préfère se regarder écrire.

On est dans le postmodernisme : sans doute un livre écrit pour un public restreint auquel je n’appartiens pas. Donc je me garderais bien d'évaluer ce livre en disant de ne pas le lire ou de le lire pour vous faire votre propre opinion...
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Le livre du nouveau soleil, tome 1 : L'ombr..

Eloge de la seconde chance.

L'assertion est un peu pompeuse mais illustre parfaitement mon rapport au cycle "Le livre du nouveau soleil" de Gene Wolfe.



Une première lecture vers l'age de vingt ans, aussi fastidieuse qu'interminable, s'était soldée par un échec.

A l'époque, amateur de Fantasy, nourri de Tolkien et de Howard j'avais été abusé par un résumé peu pertinent et une inclination naïve pour l'illustration de couverture.

La déconvenue fut terrible, point de Gandalf ni de Conan, pas plus de combats héroïques que de magies féeriques, un récit soporifique sans queue ni tête et en quatre tomes en plus.



Repris très récemment ce fut comme une découverte.

A l'exception de quelques détails cosmétiques, on louvoie plus entre SF et Fantastique qu'en territoire de Fantasy.

Une narration difficile, parfois absconse, accumulant les ellipses et de longues introspections philosophiques qui propose autre chose, bien loin des divertissantes gestes épiques et autres sagas fabuleuses.



Avec le recul, il n'est pas surprenant que je sois passé à côté la première fois. La jeunesse est rarement réceptive aux thématiques et questionnements abordés ici par Gene Wolfe.



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Soldat des brumes, Tome 1 : Soldat des brumes

Dans la "Trilogie du Minotaure" les humains faisaient irruption dans une Crète fantastique, dans "Soldat des Brumes" les divinités et créatures de la mythologie font irruption dans la Grèce du Ve siècle avant J.-C.

D'ailleurs Gene Wolfe nous livre une vision fort bien documentée de la Grèce antique aux lendemains des Guerres Médiques : certains se reconstruisent, certains règlent leurs comptes, certains rentrent au pays, certains continuent la lutte en portant la guerre en terrain perse, certains veulent tirer les marrons du feu…

On rencontre ainsi directement au indirectement quelques grandes figures de l’époque, Mardonios, Thémistocle, le poète thébain Pindare, le régent spartiate Pausanias… ainsi qu’une astucieuse mise en application du théorème de Thalès !

Entre la douce poésie de Burnett Swann et la douce cruauté de Tanith Lee, la prose de Gene Wolfe nous offre de beaux moments : une séance de nécromancie dans un cimentière athénien, Koré/Perséphone a la fois attirante et repoussante, le fantôme d’Héraklès en coach de lutte, la baiser de la plus jeune des néréides…



Mais que c'est brumeux, que c'est embrumé ! C’est galère de suivre latro dans sa quête d'identité. A chaque réveil Latro a oublié ce qu’il a fait la veille, et à midi ce qu’il a fait depuis la nuit. Le concept de "Memento" historico-mythologique, l'emporte ainsi sur les personnages, sur l'univers… bref c’est assez obscur. Et c'est bien dommage car à chaque chapitre quand il repart de zéro, et bien le lecteur aussi ou presque.



Gene Wolfe se présente certes comme un simple traducteur / passeur, pourtant il ne ménage pas ses efforts pour nous perdre tout autant que son personnage principal. Latro doit tout écrire ce qui lui arrive, or il le fait assez épisodiquement… Latro doit lire chaque jour son journal, or il le fait assez rarement… Et quand on commence à s’y retrouver, paf une bonne ellipse plus ou moins dodue et il faut boucher les trous de nous-mêmes pour ne pas se perdre définitivement. C’est juste épuisant pour les neurones et pas palpitant pour un sou...

Et pourquoi faire simple alors qu'on peut faire très compliqué ? Gene Wolfe renomme les peuples, les lieux et les dieux à sa sauce : bien le bonjour pour s'y retrouver !



Pour faire gagner du temps aux futurs lecteurs, voici le lexique :



Pensée = Athènes, Attache = Le Pirée, Avènement = Eleusis, Corde = Sparte, Colline = Thèbes, Colline-sous-la-Tour = Corinthe, Cent-Yeux = Argos, Plaine-de-Fenouil = Marathon, Argile = Platée, Dauphins = Delphes...



Terre-des-Vaches = Béotie, Pays-Silencieux = Laconie, Île des Bœufs = Eubée, Contrées des Ours = Arcadie, Détroit de la Paix = Salamine, Portes-Brûlantes = Thermopyles, Île de Face-Cramoisie = Péloponnèse, Signe-de-Thrace = Samothrace, Pays des Hauts Bonnets = Phrygie ?, Terre-du-Fleuve = Égypte…



Pour les divinités, on est plus dans le classique malgré quelques surprises :

Tonnant = Zeus, Dieu Prompt = Poséidon ?, Destructeur / Dieu Brillant = Apollon, Grande Mère = Démeter, Dame de Pensée = Athéna, Chevreau = Dionysos, Demoiselle = Koré / Perséphone, Dieu venu de Nysa = Sylès… Et c'est super sympa pour s'y retrouver fusionner Artémis et Hécate d'un côté, Aphrodite et Europa d'un autre côté !



Que foutaient ces mercenaires romains dans l'armée du shahdishah Xerxès ?

Qu'a fait Latro/Lucius pour avoir été maudit d'une amnésie rétrograde ?

On se doute bien que ceux que les dieux veulent détruire ils les frappent d'abord de folie, mais le pourquoi du comment... Qui sont l'homme noir, Pindaros, Hileiara, Euryclytés, Drakaina...

Que veulent toutes ces divinités de la Grèce antique qui parlent par énigme ?

Où l'auteur veut en venir avec ses histoires d'oracles, de Dieu Noir, de femme-serpent, de monstre marin, de Neuriens lycanthropes, de fantômes, de griffus, de néréides, de sacrifices humains... On n'en sait fichtrement rien au bout de 400 pages !

Je dois avouer que finalement, je n’ai pas compris où on allait et cela m'a rapidement gonflé de devoir relire chaque chapitre 2 ou 3 fois et de faire de constant retours en arrière pour essayer d'y voir clair.

Ainsi cette histoire de nécromancien-espion « transexuel » m'a passablement gonflé : le personnage change d'apparence, de mentalité, de loyauté, de sexe et de nom au cours du récit sans guère d'explication.



Effectivement un concept fascinant, exécuté avec grand talent par un très bon jongleur de mots. Je salue la gageure littéraire et l'entreprise éditoriale qui l'a soutenue en VO et en VF, mais je n'ai pas vraiment accroché et même je déconseillerais cette œuvre trop exigeante pour être à la portée du plus grand nombre. Bref, si vous n'êtes pas un hardcore reader peut-être devriez-vous vous abstenir.
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Le livre du nouveau soleil, tome 5-1 : Le n..

Ce 5ème et dernier roman du cycle de Teur, divisé en 2 tomes (pour des raisons commerciales je présume) a été dur à lire, surtout la 1ère partie qui se passe dans le vaisseau. Les descriptions de l'auteur sont toutes sauf nettes et j'ai eu du mal à visualiser ce qu'il décrivait, je n'y suis d'ailleurs pas arrivé pour une bonne partie. Ensuite les choses ce décantent, on revient à une écriture plus précise, compréhensible je dirais. Mais vers la fin la prose de Wolfe part dans la métaphysique et le religieux et là j' ai été un peu largué.

Finalement ce livre n'est pas indispensable, ceux qui attaquent le cycle peuvent laisser de coté ce 5e tome.

En ce qui concerne cette série, heureusement que j'ai attendu plus de 30 ans pour la découvrir car si j'avais commencé sa lecture à l'époque de mon achat, je n'aurais pas dépassé le 1er roman, la lecture en est assez ardue, même si le plaisir est là.

4/10
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L'Ombre du Bourreau - Intégrale, Tome 1

Un vrai OLNI qui n'est pas accessible à tous mais qui, quand on accepte de suivre Sévérian sans conditions, nous le rend au centuple.



Il faut se laisser porter par l'histoire, accepter de ne pas tout comprendre, de n'avoir que l'avis subjectif de Sévérian, ne pas chercher de l'épique à tous les chapitres ...... Si l'on est prêt à ça avant de commencer cette lecture, je pense que l'on ne sera pas déçu. Des passages inoubliables pour un livre inoubliable. Une vrai expérience !
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Le livre du nouveau soleil, Tome 4 : La cit..

Ce roman met fin au récit de Severian, entamé avec L'Ombre du Bourreau. Si l'écriture et l'histoire sont toujours de qualité, j'ai trouvé dans celui ci les défauts inhérents à cette série comme quelques longueurs et digressions avec lesquelles j'ai eu plus de difficultés. Alors certes nous avons des réponses mais parfois elles sont moyennement claires ou pas assez détaillées. J'ai quand même pris du plaisir à cette série qui vieillissait tranquillement dans ma bibliothèque depuis trois décennies (mieux vaut tard que jamais).

Vous allez me dire, la série n'est pas finie...Effectivement, Gene Wolfe a rajouté quelques années après (5 ans) un tome qui se passe dans la continuité du récit de Severian alors qu'il est devenu Autarque et qu'il va tenter de donner à Teur son nouveau soleil.

7/10
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