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Citations de Geneviève Dormann (101)


.... ... ...L'homme souvent abattu sur l'épaule de la femme, lorsqu'ils sont âgés et qu'au fil des années il est devenu son enfant égoïste qui ne voit plus en elle qu'un oreiller tutélaire. Chez les plus jeunes, au contraire, c'est lui qui protège la femme, débordant son siège, l'envahit, la tête posée sur ses genoux qu'il entoure d'un bras possessif.
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Il me semblait que je n'avais fait que celà depuis que j'étais au monde: attendre Thomas. Que je n'avais été qu'une porte ouvert pour quelque chose, quelqu'un qui devait venir depuis toujours et ne viendrait, maintenant, que dans dix jours, neuf, huit, et n'en finissait plus. Je n'avais pas vécu, j'avais usé le temps par toutes sortes de simulacres. [...] J'avais fait semblant d'aimer des gens, d'en haïr d'autres, mais du bout du coeur, sans y penser vraiment, en attendant Thomas. J'avais piétiné de mensonge en mensonge, durant vingt-cinq ans, en long, en large. Ce n'était pas une vie, mais une salle des pas perdus.
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Tu as tout pour être heureuse...ta gueule, maman! Tu as fait tout ce que tu as voulu... Oui, maman. Est-ce que tu peux me dire... Non, maman, je ne peux pas te dire... Tu as raison, j'ai fait tout ce que j'ai voulu.
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Le pire, c'est la peur. Si, dans la maison froide de la rue Sainte-Croix, grelottent Sophie, sa tante et Julie, c'est d'effroi plus que de froid. La ville entière tremble de peur. Le tocsin des cloches sonne la peur et c'est la peur que battent les tambours.
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Les premiers marquoirs étaient des morceaux d'étoffe sur lesquels on répertoriait des exemples de points de couture et de broderie pour les garder en mémoire. Dans les pays anglo-saxons, on les appelait samplers (du latin exemplum = exemple).
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Ce qui fait l'intérêt du Chemin des dames, c'est premièrement l'autorité du style et c'est deuxièmement la même chose. La rapidité, le raccourci. On a affaire à la postérité de Morand, à l'école de Nimier. A beaucoup de parti pris. A un cynisme qui exagère, mais qui, en même temps, purifie. A un humour qui fait du bien. A un mariage assez curieux de romantisme et de lucidité. Un certain goût des "enfants tristes", du plaisir d'être malheureux ; un besoin d'absolu qui se venge de son échec par l'ironie, la poésie, la sincérité agressive. Une férocité, une tendresse. Une générosité cachée. Un grand dégoût de la platitude. Un document sur une époque, sur un milieu et sur une mode du sentiment. Alexandre Vialatte .
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Toute son enfance resurgit à Saint-Just où elle ne découvre que des images selon son coeur, des parfums d'autrefois, des sensations mal oubliées...
- Les roses nous survivent, dit Fanneau. Planter un rosier, c'est peut-être l'entreprise humaine la plus importante. Nous nous y emploierons, si tu le veux bien. Des roses, partout, par milliers. Un champ de roses. Ainsi, nous mourrons tranquilles.
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C’est longtemps après l’avoir connue et perdue que Bénie, devenue grande, éprouvera une grande curiosité pour cette petite femme râblée et sportive ; car tout le temps qu’elle ne consacre pas à ses chats, Lady Oakwood le passe à dresser des chevaux et, à soixante ans passés, elle a encore, dans le comté, la réputation de pouvoir dompter les poulains les plus rétifs. Lady Oakwood se lève à l’aube, été comme hiver, et commence par engloutir un gigantesque petit déjeuner composé de kippers, d’œufs frits, de rognons ou de côtelettes avec des muffins et des toasts qu’elle fait rôtir elle-même à la flamme de la cheminée – car elle a refusé qu’on installe le chauffage central à Midhurst – avec une longue pique d’argent emmanchée d’ébène. Le tout arrosé d’un thé couleur d’ambre rouge, un mélange spécial qu’on lui fait chez Fortnum and Mason. Après quoi, elle part monter, toujours impeccable, cravatée de piqué blanc, en jodhpurs et veste de velours, sa bombe sous le bras, fouettant sa botte de sa cravache.
Le soir, métamorphose complète. La centauresse du matin devient une lady de gravure victorienne, en corsage de dentelle dont les poignets avancent en pointe sur le dos de ses mains baguées d’émeraudes et de diamants. Un fin lorgnon d’or pincé à mi-nez, elle brode des samplers d’un air séraphique, s’interrompant de temps à autre pour tremper ses moustaches dans un verre de sherry amontillado dont elle raffole. Autour d’elle, un parterre de chats s’étirent sur le tapis ou jouent avec les pelotons de soie ramassés dans une corbeille, à ses pieds.
Quand Bénie s’aventurait à cette heure dans le salon, Lady Oakwood lui parlait mais sans lever les yeux de son ouvrage, sans jamais la regarder, ce qui impressionnait beaucoup l’enfant.
Sa vie était si régulière qu’on pouvait la quitter pendant des semaines, des mois et être sûr de la retrouver, aux mêmes heures, dans les mêmes occupations. Souvent, Bénie s’était demandé quelle jeune fille, quelle femme elle avait été, cette petite dame qui était l’image même de la solitude.
Lady Oakwood parlait peu, ne se plaignait jamais et deux syllabes suffisaient, en général à exprimer son indignation ou sa contrariété :« Oh, no ! » prononcées sur un ton de ferme réprobation et qui en disaient long. « Oh, no ! » pour la déclaration de la guerre, pour une excentricité de Maureen. « Oh, no ! » Pour le blitz de Londres, la mort d’un chat, le triomphe de l’Angleterre sur l’Irlande au Tournoi des Cinq Nations ou l’écart incongru d’un cheval comme celui qui, plus tard, devait définitivement lui rendre la vie insupportable.
C’était peut-être aussi ce qu’elle avait pensé, à dix-sept ans, le jour où le baronet Oakwood, qui avait vingt-cinq ans de plus qu’elle, l’avait épousée, après l’avoir gagnée aux dés contre son père avec lequel il chassait le renard. C’est ainsi qu’elle avait quitté son Galway natal pour le Sussex où les renards ne manquaient pas. Edward et Maureen étaient nés, ce dont Bénie s’était toujours étonnée car il lui était difficile d’imaginer que Lady Oakwood ait pu jouer à la bête-à-deux-dos ni même accoucher. Non, rien, dans sa personne ne permettait de soupçonner qu’elle se soit jamais livrée à de semblables gesticulations. Oh, no !
Elle s’était suicidée à quatre-vingt-deux ans, après avoir soigneusement empoisonné tous ses chats et lâché ses chevaux dans la campagne. Un matin, sa femme de chambre avait trouvé un papier épinglé sur la porte de sa chambre et une enveloppe posée par terre. Sur la porte, le message était bref : « Marjorie, n’entrez pas : je viens de me tuer. Appelez mon médecin et faites parvenir cette lettre à mes enfants. »
La lettre destinée à Edward et Maureen n’était guère plus longue. « Ma mémoire baisse et je suis tombée de cheval, hier. Rassurez-vous, personne ne m’a vue. Je me suis tuée seule et sans aide. » Signé : « maman ».

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Et la suite était venue très vite. Ce qui était arrivé à Vivian tenait en trois mots :

– Je suis amoureux.

Et Bénie qui s’attendait à tout, sauf à cela, avait pâli, cou serré, gorge sèche et bourdon dans les oreilles. Une Bénie subitement dédoublée, triplée, centuplée, comme une armée de Bénies courant en tous sens, affolées, contradictoires, se heurtant les unes aux autres. Je m’en fiche. Non, je ne m’en fiche pas. Ah, que je te déteste, mon amour ! Ah, que je t’aime, salaud ! Et cette image de bande dessinée, dérisoire, obsédante, d’une Bénie renversée sur le dos, exactement comme Milou, chien de Tintin, assommé par un malfrat et qui gît, la patte en l’air, tétanisé, avec des petits ronds au-dessus des oreilles, des étoiles et des bougies qui clignotent, gloup ! Zim ! Boum ! Zing ! Zing ! Zing ! Bénie-Milou au tapis !

Et toutes les Bénies, soudain, se rassemblent à toute vitesse, se fondent les unes dans les autres pour n’en laisser qu’une, plus fléchée que saint Sébastien, vibrante mais vivante encore, une Bénie qui démarre, emportée au galop par des chevaux fous, le cheval gris de l’amertume, le blanc du désespoir et le plus beau, le plus puissant, celui qui crache le feu par les naseaux, le diabolique, l’invincible cheval noir de l’orgueil. Mon Dieu, mon Dieu, quel bonheur que la nuit soit tombée et qu’il ne puisse voir la tête que je fais, que je ne peux m’empêcher de faire, si stupide, jalouse comme la dernière des idiotes parce que Vivian amoureux mais de qui, non de Dieu ? Qui, cette salope ? Ses mains sur elle, sa bouche sur elle, sa queue entre ses cuisses. Pire encore : sa pensée sur elle, sa complicité avec elle, ses mots pour elle. Amoureux, il l’a dit. Tombé amoureux. Il est tombé. Tombé de moi. Amoureux ! Amoureux en pleurer. Mais pas moi. Pas pleurer. Et puis quoi, encore ? Respirer yoga. Vite rebondir. Rebond–dire. Dire quelque chose, n’importe quoi. Quelque chose de cinglant. Non, quelque chose de prodigieusement intelligent, léger et inoubliable à la fois. Et partir très vite, se casser, c’est bien ça : se casser. Les laisser à leur bonheur de merde où je ne suis pas. Les laisser comme Bérénice, à la fin, sur une phrase somptueuse comme un manteau de velours à longue traîne qui caresse des marches de marbre et disparaît… Adieu. Servons tout trois d’exemple à l’univers…
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Habiter Versailles, tu vois, c’est choisir la folie du sublime, la plus haute barre de l’absolu, le rêve infini de l’impossible. Versailles, c’est aussi un bunker d’or, inexpugnable. C’est un sous-marin, c’est un rempart, c’est un refus. Celui d’une civilisation dégradante, étouffante. Habiter Versailles, c’est se garder de la boue et des foules, des contingences hypocrites de la démocratie, des compromissions fallacieuses de l’égalité. C’est choisir l’assurance contre les assurances, la déraison contre la logique, la gratuité contre le bon marché, la beauté contre la joliesse, le chêne contre le plastique, l’or contre l’aluminium…
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Dans un chagrin d’amour, la victime n’est pas celui des deux qui pleure. Il peut au moins se vautrer dans sa souffrance. On le comprend, on le plaint, on le plâtre. On lui entoure les épaules. On le tapote. On lui promet des jours meilleurs. On veut lui changer les idées. On l’aime comme un paratonnerre qui vient de rassembler sur soi un malheur qui épargnera peut-être les autres. Rien de tel pour se faire des amis.
L’autre, celui qui fait pleurer, celui qui n’aime plus est exilé dans la solitude du bourreau. On lui montre les larmes qu’il fait couler. On lui en fait honte. On le croit heureux, ailleurs. On veut lui coller des remords pour lui faire payer son envie de jouer la fille de l’air.
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Il y a les pompeurs et les pompés, les pauvres de vie et les riches, les vampires et les sucés. Fais gaffe au vieux con qui te met la main sur l’épaule et te déclare, l’œil luisant, qu’il aime les jeunes… C’est signe qu’il va t’aimer et même qu’il va se resservir.
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La fréquentation des grandes personnes n’est pas forcément tonifiante. Quand on fait dormir un bébé dans la chambre d’un vieillard, au matin ce dernier est tout ragaillardi et le bébé est vieux. C’est un phénomène d’osmose très courant. Les êtres humains sont des passoires. D’ailleurs, il suffit de se laisser enfermer au contact d’un imbécile, d’un anxieux ou d’un anémique pour se sentir affaibli, désemparé, la batterie à plat.
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Ami de l’ordre, de la logique et du bon sens, Georges était pour moi une sorte de tour de contrôle, de référence de santé à laquelle je tenais beaucoup. Mais les tours de contrôle sont souvent des éléments de précision assez fragiles qu’il faut ménager. Si on les chahute, elles se détraquent, s’affolent et perdent toute efficacité.
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Les filles en robes légères avaient déjà leurs seins d’été, plus lourds, plus élastiques, plus mouvants dans la marche. Tu n’as pas remarqué ça ? L’hiver, les seins des femmes disparaissent ; ils s’endorment, tassés, enfouis comme des tortues, on ne sait pas où elles les planquent et puis, au printemps, ils resurgissent.
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Ce sont toujours les plus minables qui râlent, qui veulent savoir, qui demandent des comptes, qui revendiquent, qui veulent t’apprendre ton métier. Les plus intelligents, on ne les voit jamais. Ils font confiance. Ils ont d’autres chats à fouetter.
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Le souci de sa gloire, comme on disait dans ma jeunesse, doit être constant car la méchanceté des gens est infatigable. Ne lui donne pas de prise.
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Pas demandé à vivre, vraiment ? Pourtant, tu as gagné Bénie. Tu as été la plus forte, la plus rapide, la plus vive, la plus habile, la plus féroce aussi. Tu n'as pas eu la moindre pitié pour tes concurrents. Avec ta tête en pépin de raisin pointée en avant, tu as foncé vers le nid, obsédée par ton désir de gagner, de vivre, et tant pis pour ceux et celles qui te barraient le chemin. D'un coup de ta petite queue vibrillonante, tu les balayais, tu les envoyais valdinguer, flac contre les rochers, flac dans les trous d'eau et maelströms. Mille fois tu as failli te noyer, te dissoudre, te fracasser, t'engluer, tégarer et mille fois tu es repartie, fonçant vers la vie avec une obstination que tu as conservée, je dois le dire. Alors pleeeeeeease, ne me dis plus jamais que tu n'as pas demandé à venir au monde ! Et ne dis jamais non plus que tu n'as pas de chance, puisque, cette fois-là, tu as gagné la course la plus extraordinaire, la plus périlleuse qui soit !
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