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Citations de Geneviève Dormann (101)


Elle a conservé, des croyances et des rites qui lui viennent de son enfance paysanne.(...) Elle ne supporte pas de voir le pain posé à l'envers sur une table, signe évident que, quelque part, un bateau coule. Elle disperse du sel brut pour conjurer les sorts contraires. Quand le jeune oncle Louis est mort, elle a insisté pour qu'on voilât de noir les ruches des abeilles , qu'on arrêtât les pendules et qu'on retournât les miroirs.
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La belle maison de l'Hermione avait été construite en 1837 sur des terres achetées par l'ancêtre Hervé de Carnoët, avec l'argent reçu comme indemnité, après l'abolition de l'esclavage.
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Ne sont-elles pas toutes, au fond d'elles-mêmes, des filles de shérif qui rêvent d'un cow-boy à la main ferme qui les arrache du sol, les jette en travers de sa selle et les emporte au grand galop, indifférent aux cris, aux petits poings qui tambourinent, aux pieds qui battent le crawl dans le vide puisqu'il sait que les cris, comme dans tous les westerns, se termineront en roucoulements et que la belle finira par s'accrocher à son cou, ne serait-ce que pour ne pas tomber du cheval au galop, ce qui fait très mal.
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La citoyenne Joséphine Bouonaparté et son amie Thérézia Cabarrus, qui est la femme de Tallien et la maîtresse du citoyen Barras, ne savent pas quoi inventer pour se faire remarquer. Elles se promènent déguisées en courtisanes de Pompéi, avec de longues robes fluides et transparentes, des cothurnes, des anneaux aux chevilles, des bagues aux doigts de pieds et d'invraisemblables perruques blondes.
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- Tu as fait ça ? Tu as osé me faire ça ? Et sans me dire ? Tu as vendu sous-Bretagne et la Gênetaie ?
Avait suivi un flot de vilaines choses. Auguste s'était entendu traiter de sabot pourri, de congre enragé, de maudit calfat. Pour finir, Lazélie, les yeux étincelants de colère, lui avait promis que jamais, jamais plus, elle ne lui parlerait. Il allait le payer cher, son bateau neuf ! Elle n'aurait pas assez de toute sa vie pour le lui faire payer !
Toucher aux terres, s'en défaire, c'était, pour cette paysanne de souche, pire que de la mutiler elle-même. Surtout Chausey ! Ces îles, elle les avait dans le cœur et dans la peau depuis sa petite enfance. Elle était fière d'en posséder les quelques arpents qui lui étaient venus en épousant Auguste Cheviré. Peut-être même était-ce, en partie, parce qu'il était légalement propriétaire d'un morceau des îles qu'Auguste l'avait séduite, autrefois et qu'elle avait accepté de partager sa vie. (...) Et voilà que cette vente sournoise la rejetait de son royaume et la laissait dépossédée, étrangère à nouveau et désemparée comme ces barques brisées qu'on laisse pourrir au fond des anses.
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De l'âge bête à la fin de l'adolescence, il n'est pas de fille qui ne possède une "meilleure amie" à qui l'on ne cache rien, une oreille attentive, une personne du même âge avec qui l'on peut partager les fous rires et les larmes, les bonheurs et les indignations. On la trimbale partout, on la brandit, on ne peut s'en passer. Elle succède à l'ours en peluche de la petite enfance. Elle est l'intermédiaire entre les parents, les frères et sœurs à qui l'on ne peut tout dire et les autres, les étrangers innombrables d'un monde trop vaste pour ne pas être inquiétant.
Cette meilleure amie est une confidente, une suivante, une subalterne de toute façon, quelquefois un repoussoir, au mieux un faire-valoir. C'est une oreille attentive, complice, c'est aussi un conseil. Elle est ce qu'Œnone est à Phèdre ou Phénice pour Bérénice. Malléable, patiente, un peu maso, modeste, elle peut, à l'occasion, servir de punchingball, de passe-nerfs. Sa docilité et sa capacité d'admiration président à son élection mais peuvent, aussi, déterminer son éviction.
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Bénie, pliée en Z sur son fauteuil basculé, les yeux fermés, essaie d'analyser les composantes du remugle charognard qui se dégage du troupeau entassé : lourds pets veloutés échappés de centaines de boyaux oppressés par l'altitude, mêlés aux relents sauvagins, alliacés, d'aisselles marinant dans le tissu synthétique, miasmes d'entre-fesses, de pieds gonflant dans les chaussures, d'haleines épaissie par la déshydratation, exhalaisons grasses de vêtements et de chevelures imprégnés de toutes les fritures terrestres, fumées de tabac chaud, de tabac froid, odeur fade, bouchère de sang féminin et vapeurs ammoniacales d'urine concentrée qui fusent par bouffées des portes sans cesse ouvertes et refermées des toilettes. C'est une façon, pour elle, de conjurer, de supporter ce fumet humain qui l'humilie puisqu'elle fait partie, elle aussi, de ces centaines de futurs cadavres entassés là, dans la bétaillère volante. Et l'idée de tous ces morts en sursis, suggérée par la puanteur des corps vivants se relie sournoisement à cette grand'mère qui ne sera plus là, au bout de ce voyage.
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- En tout cas, dis-je à Tony, quand je mourrai, je veux que tu jettes un Mickey sur mon cercueil. Jure-le.
Tony avait horreur de ce genre de plaisanterie.(...)
Pour le taquiner, j'ai insisté.
"Tu prétends m'aimer et tu refuses de faire ma dernière volonté !
- Tu m'embêtes, dit Tony. Pourquoi mourrais-tu avant moi, d'abord ?
- Par égoïsme. Pour que ce soit toi qui aies le chagrin.
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Ceux qui partent ont toujours raison. Ils se jettent dans l'inconnu, défient l'oubli et l'on va les regarder jusqu'au bout, sur les quais des gares, dans les ports, sur les pistes d'envol, au bord des fosses ou des trottoirs, pour essayer de comprendre leur audace, pour attraper un bout d'évasion.
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Évidemment elle a oublié la liste des achats qu'elle se proposait de faire. Une liste ! La tête de Patrick, le jour où, faisant des courses avec lui, il lui avait demandé en entrant dans le magasin : "Qu'est-ce qu'il te faut, au juste ? As-tu fais ta liste ?" Bénie l'avait regardé, ahurie. C'était bien là un propos d'homme. Est-ce qu'une femme sait précisément ce qu'elle veut en entrant dans un magasin ? Elle avait tenté de lui expliquer que le plaisir qu'on prend dans un magasin n'a rien à voir avec le fait d'y acheter ce dont on a besoin mais qu'il consiste à musarder entre les tentations multiples qu'il offre, en y cédant ici ou là, à s'y laisser séduire au passage, à satisfaire des caprices souvent modestes, nés d'une forme ou d'une couleur. Cela n'a rien à voir avec la logique d'une liste étabvlie à l'avance et dont on raye au fur et à mesure les éléments. C'est un jeu de fantaisie propre à calmer les désarrois et les tristesses vagues qui sont les pires.
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Guillaume a d'autres compères de libation qu'il n'a pas eu de mal à trouver dans le milieu bohème qui est devenu le sien. Si la plupart des artistes sont pauvres, le vin n'est pas cher. De Jarry à Paul Fort, en passnt par Salmon, Mollet, Billy, Carco ou Dalize, Guillaume n'est pas en peine de trouver des zélateurs de Bacchus. Il faut dire aussi que tous ces minets qui n'ont pas vingt-cinq ans, aiment à s'enivrer presque par obligation ou dandysme; pour s'associer à des aînés, morts ou vifs, qu'ils admirent et dont ils espèrent, en partageant les excès, partager le génie. Comment choisir la sinistre sobriété quand un Villon, un Verlaine, un Modigliani ou un Toulet, pour ne citer qu'eux, auront passé leur vie à tituber ?
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Véréna, qui avait toujours détesté la campagne, aimait à la folie le Paris désert des longs week-ends d'été, quand les boulevards sans voitures prennent des airs de plages à marée basse. quand des chats baguenaudeurs s'étirent au milieu des rues et que toutes sortes de bruits exquis, inaudibles dans le tintamarre de la semaine, sont à nouveau perceptibles. Elle aimait entendre les cloches se répondre d'une église à l'autre, les chants d'oiseaux invisibles dans le feuillage épais des marronniers et même, par les fenêtres ouvertes des vieux immeubles, ces fragments de valses de Chopin que des pianistes malhabiles s'obstinent à déchiffrer.
Il y avait aussi les odeurs apaisantes de la ville abandonnée, celle de l'asphalte et de la pierre au soleil à laquelle se mêlaient l'haleine parfumée au champignon et à l'encens des soupiraux, les effluves désuets et troublants d'un tilleul en fleur ou d'un seringa d'un autre siècle oublié dans le jardin en friche d'un hôtel égaré entre deux résidences bétonneuses.
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Elle découvrait, trop tard, à quel point elle tenait aux moindres plantes de ces landes sauvages qu'Auguste avait vendues. Vendues ! Par la bêtise de cet homme, il lui semblait qu'elle avait perdu les scintillantes fleurs jaunes de la roquette, les églantines entrelacées aux ronces, les prunelles violettes, les mûres de septembre, les aubépines de mai, les grandes valérianes pourpres qui se haussent du col au revers des talus. Adieu, les lys de mer et les étoiles bleues de la bourrache ! Adieu, jacinthes des bois, bruyères vagabondes et rosiers pimprenelles ! Adieu, daturas et belladones ! Adieu, statices et joncs marins ! Adieu, les bouillons-blancs aux feuilles de velours, douces comme des oreilles de lapin ! Tiens, ce mot "lapin", si maudit, si honni des marins à qui il porte tant la poisse qu'ils n'osent le prononcer et ne désignent la bête que par "l'animal aux longues oreilles", ce mot, elle allait l'employer jusqu'au vertige, jusqu'en enfer ! Lapin ! Lapin ! Lapin ! Et que coulent tous les bateaux achetés traitreusement avec le sang des îles !
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C'est à Granville, ce port de pêche blotti dans le cou du Cotentin, que les Cheviré ont fait souche à la fin du siècle dernier. Tous liés à la mer. Tous la maudissant et l'aimant à la folie, incapables de s'en éloigner. Et tous amoureux de cet archipel des Chausey qu'on aperçoit, par beau temps, des falaises de Granville avec sa maîtresse île allongée sur l'horizon, parmi ses îlots, comme une chatte parmi ses petits.
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Laissez, vous dis-je. Ou ils sont trop jeunes et ne comprennent pas ce qu'ils lisent ou ils comprennent et ne sont donc pas trop jeunes. La liberté, monsieur Royal, la liberté!
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Et c'est ainsi que Sophie Trébuchet découvre que les livres racontent des histoires à volonté, inlassablement, de jour et de nuit, pour peu qu'on prenne la peine de les ouvrir. Désormais elle ne pourra plus s'en passer.
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Tu es née à Londres dit Nicole, tu a été élevée à Maurice, tu vis à Paris, tu te sens quoi : française ? mauricienne? anglaise?
That is the question, dit Bénie. Je n’en sais rien. Où plutôt, cela dépend des moments. A Maurice, je suis française mais mauricienne à Paris et toujours un peu anglaise. Quelques fois, tout cela s'embrouille et je ne sais plus du tout ce que je suis. Dans ce cas la, je me sens surtout bretonne. A la fois granitique et évaporée, en attente et en partance. Celte. Indo-européenne. Ici et la-bas. Un pied sur la rivage et un pied sur le bateau. Bretonne, quoi.
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toute société, même la plus respectueuse des règles établies, a ses excentriques qu elle secrète et tolère comme des exceptions qui confirment la majorité dans le respect des conventions. Ces marginaux font tout de même partie de la famille et on les admet comme les soupapes de sécurité, les abcès de fixation d un désordre inévitable
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A quoi de mieux peut servir une femme qu'à accueillir au plus chaud d'elle-même un ancien bébé qui a un peu froid?
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Bien sûr qu'il est débranché, Germain! Il flotte entre deux eaux, celles du sein maternel dont instinctivement il cherche la chaleur et celles de ses larmes d'homme, réservoir aux vannes enfin ouvertes. Entre les deux, il renoue les fils cassés de sa vie. Tâche essentielle et intime entre mémoire et amnésie, flashes et ralentis, euphorie et douleur. Pour cela, il s'est donné la permission de se couper du monde.
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