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Citations de Geneviève Dormann (101)


Michel enlace sa femme, lui rappelant d'un geste discret qu'il existe lui aussi et qu'il a besoin d'elle. Ses derniers mois de vie active, dans une entreprise qui ne ressemble plus à celle qu'il a connue, pèsent lourdement sur ses épaules.
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Il n'y a rien de plus troublé, de plus malheureux qu'une jolie fille de vingt-cinq ans, privée de galant. Sophie n'échappait pas à la règle. Elle se trouvait vieille et se comparait aux salades négligées qui montent en graine, durcissent et se décolorent.
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– Est-ce qu'on a pu prévenir ton père, au moins ?
A quoi Bénie, de sa voix la plus sèche, avait répondu :
– Oh, vous savez, ma grand' mère avait tout de même quatre-vingt-huit ans. Quant à mon père, vous êtes au courant sans doute, il vit heureux avec sa maîtresse à Tahiti et je crois bien qu'il nous a tous oubliés. Pourquoi l'inquiéter ? De toute manière, cela ne ressusciterait pas sa mère.
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Comme son frère cadet Napoléon, Joseph a, pour les dignitaires de sa cour, le souci d'une moralité, au moins de façade. Après la débauche et les mœurs corrompus du Directoire, la mode impériale est désormais au semblant de vertu. Comme tous les parvenus, la famille Bonaparte, qui s'efforce d'imiter les aristocrates de l'Ancien Régime mais y parvient mal, invente, faute de mieux, ce qu'on appellera plus tard, l'hypocrisie bourgeoise.
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Bien manger est une telle obscessio que la cuisine non seulement se fait et se déguste partout, mais encore se célèbre en poésie et se chante. Après Monselet qui, sous le Second Empire, glorifiait l'andouillette en vers :
"...crépite sur le grill
O ma fine andouillette
Certes ta peau douillette
Court un grave péril..."
après Edmond Rostand qui, en 1897, a glissé la recette des "tartelettes amandines" dans Cyrano..., les recettes de cuisine vont gagner le music-hall. En novembre 1902, Mayol fait un tabac à l"Eldorado" avec une chanson complètement idiote dont le refrain est : "Ah, les p'tits pois, les p'tits pois, les p'tits pois, c'est un légume bien tendre..."
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Ses doigts s'apprivoisent peu à peu ,retrouvent le fil du chant ,noires liées ,croches enlevées ou appuyées .Avec des hésitations ,ils réapprennent à détacher la voilure de la mélodie qui s'appuie sur une broderie de triolets en main droite et des octaves affirmés en main gauche
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Car le chagrin est un poison lent pour ceux qui ne savent pas pleurer.
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Le chagrin est un méchant animal qu'il faut tenir en laisse courte pour éviter de se faire dévorer. Caroline ne cesse de le tenir en lisière mais, parfois, l'animal lui échappe et lui plante, à l'improviste, ses crocs dans le cœur. Le chagrin est ce qu'elle déteste le plus au monde et depuis toujours, plus encore que la peau du lait, les ploucs qui veulent se faire bourgeois, les sports d'hiver ou la toile de Jouy. Et qu'on ne vienne pas lui dire que personne n'aime le chagrin. Taisez-vous donc ! Il n'y a qu'à voir comme les gens se drapent dedans, s'en parent, s'en glorifient, le brandissant avec délectation. Comme si le chagrin était honorable ! La pire des crapules est innocentée au nom du chagrin. Elle a beaucoup souffert, pensez...
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Ce qui le trouble aussi, c'est le temps qu'il met à s'attacher à chaque nouvel enfant. Il lui faut, pour cela, des semaines et même des mois. Il aimerait s'attendrir immédiatement sur le nouveau-né ou comme on le lit dans les livres ou comme on le voit dans les films, se sentir soulevé par une vague d'amour à sa vue, au lieu de quoi le bébé à l'arrivée ne lui semble qu'une petite larve étrangère, vaguement usurpatrice et il se demande même comment Caroline peut, si vite roucouler sur la créature, la lécher, la humer, complètement captivée par elle, par son moindre souffle, sa plus légère grimace. A chaque fois, il l'a vue ainsi, illuminée, transportée d'admiration pour le minuscule enfant qu'elle proclame, à chaque fois, superbe, même quand lui, Sylvain, le trouve très vilain. Son fils Thomas, par exemple, lui était apparu comme un croisement regrettable de Galabru et de la mère Denis.
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Un père disparu dont le corps n'a pas été retrouvé met longtemps à mourir. Longtemps Sophie Trébuchet espérera voir revenir le marin tant aimé. Puis, les années passant, elle abandonnera son image aux vagues. On lui dira qu'il a donné sa vie pour le Roi, pour la France. Elle se persuadera qu'il a glissé, un soir, dans une mer sans fond, par une nuit sans lune... C'est une fin habituelle pour les hommes de son pays
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Vous étiez le symbole du matérialisme, de l'étouffement administratif, vous étiez cette France de retraités précoces, de fonctionnaires, de petits-bourgeois pusillanimes, cette France assurée sociale qui promène ses idées courtes en chaussons à carreaux, cette France qui confond humanité et démagogie, qui matraque l'homme avec ses droits.
Vous étiez des militaires, nous étions des soldats. Vous aviez cette "odeur de réfectoire" dont parle si bien Alain, nous étions le vent du large. Vous étiez les bonnes sœurs racornies de mon enfance, les pères dont la suffisance est à la mesure de leur embuscade, les collèges grisâtres aux pupitres noirs ; nous nous efforcions d'êtres de joyeux, d'intacts sauvages. Vous étiez Louis-Philippe, nous étions Attila.
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Quel est le signe qui révèle l'amour, aussi sûr que l'éclair précède l'orage ou la rousseur des feuilles l'approche de l'hiver? Mais là aussi, rien de clair, de précis. L'enseignement des livres est vague. L'une rougit, l'autre pâlit à la vue de l'aimé. On peut aussi s'évanouir ou trembler, à ce qui est écrit. Mais rien de tout cela ne s'est encore produit pour elle... ... ...
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Je dis, maintenant, que cette nuit-là, je commençai d'aimer Thomas, parce qu'il faut bien dater les événements pour s'y retrouver. Si j'avais pu prévoir qu'il me serait nécessaire de raconter toute cette histoire, j'aurais noté mes sentiments au jour le jour. Mais on ne peut pas faire deux choses à la fois: être heureux et le constater. Le bonheur, d'autre part, est toujours, d'un côté, à fonds perdus. On ne sait jamais très bien où il commence si on sait où il finit.
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- Tu es entré dans ton tableau. Si je t'en crois, tu as déchiré le rideau. Tu vas à la rencontre de la Lumière dont tu soupçonnais la présence. Un jour, je vous rejoindrai, toi et maman, mais pas tout de suite. J'ai encore tellement de belles choses à vivre ici. Je sais que tu ne seras jamais loin, de toute façon.
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Elle y a vu la Brinvilliers et la Voisin décapitées, partir en fumée. Et des coquins pendus. Et des gentilhommes hachés menu. Et des criminels écartelés.. Elle a montré à Sophie l'emplacement du bûcher où hérétiques, sorciers et juifs relaps grillaient, tandis que la foule accourait., huant les condamnés. "Il en venait, il en venait, ma fille, les toits étaient noirs de monde !" Parfois, on frottait les pieds du condamné avec du lard pour qu'ils s'enflamment plus vite. Ou bien on l'enduisait de souffre. Ou encore on lui arrachait au cou un sachet de poudre à canon qui le faisait exploser dans les flammes. Et la vieille édentée sourit, évoquait les beaux jours enfuis. Il y en avait du joyeux monde et le commerce allait bon train.
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Bocage et marais se soulèvent. On se rassemble, par paroisses et par régions. Les rustres en sabots se heurtent aux soldats de la Nation, qu'ils appellent les "Bleus" à cause de la couleur de leur vareuse ou encore les "Patauds" car leur ignorance du terrain les rend malhabiles.
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- Madame, madame, les enfants sont entrés dans l'enfer dont j'avais, par mégarde et j'en suis confus, laissé la clef sur la porte. ...Je les en ai chassés promptement ; ils n'auront pas eu le temps de se pervertir.....
- Quel enfer ? dit Sophie. Quelle clef ? Quelle perversion ? Que me racontez-vous là, monsieur Royol ?
Il le lui explique, l'entresol, les mauvais livres....
- Il n'y a pas de mauvais livres, dit Sophie, agacée. Je suis pour l'éducation en liberté, monsieur Royol. Laissez les donc lire ce qu'ils veulent.
- Mais, madame, Diderot, Restif...Ils sont bien jeunes !
- Laissez, vous dis-je. Ou ils sont trop jeunes et ils ne comprendront pas ce qu'ils lisent ou ils comprennent et ne sont donc pas trop jeunes. Le liberté, monsieur Royol, la liberté !
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On peut se demander lequel des deux a le plus souhaité ce mariage tardif : Goudeket, pour des raisons que la raison ne désapprouve - c'est d'ailleurs lui qui en suggère l'idée le premier -, ou Colette que l'âge rend moins vaillante, qui n'aime pas vivre seule et est sensible aux attentions de son "meilleur ami"?
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Les maisons ressemblent aux gens qui les habitent, et vieillissent comme eux. Certaines ont des rides de joie, des éclats d’émotion, des brisures passionnelles. Au froissement d’un coussin se devine une halte mélancolique, une rêverie. L’écartement d’un rideau qu’on a oublié de remettre en place signale une attente ou un besoin d’évasion. D’autres, au contraire, ont une atmosphère clinique, aseptisée, un agencement anonyme, un refus total de la fantaisie, de l’aléa. Ces maisons-là sont effrayantes comme le visage parfaitement lisse de certains imbéciles, qu’aucune angoisse n’est jamais venue effleurer.
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Dans la vie conjugale, les absents n'ont pas toujours tort. L'être le plus exaspérant devient, dès qu'il s'éloigne, beaucoup plus supportable. La distance estompe ses travers, ses tics, ses défauts que la proximité amplifiait.
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