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Citations de Gerald Durrell (56)


Bien des gens de me croiront-ils peut-être pas, mais je tiens à certifier que cette histoire est presque vraie. J'entends par là que Rosy et Adrian Rookwhistle ont réellement existé. J'ai moi-même eu le privilège de rencontrer Rosy. Presque toutes les aventures relatées dans ce livre sont véritablement arrivées. Je n'ai fait que les enjoliver par-ci par-là.

(Note de l'auteur)
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Le dîner fut, selon les normes grecques, presque épicurien. Il comportait trois plats. Le premier était froid à dessein, puisqu'il s'agissait de hors-d'œuvre, les deux autres le devinrent parce que servis sur des assiettes froides et après les altercations de rigueur ente serveurs. Néanmoins, tout était comestible et, mis à part l'œil de poulpe que Margo découvrit dans ses hors-d'œuvre, le repas se déroula sans incident majeur.
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Les pastèques à la chair aussi craquante et fraîche que de la neige, étaient de formidables boulets de canon botaniques, d’une taille et d’un poids suffisants pour détruire une ville ; les pêches, orange ou roses comme la lune des moissons, pendaient, énormes, dans les arbres, leur peau épaisse et veloutée gonflée par le jus sucré ; les figues vert et noir craquaient sous la pression de leur sève, et les cétoines dorées, nichées dans les fentes roses, s’enivraient de ces largesses sans fin.
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Ce livre est le récit d’un séjour de cinq années que j’ai fait avec ma famille dans l’île de Corfou. Je le voyais, à l’origine, comme un exposé légèrement nostalgique sur l’histoire naturelle de l’île, mais je commis la grave erreur d’y introduire les membres de ma famille dès les premières pages. Une fois sur le papier, ils s’y installèrent et invitèrent divers amis à partager avec eux les chapitres suivants. C’est avec la plus grande difficulté et grâce à beaucoup d’astuce que j’ai réussi à leur arracher quelques pages et à les consacrer aux animaux.
Je me suis efforcé de faire des membres de ma famille un portrait fidèle et sans exagération. Ils apparaissent tels que je les ai vus. Pourtant, pour expliquer certains aspects curieux de leur comportement, il me faut dire qu’à l’époque où nous étions à Corfou, nous étions tous jeunes : Larry, l’aîné avait vingt-trois ans, Leslie dix-neuf et Margo dix-huit. J’étais le plus jeune : j’avais dix ans, âge impressionnable et tendre.
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– Mais mon chéri, il est absurde d’inviter des gens quand on sait qu’il n’y a pas de place.
– Je voudrais que tu cesses de chercher des complications, dit Larry d’un ton irrité. Il y a une solution très simple.
– Laquelle ? demanda Mère, soupçonneuse.
– Eh bien, si la villa n’est pas assez grande, cherchons-en une qui le soit.
– C’est ridicule ! Déménager parce qu’on a invité quelques amis !
– L’idée me paraît parfaitement sensée. C’est la solution évidente.
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J’aimerais rendre un hommage particulier à ma mère, à qui ce livre est dédié. Tel un Noé plein de douceur, enthousiaste et compréhensif, elle a su gouverner son navire plein d’une étrange progéniture à travers les orages de la vie avec une grande habilité, sous la menace d’une mutinerie toujours possible, et au milieu de dangereux écueils (fonds en baisse et extravagances diverses), sans être jamais certaine que sa conduite serait approuvée par l’ équipage, mais convaincue qu’on lui reprocherait tout ce qui tournerait mal. Il est miraculeux qu’elle ait survécu au voyage, mais elle s’en est pourtant tirée et, qui plus est, avec sa raison plus ou moins intacte. Comme mon frère Larry me le fait à juste titre observer : nous pouvons être fiers de la façon dont nous l’avons élevée : elle nous fait honneur .
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C'est à la villa blanche que je nouai des liens intimes avec les mantes. Jusque là, je les avais vu rôder à travers les myrtes, mais je n'y avais jamais prêté grande attention. Elles m'obligeaient maintenant à les remarquer, car, sur le sommet de la colline où se trouvait la villa, il y en avait des centaines, dont la plupart étaient beaucoup plus grandes que celles que j'avais vues auparavant. L'air dédaigneux, elles restaient accroupies sur les oliviers, parmi les myrtes, sur les feuilles vertes et lisses des magnolias et, le soir, elles convergeaient vers la maison, bruissant à la lumière de la lampe, leurs ailes vertes brassant l'air comme des roues des anciens bateaux à aube, pour se poser sur les tables ou sur les chaises, tournant la tête de tous côtés à la recherche d'une proie et nous regardant avec leurs yeux bulbeux. Je ne m'étais jamais rendu compte jusqu'alors que les mantes pouvaient être aussi grosses. Certaines d'entre elles avaient jusqu'à douze centimètres de long. Ces monstres n'avaient peur de rien et attaquaient sans hésiter des proies plus grosses qu'eux-mêmes. Les mantes semblaient croire que la maison étaient leur propriété et les murs et les plafonds leur terrain de chasse légitime. Mais les geckos, qui vivaient dans les crevasses des murs du jardin, avaient la même impression, de sorte que mantes et geckos se faisaient constamment la guerre. La plupart des batailles étaient de simples escarmouches entre des individus des deux tribus, mais, comme ils étaient généralement de force égale, elles ne tiraient jamais à conséquence. De temps à autre, cependant, le spectacle valait vraiment d'être observé. J'eus la chance d'assister aux premières loges, à un tel combat, qui commença au-dessus de moi pour se terminer sur mon lit (p. 260).
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Je venais de faire la connaissance de mon premier aye-aye. J'étais sous le choc: de toutes les créatures que j'avais eu le privilège de rencontrer, c'était la plus incroyable. Le aye-aye était en danger? Eh bien, il pouvait compter sur notre aide. Qu'un être aussi stupéfiant, aussi complexe, puisse disparaître, être rayé de la surface de la planète, voilà qui était impensable, au même titre que de brûler un Rembrandt ou de transformer la chapelle Sixtine en discothèque, ou encore de détruire l'Acropole pour édifier à sa place un Hilton. Pourtant, cet étrange animal est bel et bien en voie d'extinction. lui qui sur l'île de Madagascar a conquis un statut quasi mythique, lui qui accomplit des prodiges, et pas seulement d'ordre biologique. Un animal magique: tel il apparaît au peuple malgache au milieu duquel il vit, et, malheureusement, meurt.
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My childhood in Corfu shaped my life. If I had the craft of Merlin, I would give every child the gift of my childhood.
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LORSQUE L’ÉTÉ TOUCHA À SA FIN, je me trouvai une fois de plus, à ma grande joie, sans précepteur. Mère avait découvert, ainsi qu’elle l’exprimait avec délicatesse, que Margo et Peter avaient « trop d’affection l’un pour l’autre ». Comme, à l’unanimité, la famille se refusait à voir en Peter un futur gendre ou beau-frère, il fallait évidemment faire quelque chose. Leslie suggéra d’abattre Peter d’un coup de revolver, idée qui ne fut pas retenue. Pour ma part, je la trouvais magnifique, mais je représentais la minorité. Larry, lui, proposa d’envoyer l’heureux couple vivre à Athènes pendant un mois, afin, expliqua-t-il, de les guérir de ce caprice.Mère s’y opposa catégoriquement et, finalement, congédia Peter, qui disparut furtivement. Nous eûmes à faire face à une Margo tragique, éplorée, pleine d’une farouche indignation, qui, vêtue pour la circonstance de ses vêtements les plus sombres, joua magnifiquement son rôle. Mère l’apaisa et l’abreuva de douces platitudes, Larry lui fit un cours sur l’amour libre et Leslie, pour des raisons connues de lui seul, décida de jouer le rôle du frère outragé.Il ne cessait de brandir un revolver et de menacer d’abattre Peter comme un chien s’il remettait les pieds dans la maison. Au milieu de tout cela, Margo pleurait et nous affirmait que sa vie était finie. Spiro, qui avait le goût des situations dramatiques, passait son temps à pleurer avec elle et postait ses amis le long des docks pour s’assurer que Peter ne tenterait pas de revenir dans l’île. Tout le monde s’amusait beaucoup.
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Le pire, c'est que ces sales bêtes sont fascinantes. Regardez sous la lentille d'un microscope une mouche ou un moustique démembré, et vous serez aussitôt captivé par leur beauté architecturale. L'oeil à facettes de la mouche, par exemple, est un véritable chef-d'oeuvre de "design". La délicatesse de ses ailes fait, en comparaison, paraître grossiers les vitraux de la cathédrale de Chartres. A vrai dire, une fois que vous avez admiré leur incroyable complexité, vous vous sentez vaguement coupable chaque fois que vous en tuez une, et avec elle un des miracles de la nature.
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J'ai un jour comparé Madagascar à une omelette mal pliée couchée sur l'Océan Indien, à l'est des côtes de l'Afrique dont elle a été arrachée il y a des millions d'années. Comme toute bonne omelette qui se respecte, bien ou mal pliée, elle est farcie de choses délicieuses.
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L'été devenant de plus en plus chaud, ramer jusqu'à la baie réclama bientôt trop d'effort et nous décidâmes de munir la « Vache Marine » d'un moteur hors-bord. Cela nous permit de nous aventurer beaucoup plus loin, vers des plages désertes, dorées comme les blés. C'est ainsi que je découvris l'existence d'un archipel d'îles éparpillées sur des kilomètres, les une relativement grandes, les autres n'étant que de gros rochers coiffés d'une perruque de verdure.

(p. 150, Stock, 1965)
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Me laissant assis sur notre lit de fakir, à m’empiffrer d’antibiotiques en faisant descendre le tout grâce à des quantités tout aussi honorables de whisky, Lee courut au marché voir si elle trouvait d’autres genres de fruits et légumes susceptibles d’allonger la liste de mets à la carte de notre nouvelle recrue. Sitôt la chambre silencieuse, on se mit à gratter dans la cage, puis à croquer avec appétit - un bruit qui me mit du baume dans le cœur. Il faut dire que, parfois, un animal fraîchement capturé peut s’infliger, sous le seul effet du stress, un jeûne de vingt-quatre heures, sinon davantage. S’il cesse trop longtemps de s’alimenter, il risque d’y perdre sa vie : on se trouve alors dans l’obligation de le relâcher. A l’inverse, quand un animal se nourrit tout de suite, c’est déjà la moitié de la bataille de gagnée.
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- Je vous demande un peu ! N'est-il pas insensé que les générations futures soient privées de mon oeuvre simplement parce qu'un idiot aux mains calleuses a attaché cette bête puante près de ma fenêtre ? dit Larry.
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La prochaine étape consista à faire entrer clandestinement notre lémurien dans notre hotely. L'expérience du monde m'a appris une chose : certains hôtels voient d'un très mauvais œil le phacochère qui occupe votre chambre, ou alors font des histoires à n'en plus finir sous prétexte que vous gardez des serpents dans votre baignoire. Quand on y réfléchit bien, cette attitude bornée est vouée, à la longue, à les déconsidérer auprès de leur clientèle. En attendant, on en est réduit à jouer les vulgaires contrebandiers ; mille ruses sont nécessaires pour introduire nos précieuses créatures dans nos pénates à l'insu des tenanciers. Entreprise au demeurant fort hasardeuse. Je songe en particulier à une charmante femme de chambre sud-américaine : elle avait frôlé l'apoplexie en découvrant que je partageais mon lit non pas avec ma femme, ni avec ma maîtresse (ce qu'elle eût jugé tout à fait acceptable) mais avec un bébé tamanoir.
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- Cesse un peu de nous rebattre les oreilles avec la Grèce, dit Leslie. Cela me rappelle ce fichu livre de Gerry. Il m'a fallu des siècles pour m'en remettre.
- À toi, il a fallu des siècles ! dit Larry d'un ton mordant. Et à moi alors ? Tu te figures pas le mal que cette caricature à la Dickens a fait à mon image littéraire.
- Oui, mais avec ce qu'il a écrit sur moi, on croirait que je n'ai jamais pensé qu'à des fusils et à des bateaux, dit Leslie
- Faut dire que ce n'est pas entièrement faux
- La plus durement touchée, c'est moi, dit Margo. Il n'a parlé que de mon acné.
- Je trouve vos portraits très justes, intervint Mère, alors que moi, il m'a dépeinte comme une parfaite imbécile.
- Qu'on se paie ma tête dans une prose convenable passe encore, fit observer Larry, se mouchant vigoureusement, mais qu'on se paie ma tête en mauvais anglais, c'est insupportable.
- Rien que le titre est insultant, dit Margo. "Ma famille et autres animaux". J'en ai assez qu'on me demande : "Et quel animal êtes-vous ? "
- Le titre est assez amusant, ma chérie, dit Mère. Je regrette seulement que Gerry n'ait pas choisi les meilleures histoires.
- Oui, c'est vrai, dit Leslie
- Quelles meilleures histoires ? s'inquiéta Larry.
- Le jour, par exemple, où tu as manoeuvré le yacht de Max autour de l'île. Ça, c'était drôle !
- Si cette histoire s'était retrouvée en caractères d'imprimerie, je lui faisais un procès.
- Je ne vois pas pourquoi, c'était très drôle, dit Margo.
- Et quand tu t'es entichée de spiritualisme... s'il avait écrit là dessus ? Ça t'aurais fait plaisir, bien sûr ? demanda Larry d'un ton sarcastique.
- Non, certainement pas... Il n'aurait pas fait ça ! s'écria Margo horrifiée.
- Ah voilà ! dit Larry, jubilant. Et la comparution de Leslie devant le tribunal ?
- Laisse moi en dehors de tout ça, je te prie, dit Leslie d'un ton belliqueux.
- Je croyais qu'il n'avait pas utilisé les meilleurs épisodes, fit remarquer Larry
- Oui, j'avais oublié toutes ces histoires, dit Mère, riant tout bas. Je crois qu'elles étaient plus drôles que celles que tu as raconté, Gerry.
- Voilà qui me ravit, dis-je pensivement.
- Pourquoi ? demanda Larry en me regardant d'un air méfiant.
- Parce que j'ai décidé d'écrire un autre livre sur Corfou avec toutes ces histoires, expliquai-je innocemment.
Le tumulte fut immédiat.
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À cet instant précis, le crapaud qui se remettait de sa surprise referma brusquement la bouche. je crus que l'extrémité de mon pouce était resté dans des tenailles. Je parvins à étouffer un cri de douleur. Pour la première fois, Paula se tut et me fixa avec des yeux en boules de loto. Je détournais la tête pour grimacer de coin, espérant qu'elle prendrait cela pour un sourire tandis que le crapaud jouait à serrer les mâchoires toutes les secondes.
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Je me pris d'affection pour ces scorpions. C'étaient, somme toute, des animaux plaisants, sans prétention et qui avaient des moeurs charmantes. Pourvu que l'on n'eût pas de geste déplacé ou maladroit, les scorpions ne montraient aucune hostilité, leur seul désir étant de se cacher au plus tôt. Ils devaient me considérer comme un fléau, car j'étais sans cesse en train de soulever des fragments de plâtre pour les observer, ou pour les capturer. Je découvris ainsi qu'ils mangeaient des mouches bleues (même si la façon dont ils les attrapaient resta toujours pour moi un mystère), des sauterelles, des phalènes et des chrysopes. Plusieurs fois, je les surpris en train de s'entre-dévorer, coutume qui me paraissait affligeante chez une créature si bien élevée (p. 173).
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Quelques jours plus tard, de petits nuages blancs ouvraient leur parade d’hiver. Ils s’attroupaient dans le ciel, moelleux, joufflus, échevelés et, les poussant devant lui comme un troupeau de moutons, le vent se levait. D’abord, il était tiède et s’élevait en bouffées légères, effleurant les feuilles des oliviers qui prenaient des tons argentés, berçant les cyprès qui ondulaient doucement et soulevant les feuilles mortes qui tourbillonnaient en de petites danses joyeuses. Avec enjouement, il ébouriffait les plumes des moineaux, qui frissonnaient et gonflaient leur jabot. Il se jetait avec avertissement sur les mouettes, qui arrêtées en plein vol, devaient courber leurs ailes pour lui résister. Les volets se mettaient à claquer et les portes à cogner. Mais le soleil brillait encore, la mer restait paisible et les montagnes gardaient un air serein sous leur chapeau de neige. Pendant une semaine environ, le vent jouait ainsi avec l’île. Puis survenait une accalmie, quelques jours de paix étrange.Et soudain, au moment où l’on s’y attendait le moins, le vent revenait. Mais c’était un tout autre vent, furieux,mugissant, hurlant, qui se jetait sur l’île et essayait de la pousser à la mer. Le ciel bleu se couvrait de nuages gris, la mer se colorait d’un bleu profond, presque noir, et s’incrustait d’écume. Comme de sombres balanciers, les cyprès oscillaient et se découpaient dans le ciel et les oliviers, qui, tout l’été, avaient un air paisible de vieux sorciers, étaient gagnés par la folie du vent, mais c’était une pluie chaude et agréable sous laquelle on pouvait marcher, dont es grosses gouttes crépitaient
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