En débutant « le sang dans la tête » on fait un plongeon direct dans le passé. du côté du sang, de la peur, du racisme, de la violence. Depuis des années l'immigration des anciennes colonies, l'immigration après guerre, l'immigration économique, la clandestinité tout cela avait créé des communautés. Et attisé la haine de certains.
On se dit que certaines choses ne disparaissent pas, sauf qu'aujourd'hui il est de bon ton de lisser tout cela avec le politiquement correct.
Les faits divers sont encore une source d'inspiration comme ici.
Gérard Guégan (que je découvre) n'y va pas avec le dos de la cuillère tout le monde en prend pour son grade. La police n'est pas épargnée bien au contraire.
Ça fume, ça boit, ça dégaine facilement, ça n'y va pas mollo avec les témoins ou pendant l'interrogatoire des suspects.
On est dans un polar alors les travers de la société sont exacerbés et le trait légèrement noircie (enfin j'espère).
Le proxénétisme « familial » et la pédophilie fond partie de la toile de fond. Cela se savait mais personne ne cherchait à enquêter à enrailler le problème.
Le monde du travail n'était guère plus tendre.
Le personnage de l'inspecteur divisionnaire Ruggieri, ne respire pas la joie de vivre, il vit mal son veuvage. Son franc parler ne plaît pas à tout le monde.
Les personnages que nous croisons en suivant Ruggieri sont hauts en couleur. On découvre des intérieurs à l'image de leurs habitants avec leurs manies, leurs obsessions, leur monde clos. Chacun cache ses démons derrière la porte de sa maison.
Ce qui est drôle aussi, c'est que l'informatique, le téléphone portable n'étaient pas là pour informer. C'était d'humain à humain. Chacun son mode de classement. Alors il fallait savoir les bonnes questions aux bonnes personnes pour essayer de recouper toutes les informations. On tapait les rapports à la machine avec toutes les erreurs de frappe que cela impliquait…
Ce roman comporte deux (vois trois) enquêtes. On découvre la frustration de connaître les coupables et de ne pouvoir les appréhender ou remonter la filière plus que les hommes de main.
La deuxième enquête on suit plus les étapes. L'enquête de terrain, enquête de voisinage, la pêche aux infos, les indics, l'attente…
Et puis il y a les femmes… mais ça c'est un autre programme.
Le seul petit bémol c'est le dernier jour … c'était en trop pour moi… un dernier barouf d'honneur. Une autre facette de la criminalité.
J'ai aimé retrouver certaines expressions ou références qui passeront inaperçues aux plus jeunes. Ainsi que les références culinaires, boeuf carotte, blanquette, sole meunière, et terrine de poisson...
Un roman ou on n'a pas le temps de s'ennuyer et qui se lit d'un trait.
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