AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Gérard Mordillat (381)


Rien, pas le plus petit brin d’herbe, pas même une ortie ou une ronce. Il n’y avait qu’amas de pierres, gravats, poussières ; de la mort minéralisée. Dans ce désert sans âme qui vive, Orden entendait des sons, des bruits, des cris, des chants, des sanglots qui montaient du sol et formaient un chœur porté par le vent. Des voix chuchotaient des choses inoubliables sur la guerre, les morts, Cybèle, Rome, l’amour, l’insurrection, l’instant fatal, la poésie, les roses noires…
(page 293)
Commenter  J’apprécie          271
La dernière fois qu’Orden était apparu à la télévision c’était bien avant la guerre, pour défendre les grévistes en lutte depuis plus d’un mois contre le projet du gouvernement de privatiser l’école, l’hôpital, la justice, les transports… Il avait rappelé que les premiers à souffrir de la grève étaient les grévistes eux-même, privés de salaire et sans autre ressources que la solidarité publique. Et, malgré le présentateur qui tentait de lui couper la parole, il avait martelé que les grévistes se battaient au nom du bien commun alors que le gouvernement n’avait en tête que le profit individuel de quelques-uns ; qu’il ne fallait jamais oublier que toutes les avancées sociales avaient été conquises par des femmes et des hommes sacrifiant leur confort personnel pour le bien-être de la majorité.
Commenter  J’apprécie          260
Une chose a changé : avant on avait un métier, après on a eu un travail puis un emploi et maintenant on a un job quand c'est pas un stage. C'est à dire une misère. Alors tous les jours je me demande ce que les salariés ont dans le crâne à protéger cette misère comme un trésor. Ou plutôt : qu'est ce qu'ils n'ont pas ou plus dans la tête ?
...
Ils votent contre leurs intérêts, ils préfèrent se faire avoir par les patrons que de s'insurger, ils endurent et souffrent mais n'osent pas l'ouvrir ni lever le poing pour dire "non" ! Ils perdent leur boulot, ils perdent leurs illusions, ils perdent leur dignité et ils ne font que gémir et larmoyer parce qu'ils ont peur. Ils n'ont plus rien dans la tête ni dans le pantalon, la peur leur a tout pris. Ce sont des morts-vivants, des peurs vivantes !
Commenter  J’apprécie          262
Vous savez, dit-il, rendant son sourire à M’Ba, j’étais affecté à la démolition. Quand on entre dans une baraque ou dans un atelier, on peut rester la journée entière à regarder les murs et à se demander par quoi commencer. On peut aussi prendre une masse et tout faire tomber. Et quand tout est par terre, ça ouvre un espace et d’un seul coup on voit ce qu’on peut faire.
Commenter  J’apprécie          250
Le nouveau dieu s’appelait Sécurité et ses fidèles le célébraient sans états d’âme comme ils vouaient un culte au Profit, le dieu des dieux. Le Saint Esprit s’appelait désormais Obéissance. « Sécurité, Profit, Obéissance » avait remplacé l’ancienne devise de la République.
(page 45)
Commenter  J’apprécie          250
- Il serait temps que nous prenions le pouvoir, décréta Bérangère. Le gouvernement des hommes n’apporte que malheurs et catastrophes.
- Vous êtes féministe ?
- Dieu m’en garde ! Mais je suis lucide, répondit Mme Sagol en riant.
Commenter  J’apprécie          240
- Je me suis toujours demandé si ça servait à quelque chose ces "cellules de reclassement ?"
Kol émit un petit rire.
- Ils te font faire "un bilan de compétences". Tu dois tout mettre sur la table : ce que tu as fait, ce que tu sais faire, ce que tu aimerais faire, tes projets professionnels... Après quoi, le type ou la bonne femme qui te reçoit conclut que, dans la situation actuelle, au regard des résultats, il ou elle ne voit pas ce qu'il pourrait te proposer ou faire pour toi. Tu repars humilié de t'être laissé traiter comme une pièce de mécanique qui passe au contrôle de qualité avant d'être envoyée au rebut. Ceux qui t'ont reçu, eux, sont contents, ils ont fait leur job. Ils peuvent adresser la facture à Pôle-Emploi où à je ne sais qui. C'est devenu un métier de recevoir les chômeurs pour leur dire qu'il n'y a rien à espérer... Ça rapporte.
(p. 151-152)
Commenter  J’apprécie          240
Le Conseil, arguant qu’il n’y avait pas de définition de l’État sans définition de l’homme, avait réinventé un système de castes, décrétant un test d’utilité obligatoire pour tous les citoyens. Il y avait cinq degrés d’utilité, cinq castes : les Puissants, les Possédants, les Dominants, les Sachants, les Servants… Cybèle avait passé le test avec succès et avait reçu ses papiers de la caste des Servants. Ceux qui obtenaient de mauvais résultats ou les réfractaires au test étaient classés dans les Inutiles, contraints au travail forcé ou envoyés sur le théâtre des opérations comme supplétifs non armés. De la chair à production de la chair à canon.
(page 52)
Commenter  J’apprécie          230
Orden se remettait d’une crise de vertiges. De cristaux déplacés dans l’oreille interne. Il traînait dans sa chambre, ruminant que la politique n’avançait jamais en ligne droite, mais de façon heurtée, toute en bosses et en zigzags. Les partis n’existaient plus, les syndicats non plus. Les associations avaient été dissoutes, pourtant il y avait encore des hommes assez fous pour croire qu’un mot, une parole était capable de transformer le monde.
(page 11)
Commenter  J’apprécie          220
Michel Saint-Pré est le maire de Russel depuis dix ans, sans étiquette, plutôt à gauche, au centre gauche, au centre du centre gauche, enfin au centre gauche du centre. Quelque part, n'importe où pourvu qu'il soit réélu chaque fois qu'il se présente.
Commenter  J’apprécie          220
Ils ont eu ce qu’ils voulaient par la force et la propagande. Ils ont retourné le langage, perverti tous les mots jusqu’au plus petit pour que plus rien ne signifie ce qu’il signifiait clairement. L’histoire a été effacée, niée. Ils ont créé un récit national à leur gloire. Ils ont brisé toutes les solidarités. Ils ont mis en concurrence les salariés entre eux, les jeunes contre les vieux, les hommes contre les femmes, les Blancs contre les Noirs, les Jaunes, les n’importe quoi contre tous. L’étranger, c’était l’ennemi à l’intérieur comme à l’extérieur. Ils voulaient le chaos, l’amnésie, la confusion mentale pour qu’aucune force ne soit capable de s’opposer à eux. Ils voulaient la guerre. Et quand ils ont été exaucés, ils ont masqué la réalité derrière mille écrans ; pour que l’illusion devienne une vérité, claire, nette, sans bavure. Leur vérité ! Et ils nous ont tendu des miroirs pour que nous vivions sans jamais rien voir personne que nous-mêmes.
Commenter  J’apprécie          211
Il avait eu l’énergie de recommencer à zéro, de « pousser le train à l’arrêt » pour réunir à nouveau tous ceux qui n’acceptaient pas les diktats des hommes de paille, Président, ministres, députés, ouvertement aux ordres des financiers et des grandes entreprises, lesquels, cachés derrière des militaires potiches, gouvernaient le pays.
Commenter  J’apprécie          212
Mon fils n'était pas mieux, juste un peu moins revêche mais affectueux comme un poisson mort. Jamais un geste spontané, un élan, toujours une lueur calculatrice dans le regard. Pour moi, c'était "tiroir-caisse". Comme sa mère, il ne pensait qu'au fric!...
Des fois, je me disais qu'il aurait mieux valu que ma femme m'avoue qu'elle les avait faits avec un autre ! J'aurais été soulagé.
Commenter  J’apprécie          210
[...] rien ne m'émeut plus que les larmes des autres. Les larmes sans destination de ces hommes ou ces femmes qui, parfois, sanglotent dans le métro ou à la terrasse d'un café sans que quiconque puisse deviner l'objet de leur tristesse, ni tendre la main à leur malheur. (p. 15)
Commenter  J’apprécie          210
À Sydney, Melbourne, Canberra, c’était l’enfer : l’Australie tout entière était en feu, la température dépassait 47° C sur la majeure partie du territoire et continuait de monter sans que personne sache comment arrêter les flammes…
(pages 124-125)
Commenter  J’apprécie          200
C’est pathétique de penser qu’il suffit de faire miroiter un ministère à un type intelligent comme toi pour qu’il abdique tout jugement et qu’il renonce à ce qu’il est !
Commenter  J’apprécie          200
Mais à l’hôpital, au lieu de se plaindre, de gémir en maudissant son sort, il ne ratait jamais l’occasion d’interpeller les internes, les médecins sur les conditions de travail des aides-soignants et des infirmiers, sur leurs salaires ridicules au regard de leurs responsabilités et de leur dévouement.
Commenter  J’apprécie          201
Morgane rejoignit le groupe Lucie Baud, du nom d’une des premières syndicalistes qui en 1905-1906 avait mené deux grandes grèves dans les soieries près de Grenoble, à Vizille et Voiron.
Commenter  J’apprécie          200
Aujourd'hui, c'est terminé. Il n'y a plus de marchandes de quatre-saisons dans la rue des Pyrénées. Les vieux vous diront qu'il n'y a plus de saisons non plus. Il n'y a plus que des marchands. (p. 46)
Commenter  J’apprécie          200
- T’as douze ans, dit Labat, le relâchant. Eh bien, à douze ans, tu es assez grand pour comprendre qu’on n’en a rien à battre d’être juif, musulman, chrétien ou athée comme moi. Shylock et ta mère nous disent que la souffrance, la douleur, les joies sont les mêmes pour tous les êtres humains. C’est uni-ver-sel. Tu sais ce que ça veut dire « universel » ?
Commenter  J’apprécie          190



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Gérard Mordillat (2116)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz sur des classiques connus

Victor Hugo:

Atlantide
Notre-Dame de Paris
La mer rouge

20 questions
12706 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..