Citations de Gilbert Cesbron (715)
Il ne se défendait plus, pareil à certains malades et c'est cela qu'on les reconnaît condamnés. (p.380)
Comme tous les solitaires, hormis les saints, comme tous les hommes vieillissant, il ne trouvait plus d'intérêt que dans ce match-défi contre lui-même. (p.354)
Comme tous les cœurs nobles, il était une dupe née; comme tous les gens simples, il croyaient que les journalistes méritaient leur pouvoir. (p.286)
- Métier de fou ..." C'est la conclusion de tous ceux qui ont choisit un métier noble, c'est-à-dire au-dessus de leurs forces. (p.254)
Mais il n'avait pas su, à temps, adhérer au communisme, perdant ainsi l'occasion de récolter à la fois l'admiration des pauvres et l'argent des riches. (pp.225-226)
"L'argent ne fait pas le bonheur", reprit Patrick doctement.
Roger haussa les épaules:
" Ceux qui n'en ont pas le dise afin de se consoler, ceux qui en ont, afin de se le faire pardonner." (p.211)
Cette solitude des vieux qui est leur agonie. (p.177)
Il tomba en songerie. Un peu de passé, encore moins d'avenir, beaucoup de présent en formait la trame; passé un certain âge, c'est la recette même du bonheur. (p.100)
"Cet enfant ne me demande jamais que ce qui me fait plaisir", pensa le vieil homme. C'est la définition même de la Grâce. (p.90)
"Chacun pour soi", cela signifie seulement que tout le monde est seul. (p.39)
Maintenant, le printemps était devenu une grande personne : il tenait boutique de beau temps, il allait se retirer après fortune faite...
Pourquoi dormait-on la nuit? Les rêves sont tellement plus ingénieux que les pensées du jour...
Il commence à comprendre qu'un instant, c'est bon à prendre. Et si la vie n'était faite que d'instants?
Ils s'engouffrèrent dans une voiture rouge, cinq à l'intérieur, et Milord près du chauffeur dont le visage, trait pour trait, rappelait celui de nos ancêtres les Gaulois tel qu'on les représente à la page 2 des manuels d'Histoire.
C'était si joli, tout à coup, si familier que le Gosse et Vévu se regardèrent en souriant : ils sentaient vaguement qu'i ne pouvait pas être arrivé malheur à Lancelot puisque les hortensias roses ressemblaient à des nuages au couchant, puisque trois pigeons traversaient la rue, graves comme des notaires, puisqu'un martinet, à grands coups de ciseaux, coupait l'étoffe bleue du ciel.
Le printemps tournait à l'été : c'en était fini de ses sautes d'humeur tombées de neige, ondées, courses du vent - fautes de jeunesse ! Maintenant, le printemps était devenu une grande personne : il tenait boutique de beau temps, il allait se retirer après fortune faite...
C'était, au seuil de l'été fastueux, un de ces jours o les hommes se déclarent la guerre parce qu'ils se sentent forts et qu'ils croient qu'il fera toujours beau.
L'oeil gauche de Vévu pleurait toujours avant le droit. ("Il est plus petit, c'est naturel", expliquait Cypriano.) Pourtant, lorsque Vévu pénétra dans le commissariat, ses deux yeux ruisselaient déjà.
La salle sentait l'urine, le tabac froid, le vin et la grosse étoffe d'homme.
"Assieds-toi là", commanda l'agent, et il se détourna pour rire car Vévu était vraiment drôle à voir quand il pleurait.
Mais, derrière le guichet, une tête de cire s'était dressée :
"Qu'est-ce que c'est encore que ce pierrot-là ?"
(Cette voix amère vous agaçait les dents comme une salade sans huile.)
Les villes sentent mauvais de la bouche, des caves profondes de Paris s'exhalait une odeur immonde qui réjouissait les enfants.
L'innocent qui va être fusillé, tu crois qu'il déteste les gars du peloton ? ou même l'officier ? ou même les juges ? - Mais non ! il sait bien qu'ils ne sont que des instruments, les instruments d'une mauvaise cause et d'un mauvais système. Pour nous, c'est la même chose : la Société est mauvaise ; même ceux qui en profitent en sont les victimes. Ça n'avance à rien de les détester : c'est le système qui est détestable. Lui, il faut l'attaquer, par tous les bouts ! Mais eux, il faut essayer de leur expliquer. Si vous croyez que ça donne de la force de détester, essayez seulement le contraire : d'aimer les autres, tous les autres - et vous verrez la force que ça vous donnera ! et la paix que ça créera en vous et autour de vous !... Créer la paix, c'est chic, dites ? La paix, c'est d'aimer les autres, pour les obliger à aimer les autres - et ainsi de suite, sur toute la terre ! Et ça n'est pas facile..., ajouta-t-il à mi-voix.
- Pourquoi souriez-vous Madeleine? demanda-t-il au bout d'un instant.
- C'est le seul moyen que je connaisse de ne pas pleurer, répondit-elle en se détournant.