AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Glendon Swarthout (236)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Homesman

Bouleversante, cette épopée flirte avec le western sans l'embrasser totalement, adoptant un féminisme plein de nuances et d'émotion. Le voyage que Mary Bee Cudy entreprend pour ramener ces tristes démentes à l'Est, la valeureuse accompagnée d'un rustre, sera éprouvant, tant pour le lecteur que pour les personnages. Un incontournable (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2021/01/21/homesman-glendon-swarthout/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          190
Le tireur

Dois-je redire ici tout le bien que je pense de la maison d'édition Gallmeister ? Oui. Une fois de plus je m'empare d'un de ses auteurs et je le dévore. Il faut dire que j'ai, tout comme elle, un grand appétit pour les écrivains américains. Donc, nous voici aux Etats-Unis, à une époque qui marque la fin de la conquête de l'Ouest et avec elle, la disparition d'une espèce d'aventuriers portés sur la gâchette et la naissance de la légende qui va les remplacer.

"Le tireur" est un western. Un western d'encre et de papier. Mais un western quand même, avec de grands espaces, du sang, de la sueur et peu de larmes. Books, un tueur réputé, arrive à El Paso pour y mourir. Avant ce moment inéluctable il va faire la connaissance d'une femme qu'il aurait pu aimer, d'un jeune homme qu'il aurait pu aider et apprendre un poème par coeur. Il va aussi voir défiler à son chevet tout ce que la ville compte d'escrocs à la petite semaine, et sa présence va titiller l'orgueil de cow-boys prêts à en découdre pour la gloire de l'épingler à leur tableau de chasse. Mais Books ne compte pas leur faciliter la tâche. Sa fin il veut la mettre en scène, il veut qu'elle soit à la hauteur du mythe que sa vie a engendré.

Dans un style sans fioritures, mais où chaque détail trouve sa place - du coussin à glands dorés en passant par la description chirurgicale du chemin emprunté par une balle traversant un corps - et avec beaucoup d'affection pour son héros, Glendon Swarthout signe un très beau roman sur la mort d'un homme.
Commenter  J’apprécie          190
Le tireur

Texas, 1901. Cela fait neuf jours que John Bernard Books, en proie à de vives douleurs, chevauche en direction d’El Paso où il compte retrouver le Dr Hostetler, un médecin qui lui a sauvé la vie par le passé alors qu’il avait reçu un projectile d’arme à feu. Il se sait gravement malade, mais il veut l’avis de ce dernier. Il s’installe à la pension de Mme Rogers, à laquelle il donne un faux nom, et à qui il ment quant à la durée de son séjour. Mais Gillom, le fils de dix-sept ans de cette dernière, a tôt fait de révéler sa véritable identité, et c’est bientôt une bonne partie de la ville qui défile pour le voir, qui pour le tuer, qui pour s’enrichir de sa mort prochaine. Car Books est une légende, un tireur célèbre, peut-être bien le dernier de son espèce.



Publié en 1975, Le Tireur dépeint un homme solitaire et désabusé, une figure crépusculaire qui regarde avec une pointe de regret le monde en évolution qu’il s’apprête à quitter. Bien que je ne sois généralement pas adepte de ce genre littéraire qu’est le western, il se pourrait bien que la plume de Glendon Swarthout m’y gagne, tant j’ai dévoré ce court roman qui touche à des thèmes universels avec humour et sobriété. Non seulement JB Books est une légende du Far West, mais Swarthout en fait un personnage de légende qui m’aura marquée plus que je ne m’y attendais.

Commenter  J’apprécie          181
Bénis soient les enfants et les bêtes

Ce court roman (173 pages) publié par l’auteur en 1970 est un petit bijou : oh certes, on peut dire qu’il est plein de violence et de cruauté mais l’humanité qu’il recèle et qui gagne malgré tout est un véritable cadeau de Glendon Swarthout.



Violence : celle que subissent les six personnages principaux, six enfants ou ados « inadaptés » aux standards américains, fragiles émotionnellement et socialement, mal traités par des parents absents ou démissionnaires qui s’en sont débarrassés le temps des grandes vacances dans une colonie de vacances en Arizona, qui leur promet d’en faire des homme, des vrais.



Violence : celle qu’ils vont évidemment subir dans ce camp, au point d’être rejetés de toutes les équipes, moqués par les chefs et de former le pire groupe élégamment nommé « Les Pisseux ».



Violence : celle dont ils sont témoins le jour où commence le roman – et dont je ne peux ou ne veux rien dévoiler sous peine de gâcher votre lecture, une violence subie par d’autres, celle qui va les mettre en route et les lancer dans une équipée nocturne, un road-movie initiatique qui les changera à jamais.



Humanité : l’humanité blessée que chacun porte en lui, celle dont ils feront preuve les uns envers les autres au cours de cette nuit pleine de dangers, celle de Cotton en particulier, qui réussit à fédérer ses copains autour de ce projet fou.



Humanité : celle dont rêve sans doute l’auteur Glendon Swarthout, en harmonie avec la nature, sans nécessairement donner de grandes leçons de morale.



C’est une lecture que je ne peux que vous recommander en cette période de vacances 😉
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
Commenter  J’apprécie          182
Bénis soient les enfants et les bêtes

Comme j'ai aimé ce roman !

Périple d'une nuit de six garçons à la recherche de liberté, d'attention et de reconnaissance. Épopée sauvage en plein coeur de l'Arizona où des adolescents devront réussir, comme le faisaient les garçons des tribus ancestrales, à traverser le monde des enfants pour entrer dans celui des hommes. Le voyage ne sera pas sans difficulté, sans heurts, sans retour vers de vieilles blessures.

La narration de Glendon Swarthout nous permet de découvrir à la fois le présent de nos protagonistes et leur passé qui a forgé leurs personnalités.

Sous le regard de nos héros, dans l'Ouest de cette Amérique de peuples millénaires, entre les bisons et les hommes : les différences s'estompent ;

les animaux ne sont pas nécessairement ceux que nous croyons.
Commenter  J’apprécie          182
Bénis soient les enfants et les bêtes

Six adolescents, mal dans leur peau et dans leur environnement familial, se retrouvent dans un camp d'été. Ils y ont été envoyés par leurs parents, désireux d'endurcir leurs rejetons. Ici, on est loin des jolies colonies de vacances chantées par Pierre Perret : la compétition est la première règle de vie. L'épreuve est si difficile pour ces gamins qu'ils semblent péter les plombs, se préparant à commettre des actes délictueux dont on ne découvre le détail que tardivement.

N'est-ce pas précisément pour qu'ils s'émancipent que leurs parents les ont envoyés là, pour qu'ils apprennent à décider d'eux-mêmes d'une conduite à tenir et qu'ils aillent au bout de leurs engagements ? Leur projet, aussi fou soit-il, ne marquera-t-il pas finalement leur sortie de l'enfance ?



C'est en quelque sorte à un road-movie initiatique que l'on assiste. Les personnages sont attachants, et le suspense réside notamment dans l'inquiétude croissante que le lecteur ressent pour eux. le style agréable contribue à rendre cette lecture addictive.



Un grand merci aux MaGi pour ce choix éclairé !



PS : je décline toute responsabilité...
Commenter  J’apprécie          184
Le tireur

John Bernard Books est une véritable légende de l'Ouest, on lui prête un tableau de chasse impressionnant et sa réputation de tireur le plus rapide le précède partout.



C'est à El Paso dans la pension de la très respectable veuve Bond Rogers qu'il s'installe sous un faux nom. Il veut consulter le docteur Hostleter qui l'a sauvé autrefois, le seul en qui il ait confiance. Le diagnostic est sans appel, cancer de la prostate, il lui reste bien peu de temps et sa mort s'annonce très douloureuse.



Son identité est cependant très vite découverte et l'annonce de sa vulnérabilité se répand à grande vitesse. Entre les réactions de rejet, d' admiration béate ou de défi, le vieux dur à cuir reste droit dans ses bottes. Dans sa petite chambre, il tente de faire le point sur sa vie et de contenir au mieux la douleur à l'aide de laudanum et d'alcool. Mais les charognards ne le laissent pas en paix et viennent frapper à sa porte tour à tour avec des offres plus intéressées les unes que les autres : journaliste, photographe, croque-mort, ex petite amie... tous veulent tirer profit de sa mort prochaine.



On assiste aux derniers jours de Books, ses doutes, sa carapace qui se fissure, ses émotions mais l'homme veut rester digne et surtout choisir le moment et la manière pour tirer sa révérence.

La fin est saisissante !



Un beau roman dur, sans concession sur la fin du far West, de ses codes et ses légendes, mais aussi sur la fin de vie d'un homme, ses choix, ses décisions pour partir dignement en restant fidèle à lui-même.



Un superbe roman humain et profond au final explosif !
Lien : https://chezbookinette.blogs..
Commenter  J’apprécie          170
11 H 14

Régalade !

Glendon Swarthout, maitre conteur, réussit un roman policier totalement jouissif avec une intrigue bien alambiquée et un héros improbable, enquêteur malgré lui.

A bord de sa Rolls-Royce, Jimmy, auteur de livres pour enfants, part à la demande de Tyler, son ex-femme, pour le Nouveau Mexique. Armé de ses mocassins Gucci et de ses vêtements de marque, lui qui n’est ni très courageux ni très aventureux, va tenter de découvrir ce qui est arrivé au grand-père de Tyler disparu il y a plusieurs années. Il ne le sait pas mais il va se retrouver au cœur d’une histoire criminelle bien plus grande que lui.



Il y a une intrigue et des sous-intrigues, des vieilles querelles de famille, des meurtres, des fusillades, des tombes sans cadavre, des réseaux internationaux et beaucoup d’humour. Polar et western se mélangent dans un va et vient entre passé et présent. C’est habile, plein d’esprit, divertissant, un brin méchant, « 11h14 » est clairement un pur moment de plaisir.



Traduit par France-Marie Watkins
Commenter  J’apprécie          170
Homesman

Si vous saturez des personnages féminins geignards et victimes, il vous faut rencontrer Mary Bee Cuddy. Elle va vous montrer ce que c’est que le courage et le sens des responsabilités face à des hommes qui se débinent.



Homesman nous amène dans les grandes plaines de l’ouest, au milieu du 19eme. Il célèbre les pionnières, ces femmes dont on ne parle jamais, des femmes qui pour certaines perdront la raison, brisées par une vie faite d’isolement et d’épreuves.



Mary Bee Cuddy, célibataire, ex-institutrice va se porter volontaire pour rapatrier 4 de ces femmes dans l’Est. Mais Mary Bee sait qu'elle ne peut réussir seule. Son compagnon sera le taciturne George Briggs, un voleur de terres qui vient d’échapper à la mort. Ainsi commence leur périple vers l'est. Un voyage parsemés d’embûches qui leur réserve bien des surprises.



Glendon Swarthout est un merveilleux conteur et il est difficile de se tirer de ses griffes tant que l’on n’a pas tourné la dernière page. Il n’y a pas besoin d’être fan de western pour tomber sous le charme de cette histoire qui recèle bien des rebondissements et de ces personnages faits de contradictions.

Âpre et aride, traversé par la lumière de l’espoir, Homesman se détourne des lieux communs narratifs du genre et à travers Mary Bee et Georges Briggs, l’auteur nous montre comment la tragédie peut faire ressortir le pire chez certains et le meilleur chez d'autres.



Traduit par Laura Derajinski

Commenter  J’apprécie          172
Bénis soient les enfants et les bêtes

Un très beau roman d’initiation et d’aventures, dans l’Ouest des Etats-Unis, pour adolescent mais aussi pour tous ceux qui ont su garder leur âme d’ado…



Très vite on éprouve de la sympathie pour le gang des pisseux (sic), ces jeunes adolescents (le plus âgé a quatorze ou quinze ans), à peine sortis de l’enfance, arrosant leur hamburger d’un verre de lait, et serrant leur petit transistor enfoui sous leur couette en guise de doudou. Ce gang de mal-aimés, quinze ans à tout casser et déjà mal embarqués dans cette société américaine gavée de violence, élitiste, normalisatrice, récompensant l’ambition, la combativité et le leadership. Quelle horreur, ces mots (maux ?) !



En libérant des bisons (et quel animal plus symbolique, plus représentatif des USA ? Quel animal plus sauvage aussi …) parqués dans l’attente de la mort, condamnés à la barbarie de ringards affublés d’une carabine, à la boucherie (certains détails sont assez crus et dégoulinants), ces jeunes mal adaptés à la société, iront trouver ailleurs une raison de vivre, une façon d’être au monde, pour finalement apprendre l’amour-propre et l’affirmation de soi et ses valeurs.



Un coup de maitre pour Swarthout dont je vais certainement lire les autres romans.

Commenter  J’apprécie          170
Homesman

On devrait inventer une collection que l’on nommerait « Les trous du cul des États-Unis » afin de lister, non pas des personnages réels ou fictifs, mais des romans dont l’action se déroule dans des bleds paumés de chez paumés.



La petite ville de Loup est sur les Territoires, non loin de ce que l’on nomme encore la Frontière. C’est une ville paumée, mais les fermiers qui exploitent les terres aux alentours le sont encore plus (paumés ! Suivez nom de dieu).



Les quelques kilomètres qui les séparent de cette petite ville deviennent des distances terre-lune lorsque l’hiver est venu et qu’il plonge les familles dans la solitude, les laissant livrées à elles-mêmes face aux loups ou devant faire face aux affres de la famine si les récoltes furent mauvaises et que l’hiver est rude.



Les femmes abattent souvent le boulot d’un homme, elles travaillent sans cesse sur les champs, s’occupant du mari et de leurs gosses, devant aussi survivre aux multiples grosses, à l’hiver, à la mort de leur enfants, sans compter celles qui se sont mariées à même pas 16 ans…



Pas étonnant que certaines soient devenues folles dans un pareil contexte. Et cet hiver rude en a encore vu quatre sombrer dans la folie. Que faire de ces femmes ? Le révérend Dowd va faire ce qu’il a déjà fait : désigner quelqu’un pour rapatrier les démentes vers l’Est, vers leurs familles et leurs terres d’origine.



En très peu de pages, l’auteur nous plonge dans une ambiance où il ne fait pas bon vivre et on assiste, impuissant, aux vies de misère de ces gens qui, un jour, on tout quitté pour aller exploiter ces terres encore vierges, ces terres dont on leur promettait monts et merveilles.



Le réveil est brutal, nous sommes dans un western mais celui vous met le nez dans la désillusion de la Conquête de l’Ouest. Les pionniers qui ont traversé le pays sauvage, abandonnant leurs meubles, perdant des enfants, du bétail, s’imaginaient que la vie serait plus belle, plus mieux car on leur avait vendu des chariots pleins de promesses.



Les hivers tout comme les terres se révèlent hostiles et durs. Les territoires sont toujours aussi sauvages et survivre est une lutte de tous les instants. Il n’y a que dans Lucky Luke que tout se termine bien…



Fou comme on s’attache aux personnages principaux, ceux qui vont rapatrier ces quatre pauvres femmes : Mary Bee Cuddy, une femme forte qui exploite seule sa ferme et un dénommé Geroge Briggs, un homme austère, taciturne, un escroc qu’elle a sauvé de la mort mais en qui elle n’a pas trop confiance.



288 pages de bonheur brut, dur, sauvage, une lecture qui fait mal, un roman dans lequel on souffre avec ces femmes qui doivent accoucher à la dure, se défendre face à des loups qui s’introduisent dans la maison, faire trois enfants en trois ans et les voir partir en trois jours, ou se faire monter dessus par monsieur et être rendue responsable de la non venue d’enfants.



Le voyage avec le fourgon et les deux mules de Mary Bee et Geroge ne sera pas de tout repos, pourtant, quelles émotions il se dégage de cette femme courageuse qui veut traiter ces femmes en tant qu’humains !



Oui, nous sommes loin des westerns traditionnels avec les bars enfumés, les colts qui résonnent, les beaux cow-boys ténébreux ou les Blondin… Ici, nous sommes dans le vrai Ouest, celui qui est encore à dompter, à dresser, à casser, à maitriser.



La plume de l’auteur nous décrit bien ces contrées sauvages et hostiles, cette lande déserte qui façonne les caractères des gens. Il sait aussi bien nous conter ce qu’il se passe dans les têtes des gens, il sonde leurs âmes, nous donnant l’impression d’être assis avec eux sur le fourgon, convoyant nous aussi ces pauvres hères qui ont tant souffert.



Une lecture superbe, le deuxième roman que je lis de cet auteur (Le Tireur) et une fois de plus, il fait monter des émotions en moi, le bougre de salopard. Ses personnages ne sont pas figés, ils évoluent, peuvent se racheter ou s’enfoncer, au choix.



Une fois terminé, on pose le livre avec douceur sur la table, un sourire triste sur les lèvres "Mince, il est fini" et on se surprend à rêver d’être encore dans le fourgon avec ces deux personnages marquants, aussi opposés l’un et l’autre que la nuit et le jour.



(4,5/5)
Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          173
Homesman

Blizzards, tempêtes de sable, sécheresses, meutes de loups hurlants et affamés… Vers la moitié du XIXe siècle aux Etats-Unis, l’existence est rude sur le Frontière pour les colons malavisés venus y chercher une vie meilleure. Si rude que pour certains – et surtout certaines – elle en devient insupportable. C’est le cas de Théoline Belknapp, femme de fermier et mère de trois enfants, qui, un matin, jette son nourrisson dans les latrines de la ferme familiale… Elle n’est pas seule et nombreuses sont les malheureuses dont l’esprit se brise aux rigueurs de la vie dans l’Ouest sauvage. Que faire alors de ces pauvres femmes, si ce n’est les dissimuler le plus rapidement possible aux regards de peur que leurs destins tragiques ne terrorisent les futurs colons ? C’est ici que rentrent en scène les « homesmen », des aventuriers payés à prix d’or pour ramener les femmes atteintes de démence dans des terres plus civilisées (de celles où l’on trouve des asiles et des camisoles de force par exemple).



Mais en cette année 1850 dans une petite ville de la Frontière, le « homesman » local sera une « homeswoman ». Une vielle fille hommasse et volontaire, Mary Bee Cuddy, a pris sur elle la responsabilité de conduire un groupe de quatre démentes jusqu’au Colorado. Une décision courageuse mais téméraire, car Cuddy n’a jamais entrepris un voyage aussi long – et, a fortiori, jamais avec une aussi sinistre cargaison. Las, personne ne semble particulièrement pressé de lui prêter main forte et la seule aide qu’elle parvient à obtenir est celle d’un nommé George Briggs, une canaille grossière et dépourvue de scrupules qu’elle a sauvé de la potence. Commence alors un voyage de cinq semaines à travers les terres desséchées de l’Ouest, ses terres féroces et hostiles, si promptes à vous arracher vos derniers lambeaux de santé mentale. Mary Bee Cuddy et ses protégées en verront-elles la fin ?



J’avais déjà lu cet été l’excellent « Le Tireur » de Glendon Swarthout et c’est donc avec de très bons a priori que j’ai commençais son deuxième roman – et, à ce jour, dernier – traduit en français. Ô joie, ce deuxième essai comble toutes mes attentes ! On y retrouve le réalisme cru, l’ironie amère et l’ambiance oppressante qui caractérisait déjà « Le Tireur ». Même finesse dans l’analyse psychologique également et mêmes protagonistes abîmés et touchants. Le personnage de Mary Bee Cuddy est particulièrement réussi, avec ses allures de femme forte et indépendante, sous lesquelles se dissimulent de terribles fêlures et d’obscures terreurs. Au fur et à mesure de l’avancée du récit, on tremble pour elle tant elle nous semble semblable, par bien des aspects, aux pauvres femmes qu’elle convoie… De nouveau un fort beau roman. Espérons que d’autres œuvres de Swarthout ne tarderont pas à être traduites !



(Et ô joie de nouveau ! Je viens d’apprendre qu’une adaptation était prévue pour 2013 avec et par Tommy Lee Jones – dont je ne sais rien des talents de réalisateur, mais qui est indubitablement un acteur du tonnerre de Zeus.)

Commenter  J’apprécie          172
Bénis soient les enfants et les bêtes

Que vous dire sur ce livre ? Sinon qu’il représente ce qui peut se faire de pire pour de jeunes américains issus de la classe aisée.

Oui, nous sommes en Arizona, et rien ne destinait ces six adolescents à se rencontrer. L’action du roman, au sens strict du terme, se déroule sur une journée entière mais le récit est construire de telle façon que nous découvrons, dans de courts retours en arrière, les deux mois passés dans le camp, les raisons pour lesquelles ses six jeunes se sont retrouvés dans ce camp, et les motivations qui ont entraîné la « mission » dont nous parle le quatrième de couverture. Je ne vous la dévoilerai pas : ce n’est pas qu’elle n’est pas intéressante, loin de là, c’est qu’elle dit tant de choses sur l’Amérique, sur son passé, et sur sa manière d’envisager son avenir qu’il vaut nettement mieux la découvrir en lisant le roman.

L’Arizona est un bel Etat – sauf quand on y est envoyé de force par des parents défaillants. Oui, c’est bien le lien qui unit ses six gamins : avoir des parents absolument pas à la hauteur, trop occupés par eux-mêmes et leurs névroses personnelles pour se pencher sur leurs enfants. Aussi, quand on leur suggère LA solution miracle, LE camp de vacances qui fera de leurs fils des hommes, des cow boys, des américains à cent pour cent, ils ne réfléchissent pas, ils foncent. Mettre des gamins en manque d’amour, de repère, d’écoute dans un camp où ils seront humiliés, où l’esprit de compétition est omniprésent, où on leur répète qu’il faut constamment se dépasser, gagner (et humilier les autres, bien sûr) pour être considérés peut faire du bien, où la carotte est maniée autant que le bâton n’est pas vraiment une solution.

Ces six gamins-là, fédérés par Cotton, vont se trouver, pourtant, et ne deviendront pas les versions améliorés d’eux-mêmes que le camp veut faire d’eux. Ils seront simplement des adolescents capables d’aller au bout des choses, d’atteindre un objectif qui n’était pas du tout ceux des organisateurs ou des prescripteurs. Le regard que porte Glendon Swarthout sur cette Amérique du paraître et du fric incapable de prendre soin de ses enfants est dur. Le roman a beau daté des années 70, en pleine guerre du Vietnam qui sert aussi, un peu, de toile de fond, cette guerre qui a fait entrer la violence quotidienne dans les maisons par le biais des postes radios et des télévisions, pourrait très bien se passer aujourd’hui, il ne faudrait pas changer grand chose.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
Commenter  J’apprécie          160
Le tireur

Ayant décidé de me lancer dans une session de lectures "Western", mon attention a rapidement été attirée par ce "Tireur" de Glendon Swarthout, un auteur américain que je ne connaissais pas du tout jusqu'à présent... Et si quelques critiques élogieuses me faisaient partir avec un a priori positif, après lecture je ne peux que le confirmer : ce fut une très bonne pioche ! Le Tireur, c'est J.B. Books, légende de l'Ouest connu pour avoir descendu une trentaine d'hommes lors de duels au pistolet en Californie, au Nevada ou ailleurs. Désormais quinquagénaire, affaibli, fatigué, il se retrouve dans la petite ville texane de El Paso, où un médecin lui diagnostique un cancer qui ne lui laisse que quelques semaines à vivre. Trois options s'offrent alors au fameux tireur : l'attente de la mort et des intolérables souffrances qui la précéderont, le suicide, ou l'accomplissement d'une dernière action d'éclat avant de tirer sa révérence...



Le personnage de J.B. Books ne pouvait que me séduire : je suis toujours très friand de ces anciens héros (ou anti-héros, car nous avons affaire à une belle crapule !) en bout de course, qui ne sont plus que l'ombre de ce qu'ils ont été. Mais ici, en plus du crépuscule d'un héros, nous sommes témoins de la fin d'une ère : en 1901, la Conquête de l'Ouest est achevée, tous les grands tireurs sont morts, et la ville de El Paso entre pleinement dans le 20ème siècle en s'équipant de l'électricité, de l'eau courante, du téléphone, du tramway... Ce n'est pas seulement J.B. Books qui est condamné, mais le mode de vie traditionnel des pionniers. Cet aspect suffit à faire de ce roman un Western particulier ; il ne faut d'ailleurs pas s'attendre à y trouver des chevauchées épiques dans de vastes paysages comme nous en offre souvent le genre. La plus grande partie de l'intrigue se déroule ainsi entre les murs de la pension de la veuve Rogers, où J.B. Books, de plus en plus diminué au fur et à mesure que passent les jours, voit sa fin approcher. Les relations entre les personnages sont au centre du récit. On assiste notamment à l'indécent défilé des hyènes alléchées par la mort annoncée du vieux lion : ainsi le journaliste à l'affût du scoop, le croque-mort qui compte sur un coup de pub en organisant les obsèques d'une célébrité, le brocanteur venu négocier ses maigres effets, le pasteur qui espère qu'une éventuelle repentance servira d'exemple à la jeunesse, jusqu'au barbier qui gagnera quelques dollars en revendant des cheveux devenus reliques... Mais l'essentiel est la relation de J.B. Books avec sa logeuse, la veuve Rogers, laquelle évite heureusement l'écueil de l'histoire d'amour mièvre – le roman dans son ensemble est, de toute façon, dépourvu de toute mièvrerie et de tout sentimentalisme : c'est dur, âpre, violent, comme l'était l'Ouest américain à cette époque. Il s'agit d'ailleurs moins d'une histoire d'amour que de respect et d'amitié, et je l'ai trouvée très juste et touchante.



"Le Tireur" est un excellent roman court (un peu moins de 200 pages), tellement prenant qu'il peut se lire d'une traite, de la même manière que l'on est happé par un bon film – il a d'ailleurs été adapté au cinéma en 1976 sous le titre "Le dernier des géants", avec John Wayne dans le rôle de J.B. Books et Lauren Bacall dans celui de la veuve Rogers.
Commenter  J’apprécie          163
Homesman

Un sacré portrait de femme libre. Un roman qui dénonce également la condition de la gente féminine en tant que mère et épouse. Durant des semaines, 4 femmes atteintes de folie, seront convoyées par un voleur et une ancienne institutrice. Leurs caractères opposés apportent des situations drôles, fortes, les remettant en cause. Une épopée qui traverse plusieurs états. Sujet original et personnages attachants. Un bon western sur les désillusions de l'Ouest américain où la femme est bien présente. le style est brut sans artifice, à l'image des terres où se passe l'action. Un peu déçue par cette disparition en cours du roman.
Commenter  J’apprécie          160
Bénis soient les enfants et les bêtes

« Qu’on les laisse faire et on verra que les trente-six garçons se diviseront instinctivement en six équipes, chacune avec sa propre cabane et son propre moniteur! »

Six adolescents, parmi d’autres issus de familles fortunées, s’unissent afin de contrer les humiliations quotidiennes au camp de vacances où ils ont atterri le temps d’un été. Logeant dans la même cabane sous l’autorité d’un moniteur à peine plus vieux qu’eux et qu’ils ne respectent pas, Cotton, Goodenow, Teft, Shecker et les deux frères Lally, s’engageront alors à se libérer de leurs peurs et, dans un ultime baroud d’honneur, réaliseront les actes les plus insensés afin d’y arriver. « Ils ne s’étaient rencontrés que par hasard. Ils n’étaient liés que par leur névrose, leur puérilité et leur insignifiance. »

Un court roman habilement construit et d’une telle intensité, que je l’ai dévoré en un temps record. Glendon Swarthout a réussi à me faire vivre sur le même pied que ces jeunes bafoués par leur entourage. J’ai adhéré entièrement à leur histoire, l’auteur instillant judicieusement tout au long du récit des bribes du passé des protagonistes, les rendant ainsi encore plus vibrants et vivants. Un roman à la sauce « Thelma et Louise » qui m’a enthousiasmée du début à la fin, grandiose.

Commenter  J’apprécie          150
Bénis soient les enfants et les bêtes

Je suis ressortie enchantée de ce road-trip qui sentait bon l'Amérique profonde et légendaire avec de grands espaces, une quête et des bisons.

J'ai suivi pas à pas la route de ces jeunes adolescents si touchants dans leurs imperfections et leurs faiblesses mais aussi dans leur volonté et leur désir de reconnaissance.

Ce roman n'a pas été sans me rappeler 'le corps' de Stephen King (aussi et mieux connu grâce à l'adaptation cinématographique qui en a été tirée : "Stand by me").

un roman accrocheur, qui se lit vite et tient en haleine...je le recommande vivement.
Commenter  J’apprécie          150
Homesman

Il y a des tas d'endroits et un paquet d'époques où il ne fait pas bon être une femme, c'est indiscutable. Nous en avons une nouvelle illustration ici, dans cet endroit nommé “le Territoire” ou encore “la Frontière”, ce vaste no man's land (ou plutôt no white man's land car ce territoire n'est pas vide mais habité par des peuples amérindiens) qui s'étire entre le Mississippi et l'océan Pacifique.

Bref, quoi qu'il en soit au temps de ce qu'on appelle la conquête de l'Ouest, l'idée d'une terre promise grandit parmi la population de l'Est Américain et des colons de plus en plus nombreux se lancent dans l'aventure en quête d'une vie meilleure, suivant ce qu'ils nomment leur “destinée manifeste”. Ça claque hein ? Les voici donc sur les routes poussiéreuses, ces fringants colons, avec chariots, femmes et enfants comme il se doit. Ils avancent inexorablement vers l'autre océan du continent s'arrêtant là où ils trouvent une terre à occuper, une concession encore libre. Ils s'arrêtent, ils construisent des maisons (des cavernes de terre plutôt), ils suent sang et eau pour cultiver des terres plus ou moins ingrates, ils se multiplient comme l'exige le Seigneur, ils construisent des villes (fantômes ou pas) et accessoirement ils tuent des indiens. Mais ce n'est pas le sujet de ce livre. Non, c'était simplement pour situer l'époque et poser le décor.

Homesman, ce n'est donc pas l'histoire d'une trajectoire d'Est en Ouest mais plutôt le contraire, demi-tour toute ! Oui, Glendon Swarthout nous parle du chemin inverse, beaucoup moins glorieux, beaucoup plus amer, du chemin inverse que l'on doit prendre quand on est arrivé au bout de ses forces, quand on ne peut plus continuer, quand la seule possibilité qui reste c'est de retourner à son point de départ. Comme quoi, quand on vous dit “terre promise”, méfiez-vous, fuyez, ne soyez pas naïfs, des promesses, toujours des promesses, c'est bien une des seules choses qui n'a pas changé et qui ne changera jamais. C'est d'autant plus vrai si vous êtes une femme, croyez-moi.

La vie est rude dans le Territoire, le confort n'existe pas, les interactions humaines sont rares, parfois il faut faire trente kilomètres pour trouver un voisin, les conditions climatiques ne sont pas idéales non plus, c'est le moins qu'on puisse dire, et le travail est harassant. Bon, faut vraiment être motivé quoi, mais malgré ça, il arrive que l'on craque, qu'on baisse les bras ou qu'une goutte d'eau fasse déborder le vase. C'est ce qui arrive à quatre femmes dans ce roman, pour diverses raisons que vous connaîtrez en lisant le livre, elles perdent complètement la tête. Et là, patatra, que faire ? Eh bien le problème justement c'est qu'il n'y a pas de solution sur place, d'où la nécessité de ce trajet de retour qui nous est raconté ici. Allo, allo, colon renvoie colonne à la case départ, help reprenez votre fille/soeur/cousine, elle est folle, elle ne sert plus à rien ici, je n'en veux plus !

Pour ma part, malgré l'intérêt du sujet et la qualité du texte, j'ai eu du mal à apprécier vraiment cette lecture avant d'en arriver aux alentours de la page 200 (eh oui, il faut savoir s'accrocher parfois et attendre l'étincelle). A un moment donné un élément que je ne peux pas dévoiler fait que tout bascule et que le livre prend une nouvelle dimension, beaucoup plus intense et intéressante à mes yeux. Avant ce moment, je m'ennuyais un peu je l'avoue, le personnage de Mary Bee Cuddy m'agaçait avec son côté trop “chrétien” si vous voyez ce que je veux dire, je pensais que tout serait cousu de fil blanc et que l'histoire irait là où je la voyais aller... Eh bien, une fois n'est pas coutume, figurez-vous que j'ai été ravie de me tromper !
Lien : http://tracesdelire.blogspot..
Commenter  J’apprécie          150
Le tireur

« Ça doit faire longtemps que vous n’avez pas regardé un calendrier, Books. On est en 1901. Les jours anciens sont morts et enterrés et vous ne le savez même pas. Vous pensez que cette ville est juste un endroit comme les autres où faire régner une terreur de tous les enfers. Un enfer, c’en est un. Bien sûr qu’on encore des saloons, des filles et des tables de jeu, mais on a aussi l’eau courante, le gaz, l’électricité et une salle d’opéra, on aura un tramway électrique d’ici l’année prochaine et on parle même de paver les rues. On a tué le dernier crotale dans El Paso Street il y a deux ans, dans un terrain vague. »



Lorsqu’il arrive à El Paso avec pour toutes possessions un cheval, une selle, ses colts, une montre, quelques vêtements dans une valise, un stetson, un coussin et un cancer de la prostate en phase terminale, John Bernard Books apparaît déjà comme un anachronisme dans un farwest qui entre de plain-pied dans le vingtième siècle. Depuis la mort ou la retraite de Wild Bill Hickok, John Wesley Hardin, Wyatt Earp et consort, Books est le dernier tireur – manière pudique de dire tueur – légendaire à rouler sa bosse dans l’Ouest. Bloqué a El Paso par la maladie qui le ronge, il devient vite une attraction locale mais aussi une cible pour les rapaces qui entendent se faire un peu d’argent sur son nom et, surtout, une cible pour quelques tireurs ou aspirants tireurs de bas-étages déterminés à se faire un nom. Surtout, s’il sait bien qu’il ne vaincra pas le cancer, il entend au moins garder la main et choisir sa mort.



Ultime vestige d’un monde en train de disparaître, et que la société entend bien voir sombrer aussi vite que possible pour entrer dans la modernité et la Civilisation, John Bernard Books gêne autant qu’il suscite la curiosité. Phénomène de foire, tigre en cage, Books représente - autant que les charognards qui guettent son dernier souffle ou voudraient le lui faire rendre - le déclin ultime du monde dans lequel il a vécu.

Entre une première fusillade qui ouvre le roman et une troisième qui le clôt, on assiste donc au dérangeant défilé des profiteurs, des curieux, de ceux qui veulent définitivement tourner la page d’une ère qui prend fin, et, surtout, à l’introspection, aux regrets, et à la vague nostalgie d’un Books coincé entre deux mondes. Entre celui des vivants et des morts, entre un monde mort et un autre qui prend vie.

Crépuscule d’une vie et d’un monde, Le tireur est un roman prenant et une fascinante étude de caractères. Après Lonesome Dove, les éditions Gallmeister continuent donc leur beau travail de réédition de classiques du genre sur le mode crépusculaire. Espérons qu’elles en dénicheront encore d’autres.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
Commenter  J’apprécie          150
Homesman

Dans l'ouest des États-Unis, la vie n'est pas facile pour les colons et encore moins pour leurs femmes. Après un hiver difficile, quatre femmes ont perdu la tête dans ce village du Nebraska où habite Mary Bee. Parmi elles, sa voisine et amie. Comme l'année précédente, les maris de ces femmes doivent se répartir les taches: convoyer les femmes dans l'Iowa à 5 semaines de chez eux ou payer les frais de ce déplacement, le tout se décidant par tirage au sort.

Devant le refus de son voisin d'emmener les épouses, Mary Bee prend les choses en main: c'est elle qui les emmènera. Après cette décision, elle sauve un homme, un voleur, d'une mort certaine. En échange, elle l'oblige à l'accompagner dans cette traversée.

Commence alors un voyage difficile où nos deux compagnons ne sont pas épargnés.

J'ai beaucoup apprécié ce western centré sur la vie difficile des femmes mais aussi sur leur courage. On s'attache facilement à Mary Bee mais aussi à Briggs, son compagnon de route bourru et grognon. L'auteur n'épargne pas ses personnages: chaque histoire de ces femmes gagnées par la folie est effrayante, les réactions des deux personnages aux aléas du voyage n'épargnent pas non plus le lecteur. Un roman dur mais touchant.
Commenter  J’apprécie          140




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Glendon Swarthout (788)Voir plus

Quiz Voir plus

Gueuleton festif

À table : "La nappe à carreaux rouges" :

Marcel Duchamp
Pierre Bonnard

16 questions
6 lecteurs ont répondu
Thèmes : peinture , natures mortes , histoire de l'artCréer un quiz sur cet auteur

{* *}