Cette chronique m’ennuie un peu. D’ailleurs, elle est restée quasiment une semaine dans mes brouillons en mode « sortira, sortira pas ». Elle m’embête parce que Guillaume Lecler est un auteur que je défendrai coûte que coûte ; que je conseillerai à vie lorsqu’on cherche de l’humour, de la finesse (si, si !) et de l’intelligence ; qui possède un vrai talent, une vraie patte, en somme une identité, mais ce n’est pas pour autant qu’il est exempt de chronique mitigée. J’ai toujours fonctionné à l’honnêteté, je n’ai dérapé qu’une seule fois et ça ne se reproduira jamais. La lecture Des Illusions matutinales a été l’occasion pour moi de faire deux constats :
↪ Le talent de l’auteur n’est pas discutable. Que l’on aime ou non ses écrits, il faut lui reconnaître ses talents. De la plume à l’humour en passant par la maîtrise de la langue française et son utilisation à des fins humoristiques, Guillaume Lecler n’a rien à envier à ses collègues auto-édités.
↪ Le second constat est une préférence personnelle qui m’a certes fait moins apprécié ce livre-ci (et peut-être même le précédent dont la chronique était déjà un peu plus mitigée que pour les deux premiers), mais ne découle pas de l’auteur lui-même, du livre ou de la façon dont ce dernier est écrit ou construit. Pour en venir au fait, je préfère Guillaume Lecler dans les romans plus longs. C’est ainsi que je l’ai découvert et aimé, c’est ainsi que je le préfère. Et donc, c’était bien, mais…
On a commencé par la conclusion avec cette chronique, mais je tiens tout de même à développer un peu plus, même si ça veut dire me répéter, d’autant plus qu’il y a du positif dans ce livre sur lequel j’aimerais revenir.
Au départ, j’ai tout mis sur le dos des personnages, dont j’ai supposé qu’ils m’avaient tout dit dans les trois livres précédents de Guillaume Lecler (Des illusions matutinales est le quatrième livre d’une série). Je me suis dit : Des illusions matutinales est un chouette bouquin, mais peut-être me suis-je lassée des personnages qui ne me surprennent plus dans leurs gags, puisque je les connais par cœur. La lecture et la fin du roman m’ont prouvé le contraire. Mon intérêt pour les personnages est toujours là ; Thamer me fait toujours autant rire, et en refermant le livre, j’avais très envie de tous les retrouver – la fin ouverte de ce présent livre laissant entrevoir une suite. Alors quoi ? Ça ne pouvait venir de l’écriture ni du (manque de) talent de l’auteur, c’est une certitude.
Des illusions matutinales est un très bon livre, bien écrit comme toujours, avec cet humour intelligent propre à l’auteur, ses jeux de mot tellement bien trouvés et amenés, ses gags, sa fraîcheur et la bonne humeur qui dégouline à chaque page. C’est un livre qui fait du bien et que j’ai apprécié lire. Je suis friande de l’esprit de Guillaume, de sa répartie et de la façon dont il joue avec les mots, de son humour qui est pile le genre que j’apprécie parce qu’il y a toujours de l’intelligence derrière, loin des « vous les adultes, vous croyez encore aujourd’hui que la rentrée des classes, c’est un jour merveilleux » et hop on enchaîne sur les profs pendant 12 minutes. Pour ceux qui vont aller chercher sur Google, laissez tomber, c’est Kev Adams.
Il y a donc énormément de choses que j’aime chez Guillaume Lecler, et pourtant, bah je ne suis pas autant emballée par ce livre que par les précédents. Et je ne remets pas du tout en cause le talent de l’auteur, je lirai ses prochains romans sans aucun doute. Alors j’ai réfléchi, parce que je veux comprendre pourquoi ça ne fonctionne pas totalement avec un bouquin, malgré ses qualités. Une hypothèse principale ressort de mes lectures concernant cet auteur : je préfère Guillaume Lecler dans le format long, et ça c’est un fait. Je le trouve encore meilleur dans un format comme Deux zéros et demi ou Bons baisers de Goscranie, que dans les deux derniers livres plus courts, parce que le format « plus long » permet à l’auteur d’étendre tout ce qu’il sait faire. Le format court ne permet pas non plus de créer la même richesse dans l’histoire (ce que j’avais particulièrement aimé dans les deux premiers) et peut-être ai-je besoin, même dans ce genre-là et même dans l’humour, d’une histoire en béton, bien remplie et riche pour totalement apprécier ses personnages perchés et tout ce qu’il y a autour et qui rend le tout très drôle (j’ai, par exemple, encore plus apprécié le Glork 2 de Guillaume Carbonneaux que le 1 justement parce que l’histoire est plus complète).
Si un auteur comme Guillaume Lecler est capable d’évolution positive à chaque nouveau livre publié tout en renouvelant ses gags, son humour, ses histoires et ses personnages, c’est donc que le souci n’émane pas forcément du livre, de l’écriture ou des choix de l’auteur. En l’occurrence, je pense que le format court me séduit moins, car je sais pertinemment ce dont est capable l’auteur sur une version longue qu’il maîtrise parfaitement bien. Je ne le dirai jamais assez, mais il y a un vrai talent littéraire chez cet auteur, difficile de ne pas reconnaître qu’il sait jouer avec les mots et utiliser la langue française à bon escient et intelligemment. Il est un des rares auteurs à le faire de cette façon-là et rien que pour ça, il mérite d’être lu. Finalement, mon avis ne change rien au fond et à la forme de ce livre : c’est du bon, d’autres vous le diront, d’autres qui n’ont rien eu à redire sur ce livre d’ailleurs.
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