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Citations de Günther Anders (226)


Exterminer des choses capable d'exterminer est, pour autant que ce soit possible, bien plus dur que produire ces chosses capables d'exterminer. Fabriquer est facile. Mais détruire ! Non seulement nous ne sommes pas des « creatores » mais nous ne sommes pas encore des « destructores » compétents.
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La police a besoin des criminels, elle leur doit leur existence et les crée elle-même au besoin. (Dicton molussien)
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Sans doute le lecteur sera-t-il d'abord désagréablement surpris par le constant changement de perspective qui lui sera imposé, par le passage des "vérités de fait" aux "vérités de raisonnement",pour parler comme Leibniz ; ensuite par le fait que, parti de l'examen, des phénomènes les plus actuels et en vérité le plus inattendus -les "occasions"), il se retrouvera plongé dans la discussion de problèmes qui (parce que ce sont des problèmes "philosophiques" fondamentaux) lui sembleront n'avoir aucun rapport immédiat avec les occasions en question.
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Il n'est pas possible d'héroïser Ulysse. Et ce parce qu'il est parvenu, après tant de souffrance, à rentrer chez lui - et non pas, comme on pourrait croire, malgré ce retour. Seul celui qui finalement échoue au Ciel des héros. L'effort d'atteindre les deux : c'est-à-dire rentrer chez soi aussi bien qu'entrer dans le mythe, n'est pas reconnu. - Même une intelligence rusée ne saurait être héroïsée. Car je tiens pour invraisemblable qu'il dût son retour au pays à sa ruse. Je crois à l'inverse, tirant profit de la théorie de l'inversion de Reinach, qu'il fut considéré comme rusé uniquement parce qu'il est rentré chez lui. Qui sait à quel stupide ouragan de hasard il dut finalement son naufrage chanceux sur les rivages d'Ithaque.
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J'avais comme principe, c'est ce que n'ont jamais compris, ou n'ont jamais été autorisés à comprendre ceux qui précisément étaient membres du Parti, que s'exprimer au nom d'un groupe luttant pour le pouvoir était diamétralement opposé au fait d'être philosophe.
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la situation était devenue trop sérieuse pour continuer à jouer, même à des jeux sérieux
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Vous avez quitté l'Allemagne dès mars 1933. Plus tard, les bureaucrates ont eu l'idée d'établir une sinistre distinction entre persécutés pour raisons raciales et persécutés pour raisons politiques...

Cette distinction est tout à fait courante en effet, mais je répugne à l'utiliser. Il y a eu, c'est vrais, des centaines de milliers de réfugiés juifs qui, auparavant, ne s'étaient naturellement jamais intéressés à la politique et encore moins engagés politiquement. Mais c'est justement la politique qui s'est intéressée à eux. Et en ce sens, même si c'était seulement modo passivo - mais que veut dire ici "seulement"? - eux aussi étaient des réfugiés politiques. Tous les juifs qui ont quitté l'Allemagne l'ont donc fait pour des raisons politiques.
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Le diable s'est installé dans un nouveau logis. Et même si nous sommes incapables de le faire sortir de son repaire du jour au lendemain — pour autant que nous voulions l’en faire sortir —, il nous faut au moins savoir où il se cache et où nous pouvons le débusquer : pour ne pas le combattre dans un coin où il ne se réfugie plus depuis longtemps et afin qu’il ne se paie pas notre tête depuis la pièce d’à côté.
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« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes.

L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées. Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.
Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe: on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux.
En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclu du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur.
L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels. »
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La consommation de masse, aujourd’hui, est une activité solitaire. Chaque consommateur est un travailleur à domicile non rémunéré qui contribue à la production de l’homme de masse. 
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Seconde infériorité de l’homme (après le « mauvais moulage ») : il est périssable. 𝘐𝘭 𝘦𝘴𝘵 𝘦𝘹𝘤𝘭𝘶 𝘥𝘦 𝘭𝘢 « 𝘳é𝘪𝘯𝘤𝘢𝘳𝘯𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘪𝘯𝘥𝘶𝘴𝘵𝘳𝘪𝘦𝘭𝘭𝘦 ».
Son « malaise de la singularité » - l’expérience de ne pas être une marchandise de série - agit sur lui comme un memento mori («Souviens-toi que tu vas mourir »).
[...]
Voici maintenant un fait qui établira de façon définitive comment ce sentiment de handicap, ce « malaise de la singularité » s’est généralisé : ce fait, c’est la passion des images aujourd’hui dominante, I’« iconomanie ».
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L’important, c’est d’avoir compris ce qui est en jeu aujourd’hui : d’avoir compris qu’aujourd’hui une répétition de ce qui s’est passé il y a vingt ans pourrait transformer le monde entier en un camp d’extermination ; et que cette catastrophe, qui est tout à fait du domaine du possible, ne pourra être écartée, si elle peut l’être, que si tous ceux qui demain feraient partie des liquidateurs ou des liquidés s’opposent, passionnément, résolument, à cette évolution. Personne d’entre nous n’oublie Auschwitz ou Hiroshima.
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C'en est arrivé à un tel point que je voudrais déclarer que je suis un "conservateur" en matière d'ontologie, car ce qui importe aujourd'hui, pour la première fois, c'est de conserver le monde absolument comme il est. [...] Aujourd'hui, il ne suffit plus de transformer le monde; avant tout, il faut le préserver.
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La tâche morale la plus importante aujourd'hui consiste à faire comprendre aux hommes qu'ils doivent s'inquiéter et qu'ils doivent ouvertement proclamer leur peur légitime.
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Je ne forme en rien d'autre plus d'espoir. Car quoique l'ignorance que j'ai mise au pilori dans cette première lettre soit aussi la vôtre, vous ne devriez pas oublier un seul instant qu'en fin de compte cette ignorance n'est pas de votre faute. Et ce n'est pas pour terminer sur une consolante fin heureuse que j'insiste sur ce point ; mais pour vous donner la force de faire usage de votre vie future (puisse-t-elle vous être offerte) de la même manière que votre frère ainée Eatherly. Être vous-même face à ceux qui sont coupables d'avoir failli vous rendre coupable. Vos ennemis ne sont pas ceux dont vous avez, sur ordre, survolé le pays, mais ceux qui (peu importe qu'il l'aient franchement souhaité ou qu'ils ne l'aient simplement pas évité) ont besoin d'hommes ignorants pour en faire leurs instruments ; et qui, pour cette raison, produisent de tels instruments. Cessez d'être un instrument, Powers. Devenez un être humain.

Lettre sur l'ignorance, p. 29
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Ce qui frappait d'abord, dans son attitude, c'est le fait qu'elle se portait elle-même comme une décoration; elle laissait voler ses cheveux au vent comme si elle voulait dire "Regardez un peu ce que j'ai fait"; elle emmenait ses seins en promenade comme s'ils étaient des arguments et non des parties du corps.
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Ceux qui prépare l'extermination de millions d'êtres humains d'aujourd'hui et de demain et par conséquent notre extermination définitive ou se contentent seulement d'avoir la possibilité de nous s'exterminer, ceux-là doivent disparaître. Il ne faut plus qu'il y ait de tels hommes.
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Nous ne recourrons à la légitime défense que dans le but de rendre superflu la nécessité d'y recourir. C'est une “dialectique de la violence“.
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p. 71-72 :
Alors pouvez-vous peut-être au moins me dire par quels moyens vous fabriquez cette haine totalement superflue ? […] Eh bien, je vais vous jeter la réponse à la figure : c’est en fabriquant des ennemis de substitution que vous le faites. C’est en diabolisant un quelconque type, un groupe, de préférence une minorité sans défense qui la plupart du temps n’a rien à voir avec ceux qu’il s’agit de combattre ou d’éradiquer. Si vous souhaitez que vos gens combattent ou éradiquent un élément A inconnu d’eux, non perçu par eux, également impossible à percevoir et à haïr, vous engendrez en eux, par le moyen de la caricature, la haine d’un B qu’ils croient connaître ; une haine qui les enflamme ou les intoxique assez pour qu’ils tuent ensuite le A. Qui pro quo.
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p. 55 :
Plus les défavorisés sont impuissants, plus on aime les draper dans la glorieuse toge du singulier. Cela ne signifie évidemment pas qu’on les reconnaisse en tant qu’hommes et finalement ainsi comme égaux de naissance et de droits ; au contraire, cela veut dire qu’on ne les considère pas même encore philosophiquement, comme des êtres sui generis, à savoir privés de droits.
Cette pratique de l’escroquerie par recours à la singularisation, que tous les orateurs du dimanche en philosophie aiment tant, est d’autant plus sans danger que les sans-pouvoir et les défavorisés (en politique intérieure le prolétariat, en politique extérieure, les peuples colonisés), si jamais, il leur arrive de lire, ne lisent certainement pas l’« anthropologie philosophique » - ce qui signifie que cette escroquerie aboutit le plus souvent à une autoduperie de la bourgeoisie cultivée du genre académique. Par l’emploi du singulier, « L’Homme », nous nous rendons nous-mêmes aveugles à la misère des humiliés et des offensés, ainsi qu’à la réalité de la société de classe.
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