Citations de Hadrien Bels (118)
Prendre l'apéro en bas de la place de Lenche, c'est comme aller à la piscine et rester accroché aux bords. Y t'arrivera pas grand chose.
(...) comme sauce ils demandaient "mayo-harissa", et moi "mayo-ketchup". Dans leur regard, c'était comme si j'étais pas vraiment un homme. Avec le temps, j'avais fini par me forcer à prendre comme eux. Et j'étais assez fier d'arriver devant le mec et dire "Mets-moi harissa-mayo,frère !"
A mon époque, le signe d'appartenance, c'était le choix de la sauce. Peut-être que si j'étais adolescent aujourd'hui, je porterais une petite barbe et la djellabah du vendredi midi. (p. 43)
Mon Monde Nazi se réunit régulièrement dans ma tête, pour statuer sur toutes sortes de choses que je ne supporte plus. Son tribunal est constitué d'une féministe, d'un musulman intégriste, d'un docker syndiqué, d'un couple de cathos de droite, d'un designer homosexuel, d'un CRS à la retraite, d'un intermittent du spectacle et d'une activiste pour le climat. Et tout ce beau monde essaie de s'entendre. Pour un monde meilleur. (p. 15)
Un jour on fêtera mon mariage pendant toute une semaine.Tu seras invité. On dansera et les griots me chanteront. Au 7e jour on sortira mon wakhande,tous les tissus que ma mère garde depuis que je suis né et le soir même nos houssmantas nous accompagneront, moi et mon mari jusqu'à notre chambre nuptiale.
« Cet après - midi - là, le soleil faisait briller Notre- Dame comme une chevalière plaqué or et le goudron du Vieux- Port transpirait du front » .
« Mon monde Nazi se réunit régulièrement dans ma tête, pour statuer sur toutes sortes de choses que je ne supporte plus.
Son tribunal est constitué d’une féministe , d’un musulman intégriste ,d’un docker syndiqué , d’un couple de cathos de droite, d’un désigner homosexuel , d’un CRS à la retraite , d’un intermittent du spectacle et d’une activiste pour le climat .....
Et tout ce beau monde essaie de s’entendre . Pour un monde meilleur » ....
Je me retiens de demander ses origines à la fille. Ça fait colon chasseur de papillons.
C'est vrai qu'il ont l'air sympa ces gens du Panier Bio. Mais j'arrive pas à m'empêcher de penser que le monde qu'ils travaillent à rendre meilleur, c'est avant tout celui dans lequel ils vivent.
Pour Tibilé, la lecture a toujours été un combat. On lit, on lutte, on fait reculer les lignes ennemies. Elle se sent plus proche des chiffres, au moins eux n'essaient pas de te manipuler. Les mots sont des traîtres. Ils créent désordres et polémiques.
je suis sorti de sa vie comme on enlève un navet de son couscous (page 34)
« Ange reniflait chez moi ces manières de petit- bourgeois que je dissimulais sous un accent un peu forcé , une démarche travaillée , une tête rasée de près et une accumulation de fringues de marque .Je portais la panoplie complète de la petite frappe marseillaise . Mais mon regard était celui d’un agneau . Et le regard, dans la rue, c’est ta carte d’identité » ...
« À Marseille, chaque quartier avait ses figures , ses frappeurs, ses marques de tee- shirt, ses joueurs de ballon, ses rappeurs, mais dans les années 90, cherche pas à comprendre, y avait le Panier et y avait les autres . Et celui qui te dit l’inverse, c’est un mytho ou un jaloux » ...
J'ai encore des sentiments pour cette ville. Tout est encore possible entre nous. De nouveau envie de la filmer et de l'écouter me raconter ces histoires de vies qui, bout à bout, me transportent de l'autre côté de la Méditerranée, dans ces ruelles où l'on te vend des cigarettes et des brochettes de foie à l'unité. Où l'on jette par terre papiers, mégots, canettes de Coca. Là où les mouettes, les chats et les rats viennent se battre. Une ville doit dégager des odeurs de crasse et nos instincts animaux. Elle doit raconter nos vies et nos dérives. Une ville trop propre ne me dit rien, elle me fait peur, à cacher ses névroses.
La rue était sur le versant sombre, au froid, et quand les fenêtres étaient ouvertes, on pouvait filer des gifles à son voisin d'en face.
On a rigolé fort à la gueule de Ichem et Nordine. C'était bon, le racisme consenti.
Le café-clope, c'est le plaisir du pauvre.
l'administration est une maison close, il suffit de payer et elle te donne son cul.
C’est la première fois qu’elle revient au pays depuis son mariage. Elle est arrivée la semaine dernière de France, avec son premier-né sous le bras, en congé maternité. Elle dit qu’elle vit à Lyon, mais en vrai, c’est à Vaulx-en-Velin. Quelque part dans le ventre de la France. Elle est partie là-bas juste après son mariage avec un cousin. Elle a fait les choses dans les règles, Fatou. Proprement. Même caste, même nom, même village. Tout le monde était content.
- C'est pas des Marseillais ?
- Et toi, tu es marseillais ?
- ça fait quinze ans que je vis ici, je me considère un peu comme marseillais, oui.
- Eux, ils se posent même pas la question.
- C'est-à-dire ?
- Marseille, c'est eux !
Il ne se rappelait plus son nom, à l'écrivain. L'alcool me fait ça aussi, des trous de mémoire. J'ai pensé : "Et si Nordine avait pu faire une école d'art appliqué plutôt qu'un BEP mécanique ? Qu'est-ce qu'il serait devenu ?" Je me suis levé pour commander une dernière bière, pas pour trouver la réponse, juste pour continuer à boire. Au bar, je me suis dit qu'aujourd'hui on construisait chacun dans son coin sa petite forteresse. On montait ses remparts de théories et on préparait ses bassines d'huile chaude d'arguments. On envoyait nos archers tirer nos petites phrases bien faites, répétées maintes fois dans nos têtes et on descendait notre pont-levis pour les gens qui pensaient comme nous. Il fallait que je note cette super métaphore. J'étais pas sûr de son médiéval. Et puis j'avais pas de papier. Juste des tickets de carte bleue flétris comme la peau de mon visage.