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Critiques de Hélène Honnorat (77)
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N'oublie pas Irma

N'oublie pas Irma - Hélène Honnorat - Editions Yovvana - Masse critique d'octobre 2019.

Je commence toujours par les remerciements, aux éditions Yovana qui m'ont envoyé ce livre avec un petit mot personnalisé, ce que j'ai grandement apprécié, et bien sûr Babélio et ses formidables Masses Critiques.



Au travail !



Tout se déroule à Jakarta, capitale de l'Indonésie, elle se situe sur la côte nord-ouest de l'île de Java. Un mélange historique de cultures - javanaise, malaise, chinoise, arabe, indienne et européenne. Jakarta /dʒaˈkarta/ (en indonésien, Djakarta jusqu'à la réforme orthographique de 1972 ; en français, les deux formes se rencontrent encore) (Wikipédia).

La devise de Jakarta est "L'unité dans la diversité"



Les personnages principaux :

-Léo, directeur des langues du Centre franco-indonésien.

-Irma, étudiante au centre, belle-soeur de Meng, Léo en est amoureux.

-Meng, propriétaire d'un commerce de "replicas" , offrandes funéraires en papier.

Pak Rinto, chauffeur de Léo et La Japonaise, la voiture de Léo.

Quentin, attaché d'ambassade et Estelle, son épouse.

Tanu, chef d'équipe du commerce de Meng.

Le docteur Bao.

Et d'autres encore, mais disons secondaires.



Tout commence quelques jours avant le cinquantenaire de l'indépendance

au mois d'août 1995, Jakarta est en effervescence. Indépendance qui avait été proclamée le 17 août 1945 par Soekarno après plus de trois siècles de domination hollandaise.

"Au moment du « mouvement du 30 septembre 1965 », Soeharto était commandant du Kostrad (en), les réserves stratégiques de l'armée de terre indonésienne. Il organise la répression du mouvement et décrète la dissolution du Parti communiste indonésien (PKI), que l'armée accuse d'être l'instigateur du mouvement.

Suivent des massacres qui font environ un million de victimes communistes ou supposé tels en quelques mois5. Un rapport de la CIA datant de 1968 affirme que ce massacre est « l'un des plus tragiques du XXe siècle, mais aussi l'un des plus ignorés ».

Le 11 mars 1966, Soeharto contraint Soekarno, encore officiellement président, à signer la « Supersemar » (acronyme de Surat Perintah Sebelas Maret, « ordre du 11 mars »). Cet « ordre » sera considéré par Soeharto comme un transfert de pouvoir

Soeharto est élu président de la République le 21 mars 1968 par le Majelis Permusyawaratan Rakyat Sementara (assemblée délibérative du peuple provisoire) que Soekarno avait nommée en 1959." (Wikipédia)

Voilà pour l'Histoire, en très très bref, c'est bien plus complexe que cela.



Pour la petite histoire:



Léo attend l'arrivée de Quentin et Estelle qui vont débarquer de Paris chez lui le temps de trouver une maison à leur goût, ce qui n'est pas de tout repos dans la ville grouillante. Il n'était pas très chaud pour cet accueil, ayant ses habitudes, célibataire, mais il n'avait pas trop le choix, ayant une grande demeure et quelques domestiques.

En dehors de son boulot, il rend souvent visite à Meng, son ami , dans le quartier chinois "Glodok", il lui achète d'ailleurs souvent des replicas, et l'observe travailler dans son atelier. Toujours dans sa Japonaise avec son chauffeur Pak Rinto.

Quentin et Estelle s'installe chez Léo, il leur fait visiter la ville, leur explique grosso modo les us et coutumes et les trois sujets tabous en Indonésie : la religion, la corruption et les Chinois.

Quand un jour où Léo était allé rendre visite à Meng, il se trouve devant l'atelier en feu et s'entend hurler par Irma : va-t-en.- Mais pourquoi ? Je peux aider... - Tu as entendu? : va-t-en ! Léo est asthmatique, Il ne peut pas rester dans la fumée. Il apprend peu après que Meng a disparu mais n'a pas été brûlé dans l'incendie qui n'a d'ailleurs touché que l'atelier. Alors commence une enquête avec Quentin et Estelle pour retrouver Meng, inutile de demander l'aide de la police dans le quartier chinois, elle ne se serait même pas déplacée, la violence anti-Chinois étant régulière à Jakarta.

Le corps de Meng est retrouvé mort affreusement mutilé. Qui l'a tué, que signifie ce message laissé dans le livre de comptabilité de Meng à la page des comptes de Léo "N'OUBLIE PAS IRMA- JANGAN LUPA IRMA" S'agit-il d'Irma l'étudiante ? Pourquoi ces mutilations ? Le docteur Boa affirme qu'elles sont post-mortem. Tanu le chef d'équipe blessé dans l'incendie mais pas en danger meurt brutalement, pourquoi ? Le docteur Boa sait.

L'enquête continue, dans la tension de l'approche du cinquantenaire de l'indépendance et le grand rassemblement de population sur la Place Merdeka (Liberté). Qui va découvrir l'assassin ? Comment ?

Surprise. J'ai été surprise de la fin, je ne m'y attendais pas.

J'ai aimé découvrir un peu l'Indonésie et Jakarta, les religions, la diversité de population, la ville, la politique. J'ai apprécié l'épilogue, et les sources de de l'auteure. 298 pages d'enquête sur fond historique.

Avis aux amateurs.







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N'oublie pas Irma

Léo, jeune expat français, mène une vie tranquille à Jakarta. Il vit dans une grande maison avec quelques domestiques, son travail de directeur des cours du Centre franco-indonésien lui plaît, ainsi qu'Irma, une des étudiantes du centre. Léo s'est également découvert une passion pour les "replicas", des offrandes funéraires en papier utilisées par les Indonésiens d'origine chinoise. C'est dans ce cadre que Léo a fait la connaissance de Meng, artisan hors pair qui crée ces merveilles de papier. Léo devient un proche de Meng, qui s'avère par ailleurs être le beau-frère d'Irma. La vie est donc belle et paisible, mais le charme est bientôt rompu par l'arrivée de Quentin, fraîchement muté à l'ambassade, et de sa femme Estelle. Léo se voit contraint d'héberger le jeune couple en attendant que celui-ci se trouve un logement convenable dans la jungle immobilière de la ville. Circonstance bien plus dramatique, l'atelier de Meng prend feu et le corps sans vie de celui-ci est découvert horriblement mutilé dans un cimetière abandonné. Sachant pertinemment que la police ne sera d'aucune aide dans cette affaire impliquant un "Chinois" dont la famille est pourtant implantée en Indonésie depuis des générations, Léo décide de mener l'enquête. Mais en cet an de grâce 1995, sa tâche est compliquée par les festivités célébrant les 50 ans de l'indépendance du pays, qui mettent la ville et les autorités en ébullition. D'autres souvenirs plus lugubres et beaucoup moins glorieux affleurent également, puisque 30 ans auparavant, en 1965, des centaines de milliers de membres du parti communiste indonésien et de la minorité chinoise ont été massacrés sur ordre du général Soeharto. Qui a tué Meng et pourquoi, et que signifie le message "N'oublie pas Irma", retrouvé dans la comptabilité de l'atelier, les réponses se trouvent peut-être dans l'histoire récente de l'Indonésie, entre racisme et vieilles rancœurs politiques et religieuses, à moins qu'il ne s'agisse de rivalité commerciale ou amoureuse.

Voilà un livre plaisant à lire, écrit par une auteure qui connaît manifestement son sujet et qui distille intelligemment (et avec un certain humour) quelques clés de compréhension de ce pays complexe et mal connu (en ce qui me concerne). J'en ai appris beaucoup en peu de pages et en me divertissant, je n'en demande pas plus.

En partenariat avec les éditions Yovana via Netgalley.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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N'oublie pas Irma

Je remercie sincèrement NetGalley pour cette découverte: "N'oublie pas Irma"par Hélène Honnorat.

Pour moi, Jakarta c'est une première. C'est un bonheur que de se promener dans cette ville. Nous sommes en 1995, à l'aube du cinquantenaire de l'Indépendance et la ville en est aux préparatifs de la fête. Léo, un français, responsable du Centre franco-indonésien habite la ville depuis plus d'un an. Seul dans sa grande demeure avec ses domestiques, il sera l'hôte du couple que forme le nouvel attaché à l'ambassade française et sa conjointe. On sent Léo amoureux de l'Indonésie, il en a appris la langue, les us et coutumes, l'histoire et on voit bien aussi le plaisir qu'il a à faire découvrir ce pays et ses peuples. Léo s'est lié avec Meng, un chinois artisan de replicas du quartier de Glodok. Celui-ci sera sauvagement assassiné et Léo sera obsédé par la recherche du meurtrier de son ami. Ce meurtre est presque prétexte à ce que l'autrice nous raconte toutes les exactions, meurtres et persécutions dont sont victimes les chinois dans ce pays. L'arrivée au pouvoir de Sokarno et la proclamation de l'Indépendance en aout '45 a donné lieu à de nombreuses années de crises, de luttes sociales et identitaires et de rébellions séparatistes. Puis, vint Soharto qui lutte contre le parti communiste, les Chinois, les conservateurs, les religions, le Timor, les tribus, bref c'est une période noire où entre 500,000 et 3 millions de personnes furent tuées. Il est difficile dans un court roman de nous faire comprendre tout ce qui a bien pu se passer dans ce pays et j'ai quelquefois eu du mal à bien saisir. Mais au final, j'ai visité Jakarta, j'ai presque compris pourquoi Meng a été tué et je suis heureuse d'avoir rencontré Léo.

Merci pour #NoubliePasIrma #NetGalleyFrance
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KL, complots et caducées

Voilà un livre réjouissant et très agréable à lire.



Caroline est une jeune femme accompagnatrice d'un congrès international de médecins sur le thème du sommeil. Nous sommes à Kuala Lumpur en Malaisie, en 1998.



Elle est en mission pour « Caducées tour » pour faire en sorte que ce colloque, dans de somptueux hôtels de luxe (dont la peinture est encore fraiche), se déroule sans accrocs. Elle est accompagnée de Boris, de Sarasvati, et surtout du beau Maxime pour qui sa tête tourne.

On se ballade dans la ville de Kuala Lumpur – alias « Confluent vaseux traduit littéralement - en visitant tout particulièrement les deux fameuses tours Petronas d'une hauteur de 452 mètres sur 88 étages (tout un symbole), et qui font la fierté de ses un million six cent mille habitants.



On apprend plein de choses sur cette ville bien loin de chez nous, et sur sa population composée de Malais, de Chinois et de toutes sortes de nationalités indonésiennes.



Mais en parallèle de ce colloque, des évènements politiques majeurs se déchainent à l'extérieur.



La Reine d'Angleterre – Elizabeth 2 en personne ! – et le Prince Philip viennent pour célébrer les Jeux du Commonwealth.



Mais surtout, il y a le dauphin du Président actuel, Mahathir Mohamad, nommé Anwar Ibrahim, dont Wikipédia nous explique qu'il fut « vice-Premier ministre chargé des Finances » mais qu'il a "contesté les mesures prises pour lutter contre la crise financière, et a été démis de ses fonctions, exclu de l'Organisation nationale des Malais unis (UMNO) " qui est sérieusement menacé d'arrestation.



Tous ces évènements se déroulent pendant le colloque international, notamment dans la belle ville de Malacca (qui nous fait rêver) et notre Caroline est malgré elle confrontée à cette crise politique majeure ...



En effet on apprend que Caroline connaît Anwar Ibrahim, et qu'elle réussit même à lui faire passer un message par le biais de Boris, l'attaché à l'Ambassade …



Je n'en dirais pas plus pour ne pas divulgacher le plaisir des futurs lecteurs de « KL Complots et caducées ».



Je vous dirai juste que j'ai regardé par hasard un film au titre peu évocateur, « Haute voltige », avec dans les rôles titre le sémillant Sean Connery (quel bel homme !) et la belle Catherine Zetta Jones (magnifique aussi) dont le principal intérêt est qu'il est tourné en partie à Kuala Lumpur, et dans les tours Petronas. Des scènes palpitantes, où les deux complices se retrouvent notamment sous la passerelle que décrit très bien Hélène Honnorat puisque Caroline y emmène ses congressistes. J'ai pu donc mettre des images sur une scène littéraire – et c'est très parlant.



On connaissait Hélène Honnorat pour « N'oublie pas Irma », une enquête policière au coeur de Jakarta, pour « Sois sage ô mon bagage », très drôle à propos de tout ce que vous avez toujours rêvé de savoir à propos de vos valises, et pour « Un mari d'Asie », récit plus biographique et très touchant sur sa vie sur un autre continent.



Avec « KL, Complots et caducées », on se régale, c'est très enlevé et bien rythmé, et le plongeon au coeur de la capitale Malaisienne est un vrai bol d'air frais. On a l'impression d'avoir bu le thé Rooibos avec Boris, au sommet de la passerelle des tours Petronas : un très bon voyage en Malaisie sur fond de crise politique, pour un récit très rafraichissant.



A consommer sans modération aucune.

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Un mari d'Asie

Voilà un livre réjouissant et rafraichissant – une très bonne idée de cadeaux si vous ne savez pas quoi offrir pendant cette période de fêtes.



C'est un récit nous dit-on sur la couverture. le récit d'un ailleurs que l'autrice a vécue sur le plan professionnel et qui est devenu aussi un ailleurs dans sa vie amoureuse.



Le livre s'ouvre au moment où le séduisant Upali, accompagné de sa future épouse, tente de braver tous les obstacles qui se dressent sur la route avant de convoler en de justes noces. Et des tracasseries il y en a ! La bureaucratie française se pique de dénoncer un mariage blanc – mais il n'en est rien, puisque de communauté de vie il en est bien question.



Les voyages, Hélène Honnorat, connaît son sujet. Mais pas en simple touriste comme nous le ferions, non, en véritable professionnelle expatriée. Jugez du peu : Malaisie, Sri Lanka, Antilles, Jakarta, Costa Rica– une spécialiste, vous dis-je.



Elle nous a d'ailleurs déjà livré un drôlissime recueil d'anecdotes que j'avais chroniqué en mars 2020 : « Sois sage ô mon bagage », sorte de voyage autour du monde en 80 références – je vous le recommande.



Donc le dépaysement elle connaît. Et lorsqu'il s'agit de sa vie amoureuse, elle n'hésite pas non plus. La narratrice a croisé le regard du bel Upali, et elle n'a de cesse de le revoir. Ce sera à l'occasion d'une soirée déguisée à Colombo – récit loufoque et captivant où l'on comprendra que l'amour peut donner des ailes …

Mais qui est ce bel autochtone dont tout le monde s'amourache ? « D'où peut venir cette étonnante aptitude à affrioler son prochain ?" écrit la narratrice dans « Un mari en Asie »

Journaliste à l'AFP, ce séduisant sri lankais a tout d'un autochtone, et la vie à ses côtés n'est pas de tout repos. Il lui donne deux filles et permet à la jeune mère de s'interroger : son charme ne viendrait-il pas d'une certaine qualité de son « rapport au monde », pas du tout à la mode occidentale – on lira avec plaisir les pages consacrées au rapport au temps et on comprendra qu'Upali n'a pas exactement le même qu'en Europe – mais peut-être est-ce dû à une simple aspiration à une vie paisible, lié à un souvenir de son enfance passée sur l'île qui ne s'appelait pas encore Sri Lanka mais Ceylan ..



Mais toute médaille a son revers, et des défauts, la narratrice ne nous cache pas qu'il en a : tricheur – savoureuses pages où il est question d'une triche à la tombola de l'association d'amitié France/Sri Lanka - mais aussi exercice illégal de l'activité de photojournalisme, couvrant les évènements au Timor, au risque de mettre en danger non seulement son activité, mais celle de son épouse fonctionnaire …



Mais il y a aussi plein d'autres choses dans ce récit : quatre pages magnifiques sur l'amour et sa sensualité dans ce pays lointain notamment. Mais aussi des couleurs, des odeurs aussi, pour mieux nous imprégner de cet ailleurs qui fait rêver.



C'est donc à bien à une « exigence de souvenirs » que l'autrice nous invite, avec un bel hommage à ce compagnon d'une vie dont on découvre le portrait en creux vu par celle qui l'a visiblement aimé, tout aussi bien qu'une réflexion sur le couple, et sur le couple mixte en particulier, la clef du récit se nichant à la page 153 ... (mais je vous laisse aller jusque là pour comprendre le fin mot de l'histoire).



La fiction se terminera par la délivrance du précieux sésame qui scellera le couple et la double nationalité d'Upali, mais il aura fallu pour cela batailler encore et encore dans l'enfer bureaucratique français.



Des histoires savoureuses donc, pleines de vie et de poésie, avec une pointe de nostalgie composant un récit plein de tendresse et de profondeur, avec l'impression, une fois refermé le livre, d'avoir rencontré cet Upali– un être bien sympathique que son épouse nous aura rendu par le sortilège de l'écriture profondément vivant.


Lien : http://versionlibreorg.blogs..
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N'oublie pas Irma

J’ai obtenu ce roman policier lors d’une opération Masse critique et je remercie les Editions Yovana et Babelio d’avoir pu découvrir ce livre. Si j’avais demandé à pouvoir le lire, c’est que l’action se passait dans en Indonésie, un pays que je ne connais pas et qui plus est, une Histoire que je ne connais pas non plus.

A la lecture du roman, j’ai eu très vite l’impression que l’enquête que mène à titre personnel Léo, le personnage principal, n’est qu’un prétexte pour l’auteure de nous parler de l’Indonésie, de son passé colonial, de son histoire récente –notamment les événements de 1965-, de ses mœurs etc… Ce qui explique pourquoi je me suis légèrement ennuyée, le meurtre de Meng est certes résolu mais parce qu’il faut bien le résoudre, c’est réglé en deux coups de cuillères à pot, si je puis parler ainsi. J’ai eu l’impression que la seule chose qui intéressait l’auteur c’étaient les événements de 1965 : six généraux furent retrouvés assassinés et le pouvoir en la personne de Suharto (ou Soeharto) qui prit le pouvoir à ce moment-là, se chargea d’accuser les communistes et de lancer une répression terrible contre eux, en pointant aussi du doigt les citoyens chinois qui vivaient en Indonésie. Au moins j’ai appris quelque chose à défaut d’être enthousiasmée par l’enquête de Léo.

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N'oublie pas Irma

N'oublie pas Irma Hélène Honnorat , éditions Yovana, novembre 2018 #NoubliePasIrma #NetGalleyFrance

1995, l'Indonésie fête le cinquantenaire de son indépendance. Une ville parée de rouge et de blanc, couleurs nationales mais une ville où le sang coule ...

Léo est le directeurs des cours au Centre franco-indonésien depuis un an. Il se plait dans cette ville , il s'y est fait des amis entre autres un artiste, Meng, spécialisé dans l'art des replicas, les offrandes funéraires que l'on fait brûler lors des enterrements . Or le feu ravage son atelier et Meng est retrouvé mort, mutilé . Qui, comment pourquoi? Voici les trois questions et Léo veut y répondre. La douce Irma la soeur de Meng est-elle elle aussi en danger? lui-même risque t'il quelque chose? Il va commencer l'enquête aidé dans sa tâche par un jeune couple arrivé depuis peu de France installé chez lui en attendant de trouver leur future maison.

Une enquête qui nous permet de plonger dans les méandres de la mémoire indonésienne, dans ce passé proche et sulfureux, dans les strates de sa population qui se détestent depuis des mille et des cent ... Un voyage initiatique qui nous dévoile un pays encore peu ou mal cicatrisé. les plages idylliques de Bali semblent bien loin ...

J'ai beaucoup apprécié ce roman et je remercie vivement les éditions Yovana pour cette découverte. Un voyage enrichissant que je ne peux que recommander à tous ceux qui aiment découvrir plus et encore.
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Sois sage, ô mon bagage



Hélène Honnorat a été bien inspirée de proposer une version illustrée de son ouvrage paru précédemment en 2020, dont le titre est inspiré par Baudelaire.

En ouvrant cet opus, vous risquez d’être tenté de prendre connaissance des illustrations très colorées de l’artiste Luis Hurtado qui pimentent le livre.

Ceux qui fréquentent la gare Saint-Lazare reconnaîtront la sculpture d’Arman.

Sur le pont-couvercle d’un bateau, Albert Londres note que par la magie des étiquettes les valises révèlent leur provenance.

On est intrigué par cette aviatrice américaine Amelia Earhart, penchée hors de la carlingue d’un avion, qui bombarde un paquebot à coups d’oranges. Sorte de signal MayDay ! On s’émerveille devant la capacité du sac fourre-tout en tapisserie de l’iconique Mary Poppins, au mot magique, « superlong » ! La nurse y range une patère pour son chapeau, un miroir, une plante, un disgracieux lampadaire, des chaussures...

Certaines illustrations sont très suggestives, d’autres aiguisent la curiosité et invitent à se plonger dans la lecture pour en appréhender le sens.



L’auteure se livre donc à un vaste panorama des façons de voyager selon les époques sous le signe de Mercure, le dieu des voyageurs. Certains voyagent léger, d’autres ont eu besoin de porteurs en grand nombre ! Allez-vous vous reconnaître en Sisyphe ou Icare ?

L’auteure oppose « les minimalistes » aux « maximalistes ».

On découvre les exigences de la reine Victoria qui avait besoin de son propre lit lors de ses déplacements ! ( ce qui mobilisait «  une suite de soixante à cent personnes »!)



L’écrivaine a consulté maintes sources ( voir l’ample bibliographie) et nous fait croiser des voyageurs, des aventuriers des plus éclectiques ou excentriques.

Elle décrypte le sens des mots, leurs origines : bagage, «  du vieux français bagues », «  laie », qui a donné la layette et renvoyait à un coffret servant de « caisse d’emballage ». Elle balaye toutes les sortes de contenant.



Elle a articulé son inventaire en 7 parties dont le chapitre «  partir est une fête » qui plonge le lecteur dans l’euphorie des départs et « la volupté des premiers préparatifs » !

Elle livre sa vision de ce mystérieux objet qu’est le bagage : « Acolyte festif, vacancier complice de fugues amoureuses, de passions interdites, ou misérable ustensile, pesant, signe de rupture, d’exode, de guerre… ». «  Le bagage est votre foyer », « votre double » !



Les bagages se sont adaptés aux modes vestimentaires ! Pas facile de transporter les crinolines, les chapeaux !

Hélène Honnorat s’interroge sur qui fait les valises, les malles, et les réceptionne.

Avec humour, elle se demande si l’époux de la célèbre aventurière Alexandra David-Néel lui préparait son sac.



Pour satisfaire ceux qui emportaient leur bibliothèque, Vuitton a inventé ( en 1911) une malle capable de contenir les 29 volumes de l’Encylopaedia Britannica, ainsi que la malle-bibliothèque ! Vive l’invention de la liseuse, des tablettes, mais les réfractaires vénèrent l’objet livre.

Les femmes coquettes ont vu l’avènement du vanity-case, «  croisement d’une cage de déplacement pour chat et d’une glacière de camping »! Elles vont pouvoir transporter leurs divers flacons, leurs produits de beauté ( l'incontournable cold cream), leurs parfums.



Quand se développe la tendance au «  pique-nique », les mallettes, malles débordent «  de porcelaine fine, d’argenterie.. ». Par exemple, la panoplie du maharaja de Baroda se compose d’un lunch-case et d’un tea-case ! ( bien pratique lors de ses chasses au tigre à dos d’éléphants , illustration à l’appui).

Une note d’humour quand sont évoquées les provisions alimentaires pour trois jours des personnages de «  Trois hommes en bateau » de Jerome K. Jerome. Une expédition qui convoque tout récemment celle relatée par Philibert Humm dans Roman fleuve.



La voyageuse décline son tropisme anglo -saxon, pour les adeptes des déguisements, citant des femmes comme l’américaine May French Sheldon, en route pour cartographier le lac Chala, en 1871. L’illustration la représente dans une tenue d’apparat ( « tunique de soie brodée de pierreries »),avec un baudrier d’où pend une épée et un poignard destiné au décolleté.



On a plaisir à croiser une pléthore de personnalités ( Malraux, Morand, Michaux, Cendrars, Chatwin, Jane Austen, Lawrence, Eco ( et son saumon), A. Londes…, impossible de tous les citer) ainsi que des auteurs contemporains comme Sylvain Tesson, Franz Bartelt.

On frissonne à l’idée que l’on pouvait entendre glapir un ou plusieurs passagers clandestins au-dessus de sa tête dans un avion ! Pratiques révolues.

C’est d’un autre clandestin dont il est question, quand nous est révélé la cavale de Carlos Goshn ! Comment a-t-il pu survivre dans cette malle ! Des secrets sont dévoilés.

D’autres faits divers sont évoqués, comme « la tonitruante affaire baptisée Air Cocaïne » !



La globe-trotter dispense quelques conseils pour faire sa valise de façon efficace, méthodique, mais cela implique de consentir à quelques exercices sacrificiels !

Les valises à roulettes sont décriées par certains. Depuis l’ invention de «  cette immonde chose », en 1970, la nuisance sonore est insupportable, «  hachant les nuits citadines ».



L’écrivaine, qui a beaucoup voyagé, confie aimer arpenter le globe en solo et glisse à la fois des souvenirs personnels et de savoureuses anecdotes exhumées de ses nombreuses lectures.

Hélène Honnorat signe un livre divertissant, dense, d’une grande richesse, doté d’un double intérêt. Il suscite l’envie de lire les ouvrages cités ( d’y faire des escales!) et de voyager !

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Sois sage, ô mon bagage

Merci aux édition YOVANA pour cet envoi, fort intéressant.



En cette période de confinement, un bel ouvrage pour voyager à toute époque vers toute contrée sans bouger de chez soi.



On apprécie la multitude d'information sur cet objet indispensable ou presque pour les voyageurs de tout poil.

Certes, beaucoup se contente d'un simple sac à dos mais pour d'autre c'est tout une avalanche de valises, et autres paquetages.



Et si votre bagage serait le reflet de votre personnalité ? Allez savoir ! Tout comme on dit : dit moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es. N'en serait il pas de même avec : Montre moi ton bagage et je te dirai qui tu es !



Un récit parsemé d'anecdotes, d'histoires, d'humour, on ne s'ennuie pas.

En lisant dernièrement un célèbre roman de Dumas, j'y croisai un fameux "portemanteau" qui était aussi le bagage de l'époque, ce dit portemanteau est devenu depuis sédentaire et trône à demeure. Ce point je ne l'ai pas croisé dans cet opus, un manque, mais il est déjà si riche et ce qui nous permet de dire, que le bagage à long à nous dévoiler depuis la nuit des temps à nos jours.



Un livre fort agréable à lire, j'ai beaucoup aimé le style, l'humour, les anecdotes etc... c'est enrichissant.



Les vacances approchent, alors maintenant vous ne ferez plus vos valises sans penser à ce livre et à l'histoire de tous les bagages que vous avez croisés et que vous croiserez encore.







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Sois sage, ô mon bagage

En cette période de confinement et d’empêchement à voyager, la lecture de ce petit opuscule à propos des bagages a de quoi réjouir les esprits les plus grincheux.

C’est brillant.

C’est enlevé, c’est vif, c’est drôle, et c’est très agréable à lire.

Il faut dire qu’Hélène Honnorat a collectionné une quantité extraordinaire de récits à propos des bagages : ce recensement exhaustif de récits de voyages accompagnés de tous ses impedimenta est digne d’un encart dans Wikipédia !

Malles, coffres, sacs à dos, balluchon ou autres besaces destinés à accompagner les voyageurs, voilà une anthologie de tout ce qui peut devenir bagage pour son propriétaire, qu’il soit explorateur, aventurier, globe trotter, aristocrate ou simple bourlingueur.

On y croise le Dieu Mercure, le dieu des voyageurs, Scot Fitzgerald, Georges Marchais, Mary Kingsley dans la jungle africaine, Albert Londres, qui séparait les individus en deux catégories (ceux qui avaient des meubles et ceux qui avaient des valises), Umberto Eco et un très curieux saumon fumé, mais aussi des crabes échappés d’une soute à bagage, Sarah Bernhardt à la douane américaine, Phileas Fogg, Georges Perec, les passagers à bord du vol « Air Cocaïne », Landru, le voleur de la Joconde, Yvan Colonna, Albert Camus, Antonio Machado et bien d’autres encore, l’auteure faisant ici montre d’une grande érudition.

Cet ouvrage passionnant nous dit beaucoup de nous-mêmes : la valise dit beaucoup de nous. Parmi les voyageurs, il y a les minimalistes, et les maximalistes. Selon que vous voyagez léger, avec un baluchon rudimentaire pour simple bagage, ou comme la Reine Élisabeth, avec un fourniment de première classe, vous appartenez à une catégorie ou à une autre.

Que celui ou celle qui ne s’est jamais assis sur sa valise pour la boucler jette la première pierre à Hélène Honnorat. Et ce ne sera sûrement pas moi !

« Sois sage ô mon bagage » est aussi un superbe florilège de citations, à l’exemple de celle-ci : « Vais-je rester là, dans la poussière, à contempler la vieille peau de cochon de ma chère valise, ma douce compagne ? ». On aimerait toutes les citer. Comme celle-ci aussi : « Qui dit bagage, dit nouvelles racines. Je vis avec et dans mon balluchon comme l'enfant dans ses langes. J'emporte, je recrée ma maison, j'habite ce lieu fantôme installé dans ma valise ou mes malles. Chambre, salle de bains, cuisine, bureau, bibliothèque... L'objet qui paraît le plus spécifiquement pensé pour s'en échapper, conçu pour le nomadisme, est encore un reflet du bercail que j'ai quitté."

On aimerait aussi raconter ce mot que Desdemona fait porter à son amoureux pour qu’il lui apporte un petit lion plutôt que des lévriers afghans – lion qui se transformera à la dernière minute en tigre, avec de fâcheuses conséquences. Ou parler de très belles histoires de bagages, comme celle de la « malle d’ Evangelia » qui va retrouver sa véritable destination 80 ans plus tard, ou celle de cette valise mexicaine pleine des négatifs que Robert Capa, Gerda Taro et Chim prirent pendant la guerre d’Espagne, retrouvées bien des années après.

« Je hais les voyages et les voyageurs ». La citation est de Claude Levi Strauss, bien sûr, au début de Tristes Tropiques, tout le monde le sait. Mais on sait moins le penchant de l’ethnologue pour choisir de la verroterie de bonne qualité destinée aux cadeaux et au troc avec les indiens.

Je ne crois pas qu'Hélène Honnorat haïsse vraiment les voyageurs et leurs bagages accompagnés. Je crois même qu’elle réussit le tour de force de nous captiver en 156 pages à propos d’un objet qu’on croyait jusque là purement utilitaire.

Vraiment réjouissant.

En période de confinement, quel régal de s’évader ainsi par l’esprit… le livre d’Hélène Honnorat en poche !

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KL, complots et caducées



L’écrivaine gobe-trotter Hélène Honnorat nous a déjà fait voyager avec la version illustrée de Sois sage, ô mon bagage. Dans ce roman, elle campe cette fois son intrigue en Malaisie, plus précisément à Kuala Lumpur, en 1998, année riche en événements. Une ville « où les gratte-ciel émergent des marécages comme des lotus ». La narratrice explique le sens du nom : « Confluent vaseux ».

Un congrès coïncide avec les seizièmes jeux du Commonwealth auxquels assistent la reine Elisabeth II et le Prince Philip, si bien que les hôtels débordent !



Un vrai casse-tête pour les organisateurs de Caducée Tours. On suit donc les échanges entre Caroline sur place et ses collègues à Paris. Sa mission : recevoir, loger et « cornaquer » un groupe de sommités du monde médical, dans ce pays naguère sous-développé que le chef de gouvernement a transformé en « jeune dragon ».



Ses inquiétudes sont palpables à cause du retard des travaux dans la finition des hôtels qui doivent loger les participants au séminaire. Des palaces ! Il faudra répartir les participants dans deux hôtels. Dans les couloirs du Sabah flotte « une odeur amère ». Le drapeau malaisien, en guise d’ornementation.



Caroline part donc faire l’état des lieux avec un chauffeur guide et commente l’architecture futuriste, les différents quartiers. Le Padang, « la miraculeuse gare anglo-indienne à clochetons », le terrain de cricket. La mosquée nationale « hissant son minaret en forme de parapluie fermé. »

Le Nouveau Village, le quartier des ambassades. Des buissons d’hibiscus mais aussi « des cratères boueux d’où émergent des grues ».

La population croisée est un vrai melting pot : Chinois, Malais, Japonais, Philippins, Indonésiens… aux confessions diverses. D’où les différents lieux de culte : temples, mosquées, la cathédrale Sainte-Marie.



Le lecteur n’a plus qu’à consulter une carte de la capitale, des photos des lieux cités pour prendre conscience de la hauteur des imposantes tours Petronas.

Pour Caroline, ces « princesses » lui rappellent « Le Cantique des colonnes de Paul Valéry ». Des « championnes planétaires, avec leurs pinacles jumeaux embrochant à leur base deux globes d’acier creux. » En clé de voûte s’allume dans la nuit WASASAN 2020, la vision de Mahathir Mohamad. Sa mégalomanie est fustigée.

La Malaisie ouvre grand les yeux sur l’horizon 2020, autrement dit

« dua puluh dua puluh » !



Avec Boris, le médecin attaché à l’ambassade, Caroline devise sur la situation politique du moment, des rumeurs concernant les accusations contre le dauphin Anwar Ibrahim, le joker de Mahathir, le «  Doctor M ». Déchu, Anwar s’est retiré dans la banlieue résidentielle de Bukit Damansara, où un chauffeur accepte de conduire Caroline moyennant quelques dollars ! Mais celle-ci sera sommée par des policiers de quitter le site.



Le lecteur est vite mis dans l’ambiance : on boit du rooibos, on paye en ringgit. L’exotisme réside dans les plats offerts aux congressistes : du roti (petite crêpe épaisse), un nasi lemak (riz au lait, œuf dur, poulet), laklaks, onde-onde (connu comme boule de sésame sur une feuille de bananier), du « bubur ayam ou du bubur ikan » (porridge). On sert du poulet tandoori dans les marchés de nuit, des « glass noodles, des dumplings » dans les hôtels. On fréquente le marché du dimanche (« Sunday market) et on subit les embouteillages au retour.

Le vocabulaire est déroutant : « palu » (pan de sari), « baju kurung » (jupe longue …), « songkok » (traditionnel petit chapeau malais de feutre noir), « vinâ » (luth indien), « cristao » (langue), « wayang kulit » (marionnette). On circule en trishaws. On pratique l’écriture phonétique pour les panneaux signalétiques.



On décourage Caroline de conduire ses congressistes à Malacca, capitale pourtant digne d’intérêt.

Car la ville est en ébullition, non pas seulement du fait de la présence d’Anwar Ibrahim (le dauphin banni en campagne), mais aussi par celle des pèlerins rendant hommage à la « Santa Cruz » en ce deuxième dimanche de septembre. Le Dr Wang propose à Caroline d’aller écouter Anwar, lui qui sait galvaniser les foules, et dresse le portrait de ce dernier. Il se montre inquiet pour ce dirigeant politique victime de complot et d’accusations « d’inconduite sexuelle ». Ne risque-t-il pas la prison ?

Un pamphlet circule à son sujet, que Caroline définit comme un « butin méphitique » dans lequel sont énumérées les tares du dauphin déchu.



Des visites d’hôpitaux sont organisées. Caroline, qui fantasme sur Maxime, rêve de prendre pension dans une « Two Bedded Deluxe, une VIP suite ».

Des visites surprises sont annoncées pour les jours suivants. La place « Merdeka », plus connue sous le nom de la place de la « Liberté » est pavoisée pour les Jeux. Une stèle a été érigée pour commémorer l’indépendance du pays, le 31 août 1957. L’Union Jack ne flotte plus. Toutefois la reine Elisabeth et son époux assistent à la clôture des jeux. Occasion pour évoquer le sultan du Brunei qui reçoit dans son palais résidentiel à plus de 1700 pièces. Sont évoqués ses projets, dont l’acquisition de biens à Paris !

Un ingénieur nous donne le vertige avec les chiffres relatifs aux tours jumelles et en nous propulsant au sommet des tours qui ont détrôné la « Sears Tower » de Chicago.

Grâce à cet ingénieur, une vingtaine d’impétrants ont pu accéder au Saint des saints !

Le groupe dont s’occupent les organisateurs est désigné tantôt comme un « cheptel », tantôt comme des « zèbres » ou encore « des ouailles », « un essaim », « une escouade », « une fournée » ! Véhiculer « ce troupeau de toubibs » avec tant de nationalités peut entraîner des différends quand les susceptibilités sont heurtées. La diplomatie s’impose. Le rythme effréné s’accélère en fin du roman avec simultanément la visite de la reine (qui débarque en pleine tempête politique), une agression, une arrestation.

Le suspense s’installe avec cette histoire de python, la présence de seringues.

Avalanche de télégrammes diplomatiques. Un autre complot se tramerait-il ?

Que cache l’expression « classé secret » ?



Hélène Honnorat ponctue son roman de nombreuses références littéraires : Les saisons de Maurice Pons, Boris Pasternak, Cendrars et d’une pléthore de termes en anglais « haze », spectacular », « blood and bandage ». L’auteur a une propension aux énumérations, ce qui génère de longues phrases.

Les entrefilets, les extraits de coupures de presse rendent compte de la situation politique du moment. (Corruption, complots, islamisme).



L’épilogue daté de 2021, puis de 2022, informe du « coup de cymbale : valse de trois chefs du gouvernement en quatre ans, le roi de Malaisie nomme Premier ministre celui que les adversaires voulaient éliminer, Anwar Ibrahim, « le miraculé de la politique » !



Notre guide a réussi le tour de force de nous faire voyager, de nous donner le tournis, de nous immerger dans une autre culture et d’attiser notre curiosité pour ce pays.

Un style enlevé, imagé, corsé d’humour, d’ironie. Avec en toile de fond, « une symphonie puissante » et bruyante et les effets du passage de la mousson.
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Sois sage, ô mon bagage

Faire sa valise, le début du voyage.

Un livre qui m'a appris beaucoup. Cependant, je l'ai lu "par petites doses". La lecture n'est pas coulée, ce n'est pas un roman. Il y a des noms, des histoires, des anecdotes à engranger. L'humour n'est pas absent.

Instructif, intéressant avec un sujet pas souvent évoqué. Le premier sens des mots, que l'on retrouve au cours de notre lecture, éveille notre curiosité comme le mot "layette" qui n'a rien à voir avec le sens actuel, mais vous comprendrez pourquoi.

À vous maintenant d'assouvir votre curiosité sur les bagages. Dorénavant, vous penserez à votre lecture au moment de les faire.


Lien : https://vie-quotidienne-de-f..
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KL, complots et caducées

C’est déjà un tour de force pour un auteur de mener à bien une intrigue unique mais en conduire trois de front est une gageure sauf si, comme c’est le cas, l’auteur lui-même se « détriple » : historien appuyé sur une documentation inattaquable, sociologue amusé des regroupements humains et « écrivain-reporter » de la trempe et de la force de Pierre Loti pour animer un paysage ou saisir une atmosphère en quelques mots (« Kuala, c’est une touffe de gratte-ciel qui a poussé dru dans un marécage »). Grâce à une plume nerveuse qui sait aller à l’essentiel, les moindres protagonistes des trois intrigues sont campés au fil de dialogues vifs ou par touches incisives ; l’exposition des éléments historiques elle-même échappe au fastidieux alors qu’ils sont mal connus des lecteurs européens. Les trois fils du roman s’entrecroisent judicieusement depuis le titre pour créer une toile de fond où le visible (manifestations politiques, béguin de Caroline, exaltation des tours Petronas) alterne avec le non-dit (le complot contre le Dauphin, le silence de Maxime, la Malaisie gagnée par l’islamisme rigoureux).

Mais ce qui rend avant tout le livre unique et précieux, c’est la force qui émane de cette prose-poésie constante servie par le regard infaillible du peintre ou du journaliste sur les tours, les foules en marche ou les étals de nourriture, regard où s’équilibrent comme toujours chez Hélène Honnorat la lumière d’Hermès et l’obscurité d’Anubis. Laissez-vous raconter une fois encore, après l’Indonésie, « les pierres précieuses, la soie, les pièces d’or, le Jésuites et les miracles » de la Malaisie.

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KL, complots et caducées

Hélène Honnorat nous emmène et, en nous y promenant, nous fait découvrir ce pays où elle a vécu, tout en nous racontant, avec son style vif, moqueur, percutant, la lutte authentique, brutale et sans freins pour le pouvoir de deux dirigeants.

Attachant.
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Sois sage, ô mon bagage

Qu’emporterez-vous avec vous sur une île déserte ? Nous connaissons ce jeu qui nous pousse à réfléchir à ce qui nous est indispensable. Depuis l’antiquité jusqu’aux voyages organisés de notre société mondialisée, le contenu des valises est un révélateur. Dans ce livre érudit et joyeux, Hélène Honnorat nous fait découvrir la vie cachée des bagages de quelques personnalités célèbres qui, par ce qu’ils emportent avec eux nous dévoilent une partie de leur intimité et de leurs obsessions. Vous apprendrez dans Sois sage, ô mon bagage… que la reine Victoria voyageait avec son lit et sa chambre à coucher, que les malles s’adaptent à la demande : aux crinolines, aux livres – en 1911, Vuitton fabrique une malle dédiée à l’Encyclopaedia Britannica en 29 volumes – aux parfums et à toutes les lubies possibles.

Histoire du bagage mais aussi des voyages. Certains partent légers, trouvant sur place de quoi subsister, ou non. D’autres comme les escargots partent avec leur maison sur le dos. Va-t-on plus loin avec un sac à dos ? Pas sûr. Les explorateurs du XIXème qui étaient prévoyants, s’embarrassaient de plusieurs tonnes de matériel. Le on ne sait jamais ce qui peut arriver arrive qu’on soit chargé ou non.

Pas de répit, les anecdotes se suivent selon un plan qui bientôt échappe au lecteur pris dans le tourbillon des noms et des expériences. On croise Blaise Cendrars, Albert Londres, Alexandra David-Neel, on admire l’auteur qui a transformé un essai sur les valises en un récit protéiforme et jubilatoire.

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KL, complots et caducées

L’autrice qui – on le voit à une foule de détails - connait l’Asie comme sa poche, nous met l’eau à la bouche tout au long de ce roman pétillant en mêlant saveurs parfumées et épicées des cuisines indienne, chinoise et malaise. En guide attentive d’un groupe de médecins venus pour un colloque en Malaisie, elle nous emmène découvrir le vieux Kuala Lumpur aux mosquées bulbeuses en forme de champignons, les inévitables tours jumelles symboles de la réussite de ce dragon asiatique, Penang la chinoise et ses marchés où l’on peut dénicher des préservatifs en forme de Mickey ou de grenouilles ! On rit aussi en l’écoutant nous parler des fastes du « Sultan en or massif » de Brunei.

On aime son humour féroce quand il dénonce les querelles de pouvoir permettant les coups les plus bas de la part du « Dr M » qui régna d’une main de fer sur la Malaisie pendant près d’un quart de siècle. On s’attendrit devant Caroline, jeune française au cœur d’artichaut qui s’amourache de Anwar Ibrahim, un réformiste chevaleresque et courageux qui s’oppose au régime corrompu en place. L’histoire se passe en 1998 mais reste très actuelle puisque Anwar Ibrahim est aujourd’hui Premier ministre de la Malaisie.



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Sois sage, ô mon bagage

Imaginez que vous visitiez une vieille maison et que dans le grenier vous découvrez une vieille malle, qui contient des récits et d'autres vieux bagages.

Et aussi beaucoup d'odeurs qui évoquent tous les continents et toutes les époques.

Helene-Honnorat sait nous embarquer dans le sillage de personnages célèbres, leurs façons de s'équiper dévoilant des facettes qui confortent l'image que nous en avons ou qui déconcertent et font sourire.

On se retrouve au fin fond des explorations, aux temps où le confort était réservé aux plus puissants, mesuré au nombre de porteurs qui étaient engagés, le nombre laissant imaginer l'extravagance des voyageurs impudents. L'opulence des détails est redevable à l'abondance des écrits qui, reliés à l'Histoire ou aux écrivains de renom nous délectent de souvenirs de lectures savoureuses. La gamme est variée, avec aux détours les noms d'Albert Cohen et de Franz Bartelt.

Le fond des anecdotes est au-delà des potins. Elles révèlent que les accessoires ne sont pas subalternes. Et le livre approfondit ce que l'image du bagage dit de l'humanité, avec les traces de voyages de de tous les anonymes en recherche de survie.

L'épilogue confirme que nous sommes loin, très loin du catalogue.





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Sois sage, ô mon bagage

En fait de bagages, le très riche bagage intellectuel d'Hélène Honnorat nous emmène dans ses valises emplies de drôleries, de moqueries joyeuses mais aussi de drames, de hontes.

Cet essai fourmille de citations fort interessantes, nous enseigne mille faits historiques, force à la réflexion, parfois amère, certes, mais nécessaire.

Dans un style agréable, fluide, vif, ce livre est un bagage de références.
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Sois sage, ô mon bagage

"Sois sage, ô mon bagage"" ... Une échappée littéraire, nous dit la couverture. Certainement.

Plus exactement, c'est un péché de gourmandise avec une boîte de chocolats littéraires. Ils sont parfois bien emballés, ou nus (mais pas encore à roulettes), bruns, noirs ou blancs. Ils viennent tous de loin, d'Amérique latine, d'Afrique ou d'Asie. Quel tourbillon ! On en a presque le tournis (sans doute l'alcool des chocolats).

On passe d'un auteur à l'autre (et ils sont très nombreux !), on voyage de pays en pays, du passé au présent, d'un explorateur à Harry Potter en passant par le roi Salman d'Arabie Saoudite et une princesse russe, et on revient parfois sur le précédent.

Un vrai feu d'artifice !

Si vous aimez les voyages, les découvertes, les autres . . . et la littérature, "Sois sage, ô mon bagage" est un must. Vous allez vous régaler.

Bagage n'est qu'un prétexte, une clef : voyage et déguste.

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Sois sage, ô mon bagage

Faire ses bagages. Pour certains, c’est la perspective de revivre et les chemises qu’on sort de l’armoire sont autant de voiles qui claquent au vent de l’aventure ; pour d’autres, chaque objet que la valise trop remplie refuse d’avaler est un morceau de son cœur qu’on abandonne. Pour certains, c’est une routine et le sac toujours à demi-fait, à demi-défait, ne quitte pas le vestibule ; pour d’autres, c’est une aventure qui commence par l’expédition à la cave ou au grenier d’où on rapporte une valise hébétée par un long sommeil poussiéreux. Mais quoi qu’il en soit, tout le monde, un jour ou l’autre, a fait, fait ou fera son bagage.

C’est dire si ce livre est celui de tous, celui où on découvre les multiples facettes du bagage et du voyageur, celui où se révèle l’individu, royalement cinglé ou prodigieusement organisé, celui où le bagage polymorphe contient tous les espoirs ou toutes les détresses, toutes les ostentations ou tous les secrets, tous les drames ou toutes les loufoqueries, tout ce qui nous console enfin du mal que nous avons parfois à boucler un modeste balluchon…

C’est dire aussi qu’il ne s’adresse pas aux seuls voyageurs impénitents, mais également à tous ceux qui, paralysés à l’idée de quitter leur maison, y trouveront une justification à leur angoisse du départ.

Ecrit d’une plume alerte mais aussi grave et poétique, riche d’une bibliographie abondante qu’on explorera avec plaisir, Sois sage, ô mon bagage est le compagnon idéal et léger d’un déplacement ; c’est aussi un beau cadeau à faire aux voyageurs immobiles comme aux escargots chargés de toutes leurs possessions…

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