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EAN : 9782494118027
190 pages
Gope éditions (02/03/2023)
4.36/5   11 notes
Résumé :
Kuala Lumpur, Malaisie, septembre 1998. Coup de tonnerre : le Premier ministre, médecin et politicien, accuse soudain son dauphin – le numéro deux du gouvernement – de corruption, de trahison, d’abus de pouvoir et d’homosexualité, dans un pays où celle-ci est un crime puni sans pitié.

Va-t-il être immédiatement jeté en prison ? Quelques obstacles surgissent. Celui qui était l’héritier désigné reste immensément populaire, jusque dans les communautés ch... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Voilà un livre réjouissant et très agréable à lire.

Caroline est une jeune femme accompagnatrice d'un congrès international de médecins sur le thème du sommeil. Nous sommes à Kuala Lumpur en Malaisie, en 1998.

Elle est en mission pour « Caducées tour » pour faire en sorte que ce colloque, dans de somptueux hôtels de luxe (dont la peinture est encore fraiche), se déroule sans accrocs. Elle est accompagnée de Boris, de Sarasvati, et surtout du beau Maxime pour qui sa tête tourne.
On se ballade dans la ville de Kuala Lumpur – alias « Confluent vaseux traduit littéralement - en visitant tout particulièrement les deux fameuses tours Petronas d'une hauteur de 452 mètres sur 88 étages (tout un symbole), et qui font la fierté de ses un million six cent mille habitants.

On apprend plein de choses sur cette ville bien loin de chez nous, et sur sa population composée de Malais, de Chinois et de toutes sortes de nationalités indonésiennes.

Mais en parallèle de ce colloque, des évènements politiques majeurs se déchainent à l'extérieur.

La Reine d'Angleterre – Elizabeth 2 en personne ! – et le Prince Philip viennent pour célébrer les Jeux du Commonwealth.

Mais surtout, il y a le dauphin du Président actuel, Mahathir Mohamad, nommé Anwar Ibrahim, dont Wikipédia nous explique qu'il fut « vice-Premier ministre chargé des Finances » mais qu'il a "contesté les mesures prises pour lutter contre la crise financière, et a été démis de ses fonctions, exclu de l'Organisation nationale des Malais unis (UMNO) " qui est sérieusement menacé d'arrestation.

Tous ces évènements se déroulent pendant le colloque international, notamment dans la belle ville de Malacca (qui nous fait rêver) et notre Caroline est malgré elle confrontée à cette crise politique majeure ...

En effet on apprend que Caroline connaît Anwar Ibrahim, et qu'elle réussit même à lui faire passer un message par le biais de Boris, l'attaché à l'Ambassade …

Je n'en dirais pas plus pour ne pas divulgacher le plaisir des futurs lecteurs de « KL Complots et caducées ».

Je vous dirai juste que j'ai regardé par hasard un film au titre peu évocateur, « Haute voltige », avec dans les rôles titre le sémillant Sean Connery (quel bel homme !) et la belle Catherine Zetta Jones (magnifique aussi) dont le principal intérêt est qu'il est tourné en partie à Kuala Lumpur, et dans les tours Petronas. Des scènes palpitantes, où les deux complices se retrouvent notamment sous la passerelle que décrit très bien Hélène Honnorat puisque Caroline y emmène ses congressistes. J'ai pu donc mettre des images sur une scène littéraire – et c'est très parlant.

On connaissait Hélène Honnorat pour « N'oublie pas Irma », une enquête policière au coeur de Jakarta, pour « Sois sage ô mon bagage », très drôle à propos de tout ce que vous avez toujours rêvé de savoir à propos de vos valises, et pour « Un mari d'Asie », récit plus biographique et très touchant sur sa vie sur un autre continent.

Avec « KL, Complots et caducées », on se régale, c'est très enlevé et bien rythmé, et le plongeon au coeur de la capitale Malaisienne est un vrai bol d'air frais. On a l'impression d'avoir bu le thé Rooibos avec Boris, au sommet de la passerelle des tours Petronas : un très bon voyage en Malaisie sur fond de crise politique, pour un récit très rafraichissant.

A consommer sans modération aucune.
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L'écrivaine gobe-trotter Hélène Honnorat nous a déjà fait voyager avec la version illustrée de Sois sage, ô mon bagage. Dans ce roman, elle campe cette fois son intrigue en Malaisie, plus précisément à Kuala Lumpur, en 1998, année riche en événements. Une ville « où les gratte-ciel émergent des marécages comme des lotus ». La narratrice explique le sens du nom : « Confluent vaseux ».
Un congrès coïncide avec les seizièmes jeux du Commonwealth auxquels assistent la reine Elisabeth II et le Prince Philip, si bien que les hôtels débordent !

Un vrai casse-tête pour les organisateurs de Caducée Tours. On suit donc les échanges entre Caroline sur place et ses collègues à Paris. Sa mission : recevoir, loger et « cornaquer » un groupe de sommités du monde médical, dans ce pays naguère sous-développé que le chef de gouvernement a transformé en « jeune dragon ».

Ses inquiétudes sont palpables à cause du retard des travaux dans la finition des hôtels qui doivent loger les participants au séminaire. Des palaces ! Il faudra répartir les participants dans deux hôtels. Dans les couloirs du Sabah flotte « une odeur amère ». le drapeau malaisien, en guise d'ornementation.

Caroline part donc faire l'état des lieux avec un chauffeur guide et commente l'architecture futuriste, les différents quartiers. le Padang, « la miraculeuse gare anglo-indienne à clochetons », le terrain de cricket. La mosquée nationale « hissant son minaret en forme de parapluie fermé. »
le Nouveau Village, le quartier des ambassades. Des buissons d'hibiscus mais aussi « des cratères boueux d'où émergent des grues ».
La population croisée est un vrai melting pot : Chinois, Malais, Japonais, Philippins, Indonésiens… aux confessions diverses. D'où les différents lieux de culte : temples, mosquées, la cathédrale Sainte-Marie.

Le lecteur n'a plus qu'à consulter une carte de la capitale, des photos des lieux cités pour prendre conscience de la hauteur des imposantes tours Petronas.
Pour Caroline, ces « princesses » lui rappellent « Le Cantique des colonnes de Paul Valéry ». Des « championnes planétaires, avec leurs pinacles jumeaux embrochant à leur base deux globes d'acier creux. » En clé de voûte s'allume dans la nuit WASASAN 2020, la vision de Mahathir Mohamad. Sa mégalomanie est fustigée.
La Malaisie ouvre grand les yeux sur l'horizon 2020, autrement dit
« dua puluh dua puluh » !

Avec Boris, le médecin attaché à l'ambassade, Caroline devise sur la situation politique du moment, des rumeurs concernant les accusations contre le dauphin Anwar Ibrahim, le joker de Mahathir, le «  Doctor M ». Déchu, Anwar s'est retiré dans la banlieue résidentielle de Bukit Damansara, où un chauffeur accepte de conduire Caroline moyennant quelques dollars ! Mais celle-ci sera sommée par des policiers de quitter le site.

Le lecteur est vite mis dans l'ambiance : on boit du rooibos, on paye en ringgit. L'exotisme réside dans les plats offerts aux congressistes : du roti (petite crêpe épaisse), un nasi lemak (riz au lait, oeuf dur, poulet), laklaks, onde-onde (connu comme boule de sésame sur une feuille de bananier), du « bubur ayam ou du bubur ikan » (porridge). On sert du poulet tandoori dans les marchés de nuit, des « glass noodles, des dumplings » dans les hôtels. On fréquente le marché du dimanche (« Sunday market) et on subit les embouteillages au retour.
Le vocabulaire est déroutant : « palu » (pan de sari), « baju kurung » (jupe longue …), « songkok » (traditionnel petit chapeau malais de feutre noir), « vinâ » (luth indien), « cristao » (langue), « wayang kulit » (marionnette). On circule en trishaws. On pratique l'écriture phonétique pour les panneaux signalétiques.

On décourage Caroline de conduire ses congressistes à Malacca, capitale pourtant digne d'intérêt.
Car la ville est en ébullition, non pas seulement du fait de la présence d'Anwar Ibrahim (le dauphin banni en campagne), mais aussi par celle des pèlerins rendant hommage à la « Santa Cruz » en ce deuxième dimanche de septembre. le Dr Wang propose à Caroline d'aller écouter Anwar, lui qui sait galvaniser les foules, et dresse le portrait de ce dernier. Il se montre inquiet pour ce dirigeant politique victime de complot et d'accusations « d'inconduite sexuelle ». Ne risque-t-il pas la prison ?
Un pamphlet circule à son sujet, que Caroline définit comme un « butin méphitique » dans lequel sont énumérées les tares du dauphin déchu.

Des visites d'hôpitaux sont organisées. Caroline, qui fantasme sur Maxime, rêve de prendre pension dans une « Two Bedded Deluxe, une VIP suite ».
Des visites surprises sont annoncées pour les jours suivants. La place « Merdeka », plus connue sous le nom de la place de la « Liberté » est pavoisée pour les Jeux. Une stèle a été érigée pour commémorer l'indépendance du pays, le 31 août 1957. L'Union Jack ne flotte plus. Toutefois la reine Elisabeth et son époux assistent à la clôture des jeux. Occasion pour évoquer le sultan du Brunei qui reçoit dans son palais résidentiel à plus de 1700 pièces. Sont évoqués ses projets, dont l'acquisition de biens à Paris !
Un ingénieur nous donne le vertige avec les chiffres relatifs aux tours jumelles et en nous propulsant au sommet des tours qui ont détrôné la « Sears Tower » de Chicago.
Grâce à cet ingénieur, une vingtaine d'impétrants ont pu accéder au Saint des saints !
Le groupe dont s'occupent les organisateurs est désigné tantôt comme un « cheptel », tantôt comme des « zèbres » ou encore « des ouailles », « un essaim », « une escouade », « une fournée » ! Véhiculer « ce troupeau de toubibs » avec tant de nationalités peut entraîner des différends quand les susceptibilités sont heurtées. La diplomatie s'impose. le rythme effréné s'accélère en fin du roman avec simultanément la visite de la reine (qui débarque en pleine tempête politique), une agression, une arrestation.
Le suspense s'installe avec cette histoire de python, la présence de seringues.
Avalanche de télégrammes diplomatiques. Un autre complot se tramerait-il ?
Que cache l'expression « classé secret » ?

Hélène Honnorat ponctue son roman de nombreuses références littéraires : Les saisons de Maurice Pons, Boris Pasternak, Cendrars et d'une pléthore de termes en anglais « haze », spectacular », « blood and bandage ». L'auteur a une propension aux énumérations, ce qui génère de longues phrases.
Les entrefilets, les extraits de coupures de presse rendent compte de la situation politique du moment. (Corruption, complots, islamisme).

L'épilogue daté de 2021, puis de 2022, informe du « coup de cymbale : valse de trois chefs du gouvernement en quatre ans, le roi de Malaisie nomme Premier ministre celui que les adversaires voulaient éliminer, Anwar Ibrahim, « le miraculé de la politique » !

Notre guide a réussi le tour de force de nous faire voyager, de nous donner le tournis, de nous immerger dans une autre culture et d'attiser notre curiosité pour ce pays.
Un style enlevé, imagé, corsé d'humour, d'ironie. Avec en toile de fond, « une symphonie puissante » et bruyante et les effets du passage de la mousson.
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C'est déjà un tour de force pour un auteur de mener à bien une intrigue unique mais en conduire trois de front est une gageure sauf si, comme c'est le cas, l'auteur lui-même se « détriple » : historien appuyé sur une documentation inattaquable, sociologue amusé des regroupements humains et « écrivain-reporter » de la trempe et de la force de Pierre Loti pour animer un paysage ou saisir une atmosphère en quelques mots (« Kuala, c'est une touffe de gratte-ciel qui a poussé dru dans un marécage »). Grâce à une plume nerveuse qui sait aller à l'essentiel, les moindres protagonistes des trois intrigues sont campés au fil de dialogues vifs ou par touches incisives ; l'exposition des éléments historiques elle-même échappe au fastidieux alors qu'ils sont mal connus des lecteurs européens. Les trois fils du roman s'entrecroisent judicieusement depuis le titre pour créer une toile de fond où le visible (manifestations politiques, béguin de Caroline, exaltation des tours Petronas) alterne avec le non-dit (le complot contre le Dauphin, le silence de Maxime, la Malaisie gagnée par l'islamisme rigoureux).
Mais ce qui rend avant tout le livre unique et précieux, c'est la force qui émane de cette prose-poésie constante servie par le regard infaillible du peintre ou du journaliste sur les tours, les foules en marche ou les étals de nourriture, regard où s'équilibrent comme toujours chez Hélène Honnorat la lumière d'Hermès et l'obscurité d'Anubis. Laissez-vous raconter une fois encore, après l'Indonésie, « les pierres précieuses, la soie, les pièces d'or, le Jésuites et les miracles » de la Malaisie.
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L'autrice qui – on le voit à une foule de détails - connait l'Asie comme sa poche, nous met l'eau à la bouche tout au long de ce roman pétillant en mêlant saveurs parfumées et épicées des cuisines indienne, chinoise et malaise. En guide attentive d'un groupe de médecins venus pour un colloque en Malaisie, elle nous emmène découvrir le vieux Kuala Lumpur aux mosquées bulbeuses en forme de champignons, les inévitables tours jumelles symboles de la réussite de ce dragon asiatique, Penang la chinoise et ses marchés où l'on peut dénicher des préservatifs en forme de Mickey ou de grenouilles ! On rit aussi en l'écoutant nous parler des fastes du « Sultan en or massif » de Brunei.
On aime son humour féroce quand il dénonce les querelles de pouvoir permettant les coups les plus bas de la part du « Dr M » qui régna d'une main de fer sur la Malaisie pendant près d'un quart de siècle. On s'attendrit devant Caroline, jeune française au coeur d'artichaut qui s'amourache de Anwar Ibrahim, un réformiste chevaleresque et courageux qui s'oppose au régime corrompu en place. L'histoire se passe en 1998 mais reste très actuelle puisque Anwar Ibrahim est aujourd'hui Premier ministre de la Malaisie.

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Article de Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON, journalistes chez Asiexpo
«
Caroline Doret, avec son collègue Maxime sont chargés de l'intendance d'un séminaire sur le sommeil à Kuala Lumpur (confluent vaseux). Bien qu'amoureuse de Maxime, tout au long du récit, la narratrice nous avoue cette non-relation d'un ton amusant et désinvolte. On peut se demander si elle parviendra à ses fins avec une pareille attitude.
Alors que les médecins s'installent en Malaisie, Mahathir Mohamad, le Premier ministre reçoit avec fierté les jeux du Commonwealth dans la capitale bien qu'il dénigre ouvertement l'Occident. Avec en prime la venue de la reine d'Angleterre pour la cérémonie de clôture. Un triomphe pour lui ! Voilà pour la face avenante du dirigeant. Pour son côté machiavélique, il vient de destituer son dauphin, Anwar Ibrahim. Il veut l'arrêter et le faire condamner pour plusieurs chefs d'inculpation, dont celui d'inconduite sexuelle. On est en pays musulman, ne l'oublions pas. Vraie ou fausse, l'accusation d'homosexualité y est passible d'une lourde peine, voire de mort.
Toutefois, le dauphin n'a de cesse de narguer son supérieur par des discours de plus en plus véhéments à son encontre. Nous assistons à une course poursuite entre le ministre déchu et la police jusqu'à l'arrestation effective de l'impétrant. « le jeune sauveur de l'économie contre le père du miracle malaisien », nous signale l'autrice avec un air quelque peu circonspect.
Bien à l'abri des menaces qui pèsent en ville, les médecins réunis dans leurs hôtels, viennent de tous les coins du monde. Suivant leur affinité, ils se regroupent avec tels ou tels collègues. Des rivalités vont poindre, bien sûr. Moins professionnelles que politiques et cela aura son importance pour le dénouement.
Par d'innocentes petites touches, Hélène Honnorat nous conduit à une fin peu banale. C'est le moins qu'on puisse dire. On se doutait bien qu'il allait se passer quelque chose, mais nous sommes agréablement surpris par le subtil coup de théâtre. Sans parler de l'aspect amusant (sauf pour un python) concernant l'ensemble des relations entre les différents protagonistes.
Le livre est un regard empathique sur l'état de la Malaisie et son passage forcé vers la modernité. Les puissantes réticences religieuses pèsent sur l'élan d'ouverture libérale donnée par le Premier ministre. Une loi particulière du pays repose sur la discrimination positive. Seulement là, elle est comprise à l'inverse de celle des USA par exemple. En effet, les Malais d'origine, les Bumiputra, ont des avantages notoires par rapport aux minorités chinoise et indienne.
À la manière d'un guide touristique érudit, ce livre dépaysant reflète un évident enthousiasme de l'autrice pour cette contrée d'Asie du Sud-Est. Chacun ses goûts !
»


Lien : https://asiexpo.fr/kl-complo..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les cocktails ont décuplé mon agitation et ma fatigue. Il ne pleut pas. Je m’échappe du Sabah puis du parc, le temps de prendre un petit bain de sueur, de poussière, dans les rues adjacentes.
Quelques touristes flânent comme moi, objets de curiosité pour les Malaisiens qui les considèrent du fond de leurs carrosses réfrigérés. Sur le trottoir, les gamins vendent des fanions en l’honneur des Jeux et de la Reine, des chewing-gums (ils ne sont pas interdits ici comme ils le sont à Singapour), des magazines, des chiffons, des fruits à la pièce : goyaves, mangoustans, papayes.
Il faut lever la tête pour admirer, ondulant à travers le voile des gaz d’échappement, les échangeurs de béton, labyrinthes célestes ; les feux suspendus, dont le rouge bave, et les barrettes de strass des cours. La police en armes quadrille discrètement le secteur. En clé de voûte s’allume la WASAN 2020, la VISION 2020 de Mahathir Mohamad.
Scène de crime ou scène de crise ? KL est une ville effarée à peine sortie de l’enfance, où les gratte-ciel émergent des marécages comme des lotus, où les fantômes des pionniers flottent, dans leur peau phosphorescente, au-dessus des lacs et des mines d’étain, au-dessus des chantiers à cœur ouvert et des richesses qu’ils ont contribué à créer.
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Je joue la voiture-balai. J'aperçois Maxime, qui remonte les rangs. Que vois-je ? Il est allé quérir l'un des minibouquets d'orchidées/ fougères préparés sur la table pour des hôtes élus - de vraies orchidées, pas de ces trucs en caoutchouc - et voilà qu'il l'épingle lui-même au -dessus de mon sein gauche, qu'il effleure au passage !
- Laissez-moi fait, belle dame.
Il hausse un sourcil, s'amuse parce que je le remercie avec effusion :
- Je ne savais pas que tu aimais la verdure à ce point.
Je voudrais bien lui dire quelque chose d'aimable, comme :
"Ce n'est pas la verdure que j'aime, pauvre demeuré, c'est toi !"
Je me retrouve simplement assise, exultante et tremblante, sur un nuage qui passait par là.
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Je raccompagne Boris jusqu’au parking du Sabah. La nuit fraîche me ranime. Je songe à haute voix :
- Mahathir, le visionnaire ou le démiurge fou ? Je ne sais plus trop comment le voir. En tout cas, comparée aux Petronas, la réplique de Colmar en carton-pâte ne m’inspire guère.
- Rien à avoir avec du carton-pâte. De la bonne pierre. Elle vient d’Inde. L’architecte a essayé de s’approvisionner dans les carrières des Vosges, mais c’était vraiment trop cher. Quant aux tuiles, elles sont effectivement achetées en France. Vous savez, Mahathir a un jour demandé à l’Ambassadeur, lors de discussions autour d’un programme de coopération : « Envoyez-moi l’architecte qui a fait Paris. » Voilà à quoi ressemble un pays jeune et sans complexe.
- Vous avez raison, Boris. Après tout, c’est un Français qui a dessiné les plans de Washington, la capitale des Etats-Unis ! Et quand on a, comme « Docteur M », importé Colmar et le château du Haut-Koenigsbourg à une heure de KL, quand on est occupé à faire sortir de la jungle la nouvelle capitale, et, surtout, quand on voit que les jumelles Petronas deviennent l’emblème du pays … pourquoi douterait-on de sa propre puissance ? Encore faudrait-il savoir à quoi on l’emploie, hors projets pharaoniques.
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Les cris augmentent encore, mais tout le monde sourit ! Ce qui me manque, me dis-je, c’est l’entraînement. Je n’ai jamais participé à la moindre manifestation. Je n’ai aucun point de comparaison. Ca ne ressemble pas aux défilés de la CGT vus à la télévision. Ni aux images d’achires : barricades de mai 68 ou armada nazie pour Nuit de Cristal.

(…) Je saisis ce deux mots, couverts pas les hourras. Il parle au micro, et les manifestants s’crient après lui que Mahathir doit démissionner. Un homme agite un grand drapeau malaisien. Les mains claquent en hauteur.
- Re-for-ma-si ! scande l’ex-héritier.
- Re-for-ma-si ! vocifèrent les manifestants, toujours hilares.
Le mot emprunté aux voisins indonésiens, excédés par plus de trente ans de dictature, vibre et résonne.
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