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Citations de Henri Calet (136)


C'est à ce moment que j'ai dû me classer définitivement parmi ceux que l'on spolie, que l'on écrase sans qu'ils trouvent grand'chose à y redire. J'ai dû comprendre, à cette minute, que l'on n'était pas ici pour s'amuser, que la vie est dure et que l'on s'y cogne. Ce gamin m'avait, inconsciemment, mis à ma vraie place. C'est depuis lors que j'ai des airs de transfuge dans ces parties occidentales de Paris.
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Presque tous les hôteliers refusent de loger les musulmans, m'avait dit Ahmed, même s'ils sont bien habillés.
Avoir une chambre au mois, c'est un rêve que fait inlassablement Ahmed. Il a des copains tout près de là, rue Bessières, qui se sont bien arrangés; ils ont obtenus, eux, la chambre au mois contre une "reprise" de 20000 francs. J'apprenais en cette circonstance, que l'on demandait des reprises, même pour des taudis. Ces amis sont quatre, ils se partagent le loyer de 12000 francs ce qui ne fait que 3000 francs chacun. Et par bonheur, deux d'entre eux travaillent le jour, les deux autres la nuit.
- Ce qui fait que le lit n'est jamais froid, avait constaté Ahmed.
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La jeunesse ? J'ai un peu oublié ce que c'est. Pendant longtemps, j'ai tâché de rattraper la mienne, tel un chien qui cherche à se mordre la queue. Mais il y a belle lurette que j'ai renoncé à lui courir après. Heureusement, il me reste encore celle des autres et cela m'intéressait de la voir de près".
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Un monsieur pas fier. Et philanthrope avec cela. Les murs de l'usine étaient recouverts de placard et d'affiches :
"L'alcool tue, l'alcool rend fou."
"La santé, comme la fortune, vient en dormant la fenêtre ouverte."
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Peu de temps auparavant, il était encore monté chez moi pour accrocher au mur un tableau de Dubuffet. J'avais besoin de son aide, car, à divers titres, ce n'est pas un tableau ordinaire : il pèse 22 kilos (il est en staff).
Pour le fixer, il faut des pattes à glace, bien solides. C'est un portrait secret de Jean Paulhan.
J'y suis attaché doublement, peut-être parce que, sous l'effet du temps et de la chaleur, on voit, par endroits, apparaître des plaques jaunes qui sont des parties du visage du précédent modèle : Antonin Artaud.

(Mort de Tonton - Mars 1949)
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J'aime ces faubourgs pauvres où il n'y a rien à voir. on croise le minimum de gens, on se sent presque seul, on s'enfonce dans une agréable mélancolie, au risque d'y perdre pied, insensiblement.
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Les souvenirs sont comme les lianes; il faut se méfier de ne pas trébucher à chaque foulée.p.157
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Le printemps qui éclata, tôt, en 1916, c'est encore tout un chapitre. Cela commença au ciel par des blagues de nuages en boule ; cela commença, en même temps, sous la terre. D'en haut, cela descendit et se posa ; d'en bas, cela monta, par les racines. Sur les arbres du jardin, il y eut des fleurs.
En balayant les rues herbeuses, cela pénétra dans la "cuisine de cave" et nous découvrit au milieu de notre humidité et de nos désordres : la ménopause pour Madame, la vésanie pour Monsieur. La croissance pour les garçons.
Sous la peau vaseuse de la femme, une coulée de fraîcheur passa ; un surcroit d'activité se fit senti dans les vaisseaux sanguins de Mes Couilles ; les boutons de ronge-Coeur débordèrent d'un trop plein jaune.
Printemps !
Le marchand de bobnons et d'articles scolaires qui vivotait en face du lycée, me trouva en âge d'entrer dans l'arrière boutique où je pus feuilleter les albums de nus artistiques, sans arriver à fixer mon choix. Le temps n'était plus des pipes en sucre rouge et de ce lacet noir, qui, judicieusement sucé, pouvait durer une matinée entière.
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Les mégots de l’Athénée lui sont fournis de façon tout aussi régulière par Louise, qui est femme de ménage dans ce théâtre. Elle est, pour ainsi dire, à la source. Je suis persuadé que l’opération du triage procure déjà à mon père une vive satisfaction : bouts de cigare d’un côté, tabacs orientaux de l’autre… Les bouts de cigare, il les coupe très finement au moyen d’une lame de rasoir. Il en est arrivé à pouvoir différencier, presque à coup sûr, les mégots des soirs de générale de ceux des soirées ordinaires, à leur seule qualité. Lorsque le sac contient beaucoup de cigarettes à demi consumées seulement et marquées de rouge à lèvres, il dit à Louise :
– Tiens, vous avez eu une première cette semaine !
Il est rare qu’il se trompe dans ses déductions. »
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Enfin, c'était décidé: je m'en allais, j'avais acheté un billet, mon rêve était plié en quatre au fond de ma poche, un rêve qui me revenait à 1495 francs, toutes taxes comprises. Il est assez rare d'arriver à connaître le prix exact d'un rêve.
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je ne puis rien faire d'autre que penser à vous, et dès que la chose est possible, vous écrire. Et le travail dans tout cela ? Non, il faut que je vous sente près de moi. J'ai passé l'après-midi à la plage avec Luc... il est parfois très gentil, il est toujours très beau...
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Je confesse que je suis un touriste apathique, et même décourageant : j'attends que les choses retiennent mon attention, qu'elles me raccrochent, qu'elles me fassent de l’œil ; je me laisse fixer par elles. Comme si j'étais bouché.
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Il faut se prendre tel que l'on est. Rien n'est plus embêtant que de vivre en mauvais terme avec soi-même.
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Dans l'après-midi, la radio du Foyer avait annoncé la prise de Paris. On pouvait s'y attendre : depuis la veille, Paris était ville ouverte. Ils n'avaient plus qu'à entrer comme chez eux. Pourtant, cela nous a donné un coup, aux Parisiens et aux autres. Il faut dire que nous avions fermement compté sur la Marne une fois encore.
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- Les avions ! Les avions !
Le mot de désordre, de désarroi, de panique.
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Le luxe, c'est tout ce qui est moelleux, tempéré, tamisé, feutré ; le luxe a un arôme de tabac oriental... Je le humais dans les boites vides de cigarettes Muratti's que ma mère mettait de côté pour moi.
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La vie, en définitive, c'est vite fait et c'est bientôt dit. La vie, un petit mot d'une syllabe, presque un soupir.
Avoir vingt ans, vingt-cinq ans... Oui, on "a" vingt ans; on est à la tête de beaucoup de choses. Mais "avoir" quarante ans, c'est ne plus rien avoir.
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La qualité d'un film n'a pas grande importance, ni le sujet : drame d'amour, comédie légère, aventures policières, qu'importe ! Pourvu que cela ne se passe pas dans nos quartiers, mais ailleurs, chez les gens riches, chez les bandits, loin, au Far West, en Californie, aux antipodes... Ce qui compte, c'est de sortir de nos quatre murs et de notre peau, de temps en temps.
Si, par malchance, on nous privait de cinéma, nous serions profondément affectés. C'est notre dessert, notre récompense après le travail ; c'est le beau côté de l'existence, comme si elle était réversible, une doublure toute soie. On devient sourds, muets, on s'amuse désespérément à partir de 20h45. Dehors, la terre peut se décrocher. On s'arrête de vivre. Plus rien à faire qu'à regarder les autres : à leur tour de souffrir un peu.
Et l'on part à regret, avec des mines de drogués ou de coupables, comme si chacun de nous se croyait complice des crimes qui se commettent à l'écran. Je suis bien certain que, si l'on fouillait à la sortie, on découvrirait des morceaux de femme dans la poche de plus d'un spectateur.
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On ne sait où aller et on croit qu’on n’arrive jamais.
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Sans lâcher Anneke, la grand’mère s’arrêta un instant pour uriner debout en ouvrant seulement un peu les jambes. Elle répéta : « Trop tard. » Deux grosses chauves-souris volaient bas. Anneke couvrait sa tête de sa main libre, de peur qu’elles ne se prennent dans ses cheveux. Puis la grand’mère et la fillette repartirent, à peine plus grande l’une que l’autre, tant la vieille se voûtait, l’enfant toujours tenue par la main, comme en laisse, sur le petit chemin noir, escortée par les deux chauves-souris, ces oiseaux qu’il ne faut tuer en aucun cas, sous peine des pires calamités.
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