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Critiques de Henri Guillemin (28)
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Robespierre : Politique et mystique

Pas facile de classer ce livre épais et dense dans le genre purement biographique. On n'est pas non plus dans l'essai ou une juxtaposition d'essais, mais plutôt dans le plaidoyer, la justification d'un positionnement et dans une forme de réplique à des attaques outrancières. Henri Guillemin, auteur de ce Robespierre : politique et mystique reprend tous les arguments des détracteurs de Robespierre, de son vivant même, et les démonte. Sans tout excuser, il montre que les accusations portées par Vadier, qui siégeait au Comité de Sûreté générale dans l'un des pavillons des Tuileries, étaient des mensonges fabriqués pour faire passer l'Incorruptible pour un ami de l'Église, des papistes, des prêtres (Vadier se servit du cas de Catherine Théot pour montrer du doigt Maximilien présenté comme un dangereux esprit mystique qui cachait bien son jeu). Oui, Robespierre pensait qu'il fallait se référer à une puissance supérieure à l'homme, mais il était contre l'asservissement à une Église.

Il en va de même des charges retenues par les ennemis de Robespierre qui aurait été étouffé par le "sang de Danton" et qui aurait été porté par goût à faire tomber les têtes. Tout n'est pas excusable chez Robespierre : la mort de Louis XVI, celles d'Hébert, de Danton, de Camille Desmoulins étaient-elles nécessaires ? On peut soulever la question. Mais la charge de Robespierre contre des Lafayette et gens du même genre était amplement justifiée. Enfin la démonstration de la médiocrité et de la coupable complicité pour des raisons douteuses des Thermidoriens qui firent tomber Robespierre n'est plus à faire. Ils dissimulèrent de la sorte leurs propres turpitudes.
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1789 : Silence aux pauvres !

Henri Guillemin ou le poil à gratter de l'Histoire.

Le style d'un conteur plus que d'un écrivain, même si l'écrivain a bien une marque à lui, un peu insistante sur les détails qui aident à suivre et comprendre une pensée qui ne ne veut rien laisser de côté quand il s'agit de donner des preuves à l'appui de son argumentation.

Il a été un grand conteur : ses interventions filmées sur la Révolution, sur Jeanne d'Arc, ses conférences enregistrées, un disque sur Napoléon.

Et puis ses livres : celui-ci, un autre sur 1789 et un autre encore sur Robespierre, sans compter un brûlot sur le thème - Napoléon et l'argent - et une compilation de ses réflexions sur Rousseau.

Les bourgeois, les voltairiens et les libéraux ne l'aiment guère : et pour cause.

Il démontre comment la Révolution a été détournée au bénéfice des profiteurs, grands propriétaires et grands entrepreneurs et comment la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen si elle reconnaît la liberté de pensée est aussi le moyen pour celui qui a du bien de s'élever au-dessus du lot commun et de remplacer Dieu par le Droit de Propriété révéré comme un dieu (ah! cher Veau d'Or) puisqu'on ne craint pas d'y affirmer que le droit de propriété (et d'entreprendre) est un droit inviolable et sacré !

Il y démontre aussi comment ceux que nous pourrions appeler les "filous", ceux qui veulent confisquer tous les biens et les moyens de production et d'échanges à leur profit se font appeler l'élite de la nation. Ce sont ceux qui ont profité de la chute de Robespierre, quand ils ne l'ont pas envoyé eux-mêmes à l'échafaud après l'avoir accusé de tous les maux (dont ils avaient pourtant plus que leur part, les coquins !) Or Robespierre voulait faire adopter une loi sur les "maximums" (ou si vous préférez sur les plafonds du prix des denrées) pour permettre au petit peuple laborieux de se nourrir correctement à un coût pas trop onéreux. Quelle horreur pour nos profiteurs ! il fallait abattre Robespierre, cet ennemi des grosses fortunes et de l'affairisme, cet Incorruptible, l'accuser de tous les crimes de la Terreur (curieux : Collot d'Herbois et Fouché, entre autres, qui étaient plus criminels que lui mais à qui il demandait des comptes pour le sang inutilement versé sont parmi les plus influents de ceux qui l'ont fait tomber), le ridiculiser pour le culte institué par lui de l'Être Suprême (on pense à Vadier, du Comité de Sûreté Générale, qui ne cessait de le brocarder) et traîner sa mémoire dans la boue (et là ils sont légion ceux qui le descendent, à commencer par ceux qui aiment lui opposer le très corrompu et grand jouisseur qu'était Danton, certes grand tribun mais aussi roi des hypocrites).

Pas étonnant que les Communistes aient longtemps vu en Robespierre l'un de leurs ancêtres. En réalité, il ne l'était pas. C'était sans doute le seul homme à bien tenir les commandes de l'État et à se montrer intransigeant sur les acquis de la Révolution dans cette époque de tourmente. On a tort, comme l'a fait Laurent Dingli de présenter Robespierre sous le seul angle de sa paranoïa. Ne nions pas qu'il ait été sanguinaire et froid, et en effet sans doute paranoïaque, mais reconnaissons-lui de s'être intéressé au peuple, même s'il se tenait à distance, et même si sa mise et ses habits l'apparentaient plutôt à un aristocrate.

Le mérite de ce livre est de démontrer que le grand perdant de la Révolution est le peuple (comme toujours !) et que, par voie de conséquence, la grande gagnante est la Bourgeoisie d'affaires qui s'est justement servi des petits pour l'aider à abattre la monarchie et l'aristocratie, mais pour dérober très vite au peuple les fruits de sa Révolution.

Henri Guillemin méritait bien, de notre part, un coup de chapeau.



François Sarindar

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1789 : Silence aux pauvres !

Gloire à Robespierre





La Révolution Française revisitée en 120 pages. C'est le défit relevé par Henri Guillemin dans ce libellé. Pari réussi, tout y est, l'essentiel est bien là, mais...



Car, il y a un mais. L'auteur est un grand admirateur de Robespierre, ce qui n'est pas pour me déplaire, sauf que l'orientation donnée à ce récit, le parti pris affiché, nuit finalement gravement à l'interprétation de cette période.



Non pas, qu'il y ait des contre-vérités mais seul Robespierre trouve grâce à ses yeux. Tous les autres protagonistes ont fauté, commis des erreurs, ont été corrompus, ont renié leurs idéaux. Seul Robespierre fut grand, à tel point que la lecture devient parfois cocasse comme lorsque l'auteur s'en prend à Michelet juste parce que ce dernier n'aimait pas du tout Robespierre.





Dommage car le fond du texte reste tout de même très intéressant et que l'on ne peut émettre des doutes sur la valeur de Henri Guillemin en tant qu'historien.
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Victor Hugo, par lui-même

Trouvé dans une foire aux livres anciens, ce livre (1966) , cent quatre-vingt-onze pages, enrichi avec bonheur ma collection des ouvrages "Ecrivains de toujours" publiés aux Editions du Seuil et complète synthétiquement la grosse biographie rédigée par Alain Decaux.
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Jeanne dite Jeanne d'Arc

Ce livre est celui d'un exceptionnel conteur : Henri Guillemin, dont on se rappelle les émissions télévisées historiques, qui sont aussi bonnes que celles d'Alain Decaux.

Henri Guillemin a un grand respect et une profonde admiration pour Jeanne, (cela ne donna pas la même chose lorqu'il aborda le cas Napoléon Bonaparte, là il fut virulent car il ne croyait pas aux "hommes providentiels"), alors c'est un plaisir de voir qu'il est touché par Jeanne, mais il est aussi critique sur certains aspects. Il posa de bonnes questions, qui irritèrent autrefois Régine Pernoud.

Ce livre de Guillemin sur Jeanne, même s'il est court et donne lieu justement à de sérieux raccourcis, n'en reste pas moins très bon lorsqu'il creuse certaines questions.

François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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Henri Guillemin raconte : Le fascisme en Fr..

Dans ce livre-audio Henri Guillemin raconte " le fascisme en France de 1875 à 1980". ce livre relate donc cette conférence qui a eu lieu à Bruxelles en 1980. L'éditeur en a laissé le style parlé. Ce qui fait que les phrases ont de temps en temps une tournure bizarre. L'important c'est la parole de cet historien.

J'ai lu le livre plutôt que de l'écouter mais j'ai depuis entendu et vu Henri Guillemin sur le Net et c'est toujours passionnant.

Cet historien décédé en 1992, nous disait en 1980

" La chance que nous avons, c'est que, évidemment, si vous voulez , quelques éléments qui ont permis le fascisme italien et le nazisme allemand sont réunis ( quels éléments ? Une inflation, une chômage considérable, un certain désenchantement de la vie politique ) qui fait que si un homme se présentait , comme on dit l'homme à poigne , peut-être aurait-il derrière lui une foule dangereuse , mais par bonheur , par chance, il n’existe pas encore quelqu'un qui puisse centraliser autour de lui, l'espoir du fascisme."

Parlerait-il encore comme cela aujourd'hui ?

Étayé, clair, précis cet ouvrage très court ( 50 pages ) remonte aux sources du fascisme, et les raisons de sa percée. Personnellement je me suis plus intéressée aux années d’avant-guerre et la naissance des ligues en 1932. Après ce ne fut qu'une suite d'évènements qui ne pouvaient que produire l'horreur de 39/45.

Henri Guillemin était un homme très éclectique, érudit, passionné et ( de gauche). Il est dommage qu'il soit plus ou moins tombé dans l'oubli. Un étudiant en histoire m'a dit ne jamais en avoir entendu parler dans ses cours.

Conférencier étonnant, il n'était pas ennuyeux. Il " contait" l'histoire, parlant quelque fois sous forme de questions/réponses.

Sans doute certains verront des erreurs dans ses écrits. Je ne sais pas, mais sa parole me plait bien...







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L'engloutie : Adèle, fille de Victor Hugo

Victor Hugo a été éprouvé dans sa vie professionnelle mais sa vie personnelle n'a pas non plus été épargnée : un après l'autre, ses proches lui ont été enlevés avec une régularité sans pitié. Ainsi la mort prématurée de son premier-né Léopold (1823) , la noyade accidentelle de sa fille Léopoldine à dix-neuf ans (1843), la perte de sa femme Adèle (1868), ainsi que la mort de ses deux fils Charles d'un AVC (1871) et François-Victor, de la tuberculose (1873) l'ont atteint plus que cruellement.

Adèle, sa deuxième fille, seule survivante de la fratrie, a elle aussi connu une destinée tragique. Henri Guillemin retrace son existence tourmentée dans L'Engloutie, un récit qu'il a reconstitué à l'aide de la nombreuse correspondance échangée entre les membres de la famille Hugo durant la période de l'exil forcé du patriarche aux îles anglo-normandes. Souffrant de troubles mentaux associés à la schizophrénie et à l'érotomanie, Adèle a plus, qu'aucun de ses frères, pâti de la réclusion à Guernesey de même que de l'étouffement social et familial dont elle était entourée.

Le format épistolaire de l'ouvrage, nullement ennuyeux, apporte au contraire une dimension éminemment réelle à l'histoire et c'est avec une grande émotion que j'ai terminé ma lecture cette nuit.
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L'affaire Jésus

Guillemin en chrétien convaincu donne ici sa vision de Jésus. Ce livre n'a donc pas pour but de faire des conversions, d'abuser les gogos. Guillemin réussit donc le tour de force de se faire lire par un sceptique comme moi parce que c'est un témoignage sincère et que je veux comprendre.

Il parle d'un des dieux de sa religion et cherche a en dépoussiérer l'image, comme il l'a fait pour de nombreux personnages historiques, comme Rousseau ou Robespierre et même Zola.
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Hugo

hélas Hugo était très radin

Il n'a pas voulu aider sa maîtresse Juliette Drouet

lorsque, déjà plus toute jeune, elle se trouva dans le besoin.



les grands hommes de lettres sont parfois bien mesquins

malgré leurs grandes envolées lyriques ...
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L'affaire Jésus

La foi !

La foi ?

La foi est une vision de la personne humaine, de l’humain, ou celui-ci est composé d’une partie, l’esprit, qui nous ouvre sur indéfinissable infini. L’esprit entraine avec lui, l’âme (psyché + inconscient + sensations) et le corps dans une joie qui ne s’explique pas. La Foi n’est pas la croyance, c’est un espoir au-delà de l’espérance. La foi ensuite peut prendre suivant les cultures, les époque et les temps plusieurs formes qui ne sont pas ennemi les unes des autres. Une fois que cette JOIE sans cause a été découverte, il est impossible de la perdre. Elle peut prendre plusieurs formes, se faire oublier, mais qu’on ré-éprouve cette JOIE et elle revient dans sa totalité.



Il y a ceux, qui par leur écrit vous font naitre ou renaitre à la foi, et pour ma part ce fut la rencontre synchronique et improbable de Michel Fromager (Corps, âme et Esprit) offert par mon épouse, du film l’apparition de Xavier Giannoli, une conversation de travail qui m’a pousser a au moins retourner dans l’église la plus proche de chez moi, ce jour là était le premier dimanche de Carême et la statue de sainte Bernadette retrouver sa place dans la chapelle de Marie, suite à un vandalisme l’année précédente. Ma foi venait de renaitre !

Et puis, il y a ceux, qui par leur écrit, rénove votre foi. Henry Guillemin avec l’affaire Jésus est ce deux là. Ce n’est pas un prêtre, c’est, c’était, un historien au grand talent de conteur. Je le connaissais pour sa révolution Français et la commune de Paris mais je ne connaissais pas sa face Chrétienne.



A près sa lecture, je pressens que ce que nous vivons aujourd’hui en tant qu’humanité est le résultat de notre vision d’une personne humaine ou d’un humain réduit à sa partie la plus congrue : vivre pour consommer, et consommer plus, plus moderne, plus « disruptif », plus selfie ! Mais cela ne donne pas de sens à notre ou à nos vies individuelles ou commune. Et Malgré cette vision pessimiste porter par ces derniers mots, j’éprouve un JOIE nouvelle après la lecture de ce petit livre, et un espoir qui va au-delà de l’espérance. C’est cela que j’appelle la FOI !

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Robespierre : Politique et mystique

Historien engagé et peu aimé pour cela .Ostracisé sur les radios et télé Française et Belge Il donna des émissions style " Alain Decaux raconte " à la télé Suisse De son Robespierre émane c est certain une solide sympathie pour l' un des personnages les plus détesté de notre histoire qui , il est vrai, n a connu que peu de défenseurs .Une légende noire l 'entoure , aura de sang et de terreur, alors que les abominables lois de Prairial ont été votées et appliquées sans lui pour le faire tomber . Il avait également fait un discours à l assemblée pour demander la suppression de la peine de mort ,oublié cela .Reste bien sûr qu il est couvert de sang Mais comparé a un Danton qui bénéficie d une image positive alors qu il n était guère qu ' un petit magouilleur jouisseur avide , celui que l on surnommait " l Incorruptible ne connait guère que l 'opprobre Sic Transit Gloria Mundi comme dit mon pote julot de rome
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L'affaire Jésus

Quand ceux qui se réclament du Christ réinstaurent la division et le pouvoir au sein de sa maison, servent de caution spirituelle aux plus infâmes heures de l'histoire, ne peut-on pas parler d'une affaire Jésus ? Une affaire au sens d'un scandale ?



Lire Guillemin est aussi agréable que de l'écouter. C'est même plus nourrissant encore puisque la lecture présente cet avantage définitif de pouvoir se faire au rythme du lecteur, de ses besoins de s'appesantir, de revenir en arrière, de chercher ce à quoi il est fait référence lorsque l'on ne connaît pas ce qui est mentionné, etc.

Et lorsqu'il est question de rien moins que le personnage le plus central de l'histoire occidentale et de ce que les sociétés déjà organisés en classes distinctes firent de son message, cet avantage est plus que certain.



Je pensais ne jamais lire aussi bien que Jacques Ellul sur le message chrétien. eh bien une fois encore Henri Guillemin m'a ravi. J'en partage absolument tous les développements dans cet ouvrage. L'humanité de cet homme, ses exigences morales sont le plus grand des trésors : une boussole pour se repérer dans le monde dès lors que l'on a accepté que l'homme, est un petit animal social : petit car faible, sans véritable talent, mais social ! Et si cette condition naturelle d'interdépendance avec ses congénères et la compréhension de son besoin d'entraide, de solidarité, d'amour (agapè) est comprise, alors non seulement il peut faire face aux exigences souvent rudes d'une nature marquée aussi par le lutte des plus aptes, mais aussi à sa grande spécificité : celle d'être un être de besoin de sens. Or, l'histoire de l'Église va précisément à rebours de cette compréhension de l'homme et, plus grave du rappel que Jésus fit de l'importance de s'y tenir : le plus grand et peut-être même le seul commandement qui compte, disait-il, est bien de s'aimer les uns les autres.
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Zola, légende et vérité

Henri Guillemin, avec sa rigoureuse méthode, nous restitue l'homme véritable : hypersensible, idéaliste et blessé.

De même il nous révèle l'écrivain qui au moment de l'affaire Dreyfus briguait l'académie, et qui se compromet totalement pour la cause de la justice.

Les autres essais de ce livre -Zola et le catholicisme, Zola et la police, Zola et Claudel - restaurent aussi brillamment le portrait de l'auteur.

Ainsi Henri Guillemin nous offre-t-il un des livres les plus modernes et les plus excitants qu'on ait consacré à ce grand écrivain qui fut aussi homme de son siècle.
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Lamartine

Pour beaucoup, Lamartine n’est qu’un vieux poète, dont on ne sait peut-être que le lac et dont la seule œuvre encore lue serait le recueil dans lequel il se trouve, les méditations poétiques. Mais Lamartine, plutôt que ce poète un peu fané aux éclairs brillants dans une nuée de vers parfois mal emboîtés demeure un homme fasciné par l’action, qui bien que conservateur et profondément attaché à l’ordre social en vigueur souhaita réformé et dirigé le mouvement qui allait prescrire aux prolétaires, cette menace qu’il voit grandissante, une vie moins misérable que celle promise par la lâcheté, ou l’ignorance conservatrice. Simple instinct de conservation ? Probablement pas.



Lamartine eut tout de l’aristocrate, jeune il voyagea, entrepris de faire des vers et ne négligea pas de connaitre les femmes ; un poète libertin épris de gloire littéraire voilà en somme ce qu’il fut à vingt ans. Cependant, une mère très chrétienne, une enfance passée à l’ombre de la croix et le déchirement que provoqua la disparition d’un amour de jeunesse le rappelèrent aux vertus chrétiennes. Quand il épousa celle qui lui donnera ces deux enfants, deux enfants qui n’auront pas le temps de grandir, il le fit avec la ferme intention d’être d’une droiture toute religieuse. Profondément marqué par ses chagrins, sa foi, vacillante mais chevillée au corps, il fut cependant en bute à sa raison, raison qui proscrivait une vie passée dans la docte ignorance. Perméables aux idées libérales, il s’efforça toute sa vie d’opérer une synthèse entre ces deux inspirations qui lui semblaient trop précieuses pour en négliger une et trop pures pour qu’elles acceptassent la demi-mesure. Cela lui coûta de n’être jamais bien compris des uns et des autres ; les chrétiens lui reprochèrent de n’être pas assez dévot, les libéraux de se laisser, dans son moralisme chrétien, trop occupée à précipiter l’ordre dans le chaos.



Lamartine ne vécut jamais en grand châtelain, croulant sous une rente qui lui aurait apporté l’oisiveté nécessaire à ses grands desseins poétiques. Seul homme d’une fratrie qui comptait de nombreuses sœurs, il s’était fait un devoir de leur accorder une rente annuelle l’empêchant d’être tout à fait serein au quotidien. Ce besoin incessant d’argent fera de Lamartine un bourreau de travail. Ce labeur loin de conspirer à sa gloire lui coûtera un dédain presque unanime, si quelques œuvres ou morceaux d’œuvres émergent, la plus part ne sont que des compositions maladroites, écrites à la hâte, marquées du sceau de l’indigence et de l’inanité. Menacé toute sa vie de banqueroute, il légua une dette de plus de deux millions à sa mort.



Voilà Lamartine, présenté par Guillemin.
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L'affaire Jésus

Wikipedia indique que Henri Guillemin (1903-1992) a été un "conteur historique" parfois critiqué par les professionnels, en raison de ses méthodes d'analyse jugées discutables; je n'ai pas d'opinion personnelle à ce sujet. Il était considéré comme un anticlérical et un chrétien de gauche.

A la fin de sa vie, il "s'est attaqué" à Jésus et à l'Eglise. Le début de cet ouvrage est consacré à "revisiter" la vie du « Nazaréen ». La seconde partie énumère tous les obstacles, principalement édifiés par l'Eglise elle-même, qui font écran entre l'homme d'aujourd'hui et Jésus (le vrai…). Enfin, H. Guillemin médite sur les paroles de Jésus. Qui est le Père, par rapport au "Fils de l'Homme" ? Qu'est exactement le Royaume de Dieu ? Mais aussi, il s'interroge sur la situation du chrétien du XXème siècle. L'adhésion au christianisme est-elle une aliénation ? un opium du peuple ? L'utilisation abusive du carcan de l'Eglise, pour asservir les peuples, est-elle rédhibitoire ? Par nature, le sexe éloigne-t-il l'homme de Dieu ?

H. Guillemin était un chrétien exigeant, voire iconoclaste. Il le démontre dans cet ouvrage écrit très tardivement. Mais je n'ai pas du tout été étonné, et encore moins scandalisé. Ce livre (déjà ancien) est seulement un élément de plus ajouté à l'immense littérature consacrée au christianisme.

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Jeanne dite Jeanne d'Arc

Le regard d'Henri Guillemin sur Jeanne la pucelle (et non Jeanne d'arc), un regard empreint de tendresse, et sa critique acerbe de Charles VII et de l’Église de Rome, indifférente au sort de la future sainte.

Jeanne la pucelle fut "instrumentalisée" comme on le dit aujourd'hui, en son siècle et bien plus tard aux XIXème et XXème siècles quand il fallut alimenter le nationalisme français.
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Robespierre : Politique et mystique

Guillemin est un historien, homme de lettres également, qui rafraîchit par sa combativité, sa précision et son engagement. Impossible pour un historien? Absurde! Un temps peut-être révolu ou les joutes et les combats intellectuels avaient du sens. Robespierre est un personnage immense de l'Histoire de France et c'est à peine s'il figure ici ou là dans les livres, les musées ou sur une plaque au coin d'une impasse. Un livre complet, bouillonnant, et passionnant comme Guillemin sait passionner son auditoire.
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Napoléon tel quel - La vérité avant tout

Douce nostalgie, ce fut mon tout premier ouvrage d'histoire avant d'entrer en fac. Toutefois, ce n'est peut-être pas le plus conseillé !!! Même si l'auteur se base sur des faits et qu'il agit avec l'expertise et le pragmatisme d'un historien, il dresse un portrait à charge contre Napoléon. J'ai personnellement beaucoup appris en lisant cet ouvrage, et cela m'a permis d'affuter un peu plus mon jugement...
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Benjamin Constant muscadin (1795-1799)

Ce livre est une merveille. On apprend dans ce livre bien des détails sur qui était vraiment Benjamin Constant, ce libéral, ambitieux qui rêvait de grandes places, lui qui n'en avait pas le droit (car non français). Guillemin nous raconte donc cette période méconnue de la vie de Constant durant laquelle il ira jusqu'à faire tuer un homme importun, et où il courbera l'échine pour obtenir place et nationalité française. C'est un triste visage que celui qui nous est brossé, cruel même, mais bien son visage. Constant apôtre du libéralisme défenseur de l'ordre et de la propriété, spéculateur, menteur,non, rien ne le sauve. Il est décidément à ranger au même rayon que bien des âmes damnées.
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L'affaire Jésus

L’affaire Jésus/Henri Guillemin

Dans ce petit ouvrage très bien documenté, l’iconoclaste Henri Guillemin évoque une épineuse question, celle de l’historicité de Jésus.

Les Évangiles restent la principale source concernant l’existence de Jésus.

Les Évangiles de Luc, Marc et Matthieu constituent le groupe des évangiles synoptiques, c’est à dire qu’ils jettent à peu près le même regard sur la vie du Christ.

Avec l’Évangile de Jean, ces trois textes constituent le groupe des évangiles canoniques, c’est à dire reconnus par la communauté chrétienne.

Il existe d’autres évangiles appelés apocryphes qui tout en relatant des choses très intéressantes ne sont pas reconnus par l’autorité chrétienne.

Les auteurs assignés sont-ils les vrais auteurs ? Rien n’est moins sûr.

Marc, compagnon de Pierre a repris des écrits anonymes dans les années 70 à 85.

Luc, médecin de Paul, fit de même.

Quant à l’Évangile de Jean, il s’agit à n’en pas douter d’une œuvre collective rédigée par les disciples de Jean dans les années 100.

Parmi les évangiles apocryphes, celui selon Thomas est riche de révélations sur les propos tenus par Jésus.

Origène au IIIé siècle et Eusèbe au IV é citent des paroles de Jésus qui ne figurent pas dans les canoniques.

En définitive, les synoptiques sont la reprise et l’aboutissement de maints essais antérieurs à des fins particulières.

« Les évangiles sont des entreprises non d’histoire, mais de prédication : leur intention est doctrinale…Notre investigation est une enquête qui s’efforce d’aller des légendes à l’histoire…Trouver la vérité historique dans l’aventure du Nazaréen, sous l’entassement des adjonctions. »

L’examen attentif des évangiles montre que les convergences l’emportent et de beaucoup sur les divergences. D’où leur valeur historique certaine.

La question de la supposée virginité de Marie est abordée aussi. Paul, dans ses lettres, antérieures aux évangiles canoniques, dit bien que le Sauveur est né d’une femme (guné) et non d’une vierge (parthenos). Le thème de la conception virginale est un ajout de Matthieu et Luc et sera érigé en dogme au Vé siècle.

Les évangiles sont unanimes pour montrer que Jésus fut un personnage charismatique, rayonnant, s’exprimant par parabole et hyperbole, ayant un goût prononcé pour le paradoxe. Un personnage tumultueux aussi, une sorte d’agitateur, ce qui lui valut son arrestation et sa condamnation.

L’auteur dans une seconde partie aborde le passif du christianisme : l’Inquisition, les carnages d’Indiens, les bûchers de Juifs, les papes chefs d’état. Le christianisme a un lourd passé.

Il explique comment le christianisme est devenu religion d’état, avec d’abord le rôle de l’empereur Constantin qui convoqua le concile de Nicée en 325. Chef d’état avisé et pragmatique voyant l’augmentation de l’audience des sectateurs de Krestos autorisa cette nouvelle religion tout en attendant lui-même d’être sur son lit de mort en 337 pour recevoir le baptême.

C’est Théodose en 379 au concile de Constantinople qui décida de faire du christianisme officiellement la religion d’état.

Dans une troisième partie, Henri Guillemin développe le thème concernant les paroles véritablement prononcées par Jésus.

Il s’interroge aussi sur sa propre foi et sa réflexion sur son catholicisme et le catholicisme d’aujourd’hui conduit à se poser la question : que reste-t-il de nos jours de l’enseignement véritable du Christ ?

Un livre passionnant tout empreint de spiritualité.



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