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Critiques de Henri Michaux (139)
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La Nuit remue

Une poésie ou une teinte de surréalisme se mélange à la réalité nue de la vie. Une gouache de couleurs et ces couleurs sont à notre appréciation. Si on préfère le noir, il dominera ; si on préfère le rouge, le jaune ou l'indigo, notre œil les percevra en premier. Une ironie douce (mais est-ce vraiment cela ?) parcoure certaines lignes. Ou un humour un peu froid, un peu noir ? J'ai laissé Henri Michaux de côté pendant longtemps. Je m'étais trop ennuyée à l'étudier. Mais je me suis toujours méfiée de mes ennuis pédagogiques.... J'ai redécouvert Henri Michaux, comme on se remet d'une indigestion après une diète salutaire. Un petit morceau de temps en temps comme toujours en poésie, on savoure lentement pour s'imprégner du goût et qu'il reste dans notre mémoire sensitive....
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La Nuit remue

Beau voyage poétique...
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La Nuit remue

Ce recueil a été publié en 1935. C'est sans doute son premier grand recueil. Le titre, comme souvent dans l'oeuvre de Michaux, est déjà tout un programme : qu'est-ce à dire ? La Nuit remue évoque cette étape éphémère, cette frontière fragile entre sommeil et veille, entre néant et existence mais aussi cette frontière fragile et mouvante entre la paix sereine des certitudes diurnes et l'angoisse des cauchemars nocturnes. Tel un funambule, Michaux se promène sur ce fil étroit du réel et du rêvé, du clair et du sombre, de l"angoissant et du rassurant et pour cela, il renouvelle sans cesse les rythmes et les formes et fascine ses lecteurs comme sous l'effet d'une magie.

Voici un choix de quelques poèmes, puisqu'il faut bien choisir, qui devraient convaincre bien mieux que mes paroles :











P 9 "La nuit remue" I

« Tout à coup, le carreau dans la chambre paisible montre une tache. L'édredon à ce moment a un cri, un cri et un sursaut ; ensuite le sang coule. Les draps s'humectent, tout se mouille. L'armoire s'ouvre violemment ; un mort en sort et s'abat. Certes, cela n'est pas réjouissant. Mais c'est un plaisir que de frapper une belette. Bien, ensuite il faut la clouer sur un piano. Il le faut absolument. Après on s'en va. On peut aussi la clouer sur un vase. Mais c'est difficile. Le vase n'y résiste pas. C'est difficile. C'est dommage. Un battant accable l'autre et ne le lâche plus. La porte de l'armoire s'est refermée. On s'enfuit alors, on est des milliers à s'enfuir. De tous côtés, à la nage ; on était donc si nombreux ! Étoile de corps blancs, qui toujours rayonne, rayonne... »



p 30 "Un point, c'est tout"

" L'homme _son être essentiel_ n'est qu'un point. C'est le seul point que la Mort avale. Il doit donc veiller à ne pas être encerclé.

Un jour, en rêve, je fus entouré de quatre chiens, et d'un petit garçon méchant qui les commandait.

Le mal, la difficulté inouïe que j'eus à le frapper, je m'en souviendrai toujours. Quel effort ! Sûrement, je touchai des êtres, mais qui ? En tous cas mes adversaires furent défaits au point de disparaître. Je ne me suis pas laissé tromper par leur apparence, croyez-le ; eux non plus n'étaient que des points, cinq points, mais très forts.[....]"



p 79 "Contre !"

" Je vous construirai une ville avec des loques, moi.

Je vous construirai sans plan et sans ciment un édifice que vous ne détruirez pas

Et qu'une espèce d'évidence écumante soutiendra et gonflera,

Qui viendra vous braire au nez, et au nez gelé

De tous vos Parthénons, vos Arts Arabes et de vos Mings.

Avec de la fumée, avec de la dilution de brouillard et du son de peaux de tambours

Je vous assoirai des forteresses écrasantes et superbes,

Des forteresses faites exclusivement de remous et de secousses,

Contre lesquels votre ordre multimillénaire et votre géométrie

Tomberont en fadaises et galimatias et poussières de sable sans raisons.

Glas ! Glas ! Glas ! Sur vous tous! Néant sur les vivants!

Oui! Je crois en Dieu ! Certes, il n'en sait rien.

Foi, semelle inusable pour qui n'avance pas.

Ô monde, monde étranglé, ventre froid !

Même pas symbole, mais néant , je contre, je contre,

Je contre, et te gave de chiens crevés !

En tonnes, vous m'entendez, en tonnes je vous arracherai



http://poezibao.typepad.com/poezibao/images/michaux_montage_copie_basse_def_1.jpg

Ce que vous m'avez refusé en grammes!



Le venin du serpent est son fidèle compagnon.

Fidèle et il l'estime à sa juste valeur.

Frères, mes Frères damnés, suivez moi avec confiance;

Les dents du loup ne lâchent pas le loup.

C'est la chair du mouton qui lâche.



Dans le noir, nous verrons clair, mes frères!

Dans le labyrinthe, nous trouverons la voie droite!

Carcasse, où est ta place ici, gêneuse, pisseuse, pot cassé ?

Poulie gémissante, comme tu vas sentir les cordages tendus des quatre mondes !

Comme je vais t'écarteler ! "



Et l'un de mes préférés, dans le même recueil mais dans la section Mes Propriétés,

p 143, "Intervention"

"Autrefois, j'avais trop le respect de la nature. Je me mettais devant les choses et les paysages et je les laissais faire.



Fini, maintenant j'interviendrai



J'étais donc à Honfleur et je m'y ennuyais.



Alors résolument, j'y mis du chameau. Cela ne paraît pas fort indiqué. N'importe, c'était mon idée. D'ailleurs, je la mis à exécution avec la plus grande prudence. Je les introduisis d'abord les jours de grande affluence, le samedi sur la place du Marche'. L'encombrement devint indescriptible et les touristes disaient : " Ah ! ce que ça pue ! Sont-ils sales les gens d'ici ! " L'odeur gagna le port et se mit à terrasser celle de la crevette. On sortait de la foule plein de poussières et de poils d'on ne savait quoi.



Et la nuit, il fallait entendre les coups de pattes des chameaux quand ils essayaient de franchir les écluses , gong ! gong ! sur le métal et les madriers !



L'envahissement par les chameaux se fit avec suite et sûreté.



On commençait à voir les Honfleurais loucher à chaque instant avec ce regard soupçonneux spécial aux chameliers, quand ils inspectent leur caravane pour voir si rien ne manque et si on peut continuer à faire route ; mais je dus quitter Honfleur le quatrième jour.



J'avais lancé également un train de voyageurs. Il partait à toute allure de la Grand-Place, et résolument s'avançait sur la mer sans s'inquiéter de la lourdeur du matériel ; il filait en avant, sauvé par la foi.



Dommage que j'aie dû m'en aller, mais je doute fort que le calme renaisse tout de suite en cette petite ville de pêcheurs de crevettes et de moules."
Lien : http://aller-plus-loin.over-..
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La Nuit remue

Déjà j'aime le titre. Evocateur de ces bruissements que, seule, peut nous offrir la nuit. J'aime cette poésie parfois déjantée, souvent onirique, ce qui nous ramène au monde de la nuit. Une oeuvre de premier plan de ce poète, à mon estime.
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La Nuit remue

Face aux vers limpides de son grand ami Supervielle, la poésie d'Henri Michaux est une mer orageuse, dont les mouvements se confondent avec la nuit. Des vagues se dressent « contre » les voyages ordinaires. Elles nous font sortir de notre zone de confort. Elles dérangent. Michaux se complaît dans une obscurité capable de rendre incertaines les limites de l'identité.



Dès les premiers poèmes, c'est un vortex, une chute sans fond dans l'espace intérieur, réminiscent des peurs qui surgissent au moment de se coucher, quand on éteint la lumière : « Le gouffre, la nuit, la terreur s'unissent de plus en plus indissolublement. »



Loin de reculer face au gouffre des cauchemars, Michaux y plonge sans relâche pour y puiser son inspiration. Il essaie du moins, car l'instinct de survie n'est pas facile à contrecarrer. Il se heurte à la tyrannie de sa conscience, son ego, son « Roi » qu'il torture avec un enthousiasme désespéré. « Et c'est mon Roi, que j'étrangle vainement depuis si longtemps dans le secret de ma petite chambre ; sa face d'abord bleuie, après peu de temps redevient naturelle, et sa tête se relève, chaque nuit, chaque nuit. »



Les institutions monarchiques sont tenaces. Parmi elles, on trouve les normes du langage, de l'écriture, coupables de diluer l'imagination la plus tempétueuse pour la changer en « gouttes peu nombreuses qui tombent graves et désolées dans le silence. » La révolution contre le Roi passe par un éclatement de la langue, y compris dans son sens organique. Michaux n'hésite pas à se faire violence. Son corps se disloque, se fragmente à travers les aperçus qu'en donnent une multitude de courts textes. Ce processus est particulièrement prégnant dans la partie du recueil intitulée « Mes propriétés », où Michaux s'observe avec une intensité fiévreuse et note les résultats au jour le jour. Un monde imaginaire en ressort. Sa faune et sa flore sont abondamment décrits, en des hypotyposes délirantes d'insectes cristallins et de mangroves.



Michaux cherche à capter ces fragments pour affiner sa connaissance de l'être et dresser la carte d'altérité d'un sujet dix-formes (sinon plus), livré à la métamorphose d'un voyage imaginaire qu'il souhaiterait permanent. Son identité se définit par les espaces qu'il parcourt sans limite physique, en constante métamorphose... et par la tension entre ces voyages poétiques et le réel :



« L'âme adore nager.

Pour nager on s'étend sur le ventre. L'âme se déboîte et s'en va. Elle s'en va en nageant. (Si votre âme s'en va quand vous êtes debout, ou assis, ou les genoux ployés, ou les coudes, pour chaque position corporelle différente l'âme partira avec une démarche et une forme différentes, c'est ce que j'établirai plus tard.)

On parle souvent de voler. Ce n'est pas ça. C'est nager qu'elle fait. Et elle nage comme les serpents et les anguilles, jamais autrement.

Quantité de personnes ont ainsi une âme qui adore nager. On les appelle vulgairement des paresseux. Quand l'âme quitte le corps par le ventre pour nager, il se produit une telle libération de je ne sais quoi, c'est un abandon, une jouissance, un relâchement si intime.

L'âme s'en va nager dans la cage de l'escalier ou dans la rue suivant la timidité ou l'audace de l'homme, car toujours elle garde un fil d'elle à lui, et si ce fil se rompait (il est parfois très ténu, mais c'est une force effroyable qu'il faudrait pour rompre le fil), ce serait terrible pour eux (pour elle et pour lui).

Quand donc elle se trouve occupée à nager au loin, par ce simple fil qui lie l'homme à l'âme s'écoulent des volumes et des volumes d'une sorte de matière spirituelle, comme de la boue, comme du mercure, ou comme un gaz — jouissance sans fin.

C'est pourquoi le paresseux est indécrottable. Il ne changera jamais. C'est pourquoi aussi la paresse est la mère de tous les vices. Car qu'est-ce qui est plus égoïste que la paresse?

Elle a des fondements que l'orgueil n'a pas.

Mais les gens s'acharnent sur les paresseux.

Tandis qu'ils sont couchés, on les frappe, on leur jette de l'eau fraîche sur la tête, ils doivent vivement ramener leur âme.

Ils vous regardent alors avec ce regard de haine, que l'on connaît bien, et qui se voit surtout chez les enfants. »
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La Nuit remue

Un recueil que j'ai préféré aux précédents mais que j'ai quand même lu en diagonale. Avec Henri Michaux j'ai trop de mal! Sa poésie est trop abstraite, trop hermétique pour moi. Dans ce domaine je reste une lectrice d'un grand classicisme. Henri Michaux est un poète pour public averti, pour lecteurs au dessus de la mêlée, pour intellectuels très fins et avisés.
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La Vie dans les plis

A la lecture de ce recueil, Henri Michaux peut apparaître comme un être profondément aigri, sorte de Grumpy Cat avant l'heure. Face à cette accusation triviale, peut-être aurait-il couvert ma voix puérile de son "tonnerre d'appartement". Ou bien peut-être m'aurait-il assené quelques paires de claques imaginaires, issues de sa "mitrailleuse à gifles". Ses inventions poétiques sont parfois méchantes et fières de l'être, de parfaits outils imaginaires pour frapper ses ennemis. Qui affronte-t-il ainsi ? Tout ce qui l'empêche de trouver la paix. Tout ce qui l'éloigne de la mer, des plis des vagues, assimilés chez lui à des mamelles, signe de sa femme emportée par une mort soudaine, un an avant la parution de ce recueil. Par l'habituelle ironie tragique, la femme et la mer se rejoignaient encore dans la perte, car Michaux avait aussi été éloigné de l'océan brutalement, après une brève carrière de marin.



Parmi les ennemis de la paix, le plus mortel est le corps humain, champ de bataille contre le deuil et les regrets. Michaux reprend ici sa posture caractéristique du poète maladif, qui me fascine autant qu'elle me dérange. Ici, sa carcasse se distord douloureusement dans des états hallucinatoires, présageant ses futurs expérimentations hallucinogènes. Durant ces états, les plis de sa peau sont torturés jusqu'au rire.



Ces déformations éloignent le corps de l'humanité, mais sans le rendre forcément plus supportable. Il est juste devenu autre chose. Une créature imaginaire. Un Meidosem parmi tant d'autres. Qui sont-ils ? Difficile à dire. Des sortes d'alter egos, qui permettent à Michaux de faire l'aveu de son hypersensibilité, de sa vulnérabilité, mais expriment aussi la possibilité de se confondre avec le monde, et, peut-être, d'y oublier les villes en décomposition édifiées par les regrets. le présent recueil établit une typologie de ces Meidosems fragiles. Leur multitude vient peupler la solitude endolorie de leur créateur, comme autant de souvenirs et/ou d'aspirations, préludes à la respiration. C'est parfois drôle, parfois tragique, quand l'humour acide ne trouve plus son chemin dans la cruauté de la vie.



En tout cas, les Meidosems (et autres entités poétiques de ce recueil) sont faciles à cueillir et à emporter avec soi. Gare cependant à ne pas se laisser intimider par le masque acariâtre de leur propriétaire malmené par la vie (aïe, je crois qu'il m'a giflé).
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La Vie dans les plis

Beau retour du nonsense de "Plume", en un peu plus fantastique et beaucoup plus macabre.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/09/29/note-de-lecture-la-vie-dans-les-plis-henri-michaux/

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La Vie dans les plis

Un de mes recueils préférés de ce poète!
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La Vie dans les plis

Une découverte d'une compilation de textes d'un auteur approché pour la première fois quand j'étais étudiante. Auteur que j'adore depuis, malgré mon inculture, bien qu'il m'arrive très souvent de ne pas comprendre un mot de ce qu'il écrit (au premier abord seulement, le plus souvent. Et même ensuite, d'une certaine façon...). Ce recueil est tombé délectablement à propos à un moment très particulier de ma vie. Mais ça, ça m'appartient et n'a pas lieu d'apparaître ici. Tout ce que je puis dire est qu'à cette première lecture de ces mots agencés, un « aperçu » de ma vie, à la fois superficiel et profond (je sais, ça se contredit, au premier abord), a semblé éclaté sous mes yeux et dans ma tête. Beau feu d'artifices dont j'ai savouré chaque éclat sensoriel.

Dommage que ce livre ait été emprunté. Je pense que je me l'achèterai, car comme souvent avec cet auteur, il me faudra plusieurs lectures pour en savourer avec plus de justesses et de délices chaque mot, tellement picturalement, « sensitivement », sensoriellement, amplement et oniriquement employés.



Beaucoup de textes ont trouvé un tel écho en moi (Tahavi en est peut-être l'exemple le plus parlant en tant que reflet d'une époque révolue pas si lointaine), que j'aurai souhaité tous vous les citer dans la rubrique Babelio dédiée à cet exercice de copie. Mais certains auraient été beaucoup trop longs pour y figurer. Ainsi en est-il de La séance de sac ou Liberté d'action, par exemple. Donc, tant pis. Il ne vous reste plus qu'à lire et / ou relire ce livre, à votre rythme.



Bon voyage.
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La Vie dans les plis

Créatures fantastiquement humaines dont en ce moment me sens proche.

Ame : parole aquatique se prononce en mouvement de bouche de poisson
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Le Jardin exalté

Un petit livre de poésie très beau, qui évoque parfois le Baudelaire de "L'invitation au voyage", dans sa façon de faire sonner les syllabes.
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Le Jardin exalté

Je connaissais Henri Michaux depuis longtemps sans pourtant l'avoir lu. Et bien je commence avec "le Jardin exalté" petit livre poétique publié en 1983, juste avant la mort de l'écrivain français.

Ce texte d'introspection est une surprise. Michaux décrit le petit coin de paradis que représente pour lui un jardin à la campagne. Mais ce qui est particulier c'est l'évocation du réel associé aux visions poétiques de Michaux, sans doute sous l'emprise de drogue ou d'alcool, comme il aimait en faire l'expérience. D'ailleurs ses premiers mots sont "Il restait un peu du produit préparé. .".

Cela donne un texte en prose fait d'une suite de paragraphes évoquant un lieu agréable, le jardin, en métamorphose permanente. le rapport au corps, à l'univers, donne le sentiment d'exister dans une dimension qui va au-delà du lieu dans lequel on se trouve. Pourtant ce n'est pas un texte métaphysique ni religieux. Preuve que la littérature n'est pas pour Michaux une représentation de ses fantasmes ou un simple divertissement, mais une véritable expérience vécue.





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Les Commencements

Parmi les oeuvres de Michaux, ce petit texte tardif n'est pas le plus connu. Il s'agit d'un texte écrit à propos de dessins d'enfants. Michaux y décrit cet accaparement du mystère du monde, pas à pas, par le trait.

L'oeuvre de cet immense poète ne se réduit pas à "Plume", loin de là!
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Les Commencements

Les commencements. Les origines. Avant le mot, avant la lettre. Le cercle, le fourmillement, l'espace, LA COULEUR ! ""Celui qui ne sait pas ou si peu et si mal sait aussi quelque chose. Sans pouvoir, il tient un autre pouvoir.Les petits apportent à la peinture des espaces libérés de l'Espace". Les commencements de Michaux devrait être lu par l'adulte qui prenant un crayon, une mine, une plume envisage...Par l'adulte également qui ne sait plus voir dans un dessin d'enfant. Par celles et ceux qui ont perdu la mémoire des commencements de leur geste, de leur liberté de mouvement, de leur spontanéité, . Celui qui unissait et combinait "le su et le connu, le vu par l'oeil et le connu par l'esprit, le lointain avec le proche, le dedans avec le dehors lequel cesse de le dissimiler". Base essentielle donc que cet écrit d'Henri Michaux sur l'Enfance de l'art, là où tout a vécu, germé, là où, malheureusement, pour grand nombre d'entre nous, rien n'a survécu...

Merveilleux et réjouissant livre que celui-ci !

Astrid Shriqui Garain.



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Mescaline 55

Cette édition est riche et intéressante malgré une préface un petit peu longue à lire. Elle aide tout de même à comprendre le contexte et à se familiariser avec le produit. Il faut s'accrocher, cela vaut le coup ! En effet, les lettres, les poèmes et les textes donnent à voir trois expériences bien distinctes d'une même substance : la mescaline. Edith Boissonas exprime son angoisse, son vide intérieur lors de la prise ce qui la mène, au moins au départ, à lutter contre le produit. Jean Paulhan, quant à lui, décrit une experience positive et agréable mais avec un intérêt artistique peu développé. En revanche, Henri Michaud, habitué à ce genre d'expérience, se sert de la substance et de son auto-observation comme matière artistique. La lecture transporte donc le lecteur dans la réalité altérée des auteurs ce qui est très intéressant.
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Mescaline 55

On est loin des délires psychédéliques de la prochaine génération hippie. Mais la faculté qu'ont ces trois écrivains de s'auto-observer est une date dans l'histoire clinique de la littérature. A consommer donc sans modération.
Lien : http://rss.nouvelobs.com/c/3..
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Misérable miracle : La Mescaline, avec quaran..

Quel livre indéfinissable. Je m'attendais à plus de poésie. Michaux nous compte ici ses premières expériences avec la mescaline et en marge, apparaissent quelques vers, trop peu à mon goût. Pour le reste, je me sentais un peu voyeuse et n'ai donc pas été totalement emballée par cette lecture.



J'aime par contre beaucoup ses dessins. Certains sont très forts !
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Misérable miracle : La Mescaline, avec quaran..

Ok. J’ai beau souvent vouloir fuir dans mes bouquins pour contrer une partie de réalité, être souvent attiré par des livres qui font l’apologie de moyens permettant de trouver une cabane mentale au confort bercé par différentes perceptions, j’avais dévoré Plume d’Henri Michaux comme un gosse de cinq ans à qui on offre sa première glace au chocolat, mais son Misérable miracle n’a eu aucune prise sur moi.



Pourtant j’ai lu Les portes de la perception de Huxley qui est une expérience similaire de « tentative » de description de la prise de mescaline. J’avais été complètement emballé par le côté théologique et psychologique de son essai. Y’a eu aussi la récente publication du Foucault sous LSD qui était incroyable et l’anecdote sur le passage où Dumbo est bourré dans le film de Walt Disney - dû aux souvenirs de Walt complètement defoncé, m’a toujours fait marrer.



Mais la rencontre entre la poésie de Michaux et la mescaline m’a profondément fais chier, j’ai passé mon temps à avoir envie de retrouver mes petits démons et le mot final pour moi sera - sans surprise - que, puisqu’on est unique, chaque vie sous trip est une expérience unique également ; tenter de la décortiquer de manière scientifique et avec tout le génie poétique du style de Michaux, c’est intéressant mais ça s’arrête là, t’es tout seul avec ta perche minou, c’est subjectif et c’est ce qui rend le truc aussi magique, point.



My bad, on s’en remettra (vite).
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Moments

« Entre les lignes de l'Univers

un microbe est pris »



Michaux a longtemps habité les interstices. Déjà, dans un précédent recueil, des créatures filandreuses et souvent filiformes, vivaient leur « vie dans les plis ». Avec Moments, l'auteur poursuit son repli vers une poésie épurée, qui va paradoxalement le propulser hors des plis, vers un plus grand espace. Les courtes lignes de ses vers sont ainsi prolongées abstraitement par des images géométriques en début de recueil, qui semblent tracées par un avion où Michaux résiderait, « dans son cockpit dans sa petite galaxie ». Adoptant le style lapidaire des communications aéronautiques, notre pilote de ligne annonce :



« Air commande Terre ».



Par le rejet de la « soumission » symbolisées par l'élément terrestre, Michaux cherche à étendre sa vie hors des sombres anfractuosités, des « cases » où nous sommes parfois cantonnés. A ce dessein contribuent également l'eau : dans les strophes fluides sont invoquées « les ondes de l'océan », comme si le ruissellement du texte cherchait à se mêler à l'immensité.



Les moments épiphaniques de ce recueil se manifestent par une dissolution de l'individu, aboli de « l'hérésie des distinctions ». Grand explorateur des états de conscience modifiés, Michaux s'essaie à la méditation. Les influences orientales sont ici omniprésentes, à l'instar de celle que la calligraphie chinoise exerçait en particulier sur l'oeuvre graphique de Michaux : dans ses poèmes comme dans ses peintures, on voit des signes prendre corps au sein de l'espace symbolique (page blanche ou toile vierge), qui s'obscurcit à mesure que l'on essaie, à tâtons, de retracer un modèle réduit de l'univers.



« Celui qui est né dans la nuit

souvent refera son Mandala »
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